Archive pour le Tag 'violence'

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L’école de la république: menacée par la violence (Sénat)

L’école de la république: menacée par la violence (Sénat)

Un rapport du Sénat montre que l’école de la république est en grand danger en raison de la faiblesse du niveau mais aussi des pressions et des violences qui s’y déroulent. ( dans le Figaro)

 

 Pour François-Noël Buffet, L’un des rapporteurs la «communauté éducative est prise sous la violence». Il cite de multiples «formes de pressions et d’agressions», de l’«insulte misogyne» à l’agression physique. En sciences naturelles comme en histoire, de nombreux professeurs font le choix de l’autocensure, face à des professeurs et des élèves contestant leur enseignement. «Ils font le choix de ne pas aborder certaines œuvres, certains sujets», abonde le sénateur. Avant la tenue de sorties scolaires programmées, «certains parents téléphonent pour savoir (ce qu’il y sera dit), ce qu’il y aura sur scène, s’il y aura des personnes dénudées.»

Les enseignants ne sont pas les seuls frappés par ces chantages et réprimandes. «Les chefs d’établissement sont pris à partie directement par les parents, qui surgissent de manière inopinée dans leurs bureaux», poursuit François-Noël Buffet. «(Il y a aussi) les Conseillers principaux d’éducation (CPE) face à qui les élèves et de plus en plus leurs parents contestent le bien-fondé des sanctions – certains même viennent en rendez-vous avec leurs avocats.» Surveillants et agents d’accueil sont également «très vulnérables» face aux parents ou personnes extérieures «qui viennent pour s’expliquer avec le personnel» ou «régler des comptes» avec un élève.

Autre point soulevé par les sénateurs, et pas des moindres: l’islam radical, qui «est en train de se banaliser». Ils ont ainsi constaté au gré de leurs auditions la multiplication «de l’usage par certains élèves de la menace proférée à un enseignant de lui “faire une Paty”»«J’ai vu un professeur à la fin de sa journée, (qui s’est réjoui de) “ne pas avoir subi de Paty” aujourd’hui», a assuré le parlementaire LR. «Voilà la situation telle qu’elle existe. La montée des revendications identitaires et communautaires, et la manifestation de l’islam radical et de certaines nouvelles formes de spiritualité ne doit pas être ignorée», a-t-il ajouté, constatant qu’elles étaient favorisées par «l’effet amplificateur des réseaux sociaux, (dont les) rumeurs sont instrumentalisées par des groupes de pression.»

Violence–Deux hommes masqués attaquent une professeure à l’école

Violence–Deux hommes masqués attaquent une professeure à l’école


Dans un lycée d’Angoulême jeudi 18 janvier deux hommes vêtus de noir, masque sur le visage, tentent de s’introduire dans une classe. Une enseignante les repère aussitôt et essaye de les repousser. L’un d’eux la frappe violemment sous le regard stupéfait des élèves, puis son complice asperge la classe de gaz lacrymogène. La professeure d’éducation physique réussit à faire fuir les agresseurs. « L’altercation conduit à ce qu’elle reçoive un coup de poing au visage », résume la procureure de la République de la Charente, Stéphanie Aouine.

Culture et Société- Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

Culture et Société- Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

La violence a toujours été consubstantielle à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire, elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe. La menace demeure d’une élève de 12 ans sur son professeur en donne un dernier exemple

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Société- Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

Société- Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

La violence a toujours été consubstantielle à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire, elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe. La menace demeure d’une élève de 12 ans sur son professeur en donne un dernier exemple

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Civilisation- Le faible niveau culturel nourrit la violence des délinquants

Civilisation- Le faible niveau culturel nourrit la violence des délinquants

La violence a toujours été consubstantielle à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe.

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Société-Les racines de la violence et de la barbarie

Société-Les racines de la violence et de la barbarie

Comment est-il possible que des hommes « ordinaires » voire « des pères de famille ordinaires », commettent des atrocités inimaginables, participent à des massacres, tuent non seulement d’autres hommes, mais aussi des femmes et des enfants, humilient, martyrisent, torturent à mort des êtres humains au nom de la science. Cette question nous préoccupe. Nonobstant, c’est une question inepte.

Comment un homme ordinaire peut-il devenir un meurtrier sanguinaire, s’interroge le philosophe Jan Philipp Reemtsma (philosophe, sociologue allemand) dans « Le Monde »

Inepte parce que la réponse tombe sous le sens : qui d’autre, sinon des « hommes ordinaires », peut commettre ces forfaits ? Il suffit de se rappeler les exactions de l’armée française en Vendée, de penser aux atrocités commises par les conquistadors espagnols, de se remémorer les massacres des soldats romains en Gaule. Tout cela aurait été impossible s’il avait fallu engager des sadiques pathologiques, si un grand nombre d’hommes prêts à user de violence n’avait été disponible – et celui-ci l’est toujours.

Il s’agit là d’une leçon anthropologique si fondamentale que l’on ne devrait pas, en voyant s’étaler dans les journaux les photos de tortionnaires, le sourire aux lèvres dans un centre de torture en Irak, ou en découvrant les récits sanglants de massacres perpétrés par telles ou telles milices au Soudan ou ailleurs, recommencer à s’étonner pour oublier la leçon l’instant d’après.

La vraie question est la suivante : pourquoi nous posons-nous avec une telle opiniâtreté une question si inepte ? L’évolution culturelle que nous qualifions de « moderne », à savoir la culture occidentale née des crises des XVIe et XVIIe siècles, se distingue d’autres cultures par le fait qu’elle a conditionné l’emploi de la force à une légitimation nécessaire. Elle n’en a pas moins été, au moins par moments, d’une violence extrême.

