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Le Pen: Décision en appel en été 2026

Le Pen: Décision en appel à l’ été 2026

La cour d’appel de Paris a indiqué mardi dans un communiqué avoir été saisie de «trois appels» à ce stade après les condamnations de Marine Le Pen et du Rassemblement national, et «examinera ce dossier dans des délais qui devraient permettre de rendre une décision à l’été 2026».

Si ces délais sont tenus, cela voudrait dire que ce deuxième procès se tiendrait au plus tard début 2026, et que la décision serait donc rendue de longs mois avant l’élection présidentielle 2027, comme l’ont réclamé plusieurs responsables politiques.

Dans quelles circonstances pourrait-elle être candidate à la présidentielle de 2027 ?

Les chances pour la candidate du rassemblement national de se présenter à l’élection en 2027 paraissent relativement minces. On voit mal en effet en appel la décision de première instance remise en cause sauf peut-être sur l’exécution provisoire. On objectera que Marine Le Pen pourra se pourvoir en cassation. Mais cette démarche n’est pas suspensive et sa peine continuerait donc de s’appliquer le temps que la décision de la plus haute juridiction soit rendue. Compte tenu du calendrier judiciaire, l’arrêt de la Cour de cassation tomberait sans doute au moment de l’échéance présidentielle, voire bien après.

Dans ce cas, Marine Le Pen pourra se pourvoir en cassation. Mais cette démarche n’est pas suspensive et sa peine continuerait donc de s’appliquer le temps que la décision de la plus haute juridiction soit rendue. Compte tenu du calendrier judiciaire, l’arrêt de la Cour de cassation tomberait sans doute au moment de l’échéance présidentielle, voire bien après.

Le risque pour Marine Pen c’est d’une certaine manière d’être prisonnière d’un calendrier qui fera sans doute d’elle toujours une coupable potentielle a minima au moment de l’élection présidentielle.

De drôles de champions de la démocratie qui soutiennent Le Pen

De drôles de champions de la démocratie qui soutiennent Le Pen

On peut légitimement se demander si les soutiens appuyés de représentants de l’internationale réactionnaire constituent véritablement un appui positif pour le rassemblement national. Parmi ceux qui critiquent le système judiciaire français on trouve en effet Poutine, Medvedev, Bolsonaro, le président hongrois et autre autocrates patentés.

Poutine qui met en cause la justice et la démocratie française alors qu’il n’hésite pas à tuer ses adversaires politiques. Le président hongrois qui progressivement s’attribue tous les pouvoirs, Trump et sa clique qui ont tenté un coup d’État et qui rêvent d’un autre.

Bref ces différents soutiens constitueraient plutôt un handicap pour le rassemblement national qui cherche depuis des années à se banaliser.

Certes ne peut nier que la France connaît des liquidités et même une crise démocratique pourrait autant elle ne peut recevoir de leçon de ce dont la perspective est précisément de substituer des formes de dictatures à la démocratie. En commençant par supprimer le concept d’État de droit. Voire en tuant ou en emprisonnant physiquement les opposants.

Condamnation Le Pen-RN : pas un handicap pour 60 % des Français

Condamnation Le Pen-RN : pas un handicap pour 60 % des Français

D’après un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro, six Français sur dix jugent que la condamnation de Marine Le Pen ne constitue pas un handicap pour le RN. Ce sondage chaud témoigne tout cas de la fidélité des électeurs du rassemblement national. Cela signifie surtout que la sensibilité de ses fidèles ne changent pas. Reste à savoir si au moment d’une élection du président la question ne se posera pas de la capacité de Bardella, âge, expérience, orientations stratégiques.

La question est encore prématurée mais dans la coulisse évidemment on va s’agiter aussi bien au sein du rassemblement national que chez ses concurrents notamment de droite qui peuvent peut-être espérer siphonner désormais des voix qui se portaient sur Marine Le Pen.

Cette nouvelle affaire qui oppose d’une certaine manière justice et politique risque de déclencher une crise systémique mettant en cause les conditions de la démocratie. La crise en France se caractérise en effet par des blocages et les contradictions multiples. Un président, monarque républicain des monétisés à l’intérieur. Un gouvernement qui ne tient qu’à un fil, une absence de majorité à l’Assemblée nationale, de nombreux champs régaliens en crise, une situation financière particulièrement fragile. Bref une absence d’autorité politique et morale qui impliquerait de profonds changements dans beaucoup de domaines. De ce point de vue l’opposition entre justice et politique n’est qu’un épiphénomène de cette crise.

Le Pen est une alliée de Poutine ( Faure)

Le Pen est une alliée de Poutine ( Faure)

Le patron du Parti socialiste (PS) considère que la cheffe des députés RN minimise la menace poutinienne. Qu’Emmanuel Macron a volontairement remise au centre du débat politique cette semaine lors de son allocution télévisée.

