Vivendi : clarifier le foutoir des activités
Vivendi c’est un peu l’auberge espagnole ; on y trouve tout et rein de très solide. Le départ de Jean-Bernard Lévy de la présidence du directoire de Vivendi ouvre maintenant la voie à un redécoupage du premier groupe européen de divertissement et de télécoms dont les modalités et l’ampleur restent encore à préciser. De toute évidence, le groupe sous l’impulsion malheureuse de Messier s’et complètement dispersé et ne sait plus aujourd’hui quel est son métier. À l’origine spécialisé dans les services aux collectivités territoriales (eau, transport et environnement) sous le nom de Compagnie générale des eaux (parfois abrégé en Générale des Eaux ou en CGE), le groupe s’est peu à peu renforcé, à la fin des années 1990, dans les nouvelles technologies sous la présidence de Jean-Marie Messier. Après avoir connu d’énormes difficultés entre 2002 et 2004, le groupe, rebaptisé Vivendi Universal en 2000 puis Vivendi en 2006, s’est redressé et a repris les opérations de croissance externe pour renforcer ses positions et devenir leader mondial de la communication et du divertissement. Vivendi est aujourd’hui l’un des principaux fournisseurs de contenus en Europe. L’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard et l’opérateur Maroc Telecom apparaissent en haut de la liste des candidats possibles à une cession, disent banquiers et analystes, mais le scénario d’une scission du conglomérat, sur le modèle de News Corp, n’est pas à exclure. « Regardez ce que vient d’annoncer Murdoch, regardez tous les précédents de scission dont l’exécution a été bien menée, cela lève la décote de conglomérat et crée énormément de valeur pour tous les actionnaires », a dit une source proche du dossier, ajoutant que Jean-Bernard Lévy était opposé à une telle opération alors que le président du conseil de surveillance, Jean-René Fourtou est « bien plus pragmatique ». Face aux mauvaises performances de son cours en Bourse, Vivendi s’interroge depuis plusieurs mois sur sa stratégie et sur la pertinence de son périmètre d’activité, une réflexion ouvertement exprimée dans une lettre aux actionnaires du 27 mars cosignée par Jean-Bernard Lévy et Jean-René Fourtou. Le coup de théâtre de jeudi a cependant fait apparaître les divergences entre les deux dirigeants sur les solutions à apporter pour redresser un titre qui a touché au printemps un plus bas de neuf ans, plombé par les difficultés de l’opérateur SFR. Pour les analystes, c’est le signal d’un virage stratégique au sein du groupe. « Avec ce qui est en train de se passer, on peut penser qu’il va y avoir un important changement de périmètre, une modification assez forte de ce conglomérat », estime Yohan Salleron, gérant de fonds à Mandarine Gestion à Paris.