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Davantage d’animaux sauvages dans les villes ?

Davantage d’animaux sauvages dans les villes ?

La détérioration des milieux naturels provoque l’exode de certaines espèces en milieu urbain. Pour la philosophe Joëlle Zask, il faut traiter la question écologique en commençant par la ville, historiquement pensée contre la nature.( Interview le Monde)

La détérioration des milieux naturels provoque parfois un exode urbain. Pour la philosophe Joëlle Zask, il faut traiter la question en commençant par la ville, historiquement pensée contre la nature.

Votre hypothèse de départ est qu’il y a, et qu’il y aura à l’avenir, de plus en plus d’animaux sauvages dans les villes. N’est-ce pas contre-intuitif ?

Ça l’est parce que nous avons des œillères : il y a une telle opposition entre la ville et la nature que l’on ne voit pas ce qu’il y a de sauvage. C’est un problème d’invisibilité du monde animal. Il y a aussi un phénomène, qui va certainement s’amplifier, qui est que les animaux ne trouvent plus ce qui est nécessaire à l’accomplissement de leur cycle de vie. Comme, en parallèle, les villes se « verdissent » et se dotent d’infrastructures favorables au vivant, ils se dirigent vers elles. La détérioration des milieux naturels provoque comme un exode urbain chez certains animaux.

Comment en avez-vous pris conscience ?

Un essaim d’abeilles est arrivé dans mon jardin, en plein centre de Marseille, et j’ai été frappée d’apprendre qu’il y a beaucoup plus d’abeilles en ville qu’à la campagne. Cet étonnement a été le point de départ de cette exploration. S’il y a des abeilles, pourquoi n’y aurait-il pas des chacals, des renards, des sangliers, des éléphants ? Et de fait, c’est ce qui se passe, et que le confinement a révélé.

Ne faut-il pas en premier lieu protéger la nature pour que les animaux sauvages n’aient pas à venir en ville ?

Avoir conscience que les activités humaines sont responsables de la destruction de la nature pousse vers l’envie de restaurer l’existant. Mais ce qui m’intéresse, c’est la nouvelle donne. Certes, l’idéal serait que les animaux puissent rester au fond des bois, mais ce n’est pas le cas. Il y a alors deux problématiques : comment repenser la ville pour permettre une coexistence pacifique avec les animaux qui sont là et qui risquent tout de même de nous contaminer – ce qui est à prendre en considération ? Et n’est-ce pas précisément par les villes qu’il faut commencer à traiter la question écologique ?

Comment ces animaux réinventent-ils la ville ?

Leur géographie ne coïncide pas avec la nôtre. L’architecture, l’urbanisme et nos systèmes de circulation ne les concernent absolument pas. Ils habitent sur les toits, les corniches, dans les greniers, sous les buissons. En Amérique du Nord, il y a beaucoup de coyotes dans les parkings. En revanche, l’association qui est souvent faite entre la vie sauvage et ces lieux qu’on appelle les délaissés urbains (terrains vagues, friches) est fausse. Si les plantes profitent des espaces sans asphalte, ce n’est pas toujours le cas des animaux. Leurs trajectoires ne correspondent pas aux conditions qu’on leur prépare.

Covid: l’attractivité retrouvée des petites villes

  • Covid:   l’attractivité retrouvée des petites villes ?

    Un plaidoyer dans le Monde pour une attractivité retrouvée des petites villes suite au Covid par des personnalités de Privas.

    Erika Cassan,Directrice du centre hospitalier des Vals d’Ardèche à Privas, Ardèche

    Michel Valla,Maire de Privas (divers droite), président du conseil de surveillance du centre hospitalier des Vals d’Ardèche estime que ce serait le moyen de mettre fin aux déserts médicaux. Un souhait sans doute, une nécessité peut-être mais une véritable utopie car l’avenir est aux grandes villes et aux métropoles.

     

    On voit mal en effet quel dynamique pourrait empêcher la régression d’une zone aussi éloignée que Privas dans l’Ardèche. Plus près de Paris, Saumur (qui bénéficie de la desserte du TGV) est un autre exemple de ville qui ne cesse de perdre régulièrement ses habitants. Du coup,  tout se  dégrade les services publics en général, les services hospitaliers en particulier, le commerce local, l’activité économique et les emplois. Cette charmante petite ville cumule la pauvreté, le vieillissement de la population et le manque d’emploi.  On pourrait multiplier les exemples. Au mieux la covid  pour ce type de très petite ville fera monter un peu le prix de l’immobilier grâce aux résidences secondaires. Pour que ça change, il faudrait une vraie révolution en matière d’aménagement du territoire et mettre fin à la folie de la métropolisation

    La généralisation du télétravail a fait découvrir à de nombreux citoyens les atouts des petites agglomérations, qui pourraient inverser le mouvement de concentration dans les métropoles, estime cependant, dans une tribune au « Monde », Erika Cassan, directrice de l’hôpital de Privas (Ardèche), et Michel Valla, maire de cette ville.

    Tribune.

     

    Difficile de trouver des éléments positifs dans les douze derniers mois que nous venons toutes et tous de passer face à la pandémie. Le personnel hospitalier, en première ligne dans ce combat, peut témoigner de la violence de cette lutte. Pourtant, même dans ce monde des soins, cette bataille contre le Covid-19 a fait émerger une tendance qui pourrait bien, à terme, être source d’espoir.

    Les Françaises et les Français, confrontés au confinement et au couvre-feu, ont souffert dans les grandes agglomérations, privés de sorties, dans un nombre restreint de mètres carrés, et loin de la nature. Et une tendance a commencé à émerger, corroborée par les statistiques immobilières : une envie de ville à taille humaine, proche des campagnes, des montagnes, des littoraux, des lieux où le lien social n’est pas un vain mot.

    Une envie de s’installer dans ces petites cités, rendue désormais possible pour beaucoup grâce à la généralisation du télétravail et à la numérisation accrue imposée aux entreprises pour raisons sanitaires face au virus.

    Pour la première fois depuis des décennies, le mouvement inexorable de concentration dans les grandes villes pourrait s’inverser. Les petites agglomérations qui souffraient de voir leur population s’étioler progressivement, leurs commerces fermer les uns après les autres, les services à la population, services publics ou privés, se réduire comme peau de chagrin, pourraient bien retrouver des couleurs, de l’attractivité et leur charme être ainsi redécouvert.

     

    A travers leurs atouts écologiques, gastronomiques (officialisés l’un et l’autre par de nombreux et très sérieux labels), météorologiques, technologiques même, tant le déploiement de la fibre s’accélère en France et rend les petites villes aussi connectées que les grandes.Ce mouvement est aussi porteur d’un espoir dans un domaine-clé : la santé, face à l’aggravation en France des déserts médicaux, ces zones où hôpitaux, cliniques, médecins, pharmacies se font de plus en plus rares ou périclitent. Et sans offre de santé, c’est l’emploi et l’existence même des bassins de vie qui s’en trouvent menacés. Car salariés et entrepreneurs veulent pouvoir être soignés et leur famille avec eux. A l’exode rural était en train de succéder un véritable exode sanitaire.

Campagne de tests massifs dans trois grandes villes

Campagne de tests massifs dans trois grandes villes 

Trois métropoles vont faire l’objet de campagnes de dépistage massif à savoir Lille, Saint-Etienne et Le Havre.. «L’idée, c’est de dire: on va essayer sur une aire urbaine de tester massivement, pour mieux connaître cette maladie, quels sont les quartiers (…), les populations, (…) les lieux de vie les plus concernés», a expliqué mercredi le premier ministre Jean Castex, sur RMC-BFMTV, citant en exemple des opérations de ce type menées en Slovaquie et dans la ville anglaise de Liverpool.

 

«Enfin, les autorités ont vu la lumière. Que de temps perdu», a réagi l’épidémiologiste Catherine Hill, qui défend cette stratégie depuis des mois et fait partie des dix scientifiques qui ont récemment rédigé une note en ce sens. Dans ce document, transmis à l’Elysée, ils préconisent pas moins qu’un dépistage national, soit 60 millions de personnes en deux semaines, en commençant par une expérience pilote dans la métropole européenne de Lille.

Magasins Printemps : 450 emplois supprimés et fermeture dans 7 villes

Magasins Printemps : 450 emplois supprimés et fermeture dans 7 villes

Une des conséquences de la crise conjoncturelle liée à la situation sanitaire mais aussi à l’évolution culturelle de la distribution des biens et du commerce, 4 Printemps fermeront leurs portes à Paris (place d’Italie), Le Havre, Strasbourg et Metz. Et trois de la chaîne Citadium, s’adressant à une clientèle jeune, tireront le rideau à Paris (Champs-Élysées et Nation) et Toulon. Le groupe détient 19 grands magasins en France à son nom, ainsi que huit Citadium. Le «plan de relance» porte également sur une « adaptation et une mutualisation de certaines fonctions support ».

Le groupe détenu depuis 2013 par le fonds Disa envisage de supprimer au total près de 450 emplois, soit plus de 10 % des effectifs (3 000). Le Printemps assure que sa priorité « est d’accompagner les salariés concernés par ce projet avec des mesures appropriées et personnalisées ». Il fera également appel à « un partenaire pour la recherche de repreneurs » des magasins.

Très grandes villes : une aberration écologique

Très grandes villes : une aberration écologique

Thierry Brugvin, expert et auteur de ‘La relocalisation solidaire’ (à paraitre en Oct. 2020 chez Ed. Dacres) dénonce l’aberration écologique des grandes villes dans un papier de la tribune. Extrait:

 

 

l’écologie sociale urbaine suppose de prendre en compte les critères écologiques, tels les zones végétales et un grand nombre d’autres critères plus classique de l’urbanisme et du développement territorial, que sont les dimensions sociales, économiques, logistiques… Au plan social, afin d’éviter la ghettoïsation des plus pauvres et les tensions que cela génère, il faut notamment éviter de créer des coupures trop forte  entre les quartiers,  veiller à maintenir la mixité sociale, limiter les temps de transports et améliorer la qualité des logements des plus pauvres, maintenir des services de proximité, assurer des transports en communs accessibles (voire gratuits). Au plan logistique, il faut privilégier les transports en commun, afin d’éviter d’accroitre trop le nombre de routes afin de fluidifier la trafic. Car l’effet pervers que cela engendre, c’est que le nombre de véhicule augmente, ce qui vient ensuite saturer ces nouvelles voies. Il faut alors en construire de nouvelles, hors la surface s’avère limitée pour cela dans les villes.

Le niveau de la densité et de la diversité contribue à la qualité de vie

Ce sont des dimensions qui relèvent notamment des 5 secteurs de la qualité de vie culturelle, environnemental, socio-économiques, démocratique. La densité de diversité relève de la qualité, de la quantité et de la densité des possibilités et de l’offre d’activités sociales et culturelles.

Certains urbanistes qualifie la densité de diversité, par le terme « d’intensité ». Dominique Bidou explique que l’intensité « c’est la conjugaison de nombreuses fonctions qui rend les villes et villages intenses. L’intensité d’un territoire c’est l’intensité de vie de ses habitants. On observe que la densité peut être rehaussée partout ou l’intensité du territoire est élevé. Paris en offre une parfaite illustration (…) ». Dans les grands ensembles, les quartiers avec de nombreux grands immeubles « L’absence de diversité, les déficits de services ou l’isolement créer de véritable carences. La densité perçue apparait excessive du fait de l’uniformité architecturale fonctionnelle, culturelle, sociale du quartier. L’ennui pas loin fils de l’uniformité. Il faut mélanger les densités d’habitats, d’activités, de loisir, de paysage, de biodiversité, de mobilité…, bref apporter de la complexité. On introduit ainsi l’intensité. Créez de la diversité, de la qualité, de la beauté en un mot de l’intensité et la densité suivra. Il est possible de construire en protégeant la biodiversité et en adaptant le niveau de densité au ‘génie du lieu’ », c’est à dire aux caractéristiques spécifiques locales (2).

Plus une ville est grande, plus elle offre d’opportunités de loisirs, d’offres artistiques, culturelles, de métiers diversifiés, etc., à l’inverse, des petites villes et plus encore des petits villages. Pour le géographie Thierry Paquot une ville doit combiner « la diversité, l’urbanité, et l’altérité ». Pour lui l’urbanité, c’est être « désintéressé et généreux », tandis que l’altérité signifie se montrer « hospitalier », « sans critère sélectif ». « L’homogénéité socioculturelle », c’est aussi l’uniformité architecturale et végétale, ce qui s’oppose à la diversité (3).

Cependant, les petits villages diminuent l’anonymat et la solitude des grandes villes, donc facilitent les contacts. Néanmoins, cela vaut surtout pour les personnes qui ne disposent pas de facilités personnelles pour lier des contacts, car les autres peuvent au contraire multiplier les rencontres. Cependant, dans les villages la pression sociale, le « qu’en-dira-t-on » s’accroit aussi et exerce une pression sur ceux qui entendent vivre librement  de manière différentes des autres. La qualité de vie relationnelle ne se révèlent donc pas forcément meilleure dans les villages, mais plutôt différentes.

