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Débat Mélenchon – Zemmour : en combien de rounds ?

Débat  Mélenchon – Zemmour : en combien de rounds ?

 

Jeudi 23 septembre vers 21 heures se déroulera un débat sans doute sulfureux entre Mélenchon et Zemmour sur la chaîne BFM. On peut d’ores et déjà prévoir que le débat sera très animé au point même qu’on n’est pas certain que la discussion puisse aller au-delà du nombre de rounds prévus.

 

Il y aura  nécessairement des événements de caractère théâtral pour attirer l’attention médiatique au moins pendant quelques jours. Mélenchon en a sérieusement besoin car il stagne dans les sondages autour de 10 %. De son côté, Zemmour va profiter de l’occasion pour surfer sur la vague médiatique qui le porte actuellement. Bref, il est clair que ce débat de jeudi sera l’événement politique de la semaine voire même du mois.

Tout oppose en effet ces deux personnalité qui certes ont sans doute peu de chances comme candidat aux présidentielles mais qui peuvent largement influencer les thèmes de la campagne des autres candidats.  On plaint par avance les animateurs qui n’auront sans doute pas leurs mots à dire dans cet affrontement. L’intérêt résidera aussi dans le fait que ces deux candidats des extrêmes ne manquent pas de culture. Le leader de la France insoumise et l’essayiste débattront «des grands sujets d’actualité qui sont au cœur de la campagne présidentielle : sécurité, économie, santé, écologie, immigration, société…»a précisé BFMTV ce dimanche, alors qu’Éric Zemmour n’a toujours pas annoncé officiellement sa candidature.

Phénomène Zemmour: syndrome de nos faiblesses intellectuelles

Phénomène Zemmour: syndrome de nos  faiblesses intellectuelles

L’ancien Premier ministre Manuel Valls, estime que le polémiste Eric Zemmour « est le syndrome de nos faiblesses intellectuelles ». (Dans le JDD, extrait)

Éric Zemmour incarne-t-il un adversaire crédible?
Oui, parce qu’il est le nom d’un profond malaise démocratique. Sous l’apparence d’un retour de la croissance et des jours heureux avec la fin de la pandémie se cache une grande rupture civique. Les Français sont mécontents de l’offre politique, l’envie de sécession travaille en profondeur le pays. Un tiers des Français sont contre tout et s’avouent même favorables à un régime autoritaire. L’abstention massive ou une grande volatilité électorale en sont les marques. Zemmour se nourrit de cette crise démocratique, de la fragmentation à gauche, des divisions à droite, de la banalisation et de l’incompétence de Marine Le Pen. Utiliser un malaise et le tordre, c’est ça la force des populistes.

Est-il le porte-drapeau des « anti-tout »?
Zemmour est entré dans la compétition en occupant d’abord l’espace identitaire, xénophobe, ce que j’appelle le camp national populiste, dont il incarne la nouveauté. Il formule un récit historique et culturel cohérent qui rend fier cet électorat de droite réactionnaire. Il est en train de remplacer Jean-Marie Le Pen plus que sa fille, Marine. Il exploite le sentiment de déclassement civilisationnel et social, la hantise du métissage et du grand remplacement, le rejet des musulmans. Tout cela forme un courant puissant dans de nombreux pays et en France, et Zemmour l’a très bien compris. Est-il un feu de paille? Ce qui traverse la société ne l’est pas.

Comment le contrer?
Le danger de sa candidature dépend de la capacité des autres formations politiques à bâtir une offre sérieuse. Il faut débattre avec lui et nous ne sommes pas nombreux à l’avoir fait. Nous devons démonter sa vision des femmes, ses mensonges sur Pétain et de Gaulle et l’instrumentalisation de l’histoire de France aux seules fins de ses passions xénophobes, maurrassiennes… Nier l’appartenance à la France aux enfants assassinés par Mohamed Merah parce qu’enterrés en Israël, c’est insupportable! Cet homme nous présente une France qui n’existe pas, mais qu’une partie de nos compatriotes retrouve. Zemmour est le syndrome de nos faiblesses intellectuelles.

Que mettre en valeur?

La gauche doit être au clair sur la défense du modèle républicain et se battre contre la tenaille identitaire représentée par Éric Zemmour d’un côté, et Assa Traoré de l’autre. Les extrêmes identitaires se nourrissent. Ceux qui parlent d’une France racisée, on les retrouve autant chez les Indigénistes que chez Zemmour. La droite a une responsabilité historique : son implantation locale est forte, ses idées percent. Elle doit se mettre en ordre de marche et sortir de la stratégie de l’autruche ou pire, de l’adhésion. Les propos d’Éric Ciotti – qui a dit qu’il voterait Zemmour en cas de duel avec Macron – incarnent une rupture morale avec Chirac et Sarkozy. La force de Zemmour, c’est d’offrir un récit autour du « c’était mieux avant ». Bâtissons un projet sur la fierté d’être français, la défense acharnée de la laïcité, l’égalité femmes-hommes, le combat contre l’islamisme et l’antisémitisme, une autre politique de peuplement et d’immigration, la passion de la justice sociale, une vraie souveraineté européenne… Réfléchissons aussi à une manière de gouverner plus collective. Notre salut viendra de là.

