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Finance verte: Un collectif pour une démarche davantage sociale

Finance verte: Un collectif pour une démarche davantage sociale

 

Le réseau d’acteurs de la finance durable de Paris Europlace, Finance for Tomorrow, a annoncé mercredi 30 juin la création d’une plateforme collaborative qui vise à promouvoir une «transition socialement acceptable vers des économies bas-carbone» dans l’Opinion

 

 

Finance for Tomorrow veut œuvrer pour une « transition juste ». Mercredi 30 juin, le réseau d’acteurs privés, publics et institutionnels de la Place de Paris, engagés dans la finance durable, a annoncé le lancement de sa coalition, « Investors for a Just Transition ». Une « première mondiale », qui réunit des gestionnaires et détenteurs d’actifs de l’écosystème financier français, et qui vise à promouvoir une « transition socialement acceptable vers des économies bas-carbone », précise le communiqué publié sur le site du réseau, et relayé par Les Echos.

Une ambition que les membres de la coalition comptent concrétiser en menant « des actions d’engagement auprès des entreprises » pour les inciter à développer des stratégies en faveur de la transition environnementale et intégrer de « meilleures pratiques dans différents secteurs ». La « question sociale », sans laquelle « la transition ne sera pas possible », sera ainsi au cœur des échanges entre les différentes parties prenantes de cette plateforme collaborative. « Le secteur financier a un rôle à jouer dans cette démarche en intégrant pleinement la dimension sociale dans ses politiques de financement », plaide Jean-Jacques Barbéris, vice-président de Finance for Tomorrow, cité dans le communiqué. D’autant plus dans ce contexte de crise économique et sociale, liée à la pandémie de Covid-19.

 

Finance for Tomorrow souligne par ailleurs que la Place financière de Paris a été « la première à définir la transition juste et à prendre position en faveur de son intégration dans les stratégies d’investissement ». Pour autant, si cet écosystème financier fait office de pionnier, le réseau rappelle que l’urgence de mettre en œuvre une transition socialement acceptable vers des économies bas-carbone reste une « problématique mondiale », qui nécessite les ressources et les actifs de tous les acteurs à l’international, « pour soutenir l’émergence de méthodologies, d’indicateurs et d’outils financiers autour de la transition juste ».

Parmi ses principaux champs d’action, la coalition permettra notamment de former un partenariat académique avec une université ou un institut de recherche français de premier plan, et de créer un « Hub Transition Juste », un outil interactif qui permettra aux investisseurs « d’évaluer la performance des entreprises sur l’aspect social de leur transition ».

Environnement- Electricité 100 % verte d’Engie: Une escroquerie

Environnement

Electricité 100 % verte d’Engie: Une escroquerie

A l’occasion du tournoi de tennis de Roland-Garros on voit resurgir le fameux slogan d’Engie qui promet une électricité 100 % verte. Observons que parallèlement EDF promet seulement 97 % d’électricité sans carbone. Pas seulement une promesse pour EDF mais une réalité car la plupart de l’électricité vient du nucléaire qui ne produit aucun carbone.

 

Engie  mais aussi bien d’autres fournisseurs promettent pourtant une électricité verte alors qu’en réalité ils utilisent tout le même réseau qui distribue exactement la même électricité pour les particuliers et même la plupart des entreprises. Pour donner une légitimité à la peinture verte d’Engie, cette dernière entreprise investit dans d’illusoires éoliennes dans la France profonde, soit directement, soit indirectement dans des sociétés écrans. Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi présentes dans le nucléaire, dans le gaz y compris celui bientôt en provenance de Russie.

Le concept d’électricité verte accessible à tous constitue une fumisterie. Les énergies alternatives au nucléaire n’occupent qu’une part très marginale. Et la production par exemple de certaines éoliennes est purement et simplement inutilisée mais quand même grassement rémunérée par le contribuable. Une aubaine pour les profiteurs locaux et l’entourage de certains conseils municipaux bien arrosés par les promoteurs d’éoliennes. De la même manière l’hydrogène verte constitue la même escroquerie car la filière ne pourra se développer de manière significative qu’avec les réserves de production d’électricité du nucléaire actuellement n’en utilisées.

Electricité 100 % verte d’Engie: Une escroquerie

Electricité 100 % verte d’Engie: Une escroquerie

A l’occasion du tournoi de tennis de Roland-Garros on voit resurgir le fameux slogan d’Engie qui promet une électricité 100 % verte. Observons que parallèlement EDF promet seulement 97 % d’électricité sans carbone. Pas seulement une promesse pour EDF mais une réalité car la plupart de l’électricité vient du nucléaire qui ne produit aucun carbone.

 

Engie  mais aussi bien d’autres fournisseurs promettent pourtant une électricité verte alors qu’en réalité ils utilisent tout le même réseau qui distribue exactement la même électricité pour les particuliers et même la plupart des entreprises. Pour donner une légitimité à la peinture verte d’Engie, cette dernière entreprise investit dans d’illusoires éoliennes dans la France profonde, soit directement, soit indirectement dans des sociétés écrans. Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi présentes dans le nucléaire, dans le gaz y compris celui bientôt en provenance de Russie.