Invité dimanche midi de BFMTV, Olivier Faure a d’emblée balayé le constat de l’élue du Pas-de-Calais, qui fait du «fondamentalisme islamiste» la «première des menaces» pour la France. Piégée dans «un “en même temps” trumpiste et poutiniste», Marine Le Pen viserait «à rétablir un adversaire qu’elle cherche à présenter comme le principal adversaire» – l’islamisme -, pourfend Olivier Faure. Si le socialiste ne réfute pas que cette menace religieuse existe, il ne veut pas «surévaluer» ce danger et «sous-évaluer» un autre.

Pour lui, le patriotisme de l’ancienne candidate à la présidentielle n’est que «de papier». «Elle a toujours été une alliée de Vladimir Poutine comme de Donald Trump»

«Comment voulez-vous défendre notre propre pays, ses valeurs, son modèle, en adhérent aux modèles des autres ?», a fait mine de se demander Olivier Faure, avant d’accuser sa collègue nationaliste d’être une «adversaire de l’intérieur». «Elle est sur les canons de beauté qui sont ceux du trumpisme, elle est une extension du trumpisme», a cinglé le patron des socialistes qui ajoute : «Quelle est la différence entre les leviers que Donald Trump utilise pour convaincre l’opinion américaine et les leviers que Marine Le Pen utilise pour convaincre l’opinion française ? Elle est en tout point similaire.»

Altercation Trump-Zelensky : pour Marine Le Pen , c’est normal !

Altercation Trump-Zelensky : pour Marine Le Pen , c’est normal ! 

Marine Le Pen à deux reprises, d’une part au salon de l’agriculture et encore hier à l’Assemblée nationale a finalement considéré comme normale l’humiliation subie parZelinsky de la part de Trump à la Maison-Blanche. Une position par ailleurs rappelée par le porte-parole du Front National Jean-Philippe Tanguy. Jean-Philippe Tanguy qui  n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle quand il défend ses conceptions politiques et démocratiques. Ainsi considère-t-il aussi comme normale finalement l’humiliation de Zelinsky par Trump.  Pire il appelle même à ses relations diplomatiques agressives ; comme si la persuasion de la force devait prendre le dessus sur la force de la raison et du compromis. Bref du Poutine classique. Il faudra sans doute que le rassemblement national harmonise et tempère  un peu sa politique de communication si ce parti veut un jour sérieusement arriver au pouvoir. Invité dimanche du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat, le député RN de la Somme a jugé que cette scène historique interpelle «la culture européenne et française pour laquelle la diplomatie ne passe pas par ce genre de pratiques». Ou quand l’extrémisme se dévoile ! 

Invité ce dimanche du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat, le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy a jugé, contrairement à la majorité de la classe politique française, que Volodymyr Zelensky «n’a pas été humilié» par son homologue américain. Certes, ce moment interpelle selon lui «la culture européenne et française pour laquelle la diplomatie ne passe pas par ce genre de pratiques.» Mais «aux États-Unis ce sont des pratiques proches de la manière de faire de l’économie, qui n’ont rien de singulier.»Il aurait pu ajouter en Russie aussi !

Jean-Marie Le Pen : un héritage trouble

Jean-Marie Le Pen : un héritage trouble

Un héritage doublement trouble pour Jean-Marie Le Pen d’abord idéologique caractérisé par des positions révisionnistes très réactionnaires et qui ont d’ailleurs amené sa fille Marine Le Pen à l’exclure du parti. Par ailleurs l’héritage matériel dont bénéficie sa famille ne manque pas d’interroger. (article de « Ouest France »)

Jean-Marie Le Pen, décédé ce mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans, se présentait volontiers comme le représentant des exclus. Issu d’un milieu modeste, il n’a pas toujours roulé sur l’or. Néanmoins, il jouissait d’une confortable fortune à sa mort. Elle était due à un héritage providentiel fait au milieu des années 1970.

Au cours de sa longue carrière politique, Jean-Marie Le Pendécédé ce 7 janvier 2025 à l’âge de 96 ans, s’est adressé volontiers « aux petits, aux obscurs, aux sans-grade » pour les inciter « à reprendre avec lui le pouvoir » et « retrouver le privilège d’être Français », ainsi qu’il le déclarait en 2007 à Lille.

Jean-Marie Le Pen n’avait pourtant rien d’un exclu. L’ancien président et cofondateur du Front national jouissait d’une confortable fortune qu’il ne cherchait d’ailleurs pas à dissimuler. Il recevait les journalistes à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), dans son hôtel particulier de Montretout, où tous les signes de la réussite sociale étaient exhibés, comme la présence de domestiques.

Certes, Jean-Marie Le Pen n’a pas vécu dans l’opulence durant son enfance, ni une bonne partie de sa vie d’adulte. Pupille de la Nation, boursier, il a dû travailler pour financer ses études de droit à Paris au début des années 1950. Il exerce alors des petits boulots comme marin-pêcheur, mineur de fond, métreur d’appartement ou agent de tri du courrier.

Plus tard, le seul véritable métier connu de Jean-Marie Le Pen a été celui d’éditeur. Il fonde en 1963 avec des amis la Société d’études et de relations publiques, la Serp. Cette maison de disques est spécialisée dans la diffusion de chants militaires et de discours politiques. Elle édite notamment des chants de guerre de la Wehrmacht. Pas de quoi rouler sur l’or. Jean-Marie Le Pen fait tout, s’occupe de la maquette des pochettes et doit parfois livrer lui-même la marchandise.