 

Pour Zemmour, la gauche est responsable de tout…
La gauche porte une responsabilité importante. Je suis toujours de gauche, malgré elle et malgré moi comme disait Camus… Bien sûr, elle a été angélique. Quand j’ai dénoncé l’islamisme, l’antisémitisme, la dérive des quartiers, on m’a accusé d’être de droite ou d’extrême droite. Elle n’a pas su répondre au nouveau monde après la chute du mur de Berlin, traiter des conséquences de la globalisation économique, réfléchir au nouvel âge identitaire après les attentats du 11 septembre 2001. Pire, une partie d’entre elle a abandonné la République et la laïcité, elle a remplacé la classe ouvrière par les musulmans, les immigrés qui représenteraient un nouveau prolétariat à défendre. Partant de là, on peut tout excuser, y compris le pire. Cela explique en partie son état actuel. Zemmour est profondément anti-républicain. Seule l’intransigeance républicaine répondra à l’exploitation des peurs qu’il agite.

Phénomène Zemmour : « une conception mythique de l’histoire »

Phénomène Zemmour : « une conception mythique de l’histoire »

 

Dans son essai, Le Venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la face sombre de la république (La Découverte, 2019), l’historien Gérard Noiriel analyse les ressorts rhétoriques du discours d’Éric Zemmour. (Dans le JDD, extrait)

 

Pour quelles raisons dressez-vous un parallèle entre Éric Zemmour et le journaliste antisémite Edouard Drumont?
Je ne compare par leurs arguments, mais leur rhétorique, c’est-à-dire leur art de convaincre. Dans les deux cas, ces polémistes privilégient le registre émotionnel : la victimisation, la construction d’un ennemi que l’on fait remonter à des temps reculés. Les Juifs ont tué le Christ pour Drumont, la menace musulmane chez Zemmour, qu’il date de 732 avec la bataille de Poitiers. L’utilisation des faits-divers est aussi commune aux deux. Ils sont généralisés et toujours imputés à une même communauté. La théorie du grand remplacement, on la trouve déjà chez Drumont. Mais chez Drumont, c’est le grand remplacement par en haut. Il ne cesse d’affirmer que les juifs contrôlent tout : la politique, la finance, la presse, le monde intellectuel. Alors que Zemmour, c’est le grand remplacement par le bas, dans les banlieues, les cités… Bien sûr, il y a des différences, et évidemment le sort des juifs en 1940 n’est pas celui des musulmans aujourd’hui. Mais la structure qui sous-tend l’argumentation est la même. Elle oppose toujours le « nous » Français menacé de disparaître sous les coups d’un ennemi héréditaire. Tous les deux vivent également à des époques révolutionnaires de l’industrie de la communication. Drumont saisit les opportunités qui apparaissent avec le passage à la presse de masse. Désormais, le peuple lit le journal. La popularité de Zemmour vient des médias des années 2000, avec les réseaux sociaux et les chaînes d’infos en continu.

Un autre point commun de leur argumentation est celui d’une supposée tyrannie des minorités.

C’est ce que j’appelle la logique de l’inversion, qui consiste à inverser les rapports de force réels. C’est-à-dire à présenter les majoritaires comme dominés, et les minoritaires comme des dominants. Dans le discours de ces polémistes, ce ne sont pas les Français, les individus dans toute leur diversité, leur complexité, qu’elle soit sociale, de genre ou d’engagement politique, qui sont présentés, mais le Français ou la France, un personnage mis en scène dans une conception qui n’a rien à voir avec la recherche historique mais qui repose sur une conception mythique de l’histoire. Cela repose le plus souvent sur des faits, qui sont marginaux mais généralisés. Par exemple quand un rappeur l’insulte ou insulte « les Blancs », Zemmour y voit la preuve que toute notre civilisation est menacée par la tyrannie des minorités. Ces insultes sont évidemment condamnables car elles sont contraires aux principes de notre démocratie. De plus, elles permettent à Zemmour de se présenter comme une victime. Ce qui explique que ceux qui sont de vraies victimes de notre société puissent s’identifier à lui. La même logique populiste se retrouve dans la dénonciation des élites, alors qu’il en fait lui-même partie. Ça plait beaucoup à ceux qui s’estiment exclus de la société.

Dans son dernier livre, il prend à nouveau la défense de Maurice Papon ou exonère certaines responsabilités du régime de Vichy…
Jusqu’à présent, les seules mesures concrètes qu’a présentées Zemmour pour « redresser la France » sont des mesures répressives. Il a affirmé notamment que s’il était élu président de la République, il supprimerait la loi de 1972 relative à la lutte contre le racisme, loi qu’il qualifie de liberticide et au nom de laquelle il a été condamné. La première de ces lois a été adoptée en 1939, avec le décret-loi Marchandeau. Mais aussitôt arrivé au pouvoir, Pétain s’est empressé de la supprimer, pour permettre à tous les antisémites de l’époque de déverser leur flot de haine dans la presse. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi Zemmour s’acharne à réhabiliter Pétain et le régime de Vichy.