Le concept d’électricité verte accessible à tous constitue une fumisterie. Les énergies alternatives au nucléaire n’occupent qu’une part très marginale. Et la production par exemple de certaines éoliennes est purement et simplement inutilisée mais quand même grassement rémunérée par le contribuable. Une aubaine pour les profiteurs locaux et l’entourage de certains conseils municipaux bien arrosés par les promoteurs d’éoliennes. De la même manière l’hydrogène verte constitue la même escroquerie car la filière ne pourra se développer de manière significative qu’avec les réserves de production d’électricité du nucléaire actuellement n’en utilisées.

Pour une relance verte aussi en Afrique

Pour une relance verte aussi en Afrique

 

L’expert Mohamed Adow et l’économiste Philippe Quirion rappellent que l’Afrique a besoin d’une relance verte, au moment où la France et les autres bailleurs s’apprêtent à desserrer les cordons de la bourse pour aider le continent à lutter contre le Covid-19.

 

Tribune.

 

Le 18 mai, plusieurs chefs d’Etat africains vont se réunir virtuellement autour du président français lors d’un « sommet sur le financement durable des économies africaines ». Si cet événement vise avant tout à répondre aux besoins des économies africaines durement touchées par la crise économique actuelle, il doit impérativement lier les enjeux de relance économique aux défis climatiques et environnementaux.

En mentionnant cet événement comme un enjeu de finance climatique lors du sommet des dirigeants sur le climat le 22 avril, Emmanuel Macron a illustré les liens existants entre dette et changement climatique. Les pays africains sont en effet en première ligne du changement climatique et subissent souvent de plein fouet des événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations…) qui affaiblissent leurs économies.

 

Ces pays souvent déjà massivement endettés, car le remboursement de leur dette accapare la majorité de leurs ressources, les empêchant de libérer des fonds pour répondre de manière adéquate aux besoins de leurs populations durement affectées par les impacts climatiques et de mettre en place les politiques sociales nécessaires.

Sans ressources suffisantes pour financer des initiatives d’adaptation au changement climatique, ces pays sont d’autant plus vulnérables aux chocs climatiques, qui les appauvrissent davantage, comme on l’a vu au Mozambique, où le cyclone Idai en mars 2019 a généré des dégâts équivalant à 12 % de son produit intérieur brut (PIB) national.

Pire encore, le risque élevé de catastrophes climatiques extrêmes augmente leur coût d’emprunt, ce qui limite encore leur accès à des ressources financières et aboutit, in fine, à les enfermer dans un véritable cercle vicieux.

Dans un tel contexte, répondre à la crise de la dette peut et doit avoir de véritables cobénéfices sociaux et environnementaux. Bien que bienvenue, la redistribution à titre charitable des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) qui pourraient s’élever à 650 milliards de dollars (536 milliards d’euros) et les mesures de suspension des paiements sont nettement insuffisantes.

Il est nécessaire de procéder à des annulations rapides et conséquentes de dettes souveraines, qui doivent s’étendre à tous les pays en développement confrontés à des situations intenables de surendettement. Plutôt que de s’engager dans une initiative unilatérale dont elle a trop souvent l’habitude, la France doit œuvrer pour promouvoir un mécanisme onusien, transparent, inclusif et équitable, de résolution des dettes, impliquant également les créanciers privés, pour mener une politique de restructuration des dettes à long terme.

Eric Piolle (EELV): son programme de France verte

Eric Piolle (EELV): son programme de France verte

 

Le maire de Grenoble d’Europe Ecologie les Verts candidat à la candidature pour les présidentielles expose son programme de France verte abordant y compris les questions industrielles (interview dans la Tribune)

 

ERIC PIOLLE – Il s’agit tout d’abord d’une plateforme collective, que l’on avait imaginée après une série de rencontres avec Camille Etienne à l’issue de l’anniversaire de la Cop 21. Celle-ci rassemble aujourd’hui près de 1.500 personnes et quelques centaines d’entre elles qui travaillent de manière très collective.

Nous venons en effet de déposer nos premières propositions à l’égard de la plateforme du projet écologiste, qui a été ouverte fin avril, jusqu’au 12 juin prochain.

Notre idée est de défendre le principe d’un référendum, avec le besoin de créer un choc démocratique tout de suite après l’élection, afin de déverrouiller l’avenir.

Pour autant, à travers ce site Une certaine idée de demain, qui affirme vouloir mobiliser « autour de la démarche collective impulsée par Eric Piolle », vous n’appelez pas à une véritable « révolution » ?

Il s’agit de sujets assez consensuels au fond, car l’idée n’est pas d’aller sur des sujets conflictuels, mais de profiter de la légitimité du président qui sera élu pour déverrouiller ce qui n’a pas été fait, c’est-à-dire l’adaptation de nos institutions.