La fortune de Jean-Marie le Pen trouve son origine dans sa rencontre avec Hubert Lambert, riche héritier des Ciments Lambert, dans les années 1970. Les deux hommes partagent les mêmes idées d’extrême droite et deviennent amis. Jean-Marie Le Pen nomme Hubert Lambert au comité central du Front national et en fait son conseiller pour les questions militaires.

« Quand le FN est fondé en 1972, Lambert commence à assister à plusieurs réunions de ce qui à l’époque n’est qu’un micro-parti, un groupuscule, expliquait Olivier Beaumont, journaliste et auteur du livre L’Enfer de Montretoutdans l’édition du soir en 2022. Très vite, Jean-Marie Le Pen s’entiche de cette personnalité et une amitié naît entre lui et Hubert Lambert. Ce dernier va ensuite approvisionner de manière sonnante et trébuchante les caisses du Front national à leur début. »

Alcoolique, fragile physiquement et psychologiquement, Hubert Lambert meurt prématurément à l’âge de 42 ans en 1976. Ce célibataire n’a pas de descendance. Dans son testament, il a fait de Jean-Marie Le Pen son unique héritier. En 1977, le président du Front national hérite d’un capital estimé à 30 millions de francs (environ 4,5 millions d’euros) et de biens immobiliers, dont l’hôtel particulier de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où il va emménager avec sa famille

 

Cet héritage change complètement la vie de Jean-Marie Le Pen. Il accède à une aisance matérielle qu’il n’avait jamais connue. Cet argent va lui permettre de mener à sa guise une carrière politique. Montretout sera longtemps la demeure familiale mais aussi le lieu qui servira de QG du Front national. « Très vite, il va l’utiliser pour en faire son bureau politique, poursuit Olivier Beaumont. Le bureau de Jean-Marie Le Pen est situé au premier étage de la maison, juste à côté de la chambre à coucher. C’est là qu’on voit le mélange des genres chez les Le Pen. D’ailleurs, sa première femme Pierrette s’en plaignait souvent. Elle était encore en peignoir qu’elle croisait des cadres du FN. »

Cette vaste demeure du XIXe siècle, d’une surface de 430 m² et entourée d’un parc, sera aussi le lieu de grandes réceptions. On y voit le journaliste Yves Mourousi, l’acteur Alain Delon ou encore le navigateur Olivier de Kersauson. Jean-Marie Le Pen cultive ainsi un réseau qui va bien au-delà du monde politique. « Il y a toujours eu là-bas un mélange des genres qui a fait la gravité de cette maison », commente le journaliste.

En 2007, lors de l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen avait confirmé qu’il payait l’impôt sur la fortune en raison de son patrimoine en actions et en biens immobiliers.

Jean-Marie Le Pen et l’extrême droite

Jean-Marie Le Pen et l’extrême droite

 

Jean-Marie Le Pen est mort, mardi 7 janvier, à l’âge de 96 ans. Président du Front national à partir de 1972, il n’obtient de résultats significatifs qu’après l’accession de la gauche au pouvoir en 1981, avant de se qualifier au second tour de l’élection présidentielle en 2002. Son discours porte quasi exclusivement sur l’immigré, rendu responsable du chômage, de l’insécurité et de la perte d’identité nationale. Importante figure de la vie politique française pendant près de soixante ans, Jean-Marie Le Pen a donné à l’extrême droite une visibilité et une longévité qu’elle n’avait jusqu’alors jamais eue dans la France contemporaine.

 

par 

Historien, Université Clermont Auvergne (UCA) dans The Conversation 

 

Les débuts de son parcours politique éclairent le positionnement original qui fut le sien et qui constitua l’une des clefs de ses succès, aux confins de la droite et de l’extrême droite, à la limite entre le jeu politique traditionnel et la tradition contestataire.

D’abord proche de l’Action française, principale ligue antirépublicaine, issue de l’affaire Dreyfus, lorsqu’il était président de la Corporation des étudiants en droit au début des années 1950, il préside en 1955 les Jeunes indépendants de Paris, une organisation qui revendique l’héritage du courant « national » qui domine la scène politique parisienne et notamment le Conseil municipal depuis le début du XXe siècle.

Il s’inscrit ainsi dans l’héritage populiste et nationaliste des ligues d’extrême droite qui avaient marqué l’entre-deux-guerres et qui semble alors renaître sous la double impulsion du mouvement poujadiste et de la défense de l’Algérie française.

En janvier 1956, à l’âge de 28 ans, il est élu député poujadiste de Paris : il est alors le benjamin de l’Assemblée nationale. Mais il prend très vite ses distances avec un groupe poujadiste dont l’amateurisme en politique lui font pressentir le rapide déclin. Il rejoint le groupe des Indépendants et Paysans qui rassemble la droite conservatrice et parlementaire, dont le principal leader est Antoine Pinay. C’est sous l’étiquette du Centre national des indépendants et paysans qu’il est réélu député, en novembre 1958, avant d’être battu quatre ans plus tard, comme une grande partie de ceux qui, favorables à l’Algérie française, ont refusé avec intransigeance la politique gaullienne.

