La presse étrangère notamment condamne avec une grande sévérité la tonalité de la campagne électorale française surtout affectée par les affaires de Fillon et Le Pen. Elle estime que dans la plupart des pays ces candidats auraient été immédiatement disqualifiés et auraient dû retirer leur candidature. On critique surtout la ligne de défense des intéressés qui consistent à récuser la justice et à réclamer une trêve judiciaire. Il est clair que les candidats déclarés, en tout cas les principaux, sont nécessairement sous les feux de la rampe médiatique et qu’il est donc normal qu’on s’intéresse à leur profil, à leur situation et à leur relation avec l’argent. Cet audit public est évidemment nécessaire avant les élections sinon la France risque d’être dotée d’un président dont la crédibilité sera fortement affectée au plan international ; la presse étrangère s’étonne d’une manière générale de la clémence dont bénéficie le personnel politique français en matière de dérive politico- financière. À l’étranger, nombre de responsables, notamment dans les pays du Nord, ont dû démissionner pour des motifs beaucoup moins importants. Pour Le Pen les journaux étrangers titrent le plus souvent : » la haine et les affaires ». En annonçant à la fois sa prochaine mise en examen et le maintien de sa candidature, François Fillon “a choisi de tout risquer,juge Le Temps: son avenir bien sûr, mais aussi celui de sa famille politique et, quelque part, celui de la cohésion républicaine dans une France où les juges et les médias sont désormais devenus des cibles pour les prétendants à la fonction suprême”. À l’instar du journal suisse, les médias étrangers se montrent plus préoccupés par la situation politique française que surpris par cette série d’annonces du candidat des Républicains. “Cette campagne présidentielle française de toutes les péripéties est, plus que jamais, celle de tous les dangers”, assure ainsi Le Temps. En Allemagne, le Spiegel Online titre cet après-midi “Fillon formellement accusé” et écrit que, “même si les observateurs avaient déjà prédit une démission de François Fillon, celui-ci veut évidemment poursuivre la campagne malgré le scandale autour de l’emploi présumé fictif de sa femme”. Très vite après les premières accusations, Fillon a opté pour l’attaque frontale. Il s’engage maintenant à aller jusqu’au bout, bien qu’il ait promis de retirer sa candidature en cas de mise en examen. Il est visiblement revenu sur cette promesse. Reste à voir si, ce faisant, il sert l’intérêt de sa famille, de son parti, et le sien propre. La prise de risque est énorme”. “François Fillon a-t-il abattu sa dernière carte ?”s’interroge The Guardian, qui ajoute : “En refusant de se retirer et en accusant l’État français de tentative d’ ‘assassinat’ politique pas seulement contre lui, mais aussi contre le processus démocratique lui-même, Fillon a joué son dernier atout”. Cinq semaines après les premières révélations du Canard enchaîné,“faire campagne sur le terrain est devenu extrêmement difficile pour le candidat, qui semble s’être retranché dans un bunker”, écrit le quotidien. Cet épisode intervient à la pire des périodes pour François Fillon, estime pour sa part The Daily Telegraph,“dans une semaine au cours de laquelle M. Fillon était supposé relancer sa campagne chancelante, avec pour point culminant la révélation de son programme samedi, convaincu que ses ennuis judiciaires étaient derrière lui”. Et le journal italien La Repubblica de confirmer :Sa campagne est en train de devenir un cauchemar, avec des protestations et des mouvements de contestation à chacun de ses meetings et à chacune de ses sorties publiques.”Pour Il Foglio, en Italie, “plus que tout, on en a la confirmation aujourd’hui, François Fillon est véritablement thatchérien, y compris dans son obstination à vouloir demeurer le candidat de la droite française, animé par la conviction de se trouver du bon côté”.Le quotidien néerlandais De Volkskrant insiste, à sa manière, sur le caractère sans précédent de cette affaire politique : “Si Fillon est élu, il bénéficiera de l’immunité pendant la durée de sa présidence. Mais pas Penelope. Ce qui pourrait donner lieu à une situation bien curieuse : Fillon à l’Élysée, Penelope devant le juge.” Le même raisonnement pouvant être fait pour Marine Le Pen avec sa future immunité de parlementaire français.
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