Archive pour le Tag 'voies'

Nouvelle-Calédonie : « trouver les voies d’un nouveau compromis pour toutes les communautés »

Nouvelle-Calédonie : «  trouver les voies d’un nouveau compromis pour toutes les communautés »

 

L’Etat modifie unilatéralement la composition du corps électoral de ce pays d’outre-mer, malgré l’opposition du peuple kanak, s’inquiète, dans une tribune au « Monde », le juriste Antoine Leca, alors que les accords de Nouméa reposent sur l’existence d’un corps électoral excluant les allochtones sans racines locales.

L’incendie est rallumé en Kanaky – Nouvelle-Calédonie. Il était prévisible et prévu, sauf peut-être pour le gouvernement français et le service de renseignement territorial local, aveuglés par les rodomontades des loyalistes. Le territoire a connu près de quarante ans de paix, depuis les accords de Matignon de 1988, car les deux camps en présence ont fait le choix du compromis, et l’Etat, celui de l’impartialité entre indépendantistes et loyalistes.

Trois référendums clivants se sont succédé (en 2018, 2020, 2021). Ils n’ont rien réglé et ont affermi le « vote ethnique », où les Calédoniens d’origine européenne sont pour la France et les autochtones pour l’indépendance. La troisième consultation, en 2021, maintenue par l’Etat contre l’avis des indépendantistes, a tranché en faveur de la France (à 96,49 % – mais avec seulement 43 % de participation, ce qui est un désaveu démocratique). Ce référendum a soulevé des réserves dans le cadre de la 78e session de l’Organisations des Nations unies, au point que l’Assemblée générale a engagé « vivement toutes les parties concernées (…) à poursuivre leur dialogue dans le cadre de l’accord de Nouméa [1998] ».

Ce n’est pas le point de vue des loyalistes. On regrettera que leur cheffe de file, Sonia Backès, ait décidé de recourir à la menace, en usant, le 28 mars, d’une grossièreté indigne de qui fut ministre de la République : « Je vais leur dire à eux [les indépendantistes] : on a été gentils, trop gentils. Mais c’est terminé. (…) On va plus se laisser faire ! (…) On ne partira pas, on va se battre. Je le dis à Paris aujourd’hui, aux parlementaires qui tremblent. Le bordel, c’est nous qui le mettrons si on essaie de nous marcher dessus ! »

Numérique, pensée et discours

Numérique, pensée et discours 

par David Lacombled est président de la Villa numéris.

 

 

L’oral précède l’écrit. Tel un fleuve, il permet d’irriguer tous les canaux de communication que le numérique a démultiplié. Désormais, les discours se regardent aussi en télévision ou sur des chaînes YouTube, en direct ou en replay. Saucissonnée en punchlines, la parole se retrouve servie à l’envie sur les réseaux sociaux ou les messageries instantanées. Telle une cuisine de restes, rien ne doit se perdre.

Au-delà, la parole agit sans doute comme une des meilleures thérapies de groupe. A condition qu’elle ne soit pas uniquement descendante et que chacun puisse s’exprimer ou pour le moins être représenté. C’était l’intuition du président de la République quand il a initié le Grand débat national pour contribuer à mettre un terme à la crise des Gilets jaunes. Les Français ont besoin de s’exprimer et d’être écoutés. Et cette parole ne saurait être contenue dans le seul geste de déposer un bulletin dans une urne.

Il s’agit d’inventer de nouvelles agoras pour que chacun puisse s’y exprimer selon des méthodes d’intelligence collective qui ont fait leur preuve pour aboutir à des consensus

C’est tout le défi qui se présente aux décideurs publics pour renouer les fils distendus entre les citoyens eux-mêmes, d’une Nation qui ne s’aime plus, pour se parler, s’écouter, s’apprécier. Ce devra être le prélude à l’écriture d’un nouveau destin commun. Dans un monde où globalement tout va mieux, chaque injustice ou déclassement devient insupportable. Les réseaux sociaux en particulier, par leur effet de masse et d’entraînement, par leur réactivité et leur proximité – le téléphone sur le cœur, convoquent les émotions avant la raison. En cela l’esprit critique doit être encouragé. Par chance, la France a hérité de celui des Lumières.