Au cours de ces six années passées à l’Assemblée nationale, Jean-Marie Le Pen a incarné l’aile la plus droitière des Indépendants, en opposition de plus en plus radicale contre le gaullisme et ses alliés modérés, tels les Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing.

C’est pour poursuivre ce combat qu’il dirige, entre 1963 et 1965, la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour, de vingt-et-un ans son aîné, passé par les ligues de l’entre-deux-guerres puis par le régime de l’État français avant de défendre les activistes de l’OAS. En dépit du recours à des méthodes modernes de propagande, Tixier-Vignancour ne parvient pas à élargir son électorat au-delà des seuls nostalgiques de l’Algérie française.

En vue de battre de Gaulle, il appelle à voter pour François Mitterrand au second tour – ce que n’accepte pas Jean-Marie Le Pen. Dès les lendemains de la présidentielle de 1965, il rompt avec Tixier-Vignancour et entame une traversée du désert, au moment même où la droite radicale séduit une nouvelle génération d’activistes, rassemblés autour des groupes Occident puis Ordre nouveau, et s’engage autour d’un renouvellement idéologique, dont témoigne la création du GRECE, puis du Club de l’Horloge.

Jean-Marie Le Pen n’est ni un activiste, ni un intellectuel – mais bien un politique. C’est sans doute ce qui explique qu’il soit choisi pour présider en 1972 le Front national (FN), un nouveau parti qui vise à fédérer les groupuscules d’extrême droite. Depuis l’échec de la candidature de Tixier-Vignancour, ces derniers se complaisent en effet dans une radicalité synonyme de marginalité.

D’emblée, Le Pen récuse la qualification d’extrême droite utilisée notamment par les médias et, candidat à la présidentielle de 1974, se définit comme le promoteur d’un « grand courant national et populaire » et le « porte-parole d’une Droite qui ose dire son nom ».

En dépit de sa notoriété, de ses qualités d’orateur et de sa présence médiatique, les résultats ne sont pas à la hauteur : il n’obtient pas 1 % aux élections à la présidentielle de 1974 et ne parvient pas à rassembler les 500 signatures nécessaires à une candidature pour l’élection présidentielle de 1981.

C’est seulement dix ans après la création du FN que le travail d’organisation, de propagande et de synthèse idéologique opéré par Jean-Marie Le Pen commence à payer, dans un contexte marqué par le désarroi des électeurs de droite, choqués par la défaite de 1981, et par une crise sociale qui affecte, par ricochet, la crédibilité des partis dits de gouvernement.

Surtout, Jean-Marie Le Pen définit une ligne qui permet de concilier la doctrine identitaire, propre à l’extrême droite dite « nationale » avec les frustrations d’un électorat, issu des classes moyennes et populaires, qui cherche des solutions rapides à la crise : c’est l’émergence de ce que l’on appellera rapidement « le national-populisme ».

Il fait de la lutte contre l’immigration le thème central, pour ne pas dire exclusif, de son discours. L’immigré est tour à tour rendu responsable de l’envol du chômage, de la montée de l’insécurité, des violences urbaines et de la crise des banlieues, du risque de déclassement des classes moyennes, du déracinement de la France, diluée dans un cosmopolitisme que promeut, à ses yeux, le gouvernement socialiste.

Ce discours simpliste attire de nouveaux électeurs qui offrent à l’extrême droite ses premiers succès électoraux depuis l’éphémère flambée du poujadisme : le FN franchit la barre des 10 % des suffrages lors des élections européennes de 1984 et législatives de 1986, et Jean-Marie Le Pen lui-même atteint 14,5 % à la présidentielle de 1988, puis 15 % en 1995 avant de frôler les 17 % et de se qualifier au second tour de la présidentielle de 2002.

Ces vingt années de succès électoraux ont permis à Jean-Marie Le Pen d’enraciner l’extrême droite dans le paysage politique français, en modifiant sensiblement son électorat et en renouvelant ses cadres et son discours.

Recrutant d’abord la majorité de ses électeurs au sein des classes moyennes indépendantes et des personnes âgées, le FN conquiert, dans les années 1990, un électorat plus jeune, plus populaire aussi : lors de la présidentielle de 1995, c’est Jean-Marie Le Pen qui arrive en tête dans l’électorat ouvrier, dont il recueille plus de 21 % des suffrages et, parmi les chômeurs, dont 28 % votent pour lui.

L’extrême droite compte désormais des élus, dans les conseils régionaux et municipaux notamment. À l’issue des élections municipales de 1995, elle dirige même quatre grandes municipalités du sud de la France – dont celle de Toulon, où l’ancien directeur de cabinet de Le Pen, Jean-Marie Le Chevallier, est élu maire. Le FN devient un véritable parti, avec ses organisations satellites, ses cadres, mais aussi ses clans et ses luttes d’appareil, comme le révèlent le combat sans merci que se livrent, en 1998, Jean-Marie Le Pen et celui qui apparaissait jusqu’alors comme son second, Bruno Mégret.