A la fois pour sortir de la monarchie présidentielle et arrêter les nominations réalisées par le président, mais aussi pour supprimer les articles qui lui arrogent les pleins pouvoirs, ou encore pour permettre des élections à l’Assemblée nationale avec l’instauration de la proportionnelle, tout en conservant sa stabilité.

Il s’agissait de l’une des grandes revendications des gilets jaunes que de changer la donne, sans abuser de la légitimité des élections.

Peut-on en conclure qu’à travers ces premières propositions ainsi que ce site, qui réunit vos propres soutiens, vous êtes vous-même candidat à la primaire écologiste, comme beaucoup l’estimaient déjà ?

Je regarderai cela après les élections régionales, qui sont la première et la prochaine étape.

C’est pour cela que pour l’instant, je suis en déplacement chaque week-end, afin de soutenir les candidats écologistes, à la fois au sein des départements et des régions un peu partout en France, avec la même logique de cohérence et une détermination constante.

Prévoyez-vous de publier de nouvelles « contributions » à la plateforme écologiste d’ici juin prochain ?

Le fait d’avoir déjà déposé une centaine de propositions au sein d’Une certaine idée de demain pourrait nous permettre de faire émerger une dizaine de propositions à la plateforme écologiste, car chacun doit pouvoir contribuer au projet collectif.

Cette primaire visera avant tout à choisir le candidat écologiste, qui sera ensuite en charge de fédérer et de porter un projet politique qui suscite l’adhésion.

Tout le monde parle du risque de duel entre Macron et le Pen. Mais l’on oublie une chose : pour qu’un autre chemin aboutisse, il faudra également proposer un projet positif ainsi qu’une autre vision de la société, qui ne soit ni le monde ultralibéral de Macron, ni le monde de repli sur soi du Rassemblement national.

Au cours des dernières semaines, EELV semble désormais divisé entre deux tendances : celle de désigner son candidat à la primaire, puis de chercher le rassemblement de l’arc humaniste que vous appelez de vos vœux, ou bien celle de construire dès à présent ce rassemblement avec l’ensemble des forces de gauche -une méthode plutôt suivie par Yannick Jadot-?

Je ne crois pas qu’il existe réellement ces deux tendances, car la volonté est de dire que nous faisons un rassemblement. C’est le message général qui est porté, avec le terme d’arc humaniste qui est désormais effectivement repris, et qui mène à mon sens à une convergence positive. Mais cela ne doit pas changer le calendrier, il faut y aller étape par étape.

Il nous faut pour cela déjà réussir les élections régionales, qui peuvent réellement changer la vie quotidienne des Français, et choisir ensuite cette candidature écologiste, pour que le débat soit clair et incarné, avec méthode.

Cela veut dire que pour vous, on ne peut pas s’allier correctement avec les forces de gauche avant d’avoir un chef de file ?

Cela ne me semble pas possible si l’on souhaite une démarche sincère et efficace. Il faut prendre en compte les étapes et la dimension de rythme.

Vous êtes vous-même candidat aux élections régionales, en dernière position non éligible pour soutenir la candidate EELV Fabienne Grébert. Or, on voit qu’à moins de deux mois avant l’échéance, les sondages donnent toujours le président sortant LR Laurent Wauquiez très en avance sur l’ensemble des forces, dont EELV (qui serait en 4e position, après LR, le RN et LREM). Ne doit-on pas là aussi prôner l’arc humaniste dès à présent ?

Le mode de scrutin des régionales fait que l’on doit avoir un rassemblement, la question est de savoir s’il aura lieu au premier ou au second tour. Mais ce n’est pas une question sur le fond, le rassemblement devra se faire.

Ensuite, les sondages sont ce qu’ils sont : il ne faut pas oublier qu’aux dernières élections, on m’a moi-même donné en moyenne 10 points de moins que le score que nous avons finalement réalisé. C’est encore le cas en 2020 pour les municipales à Grenoble, tout comme à Lyon.

Nous sommes également dans une période tellement mouvante, qu’il faudra regarder les choses de plus près, lorsque les Français les Français sortiront le nez du Covid, avec la vaccination qui avance.

On voit bien dans les centres d’intérêts des Français que, si l’instrumentalisation autour des questions sanitaires fonctionne, la question environnementale demeure une préoccupation très haute, avec les enjeux climatiques et de justice sociale, qui ne vont faire que remonter à la surface au fil du temps.

Je ne m’attache donc pas aux sondages, il faut réaliser la compagne à fond, avec une démarche positive.

Laurent Wauquiez a, de son côté, promis des millions et des millions à tout le monde, avec un art de l’affichage qui est réel. Mais ce qui l’a mis en échec en 2019, à savoir sa ligne très dure, et sa volonté d’aller chasser sur les terres du Rassemblement National, n’a au fond pas changé.

Sur le terrain régional justement, le sujet des énergies renouvelables monte actuellement en AuRA : vous étiez vous-même ce samedi aux côtés des salariés d’EDF, contre la loi Hercule : que défendiez-vous sur ce dossier ?