Pouvons nous faire une analogie entre l’intensité en physique avec l’intensité en urbanisme ? Apparemment non, car en physique des flux, l’intensité correspond à la vitesse du flux, tandis qu’en urbanisme, il s’agit de la densité de la diversité d’opportunités. C’est à dire de la quantité de la diversité des opportunités professionnelles, socioculturelle, alimentaires par rapport à la densité de la population au km2. La densité d’habitants se calcule par le rapport entre la quantité d’habitant par rapport à une surface au sol de l’habitation et ou par rapport à un volume d’habitation.

Il y a donc trois moyens d’accroitre la densité de la population :

  • soit par la densification horizontale, grâce à l’accroissement du nombre de personne dans une même surface horizontale (le nombre de personne dans un même logement),
  • soit par la densification verticale, c’est à dire en multipliant les logements d’un immeuble, en accroissant le nombre d’étages),
  • soit par la densification horizontale et verticale (en augmentant le nombre de personne dans un logement et le nombre d’étages de l’habitation).

Il faut donc bien distinguer la densité en habitants
et la densité de diversité (d’opportunités)

Trop de densité en habitants deviendra étouffant par manque d’espace vital et d’espaces verts. Cependant, ce sentiment d’étouffement par l’excès de la densité en habitants par km2, peut diminuer grâce à l’accroissement de la diversité des opportunités culturelles, professionnelles, relationnelles… Par exemple, certains citadins parisiens, apprécient beaucoup d’habiter au centre de Paris, malgré des logements exigus, surpeuplés, une foule permanente dans les rues, car en contrepartie ils disposent d’un grand choix de loisirs, de métiers… Cela leur confère un sentiment plaisant d’une forte densité de diversités d’opportunités.

Les urbanistes cherchent donc un équilibre dynamique, afin d’éviter les excès et les manques de diversité d’opportunités et les excès de densité urbaine. Or, la qualité de vie au plan socioculturel suppose aussi un minimum de densité d’habitant au km2. Car plus la densité en habitant diminue, plus les temps de temps de déplacements s’accroissent (lorsqu’il n’y a pas de bouchons), plus l’offre, plus la quantité d’opportunités socioculturelles diminuent.

Les temps de déplacements augmentent lorsque les distances à parcourir s’accroissent ou que la densité du trafic de véhicule se développe. Pour diminuer la durée des déplacements, il s’agit donc de diminuer les distances à parcourir, ou d’augmenter la densité des habitants au km2, ou de réduire la densité du trafic, ou de le fluidifier par plus de transports collectifs.

La densité, la diversité se combinent dans la densité de la diversité

Cette dernière dépend aussi de la diversité de la possibilité des choix socioculturels et professionnels et non pas seulement de leur quantité. La diversité accroit la possibilité de choix et donc augmente le niveau de la qualité de vie. Certains urbanistes, tel Dominique Bidou utilisent donc le terme d’intensité, pour parler de densité de diversité. Plutôt que le terme d’intensité, qui suggère des analogies avec la physique des flux (d’énergie, de liquides…), nous utiliserons plutôt le terme de densité, de diversité, c’est à dire la multiplication de la densité par la diversité. Ainsi, il existe des diversités fortes ou faibles, des densités fortes ou faibles et de densité de diversité forte ou faible.

En effet, à niveau égal de « forte » densité de diversité, cela peut prendre deux formes différentes. Il faut donc différencier la forte densité de diversité générée grâce à l’espace étroit ou grâce à la diversité forte.

Plus la densité urbaine s’accroit, plus l’empreinte carbone diminue,
du moins, jusqu’à un certain seuil

Selon l’étude de Newman et Kenworthy sur les grandes métropoles, le meilleur rapport densité / coûts énergétiques, donc la meilleur empreinte carbone se révèlent être les villes très denses.  Il distingue trois groupes de villes parmi les grandes métropoles. Le premier groupe est : caractérisé par de « faibles » densités urbaines et une consommation d’énergie très importante (telle Los Angeles, avec 3.155 hab./km2. Un deuxième groupe de villes possède une densité et une consommation d’énergie moyennes avec des villes telle ou Copenhague, avec 7.064 hab./km2. Le 3e groupe des villes denses se composait en particulier des villes, telles Moscou 9.700 hab./km2(4).

Certaines villes s’avèrent encore plus denses, telle Paris avec 21.000 hab./km2, Calcutta et son agglomération avec 27.462 hab./km2  ou pire, « le grand » Caire avec 40.249 hab./km2. Leur empreinte carbone s’avère t -elle encore meilleure ? Il semble que non. Cependant les revenus des habitants des villes comme Calcutta s’avèrent nettement plus faibles, leurs capacités financières pour se déplacer se révèlent donc moins grandes, surtout hors de la ville. La relation entre la densité, le déplacement et le cout énergétique ne s’avère donc pas facilement comparable. Le record mondial de densité fut gagné par le quartier dénommé Kowloon Walled City dans la colonie de Hong Kong, avec une densité d’1,25 million hab./km2 ! Car, il y résidait 33.000 habitants (certaines estimations allant jusqu’à 50.000) sur seulement 26.000 m2  ! Ils étaient logés dans d’immense tours collées les unes aux autres ! Mais le quartier a été évacué dans les années 1990, car c’était une zone de non droit sous le pouvoir des mafias et c’était probablement invivable (5).

Selon Newman plus la densité s’accroit, plus le cout énergétique diminue, ainsi que l’empreinte carbone. Cependant, certains urbanistes estiment qu’au delà d’un certain seuil de densité, l’empreinte carbone s’accroit à nouveau, car les citadins ressentent le besoin de sortir souvent de la ville pour échapper à la mauvaise qualité de vie. En 2005, l’étude norvégienne Holden et Norland explique que « les morphologies urbaines » et la présence d’un jardin ont des incidences sur la consommation directe d’énergie (6).

Cette tendance est qualifiée par les urbanistes, « l’effet barbecue », puisque la possibilité de faire par exemple un barbecue dans son jardin génère moins le besoin de fuir son habitation le weekend et réduit le besoin de se déplacer à la campagne pour se ressourcer dans la nature (7).

Ces aspects ne s’avèrent pas suffisamment étudiés par « les études sur les avantages environnementaux de la densité pour les déplacements souffrent de sérieuses limites méthodologiques. Notamment, elles ne prennent généralement pas en compte les déplacements effectués sur plus de 80 ou 100 kms. Or, si ces déplacements sont peu nombreux, mis bout à bout, ils représentent au total beaucoup de kilomètres » (8).

Ainsi, lorsque les urbanistes calculent non plus seulement les transports par habitants dans la ville, mais l’ensemble des déplacements des habitants de cette ville dans l’année, (vacances et loisirs y compris), alors les villes les plus denses s’avèrent donc un peu moins énergivores que les villes moyennement denses. Car les habitants fuient souvent loin de ces villes trop denses, métalliques et bétonnées, afin de se détendre dans la nature à la sortie de la ville ou dans d’autres régions.

De plus, la densité architecturale, la complexité technologique des moyens de transports, par exemple, la construction de lignes de métros creusés profondément sous la terre engendrent aussi un coût supplémentaire, donc accroissent l’empreinte écologique.

Il peut exister plusieurs causes qui expliquent qu’au-delà d’un certain seuil de densité, l’empreinte carbone s’accroit à nouveau. Ce peut être à cause du manque de nature, mais aussi de la croissance des revenus. En effet, pour résider dans les grandes villes autour du centre, les prix du mètre carré en location ou à l’achat ne cesse de croitre. Par conséquent, ce sont les plus riches qui peuvent si loger. Ils disposent donc aussi des capacités financières pour se déplacer souvent et loin, le weekend et durant leur vacances. C’est pourquoi, lorsqu’on prend en compte l’ensemble de leur déplacement et non pas uniquement ceux réalisés dans la ville elle-même, alors leur empreinte carbone s’élève. Cela reste vrai globalement, jusqu’à un certain seuil néanmoins (9). Cependant, si on prend en compte les critères de qualité de vie liée à la proximité avec la nature, il existe bien un seuil à ne pas dépasser qui pourrait bien se situer autour de 2500 hab./km2 comme la ville de Belfort par exemple. Mais ce seuil reste à définir scientifiquement et politiquement.

Les villes denses telle Moscou (plus de 9000 hab./km2) disposent de la meilleur empreinte carbone. Cependant, il semblerait donc que les villes trop denses telle Calcutta ou Paris (22.000 hab./km2) engendrent un cout énergétique et une empreinte carbone plus élevés que les villes moyennement denses, telles Copenhague (plus de 7.000 hab./km2. Il en est de même des villes insuffisamment denses telle Los Angeles (3.155 hab./km2).. Par contre pour les villes trop denses, telle Paris cela s’explique par des déplacements lointains les weekend et les vacances, ainsi qu’un excès de complexité technologique. Tandis que pour les villes insuffisamment denses, telle Los Angeles, c’est à cause de la croissance des déplacements locaux et quotidien. Néanmoins, « l’effet barbecue » atténue quelque peu l’empreinte carbone de certains habitants de ces villes peu denses du fait d’une majorité de zones pavillonnaires. Car pour certaines personnes le fait de disposer une maison avec une jardin diminue leur déplacement, donc leur empreinte carbone. Mais cela ne remet pas en cause le principe que l’accroissement de la densité réduit l’empreinte carbone (au moins jusqu’à un certain seuil).

En effet, lorsqu’on prône la ville dense, il ne faut pas « oublier la question de l’approvisionnement énergétique et de la capacité productive en énergie par habitant sur ces territoires. Un territoire peu dense peut produire des énergies renouvelables, par exemple avec des panneaux solaires, des agrocarburants (dont le rendement énergétique s’avère très faible en réalité), mais ce sera au détriment des surfaces cultivables. Il y a donc plusieurs facteurs à considérer : la production d’énergie renouvelable, l’autonomie économique liée à la démographie de la ville et à sa densité. Par contre, les trop faibles densités par habitants des villes, mais surtout une population trop peu nombreuses dans une commune s’opposent à son autonomie économique. Cependant, une trop haute densité /hab. nuit en partie à celui de la qualité de vie, qui suppose une forte densité de zone végétale par citadins. C’est pourquoi, il se révèle préférable de substituer 3 à 4 maisons avec jardin, par un petit immeuble de 3 à 4 étages et de regagner ainsi des zones végétales maraichères ou forestières.

Dans cet exemple, la densité ne s’accroit pas, puisqu’il y a toujours autant d’habitants sur la même superficie, par contre la concentration augmente. Néanmoins, il s’avère possible d’accroitre aussi, un peu plus la densité, sans forcément diminuer trop la qualité de vie. C’est le cas pour les personnes passant d’une petite maison avec un jardin réduit, à un plus grand appartement entouré de plus d’espace verts, comme par exemple dans l’îlot Bitche à Nantes (10).

Quel serait l’optimum du rapport qualité de vie, densité,
empreinte écologique, population maximum d’une ville ?

De notre point de vue, les villes idéales au plan du cout énergétique et de la qualité de vie relèvent plutôt de petites villes situées autour de 20.000 hab. et 60 000 hab. telles Dole dans le Jura avec 23.708 hab. en 2017 et 618 hab./km², telle Belfort 47.656 hab. et ‎2.787 hab./km2 en 2017 ou Troyes 61.652 hab. en 2017 et 4.671 hab./km2.

Mais quelle serait la densité idéale au plan de la qualité de vie et de l’écologie ? Entre ces villes de taille moyenne, la densité varie du simple au double entre Belfort et Troyes. L’écart se révèle encore plus grand parfois. Par exemple, la ville de Besançon s’avère donc deux fois plus nombreuses que celle de Troyes, mais 2,7 fois moins dense, par rapport à Belfort, la ville de Besançon est trois plus grande et  sa densité 1,5 fois moins dense. En effet, la ville de Besançon compte 116.676 hab. et 1.782 hab./km², en 2017, tandis que l’agglomération du Grand Besançon compte de 193.000 hab.

Par conséquent, la densité par habitant de la ville de Besançon s’avère relativement faible en comparaison des autres villes de taille comparable, puisqu’elle se classe 275e en densité avec 1.782 hab./km², alors qu’elle se situe à la 34e position démographiquement. Curieuse décalage, nous allons voir ensuite pour quelle raison.

Les villes françaises sont-elles denses et peuplées ?

Pour des raisons écologiques faudrait-il accroitre leur densité ? Parmi les 280 villes les plus peuplées la démographie médiane se situe à 50 000 hab. et parmi les 280 villes les plus denses, la densité médiane se situe à 4700 hab./km² (donc près de 5000) (11). Elles s’avèrent donc plus de 4 fois moins que Paris avec ces 22000 hab./km² !

En comparaison à cette médiane, Besançon s’avère trois fois plus peuplée et 2,6 fois moins dense. Donc, Besançon s’avère une des moins denses, parmi les 34 premières villes de France. En effet, si on la compare à d’autres à démographie équivalente, Besançon s’avère équivalente à Perpignan, mais 1,6 fois moins dense que Metz, 2 fois moins dense qu’Annecy, 2,3 fois moins dense qu’Orléans.

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Pourquoi existe-t-il de telles variations de densité ?

En ce qui concerne la ville de Besançon, cela s’explique notamment par sa topographie particulière : un centre-ville limité par la boucle du Doubs et entouré de 7 collines comme la ville de Rome. L’empereur César avait remarqué cette analogie avec la capitale romaine, lorsqu’il avait conquise la ville forteresse de Vesontio (Besançon) ! Or, il s’avère plus difficile de construire densément sur les pentes des collines. C’est ce qui explique aussi la faible densité de la 34e ville de France en population, en comparaison des villes de tailles équivalentes ou même inférieures. Besançon s’avérait aussi une des plus petites capitales régionales avant la fusion des régions en 2016. 