Zemmour va échouer (Jean-François Copé)

Zemmour va échouer (Jean-François Copé)

Jean-François Copé ( LR) explique pourquoi d’après Zemmour va échouer (dans le JDD, extrait )

Que pensez-vous de la « presque » candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle?
Son succès éditorial peut-il se transformer en victoire électorale? C’est la question. On peut saluer l’artiste et sa mue depuis vingt ans, mais il faut analyser le mécanisme diabolique qu’il a mis en place. À savoir une doctrine qui tourne en boucle et qui doit son succès aux reculades des responsables républicains successifs. À l’instar de Le Pen avant lui, il a grandi sur les décombres de ceux qui n’ont pas fait ce pour quoi ils avaient été élus. Zemmour a une martingale : la société française est irréconciliable et l’affrontement est inévitable. C’est le Français contre l’étranger, la grandeur du passé contre la décadence du présent, le judéo-chrétien contre le musulman. Comme tout doit s’opposer en permanence, il décrète l’interdiction du vivre ensemble.

 

Le « zemmourisme » est-il dangereux?
Le « zemmourisme » n’existe pas : c’est le recyclage habile des idées de l’extrême droite. Il conforte toute une partie de la population qui exprime des inquiétudes face à l’avenir. Il a créé un fonds de commerce d’abord idéologique puis politique. ­Zemmour écrit une contre-histoire identitaire de la France, un récit défensif. Cette démarche interdit toute approche positive car elle nie une évidence : une partie très importante des Français de confession musulmane est parfaitement intégrée, elle travaille et contribue à la prospérité du pays comme tous les autres Français.

 

Cette candidature peut-elle faire « pschitt »?
C’est quand même très étrange de l’entendre dire sur RTL : « Je peux faire durer l’ambiguïté tant que c’est mon intérêt », alors qu’il revendique la sincérité… Zemmour prospère dans un contexte politique idéal : Marine Le Pen connaît une authentique usure ; la droite sent qu’elle peut gagner et sa liste de prétendants ne cesse d’augmenter, oubliant qu’il n’y a qu’un seul lit pour plusieurs rêves… Du coup, Macron s’impose comme le seul refuge réel ou supposé de ceux qui refusent le populisme. J’ai une conviction profonde : Zemmour ne va pas y arriver, sa démarche échouera. Car sa rhétorique, qui repose sur une répétition lancinante de l’approche de l’apocalypse, ça marche en tant qu’éditorialiste, pas comme candidat. Une présidentielle, c’est un marathon. Il faut proposer des remèdes suffisamment crédibles pour que les Français, vieux habitués de la démocratie, soient convaincus. Quand je le vois reparler de la peine de mort, je me dis qu’il est proche de la falaise.

Ses thèses sont aussi celles d’une partie de la droite…
Il y a des points de rencontre sur l’immigration, l’islamisme radical… Mais qui ne reposent pas sur les mêmes ressorts. Le rapprochement est impossible, tout comme il est impossible avec Le Pen, car la rhétorique de Zemmour repose sur deux piliers : la France, c’était mieux avant, et elle est condamnée au grand remplacement musulman. Ça n’est pas du tout le message de la droite. Pour le diffuser, il a fait preuve d’une organisation médiatique très habile. Éditorialiste, donc « neutre », mais vrai-faux « responsable politique », débattant d’égal à égal avec de vrais élus. Il a suscité un authentique fan-club, en attente permanente de ses nouvelles punchlines. Mais pour tenir sur la durée et donner toujours plus à son public, il a dû monter en surenchère au point de se ridiculiser dans son combat absurde sur les prénoms à consonance étrangère et de se déshonorer dans sa défense de Pétain. Il est devenu le héraut de la fachosphère, comme Jean-Marie Le Pen le fut en son temps.

 Mange-t-il sur les terres de la droite?

Une partie des électeurs de droite peut être séduite par le brio du polémiste. Mais il leur en faudra beaucoup plus pour voter pour lui. Car gouverner, c’est un métier, et nos électeurs ne plaisantent pas avec ça. Seule condition pour qu’ils ne se trompent pas : que la droite soit capable de réincarner sans ambiguïté le retour de l’autorité – immense faiblesse de Macron - et le progrès scientifique, économique, social, écologique.

Faut-il pactiser avec lui?
La vocation de la droite n’est pas de faire vivre des concurrents. Il n’y a pas plus mortifère que des alliances contre nature car elles donnent le sentiment aux Français que nous sommes prêts à tout pour gagner, y compris à renoncer à nos fondamentaux.

Peut-il affaiblir Marine Le Pen?
Oui, et je fais le pari que s’il est finalement candidat, il empêchera Marine Le Pen de se qualifier pour le second tour. Est-ce une chance supplémentaire pour la droite? Oui, bien sûr!