Il s’agit d’un sujet essentiel puisque le monde de l’énergie vit des transformations très fortes, et pendant ces transformations, le président de la République choisi au contraire de privatiser ce qui est l’avenir des énergies renouvelables, et de conserver dans le giron public ce qui va précisément constituer une dette future colossale : à savoir la mise en sécurité de centrales, leur démantèlement, la gestion des déchets… Ce sont des centaines de milliards d’euros qui sont déjà chiffré, et ce chiffre est sans doute sous-estimé.

Nous nous battons pour que l’énergie de demain soit l’énergie des biens communs. Ce qui est intéressant, c’est d’avoir un rassemblement très large, qui comprenne à la fois les salariés, l’ensemble des syndicats, formations politiques, mouvements citoyens, gilets jaunes, O.N.G. environnementales…

Nous nous arrivons en fin de mandat avec une cascade d’agendas, mais aussi une légitimité politique qui est fragilisée : il y a matière à freiner ce projet.

Le dossier Hercule n’est pas le seul à agiter la scène iséroise en matière d’industrie : des dossiers comme FerropemPhotowatt et même General Electric se traduisent eux aussi par des fermetures et suppressions d’emplois envisagées…

On voit bien que sur ces trois dossiers, il existe cette volonté de démanteler et de privatiser l’avenir ainsi que le bien commun.

On est en ligne avec le projet d’Emmanuel Macron, qui expliquait dans son livre que son objectif était « d’adapter la France à la marche du monde ». Il s’agit d’une marche néolibérale et de compétition à tout-va, avec un affaiblissement des services publics de manière générale.

J’étais moi-même impliqué sur le dossier Photowatt en tant que conseiller régional il y a déjà 10 ans, et nous nous étions déjà mobilisés à l’époque afin de favoriser une reprise dans le périmètre d’Edf.

Mais force est de constater qu’Edf n’a rien fait de cette entreprise, n’a pas investi pour développer son capital, et ne rachète même pas ses propres panneaux… Cela montre la vacuité du double discours dans ce dossier.

Finalement, que faire pour conserver et développer cette filière ? Votre candidature aux régionales Fabienne Grébert proposait récemment la création de 100.000 emplois à l’échelle d’AuRA : pour faire quoi ?

Les dernières évaluations successives évaluent elles aussi que les énergies renouvelables nécessiteront la création de 600.000 emplois d’ici 2030. On sait qu’il s’agit d’un nombre colossal, qui représente déjà 150 à 200.000 emplois si l’on choisissait d’arrêter demain les intrants, engrais, ou pesticides dans l’agriculture par exemple.

C’est un gisement d’emplois qui demande un courage politique, mais aussi une vision. Si l’on reste dans la privatisation du monde, on ne peut pas prendre ce chemin.

Faut-il pour autant passer, selon vous, par des leviers comme celui de la nationalisation ?

On peut imaginer d’avoir une partie nationalisée, ou du moins un retour dans le giron public, à travers un contrôle qui serait par exemple assuré par un satellite public. Cela pourrait être aussi une occasion d’impliquer les collectivités locales ou les citoyens.

Face aux questions d’acceptabilité sociale des éoliennes par exemple, on se rend compte que si l’on reste dans la même logique, qui est d’installer une éolienne quelque part, d’en tirer un revenu, et de l’envoyer ensuite ailleurs, à l’autre bout de la planète, cela pose des questions de gouvernance. Or le projet d’Emmanuel Macron est d’aller acheter la transition à l’étranger.

On sent que les thématiques de réindustrialisation sont désormais plus nombreuses au sein de votre discours, tout comme de celui de votre homologue Fabienne Grébert, ainsi que de Yannick Jadot. En quoi est-ce une notion naturelle au sein du projet des Verts ? Est-ce que ce terme fait réellement partie de l’écologie politique ?

Il est naturel que ce terme s’inscrive dans la vision de l’écologie, car il ne faut pas oublier que près de 50 % des gaz à effets de serre sont aujourd’hui importés. On ne peut pas uniquement réduire les gaz à effet de serre ici, et transférer l’activité ailleurs.

C’est pour cela que réindustrialiser a du sens, car cela fait circuler l’économie, de manière plus circulaire justement. Dès 2010, quand je me suis engagé au conseil régional, je portais déjà le slogan des 3R : à savoir relocaliser, reconvertir, et redistribuer, et cela reste pertinent.

Pourtant, l’industrie a souvent été pointée, au cours des dernières années, comme l’une des principales sources d’émissions de GES : en quoi les choses ont changé pour en faire un levier ?

Il est vrai que l’industrie peut polluer, mais tout l’enjeu est justement d’en améliorer son impact à la fois sur l’eau, sur l’air, sur la consommation foncière, l’énergie, ou encore son impact sur la biodiversité… C’est pourquoi l’industrie est aujourd’hui un moteur de transformation très riche et de mobilisation.