La question sur les « pères de famille ordinaires » est l’expression du problème que pose à notre culture l’abîme qui sépare la norme de la réalité. Une autre facette de ce problème tient à ce que nous cherchons toujours à savoir comment il a été « tout simplement possible » qu’un pays qui a produit le classicisme allemand ait pu, à peine deux siècles plus tard, commettre des actes d’une barbarie inouïe alors que, même si nous ne sommes pas prêts à l’admettre, les historiens ont depuis bien longtemps fourni la réponse.

Que le XXe siècle ait produit les excès de violence que nous connaissons, voilà qui n’a donc rien pour nous surprendre ; ce qui devrait au contraire nous étonner, c’est pourquoi nous n’en sommes pas restés à ce stade ; pourquoi jusqu’à aujourd’hui, la violence n’a pas eu le dernier mot dans l’histoire. Rappelons que Theodor Adorno ou Thomas Mann par exemple – au cours des années 1944-1945 – ont cru qu’il y aurait d’autre avenir que la poursuite de la barbarie.

En règle générale, la confiance sociale existe, c’est la raison pour laquelle les sociétés sont possibles et pourquoi la vie continue, en définitive. La totale disparition de la confiance est chose rare. On a retrouvé les traces d’une crise de ce genre à l’époque byzantine, sous le règne de Justinien. Elle fut déclenchée parce que l’apocalypse prévue pour l’an 500 n’était pas advenue. Les Byzantins se préparaient jusque-là à la fin du monde en construisant plus d’églises encore, en faisant moult dons aux monastères, etc. ; mais, lorsque à la date fixée rien ne se produisit, les phénomènes jusqu’alors interprétés comme des signes avant-coureurs de l’événement fatidique – guerres, épidémies et autres famines – se vidèrent subitement de leur sens et il s’en suivit un état de folie collective.

Aucune culture n’est violente ou non violente. Partout l’on retrouve une classification assez simple. La violence est prohibée, imposée ou autorisée. Une bagarre dans un bar suffit pour appeler la police, mais tel n’était pas le cas au XIXe siècle où quiconque aurait procédé de la sorte se serait exposé à des moqueries. Il y a peu, les parents avaient encore le droit de frapper leurs enfants, et les maris, celui de violer leur femme.

Lorsque entrent en relation des cultures, dont la représentation du type de violence diffère, les conséquences sont dramatiques. Quand les Espagnols et les Aztèques se retrouvèrent face à face, ils virent alternativement dans l’autre camp une bande de barbares dont la cruauté dépassait toute imagination. Les uns capturaient des prisonniers dans le but de leur arracher le coeur, de confectionner un ragoût avec leurs corps dont ils se restauraient ensuite ; les autres tuaient pour tuer et laissaient les cadavres se putréfier en plein milieu du champ de bataille.

Naguère, la peine de mort allait de soi. Aujourd’hui, ses partisans affirment qu’on ne peut « malheureusement » ou « malheureusement pas encore » y renoncer. De nos jours, si l’on punit, c’est à titre préventif, pour empêcher la violence. Autrefois, les guerres étaient de l’ordre de l’évidence – aujourd’hui, on fait la guerre pour prévenir (d’autres) guerres plus graves. Tout cela montre bien que l’époque moderne a rendu nécessaires ces légitimations. Dans aucune autre culture on ne trouvera, à mon avis, une autoconstruction imaginaire de ce type. A l’ère moderne, la violence n’est plus simplement « là », elle devient un problème ; elle est criminelle.

Puis, « le toit s’effondra » ! Un génocide, une guerre totale, sans précédent, des armes capables d’anéantir sans difficulté des populations entières, des massacres de masse et des tortures au nom d’un avenir radieux ! Comment cela a-t-il pu se produire ? Voilà qui n’est pas mystérieux. Au cours de l’histoire, des sociétés avaient déjà du reste fait fi de ce en quoi elles semblaient croire. Thucydide décrit ainsi la transformation d’une société, Athènes, relativement civilisée en une horde de paranoïaques et d’hystériques…

Si l’on cherche à élaborer une phénoménologie de la violence, celle-ci se déploie en trois différentes formes de rapport au corps. On peut vouloir supprimer le corps de quelqu’un parce qu’il obstrue la route (quel que soit le lieu que l’on souhaite rejoindre – la cache d’un coffre-fort, la capitale d’un pays ennemi, etc.). La violence que l’on emploie alors n’est pas dirigée contre ce corps en particulier, elle sert à atteindre un but. Puisque cette violence se réfère au lieu même où se trouve ce corps, je la qualifie de violence localisante.

On peut également vouloir le corps d’un autre pour en faire un usage quelconque. Cette violence-là, je la nomme raptive ; en général, elle est sous-tendue par des motivations d’ordre sexuel. La violence localisante veut se débarrasser du corps, la violence raptive veut au contraire le posséder. Mais, il existe une violence qui n’a pour autre fin que la destruction du corps, et ce non comme résultat ou dommage collatéral d’une autre forme de violence, mais comme intention première dirigée contre ce corps. J’appelle cette dernière forme violence autotélique (elle est elle-même sa propre fin).