Eric Zemmour et Sandrine Rousseau: Dans le même sac ! ( Nelly Garnier)

Eric Zemmour et Sandrine Rousseau: Dans le même sac ! ( Nelly Garnier)

 

Selon l’élue LR parisienne, l’engouement pour le polémiste et la candidate à la primaire écolo «traduit une évolution des fondements de l’engagement politique»

 

Ils sont considérés comme des franges minoritaires de la gauche et de la droite et, pourtant, leurs propos sont commentés quasi quotidiennement. Ils choquent, ils hystérisent, font réagir. Dans le langage propre aux réseaux sociaux, on dirait qu’ils engagent, en bien comme en mal, ce qui est déjà beaucoup si l’on pense que la première réponse que donnent les Français quand on les interroge sur une personnalité politique est « aucune émotion » comme l’a révélé le baromètre « France-émotions » de la Fondation Jean-Jaurès.

Les polémiques autour des candidatures d’Eric Zemmour et de Sandrine Rousseau révèlent incontestablement quelque chose. Tout d’abord, elles témoignent d’une recomposition politique plus complexe qu’elle n’en a l’air. A la suite de l’élection d’Emmanuel Macron, nombre de commentateurs avaient prédit la substitution du clivage gauche-droite par un nouveau clivage opposant gagnants et perdants de la mondialisation. Les élections intermédiaires ont montré une réalité politique plus complexe. L’engouement pour Eric Zemmour et Sandrine Rousseau, fut-il minoritaire, traduit lui aussi une évolution des fondements de l’engagement politique.

Les rapports à l’intime, à l’expérience personnelle, aux sentiments ressentis d’oppression comme de manque de reconnaissance, deviennent des caractères majeurs du positionnement politique. Désormais, les « épreuves de la vie » constituent le cœur de préoccupation des citoyens, bien davantage que la perspective d’instaurer un ordre social ou économique radicalement nouveau, comme l’a constaté Pierre Rosanvallon dans son dernier ouvrage. Cela explique que, pour les plus jeunes générations, l’engagement politique s’exprime souvent principalement par des modes de consommation ou de nouvelles habitudes alimentaires.

Chez Sandrine Rousseau, le rapport à l’intime est évident. Figure du mouvement #Metoo, elle appelle à se libérer des trois prédations majeures instituées par l’homme dominant, à savoir la prédation du corps des personnes noires, celle des femmes et celle de la nature, comme elle l’a exposé lors d’un récent débat. Pour Eric Zemmour, qui se réclame d’un projet civilisationnel, cela est moins évident. Pourtant, c’est bien sa manière d’exprimer un malaise d’une partie du peuple français quant à son identité intime qui a fait son succès littéraire et médiatique. En mettant l’accent sur la question démographique, le journaliste politique a su faire résonner une peur profonde et collective des peuples européens de perdre leur identité face à des flux migratoires continus, dans un contexte de baisse de la natalité. Force est de constater qu’aucune des dernières lois sur l’immigration n’a su répondre à ce besoin fondamental de permanence culturelle et identitaire sur lequel la prochaine élection présidentielle ne pourra pas faire l’impasse.

Les forces politiques majoritaires auraient tort de balayer d’un revers de main les dynamiques qui s’expriment autour de ces deux personnalités. Tout comme elles auraient tort d’embrasser des mouvements qui aboutissent toujours à prôner l’affrontement d’une partie de la population avec une autre. Eric Zemmour et Sandrine Rousseau sont les deux faces d’une même pièce : une revendication à faire valoir son identité, individuelle ou collective, mais une revendication qui finit toujours en tentative d’effacement ou de destruction de l’autre. La France ne se relèvera ni d’une guerre des civilisations, ni d’une guerre des sexes. Mais, si l’on ne répond pas aux blessures intimes des Français qui s’expriment à travers ces mouvements, c’est bien à cela que l’on pourrait aboutir, tant ces dynamiques d’opinion sont puissantes et vivaces.

Si ma famille politique, la droite républicaine, est solide dans ses fondamentaux, il est de son devoir de comprendre cette irruption de l’intime dans les attentes des Français à l’égard de la chose publique. Et j’ose même affirmer qu’il est de son devoir de répondre aux deux blessures exprimées par les candidatures d’Eric Zemmour et de Sandrine Rousseau : celle d’une identité collective blessée par le choc lié à l’immigration ; celle d’une identité individuelle blessée par les inégalités de genre, mais aussi de classe et d’origine.

Nelly Garnier est conseillère LR de Paris, conseillère régionale d’Ile-de-France et déléguée spéciale à la Smart Région.

SONDAGE 2022: 8% pour Zemmour, Le Pen en baisse

SONDAGE 2022: 8% pour Zemmour, Le Pen en baisse

La  candidate du Rassemblement national est  celle qui aurait le plus à perdre, à en croire les résultats d’un  sondage Elabe pour BFMTV, diffusé mardi.