Il faut rappeler qu’en France, la gauche comme la droite ont poussé vers une vision néolibérale d’une France sans usines, qui était déjà pour moi une aberration il y a près de 18 ans.

Même lorsque je travaillais dans le privé, j’ai œuvré pour localiser des activités car cela a du sens, et permet de mieux écouter les besoins du client, d’avoir des activités plus intégrées… C’est donc une vision erronée de nos dirigeants que nous payons aujourd’hui, de ce qu’est une société.

Vous allez de nouveau participer à la marche pour le climat à Grenoble ce dimanche. Après avoir déjà évoqué votre déception concernant le devenir de ce texte, celui-ci a depuis été voté depuis par l’Assemblée nationale cette semaine. Qu’attendez-vous désormais de ces nouvelles mobilisations ?

Il existe tellement de points d’amélioration, quand on part de seulement 10 à 20 % de propositions réellement conservées, selon l’évaluation de la convention citoyenne pour le climat…

Cette loi résonne tout de même comme une trahison, par rapport à l’esprit de départ.

Nous étions vendredi à Paris en réunion avec le groupe écologiste au Sénat, afin de voir sur quels axes ce projet pourrait être amélioré en vue de déposer des amendements. Mais cela est pléthorique, et pose à la fois la question du logement, de l’ingénierie, de réglementation, de publicité…

L’objectif de cette marche pour le climat est de montrer avant tout que la société est prête, car il existe un besoin de s’exprimer pour tous les jeunes et les personnes engagées dans cette direction, qui ont des attentes, une recherche de sens et un besoin de cohérence.

L’un des enjeux du moment est de montrer que nous restons mobilisés, et que cette mobilisation doit avoir un débouché politique.

2022 sera pour vous également l’année de la Capitale verte européenne, un titre que vous avez remporté auprès de la Commission européenne. Comptez-vous sur cette reconnaissance pour mieux faire porter la voix de Grenoble sur la scène médiatique ?

Il ne s’agit pas d’une démarche à but électoral, mais qui vise bien à fédérer l’ensemble des acteurs du territoire, car nous aurons l’ensemble des institutions présentes quelle que soit leur couleur politique, au sein d’une dynamique collective.

Cela va nous permettre d’amplifier les changements qui ont déjà été initiés, et de donner un sens pour les entreprises, salariés, institutions et acteurs de la recherche ainsi que culturels. Il s’agit d’un projet de territoire qui nous correspond : nous avons été choisis pour cela, car nous avons le courage d’avancer.

Ce titre nous permettra aussi de faire rayonner notre pays, car la Capitale verte a été placée sous le haut patronage de la France, qui présidera au premier semestre 2022 la Commission européenne. A ce titre, le Président de la république nous a déjà confirmé qu’il serait là pour son ouverture.

Je pense que ce sera l’occasion de mettre en valeur la transition à Grenoble, mais également partout en France.

A la COP 26: pour une relance verte

A la COP 26: pour une relance verte

Constatant que les engagements pris en 2015 lors de la COP21 sont très loin de répondre aux objectifs, Laurent Fabius, Alok Sharma et Laurence Tubiana appellent à poursuivre l’action commune pour orienter le monde vers une reprise verte.

AGlasgow (Ecosse), le monde doit honorer les engagements définis par l’accord de Paris pour l’avenir de notre planète. A son adoption en 2015, l’accord de Paris a fait naître un espoir pour notre planète : il marquait le moment où les dirigeants mondiaux ont véritablement décidé de lutter contre le changement climatique et de contenir ses pires conséquences.

Cet accord historique a tracé une voie permettant de limiter le réchauffement du globe à nettement moins de 2 °C de plus que les niveaux pré-industriels, avec l’espoir de ne pas dépasser 1,5 °C d’augmentation.

Cela, bien entendu, n’a pas instantanément résolu le problème, et la crise climatique continue de s’aggraver. Les banquises disparaissent, le courant du Gulf Stream est à son plus bas niveau depuis un millénaire, inondations et sécheresses menacent vies et moyens de subsistance aux quatre coins de la planète.

A la fin février, les Nations unies (ONU) ont adressé au monde un signal d’alarme. On doit écouter ce signal. Qualifié d’« alerte rouge » pour notre planète, le récent rapport de l’ONU sur l’évaluation des objectifs de réduction des émissions mondiales d’ici à 2030 souligne que les engagements climatiques collectifs, qui ont été pris jusqu’à présent, sont très loin de pouvoir répondre aux objectifs convenus à Paris en 2015.

Cela devra impérativement changer lorsque les pays du monde se retrouveront cet automne à Glasgow. Nous devons, à cette occasion, obtenir des engagements fermes à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cela implique des actes forts – à la fois des décisions cohérentes à court terme, des objectifs renforcés à l’horizon 2030, intégrés à des stratégies à long terme ouvrant des orientations claires pour la neutralité carbone d’ici à 2050.