Les niveaux de densité s’avèrent donc bien supérieurs dans les grandes métropoles. Le plus faible cout énergétique par habitant concernant les grandes métropoles (et non les villes classiques) consiste donc dans les villes à forte densité tel Moscou avec plus de 9.000 hab./km2 selon Newman.  Cependant, ce type de villes s’avèrent-elles soutenables en terme de qualité de vie et au plan de l’autonomie alimentaire ? A priori non. Nous nous sommes interrogés sur la densité idéale, élargissons à présent la question.

Quelle serait la ville idéale au plan écologique et de la qualité de vie ?

Pour diminuer le cout énergétique/hab. et l’empreinte écologique, il n’y a pas seulement la densité et la démographie, à prendre en compte. Il faut inclure la superficie de la ville, son niveau d’autonomie alimentaire et économique, la densité des opportunités sociales (l’intensité sociale), la qualité de vie… Sans ces dernières les habitants accroitront leur déplacements et donc leur empreinte carbone. Par conséquent, il s’avère difficile d’aboutir actuellement à des certitudes scientifiques, puisqu’il existe des facteurs contradictoires, tel la densité urbaine contre le haut degré de végétalisation urbaine (la beauté et la qualité de vie par les zones forestières), la trop grande démographie des villes contre l’autonomie alimentaire, les niveaux de revenus qui permet se déplacer plus loin et plus fréquemment, mais qui permet une meilleure rénovation des bâtiments, contre les contre les faibles niveaux de rémunération, qui engendre l’inverse….

C’est pourquoi, à ce stade de la recherche, l’approche pluridisciplinaire qui combine urbanisme, écologie, sociologie, psychologie ne permet pas de définir scientifiquement la ville idéale, au plan de l’urbanisme, de l’écologie, de la qualité de vie, de l’autonomie économique et alimentaire… Seul l’intuition combinant des données scientifiques éparses et contradictoires peut permettre de tracer des perspectives politiques pour le présent et le futur.

Plus la densité par habitant diminue, plus la qualité de vie grâce aux zones vertes s’accroit si la ville est fortement arborée.  Mais dans ce cas, à l’inverse, la qualité de vie diminuera au plan des opportunités économiques, professionnelles, sociales, culturelles. De même, plus la densité par habitant s’accroit, plus l’empreinte écologique s’améliore, tant qu’on ne dépasse pas un certain seuil. Mais lequel ? C’est difficile à affirmer avec certitude actuellement en l’état des recherches scientifiques insuffisantes et contradictoires.

Quelles seraient les caractéristiques de la ville idéale au plan écologique, de la qualité de vie et de l’autonomie alimentaire et écologique ? Néanmoins de manière intuitive et non scientifique, fautes de données suffisantes certains chercheurs, tels Faburel ou Fotopoulous et des associations considèrent qu’au plan de la démographie, pour qu’une ville soit autonome et soutenable au plan alimentaire et économique, elle devrait se situer entre 20.000 et 60.000 habitants, donc être ni trop grande, ni trop petite. Démographiquement, c’est donc très en dessous des grandes métropoles ! La population de Copenhague s’avère 10 fois supérieure avec 623.404 hab. en 2019, et de 300 à 1.000 fois moins que Paris !

Quelle serait la densité idéale ? Dans l’étude de Newman, parmi les grandes métropoles, la ville de Los Angeles a le cout énergétique le moins bon dispose d’une densité de 3.155 hab./km2. Notre ville idéale devrait-elle avoir néanmoins une densité supérieure. Non, car notre modèle, inclus en plus, aussi le critère de l’autonomie alimentaire, mais aussi la qualité de vie, qui suppose aussi une limitation de la populatin des villes. Par conséquent, au plan de la densité, notre fourchette se situerait plus bas, autour de 2.500 et 4.500 hab./km2, telles des villes comme Belfort avec 2.787 hab./km2 ou comme Troyes km2 et 4.671 hab./km2 (donc près de deux fois moins que Copenhague). Enfin, restons prudent et modeste sur la démographie et surtout la densité, ce ne sont que des intuitions, fondées sur des observations de bon sens, rien de plus…

Selon nous, l’urbanisme idéal consiste donc à placer les terres agricoles à la périphérie de la ville et non dans la commune. Il faut aussi limiter la démographie et la surface de la ville et pour cela à accroître la densification, comme l’envisage la municipalité. Pour cela, il s’agit de concentrer l’habitat en remplaçant 3 à 4 maisons, par des appartements de 3 à 4 étages maximums. Ensuite, il est possible de densifier un peu en ajoutant par exemple, un appartement supplémentaire de temps en temps dans certaines des ces parcelles. Le fait remplacer des maisons par de nouvelles zones végétalisées permet de créer de petits jardins et des parcs, composés d’arbres et éventuellement de faire du maraîchage (de poireaux, choux, carottes…) en dessous des arbres. Ces derniers accroissent le volume végétal, puisque les arbres montent vers le haut. Cela favorise aussi la beauté des villes, la qualité de vie, l’ombre et l’oxygénation des villes, donc limite la chaleur dans les zones urbaines. A l’inverse, le bitume noir des routes et les bâtiments créent des puits de chaleur des parcs composés d’arbres. Les zones maraîchères devraient être cultivées prioritairement à la sortie des villes et non au milieu des zones urbaines. Cela permet de limiter les surfaces au sol de ces dernières, mais aussi de limiter les déplacements dans la ville, ce qui diminue l’empreinte carbone, les temps de déplacement et donc aussi le stress des citadins.

Il y a des conflits autour de la soutenabilité écologiste des villes : l’exemple du projet d’écoquartier des Vaites à Besançon

Dans cette ville, il y a depuis plusieurs années un conflit autour de la construction d’un écoquartier en remplacement de zones maraîchères et de jardins ouvriers du quartier des Vaites. Le 17 juin 2020, un collectif dénommé la Vigie des Vaites composé de citoyens et d’associations écologistes (France Nature environnement 25 et 90, (antenne de Besançon et Belfort) et l’association des jardins des Vaites) a décidé d’occuper le lieu, afin de contrecarrer le début des travaux. Le conflit autour de l’écoquartier oppose donc à présent le collectif de la Vigie des Vaites contre la municipalité de Besançon (PS, puis En Marche, puis EELV) allié à l’entreprise Territoire 25. Les associations citoyennes s’opposent à la construction de l’écoquartier, car elles considèrent qu’il existe suffisamment de logements et qu’il ne faut pas accroître la population bisontine, qui s’élève déjà de plus de 115.000 habitants et de 193.000 avec l’agglomération du Grand Besançon. Lorsque la démographie d’une ville devient trop importante, son autonomie alimentaire diminue et son empreinte écologique augmente. Cela accroît les distances d’approvisionnement et donc aussi son empreinte carbone par habitant. Dans l’autre camp, la municipalité de la ville de Besançon défend aussi une conception écologiste, qui est celle de la densification urbaine et elle estime qu’il manque de petits logements.

Les deux camps cherchent à limiter la croissance de l’empreinte carbone de la ville. Pour cela, les associations écologistes cherchent à pas accroître le nombre d’habitants, tandis que la municipalité vise la densification. Au plan écologique et économique, les enjeux du débat autour des Vaites à Besançon donc à créer une ville soutenable écologiquement et alimentairement, mais aussi économiquement, socialement. Pour cela s’agit d’évaluer le niveau optimum de la densité par habitant, de la population de la ville de Besançon, l’organisation spatiale et la proportion des espaces verts (maraichages, arbres…) par rapport aux surfaces artificialisées.

Pour parvenir à une ville soutenable écologiquement et autonome économiquement, une municipalité doit prendre en compte le critère démographique et, ou de la densité par habitant. Dans le cas du quartier des Vaites à Besançon, une politique écologiste démocratique, peut décider de ne pas augmenter la densité par habitant de la ville en conservant les zones vertes, tels les jardins ouvriers et en renonçant à construire de nouvelles zones d’habitations, telles des éco-quartiers. A l’inverse, une politique écologiste (municipale) qui fait le choix de remplacer des jardins ouvriers par des éco-quartiers pourra accroître la densification par habitant.

Cependant, la politique de densification ou du statut quo peuvent aboutir chacune à un accroissement de l’empreinte carbone de la commune, en l’absence d’action simultanée de limitation de la démographie. En effet, dans les deux cas, si la municipalité ne limite pas en même temps, la superficie de la ville elle va accroître sa démographie, donc allonger les déplacements pour s’approvisionner notamment en nourriture (mais aussi pour le reste), donc elle va augmenter son empreinte carbone et diminuer son autonomie alimentaire.

Or, les villes anciennes ne peuvent être rebâtit en suivant uniquement un idéal théorique écologique de soutenabilité. Par exemple, la ville de Besançon a plus de 2000 ans d’histoire. Les villes s’inscrivent dans un temps long et en particulier les plus vieilles. Les urbanistes doivent donc faire des compromis entre l’idéal théorique et la réalité présente, car il faut des années, voire des décennies, pour remodeler une ville. En effet, il semble difficile de détruire des maisons déjà habitées et situées à la périphérie de la commune de Besançon, dans le but d’utiliser les terres pour accroître l’autonomie agricole de la ville et pour diminuer la surface de la ville, afin de diminuer les déplacements. Pour s’orienter démocratiquement dans cette direction, cela nécessite des décennies. La ville peut préempter les maisons et les terrains lorsqu’elles sont vendues puis les remplacer par des terrains agricoles. Mais la vitesse du réchauffement climatique et la rapide fin des ressources de pétrole paraissent plus rapides que la lenteur d’un réaménagement urbain démocratique.

Donc, compte tenu de contrainte historique, démocratique et de l’urgence, la solution la plus adéquate parait plutôt celle du statut quo, donc de ne pas remplacer les jardins ouvriers, par des écoquartiers, tels celui des Vaites. Car créer un éco-quartier augmentera la densité par habitant, mais cela va aussi accroitre aussi la démographie, puisque la surface de la ville ne diminuera pas, à court terme, car il ne s’avère pas envisageable socialement et démocratiquement de déloger les citadins en détruisant leurs maisons existantes à la périphérie de la ville. Conserver les jardins ouvriers contribuera à limiter la croissance démographique de la ville, si la municipalité réduit ou interdit en même temps des constructions nouvelles dans la commune. Mais sans cela la ville risque de s’agrandir en surface et en démographie.

La qualité de vie intérieure consiste à diminuer
la vitesse extérieure et intérieure
et accroitre sa profondeur intérieure

Thierry Paquot est l’auteur du livre « Mesure et démesure des villes ». Il considère qu’une ville où « il fait bon vivre et qui relève d’une perception subjective, tout comme celle d’une maison ou d’un appartement. L’habitabilité dépend des parcours qui conduisent chez soi, des lieux que l’on traverse quotidiennement, des ambiances que l’on apprécie et du charme qui en émane » (12). Par contre, sa vision fondée sur une approche très libre, libertaire, voire libérale, ne prend pas suffisamment en compte, les limites écologiques actuelles.

Le terme d’intensité utilisée par certains urbanistes, tel Bidou manque de clarté concernant la qualité de vie extérieure et plus encore concernant la qualité de vie intérieure. Dans leur langage, l’intensité signifie densité de la diversité des opportunités extérieures. Or, lorsqu’on utilise le terme d’intensité, on ne sait donc pas trop, s’il s’agit de plus de vitesse extérieure ou intérieure, de qualité ou de quantité d’énergie extérieure ou intérieure, de profondeur intérieure..

De plus, le terme d’intensité entretien une relation sémantique avec le terme de vitesse, or les décroissants, les partisans de la sobriété heureuse cultivent plutôt la lenteur pour accroitre la profondeur de leur vie. Car, pour les décroissants, l’intensité s’apparente trop souvent à la superficialité de la vitesse. Ils préfèrent donc la profondeur de la lenteur.

Pour les décroissants, il est possible de vivre une vie profonde intérieurement, dans le cadre de pratiques extérieures relevant de la simplicité (volontaire), c’est à dire un minimalisme des actions, des activités et des biens, mais en vivant profondément de petites actions ou de simples relations humaines.  Plutôt qu’un quête de plus d’intensité, la philosophie, la politique de la relocalisation éco-solidaire implique non pas une accélération de la vitesse extérieure, intérieure, de manière superficielle, mais au contraire, une recherche de profondeur ou d’élévation, par plus de lenteur extérieure et intérieure, d’intériorisation, plutôt que d’extériorisation… Car à l’excès, cette dernière engendre la perte de soi même dans un mouvement perpétuel, la décentration excessive. A l’inverse l’excès d’intériorisation, de centration sur son intériorité, peut pousser à la misanthropie, à l’égoïsme au nombrilisme, à l’ethnocentrisme. Cependant, entre ces deux accès, actuellement la civilisation occidentale urbaine en particulier, sombre vers les excès de l’extériorisation et de la vitesse extérieure. Il y a donc un équilibre à retrouver. Or, pour l’instant le capitalisme nous pousse vers l’excès d’extériorisation, l’ubris, c’est à dire la démesure…

En résumé, la qualité de vie relève des 5 secteurs principaux, qui président aux sociétés : l’environnement, la culture, le social, l’économie et la gouvernementalité (la démocratie). La qualité de vie suppose donc d’équilibrer ces 5 secteurs sociétaux concernant chacun des critères de qualité de vie : la quantité et la qualité des opportunités extérieures la densité de diversité de la vitesse extérieure (ni trop lente, ni trop rapide), de la surface de la ville, de la quantité d’habitant, de la densité des habitants au km2, de la puissance (économique, culturelle, sociale…) mais aussi d’un minimum d’égalité socio-économique, démocratique, écologique… A quoi, il s’avère nécessaire d’ajouter le développement de la qualité de vie intérieure, c’est à dire de la profondeur, de la lenteur, de l’introspection…

Il faut donc distinguer la quantité d’énergie intérieure, la profondeur (la qualité intérieure), la vitesse extérieure (rapide ou lente, qui se calcule par rapport à une quantité (de volume ou de distance) parcourue dans un temps donné) et la densité de la diversité des opportunités extérieures (dénommées improprement « intensité » par Bidou).

