Monnaie: La chute du yen
Depuis septembre, le Japon intervient sur le marché des changes en procédant à des achats massifs de yens en dollars afin de stabiliser sa monnaie qui flirte avec ses plus bas niveaux depuis 32 ans face au billet vert. Le yen a perdu 20 % depuis le début de l’année par rapport au dollar.
Parmi les facteurs explicatifs, la grande différence de politique monétaire avec d’un côté les Américains qui procèdent à des relèvements significatifs des taux d’intérêt et inversement une banque centrale japonaise qui maintient des taux très bas pour ne pas tuer la croissance.
On retrouve la même problématique dans d’autres pays quant au rapport entre l’inflation et la croissance. Une monnaie faible constitue en effet un atout pour faciliter les exportations, à l’inverse les importations voient leur prix se renchérir.
Malgré une inflation nationale évoluant depuis avril au-delà de son objectif (2% hors produits frais) et ayant accéléré en septembre à 3% sur un an, la BoJ estime que les conditions ne sont pas encore réunies pour un resserrement monétaire au Japon.
Il est clair que le Japon donne priorité à la croissance par rapport à la politique monétaire.
Ainsi le Japon a lancé un énorme plan de relance de 266 milliards d’euros (39.000 milliards de yens) .
Le mois dernier, la Banque du Japon (BoJ) a abaissé à 2,4% sa prévision de croissance du PIB en 2022/23, contre 2,9% lors de ses précédents pronostics en avril. Mais elle a relevé de 0,1 point sa perspective de croissance pour 2023/24, à 2%.
Le sursaut du dernier trimestre ne cache qu’à peine le problème de fond rencontré par l’économie japonaise. Son moteur historique, le commerce extérieur, continue d’être freiné par les confinements chinois et par la chute du yen. Résultat : le pays affiche un déficit commercial depuis août 2021, soit près d’un an.
Cette mauvaise passe du commerce extérieur alimente un cercle vicieux, puisqu’il alimente l’instabilité du yen, qui elle-même influence la balance commerciale… Malgré cette situation, la Banque du Japon insiste sur sa politique monétaire ultra-accommodante pour lutter contre l’inflation .