«Les droits de douane plus élevés, les réformes de l’Etat fédéral, les baisses d’impôts et les limitations de l’immigration sont des éléments essentiels qui pourraient avoir des ramifications significatives, et dont l’effet dépendra de la mise en place, de l’ampleur et du calendrier» des décisions politiques du gouvernement américain. Fitch s’inquiète en particulier du «protectionnisme commercial» qui pourrait être, estime l’agence, «la décision potentiellement avec le plus gros impact pour l’instant sur l’économie américaine». «Une hausse marquée des droits de douane américains entraînerait une hausse des prix à la consommation, des coûts de production, représentant un risque significatif de recul de la croissance qui est portée par les dépenses des consommations», a insisté Fitch.
Pour faire face à ce dilemme, et malgré l’opposition de la majorité présidentielle, une proposition de loi portée par le groupe écologiste a été votée en première lecture à l’Assemblée nationale, le 5 avril, qui instaure la mise en place de prix planchers pour les agriculteurs, l’objectif étant de lutter ainsi contre le pouvoir de marché de la grande distribution et de l’agro-industrie. Cette mesure suscite un intense débat ; on évoque notamment ses effets pervers supposés sur la compétitivité internationale ou une éventuelle prime à l’intensification qu’elle pourrait impliquer.
Une donnée importante est trop souvent mise de côté dans cette équation : la hausse des inégalités et les difficultés de nombreux ménages à se nourrir correctement. On estime en effet que 20 % des Français éprouvent des difficultés à manger trois fois par jour. La crise inflationniste et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement déclenchées par les tensions géopolitiques ont eu un double effet sur le budget alimentaire des ménages : les prix alimentaires ont encore augmenté de 7 %, en 2023, après une hausse de 13 %, en 2022, alors que la hausse des dépenses contraintes, notamment l’énergie, a réduit la part du budget disponible pour l’alimentation.
Cette baisse du revenu disponible se traduit par un ajustement à la baisse de la qualité alimentaire des achats, notamment pour les fruits et légumes, mais également une diminution des achats de viande, et un recours accru au hard-discount. Ce choc de revenu amène les distributeurs, appuyés par les pouvoirs publics, à accroître la pression à la baisse des prix payés aux industriels et aux coopératives, répercutée en dernier ressort sur les agriculteurs.
Dans ce contexte, l’instauration de prix planchers risquerait d’accentuer la vulnérabilité d’un grand nombre de ménages qui seraient contraints de se diriger vers des produits importés à moindre coût et aux normes environnementales moins exigeantes.