Gel et vignoble français: le réchauffement évidemment
Des chercheurs constatent ce que les agriculteurs ont observé depuis des années à savoir que le réchauffement climatique favorise l’émergence de la végétation beaucoup trop tôt au printemps et que des périodes de froid qui suivent provoquent des gelées d’une végétation trop avancée.
Cela concerne beaucoup de production notamment les fruits et la vigne.
Ces gelées ont causé une perte estimée à un tiers de la production viticole française. Soit environ deux milliards d’euros de chiffre d’affaires pour la filière, selon le syndicat agricole FNSEA. Arboriculteurs et betteraviers avaient également été affectés et le gouvernement a débloqué un «fonds de solidarité exceptionnel» d’un milliard d’euros pour l’ensemble des agriculteurs touchés.
Des scientifiques du réseau international World Weather Attribution, qui s’est fait une spécialité d’analyser le lien possible entre un événement météo extrême précis et le réchauffement, ont planché sur cet épisode, qui avait suivi une période de grande douceur ayant favorisé le bourgeonnement des cultures. Ils ont analysé les données d’une zone couvrant notamment les vignobles de Bourgogne, Champagne et de la vallée de la Loire, passé également au crible plus d’une centaine de modélisations climatiques.
Résultat: le changement climatique a «augmenté d’environ 60%» la probabilité qu’un tel événement survienne en période de bourgeonnement, explique Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre et Simon Laplace de recherche en sciences de l’environnement, un des auteurs de l’étude. Et le phénomène risque de «s’amplifier dans le futur», puisqu’un réchauffement de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, soit l’objectif de réchauffement maximal de l’accord de Paris qui semble pour l’instant hors de portée, verrait «encore 40% d’augmentation de la probabilité de ce type d’événement», souligne le scientifique. Par rapport à il y a une cinquantaine d’années la température a modifiéle calendrier d’environ 15 jours. Conclusion la nature trop en avance est plus sensible au gel tardif.