Notre littérature occidentale est d’ailleurs née de la description d’une culmination de violence autotélique : Achille ne se contente pas de tuer Hector. Il veut ravager son corps. Lorsqu’on lit ce que des médecins allemands ont fait subir aux êtres humains qui leur avaient été confiés à des fins expérimentales, on finit par se rendre compte que la plupart de ces expériences n’avaient aucun sens que l’on pourrait qualifier de « scientifiquement intelligible » ; l’objectif ne visait que l’anéantissement du corps qu’on détruisait parce qu’on en avait le pouvoir.

L’époque moderne a proscrit et perdu la perception de l’existence de ce lien entre pouvoir et violence. La violence autotélique se voit, à la rigueur, considérée comme une forme spécifique de la folie (la figure du « tueur en série » représente dans les films le mot-clé). Nous avons du mal à comprendre les moments où la violence autotélique détermine une politique. Les massacres des populations juives en Europe doivent pourtant bien avoir un sens, sommes-nous alors tentés de dire !

Voulait-on ainsi vider des logements, pratiquer une politique économique ou démographique ou n’importe quoi d’autre ? Lorsque d’horribles tortures sont perpétrées dans une prison argentine, nous trouvons cela atroce ; nous savons ce que les tortionnaires veulent : des informations pour traquer les opposants. Mais qu’en est-il lorsque des personnes sont torturées des semaines, des mois durant, sans qu’on prenne même la peine de leur poser la moindre question ?

Il ne sert à rien de faire comme si la violence autotélique n’existait pas. Encore moins faut-il nier qu’elle fait partie des potentialités humaines et qu’une majorité de gens en use, dès qu’elle le peut. Ce qui devrait prendre la relève des illusions n’est donc pas l’espoir en un avenir radieux mais un mélange de peur et de conscience de soi. Je parle de la peur au sens sartrien : celle de savoir qu’on a déjà failli et que ce qui s’est produit peut se reproduire d’autant plus facilement.

Pour ce qui est de la conscience de soi, il s’agit de se rendre compte que la restriction de la violence par l’interaction, par le contrôle des institutions et la limitation des moyens dont dispose le monopole d’Etat sur la violence a probablement représenté le plus grand progrès de l’histoire de l’humanité en termes de civilisation. Nous devons nous y tenir.

A ce composé de peur et de conscience de soi s’ajoute la compréhension des mécanismes susceptibles de plonger en un tour de main une société moderne dans un état de barbarie extrême, ainsi qu’une sensibilité aux conséquences que peuvent entraîner certains débats comme ceux qui prétendent relégitimer la torture.

Traduit de l’allemand par Diane Gilly

Né en 1952, héritier d’une dynastie d’industriels de la cigarette, Jan Philipp Reemstsma fonde l’Institut hambourgeois de recherche sociale en 1984, qui va développer une réflexion collective sur le phénomène de la violence moderne. Jan Philipp Reemtsma a été victime d’un enlèvement contre rançon en 1996, relaté dans La Cave (Pauvert, 2000). Son dernier ouvrage s’intitule Confiance et violence (Gallimard, 2011).

Société-le faible niveau culturel nourrit la violence

Société-le faible niveau culturel nourrit la violence

La violence a toujours été consubstantiel à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe.

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Violences : Macron renvoie la balle aux maires

Violence : Macron renvoie la balle aux maires

Il y a quelque chose de surréaliste dans le positionnement de Macron par rapport à la gestion de l’intérêt général. Le président a en effet été interpellé par les maires à propos des violences que subissent aussi les responsables locaux. Pour toute réponse, Macron demande aux maires de s’intéresser à cette violence leur renvoyant ainsi la balle.

D’une certaine manière le président apparaît sur nombre de questions comme paralysé et se constentant d’une posture d’observateur et de commentateur «Nous avons à affronter, de plus en plus, des épisodes de violence contre vous, élus de la République», a-t-il déploré, en appelant à «ne jamais s’habituer» face aux «violences qui se réinstallent, à ce que j’ai pu qualifier de décivilisation».

Et de tenir des propos démagogues de bistrot vis-à-vis des maires: «Vous avez des compatriotes qui pensent que vous êtes responsables de tout. C’est notre communauté de destin: moi, c’est pareil!», a-t-il ironisé, appelant à «désembrouiller les choses».

Le président a aussi promis «la clarté sur les moyens financiers» et renvoie aussi les perspectives à la responsabilité d’un groupe de travails de refonte de la DGF confiée au comité des finances locales, tout en assurant n’avoir «pas baissé les dotations» depuis qu’il est au pouvoir.
Le problème c’est qu’il a confié des taches nouvelles aux collectivités locales mais sans les moyens correspondants.

Emmanuel Macron a également lancé «un appel collectif à la simplification» face à la «culture jacobine». Il a notamment critiqué les effets de la nouvelle carte territoriale dessinée par François Hollande, en fustigeant «des grandes régions qui ont reconcentré au niveau des capitales de région beaucoup de la décision, et qui l’ont éloignée». Il a vanté la «déconcentration», c’est-à-dire la présence des services de l’État plus près du terrain, et fait une nouvelle fois l’éloge du «couple maire-préfet» qui, à ses yeux, a si bien fonctionné pendant le Covid.

Par rapport à la violence, le président a dit son souhait de rouvrir le sujet de «la responsabilité pénale des décideurs locaux» – une phrase également applaudie – sans donner beaucoup de précisions. Il a promis une loi pour un «vrai statut de l’élu» qui «doit être finalisé l’année prochaine».

Le problème c’est que la violence dépasse malheureusement les mères et concerne d’une façon générale tous ceux qui sont porteurs d’une mission d’intérêt public comme la police, les pompiers, les infirmiers, les médecins, les conducteurs de bus par exemple.