Le combat Le Pen-Mégret n’est pas qu’une querelle de personnes. Il correspond à un clivage entre deux stratégies, deux positionnements. Formé au Club de l’Horloge, issu de la droite parlementaire, Bruno Mégret aspirait à une alliance entre le FN et la droite traditionnelle, à une synthèse entre libéraux et nationaux en vue d’exercer le pouvoir.

Jean-Marie Le Pen, lui, n’a jamais poursuivi cet objectif. Fidèle à la culture ligueuse, il incarne avant tout une droite protestataire qui exploite des frustrations et des colères pour déstabiliser le système politique. Certes, il a cherché à étendre son électorat en gommant un certain nombre d’outrances et d’aspérités. Mais il n’a jamais réellement engagé une stratégie de dédiabolisation, comme le fera sa fille Marine dans les années 2010. En témoignent les multiples provocations qui ont à la fois jalonné et limité son ascension, de l’affaire du « détail » en 1987 jusqu’à l’agression physique d’une candidate socialiste à Mantes-la-Jolie en 1997 en passant par le calembour sur « Durafour-crématoire » en 1988 : chacun de ces actes et discours le rendait politiquement infréquentable et éloignait de facto la perspective d’une alliance avec d’autres forces politiques.

Personnalité marquée par les grands combats du XXe siècle (la Seconde Guerre mondiale, la lutte contre le communisme, la guerre d’Algérie…), Jean-Marie Le Pen a été l’homme qui a donné à l’extrême droite française la place centrale qu’elle occupe dans le paysage politique depuis le début du XXIe siècle.

Il a su faire la synthèse entre différentes sensibilités de la droite traditionaliste, identitaire ou populiste, que cherchent aujourd’hui à capter différentes forces et personnalités politiques, des LR de Laurent Wauquiez à Reconquête d’Éric Zemmour en passant, bien entendu, par ses deux héritières directes, Marine Le Pen et Marion Maréchal.

Mais les leviers de son ascension politique (la culture ligueuse et protestataire, l’obsession identitaire, l’ambiguïté cultivée à l’égard des démons de l’extrême droite radicale…) en marquent aussi les limites. C’est pourquoi Marine Le Pen, promue à la tête du Front national en 2011, a exercé un véritable droit d’inventaire sur l’héritage politique de son père, rejetant tout ce qui peut rappeler les scandales passés sans renier toutefois l’identité cultivée au cours de tant d’années de combat politique.

Pour Marine Le Pen, Macron c’est fini ou presque

Pour Marine Le Pen, Macron c’est fini ou presque

 

La majorité des organisations politiques et des observateurs conviennent que le gouvernement de Bayrou ne bénéficiera pas d’une très longue vie. Peut-être quelques mois tout au plus et de plus en plus nombreux sont ceux qui pensent que la crise politique est tellement grave que sera mise en question le maintien de Macron. Pas vraiment sans doute la destitution que souhaiteraient les « Insoumis » juridiquement assez contestable et provocatrice. Plus simplement sans doute la pression de l’opinion publique devant la probable paralysie du gouvernement et au-delà de l’appareil d’État. Marine Le Pen estime qu’il ne reste plus que quelque mois à Macon comme préside de la république. La cheffe de file des députés RN, qui dit se préparer à une élection présidentielle anticipée, estime que la France vit un « moment de fluctuation politique temporaire ».

Des vœux très politiques. La cheffe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, s’est projetée sur l’année 2025, mardi 24 décembre, lors d’une vidéo postée sur le réseau social X à l’occasion des fêtes de fin d’année. « Ce moment de fluctuation politique temporaire (…) s’achèvera en effet dès que le peuple, par sa volonté souveraine et son intelligence collective, en décidera. Il choisira alors une nouvelle voie à suivre, celle du sursaut et du redressement », a assuré Marine Le Pen.

La dirigeante d’extrême droite a jugé que « ce moment ne manquera pas d’arriver dès que les institutions le permettront », soit « bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois », s’est-elle avancée. Une nouvelle dissolution ne peut pas intervenir avant le début de l’été 2025.

 

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Sondage présidentielles: Marine Le Pen largement en tête

Sondage  présidentielles: Marine Le Pen largement en tête

Un sondage Ifop pour Le Figaro Magazine et Sud Radio révèle que Marine Le Pen améliorerait son score au premier tour de l’élection présidentielle. En fonction des candidats face à elle à gauche et chez les macronistes, elle recueille entre 36 et 38 % des intentions de vote.

 

Selon l’enquête, réalisée auprès de 1 107 personnes entre le 6 et le 9 décembre, Marine Le Pen progresse ainsi de deux points dans les intentions de vote par rapport au mois de septembre dernier. Si l’élection présidentielle de 2027 avait lieu aujourd’hui, elle serait la première qualifiée au second tour avec entre 36 et 38 % des suffrages.

Après deux mandats, la question du candidat macroniste qui remplacera Emmanuel Macron lors de ce scrutin se pose. Le sondage teste ainsi les candidatures de deux anciens Premiers ministres, celle du nouveau secrétaire général du parti présidentiel Gabriel Attal et celle du président du parti Horizons Edouard Philippe. Tous deux se qualifieraient pour le second tour, Gabriel Attal avec 20 % des voix contre 38 % pour Marine Le Pen, Edouard Philippe avec 25 % contre 36 % pour la candidate RN. Un score en tout cas plus faible que les près de 28 % obtenus par Emmanuel Macron en 2022.