Il y a donc la qualité de vie qui relève de l’environnement : la qualité et la quantité des espaces vert, mais aussi la soutenabilité écologique (avec notamment une faible émission de CO2 et une faible consommation d’énergie). Il y a aussi la qualité de vie socio-économique, la quantité, la qualité, la diversité, la densité de diversité des offres d’emplois, des aides sociales, des relations possibles… Il y a la qualité de vie culturelle : les loisirs, les spectacles, l’éducation, les médias… La qualité de vie relève aussi de la qualité de la beauté, mais aussi de la quantité de beauté disponible. Le critère de la beauté s’inscrit, dans les 5 secteurs sociétaux, mais dans le cadre de la relocalisation, il porte plus particulièrement sur l’architecture et l’urbanisme. Enfin, il y a aussi la qualité de vie démocratique, qui permet de gérer démocratiquement les 4 autres secteurs de la qualité de vie communale dans les villes et les villages. C’est donc la combinaison harmonieuse et spécifique entre ces différents critères et secteurs qui confère une qualité de vie forte et spécifique à une commune.

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(1) FABUREL Guillaume, Pour en Finir avec les Grandes Villes, Manifeste pour une Société Écologique Post-Urbaine, Éditions Le Passager Clandestin, 2020.

(2) BIDOU Dominique, Le développement durable, une affaire d’entrepreneurs, Ed. PC, 2015.

(3) PAQUOT Thierry, Désastres urbains, Les villes meurent aussi, La découverte, 2015.

(4) NEWMAN P. KENWORTHY J.R, Sustainability and Cities, Overcoming Automobile Dependence, Island Press,1999.

(5) 99PERCENTINVISIBLE, Kowloon Walled City, 99percentinvisible, Déc. 2011.

(6) HOLDEN E., NORLAND I., 2005, « Three Challenges for the Compact City as a Sustainable Urban Form : Household Consumption of Energy and Transport in Eight Residential Areas in the Greater Oslo Region », in Urban Studies, Vol. 42, n° 12, pp. 2145-2166, November 2005).

(7) MUNAFÒ Sébastien, La ville compacte remise en cause ? Formes urbaines et mobilités de loisirs, Neuchâtel, Alphil-Presses universitaires suisse, 2016, 440 p.

(8) CHARMES Eric, « La densification en débat », Etudes foncières, Compagnie d’édition foncière, mai-juin 2010, n°145, p. 2.

(9) MUNAFÒ, 2016, 440 p.

(10) LEFEVURE Mégane, DENSITE ET FORMES URBAINES, Vers une meilleure qualité de vie, Mémoire de Master, Université Paris Ouest La Défense, Septembre 2013.

(11) INSEE, Evolution et structure de la population de 2012, INSEE, 2015.

(12) PAQUOT Thierry, Mesure et démesure des villes, CNRS éditions, 2020.

La folie des prix immobiliers dans les grandes villes (OCDE)

La folie des prix immobiliers dans les grandes villes (OCDE)

 

Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, présente, dans une tribune au « Monde », s’inquiète des prix de l’immobilier dans toutes les grandes villes du monde. Un constat et des propositions qui font toutefois l’impasse sur la question centrale de l’aménagement équilibré du territoire.

 

La pandémie a aggravé des inégalités déjà existantes. Y compris en matière de logement, alors que de nombreux ménages éprouvaient déjà des difficultés à se loger, dans de nombreuses villes du monde.

A l’échelle mondiale, près de la moitié de la population vit dans les villes, et ce chiffre devrait atteindre 55 % d’ici à 2050. Les villes concentrent également la majorité de l’activité économique, de la création d’emplois et de l’innovation. Or, la hausse des prix du logement en milieu urbain exerce une pression croissante sur les ménages : entre 2005 et 2018, le prix des loyers a augmenté dans tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à l’exception de deux d’entre eux, tout comme le prix réel à l’achat ; sur le marché privé, un locataire à faible revenu sur trois consacre plus de 40 % de son revenu disponible aux seuls coûts de location (OECD Affordable Housing Database).

Le degré de soutenabilité d’une ville et les prix de ses logements dépendent, dans une large mesure, de la façon dont les gens y vivent, y travaillent et s’y déplacent. Dans ce contexte, les villes suffisamment compactes et connectées présentent des caractéristiques avantageuses. Elles offrent un accès plus facile aux emplois, aux services et aux loisirs, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées au transport et à la construction.

Mais le logement, dans ces villes compactes et connectées, est généralement plus cher que dans les zones urbaines étalées et déconnectées. Les travaux de l’OCDE en partenariat avec la Coalition pour les transitions urbaines ont montré que les effets négatifs liés aux coûts excessifs du logement peuvent excéder les avantages d’une ville compacte, si l’accessibilité au logement n’est pas garantie (« Demystifying Compact Urban Growth : Evidence From 300 Studies From Across the World », Gabriel Ahlfeldt et Elisabetta Pietrostefani, Coalition for Urban Transitions et OCDE, 1er septembre 2017).

Un nouveau rapport examine les moyens dont disposent les gouvernements nationaux pour offrir des logements plus abordables au sein de villes suffisamment compactes, tout en favorisant le développement de quartiers urbains dynamiques et durables (« Housing policies for sustainable and inclusive cities : How national governments can deliver affordable housing and compact urban development », Ana Moreno-Monroy, Jared Gars, Tadashi Matsumoto, Jonathan Crook, Rudiger Ahrend, Abel Schumann, Coalition for Urban Transitions et OCDE, 31 mars 2020).

Pour davantage de sécurité dans les villes portuaires

Pour davantage de sécurité dans les villes portuaires  

Olivier Lemaire, directeur général de l’AIVP (*), le réseau mondial des villes portuaires pose la problématique du port et de la ville et des questions de sécurité

 

« Après le drame qui s’est joué dans la soirée du 4 aout sur le port de Beyrouth et sans vouloir préjuger des conclusions de l’enquête qui vient tout juste de commencer, on soupçonne déjà des problèmes, pourtant bien connus, de gestion dans l’entreposage de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, produit chimique hautement explosif dans certaines conditions.

De multiples commentaires dans la presse internationale affirment aujourd’hui que nombre de ports dans le monde sont des «Beyrouth» en puissance. Devant les images impressionnantes des ravages produits non seulement sur le port mais sur l’ensemble de l’aire urbaine et qui ont fait le tour de la planète, les citoyens des villes portuaires sont bien évidemment inquiets. Déjà en 2015, après le terrible incendie qui avait ravagé le port de Tianjin (Chine) et ses conséquences en termes de pollution chimique lourde sur toute la ville sur fond de négligence et de corruption, associations citoyennes, élus, organisations internationales avaient interpellé les autorités portuaires et l’ensemble des acteurs de la filière sur ces question de sécurité. Il est certain que, de nouveau, une mobilisation sur ces sujets se développera dans les jours et mois qui viennent.

Ports urbains et risques industriels

Avec l’accroissement spectaculaire des échanges internationaux depuis un demi-siècle de globalisation, le transport et le stockage des matières dangereuses parfois au cœur d’agglomérations denses s’est naturellement développé en proportion et le risque d’accident grave a suivi. Pour prévenir de telles catastrophes, les autorités portuaires ont établi depuis longtemps des procédures de gestion et de suivi du risque industriel qui sont partout extrêmement rigoureuses. Un accident reste rarissime et son origine, comme vraisemblablement à Beyrouth, est la plupart du temps multifactorielle. Le risque zéro n’existe pas et les habitants des villes portuaires sont régulièrement invités à se rappeler qu’ils vivent eux aussi à proximité de site industriels sensibles avec des procédures à respecter. En France, depuis 2003, les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) associant tous les acteurs concernés et la population se multiplient dans les zones urbano-portuaires de Dunkerque à La Réunion… Une réglementation spécifique au transport des marchandises dangereuses dans les ports se développe depuis plus d’une dizaine d’années en lien avec les multiples conventions internationales (ISPS, SOLAS…). Toute la question est de savoir dans quelle mesure ces multiples couches règlementaires internationales et nationales sont effectivement appliquées sur le terrain.

La question prend une importance considérable dès lors que la plupart des villes portuaires souhaitent se rapprocher de leur port dans le cadre d’opérations de transformation urbaines des waterfronts avec « vue sur le port ».  Un port, ce sont des centaines d’hectares abritant des activités industrielles à risque, mais ce sont aussi chaque jour des camions, des trains et des navires, certes nécessaires au transport des marchandises dangereuses, mais qui passent parfois à proximité des habitations, des écoles, des musées, des centres commerciaux ou des terminaux de croisières et de leurs navires géants. En Europe, pour maîtriser le risque industriel, les grands ports pétrochimiques tels Anvers, Marseille, Barcelone, le Havre ou Rotterdam se sont dotés de documents très précis pour la gestion de leurs territoires. On ne peut dès lors blâmer les responsables portuaires de s’opposer souvent avec vigueur aux aspirations des élus et des citoyens qui, dans leur souci légitime de vouloir « faire la ville avec le port », peuvent méconnaitre ou sous-estimer les risques d’accidents industriels inhérents à l’activité portuaire.

 

Tout est affaire d’explication et de négociation. Un projet urbain ambitieux pour la collectivité peut nécessiter le déplacement de certaines activités portuaires à risque majeur comme par exemple à Séville où la délocalisation de stockage d’hydrocarbure était un préalable à la réalisation d’une zone récréative près d’un bassin portuaire. La question du risque industriel est naturellement réglée lorsque comme à Helsinki, le port industriel a été délocalisé à 40 kilomètres de la ville n’y laissant que les fonctions pour la croisière, mais les opérations de ce type, extrêmement coûteuses, sont rares. Un développement portuaire stratégique peut, à l’inverse, supposer de limiter fortement le développement urbain comme à Moorburg dans la zone d’expansion du port d’Hambourg avec les tensions inévitables que cela a suscité, mais dans le cadre d’une concertation citoyenne.

Comme pour tout type d’activité industrielle liée aujourd’hui étroitement à notre mode vie et que nous acceptons collectivement, la gestion du risque en milieu urbano-portuaire est à l’évidence une donnée stratégique de premier plan à prendre en compte pour les concepteurs du « faire la ville avec le port ». Les inquiétudes des habitants des villes portuaires qui ne manqueront pas d’être légitimement relayées dans les jours à venir demandent des réponses des autorités locales qui devront faire preuve de la plus totale transparence. On ne peut que tendre vers le risque zéro accident, mais la vigilance citoyenne se doit d’être encouragée par les autorités portuaires elles-mêmes dans le cadre de procédures ou d’outils de concertation locale (tels les Port Center). Lorsque le citoyen devient partenaire et non seulement spectateur de la dynamique ville-port, l’ensemble de la communauté ville-port est gagnante et bien des drames pourraient être ainsi évités !

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(*) Site de l’AIVP

Municipales : des verts au pouvoir dans de grandes villes

Municipales : des verts  au pouvoir dans de grandes villes

 

● Michèle Rubirola à Marseille

Une alliance inédite pour une victoire inédite. Après 25 ans de règne à Marseille, le maire sortant Jean-Claude Gaudin ne donnera pas les clés de l’Hôtel de ville à sa dauphine désignée Martine Vassal (LR). Selon les premières estimations, l’écologiste Michèle Rubirola, à la tête du cartel des gauches du Printemps Marseillais (PS, PCF, EELV, LFI), l’aurait en effet emporté, avec 39,9% des voix, loin devant la présidente du département et de la métropole, reléguée à 29,8%.

● Grégory Doucet à Lyon

Ce pourrait être l’une des plus grandes conquêtes de ce second tour pour EELV. Selon les premières estimations, l’écologiste Grégory Doucet l’aurait largement emporté à Lyon (50,8%) face au candidat LREM Yann Cucherat (31,4%), et très loin devant le dissident macroniste Georges Képénékian (17,8%).

● Pierre Hurmic à Bordeaux

Le front anti-EELV n’aura pas suffi. Malgré une alliance entre le maire LR sortant Nicolas Florian et son ex-adversaire LREM Thomas Cazenave, la ville de Bordeaux n’a pas résisté à la vague verte. Selon les premières estimations, l’écologiste l’aurait emporté avec 45,6% des voix.