Société-Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

Société-Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

La violence a toujours été consubstantiel à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe.

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

Barbarie et faible niveau culturel : les deux mamelles de la violence

La violence a toujours été consubstantiel à l’existence de sociétés mais au cours de l’histoire elle a évolué dans sa nature, sa forme et son intensité prenant parfois la forme de barbarie. C’est-à-dire une forme de violence qui ne respecte plus aucun principe.

Des violences qui se manifestent à l’occasion d’intérêts divergents de pays, de populations ou même à l’intérieur d’un même pays.

Ces violences diffèrent dans leur nature mais se ressemblent par leur négation totale de tout concept d’humanité. Bref, la vie ne compte pour rien.

Ce qui se confirme bien sûr dans certains conflits internationaux mais aussi à l’intérieur des frontières y compris de la France. On peut évidemment tenter d’inventorier certains facteurs explicatifs qui concernent plus spécifiquement le pays.

En France, ce qui caractérise la situation c’est la crise générale des autorités, celle de la famille assez souvent, celle des pouvoirs publics et plus généralement de la société. La médiocrité actuelle du personnel politique favorise tous les débordements puisque les repères et leur modèle de gestion explosent dans tous les sens.

La justice en particulier adapte une position hors-sol qui indique aux délinquants potentiels la disparition de ces repères.

Pour preuve de la crise de l’appareil d’État et des autorités, cette révolte des quartiers qui n’a même pas pu faire l’objet d’une analyse officielle de la part du gouvernement et en particulier du chef de l’État. Comme d’habitude, on a promis de la peinture sur les murs de la révolte.

Cette violence qui est une crise des repères et des valeurs est largement générée par un très grand affaiblissement du niveau moyen culturel. Témoin, cette enquête de l’éducation nationale qui montre que la moitié des élèves en quatrième sont tout juste capables de faire une lecture correcte. Bien entendu, il ne s’agit que d’une moyenne car cela n’est pas contradictoire avec une certaine élite étudiante.

Bref, le déclassement intellectuel et culturel de la France crée un terrain favorable aux violences et à la barbarie. Le facteur explicatifs dominant est en effet l’insuffisance de connaissances dans tous les domaines et l’adhésion à des principes sectaires, simplistes et sauvages. De ce point de vue, c’est aussi une crise de civilisation.

Les racines de la violence et de la barbarie

Les racines de la violence et de la barbarie

Comment est-il possible que des hommes « ordinaires » voire « des pères de famille ordinaires », commettent des atrocités inimaginables, participent à des massacres, tuent non seulement d’autres hommes, mais aussi des femmes et des enfants, humilient, martyrisent, torturent à mort des êtres humains au nom de la science. Cette question nous préoccupe. Nonobstant, c’est une question inepte.

Comment un homme ordinaire peut-il devenir un meurtrier sanguinaire, s’interroge le philosophe Jan Philipp Reemtsma (philosophe, sociologue allemand) dans « Le Monde »

Inepte parce que la réponse tombe sous le sens : qui d’autre, sinon des « hommes ordinaires », peut commettre ces forfaits ? Il suffit de se rappeler les exactions de l’armée française en Vendée, de penser aux atrocités commises par les conquistadors espagnols, de se remémorer les massacres des soldats romains en Gaule. Tout cela aurait été impossible s’il avait fallu engager des sadiques pathologiques, si un grand nombre d’hommes prêts à user de violence n’avait été disponible – et celui-ci l’est toujours.
Il s’agit là d’une leçon anthropologique si fondamentale que l’on ne devrait pas, en voyant s’étaler dans les journaux les photos de tortionnaires, le sourire aux lèvres dans un centre de torture en Irak, ou en découvrant les récits sanglants de massacres perpétrés par telles ou telles milices au Soudan ou ailleurs, recommencer à s’étonner pour oublier la leçon l’instant d’après.

La vraie question est la suivante : pourquoi nous posons-nous avec une telle opiniâtreté une question si inepte ? L’évolution culturelle que nous qualifions de « moderne », à savoir la culture occidentale née des crises des XVIe et XVIIe siècles, se distingue d’autres cultures par le fait qu’elle a conditionné l’emploi de la force à une légitimation nécessaire. Elle n’en a pas moins été, au moins par moments, d’une violence extrême.

La question sur les « pères de famille ordinaires » est l’expression du problème que pose à notre culture l’abîme qui sépare la norme de la réalité. Une autre facette de ce problème tient à ce que nous cherchons toujours à savoir comment il a été « tout simplement possible » qu’un pays qui a produit le classicisme allemand ait pu, à peine deux siècles plus tard, commettre des actes d’une barbarie inouïe alors que, même si nous ne sommes pas prêts à l’admettre, les historiens ont depuis bien longtemps fourni la réponse.

Que le XXe siècle ait produit les excès de violence que nous connaissons, voilà qui n’a donc rien pour nous surprendre ; ce qui devrait au contraire nous étonner, c’est pourquoi nous n’en sommes pas restés à ce stade ; pourquoi jusqu’à aujourd’hui, la violence n’a pas eu le dernier mot dans l’histoire. Rappelons que Theodor Adorno ou Thomas Mann par exemple – au cours des années 1944-1945 – ont cru qu’il y aurait d’autre avenir que la poursuite de la barbarie.