En l’absence du polémiste, la droite ne parvient pas pour l’heure à perturber le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui sont crédités respectivement de 26% et 23% des intentions de vote, loin devant le représentant de la droite, qu’il s’agisse de Xavier Bertrand (16%) ou de Valérie Pécresse (14%).

« Compte-tenu des résultats mesurés au premier tour et des marges d’erreur dans l’hypothèse avec Eric Zemmour, une configuration de second tour Emmanuel Macron/Xavier Bertrand est possible bien qu’elle soit actuellement nettement moins probable que la configuration Emmanuel Macron/Marine Le Pen », note Elabe.

Si le duel Emmanuel Macron/Marine Le Pen se confirme malgré tout, l’actuel président de la République l’emporterait largement au second tour, avec 59% des intentions de vote contre 41% pour sa rivale, selon Elabe. Le face-à-face serait plus tendu avec Xavier Bertrand: le chef de l’État n’y est donné gagnant que d’une courte tête (52% contre 48%).

 

Sondage Elabe pour BFMTV réalisé par Internet du 11 au 13 septembre 2021 auprès d’un échantillon de 1334 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, dont 1200 inscrits sur les listes électorales. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Eric Zemmour quitte Cnews

Eric  Zemmour quitte Cnews

 

Conséquence sans doute de la mise en demeure du Conseil supérieur de l’audiovisuel de décompter le temps de présence d’Eric Zemmour à la télé, la chaîne a décidé de mettre fin à la collaboration avec le chroniqueur.

 

les chroniqueurs seront renouvelés chaque jour et personne ne prendra véritablement la place d’Éric Zemmour dans le fauteuil de chroniqueur permanent.

ERIC ZEMMOUR: MENACE POUR LE PEN

ERIC ZEMMOUR: MENACE POUR LE PEN

Il est évident que l’éventuelle candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2022 présente un sérieux danger pour Marine Le Pen. Éric Zemmour vise en effet le même courant d’électeurs mêmes si ses positions se situent encore davantage à l’extrême droite. Les sondages lui accordent aujourd’hui presque 7 % ce qui affaiblirait Marine Le Pen et risquerait de ne pas la qualifier pour le second tour. Cette hypothèse ne réjouit pas non plus le camp Macron qui rêve évidemment d’un second tour face à Marine Le Pen.

La partie serait sans doute différente si Macron était affronté un adversaire n’appartenant pas au courant frontiste. En effet, nombre d’électeurs vont sans doute manifester pour une part leur rejet du président actuel mais ne seraient pas prêts pour autant à soutenir marine Le Pen. Par contre il seraient davantage tentés par un troisième candidat qui percerait dans les sondages. Eric Zemmour « constituerait une menace » pour la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle, a déclaré ce samedi sur BFMTV Gilbert Collard, député européen proche du Rassemblement National, alors qu’une rencontre entre les deux têtes de l’extrême droite a été avortée.

« S’il était candidat, parce que pour l’instant il n’est pas candidat, il constituerait une menace parce qu’il est clair qu’un candidat prend des voix surtout lorsqu’il se présente pour séduire un électorat de la droite de droite. Il faut être malhonnête pour dire le contraire », a-t-il déclaré.

Sondage PRÉSIDENTIELLE 2022: ÉRIC ZEMMOUR à 7%

Sondage PRÉSIDENTIELLE 2022: ÉRIC ZEMMOUR à 7%

Un  sondage Ipsos commandé par le mouvement Libres! de Valérie Pécresse crédite Éric Zemmour de 7% d’intentions de vote, indique Le Point ce vendredi.

Dans une enquête de juin dernier, il était crédité de 5,5 % des voix, alors que d’autres travaux indiquaient en février dernier que 13% des Français se disaient prêts à voter pour lui s’il se présentait.

Présidentielles : Zemmour trop limité (le politologue Jérôme Sainte-Marie)

Présidentielles : Zemmour trop limité (le politologue Jérôme Sainte-Marie)

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Jérôme Sainte-Marie est politologue, président de l’institut PollingVox, et auteur de l’essai Bloc contre bloc  analyse des hypothèses sur les présidentielles de 2022.

Marine Le Pen est-elle la grande perdante des régionales ?

Il faut distinguer les faits et leurs conséquences. Si on prend en compte les faits, c’est-à-dire les scores, c’est La République en marche qui essuie la plus lourde défaite car la fraction de l’électorat qui s’est déplacée avait un profil tout à fait en correspondance avec le parti d’Emmanuel Macron, alors que la sociologie de l’abstention handicapait, elle, naturellement Marine Le Pen. Si on prend en compte les conséquences, c’est-à-dire la dynamique politique dans la perspective de la présidentielle, on peut, oui, considérer que la présidente du RN a connu un échec plus grave. Il est cependant probable qu’au premier tour de la présidentielle, elle retrouvera les électeurs qui votent habituellement pour elle et ne se sont pas déplacés lors des régionales : l’électorat ouvrier, les jeunes…, bref, ceux qui sont en attente de protection, voire de changement politique important pour le pays et pour eux-mêmes et qui ont considéré qu’un scrutin local ne l’apporterait pas. Au fond, leur abstention a été très rationnelle. En revanche, Marine Le Pen a besoin pour crédibiliser sa capacité présidentielle d’attirer à elle des compétences, des cadres, des fractions de l’élite. Plus que le prétendu plafond de verre ou ses valeurs, sa crédibilité comme force de gouvernement est son principal handicap. C’est en le comblant qu’elle pourra se désenclaver. Or, le mauvais score du RN aux régionales ne va pas inciter ceux parmi les élites qui auraient pu la rejoindre à le faire. Même si, dans le futur, des sondages la placent toujours en tête en vue de 2022, ces enquêtes vont susciter de la méfiance et Marine Le Pen ne retrouvera pas tout de suite la dynamique nécessaire pour attirer des compétences.