Nous avons besoin d’un nouveau paquet de soutien aux pays en développement, comme le prévoit clairement l’accord de Paris. Le chemin vers cet objectif commence la semaine prochaine avec la Conférence ministérielle sur le climat et le développement, organisée par le Royaume-Uni, et se poursuit avec les réunions du Fonds monétaire international (FMI), du G7 et du G20.

Il faut donc se féliciter de la décision prise, la semaine dernière, par les ministres des finances du G7, qui sont convenus de créer des fonds de réserve d’urgence pour les pays en développement confrontés aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.

Mais cela doit être le début d’une action plus large visant à offrir un allègement de la dette et un soutien financier plus importants et de meilleure qualité à ceux qui en ont le plus besoin. L’engagement de ne laisser personne de côté est au cœur de l’accord de Paris. Six ans plus tard, ce mantra est toujours d’actualité : il incombe à toutes les grandes économies de se mobiliser et d’aider les personnes dans le besoin. Il est impératif que les pays contributeurs honorent leur engagement collectif à consacrer au moins 100 milliards de dollars [85 milliards d’euros] par an à aider les pays les plus menacés par les conséquences du réchauffement climatique. Le sommet ministériel international Climat et Développement, prévu fin mars, s’attachera à mobiliser les esprits autour de cet objectif.

Climat : utopie de la croissance verte

Climat : utopie de la croissance verte

Antoine Foucher (président de Quintet Conseil) explique dans les Échos que les promesses de croissance verts sont complètement utopiques et qu’en faites elles impliquent au contraire une réduction de la production mondiale. Ou alors il faut accepter une autre civilisation caractérisée notamment par d’autres modes de production et de consommation.

 

 

Dans ses documents préparatoires au sixième rapport d’évaluation, prévu pour 2022, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) rappelle que la limitation du réchauffement climatique à deux degrés suppose de contenir les émissions cumulées de CO2 dans l’atmosphère depuis 1870 à environ 3.000 milliards de tonnes et que cela implique de réduire, d’ici à 2050, les émissions annuelles d’environ 65 % par rapport à 2018.

Mettre en place une croissance verte durable, ce serait donc produire davantage d’énergie pour augmenter le PIB (pas de production supplémentaire sans énergie supplémentaire) et, en même temps, réduire les émissions de CO2 pour ne pas dépasser les deux degrés. La production d’énergie non carbonée serait deux fois sollicitée : une première fois pour rendre possible la production supplémentaire et une seconde fois pour remplacer l’énergie carbonée aujourd’hui utilisée, responsable de 80 % des émissions de CO2.

Une Allemagne plus verte en 2021 ?

Une Allemagne plus verte en 2021 ?

En Allemagne comme ailleurs,  on compte surtout sur la hausse du prix de la tonne de CO2 pour rendre l’économie plus verte. En Allemagne dès vendredi 1er janvier, le prix de la tonne de CO2 va coûter 25 euros, avant de passer à 30 euros en 2022, puis d’augmenter jusqu’à 55 euros en 2025.

Les entreprises recourant aux combustibles fossiles – essence, diesel, fuel et chauffage au gaz – vont acheter des droits d’émission sous forme de certificats à prix fixe. Sur les quatre années à venir, le gouvernement table sur 56,2 milliards d’euros de recettes, a indiqué un porte-parole du ministère allemand de l’Environnement à l’AFP.

Le problème c’est que la régulation seule par les prix du carbone n’est pas suffisante notamment du fait qu’on peut délocaliser certaines productions dans des pays laxistes. En outre,  le prix du carbone n’est pas assez dissuasif surtout avec les exceptions prévues pour certaines industries allemandes

La conséquence sera aussi d’augmenter les prix du chauffage et de l’essence en Allemagne.

 

Sondage : la France plus verte ?

Sondage : la France plus verte ?

La France d’après un sondage Ifop pour la Tribune serait plus verte si l’on se fie au fait  que la COP  21 est maintenant connue par 85 % de la population mais peut-être encore davantage parce que les Français pensent que la responsabilité première est celle des consommateurs pour 65 % des enquêtés.

 

Selon Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, « le tournant écologique de l’opinion publique » dont la première préoccupation est devenue la lutte contre le dérèglement climatique. Les Français citent autant l’écologie du quotidien, celle que l’on boit comme la qualité de l’eau, ou que l’on respire, comme l’air, en deuxième position des préoccupations. Sans doute en écho à la tempête qui a dévasté cet automne les Alpes-Maritimes au Nord de Nice, les catastrophes naturelles arrivent au troisième rang. L’isolation des logements, priorité du plan de relance verte, ou la place de la nature en ville sont moins bien classées même si les Français s’y intéressent.

Certes, les Français, par scepticisme ou réalisme, estiment encore, à 65%, que cet accord de la COP 21 a été surtout « de façade » et n’a permis de réduire qu’à la marge les émissions de CO2, ce qui est stricte vérité. Mais c’est 10 points en dessous de leur réponse à la même question il y a un an, où 75% des Français n’y croyaient pas. « Il y a une prise de conscience que cet accord de Paris, malgré la défection des Etats-Unis de Trump, fait avancer positivement la lutte contre le réchauffement », explique le DGA de l’IFOP. Près d’un quart des sondés (24%), – soit une hausse de 14 points en un an -, pense cela vrai.