Parmi les personnalités testées face à la présidente des députés RN, on retrouve également toutes les forces politiques candidates à l’élection présidentielle de 2022. Le sondage considère ainsi que la gauche partira divisée au premier tour, avec une candidature de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Tondelier, d’Olivier Faure et de Fabien Roussel. Dans ce scénario, aucun des candidats de gauche ne serait en position de se qualifier au second tour. C’est le chef de file de La France insoumise qui réaliserait le meilleur score, recueillant 12 % des intentions de vote au premier tour, contre près de 22 % en 2022.

À droite, c’est la candidature de Laurent Wauquiez qui est testée, sans grand succès. Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale recueillerait entre 6 et 8 % des suffrages, le plaçant devant les candidats communiste, écologiste et socialiste, mais derrière Jean-Luc Mélenchon.

Enfin, le sondage envisage l’hypothèse selon laquelle Marine Le Pen serait déclarée inéligible au mois de mars, comme l’ont requis les procureurs dans le cadre du procès sur les assistants parlementaires européens du parti. Dans ce cas, elle devrait très probablement être remplacée par Jordan Bardella, qui a déjà mené la campagne des dernières élections législatives.

L’enquête d’Ifop teste ainsi une candidature du président du Rassemblement national, face à Edouard Philippe. Dans cette configuration, comme Marine Le Pen, Jordan Bardella se qualifierait au second tour en première position avec 34 % des voix, contre 26 % pour son adversaire.

Le Pen: un harcèlement judiciaire disproportionné (Jean-Pierre Chevènement)

 Le Pen:  un harcèlement judiciaire disproportionné (Jean-Pierre Chevènement)

 À l’occasion de la publication du manifeste de la Fondation Res Publica, l’ancien ministre livre son diagnostic sur l’état de la France; Jean-Pierre Chevènement critique par ailleurs la pénalisation à outrance de la vie publique et le harcèlement judiciaire disproportionné que subit Marine Le Pen.

« La pénalisation à outrance de la vie publique est un aspect de ce qu’on appelle le gouvernement des juges. Marine Le Pen, comme d’autres personnalités politiques avant elle, subit un harcèlement judiciaire disproportionné au regard de ce qui lui est reproché. Comment justifier par l’utilisation détournée d’assistants parlementaires l’interdiction faite de se présenter à l’élection présidentielle, et cela sans appel possible, à une personne qui a déjà été candidate à cette élection où elle a recueilli plusieurs millions de voix ? »

 

Législatives : Marine Le Pen veut rapidement de nouvelles élections

Législatives  : Marine Le Pen veut rapidement de nouvelles élections

D’ores et déjà Marine Le Pen appel à de nouvelles élections législatives le plus rapidement possible c’est-à-dire à l’issue du délai constitutionnel d’un an. Un appel qui évidemment fragilise encore un peu plus le très fragile premier ministre Michel Barnier. Un premier ministre qui éprouve déjà les pires difficultés à trouver un gouvernement crédible même si évidemment les candidats sont nombreux mais pas forcément très représentatifs des grands courants de l’assemblée.

Michel Barnier sera sans doute condamné à construire un gouvernement de bric et de broc et sous la triple surveillance du Front National, du nouveau front populaire et même des macronistes. La première grande bataille Michel Barnier sera évidemment la discussion du budget. Ce pourrait d’ailleurs être la seule bataille du premier ministre avant motion de censure.
«C’est celui qui a fait le moins de voix qui est chargé de constituer un gouvernement. Ça ne peut pas tenir», a déclaré la cheffe de file des députés RN, appelant à de «nouvelles élections législatives» à l’issue du délai constitutionnel d’un an. Le RN s’est certes engagé à ne pas censurer «a priori» Michel Barnier, permettant son entrée à Matignon. Mais pour Marine Le Pen, cette situation n’a pas vocation à durer, alors que le chef du gouvernement est issu des rangs de LR, arrivé quatrième aux législatives.

 

 

La stratégie de Marine le Pen a échoué

La stratégie de Marine le Pen a échoué

Gunter Krichbaum, porte-parole du groupe CDU au Bundestag pour les questions européennes, réagit dans le Figaro au résultat des élections législatives en France.

 Vous êtes un membre historique de la commission parlementaire franco-allemande au Bundestag. Quelle a été votre première réaction à l’annonce des résultats ?

Gunter KRICHBAUM .- Ma crainte initiale était qu’on aboutisse à une majorité de droite et de gauche confondues qui, indépendamment de sa capacité à gouverner, se serait détournée de l’Europe. Cette inquiétude s’est totalement dissipée et grâce aux alliances de court terme, le pire a été évité. La situation reste néanmoins paradoxale.