Quelles conclusions doit-elle en tirer ?

Cela rappelle que mobiliser avant tout son propre électorat constitue une priorité pour tout candidat. Dans le contexte actuel, il n’y a plus d’électorat acquis, l’acte de voter a perdu de sa solennité et la déstructuration du système partisan permet de varier son choix suivant les scrutins. Jean-Luc Mélenchon l’a déjà expérimenté à son détriment, une bonne moitié de ses électeurs de 2017 l’ayant abandonné. Marine Le Pen peut mobiliser les catégories populaires, c’est-à-dire s’adresser aux Français qui ont voté non en 2005, soutenu les Gilets jaunes en 2018. Dans certains sondages, son score parmi les ouvriers et les employés tangentait ces derniers mois les 50 % dès le premier tour. Certes, ce n’est pas suffisant pour elle pour conquérir le pouvoir, mais c’est indispensable pour atteindre une masse critique dans les sondages puis dans les urnes. Telle est la condition de sa qualification pour le second tour. Son crédit dans les milieux populaires a été sa garantie principale de succès depuis son élection à la tête du FN en 2011. Or, il a manqué à la présidente du RN durant cette campagne, des messages s’adressant à l’identité sociale de son électorat. Le contraste est puissant avec les européennes de 2019. Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient réussi à détourner le sens de ces élections en les transformant en référendum anti-Macron. Etait-ce possible aux régionales ? Ce n’est pas certain, le contexte social est atone et l’on ne parlait guère des réformes envisagées. Du coup l’accent a été mis sur les compétences des régions et sur la bonne gestion de celles-ci, débat dans lequel le RN est naturellement handicapé et qui visiblement n’intéresse guère les électeurs.

Le Rassemblement national exerce parfois la fonction tribunitienne attribuée autrefois au Parti communiste, mais il manque de relais syndicaux ou associatifs pour pleinement représenter les catégories populaires

Où est passé le bloc populaire ?

Un bloc, notion dérivée du bloc historique théorisé par Antonio Gramsci, se constitue par la rencontre d’un projet et d’une sociologie. Le bloc élitaire existe indubitablement, car le projet d’Emmanuel Macron est idéologiquement cohérent, bien adapté à nos institutions et a trouvé son public. Le bloc populaire est lui bien plus problématique. Le Rassemblement national exerce parfois la fonction tribunitienne attribuée autrefois au Parti communiste, mais il manque de relais syndicaux ou associatifs pour pleinement représenter les catégories populaires. Reste qu’aujourd’hui les clivages sociaux sont présents comme jamais. Lors de la présidentielle, on peut donc penser qu’une polarisation aura lieu, avec un effet de miroir idéologique entre Macron et Le Pen qui a son pendant sociologique.

Ces élections ont-elles vraiment signifié le retour de la droite ?

La victoire de la droite est en trompe-l’œil. Dans le cadre d’une élection, où seul s’est déplacé un tiers des inscrits, la composition de sa sociologie électorale constitue un avantage décisif. Dans cette élection, ce sont d’abord les retraités, les « bien installés » qui sont allés voter. Ils sont surreprésentés chez Les Républicains, même si Emmanuel Macron a récupéré les cadres supérieurs. Il y a donc eu un formidable effet d’aubaine pour la droite. Mais elle ne doit pas en tirer pour autant des conclusions pour la suite. La gauche, malgré son état au niveau national, a vu également tous ses sortants reconduits. La prudence devrait être de mise.

Xavier Bertrand est-il bien parti pour s’imposer comme le candidat de LR ?

Il est incontestablement sorti très conforté des régionales. Il a des atouts réels pour la suite. Il a été réélu à la tête de la région la plus pauvre de France, ce qui est un symbole utile. Il l’a emportée à deux reprises, et la deuxième très franchement, sur le RN. Il incarne le Français moyen, ce n’est pas ici péjoratif, et contrairement à d’autres leaders de la droite, il n’apparaît pas comme une simple solution de substitution à Emmanuel Macron, mais représente une formule originale. Une des expressions fétiches de Xavier Bertrand est « Je sais où se trouve le point d’équilibre de la société français ». S’il parvient à l’incarner, son offre électorale aura du potentiel.

