Baisse investissements: le vrai danger pour la croissance
Situation sans précédent : on a perdu presque 25% en 2008 et 2009, et on se maintient depuis 2010 à 10 à 15% en dessous du niveau de 2008. Il y a plusieurs explications. D’abord, le niveau des carnets de commandes, au plus bas depuis l’été 2009. La situation financière des entreprises françaises, ensuite, qui n’a jamais été aussi dégradée depuis la fin des années 1970. Les incertitudes sur la politique économique et fiscale, enfin, qui incitent à laisser les projets dans les tiroirs. Résultat : notre potentiel de croissance est sérieusement amputé : avant la crise de 2008, il était évalué entre 1,5% et 2%. Aujourd’hui, nombre d’experts l’estiment plutôt entre 0,5% et 1%. Cela change beaucoup de choses ! D’abord, cela signifie que le taux de chômage structurel est plus élevé que prévu : sans doute pas loin de 8% de la population active. Surtout, cela bouleverse l’approche des nouvelles règles de stabilité budgétaire européenne. Ce qui compte maintenant, ce ne sont plus les déficits totaux, mais les déficits structurels. Or ceux-ci dépendent étroitement de la croissance potentielle : plus elle est élevée, plus la part du déficit structurel dans le déficit est faible, et inversement ! Problème : Bercy surestime bien trop notre croissance potentielle (1,7% environ), et sous-estime donc la part structurelle des déficits publics, ce qui fait tiquer à Bruxelles.