«Quelle vague verte?» ( Marc Grivel, métropole de Lyon)

 «Quelle vague verte?» ( Marc Grivel, métropole de Lyon)

Marc Grivel considère dans l’Opinion que la victoire des écolos est une illusion d’optique.

Les élections municipales et métropolitaines de 2020 ont conduit, selon de nombreux commentateurs, à une « vague verte historique » avec la victoire de listes écologistes ou à forte dominante écologiste, notamment sur la métropole de Lyon. C’est pourtant une illusion d’optique : la réalité politique profonde de nos territoires est plus nuancée. Nous pouvons et devons aujourd’hui tirer quelques enseignements de ces élections.

La « vague verte » engloutie par le raz-de-marée de l’abstention

Le contexte sanitaire, social et politique, l’incertitude chronique sur la tenue du second tour des élections dans un entre-deux tours dilué dans le confinement, tout autant que la profonde crise de confiance entre les citoyens et le monde politique déjà existante ont conduit à un « raz-de-marée » de l’abstention, alors que, jusqu’ici, les élections municipales résistaient et constituaient le rempart de la démocratie de proximité.

Dans l’agglomération de Lyon, l’illisibilité des élections métropolitaines, la méconnaissance des enjeux, d’incompréhensibles alliances de second tour et l’absence de double scrutin dans près de deux tiers des communes (dont les conseils municipaux avaient été élus dès le 1er tour), ont encore accentué ce phénomène de désintérêt et de défiance.

Des résultats révélateurs d’une fracture territoriale qui s’approfondit

Au-delà même de la situation inédite dans lequel s’est inscrit ce scrutin, on constate que les résultats électoraux sont bien plus contrastés que la lecture simpliste qu’en ont donnée beaucoup de médias : la « poussée verte » est issue des centres urbains développés alors que, traduisant une vraie biodiversité électorale, la situation est bien différente dans les territoires périphériques et, au-delà, dans les territoires ruraux.

Il suffit d’observer les résultats des élections sénatoriales qui découlent de ces élections locales : la majorité de la droite et du centre droit en sort élargie, il n’y a pas eu de déferlante d’élus verts dans la Chambre haute.

Ces élections locales sont en réalité révélatrices de l’accentuation de la fracture territoriale avec un creusement des disparités démographiques et socio-économiques entre les grandes villes et les territoires périurbains ainsi que les villes moyennes et les territoires ruraux.

Un vote écolo conjoncturel porté par un changement structurel de génération

Dans les centres urbains et dans ce contexte d’abstention, le vote militant soutenant les listes écologistes, ainsi que le vote sur la seule préoccupation environnementale (sociétale, transversale, dont personne n’est propriétaire), ont pesé lourd. Il faut dire que l’inertie du monde politique, sur au moins trois décennies, a donné progressivement le sentiment aux Français que les problèmes écologiques n’étaient pas pris à bras-le-corps.

Nos concitoyens, notamment les plus jeunes, veulent que les choses aillent plus loin, plus vite et pensent – souvent à juste titre – qu’il est urgent d’agir. La « vague » électorale écolo, conjoncturelle par définition, révèle « en grand » l’arrivée sur la scène politique d’une génération nouvelle, qui vient amplifier le dégagisme amorcé en 2017. Elle va durablement imprimer sa marque dans la politique française et, en conséquence, la nature et le sens de nos engagements politiques individuels et collectifs.

Pour autant, la base politique n’est pas solide, le béton est encore frais. Ces élections confirment l’affaiblissement des partis de la gauche de gouvernement traditionnelle qui a permis à EELV, en bien des endroits, de préempter la position de clef de voûte de listes de gauche plurielle portées par ce changement générationnel fédérant des électeurs plus jeunes, plus militants, plus mobilisables.

Une métropole fragilisée par des dysfonctionnements programmés

Sur la métropole de Lyon, le nouveau mode de scrutin sur la base de 14 circonscriptions (dont le découpage pose encore question), avec son système de prime majoritaire, a en outre bénéficié à plein à EELV. Les résultats auraient été bien différents si le mode électoral était moins impropre à représenter la réalité politique des 59 communes.

Le conseil métropolitain issu de ces élections, et sa majorité, ne sont plus à l’image des territoires et de leurs habitants. Comment pourrait-il en être autrement quand 35 maires sur 59 n’en sont pas membres ?

Un phénomène subséquent a provoqué le déracinement préoccupant du conseil de la métropole : les associations ont remplacé les communes. À la faveur des élections de 2020 sont en effet entrés en masse dans l’hémicycle des militants associatifs, présents en force sur les listes écologistes, qui défendaient jusqu’ici des intérêts sectoriels, aussi louables et indispensables soient-ils. Or on ne gère pas une collectivité territoriale comme une communauté d’associations !