Même si dans les sondages actuels, Eric Zemmour semble prendre pour l’instant à Nicolas Dupont-Aignan et au candidat LR, il n’apportera pas de nouvelles fractions d’électorat à la candidate du RN lors d’un second tour. En revanche, il facilitera la tâche d’Emmanuel Macron

Que peut changer une candidature d’Eric Zemmour en 2022 ?

Elle ne peut faire qu’un seul gagnant : Emmanuel Macron. Eric Zemmour manifeste un grand talent mais est devenu une figure extraordinairement clivante dont la capacité à rallier une majorité paraît illusoire au vu des sondages. Lorsque l’on parle de son potentiel électoral qu’il soit de 13 % ou 18 %, il faut rappeler qu’il est mesuré sans que soient mentionnés ses concurrents ni précisé s’il s’agit du premier ou du second tour de la présidentielle. A ce jeu-là, la plupart des personnalités politiques un peu connues obtiennent un résultat supérieur. Sur l’immigration, la sécurité, l’indépendance nationale, Marine Le Pen et Eric Zemmour sont très proches (l’Islam est une revanche une différence). Celui-ci ne pourra se distinguer qu’en faisant une campagne disqualifiant la personne de Marine Le Pen. Et même si dans les sondages actuels, il semble prendre pour l’instant à Nicolas Dupont-Aignan et au candidat LR, il n’apportera pas de nouvelles fractions d’électorat à la candidate du RN lors d’un second tour. En revanche, il facilitera la tâche d’Emmanuel Macron.

Parle-t-il au bloc populaire ?

Pour l’instant, pas du tout. Ce n’est pas son projet, d’ailleurs. Son emprise sur les milieux populaires est très faible. Il ne peut intéresser que des gens qui votent d’abord en fonction des questions migratoires, identitaires et sécuritaires. Lui-même ne prend jamais en compte les demandes sociales de l’électorat populaire, qu’il assimile curieusement aux programmes de gauche. On devine qu’il proposerait une solution libérale-identitaire qui ne peut parler qu’à des gens très motivés. En revanche, il se heurte au scepticisme, voire à l’inquiétude d’une bonne partie de l’opinion. Si l’on raisonne sur un plan strictement électoral, il a les handicaps de Marine Le Pen sans les atouts. La ferveur que cette hypothèse rencontre dans certains milieux aisés dit beaucoup de choses sur leurs conceptions de la nation et du peuple, mais pas forcément ce qu’ils aimeraient entendre.

2022 : ZEMMOUR À NOUVEAU CANDIDAT ?

2022 : ZEMMOUR À NOUVEAU CANDIDAT ?

 

Zemmour joue encore la mouche du coche à l’extrême droite en laissant penser qu’il pourrait quand même se présenter. De quoi évidemment plombé la candidature de Marine Le Pen avec laquelle il n’entretient pas des liens idéologiques très proches.Il veut  faire du vrai front national et non pas l’ersatz du rassemblement. « Je fais de plus en plus de propositions, je pense de plus en plus à comment mettre en application ce que je dis », a déclaré le polémiste dans un entretien ce dimanche.

« Peut-être qu’il faut passer à l’action », « je fais de plus en plus de propositions ». Dans un entretien au média « Livre noir » ce dimanche, qui se présente comme « souverain » et « anticonformiste », Éric Zemmour a remis sur la table une possible candidature à la présidentielle de 2022, alors que cette hypothèse agite l’extrême droite.

En intervenant « tous les soirs » sur la chaîne de télévision CNews, « je fais de plus en plus de propositions, je pense de plus en plus à comment mettre en application ce que je dis », le problème c’est que si Zemmour ne manque pas de culture, il ramène tout à ses démons anti européens et nationalistes. En outre ses connaissances socio-économiques apparaissent très superficielles avec des solutions assez caricaturales. Ainsi par exemple sur l’inflation quand il déclare que la France pourrait très bien se satisfaire pendant assez longtemps d’un taux d’inflation de 5 % par an soit dit-il de  50 % sur 10 ans. Zemmour devrait refaire un stage en calcul de base  comme la plupart d’ailleurs des complices qui l’accompagnent sur CNews.

Zemmour: un polémiste compulsif hanté par le féminisme et l’étranger

Zemmour: un polémiste compulsif hanté par le féminisme  et l’étranger

 

 

