Chypre : un modèle de renflouement qui pourrait s’appliquer à d’autres y compris à la France
Récemment le gouverneur de la Banque de France affirmait Le plan de sauvetage élaboré pour Chypre ne pourrait jamais être appliqué en France. Il est démenti par le président de l’Eurogroup qui considère que ce plan chypriote constitue un nouveau cadre de résolution des difficultés bancaires dans la zone euro et d’autres pays pourraient devoir restructurer leur secteur bancaire, a déclaré lundi le président de l’Eurogroup dans une interview à Reuters et au Financial Times. « Ce que nous avons fait la nuit dernière, c’est ce que j’appelle repousser les risques », a dit Jeroen Dijsselbloem. « S’il y a un risque dans une banque, notre première question devrait être ‘d’accord, qu’allez-vous faire, vous, dans la banque ? Que pouvez-vous faire pour vous recapitaliser vous-mêmes ?’ », a-t-il ajouté. « Si la banque ne peut pas le faire elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer en recapitalisant la banque et, si nécessaire, (nous le demanderons) aux détenteurs de dépôts non garantis. » Au terme de négociations longues et tendues, Chypre a accepté lundi de fermer la deuxième banque du pays. Les dépôts garantis (jusqu’à 100.000 euros, le seuil de garantie publique dans l’Union européenne) seront transférés à Bank of Cyprus, le numéro un local du secteur, mais les dépôts non garantis subiront des pertes dont le montant global pourrait atteindre 4,2 milliards d’euros. Cet accord s’apparente donc à un « bail-in », c’est-à-dire un renflouement par les actionnaires et les créanciers, voire par les dépositaires non garantis, et non par une aide extérieure (« bail-out »). Cette approche traduit un changement de stratégie des autorités européennes après trois ans de crise qui les ont conduites à plusieurs reprises à renflouer des banques ou des Etats avec l’argent des contribuables. Ce processus devait s’interrompre, a jugé Jeroen Dijsselbloem, expliquant que le retour récent du calme sur les marchés représentait une opportunité pour engager ce changement de modèle.