Banque Populaire et Caisse d’Epargne: 11.000 suppressions d’emplois
François Pérol, le président du groupe, prévoit 11.000 départs – à la retraite ou liés à la rotation « naturelle » des effectifs – dans les années à venir au sein des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne et au remplacement d’un peu moins de deux départs sur trois. Des suppressions qui s’inscrivent dans le scénario catastrophe générale des banques en matière d’emplois. Un secteur qui pourrait connaître le sort de la sidérurgie ou presque. En cause l’insuffisance de rentabilité des activités bancaires. Le taux de rentabilité des activités de dépôt est plombé par le coût de main-d’œuvre (notamment nombre d’agences et personnel) Il est par ailleurs menacé par la future existence de nouveaux moyens de paiement et la dématérialisation de certaines opérations mais le second volet de l’activité des banques, l’activité d’investissement souffre aussi d’un manque de retour financier lui aussi très gourmand en personnel. Dans un premier temps est donc probable que les banques européennes devront s’aligner si les critères de gestion des banques américaines qui ont supprimé près de 7 % des postes quand les banques européennes n’ont supprimé que 4 %. À plus long terme c’est peut-être l’existence même des les activités bancaires en tout cas leur structure actuelle qui pourrait être en cause et engendrer jusqu’à la moitié des emplois existants d’ici 10 ans. Les réductions d’effectifs vont devoir encore s’accentuer et s’accélérer si le secteur bancaire européen veut améliorer sa rentabilité et se rapprocher des niveaux atteints par les banques américaines, estiment des investisseurs. « Nous interprétons les suppressions de postes comme le signe d’un changement structurel et pas seulement conjoncturel vers des banques de plus petite taille », a dit Jamie Clarke, qui codirige la recherche macroéconomique de la société de gestion Liontrust. Moins d’un tiers des banques de la zone euro présentaient une structure leur permettant d’espérer dégager une rentabilité satisfaisante sur la durée contre 80% des banques américaines, selon une étude sur 300 grandes banques internationales publiée l’année dernière par le Fonds monétaire international. « Les banques américaines ont presque toutes fait ce qu’il y avait à faire et sont sur une pente ascendante », dit Chris Wheeler, analyste sur le secteur bancaire chez Atlantic Equities. La baisse des effectifs peut certes résulter de cessions d’activités en bloc sans se traduire nécessairement pas des destructions d’emploi. Mais les changements technologiques poussent les banques à fermer des agences ou à migrer vers des systèmes moins intensifs en main-d’œuvre. « Nous sommes dans un marché durablement baissier pour l’emploi dans le secteur bancaire parce que nous voyons que la technologie et l’automation détruisent finalement des postes dans la banque de détail », dit à Reuters Xavier VanHove, associé de la société de gestion THS Partners. De nombreuses banques européennes sont en pleine réflexion sur le sort de leurs activités de banque d’investissement avec des activités de marché particulièrement sur la sellette car gourmandes en fonds propres et aux marges comprimées par les évolutions technologiques. Pour BCPR cela se traduira par une réduction de ses caisses régionales, qui passeront au maximum à douze pour Banque Populaire (contre quinze actuellement) et à quatorze pour Caisse d’Epargne (contre 17 aujourd’hui). Dans le cadre de cette feuille de route, BPCE compte s’appuyer sur le numérique pour améliorer sa relation avec les clients. En cela, il prend un virage similaire à celui de la plupart de ses concurrents, qui ont tous mis l’accent sur cette dimension technologique pour les années à venir alors que les clients viennent de moins en moins en agence. Sur la période 2017/2020, il va investir 750 millions d’euros pour accélérer ses développements numériques, au cœur desquels la jeune pousse Fidor, banque en ligne acquise en 2016, doit tenir une place centrale.