● Éric Piolle à Grenoble

Ce n’est pas vraiment une surprise. Déjà élu maire en 2014, Eric Piolle devrait, selon les premières estimations, être réélu facilement à Grenoble. Il avait recueilli 46,68% des voix dès le premier tour.

● Jeanne Barseghian à Strasbourg

C’était une des grandes villes visée par Europe Écologie-Les Verts. La mission semble très nettement accomplie à Strasbourg, selon les premières estimations. La tête de liste écologiste, Jeanne Barseghian, l’emporterait avec 42,5% des voix, devant Alain Fontanel (34,3%) et Catherine Trautmann (23,2%).

● Léonore Moncond’huy à Poitiers

Le maire sortant socialiste, Alain Claeys, a reconnu sa défaite dès 19 heures. Il était pourtant arrivé en tête au premier tour (28,21%), devant l’écologiste Léonore Moncond’huy (23,89%) et le macroniste Anthony Brottier (18,37%). La candidate EELV est parvenue à inverser la tendance au second tour. Elle met un terme à 43 ans de gestion socialiste – associés aux communistes – sur la capitale poitevine.

● Anne Vignot à Besançon

Les écologistes s’installent à Besançon. En tête au premier tour, Anne Vignot – soutenue par EELV, le PS, et le PCF – l’emporte au second tour, avec 43,9% des voix. Elle est suivie par le candidat Les Républicains, Laurent Fagaut, qui recueille 23,6% des suffrages, et le macroniste Eric Alauzet, avec 18,89%.

● Emmanuel Denis à Tours

Selon les premières estimations, l’écologiste Emmanuel Denis a remporté son duel à Tours. En parvenant à unir largement la gauche – de La France Insoumise au PS – il a réussi à battre le maire sortant, Christophe Bouchet, soutenu par la droite. L’écologiste était déjà arrivé en tête au premier tour avec 35,46% contre 25,62% pour le candidat de droite.

: la république en marche : presque tous battus saufs Édouard Philippe au Havre

  • cinq l’ont l’emporté dès le premier tour : Gérard Darmanin (Action et Comptes publics), seul ministre élu maire de Tourcoing (Nord) ; Franck Riester (Culture) élu conseiller municipal à Coulommiers (Seine-et-Marne) ; Sébastien Lecornu (Collectivités territoriales) à Vernon (Eure) ; Geneviève Darrieussecq (Armées) à Mont-de-Marsan (Landes) ; Marc Fesneau à Marchenoir (Loir-et-Cher) ;
  • un a été battu au premier tour : Jean-Baptiste Djebbari  (Transports) à Limoges (Haute-Vienne)
  • trois ont été battus au second tour : Marlène Schiappa (Égalité entre les femmes et les hommes) à Paris (14e), Agnès Pannier-Runacher (Économie) à Paris (16e), Gabriel Attal (Éducation nationale et Jeunesse) élu conseiller municipal d’opposition à Vanves (Hauts-de-Seine)
  • un a été élu au second tour : Édouard Philippe (premier ministre) au Havre (Seine-Maritime).

Pire, les rangs de l’exécutif n’ont pas comblé le déficit d’implantation du parti macroniste. Emmanuel Macron, qui avait appelé ses ministres à se présenter, ne voit aucun d’entre eux remporter un nouveau siège de conseiller municipal : tous les membres du gouvernement élus ont en fait été reconduits dans leurs fonctions.

Bref une claque historique qui confirme la réalité virtuelle de la république en marche qui est demeurée un club de supporters de Macron sans implantation locale et surtout sans volonté de s’y implanter réellement autrement qu’à travers quelques courtisans.

 

Le vrai parti de Macron désormais depuis que la gauche semble se recentrer autour du pôle socialo-écolo c’est tout simplement les républicains qu’il va s’efforcer de diviser encore davantage. Une tâche qui ne sera d’ailleurs pas facile car le leader naturel des républicains est indiscutablement maintenant Édouard Philippe, Ier ministre qui a su bénéficier des pertes de popularité de Macron lui-même. Le problème c’est que Édouard Philippe pourrait bien apparaître finement comme le leader indiscutable  des républicains et ainsi prendre discrètement la place de Macron.

Prospective ou utopie: vers l’autonomie alimentaire des villes ?

 

Une interview intéressante de  l’urbaniste Sabine Becker et le chercheur François Rouillay à l’occasion de la sortie de leur livre publié le 11 février intitulé « En route pour l’autonomie alimentaire ». Cependant, le  concept d’agriculture urbaine qu’ils prônent semblent faire l’impasse sur  l’existence des campagnes qui comme les villes structurent notre pays. On ne saurait réduire l’aménagement du territoire aux seules zones fortement agglomérées même entourées  de jardins supposés nourrir la population. Une vision assez réductrice voire caricaturale  de l’aménagement du territoire. Un concept d’agriculture urbaine d’abord utopique ensuite qui légitime une vision concentrationnaire d’un aménagement du territoire sous domination des villes. Une vision assez écolo bobo.  ( Interview dans la Tribune)

 

 

La notion d’autonomie alimentaire, à laquelle vous consacrez votre livre, est de plus en plus souvent évoquée dans le débat public autour de l’alimentation. Qu’est-ce qu’elle désigne?

 

SABINE BECKER et FRANÇOIS ROUILLAY - Liée à la nécessité d’une alimentation respectueuse du vivant, l’autonomie alimentaire renvoie à la perspective d’une « terre d’avenir » sur le territoire: c’est-à-dire d’une terre vivante en capacité de nourrir et maintenir en bonne santé ses enfants. Trois idées sont donc imbriquées dans cette notion: le respect du sol et de la biodiversité, le maintien de la santé, et une alimentation nécessairement locale.

Elle vise à restaurer le lien entre producteurs et mangeurs, qui aujourd’hui est coupé à deux endroits. Les producteurs sont en effet exposés à une concurrence mondialisée. Leurs produits voyagent des centaines, voire des milliers, de kilomètres avant d’atteindre les mangeurs, et sont parfois massivement gaspillés. Les producteurs ne voient donc plus la nourriture au travers du territoire et de leurs habitants, mais des comptes d’exploitation et des marchés. Les consommateurs pour leur part regardent la nourriture par le biais de la publicité, du temps pressé, de leur four à micro-ondes… Ils ne prennent plus le temps de travailler des produits bruts et de rencontrer les producteurs. Ils cherchent une facilité nutritive accentuée par les colorants, les exhausteurs de goût. Il faut donc un changement de regard pour induire un changement de comportement.

 

Quelle est justement l’utilité politique – en entendant le mot « politique » au sens large – de cette notion d’autonomie alimentaire?

Elle peut notamment permettre de transformer positivement les politiques d’aménagement du territoire. Pendant les 50 dernières années, l’étalement urbain a eu lieu au mépris du respect des zones de production de nourriture autour des villes. Les villes, qui auparavant étaient autosuffisantes, dépendent désormais de la chaîne alimentaire mondialisée pour se nourrir. Elles ne disposent plus que de trois jours de stock d’aliments en moyenne. Mais les risques de rupture de cette chaîne mondialisée sont divers: incendies, inondations, conflits sociaux, maladies… On peut donc affirmer que les villes sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire.

Les maires des communes ont ainsi la responsabilité politique de prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire de leurs villes, pour en garantir la résilience en cas de rupture de la chaîne alimentaire, en créant, à côté des zones d’activité économique ou commerciale, des zones d’activité nourricière. Ils n’ont d’ailleurs besoin d’aucune autorisation pour faire cela. Ils peuvent acquérir des terres, comme l’a fait à Val-de-Reuil la Communauté d’agglomération Seine-Eure, afin de développer une agriculture biologique sur 110 hectares situés sur le périmètre de protection de captage de sa ressource en eau. La collectivité a même transformé un ancien bâtiment industriel, de 10.000 mètres carrés, en « pôle alimentaire », où les producteurs commercialisent leurs produits, les conditionnent, partagent des outils agricoles, organisent des cours de cuisine… En un an, cela a permis de recréer les 59 emplois détruits à cause de la fermeture de l’ancienne usine.

 

Tout repose donc sur les épaules des maires?

S’alimenter est l’affaire de tous. La partie se joue donc à quatre: l’apprentissage et l’organisation des 21 actions que nous suggérons dans notre livre réunissent élus locaux, monde économique, paysans et habitants. L’association Réseau Cocagne a par exemple créé 102 fermes biologiques d’insertion et 6 structures agroalimentaires autour de la France. Elles emploient plus de 5.600 personnes et génèrent 16,3 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels par la seule vente de légumes. A Amiens et Bayonne, les habitants retournent le gazon des HLM pour y construire des potagers.

La transition alimentaire implique d’ailleurs la transition agricole. Et dans cette transition les paysans, qui aujourd’hui vivent une crise terrible, doivent être accompagnés. Les structures de maraîchage du futur seront participatives et écologiques. C’est déjà le cas au Québec, ou des communautés de communes achètent des terres et y emploient des formateurs qui apprennent aux enfants, aux personnes en insertion, aux citoyens, à cultiver, conserver et cuisiner les produits.

Mais l’agriculture urbaine peut-elle vraiment nourrir les villes dans un monde de plus en plus urbanisé et où la population ne cesse de croître?

Afin d’assurer l’autonomie alimentaire des villes il faut inclure le territoire autour, celui compris dans un rayon permettant de les approvisionner en une heure. Et déjà aujourd’hui, 75% de la production agricole mondiale vient de petites exploitations.

Mais le développement de nouvelles techniques de régénération végétale permet désormais d’augmenter significativement la productivité de l’agriculture urbaine, et donc de mener des expériences de production intéressantes sur de petites surfaces, de mettre à profit les interstices cultivables. Des chercheurs à Rennes ont ainsi constaté que l’agriculture urbaine peut apporter beaucoup à l’autonomie alimentaire des villes, en permettant de réduire le périmètre d’approvisionnement. Sans compter ses autres atouts: l’éducation, la réduction des pollutions, la régénération des sols.

Cette autonomie alimentaire peut-elle coexister avec une économie mondialisée?

Oui, mais elle représente un monde séparé, fondé non plus sur la compétition, les marchés, les valeurs monétaires, mais sur le partage, la coopération, la proximité, le respect du vivant. Il s’agit tout d’abord de débrancher de la prise de la mondialisation, en se nourrissant sobrement. Ensuite, l’apprentissage de l’autonomie et de la coopération peut inspirer la mise en place d’autres biens, services, voire de systèmes monétaires locaux. Le partage créé l’abondance. Alors, les vents des marchés et de la finance peuvent passer au-dessus de ce monde sans impact.

À la veille des municipales, trouvez-vous que les Français sont demandeurs d’une telle transition?

Cela fait des années que nous suivons ces thématiques Et depuis quelques mois, nous avons constaté un véritable bond dans l’intérêt qu’elles suscitent. Deux thèmes reviennent en force dans quasiment tous les débats locaux en vue des municipales: l’environnement et l’alimentation.

Ces mêmes Français vous semblent-ils prêts à faire les sacrifices impliqués par l’autonomie alimentaire?

Toute transition conduit nécessairement à faire des choix. Retrouver le lien avec le sol et l’assiette demande de travailler davantage au profit du vivre ensemble que de la productivité. Et au départ, il y a certes un acte de courage, inhérent à la prise de conscience individuelle et collective de la nécessité d’un changement de cap. Mais les « sacrifices » demandés par le parcours de l’autonomie alimentaire ne sont pas si importants: on peut bien se passer de café ou de bananes… Il nous rend d’ailleurs en retour d’autres formes de confort, en dessinant des territoires où les gens ont envie de s’installer car la qualité de vie y est meilleure.

 Crise climatique : un coût  15.000 milliards de dollars d’ici 2050

D’après  étude  de WWF, d’ici 2050,si  rien n’est fait pour endiguer le déclin de la nature, la crise  pourrait se chiffrer à au moins 479 milliards de dollars par an en termes de PIB mondial, soit près de 15. 000 milliards d’ici à 2050. C’est ce que révèle cette étude menée dans 140 pays en collaboration avec les experts des universités américaines de Purdue et du Minnesota. Un travail de deux ans de recherche et de développement grâce à la contribution inédite de scientifiques, économistes et experts politiques du monde entier.

En revanche, des efforts ambitieux pour protéger et restaurer la nature amélioreront considérablement les résultats économiques. Il est encore possible d’inverser la tendance, avec une meilleure utilisation des terres et en préservant mieux les écosystèmes et la biodiversité», stipule le rapport. Les experts évaluent une augmentation du PIB mondial à 490 milliards de dollars par an si les États se tournent vers ces systèmes plus durables et conservent «les services écosystémiques des milieux naturels».

Les plus importantes pertes économiques – 327 milliards de dollars par an – seraient dues à l’érosion des côtes..

Les autres services fournis par la nature seront également durement impactés si rien n’est fait. Le rapport chiffre les pertes inhérentes à la déforestation à 128 milliards de dollars: avec des forêts réduites à peau de chagrin, c’est tout autant d’arbres qui n’aspirent pas de CO2 et ne joueront donc plus leur rôle naturel de réducteur de carbone. Les secteurs alimentaires et agricoles pourraient eux, connaître «des hausses de prix pour des produits comme le bois (+8%), le coton (6%), les graines oléagineuses (+4%) ou encore les fruits et les légumes (+3%)». Une montée des prix vertigineuse qui s’explique par la raréfaction de l’eau (quatre personnes sur dix en souffrent déjà dans le monde selon l’ONU), et la disparition des insectes pollinisateurs.