En règle générale, la confiance sociale existe, c’est la raison pour laquelle les sociétés sont possibles et pourquoi la vie continue, en définitive. La totale disparition de la confiance est chose rare. On a retrouvé les traces d’une crise de ce genre à l’époque byzantine, sous le règne de Justinien. Elle fut déclenchée parce que l’apocalypse prévue pour l’an 500 n’était pas advenue. Les Byzantins se préparaient jusque-là à la fin du monde en construisant plus d’églises encore, en faisant moult dons aux monastères, etc. ; mais, lorsque à la date fixée rien ne se produisit, les phénomènes jusqu’alors interprétés comme des signes avant-coureurs de l’événement fatidique – guerres, épidémies et autres famines – se vidèrent subitement de leur sens et il s’en suivit un état de folie collective.

Aucune culture n’est violente ou non violente. Partout l’on retrouve une classification assez simple. La violence est prohibée, imposée ou autorisée. Une bagarre dans un bar suffit pour appeler la police, mais tel n’était pas le cas au XIXe siècle où quiconque aurait procédé de la sorte se serait exposé à des moqueries. Il y a peu, les parents avaient encore le droit de frapper leurs enfants, et les maris, celui de violer leur femme.

Lorsque entrent en relation des cultures, dont la représentation du type de violence diffère, les conséquences sont dramatiques. Quand les Espagnols et les Aztèques se retrouvèrent face à face, ils virent alternativement dans l’autre camp une bande de barbares dont la cruauté dépassait toute imagination. Les uns capturaient des prisonniers dans le but de leur arracher le coeur, de confectionner un ragoût avec leurs corps dont ils se restauraient ensuite ; les autres tuaient pour tuer et laissaient les cadavres se putréfier en plein milieu du champ de bataille.

Naguère, la peine de mort allait de soi. Aujourd’hui, ses partisans affirment qu’on ne peut « malheureusement » ou « malheureusement pas encore » y renoncer. De nos jours, si l’on punit, c’est à titre préventif, pour empêcher la violence. Autrefois, les guerres étaient de l’ordre de l’évidence – aujourd’hui, on fait la guerre pour prévenir (d’autres) guerres plus graves. Tout cela montre bien que l’époque moderne a rendu nécessaires ces légitimations. Dans aucune autre culture on ne trouvera, à mon avis, une autoconstruction imaginaire de ce type. A l’ère moderne, la violence n’est plus simplement « là », elle devient un problème ; elle est criminelle.

Puis, « le toit s’effondra » ! Un génocide, une guerre totale, sans précédent, des armes capables d’anéantir sans difficulté des populations entières, des massacres de masse et des tortures au nom d’un avenir radieux ! Comment cela a-t-il pu se produire ? Voilà qui n’est pas mystérieux. Au cours de l’histoire, des sociétés avaient déjà du reste fait fi de ce en quoi elles semblaient croire. Thucydide décrit ainsi la transformation d’une société, Athènes, relativement civilisée en une horde de paranoïaques et d’hystériques…

Si l’on cherche à élaborer une phénoménologie de la violence, celle-ci se déploie en trois différentes formes de rapport au corps. On peut vouloir supprimer le corps de quelqu’un parce qu’il obstrue la route (quel que soit le lieu que l’on souhaite rejoindre – la cache d’un coffre-fort, la capitale d’un pays ennemi, etc.). La violence que l’on emploie alors n’est pas dirigée contre ce corps en particulier, elle sert à atteindre un but. Puisque cette violence se réfère au lieu même où se trouve ce corps, je la qualifie de violence localisante.

On peut également vouloir le corps d’un autre pour en faire un usage quelconque. Cette violence-là, je la nomme raptive ; en général, elle est sous-tendue par des motivations d’ordre sexuel. La violence localisante veut se débarrasser du corps, la violence raptive veut au contraire le posséder. Mais, il existe une violence qui n’a pour autre fin que la destruction du corps, et ce non comme résultat ou dommage collatéral d’une autre forme de violence, mais comme intention première dirigée contre ce corps. J’appelle cette dernière forme violence autotélique (elle est elle-même sa propre fin).

Notre littérature occidentale est d’ailleurs née de la description d’une culmination de violence autotélique : Achille ne se contente pas de tuer Hector. Il veut ravager son corps. Lorsqu’on lit ce que des médecins allemands ont fait subir aux êtres humains qui leur avaient été confiés à des fins expérimentales, on finit par se rendre compte que la plupart de ces expériences n’avaient aucun sens que l’on pourrait qualifier de « scientifiquement intelligible » ; l’objectif ne visait que l’anéantissement du corps qu’on détruisait parce qu’on en avait le pouvoir.

L’époque moderne a proscrit et perdu la perception de l’existence de ce lien entre pouvoir et violence. La violence autotélique se voit, à la rigueur, considérée comme une forme spécifique de la folie (la figure du « tueur en série » représente dans les films le mot-clé). Nous avons du mal à comprendre les moments où la violence autotélique détermine une politique. Les massacres des populations juives en Europe doivent pourtant bien avoir un sens, sommes-nous alors tentés de dire !

Voulait-on ainsi vider des logements, pratiquer une politique économique ou démographique ou n’importe quoi d’autre ? Lorsque d’horribles tortures sont perpétrées dans une prison argentine, nous trouvons cela atroce ; nous savons ce que les tortionnaires veulent : des informations pour traquer les opposants. Mais qu’en est-il lorsque des personnes sont torturées des semaines, des mois durant, sans qu’on prenne même la peine de leur poser la moindre question ?