Avec Marine Le Pen, on a affaire à une perdante mais qui a néanmoins gagné, en progressant en nombre de sièges. Quant à Ensemble, la coalition d’Emmanuel Macron perd de facto mais peut être considérée comme vainqueur car on s’attendait à pire. Enfin, le nouveau Front populaire, qui se résume à une alliance de circonstance destinée à battre le RN, reste très fragile : une majorité de procédure ne signifie pas une majorité d’organisation.

 

Marine Le Pen dérape et dénonce un pseudo coup d’État administratif

Marine Le Pen dérape et  dénonce un pseudo coup d’État administratif 

D’une certaine manière, la tonalité des propos de Marine Le Pen rejoint celle des rappeurs très agressifs et nuls qui sollicitent surtout la violence pour s’opposer aux thèses du camp d’en face.

Chez Marine Le Pen,  la démesure autant que la platitude caractérise la plupart de ses interventions. C’est d’ailleurs lorsqu’elle se tait qu’elle engrange les meilleures soutiens.

«C’est une forme de coup d’État administratif», a-t-elle estimé, tout en espérant «que ceci relève uniquement de la rumeur». Ou l’art de dire tout et son contraire.

Ces propos complètement excessifs témoigne du climat qui risque de régner en France sous la pression des extrêmes. L’Élysée rappelle les principes des nominations:

«l’article 13 de notre loi fondamentale indique que le chef de l’État nomme aux emplois civils et militaires tels les préfets lors du Conseil des ministres qu’il préside», a souligné l’Élysée. «Il y a depuis 66 ans chaque semaine des nominations et des mouvements, notamment l’été, indépendamment des moments politiques traversés par nos institutions, et il n’est aucunement prévu qu’une de ces dispositions puisse changer dans les prochains mois.»

Notons par exemple que les patrons de la SNCF ou de la RATP ne seront pas nommés avant le nouveau gouvernement.

Le propos de Marine Le Pen est en plus idiot puisque le futur gouvernement pourra défaire ce que le précédent a décidé.

Marine Le Pen dénonce un pseudo coup d’État administratif

Marine Le Pen dénonce un pseudo coup d’État administratif 

D’une certaine manière, la tonalité des propos de Marine Le Pen rejoint celle des rappeurs très agressifs et nuls qui sollicitent surtout la violence pour s’opposer aux thèses du camp d’en face.

Chez Marine Le Pen,  la démesure autant que la platitude caractérise la plupart de ses interventions. C’est d’ailleurs lorsqu’elle se tait qu’elle engrange les meilleures soutiens.

«C’est une forme de coup d’État administratif», a-t-elle estimé, tout en espérant «que ceci relève uniquement de la rumeur». Ou l’art de dire tout et son contraire.

Ces propos complètement excessifs témoigne du climat qui risque de régner en France sous la pression des extrêmes. L’Élysée rappelle les principes des nominations:

«l’article 13 de notre loi fondamentale indique que le chef de l’État nomme aux emplois civils et militaires tels les préfets lors du Conseil des ministres qu’il préside», a souligné l’Élysée. «Il y a depuis 66 ans chaque semaine des nominations et des mouvements, notamment l’été, indépendamment des moments politiques traversés par nos institutions, et il n’est aucunement prévu qu’une de ces dispositions puisse changer dans les prochains mois.»

Le propos de Marine Le Pen est en plus idiot que le futur gouvernement pourra défaire ce que le précédent a décidé.

Profil bas : la stratégie de Marine Le Pen

Profil bas : la stratégie  de Marine Le Pen

La lutte contre l’extrême droite est régulièrement présentée comme une priorité par le président de la République et par la majorité des autres partis politiques. Pourtant, Marine Le Pen et le RN n’ont jamais été aussi proches du pouvoir. Alors que le RN est passé de 18,7 % des voix en 2022 à 33,15%  (en intégrant les voix d’Éric Ciotti et ses amis) en 2024 dans le cadre du premier tour des élections législatives, cette popularité croissante met en lumière le succès d’une stratégie inédite. Cette dernière, marquée par l’absence et la discrétion, tranche avec l’omniprésence médiatique des responsables politiques en général, et d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon en particulier.

 

par ,Enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques, INSEEC Grande École dans The Conversation  

25 avril 2022 : le second tour de l’élection présidentielle vient de rendre son verdict et Emmanuel Macron est réélu face à Marine Le Pen. La bataille des législatives commence… et Marine Le Pen annonce qu’elle part en vacances. Sa décision ne peut que surprendre avant une échéance électorale de cette importance et alors que certains responsables politiques présentent les élections législatives comme le 3ᵉ tour de l’élection présidentielle qui pourrait forcer Emmanuel Macron à cohabiter si le camp présidentiel n’est pas majoritaire à l’Assemblée nationale.

L’opposition entre le camp présidentiel mené par Emmanuel Macron et une Nupes naissante menée par Jean-Luc Mélenchon prend dès lors toute la lumière. L’opposition est assez frontale entre d’un côté un président réélu qui perçoit le danger que représente la grande coalition de gauche et un leader insoumis qui caresse l’espoir de s’installer à Matignon.