Transports gratuits: un champ d’expérimentation à suivre

 

Une véritable révolution en matière de transport au Luxembourg ( ailleurs aussi y compris dans quelques villes en France). . Ces derniers deviennent gratuits au Luxembourg pour le train le bus ou le tram. L’objectif est d’opérer un transfert modal significatif. Les transports collectifs sont en effet moins utilisé qu’ailleurs par exemple à Paris où 70 à 80 % des déplacements domicile travail sont effectuées via  les transports publics. Cette mesure sera à suivre de près car il y a aujourd’hui deux camps assez opposés en matière de développement des transports publics. Ceux qui prétendent qu’il convient de maintenir une tarification ne serait-ce que pour que l’usager prenne conscience du coût en tout cas d’une partie et ceux  qui sont pour une mesure plus radicale de gratuité. De toute manière,  il y a forcément un cou qui d’ailleurs est très peu couvert par l’usager puisqu’une grande partie est supportée par l’impôt notamment local. Il y a aussi le coup de perception de la tarification qui quelquefois est proche du prix payé par le voyageur.

Quelque 40 % des ménages utilisent les transports publics au Luxembourg et la gratuité, vantée par le gouvernement comme « une mesure sociale », représentera une économie estimée à environ 100 euros en moyenne par foyer et par an.

 

Pour le ministre chargé de la mobilité, l’écologiste François Bausch, « il faut vraiment changer le système »« Partout dans le monde, on doit faire le même constat : la mobilité, telle qu’elle est organisée aujourd’hui, est un échec : des embouteillages partout, l’espace urbain ne fonctionne plus, au niveau rural les gens sont délaissés », a-t-il expliqué samedi à l’AFP. Les embouteillages sont fréquents dans ce petit pays prospère de 610 000 habitants où la voiture est reine. Quelque 47 % des déplacements professionnels y sont effectués par ce moyen.

Le bus n’est utilisé que pour 32 % des déplacements pour se rendre au travail, devant le train (19 %). A titre de comparaison, à Paris, près de 70 % des travailleurs empruntent les transports publics.

Quelque 200 000 transfrontaliers rejoignent, en outre, quotidiennement le Luxembourg pour y travailler, dont 100 000 en provenance du Grand-Est. Les frontaliers représentent près d’un salarié sur deux. Tout comme la population résidente, ils utilisent majoritairement la voiture.

Programmes des municipales: déplacer les villes à la campagne ?

Programmes des   municipales:  déplacer les villes à la  campagne ?

Les programmes municipaux des grandes villes sont pleins de promesses de plantation massive d’arbres. On  envisage même de créer de véritables forêts ou encore de faire pousser des légumes sur  les balcons. Bref,  une sorte de déménagement des villes à la campagne. De quoi évacuer la problématique de l’urbanisme démentiel et de l’aménagement du territoire (qui ressemble de plus en plus un désert autour des villes).

La France est l’un des rares pays européens à disposer d’espace or le phénomène de concentration urbaine est aussi important qu’ailleurs. De l’ordre de 75 % de la population est concentrée dans ces villes inhumaines et coûteuses. Coûteuses pour la collectivité car il faut y installer des services publics, coûteuse pour les résidents contraints d’acheter la totalité des produits et services qui leur sont nécessaires. C’est la marchandisation généralisée chère à la plupart des économistes qui vantent ainsi cette croissance urbaine endogène. En fait,  un espace où tout se vend et tout s’achète. La solution serait de mettre les villes à la campagne avait suggéré l’humoriste Alphonse Allais !

D’après Jean-Christophe Brisard, auteur du livre Irrespirable, le scandale de la qualité de l’air en France la qualité de l’air affecterait l’espérance de vie de 15 mois dans les villes mais aussi de neuf mois dans les campagnes. Le risque dans les campagnes dépend de la proximité avec des rotations utilisant plus ou moins de produits chimiques notamment des pesticides.  Les problèmes de qualité de l’air sont souvent liés à la proximité géographique des sources d’émissions. Autrement dit, on n’est pas pollué ni exposé aux polluants atmosphériques, surtout les micro-particules et les HAP,  identiquement selon où l’on vit.

Ceci étant les  grandes villes françaises sont plus polluées que les campagnes et  la situation est-elle meilleure dans les campagnes. Une étude de l’ADEME  sur la pollution en zone rurale montre que globalement la situation est satisfaisante quand même :

  • les polluants réglementés, les PM10, les PM2,5, le benzopyrène cancérigène, et les métaux lourds ont des concentrations en -dessous des valeurs-limites fixées par l’Union européenne.
  • Ces fortes émissions sont causées par la combustion du bois, c’est-à-dire par le chauffage domestique au bois et le brûlage des déchets verts (par les particuliers ou les artisans).

On peut expliquer les variations des émissions de polluants et de la qualité de l’air par l’impact de la biomasse sur le territoire. En fait, la filière bois est aujourd’hui la principale source de biomasse consommée en France. Donc, l’utilisation de la biomasse, la combustion du bois pour le chauffage, a un fort impact sur le plan national : en effet 21 % des émissions totales de particules PM10, 34 % des PM2.5 et 66 % des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont causés par la biomasse) L’Ademe recommande donc aux municipalités de mettre en place des programmes d’action adaptés afin d’y améliorer la qualité de l’air. Et rappelle aux particuliers que le brûlage des déchets à l’air libre est interdit en France depuis la circulaire du 18 novembre 2011. Dans les villes, le dérèglement de la biodiversité et la concentration des émissions polluantes génère notamment des pics de pollution particulièrement dangereux pour la santé. Les principaux polluants : Les polluants primaires sont directement issus des sources de pollution (trafic routier, industries, chauffage, agriculture…).

Il s’agit par exemple :

  • Des oxydes de carbone.
  • Des oxydes de soufre.
  • Des oxydes d’azote.
  • Des hydrocarbures légers.
  • Des composés organiques volatils (COV).
  • Des particules (PM10 et PM2.5).
  • Des métaux (plomb, mercure, cadmium…).

En revanche, les polluants secondaires ne sont pas directement rejetés dans l’atmosphère mais proviennent de réactions chimiques de gaz entre eux. C’est le cas notamment :

  • Des particules secondaires.
  • De l’ozone.
  • Du dioxyde d’azote…

L’ozone (O3) résulte ainsi de la transformation chimique de l’oxygène au contact d’oxydes d’azote et d’hydrocarbures, en présence de rayonnement ultra-violet solaire et d’une température élevée. L’ozone ainsi que d’autres polluants photochimiques (les PAN ou nitrates de peroxyacétyle, aldéhydes, cétones…) constituent le smog, ce nuage brunâtre qui stagne parfois au-dessus des grandes villes comme Paris.

Certains polluants comme le dioxyde d’azote et les particules sont à la fois des polluants primaires et secondaires.

 

Pour résoudre cette pollution, il serait possible de procéder à un aménagement du territoire plus harmonieux avec des villes moins monstrueuses ce qui permettrait au passage d’éviter la désertification de nombre de territoires. Au lieu de promettre des arbres, des plantations en terrasses et balcons, voire des forêts, on ferait bien de s’interroger sur notre conception de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire qui fait que près de 80 % de la population est concentrée dans les mêmes espaces saturés à tous les  points  de vue

Promesses électorales aux municipales: déplacer les villes à la campagne ?

Promesses électorales aux municipales:  déplacer les villes à la  campagne ?

Les programmes municipaux des grandes villes sont pleins de promesses de plantation massive d’arbres. On  envisage même de créer de véritables forêts ou encore de faire pousser des légumes sur  les balcons. Bref,  une sorte de déménagement des villes à la campagne. De quoi évacuer la problématique de l’urbanisme démentiel et de l’aménagement du territoire (qui ressemble de plus en plus un désert autour des villes).

La France est l’un des rares pays européens à disposer d’espace or le phénomène de concentration urbaine est aussi important qu’ailleurs. De l’ordre de 75 % de la population est concentrée dans ces villes inhumaines et coûteuses. Coûteuses pour la collectivité car il faut y installer des services publics, coûteuse pour les résidents contraints d’acheter la totalité des produits et services qui leur sont nécessaires. C’est la marchandisation généralisée chère à la plupart des économistes qui vantent ainsi cette croissance urbaine endogène. En fait,  un espace où tout se vend et tout s’achète. La solution serait de mettre les villes à la campagne avait suggéré l’humoriste Alphonse Allais !

D’après Jean-Christophe Brisard, auteur du livre Irrespirable, le scandale de la qualité de l’air en France la qualité de l’air affecterait l’espérance de vie de 15 mois dans les villes mais aussi de neuf mois dans les campagnes. Le risque dans les campagnes dépend de la proximité avec des rotations utilisant plus ou moins de produits chimiques notamment des pesticides.  Les problèmes de qualité de l’air sont souvent liés à la proximité géographique des sources d’émissions. Autrement dit, on n’est pas pollué ni exposé aux polluants atmosphériques, surtout les micro-particules et les HAP,  identiquement selon où l’on vit.

Ceci étant les  grandes villes françaises sont plus polluées que les campagnes et  la situation est-elle meilleure dans les campagnes. Une étude de l’ADEME  sur la pollution en zone rurale montre que globalement la situation est satisfaisante quand m^me :

  • les polluants réglementés, les PM10, les PM2,5, le benzopyrène cancérigène, et les métaux lourds ont des concentrations en -dessous des valeurs-limites fixées par l’Union européenne.
  • Ces fortes émissions sont causées par la combustion du bois, c’est-à-dire par le chauffage domestique au bois et le brûlage des déchets verts (par les particuliers ou les artisans).

On peut expliquer les variations des émissions de polluants et de la qualité de l’air par l’impact de la biomasse sur le territoire. En fait, la filière bois est aujourd’hui la principale source de biomasse consommée en France. Donc, l’utilisation de la biomasse, la combustion du bois pour le chauffage, a un fort impact sur le plan national : en effet 21 % des émissions totales de particules PM10, 34 % des PM2.5 et 66 % des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont causés par la biomasse) L’Ademe recommande donc aux municipalités de mettre en place des programmes d’action adaptés afin d’y améliorer la qualité de l’air. Et rappelle aux particuliers que le brûlage des déchets à l’air libre est interdit en France depuis la circulaire du 18 novembre 2011. Dans les villes, le dérèglement de la biodiversité et la concentration des émissions polluantes génère notamment des pics de pollution particulièrement dangereux pour la santé. Les principaux polluants : Les polluants primaires sont directement issus des sources de pollution (trafic routier, industries, chauffage, agriculture…).

Il s’agit par exemple :

  • Des oxydes de carbone.
  • Des oxydes de soufre.
  • Des oxydes d’azote.
  • Des hydrocarbures légers.
  • Des composés organiques volatils (COV).
  • Des particules (PM10 et PM2.5).
  • Des métaux (plomb, mercure, cadmium…).

En revanche, les polluants secondaires ne sont pas directement rejetés dans l’atmosphère mais proviennent de réactions chimiques de gaz entre eux. C’est le cas notamment :

  • Des particules secondaires.
  • De l’ozone.
  • Du dioxyde d’azote…

L’ozone (O3) résulte ainsi de la transformation chimique de l’oxygène au contact d’oxydes d’azote et d’hydrocarbures, en présence de rayonnement ultra-violet solaire et d’une température élevée. L’ozone ainsi que d’autres polluants photochimiques (les PAN ou nitrates de peroxyacétyle, aldéhydes, cétones…) constituent le smog, ce nuage brunâtre qui stagne parfois au-dessus des grandes villes comme Paris.

Certains polluants comme le dioxyde d’azote et les particules sont à la fois des polluants primaires et secondaires.

 

Pour résoudre cette pollution, il serait possible de procéder à un aménagement du territoire plus harmonieux avec des villes moins monstrueuses ce qui permettrait au passage d’éviter la désertification de nombre de territoires. Au lieu de promettre des arbres, des plantations en terrasses et balcons, voire des forêts, on ferait bien de s’interroger sur notre conception de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire qui fait que près de 80 % de la population est concentrée dans les mêmes espaces saturés à tous les  points  de vue

 

Perspective ou utopie: L’autonomie alimentaire des villes ?

Perspective ou utopie: L’autonomie alimentaire des villes ?

 

Une interview intéressante de  l’urbaniste Sabine Becker et le chercheur François Rouillay à l’occasion de la sortie de leur livre publié le 11 février intitulé « En route pour l’autonomie alimentaire ». Cependant, le  concept d’agriculture urbaine qu’ils prônent semblent faire l’impasse sur  l’existence des campagnes qui comme les villes structurent notre pays. On ne saurait réduire l’aménagement du territoire aux seules zones fortement agglomérées même entourées  de jardins supposés nourrir la population. Une vision assez réductrice voire caricaturale  de l’aménagement du territoire. Un concept d’agriculture urbaine d’abord utopique ensuite qui légitime une vision concentrationnaire d’un aménagement du territoire sous domination des villes. Une vision assez écolo bobo.  ( Interview dans la tribune)

 

 

La notion d’autonomie alimentaire, à laquelle vous consacrez votre livre, est de plus en plus souvent évoquée dans le débat public autour de l’alimentation. Qu’est-ce qu’elle désigne?