Il ne sert à rien de faire comme si la violence autotélique n’existait pas. Encore moins faut-il nier qu’elle fait partie des potentialités humaines et qu’une majorité de gens en use, dès qu’elle le peut. Ce qui devrait prendre la relève des illusions n’est donc pas l’espoir en un avenir radieux mais un mélange de peur et de conscience de soi. Je parle de la peur au sens sartrien : celle de savoir qu’on a déjà failli et que ce qui s’est produit peut se reproduire d’autant plus facilement.

Pour ce qui est de la conscience de soi, il s’agit de se rendre compte que la restriction de la violence par l’interaction, par le contrôle des institutions et la limitation des moyens dont dispose le monopole d’Etat sur la violence a probablement représenté le plus grand progrès de l’histoire de l’humanité en termes de civilisation. Nous devons nous y tenir.

A ce composé de peur et de conscience de soi s’ajoute la compréhension des mécanismes susceptibles de plonger en un tour de main une société moderne dans un état de barbarie extrême, ainsi qu’une sensibilité aux conséquences que peuvent entraîner certains débats comme ceux qui prétendent relégitimer la torture.

Traduit de l’allemand par Diane Gilly

Né en 1952, héritier d’une dynastie d’industriels de la cigarette, Jan Philipp Reemstsma fonde l’Institut hambourgeois de recherche sociale en 1984, qui va développer une réflexion collective sur le phénomène de la violence moderne. Jan Philipp Reemtsma a été victime d’un enlèvement contre rançon en 1996, relaté dans La Cave (Pauvert, 2000). Son dernier ouvrage s’intitule Confiance et violence (Gallimard, 2011).

Marseille Chicago : presque 100 épisodes de violence meurtrière

Marseille Chicago : presque 100 épisodes de violence meurtrière

Marseille ressemble de plus en plus à Chicago avec presque 100 épisodes de violence meurtrière depuis le début de l’année et presque 50 victimes. Encore évidemment un règlement de comptes avec des tirs de kalachnikov sur fond de trafic de drogue. Le plus grave c’est que les violences depuis quelque temps semblent être le fait de mafias spécialisées dans le règlement de comptes.

Une femme et un homme ont été tués par balles, samedi soir, dans les quartiers nord. Les règlements de comptes sur fond de trafic de drogue ont fait 48 victimes en 2023.

Samedi soir, à Marseille, cinq jeunes âgés de 19 à 29 ans, venus des environs de Toulon, ont été victimes d’un règlement de comptes d’une extrême violence. Vers 22 h 40, sur le parking d’un fast-food des quartiers nord, dans le 16e arrondissement, ils ont été « rafalés » par des tirs de kalachnikov, alors qu’ils étaient tous les cinq à l’intérieur de leur véhicule. Les policiers de la police technique et scientifique, qui ont travaillé durant toute la nuit sur la scène de crime, ont retrouvé sur place une vingtaine de douilles de calibre 7.62.

L
Le conducteur, directement visé par un déluge de tirs, est décédé quasiment sur le coup. Il avait 22 ans. La personne située sur le siège avant, décédée elle aussi, en avait 25. Quant aux trois passagers arrière, le plus âgé – 29 ans – a reçu des balles au thorax, et son pronostic vital est toujours engagé alors que les deux autres, un jeune homme et une jeune femme de 19 ans, ont été plus légèrement blessés.

Premier constat : les trois hommes sont tous « défavorablement connus de la justice » pour des faits de violence en lien avec le trafic de stupéfiants dans la région de Toulon, indiquait dimanche le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, lors d’une conférence de presse. Les deux jeunes femmes, dont celle qui a trouvé la mort, sont en revanche inconnues des services.

Au regard du mode opératoire et du profil des victimes, il ne fait guère de doute, selon le nouveau procureur de Marseille, qu’il s’agisse d’un nouveau « narchomicide ».
Le macabre compteur des morts à Marseille dans des fusillades monte désormais à 48, sans compter les 113 blessés. Des chiffres qui donnent le vertige – en 2022, ils étaient 31 sur toute l’année – dans un contexte de guerre de clans entre trafiquants à la violence décomplexée, qui n’hésitent pas à recourir à des équipes ultraréactives pour mener à bien leurs missions mortelles.

Société-« Le Coran ne donne aucun blanc-seing pour la violence »

« Le Coran ne donne aucun blanc-seing pour la violence »

Huit universitaires, chercheurs et intellectuels musulmans, dont Marwan Sinaceur, professeur de psychologie sociale à l’Essec, expliquent, dans une tribune au « Monde », à quel point le terrorisme les révulse et est contraire aux valeurs de l’islam.

Trois ans après le meurtre de Samuel Paty, nous voici à nouveau devant un meurtre terroriste qui touche la France dans ce qu’elle a de plus civil : l’école. Dominique Bernard était enseignant. Il a voulu s’interposer pour sauver des vies. Il aimait son métier passionnément. Il l’a payé de sa vie.

Nous voulons dire au meurtrier, à ce terroriste qui se réclame de l’islam, à tous les terroristes qui se réclament de l’islam, que le meurtre, quelles que soient les circonstances, est injustifiable. La vie, toute vie, est sacrée. Rien ne donne le droit d’ôter la vie, de briser des familles. Dominique Bernard avait une femme et trois filles. Qui pourra remplacer leur mari, leur père ?

Que de joies enlevées à jamais, que de souffrances créées à jamais. Au meurtrier barbare qui prétend parler au nom de notre religion, nous rétorquons ce que dit le Coran sur la valeur de la vie : « N’attentez pas à la vie de votre semblable, que Dieu a rendue sacrée… » (Coran, 17.33). Et encore : « Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre… est considéré comme le meurtrier de l’humanité tout entière. Quiconque sauve la vie d’un seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de l’humanité tout entière ! » (Coran, 5.32).

