Rama Yade : en chômage politique, pourquoi ?
C’est rare mais ça peut arriver, une ancienne ministre au chômage politique, c’est à dire sans aucun mandat et en plus virée de son parti. Plusieurs raisons à cela, d’abord peut-être la surestimation par l’intéressée elle-même de son destin national. Rama a les dents longues, comme les autres, mais encore des dents de lait. C’est sa faiblesse, en outre elle n’a pas voulu vraiment se couler dans le moule des apparatchiks endurcis qui savent suivre le courant majoritaire du moment quitte à prendre une posture opposée six mois après en fonction des opportunités et du vent. Rama, elle, a une personnalité, ce qui est considéré comme un état d’esprit rebelle en politique ; Et à cause de cela par exemple Kouchner l’a honteusement humilié pendant qu’elle était sa secrétaire d’Etat (Kouchner qui est passé sans état d’âme de la gauche à la droite). Même chose dans le mondain petit parti radical aux idées ouvertes sur le monde mais qui voyait mal une jeune femme issue de l’immigration prendre la direction du parti. Il y a des limites à l’ouverture d’esprit ! Sarko a bien tenté de l’imposer aux régionales mais les apparatchiks s’y sont opposés. Ecartée des listes pour les régionales en Ile-de-France, Rama Yade s’apprête donc à perdre en décembre son ultime mandat au moment même où le Parti radical – fait rarissime – vient de prononcer son exclusion pour avoir nui à l’image de son mouvement en le dénigrant. Cette décision l’exclut automatiquement aussi de l’UDI, selon les statuts de la fédération. Affirmant l’avoir appris « par la presse », Rama Yade dénonce un règlement de comptes politique, alors qu’elle conteste devant la justice l’élection de Laurent Hénart à la tête du Parti radical en pointant des irrégularités. Déboutée en première instance, elle a fait appel. « J’imagine que ça ne se fait pas et qu’ils ont voulu me le faire comprendre », accuse-t-elle. La voilà donc bientôt à la fois sans mandat, et sans parti. La dernière marche d’une dégringolade politique entamée en 2009, le jour où elle a dit « non » à Nicolas Sarkozy, qui la poussait à être candidate aux élections européennes pour mieux exfiltrer du gouvernement sa remuante secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme. Ce jour-là, « Rama Yade a dit non à Sarkozy. Rachida Dati a dit oui et elle aujourd’hui, elle est toujours là », résume un ténor centriste. Rama Yade vient alors d’être couronnée personnalité politique préférée des Français. L’opinion plébiscite cette nouvelle venue en politique qui n’a pas sa langue dans la poche, propulsée au gouvernement à 30 ans. Née à Dakar en 1976, elle fait partie, avec Rachida Dati et Fadela Amara, de ces nouveaux visages de la « diversité » que Nicolas Sarkozy veut mettre avant. Mais elle se révèle vite rebelle, entretient des relations exécrables avec son ministre de tutelle Bernard Kouchner, se sent enfermée dans ses nouvelles fonctions, au point de songer à démissionner. En octobre 2010, elle défie à le chef de l’Etat en prenant ses distances avec son discours de Dakar sur l’ »homme africain ». « Non seulement l’homme africain est entré dans l’histoire, mais il a même été le premier à y entrer ». Moins d’un mois plus tard, elle est évincée du gouvernement.
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