Face à une dynamique électorale bien moins porteuse que lors des législatives de 2017 pour son mouvement, Emmanuel Macron se positionne alors comme un rempart face au danger que signifierait l’arrivée au pouvoir d’une coalition de gauche dominée par les Insoumis. Son discours de l’entre deux tours devant l’avion présidentiel à quelques minutes d’un départ pour rendre visite à des militaires français en Roumanie, appelant au sursaut républicain face à la menace des extrêmes, vient parfaitement illustrer cette posture.

Cette stratégie rappelle alors l’attitude de Charles de Gaulle dénonçant la chienlit de mai 68 et se posant en rempart face aux désordres de l’époque. Le mouvement gaulliste avait ensuite largement remporté les législatives de 1968 après la dissolution décidée par le chef de l’État.

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Du côté de la Nupes, la domination de la France Insoumise dessine une stratégie marquée par la critique du président réélu et par une personnalisation de la campagne autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon, légitimée par ses 21,95 % obtenus au premier tour de l’élection présidentielle.

À côté de cette omniprésence médiatique, la campagne législative de Marine Le Pen – de retour de vacances – et du RN semble peu audible. Elle permet pourtant au mouvement d’extrême droite de faire élire, à la surprise générale, 89 députés dans le cadre d’un scrutin majoritaire historiquement défavorable au RN avant 2022.

La « stratégie de la cravate »

Après sa réélection de 2022, Emmanuel Macron déclare que « ce vote l’oblige » et qu’il doit par conséquent tenir compte des votes qui se sont portés sur sa candidature pour faire uniquement barrage à Marine Le Pen et faire évoluer sa pratique du pouvoir.

La séquence, qui va de sa réélection en juin 2022 aux élections européennes de 2024, est pourtant marquée par l’utilisation répétée du 49.3 par son gouvernement pour faire passer des lois parfois très contestées, comme la réforme des retraites. Sa grande conférence de presse télévisée du 16 janvier 2024, devant le gouvernement et une assemblée de journalistes n’ayant droit qu’à quelques questions, illustre aussi une verticalité persistante de sa pratique du pouvoir en droite ligne de son premier quinquennat.

Du côté de la Nupes, la stratégie de « guérilla » parlementaire défendue par Jean-Luc Mélenchon et menée par les députés de la France Insoumise créé la polémique – notamment pendant les discussions concernant la réforme des retraites. Elle semble mal passer dans l’opinion publique et finit par faire exploser la coalition de gauche suite aux attentats du Hamas sur le sol israélien.

Marine Le Pen, quant à elle réélue députée, impose aux 89 députés du RN à l’Assemblée la « stratégie de la cravate ». Il s’agit d’être bien habillés, courtois et respectueux. En dehors de quelques dérapages comme l’affaire des propos racistes de Grégoire de Fournas, la tactique est globalement respectée par les élus RN. Leur attitude tranche avec les violents échanges opposant notamment régulièrement les députés insoumis et les membres du gouvernement ou certains députés de la majorité présidentielle.

Rétrospectivement, la stratégie de Marine Le Pen et du RN lors des législatives de 2022 a pu paraître surprenante et contre-productive. Alors que c’est elle qui est arrivée en seconde position à l’élection présidentielle, elle semble laisser la place de première opposante au pouvoir à Jean-Luc Mélenchon.

La suite semble pourtant légitimer cette stratégie visant à ne pas faire de vagues et à faire profil bas. Elle se révèle, lors des travaux de l’Assemblée nationale élue en 2022, cohérente avec son travail de dédiabolisation mis en place à son arrivée à la tête du parti frontiste.

Surtout, elle la distingue de ses deux principaux rivaux de l’élection présidentielle, qui finissent par apparaître l’un comme l’autre plus clivants.

Au-delà de la question de savoir si la stratégie de dramatisation des enjeux choisie par Emmanuel Macron et celle du combat permanent et de la polémique adoptée par Jean-Luc Mélenchon sont utiles à leur camp, ces deux stratégies semblent légitimer, par contraste, celle de Marine Le Pen. Et ainsi accompagner une montée progressive du RN, désormais aux portes du pouvoir.

En laissant le champ libre à Jordan Bardella pour un éventuel poste de premier ministre, Marine Le Pen semble vouloir rester sur cette ligne qui lui a particulièrement réussi ces deux dernières années. Mais une telle stratégie présente aussi des risques… surtout si le RN accède au pouvoir à la suite des législatives actuelles.

En cas d’échec, Marine Le Pen pourrait aborder les prochaines élections présidentielles à la tête d’un mouvement rendu potentiellement moins populaire par la pratique du pouvoir.

À l’inverse, la possibilité que Jordan Bardella profite de son nouveau rôle pour gagner en popularité et se sente dès lors légitime pour se présenter à la prochaine présidentielle, à l’instar d’Édouard Balladur suite à la cohabitation de 1993, n’est pas à exclure.

Sans compter qu’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale avant 2027 est une possibilité déjà envisagée par le camp présidentiel (il faudra attendre au moins un an pour le faire).

Dans tous les cas, il y a fort à parier que Marine Le Pen soit obligée de s’exposer davantage et de laisser de côté une stratégie pourtant couronnée de succès, si elle veut un jour accéder à la présidence de la République.

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