Hâbleurs, aussi parfois, les Français ont besoin de se raconter. Le succès de la série «En thérapie» sur Arte leur offre le miroir d’eux-mêmes en quelque sorte. Ses audiences en témoignent. Plus d’un million de téléspectateurs se rassemblent devant le canapé du Docteur Philippe Dayan, acteur permanent du programme diffusé en linéaire sur la chaîne de télévision le jeudi soir. Les épisodes de la saison 2, intégralement diffusés en ligne, ont déjà été vus plus de 20 millions de fois en un mois. Comme quoi le « binge-watching », qui consiste à avaler les épisodes d’une série sans s’arrêter, n’est pas réservé au seul Netflix. La parole y convoque les faits de société. Exprimée – libérée, pour reprendre un vocable plus militant – elle guérit.

Que les Français donnent de la voix est une bonne nouvelle pour notre avenir. Si le comptoir des cafés a longtemps été le parlement du peuple, pour faire référence à Honoré de Balzac, force est de constater que beaucoup de communes se sont éteintes au fur et à mesure que leurs commerces les plus essentiels disparaissaient et que les liaisons ferroviaires se faisaient plus rares. Il s’agit d’inventer de nouvelles agoras pour que chacun puisse s’y exprimer selon des méthodes d’intelligence collective qui ont fait leur preuve pour aboutir à des consensus. Sans cela, l’opinion, chauffée à blanc par quelques irresponsables, ne pourra qu’être éruptive.

David Lacombled est président de la Villa numéris.

Formation : d’autres voies que les études longues

Formation : d’autres voies que les études longues

Les études supérieures ne sont pas considérées comme la seule voie à suivre pour « réussir sa vie », analyse Benoît Coquard, chercheur en sociologie. Il démontre qu’il existe dans ces territoires d’autres logiques de valorisation sociale.

Les jeunes des territoires ruraux en déclin, tel est l’objet d’études de Benoit Coquard, sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et auteur de l’ouvrage Ceux qui restent (La Découverte, 2019). Au cours de longues enquêtes dans le Nord et l’Est de la France, il analysé les aspirations d’une certaine jeunesse, pour qui reconnaissance sociale et valorisation de soi passent par d’autres voies que les études supérieures. Et pour qui faire des études, c’est avant tout quitter sa ville ou son village, opter pour un choix à l’issue incertaine, souvent non approuvé par l’entourage, et par ailleurs en inadéquation avec les besoins du marché de l’emploi local. Comme le montre Benoît Coquard, « ceux qui restent » valorisent avant tout la solidarité territoriale et amicale face aux difficultés. Et cette vision semble se renforcer avec la crise actuelle.

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous intéresser aux orientations scolaires des jeunes, et notamment aux différences entre femmes et hommes, dans les campagnes en déclin ?

Les campagnes en déclin, ce sont ces territoires où les jeunes qui partent faire des études ne sont pas revenus. Au départ, je m’étais intéressé au département dont je suis originaire, la Haute-Marne, qui a vu sa population baisser de 20 % depuis les années 1970. Fortement marqués par la désindustrialisation, les milieux ruraux du nord et de l’est de la France sont principalement composés d’enfants d’ouvriers et d’employés. L’emploi local repose beaucoup sur des métiers manuels peu qualifiés, plutôt considérés comme « masculins », et le chômage est encore plus élevé chez les jeunes femmes. Les choix scolaires et de carrière se révèlent donc intrinsèquement liés à la question du genre.

Autrefois très pourvoyeuse d’emplois féminins, l’industrie textile a été presque entièrement démantelée. Dans un contexte de massification de l’accès à l’enseignement supérieur, et alors que les filles obtiennent de meilleurs résultats scolaires que leurs homologues masculins, celles-ci vont miser sur des études plus longues pour accéder à un emploi stable. Première génération à aller à la fac, ces jeunes femmes font souvent des « parcours à l’aveugle ». Une fois diplômées, elles ne trouvent pas de métiers correspondant à leur qualification dans leur commune d’origine. Lors de mon enquête, certaines m’ont dit : « Je ne vais pas faire caissière avec un bac + 5. » Donc elles ne reviennent pas, et c’est ce qui fait que la population décline dans ces zones rurales.

 

 




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol