Prise de distance par rapport au travail, paresse généralisée, déclassement… dans l’Ère de la flemme, dont Le Figaro Magazine publie des extraits, Olivier Babeau dénonce une crise de l’effort qui pourrait pénaliser durablement notre pays.
Professeur d’université, Olivier Babeau est président-fondateur de l’Institut Sapiens, un laboratoire d’idées dédié à la place de l’être humain dans le monde technologique.
Extraits choisis Ghislain de Montalembert
En matière de travail, nous sommes passés d’une logique du « toujours mieux » à celle du « juste assez ». L’éthique de l’amélioration permanente a fait place à l’éthique du minimum possible. La cause ? L’industrialisation d’abord […] La logique industrielle du produit a effacé la logique artisanale de l’œuvre. Le tour de main perd son importance.
La tertiarisation de l’économie et l’élargissement des lignes hiérarchiques ont multiplié les emplois aux contours peu définis et à l’utilité douteuse : les fameux bullshit jobs du sociologue David Graeber […] Seconde cause de la fin du travail bien fait : son statut a changé. On ne croit plus en rien, et surtout pas en lui. On n’espère plus rien, même pas une vie meilleure…
Un mal nouveau s’est diffusé dans notre société : la flemme. Elle sépare les générations, assèche notre volonté, appauvrit nos vies. Toutes les raisons que nous avions de fournir des efforts ont disparu. Les technologies se substituent à nos tâches et les États-providence ont déployé de puissants filets de protection. Inutile d’acquérir le savoir du monde, puisqu’il est à portée d’un simple clic. La vidéo remplace la lecture, la livraison remplace la sortie, l’écran remplace les rencontres. Plaid et canapé sont les symboles.