Et encore, par la bouche d’Abel, qui répond à Caïn : « Et si tu portes la main sur moi pour me tuer, je n’en ferai pas de même, car je crains trop mon Seigneur, le maître de l’Univers, pour commettre un pareil crime ! » (Coran, 5.28). C’est une évidence, tuer est un crime et ces versets rappellent cette évidence : craindre Dieu exige de respecter la vie d’autrui, de respecter autrui.

Au meurtrier de Dominique Bernard qui se réclame de l’islam, nous voulons également dire un hadith [propos ­attribués au Prophète] célèbre : « L’encre des savants est plus sacrée que le sang des martyrs », et que tout professeur représente un savoir. Nous voulons dire que la civilisation islamique s’est bâtie sur la philosophie et les sciences, sur la soif de savoir, sur la soif d’apprendre. Et que cette soif d’apprendre ne s’étanche pas aux frontières culturelles : tout savoir, tout apprentissage, quel que soit le domaine, quelle que soit la provenance culturelle, est une lumière, un enrichissement, un épanouissement.

Marseille et la violence

Marseille et la violence

Un papier de l’Opinion regrette que Marseille soit engagé dans l’engrenage des violences

Il y a quelque chose de pourri dans la cité phocéenne. Ces dernières heures, deux jeunes ont été assassinés dans le cadre de règlements de compte crapuleux. Le premier, âgé de 21 ans, dans une fusillade dans les quartiers nord de la ville ; le second, âgé de 28 ans, quelques heures plus tard, dans une épicerie du 14e arrondissement.

Quatre jours plus tôt, c’est un homme de 39 ans qui a été retrouvé mort dans une voiture criblée d’une trentaine de balles. Le dimanche précédent, la victime avait 32 ans. Cinq jours avant, c’est un corps calciné qui a été retrouvé près d’une voiture incendiée.

Cette litanie macabre est devenue routine à Marseille, où l’on compte davantage de victimes du trafic de drogues en six mois que sur toute l’année dernière (une trentaine). Effet collatéral de la guerre en Ukraine où les Famas français et les MK16 américains ont remplacé les vieilles Kalachnikov, la cité phocéenne est aujourd’hui inondée de fusils d’assaut russes, qui se monnaient pour moins de 300 euros désormais.

A cette brutale accélération de la violence sont venues se greffer des émeutes face auxquelles certains policiers, notamment à Marseille, ont répliqué d’une manière qui n’a pas déparé dans ce triste tableau. Hedi, Mohamed… Les affaires, qui toujours concernent des tirs de LBD, se multiplient.

La mise en détention provisoire d’un policier a déclenché une vague de protestation il y a quinze jours dans les services, où les arrêts maladie se sont étendus un peu partout en France. Jeudi, les trois policiers du Raid mis en examen pour « violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner », suite au décès dans la nuit du 1er au 2 juillet de Mohamed B., ont été placés sous contrôle judiciaire. Dans les deux cas, l’état de droit a été respecté. C’est malheureusement de moins en moins le cas dans la cité phocéenne.

Société-Violence et police : quel cadre juridique ?

Société-Violence et police : quel cadre juridique ?

Par Vincent Sizaire, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières dans the Conversation

La mort de Nahel M., 17 ans, abattu à Nanterre le mardi 27 juin 2023 par un policier lors d’un contrôle de son véhicule (enquête en cours) a suscité une vive émotion publique et plusieurs incidents dans de nombreuses communes des Hauts-de-Seine. Depuis une petite dizaine d’années, la question des « violences policières » s’est imposée sur le devant de la scène, portée par des collectifs constitués après le décès de certaines personnes à la suite d’une intervention policière – à l’image de l’emblématique « comité Adama » – mais aussi par les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ayant émaillé le mouvement des « gilets jaunes ».

Pourtant, cette présence renouvelée dans le débat public ne se traduit guère par une élévation de son niveau. Singulier paradoxe de notre temps, il semblerait au contraire que plus la discussion est nécessaire, plus elle est ensevelie sous la polémique médiatique. D’un côté, appuyés par les médias de masse et nombre de politiciennes et politiciens, les principaux syndicats de policiers réfutent l’idée même de violences policières, réduisant toute critique de la façon dont est exercée la force publique à l’expression d’une supposée « haine des flics ».

De l’autre, certains discours militants tendent à présenter les brutalités policières comme inhérentes à la fonction, développant une acception essentialiste que résume assez bien le slogan suivant lequel « la police tue » et qui est, lui aussi, repris par certains membres de la classe politicienne.

Symétriques et stéréotypées, de telles prises de position relèvent, au-delà de leur antagonisme de façade, d’un même dogmatisme. L’une comme l’autre témoigne en effet d’une réticence ou, à tout le moins, d’une indifférence à la compréhension du phénomène qui se donne à voir jusque dans l’usage des mots employés. Présenter le seul fait que « la police tue » comme une marque d’infamie est tout aussi ridicule que de feindre de s’émouvoir qu’on puisse le penser. Dans un État de droit, la fonction des forces de police et de gendarmerie est précisément d’exercer, concrètement, ce fameux monopole de la violence légitime théorisé en son temps par Max Weber. Une violence qui peut prendre la forme d’une contrainte essentiellement morale – le fait d’obéir aux injonctions du gendarme – mais peut aussi se traduire par l’infliction de blessures ou, dans les cas les plus extrêmes, de la mort.