 

SABINE BECKER et FRANÇOIS ROUILLAY - Liée à la nécessité d’une alimentation respectueuse du vivant, l’autonomie alimentaire renvoie à la perspective d’une « terre d’avenir » sur le territoire: c’est-à-dire d’une terre vivante en capacité de nourrir et maintenir en bonne santé ses enfants. Trois idées sont donc imbriquées dans cette notion: le respect du sol et de la biodiversité, le maintien de la santé, et une alimentation nécessairement locale.

Elle vise à restaurer le lien entre producteurs et mangeurs, qui aujourd’hui est coupé à deux endroits. Les producteurs sont en effet exposés à une concurrence mondialisée. Leurs produits voyagent des centaines, voire des milliers, de kilomètres avant d’atteindre les mangeurs, et sont parfois massivement gaspillés. Les producteurs ne voient donc plus la nourriture au travers du territoire et de leurs habitants, mais des comptes d’exploitation et des marchés. Les consommateurs pour leur part regardent la nourriture par le biais de la publicité, du temps pressé, de leur four à micro-ondes… Ils ne prennent plus le temps de travailler des produits bruts et de rencontrer les producteurs. Ils cherchent une facilité nutritive accentuée par les colorants, les exhausteurs de goût. Il faut donc un changement de regard pour induire un changement de comportement.

 

Quelle est justement l’utilité politique – en entendant le mot « politique » au sens large – de cette notion d’autonomie alimentaire?

Elle peut notamment permettre de transformer positivement les politiques d’aménagement du territoire. Pendant les 50 dernières années, l’étalement urbain a eu lieu au mépris du respect des zones de production de nourriture autour des villes. Les villes, qui auparavant étaient autosuffisantes, dépendent désormais de la chaîne alimentaire mondialisée pour se nourrir. Elles ne disposent plus que de trois jours de stock d’aliments en moyenne. Mais les risques de rupture de cette chaîne mondialisée sont divers: incendies, inondations, conflits sociaux, maladies… On peut donc affirmer que les villes sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire.

Les maires des communes ont ainsi la responsabilité politique de prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire de leurs villes, pour en garantir la résilience en cas de rupture de la chaîne alimentaire, en créant, à côté des zones d’activité économique ou commerciale, des zones d’activité nourricière. Ils n’ont d’ailleurs besoin d’aucune autorisation pour faire cela. Ils peuvent acquérir des terres, comme l’a fait à Val-de-Reuil la Communauté d’agglomération Seine-Eure, afin de développer une agriculture biologique sur 110 hectares situés sur le périmètre de protection de captage de sa ressource en eau. La collectivité a même transformé un ancien bâtiment industriel, de 10.000 mètres carrés, en « pôle alimentaire », où les producteurs commercialisent leurs produits, les conditionnent, partagent des outils agricoles, organisent des cours de cuisine… En un an, cela a permis de recréer les 59 emplois détruits à cause de la fermeture de l’ancienne usine.

 

Tout repose donc sur les épaules des maires?

S’alimenter est l’affaire de tous. La partie se joue donc à quatre: l’apprentissage et l’organisation des 21 actions que nous suggérons dans notre livre réunissent élus locaux, monde économique, paysans et habitants. L’association Réseau Cocagne a par exemple créé 102 fermes biologiques d’insertion et 6 structures agroalimentaires autour de la France. Elles emploient plus de 5.600 personnes et génèrent 16,3 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels par la seule vente de légumes. A Amiens et Bayonne, les habitants retournent le gazon des HLM pour y construire des potagers.

La transition alimentaire implique d’ailleurs la transition agricole. Et dans cette transition les paysans, qui aujourd’hui vivent une crise terrible, doivent être accompagnés. Les structures de maraîchage du futur seront participatives et écologiques. C’est déjà le cas au Québec, ou des communautés de communes achètent des terres et y emploient des formateurs qui apprennent aux enfants, aux personnes en insertion, aux citoyens, à cultiver, conserver et cuisiner les produits.

Mais l’agriculture urbaine peut-elle vraiment nourrir les villes dans un monde de plus en plus urbanisé et où la population ne cesse de croître?

Afin d’assurer l’autonomie alimentaire des villes il faut inclure le territoire autour, celui compris dans un rayon permettant de les approvisionner en une heure. Et déjà aujourd’hui, 75% de la production agricole mondiale vient de petites exploitations.

Mais le développement de nouvelles techniques de régénération végétale permet désormais d’augmenter significativement la productivité de l’agriculture urbaine, et donc de mener des expériences de production intéressantes sur de petites surfaces, de mettre à profit les interstices cultivables. Des chercheurs à Rennes ont ainsi constaté que l’agriculture urbaine peut apporter beaucoup à l’autonomie alimentaire des villes, en permettant de réduire le périmètre d’approvisionnement. Sans compter ses autres atouts: l’éducation, la réduction des pollutions, la régénération des sols.

Cette autonomie alimentaire peut-elle coexister avec une économie mondialisée?

Oui, mais elle représente un monde séparé, fondé non plus sur la compétition, les marchés, les valeurs monétaires, mais sur le partage, la coopération, la proximité, le respect du vivant. Il s’agit tout d’abord de débrancher de la prise de la mondialisation, en se nourrissant sobrement. Ensuite, l’apprentissage de l’autonomie et de la coopération peut inspirer la mise en place d’autres biens, services, voire de systèmes monétaires locaux. Le partage créé l’abondance. Alors, les vents des marchés et de la finance peuvent passer au-dessus de ce monde sans impact.

À la veille des municipales, trouvez-vous que les Français sont demandeurs d’une telle transition?

Cela fait des années que nous suivons ces thématiques Et depuis quelques mois, nous avons constaté un véritable bond dans l’intérêt qu’elles suscitent. Deux thèmes reviennent en force dans quasiment tous les débats locaux en vue des municipales: l’environnement et l’alimentation.

Ces mêmes Français vous semblent-ils prêts à faire les sacrifices impliqués par l’autonomie alimentaire?

Toute transition conduit nécessairement à faire des choix. Retrouver le lien avec le sol et l’assiette demande de travailler davantage au profit du vivre ensemble que de la productivité. Et au départ, il y a certes un acte de courage, inhérent à la prise de conscience individuelle et collective de la nécessité d’un changement de cap. Mais les « sacrifices » demandés par le parcours de l’autonomie alimentaire ne sont pas si importants: on peut bien se passer de café ou de bananes… Il nous rend d’ailleurs en retour d’autres formes de confort, en dessinant des territoires où les gens ont envie de s’installer car la qualité de vie y est meilleure.

 Crise climatique : un coût  15.000 milliards de dollars d’ici 2050

D’après  étude  de WWF, d’ici 2050,si  rien n’est fait pour endiguer le déclin de la nature, la crise  pourrait se chiffrer à au moins 479 milliards de dollars par an en termes de PIB mondial, soit près de 15. 000 milliards d’ici à 2050. C’est ce que révèle cette étude menée dans 140 pays en collaboration avec les experts des universités américaines de Purdue et du Minnesota. Un travail de deux ans de recherche et de développement grâce à la contribution inédite de scientifiques, économistes et experts politiques du monde entier.

En revanche, des efforts ambitieux pour protéger et restaurer la nature amélioreront considérablement les résultats économiques. Il est encore possible d’inverser la tendance, avec une meilleure utilisation des terres et en préservant mieux les écosystèmes et la biodiversité», stipule le rapport. Les experts évaluent une augmentation du PIB mondial à 490 milliards de dollars par an si les États se tournent vers ces systèmes plus durables et conservent «les services écosystémiques des milieux naturels».

Les plus importantes pertes économiques – 327 milliards de dollars par an – seraient dues à l’érosion des côtes..

Les autres services fournis par la nature seront également durement impactés si rien n’est fait. Le rapport chiffre les pertes inhérentes à la déforestation à 128 milliards de dollars: avec des forêts réduites à peau de chagrin, c’est tout autant d’arbres qui n’aspirent pas de CO2 et ne joueront donc plus leur rôle naturel de réducteur de carbone. Les secteurs alimentaires et agricoles pourraient eux, connaître «des hausses de prix pour des produits comme le bois (+8%), le coton (6%), les graines oléagineuses (+4%) ou encore les fruits et les légumes (+3%)». Une montée des prix vertigineuse qui s’explique par la raréfaction de l’eau (quatre personnes sur dix en souffrent déjà dans le monde selon l’ONU), et la disparition des insectes pollinisateurs.

«Clause Zéro Kérosène» au service du localisme dans les villes?

«Clause Zéro Kérosène» au service du localisme dans les villes?

 

La clause zéro kérosène envisagée par certains maires vise évidemment à mettre fin au scandale des productions notamment de produits frais qui font des milliers de kilomètres avant d’atteindre les assiettes françaises ( notons qu’elle aurait aussi des répercussions en sens inverse pour les exportations). Vincent You , adjoint au Maire d’Angoulême propose d’assurer la promotion du localisme dans un papier du Figaro. Une clause zéro kérosène qui pourrait être appliquée à d’autres produits destinés par exemple aux équipements publics. La Clause Zéro Kérosène ne va pas, toute seule, sauver notre agriculture. Le problème cependant c’est qu’il y a quand même des contradictions entre des préoccupations environnementales qui voudraient favoriser le localisme et certains aspects du droit commercial. Sans parler des mesures de rétorsion qu’appliqueraient certains pays vis-à-vis de marchandises exportées de France. Le localisme  de ce point de vue ne pourrait sans doute pas résoudre tous les problèmes liés aux énormes gaspillages de transport et de logistique mais sa promotion au moins partielle  serait de nature à influencer la structure complètement éclatée des processus de production et de distribution.. Nous pouvons dire que nous refusons que des haricots du Canada ou du Kenya, sitôt cueillis soient servis dans les assiettes de nos petits pour accompagner les viandes brésiliennes! Trop souvent, les élus municipaux se focalisent sur le bio, sans veiller à la provenance des denrées, question pourtant beaucoup plus fondamentale au plan écologique.

La Clause Zéro Kérosène consiste à remettre la distance à distance. Elle pose les bases d’une forme d’écologie qui donne un avantage comparatif à la production locale. Et tant mieux pour les gourmands: les meilleurs fruits et légumes ont été cueillis peu de temps avant d’être consommés. Vouloir réveiller le sens du goût chez nos enfants, c’est donc veiller à les nourrir avec des produits frais. C’est choisir de leur servir des denrées qui n’ont pas pris le bateau pendant deux ou trois semaines pour traverser un océan. En interdisant l’avion, au titre de la lutte contre les gaz à effet de serre, on peut donc associer une volonté de privilégier des produits gustatifs qui viennent d’être cueillis et, donc, qui viennent d’à côté!

Pénaliser les transports qui utilisent le kérosène est une étape symbolique. Elle consiste à dire que la COP21 doit cesser d’être en contradiction avec notre droit. Elle consiste à souligner la nécessité de revoir le droit de nos marchés publics pour enfin y intégrer un indice carbone qui intègre le cycle de vie des produits.

Angoulême peut se réjouir d’avoir porté la Clause Molière qui a permis de considérablement freiner l’essor du travail détaché au détriment de l’emploi local, en assurant la sécurité de tous les ouvriers. Avec la Clause Zéro Kérosène nous avons ouvert un nouveau chemin. Là où ils sont, les élus qui le décident peuvent réintroduire la distance dans l’économie mondiale. Tout n’est pas à notre porte. Traverser un océan ne met pas douze heures, mais une à trois semaines. Choisir un produit de saison, vouloir le servir frais et en pleine maturité, implique d’acheter à proximité.

 

Utopie: L’autonomie alimentaire des villes ?

Utopie: L’autonomie alimentaire des villes ?

 

Une interview intéressante de  l’urbaniste Sabine Becker et le chercheur François Rouillay à l’occasion de la sortie de leur livre publié le 11 février intitulé « En route pour l’autonomie alimentaire ». Cependant, le  concept d’agriculture urbaine qu’ils prônent semblent faire l’impasse sur  l’existence des campagnes qui comme les villes structurent notre pays. On ne saurait réduire l’aménagement du territoire aux seules zones fortement agglomérées même entourées  de jardins supposés nourrir la population. Une vision assez réductrice voire caricaturale  de l’aménagement du territoire. Un concept d’agriculture urbaine d’abord utopique ensuite qui légitime une vision concentrationnaire d’un aménagement du territoire sous domination des villes. Une vision assez écolo bobo.  ( Interview dans la tribune)

 

 

La notion d’autonomie alimentaire, à laquelle vous consacrez votre livre, est de plus en plus souvent évoquée dans le débat public autour de l’alimentation. Qu’est-ce qu’elle désigne?

 

SABINE BECKER et FRANÇOIS ROUILLAY - Liée à la nécessité d’une alimentation respectueuse du vivant, l’autonomie alimentaire renvoie à la perspective d’une « terre d’avenir » sur le territoire: c’est-à-dire d’une terre vivante en capacité de nourrir et maintenir en bonne santé ses enfants. Trois idées sont donc imbriquées dans cette notion: le respect du sol et de la biodiversité, le maintien de la santé, et une alimentation nécessairement locale.

