L’Allemand Wolfgang Schäuble fait la leçon à la France
« Au lieu de s’attaquer aux véritables causes des problèmes actuels, certains politiciens préfèrent chercher des boucs émissaires« . Voilà le petit pic lancé ce lundi dans Les Echos par Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, à l’adresse des socialistes français qui s’en sont pris récemment à la politique « égoïste » d’Angela Merkel. Mais l’intérêt de l’interview est ailleurs. Concernant le délai de deux ans donné, vendredi 3 mai, par Bruxelles à plusieurs pays dont la France pour réduire leur déficit public, le ministre reconnaît que les traités européens prévoient « une certaine marge de manoeuvre qui en certaines circonstances peuvent donner plus de temps aux Etats membres en excès de déficit pour atteindre leurs objectifs en matière budgétaire« . Berlin défend donc le délai accordé à Paris. Officiellement du moins. Car plusieurs conservateurs et libéraux allemands ont ainsi manifesté leur mécontentement quant au sursis accordé par Bruxelles pour réduire ses déficits publics, dans l’hebdomadaire Focus de ce dimanche 5 mai. D’ailleurs, Wolgang Schäuble instiste: « la commission de Bruxelles a aussi dit que tout report des objectifs de réduction des déficits devrait s’accompagner d’engagements clairs concernant les réformes nécessaires ». Il ajoute : « les ministres des finances voteront au conseil sur les recommandations que la Commission compte faire sur ces questions à la fin du mois. Mais une chose est déjà claire : nous ne pouvons pas abandonner le chemin des réformes« . En fait, ce « nous » s’adresse en particulier à Paris qui pourrait avoir tendance à relâcher les efforts une fois son délais accordé. A la question, « pourriez-vous dépenser plus pour relancer la croissance?« , il lance : « nous faisons ce que nous nous sommes engagés à faire auprès de l’Union européenne- ni plus ni moins« . Les salaires doivent-ils augmenter en Allemagne comme le suggérait récemment Arnaud Montebourg ? « En Allemagne, les employeurs et les syndicats décident des salaires en toute indépendance (..) Comparé avec la France, ce modèle réduit la confrontation sociale et facilite l’ajustement économique« , répond Schäuble, en faisant la leçon à Paris.