Violence : une spirale inévitable ?
Pierre-Marie Sève , délégué général de l’Institut pour la Justice (IPJ), une association de citoyens mobilisés au côté des victimes s’inquiète de la spirale de la violence en France. Une spirale inévitable faute de mesures rapides et significatives. (Chronique dans le Figaro)
Ce vendredi, dans la grande banlieue de Nantes, Ndiaga Dieye, musulman rigoriste de 40 ans et récemment sorti de prison, a attaqué une policière au couteau. Après l’avoir blessée gravement, il a ouvert le feu sur des gendarmes. Ces derniers, dont deux ont été touchés, ont riposté et ont abattu Ndiaga Dieye.
Après cette énième attaque au couteau, le sentiment qui domine est une tragique lassitude. Comme un air de déjà-vu : encore une fois, des policiers sont attaqués, encore une fois l’agresseur est un radicalisé, encore une fois la Justice n’a pas fait son travail et encore une fois nous nous posons collectivement les mêmes questions.
Si la lassitude domine, c’est que chacun ressent, impuissant, à quel point la paix et la tranquillité disparaissent. En effet, n’en déplaise au ministre de la Justice, nul besoin ni de statistiques ni d’équations différentielles pour comprendre que la France s’enfonce à vitesse grand V dans une spirale de violence.
Ces fameuses statistiques par ailleurs l’attestent : les violences augmentent dans les villes, dans les banlieues, et dans les zones rurales et ce depuis des années. Pour seul exemple, les coups et blessures volontaires sont en hausse sans interruption depuis au moins 2008 et sur tout le territoire.
Malheureusement, les effets collectifs de cet ensauvagement commencent à se faire sentir. Les agressions devenant quotidiennes et pour des motifs futiles, c’est une tension sourde qui s’installe déjà entre citoyens Français. Vous conviendrez qu’il est inutile d’épiloguer sur la gravité que cette tension peut avoir sur la cohésion nationale…
Il faut donc se ressaisir pour ne pas laisser partir le navire à la dérive.
D’abord parce que cette violence n’est absolument pas normale. Il suffit d’avoir vécu à l’étranger pour se rendre compte qu’aucun pays occidental n’a autant de tension dans ses rues que la France. Ceux qui ont vécu les années 1970 le savent également, personne ne poignardait des policiers à cette époque, aucun radicalisé ne tuait de mère de famille comme c’est arrivé dans la cathédrale de Nice. À cette époque, on prenait le bus sans baisser les yeux devant les passagers un peu agités et on laissait ses enfants jouer dehors sans hésitation.
Alors oui, contrairement à ce que maintiennent les « dénis oui-ouistes », cette violence est nouvelle et nous n’avons pas à nous y résoudre.
Mais il faut également se ressaisir parce que le temps presse. La Justice n’est pas engorgée que depuis l’année dernière. Ce sont plutôt 40 années de démission des gouvernements qu’il faudra rattraper. Le navire coule et plus nous attendrons avant de boucher les trous, plus il sera difficile de sauver l’équipage.
Pour sortir de cette spirale, ce ne sont pas des mesurettes dont la France a besoin, mais un traitement de choc. Parmi les mesures de ce traitement de choc : construire 40 000 places de prison, modifier la Constitution pour rétablir les peines planchers, sortir de la Convention européenne des Droits de l’Homme et naturellement mener une politique de l’immigration enfin musclée avec notamment expulsion des criminels étrangers.
Les obstacles auxquels nous faisons face sont déjà importants, et ils risquent de s’alourdir si nous n’agissons pas maintenant.
Toutefois, l’espoir est loin d’être épuisé et le passé le prouve.
En cette année Napoléon, rappelons-nous à quel point l’Empereur des Français a été prompt à réformer en profondeur un pays en plein marasme. Rappelons-nous aussi que peu de pays au monde que la France offrent au Président de la République autant d’outils pour mener les réformes qu’il souhaite, s’il les souhaite.
Mais si rien n’est fait, la France s’enfoncera dans une spirale de violence qui sera jour après jour plus difficile à arrêter. À moins que nous ne soyons déjà dedans.