On peut sans doute difficilement nier que Zemmour possède une solide culture littéraire et de fortes connaissances historiques. D’un certain point de vue, il se différencie de nombre de personnages politiques qui pour toute culture se contentent simplement des éléments de langage de la l’oligarchie dominante qui n’a d’autre idéologie que la conquête du pouvoir. Sans connaissance vraiment du réel socio- économique et culturel pas plus que des fondements théoriques. D’ailleurs ils ont été formatés dans ces instituts de formation politique- dont le Graal est l’ENA -qui n’apprennent que les procédures administratives et l’art  de la prise pouvoir. Parvenus à leurs fins, beaucoup ne savent guère quoi faire de ce pouvoir. Zemmour, lui , ne connaît visiblement non plus pas grand-chose de ces réalités mais il a l’avantage d’en parler avec éloquence, conviction et démagogie. Pas vraiment étonnant non plus, lui aussi a été formé politiquement dans un institut d’études politiques.  La méthode Zemmour est  assez simple. Il laisse parler son interlocuteur pour ensuite fondre sur lui en mettant en exergue ses contradictions et en profite pour dénoncer ses deux hantises compulsives relatives au féminisme et à l’étranger. D’un certain point de vue, il utilise les vieilles méthodes marxistes de dialectique au service d’une vision ultra réactionnaire. Il ne cache pas d’ailleurs son admiration béate pour  un passé idéalisé soigneusement choisi (Napoléon, l’ancien régime etc.). Sa grande force, un peu comme le comédien Lucchini, est d’entrelarder  tous les 30 secondes son discours avec une citation littéraire ou une référence historique dont la relation peut être discutée mais qui donne sa brillance donc l’illusion de la  pertinence du propos. Zemmour est hanté par ce qu’il considère comme les deux dangers majeurs de la société : le féminisme et l’autre. En conclusion, Zemmour ramène tout à ces deux fantasmes démoniaques. Tous les désordres, de toutes natures dans le champ social, économique, culturel plus globalement sociétal sont imputables aux valeurs que portent le féminisme et l’altérité. Il n’y a pas de place chez  Zemmour comme chez la plupart des chercheurs à l’interrogation, au doute ou aux hypothèses . Tout n’est que certitude, axiome, postulat. Zemmour ne débat pas, il pérore comme une sorte de prédicateur évangéliste. Il Simplifie , caricature tout , intervient sur tout -même quand il n’y connait rien- et ramène toujours à ce qui le hante:  le féminisme et l’autre. Le brio du propos et la conviction militante qu’il utilise peuvent séduire. En tout cas, on ne peut plus y être indifférent car c’est un véritable numéro de magie  intellectuelle. Aussi malheureusement en raison de la faiblesse de nombre de ses interlocuteurs, pas de tous mais de beaucoup . Sur les chaines d’info continue Zemmour réussit à séduire certains, à en intéresser d’autres surtout du fait aussi de la nullité de beaucoup des autres intervenants. Zémour ne laisse personne indifférent mais il est davantage taillé pour le one man show politique caricatural que pour le débat démocratique encore moins pour la recherche.  

Réforme des retraites : une grande réforme au pif ! (Michaël Zemmour, Economiste)

Réforme des retraites : une grande réforme au pif ! (Michaël Zemmour, Economiste)

C’est en quelque sorte ce que considère Le professeur d’économie Michaël Zemmour, dans une tribune au « Monde » en raison d’une discussion sans chiffre et donc en  l’absence de simulations quantifiées. (Extrait)

On n’a jamais autant mis en scène en France la préparation d’une réforme des retraites. Un Haut-commissariat à la réforme a été mis en place. Sa fonction la plus visible est l’animation de la « concertation ». Bien que temporairement éclipsé par le « grand débat », le haut-commissaire, Jean-Paul Delevoye, a multiplié les rencontres avec les partenaires sociaux, organisé des consultations en ligne et des forums. De loin, cette réforme des retraites a l’apparence d’un rêve de coconstruction social-démocrate. Mais de loin seulement.

D’abord parce que la question essentielle à toute réforme des retraites, celle de l’évolution du niveau moyen des pensions, a été sortie de la discussion. En affirmant que les dépenses de retraites seront plafonnées à 14 points de PIB alors que le nombre de personnes retraitées augmentera, le haut-commissaire acte un décrochage rapide du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs (une baisse de l’ordre de 20 % à 35 % d’ici à 2050). Une augmentation modérée des cotisations permettrait pourtant d’enrayer cette baisse tout en maintenant une progression des salaires, mais cette piste a été évacuée du débat.

La concertation est faussée pour une seconde raison : l’absence de toute simulation servant de base à la discussion. Un système de retraite repose toujours sur une mécanique complexe, dans laquelle les règles fixées interagissent avec la diversité des situations individuelles. Il est impossible de savoir à l’avance les conséquences précises d’un changement de système avant de l’avoir testé, c’est-à-dire avant d’avoir opéré une simulation, grandeur nature.

Or depuis neuf mois, la concertation ne porte que sur « les principes », avec des questions du type « Quelle solidarité entre actifs ? », « Comment corriger les inégalités femmes-hommes ? ». Dans le contexte d’un changement de système, aucune de ces questions n’a de sens sans être intégrée à une simulation d’ensemble.

Pourtant, les simulations ont été réalisées par l’administration mais elles n’ont pas été portées à la connaissance du public ni des partenaires sociaux. Cela produit le sentiment diffus qu’on aurait « du mal à se faire une idée des conséquences de la réforme », que les sujets seraient techniques… En réalité, le problème n’est pas que la réforme est trop compliquée pour être comprise, mais qu’elle reste volontairement indéfinie pour ne pas donner de prise solide à la controverse. »

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