D’un point de vue démocratique, la question n’est donc pas de savoir si les forces de l’ordre commettent ou non des violences, mais si le cadre légal dans lequel ces violences sont exercées garantit suffisamment que, sous le contrôle du juge, elles demeurent strictement nécessaires et proportionnées à la mission des autorités de police. Une mission, qui, comme le rappelle l’article 12 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, n’a – ou ne devrait – avoir d’autres fins que l’application des lois et, à travers elle, la garantie des droits et libertés des citoyens.

C’est en effet à cette condition – et à cette condition seulement – que la violence d’État pourra être regardée comme légitime.

C’est dans cette perspective qu’il faut soumettre notre système répressif à un examen critique pour apprécier sa capacité à prévenir et sanctionner efficacement ce qu’il faut désigner non comme des « violences policières » mais, bien plus précisément, comme des abus dans l’exercice de la force publique.

Répondre à cette question suppose en premier lieu de vérifier si les cas dans lesquels les services de police et de gendarmerie peuvent faire usage de leurs armes à feu sont définis de façon suffisamment stricte. L’article L.435-1 du code de la sécurité intérieure énonce de façon exhaustive et relativement précise ces hypothèses. À côté de la situation de légitime défense – caractérisée par une riposte immédiate et proportionnée à une menace réelle et imminente pour la vie ou l’intégrité physique d’une personne – les policiers peuvent ouvrir le feu s’il s’agit de l’unique moyen d’assurer la protection des individus ou des bâtiments dont ils ont la garde ou d’arrêter une personne prenant la fuite.

La loi précise en outre que le tir doit, dans tous les cas, être proportionné (par exemple, les policiers ne peuvent viser le conducteur si tirer sur les roues suffit pour immobiliser le véhicule du fuyard).

Reprenant largement les exigences de la Cour européenne des droits de l’homme, ces différentes hypothèses garantissent, a priori, la légitimité de l’exercice de la force.

Tel n’est pas le cas, en revanche, de la dernière hypothèse visée par le code de sécurité intérieure et qui permet aux forces de l’ordre de faire usage de leurs armes pour :

« empêcher la réitération, dans un temps rapproché, d’un ou de plusieurs meurtres ou tentatives de meurtre venant d’être commis, lorsqu’ils ont des raisons réelles et objectives d’estimer que cette réitération est probable ».

Promue en 2016 comme permettant de donner une base légale au tirs effectués à l’encontre des auteurs de crimes terroristes comme le massacre du Bataclan de novembre 2015 – alors même que la légitime défense en l’espèce n’est ni contestée, ni contestable – cette hypothèse est désormais d’application générale alors que le seul cas de figure où elle pourrait légitimement s’appliquer est celle d’un crime de masse comme celui du Bataclan.

Or, dans le temps de l’action, il est strictement impossible pour l’auteur d’un tir de savoir s’il est face à une tentative d’homicide ou de « simples » violences. Il s’ensuit un risque d’usage disproportionné de la force ou, inversement, de mise en cause imprévisible de la responsabilité pénale de policiers ou de gendarmes qui, de bonne foi, auront cru agir dans le cadre de la loi.

Des failles dans la mise en application
Mais c’est avant tout au niveau de la mise en application du cadre légal que notre système présente les failles les plus importantes. Lorsqu’un policier ou gendarme recourt à la force en dehors des hypothèses prévues par la loi ou de façon disproportionnée, il commet alors une infraction pénale, qu’il s’agisse du délit de violences volontaires, passible d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans ou, dans le pire des cas, du crime de meurtre, passible d’une peine de trente ans de réclusion criminelle.

Or la façon dont les enquêtes concernant les crimes et délits commis par les forces de l’ordre sont aujourd’hui menées en France ne garantit pas suffisamment leur impartialité. D’une part, ce sont toujours des policiers ou des gendarmes qui enquêtent sur d’autres policiers ou gendarmes – en principe, les inspections générales de police nationale ou de la gendarmerie nationale. D’autre part, les investigations sont la plupart du temps placées sous la supervision d’une autorité, le procureur de la République, qui ne bénéficie elle-même d’aucune garantie d’indépendance à l’égard du gouvernement et, partant, du ministère de l’Intérieur. Les magistrats du parquet sont en effet placés sous l’autorité directe d’un autre membre du pouvoir exécutif, le ministre de la Justice, seul compétent pour décider de leur nomination ou d’éventuelles sanctions disciplinaires.

En définitive, seules les procédures confiées à un juge d’instruction – magistrat statutairement indépendant – offrent aujourd’hui des garanties suffisantes d’impartialité. C’est la raison pour laquelle de nombreuses personnes demandent que les investigations relatives aux abus dans l’exercice de la force soient confiées à un service d’enquête complètement indépendant, comme ce qui a été mis en place chez certains de nos voisins européens, à l’image de l’Independant Office for Police Conduct britannique.

Inversement, celles et ceux qui militent aujourd’hui pour l’assouplissement du cadre légal existant revendiquent en réalité une pratique policière incompatible avec les exigences de l’État de droit démocratique. En particulier, la « présomption de légitime défense » proposée par le Rassemblement national et la plupart des syndicats policiers reviendrait à empêcher toute poursuite à l’encontre des auteurs de tirs quel que soit leur justification ou leur proportion, leur garantissant ainsi une impunité qui ne s’observe que dans les régimes autoritaires.

Mais pour s’opposer à une telle évolution, il est nécessaire de dépasser la simple condamnation morale des « violences policières » et, plus encore, de se garder de toute assimilation de telles dérives à une entière profession.

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