Société-«La gare du Nord n’a plus grand-chose à voir avec la France»
Six de nos compatriotes ont été lâchement agressés sur le parvis de Gare du Nord. Collectivement, nous devons avoir une pensée pour les victimes et les témoins des faits sensiblement heurtés. Nous les savons bouleversés. Tous ont été pris en charge par nos forces de l’ordre, les secouristes et les soignant qui, une fois de plus, ont fait preuve d’une mobilisation exceptionnelle. Les images glaçantes de cette attaque ont été un instant diffusées sur les réseaux sociaux. Il faut saluer la lucidité et le courage d’un policier qui a fait usage de son arme administrative alors qu’il venait de quitter son service pour se rendre chez lui, pour retrouver sa famille et ses enfants. C’est l’occasion de prouver à Jean-Luc Mélenchon et à ses partisans que si l’État avait désarmé la police, comme il le réclamait lors de la campagne présidentielle de 2022, le nombre de victimes aurait indéniablement été beaucoup plus conséquent.
L’assaillant était un ressortissant Libyen, connu des services de police et de la justice, et ayant fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français(OQTF), non-exécutée comme près de 90% des OQTF dans notre pays. La procureure de la République de Paris Laure Beccuau a aussitôt précisé que l’identification précise de l’assaillant, permettait de constater l’enregistrement sous plusieurs identités dans le fichier automatisé des empreintes digitales, alimenté par ses déclarations au cours de précédentes procédures dont il a déjà fait l’objet. Ce qui n’est pas dit aux Français c’est que la gestion des expulsions ne relève pas seulement d’une question de sécurité intérieure. Il en va d’abord et avant tout de notre souveraineté. Et pourtant, la France a perdu sa capacité diplomatique à se faire respecter face aux pays d’Afrique et d’Europe de l’Est pour exiger d’eux qu’ils récupèrent leurs clandestins.L’immigration d’aujourd’hui n’est en rien comparable avec l’immigration économique et ouvrière d’hier.
D’ailleurs, l’assaillant de la gare du Nord n’a pas pu être expulsé vers la Libye en raison de l’instabilité qui y règne. Les autorités françaises n’entretiennent pas de canal d’échanges diplomatique pour l’identification des ressortissants libyens. En d’autres termes, l’assaillant savait qu’il ne pourrait jamais être expulsé, en l’absence de relations avec son pays. C’est un bras de fer administratif 100% perdant pour la France. Exiger l’expulsion tout en la sachant ineffective relève de l’opportunisme absolu. Le gouvernement peut et doit exiger une politique de réciprocité en n’accordant aucun visa aux pays étrangers qui ne reprennent pas leurs clandestins.
Il faut dire la vérité aux Français : la gare du Nord n’est plus la France. Elle est minée par l’explosion de la violence et renvoie l’image d’un pays défié par une immigration incontrôlée. Refuser d’admettre le lien pourtant existentiel entre l’immigration incontrôlée d’aujourd’hui et l’explosion de la violence relève du déni. Je n’ai pas le sentiment de faire offense à l’histoire de mes parents et de mes grands-parents immigrés en m’insurgeant contre l’immigration d’aujourd’hui. L’immigration d’aujourd’hui n’est en rien comparable avec l’immigration économique et ouvrière d’hier. Les familles immigrées de la banlieue de Paris, celles qui empruntent tous les jours le REB B et D et, plus largement, la France qui se lève tôt et qui, désormais, peut avoir peur de risquer sa vie pour aller au travail, pour se rendre à Paris, pour accompagner ses enfants à l’école. C’est au-delà la cohésion républicaine de notre société qui est en danger, dans un contexte social particulièrement marqué.Le rôle du gouvernement doit d’abord et avant tout redevenir celui de protéger la France et les Français.
L’agresseur est connu et pour prévenir de l’imminence de son action, il faut le stopper. À la différence de l’espace public, les zones internationales que représentent les aéroports et les gares parisiennes permettent d’assurer le contrôle d’identité préventif de tout individu susceptible de représenter un trouble à l’ordre public, sans l’intervention de l’autorité judiciaire. Les visages ne sont pas inconnus. Ce sont bien souvent les mêmes profils : ressortissants clandestins, vendeurs à la sauvette, squatteurs, mineurs non accompagnés… Il conviendra de redonner espoir à nos policiers, lassés de voir le fruit de leurs efforts anéantis par des décisions administratives inexécutées. Un premier pas a été accompli en novembre 2022, l’Assemblée nationale a voté l’amendement porté par le président des Républicains Éric Ciotti : celui d’augmenter de 3 000 le nombre de place dans les centres de rétention pour faire exécuter les plus de 120.000 OQTF prononcées chaque année.
Le rôle du gouvernement doit d’abord et avant tout redevenir celui de protéger la France et les Français. Agir plutôt que réagir. Écouter plutôt que d’entendre. Les constats sans action ne font qu’alimenter le sentiment d’échec et, pire que tout, de renoncement. La menace pour la sécurité de nos concitoyens que pouvait représenter l’assaillant devait permettre à l’État de l’assigner à résidence, ne serait-ce que provisoirement dans la mesure où l’exécution de son expulsion est rendue impossible par son pays d’origine. La loi le permet déjà lorsqu’un étranger est susceptible de représenter une menace grave pour l’ordre public. Il faut une volonté politique d’agir fortement. La volonté de réoccuper l’espace républicain. Le bal des grandes déclarations ministérielles devient insupportable au même titre que les condamnations médiatiques inaudibles, jamais suivies d’effets. Elles sont devenues des prises de parole politiques opportunistes où les effets d’annonces ne font que cacher l’inexécution des décisions de l’État et, pire que tout, la peur et la résignation de ceux qui nous dirigent.
La gare du Nord est aussi le premier lieu d’accueil du Thalys et de l’Eurostar. Le gouvernement doit choisir : faire rayonner la France où accepter l’humiliation devant l’Europe.