Elle vise à restaurer le lien entre producteurs et mangeurs, qui aujourd’hui est coupé à deux endroits. Les producteurs sont en effet exposés à une concurrence mondialisée. Leurs produits voyagent des centaines, voire des milliers, de kilomètres avant d’atteindre les mangeurs, et sont parfois massivement gaspillés. Les producteurs ne voient donc plus la nourriture au travers du territoire et de leurs habitants, mais des comptes d’exploitation et des marchés. Les consommateurs pour leur part regardent la nourriture par le biais de la publicité, du temps pressé, de leur four à micro-ondes… Ils ne prennent plus le temps de travailler des produits bruts et de rencontrer les producteurs. Ils cherchent une facilité nutritive accentuée par les colorants, les exhausteurs de goût. Il faut donc un changement de regard pour induire un changement de comportement.

 

Quelle est justement l’utilité politique – en entendant le mot « politique » au sens large – de cette notion d’autonomie alimentaire?

Elle peut notamment permettre de transformer positivement les politiques d’aménagement du territoire. Pendant les 50 dernières années, l’étalement urbain a eu lieu au mépris du respect des zones de production de nourriture autour des villes. Les villes, qui auparavant étaient autosuffisantes, dépendent désormais de la chaîne alimentaire mondialisée pour se nourrir. Elles ne disposent plus que de trois jours de stock d’aliments en moyenne. Mais les risques de rupture de cette chaîne mondialisée sont divers: incendies, inondations, conflits sociaux, maladies… On peut donc affirmer que les villes sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire.

Les maires des communes ont ainsi la responsabilité politique de prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire de leurs villes, pour en garantir la résilience en cas de rupture de la chaîne alimentaire, en créant, à côté des zones d’activité économique ou commerciale, des zones d’activité nourricière. Ils n’ont d’ailleurs besoin d’aucune autorisation pour faire cela. Ils peuvent acquérir des terres, comme l’a fait à Val-de-Reuil la Communauté d’agglomération Seine-Eure, afin de développer une agriculture biologique sur 110 hectares situés sur le périmètre de protection de captage de sa ressource en eau. La collectivité a même transformé un ancien bâtiment industriel, de 10.000 mètres carrés, en « pôle alimentaire », où les producteurs commercialisent leurs produits, les conditionnent, partagent des outils agricoles, organisent des cours de cuisine… En un an, cela a permis de recréer les 59 emplois détruits à cause de la fermeture de l’ancienne usine.

 

Tout repose donc sur les épaules des maires?

S’alimenter est l’affaire de tous. La partie se joue donc à quatre: l’apprentissage et l’organisation des 21 actions que nous suggérons dans notre livre réunissent élus locaux, monde économique, paysans et habitants. L’association Réseau Cocagne a par exemple créé 102 fermes biologiques d’insertion et 6 structures agroalimentaires autour de la France. Elles emploient plus de 5.600 personnes et génèrent 16,3 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels par la seule vente de légumes. A Amiens et Bayonne, les habitants retournent le gazon des HLM pour y construire des potagers.

La transition alimentaire implique d’ailleurs la transition agricole. Et dans cette transition les paysans, qui aujourd’hui vivent une crise terrible, doivent être accompagnés. Les structures de maraîchage du futur seront participatives et écologiques. C’est déjà le cas au Québec, ou des communautés de communes achètent des terres et y emploient des formateurs qui apprennent aux enfants, aux personnes en insertion, aux citoyens, à cultiver, conserver et cuisiner les produits.

Mais l’agriculture urbaine peut-elle vraiment nourrir les villes dans un monde de plus en plus urbanisé et où la population ne cesse de croître?

Afin d’assurer l’autonomie alimentaire des villes il faut inclure le territoire autour, celui compris dans un rayon permettant de les approvisionner en une heure. Et déjà aujourd’hui, 75% de la production agricole mondiale vient de petites exploitations.

Mais le développement de nouvelles techniques de régénération végétale permet désormais d’augmenter significativement la productivité de l’agriculture urbaine, et donc de mener des expériences de production intéressantes sur de petites surfaces, de mettre à profit les interstices cultivables. Des chercheurs à Rennes ont ainsi constaté que l’agriculture urbaine peut apporter beaucoup à l’autonomie alimentaire des villes, en permettant de réduire le périmètre d’approvisionnement. Sans compter ses autres atouts: l’éducation, la réduction des pollutions, la régénération des sols.

Cette autonomie alimentaire peut-elle coexister avec une économie mondialisée?

Oui, mais elle représente un monde séparé, fondé non plus sur la compétition, les marchés, les valeurs monétaires, mais sur le partage, la coopération, la proximité, le respect du vivant. Il s’agit tout d’abord de débrancher de la prise de la mondialisation, en se nourrissant sobrement. Ensuite, l’apprentissage de l’autonomie et de la coopération peut inspirer la mise en place d’autres biens, services, voire de systèmes monétaires locaux. Le partage créé l’abondance. Alors, les vents des marchés et de la finance peuvent passer au-dessus de ce monde sans impact.

À la veille des municipales, trouvez-vous que les Français sont demandeurs d’une telle transition?

Cela fait des années que nous suivons ces thématiques Et depuis quelques mois, nous avons constaté un véritable bond dans l’intérêt qu’elles suscitent. Deux thèmes reviennent en force dans quasiment tous les débats locaux en vue des municipales: l’environnement et l’alimentation.

Ces mêmes Français vous semblent-ils prêts à faire les sacrifices impliqués par l’autonomie alimentaire?

Toute transition conduit nécessairement à faire des choix. Retrouver le lien avec le sol et l’assiette demande de travailler davantage au profit du vivre ensemble que de la productivité. Et au départ, il y a certes un acte de courage, inhérent à la prise de conscience individuelle et collective de la nécessité d’un changement de cap. Mais les « sacrifices » demandés par le parcours de l’autonomie alimentaire ne sont pas si importants: on peut bien se passer de café ou de bananes… Il nous rend d’ailleurs en retour d’autres formes de confort, en dessinant des territoires où les gens ont envie de s’installer car la qualité de vie y est meilleure.

L’autonomie alimentaire des villes ?

L’autonomie alimentaire des villes ?

 

Une interview intéressante de  l’urbaniste Sabine Becker et le chercheur François Rouillay à l’occasion de la sortie de leur livre publié le 11 février intitulé « En route pour l’autonomie alimentaire ». Cependant le  concept d’agriculture urbaine qu’ils prônent semblent faire l’impasse sur  l’existence des campagnes qui comme les villes structurent notre pays. On ne saurait réduire l’aménagement du territoire aux seules zones fortement agglomérées même entourées  de jardins supposés nourrir la population. Une vision assez réductrice voire caricaturale  de l’aménagement du territoire. Un concept d’agriculture urbaine d’abord utopique ensuite qui légitime une vision concentrationnaire d’un aménagement du territoire sous domination des villes. Une vision assez écolo bobo.  ( Interview dans la tribune)

 

 

La notion d’autonomie alimentaire, à laquelle vous consacrez votre livre, est de plus en plus souvent évoquée dans le débat public autour de l’alimentation. Qu’est-ce qu’elle désigne?

 

SABINE BECKER et FRANÇOIS ROUILLAY - Liée à la nécessité d’une alimentation respectueuse du vivant, l’autonomie alimentaire renvoie à la perspective d’une « terre d’avenir » sur le territoire: c’est-à-dire d’une terre vivante en capacité de nourrir et maintenir en bonne santé ses enfants. Trois idées sont donc imbriquées dans cette notion: le respect du sol et de la biodiversité, le maintien de la santé, et une alimentation nécessairement locale.

Elle vise à restaurer le lien entre producteurs et mangeurs, qui aujourd’hui est coupé à deux endroits. Les producteurs sont en effet exposés à une concurrence mondialisée. Leurs produits voyagent des centaines, voire des milliers, de kilomètres avant d’atteindre les mangeurs, et sont parfois massivement gaspillés. Les producteurs ne voient donc plus la nourriture au travers du territoire et de leurs habitants, mais des comptes d’exploitation et des marchés. Les consommateurs pour leur part regardent la nourriture par le biais de la publicité, du temps pressé, de leur four à micro-ondes… Ils ne prennent plus le temps de travailler des produits bruts et de rencontrer les producteurs. Ils cherchent une facilité nutritive accentuée par les colorants, les exhausteurs de goût. Il faut donc un changement de regard pour induire un changement de comportement.

 

Quelle est justement l’utilité politique – en entendant le mot « politique » au sens large – de cette notion d’autonomie alimentaire?

Elle peut notamment permettre de transformer positivement les politiques d’aménagement du territoire. Pendant les 50 dernières années, l’étalement urbain a eu lieu au mépris du respect des zones de production de nourriture autour des villes. Les villes, qui auparavant étaient autosuffisantes, dépendent désormais de la chaîne alimentaire mondialisée pour se nourrir. Elles ne disposent plus que de trois jours de stock d’aliments en moyenne. Mais les risques de rupture de cette chaîne mondialisée sont divers: incendies, inondations, conflits sociaux, maladies… On peut donc affirmer que les villes sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire.

Les maires des communes ont ainsi la responsabilité politique de prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire de leurs villes, pour en garantir la résilience en cas de rupture de la chaîne alimentaire, en créant, à côté des zones d’activité économique ou commerciale, des zones d’activité nourricière. Ils n’ont d’ailleurs besoin d’aucune autorisation pour faire cela. Ils peuvent acquérir des terres, comme l’a fait à Val-de-Reuil la Communauté d’agglomération Seine-Eure, afin de développer une agriculture biologique sur 110 hectares situés sur le périmètre de protection de captage de sa ressource en eau. La collectivité a même transformé un ancien bâtiment industriel, de 10.000 mètres carrés, en « pôle alimentaire », où les producteurs commercialisent leurs produits, les conditionnent, partagent des outils agricoles, organisent des cours de cuisine… En un an, cela a permis de recréer les 59 emplois détruits à cause de la fermeture de l’ancienne usine.

 

Tout repose donc sur les épaules des maires?

S’alimenter est l’affaire de tous. La partie se joue donc à quatre: l’apprentissage et l’organisation des 21 actions que nous suggérons dans notre livre réunissent élus locaux, monde économique, paysans et habitants. L’association Réseau Cocagne a par exemple créé 102 fermes biologiques d’insertion et 6 structures agroalimentaires autour de la France. Elles emploient plus de 5.600 personnes et génèrent 16,3 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels par la seule vente de légumes. A Amiens et Bayonne, les habitants retournent le gazon des HLM pour y construire des potagers.

La transition alimentaire implique d’ailleurs la transition agricole. Et dans cette transition les paysans, qui aujourd’hui vivent une crise terrible, doivent être accompagnés. Les structures de maraîchage du futur seront participatives et écologiques. C’est déjà le cas au Québec, ou des communautés de communes achètent des terres et y emploient des formateurs qui apprennent aux enfants, aux personnes en insertion, aux citoyens, à cultiver, conserver et cuisiner les produits.

Mais l’agriculture urbaine peut-elle vraiment nourrir les villes dans un monde de plus en plus urbanisé et où la population ne cesse de croître?

Afin d’assurer l’autonomie alimentaire des villes il faut inclure le territoire autour, celui compris dans un rayon permettant de les approvisionner en une heure. Et déjà aujourd’hui, 75% de la production agricole mondiale vient de petites exploitations.

Mais le développement de nouvelles techniques de régénération végétale permet désormais d’augmenter significativement la productivité de l’agriculture urbaine, et donc de mener des expériences de production intéressantes sur de petites surfaces, de mettre à profit les interstices cultivables. Des chercheurs à Rennes ont ainsi constaté que l’agriculture urbaine peut apporter beaucoup à l’autonomie alimentaire des villes, en permettant de réduire le périmètre d’approvisionnement. Sans compter ses autres atouts: l’éducation, la réduction des pollutions, la régénération des sols.

Cette autonomie alimentaire peut-elle coexister avec une économie mondialisée?

Oui, mais elle représente un monde séparé, fondé non plus sur la compétition, les marchés, les valeurs monétaires, mais sur le partage, la coopération, la proximité, le respect du vivant. Il s’agit tout d’abord de débrancher de la prise de la mondialisation, en se nourrissant sobrement. Ensuite, l’apprentissage de l’autonomie et de la coopération peut inspirer la mise en place d’autres biens, services, voire de systèmes monétaires locaux. Le partage créé l’abondance. Alors, les vents des marchés et de la finance peuvent passer au-dessus de ce monde sans impact.

À la veille des municipales, trouvez-vous que les Français sont demandeurs d’une telle transition?

Cela fait des années que nous suivons ces thématiques Et depuis quelques mois, nous avons constaté un véritable bond dans l’intérêt qu’elles suscitent. Deux thèmes reviennent en force dans quasiment tous les débats locaux en vue des municipales: l’environnement et l’alimentation.

Ces mêmes Français vous semblent-ils prêts à faire les sacrifices impliqués par l’autonomie alimentaire?

Toute transition conduit nécessairement à faire des choix. Retrouver le lien avec le sol et l’assiette demande de travailler davantage au profit du vivre ensemble que de la productivité. Et au départ, il y a certes un acte de courage, inhérent à la prise de conscience individuelle et collective de la nécessité d’un changement de cap. Mais les « sacrifices » demandés par le parcours de l’autonomie alimentaire ne sont pas si importants: on peut bien se passer de café ou de bananes… Il nous rend d’ailleurs en retour d’autres formes de confort, en dessinant des territoires où les gens ont envie de s’installer car la qualité de vie y est meilleure.

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