La légitimité d’un maire et celle d’un président d’association sont loin d’être les mêmes pour les citoyens. Alors qu’une association gère une cause, un intérêt spécifique, un maire doit gérer de nombreuses causes et intérêts de toute nature, pour des habitants très divers, et son arbitrage politique au quotidien se nomme l’intérêt général.

Espérons que la majorité métropolitaine saura s’ancrer dans la réalité et la diversité territoriales de la métropole et en tirer des décisions pragmatiques concertées. Dans le cas contraire, ce basculement de la métropole des communes vers les associations va conduire, amplifié par des arbitrages verticaux s’exonérant de réelles concertations, à des dysfonctionnements institutionnels majeurs préjudiciables aux orientations des politiques publiques et aux investissements. Au regard des enjeux pour la deuxième métropole de France et son 1,4 million d’habitants, les six ans à venir sont donc interrogés. Ils ne peuvent pas et ne doivent pas être six ans perdus.

Marc Grivel est conseiller de la métropole de Lyon, président du groupe Synergies métropole, maire de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or de 2008 à 2020 et 1er vice-président de la Métropole de Lyon de 2017 à 2020.

Les conditions pour une croissance forte, verte et inclusive»( Philippe Aghion)

  • Les conditions  pour une croissance forte, verte et inclusive»( Philippe Aghion)
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  •  « La destruction créatrice implique des réallocations permanentes de la force de travail. Elle n’est acceptable que si l’on protège les personnes », souligne l’économiste, professeur au Collège de France.(Interview dans l’Opinion)
  • Philippe Aghion est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Institutions, innovation, et croissance ». Ses travaux portent principalement sur la théorie de la croissance et de l’innovation. Avec Peter Howitt, il a développé l’approche schumpetérienne de la croissance économique. Il est notamment l’auteur de Endogenous Growth Theory (1998) avec Peter Howitt, Repenser L’Etat, avec Alexandra Roulet (2011), Changer de modèle, avec Gilbert Cette et Elie Cohen (2014), et Repenser la croissance économique (2016). Il vient d’écrire, avec Céline Antonin et Simon Bunel, Le Pouvoir de la destruction créatrice.
  • Vous consacrez 448 pages à l’idée de « destruction créatrice » ! Pourquoi cette notion est-elle si importante à vos yeux ?
  • La force de cette notion est qu’elle permet d’appréhender le processus de croissance, à la fois dans sa dimension historique, et dans l’analyse de ses déterminants et des conflits qu’elle génère. La destruction créatrice est ce processus par lequel de nouvelles activités viennent constamment remplacer d’anciennes activités, de nouvelles entreprises innovantes viennent concurrencer les entreprises existantes, de nouveaux emplois sont créés qui remplacent des emplois existants. Ce processus crée inévitablement des turbulences et des conflits que la société doit maîtriser et gérer. Par ailleurs, la destruction créatrice court toujours le risque de se retourner contre elle-même, dans la mesure où les innovateurs vont vouloir utiliser leur rente d’innovation pour bloquer l’entrée de nouveaux compétiteurs. C’est d’ailleurs un peu ce que l’on voit aujourd’hui avec les Gafam.
    • Vous montrez que le grand décollage économique, au début du XIXe siècle, résulte de la rencontre entre des technologies et des institutions favorables à leur diffusion…
    • Le grand décollage est le résultat d’une alchimie entre plusieurs institutions qui se sont révélées favorables aux innovateurs et aux innovations. Il y a eu d’abord un système de codification des savoirs scientifiques – songeons à l’Encyclopédie – mais aussi de large circulation des idées, qui a permis aux innovateurs de bâtir sans avoir à tout réinventer à chaque fois. La mise en place d’un système de droits de la propriété industrielle a joué également un rôle important, en permettant l’émergence d’un « marché de l’innovation », tout comme le développement d’un système financier organisé, qui permet l’emprunt à grande échelle. Enfin ce décollage a eu lieu en Europe, parce qu’il existait une forme de concurrence entre les pays pour attirer les talents et les savants : cette concurrence a limité la possibilité pour le gouvernement ou les entreprises en place dans un pays d’empêcher certaines innovations, car l’innovateur avait toujours la possibilité d’émigrer dans un autre pays concurrent.
    • Que se passe-t-il lorsqu’un pays a rattrapé ce que vous appelez la « frontière technologique » ?
    • Le concept de frontière est central dans notre analyse : il désigne l’état de l’art de l’innovation, ce qui se fait de mieux dans un domaine. Un pays peut être en rattrapage de la frontière ou bien se trouver à la frontière. Les enjeux pour lui ne sont alors pas les mêmes : imiter dans un cas, innover dans l’autre. Les institutions qui favorisent l’imitation ou l’innovation « à la frontière » ne sont pas les mêmes non plus. Par exemple, la concurrence favorise l’innovation à la frontière : celle-ci nécessite l’entrée sur le marché de nouveaux innovateurs, et la concurrence incite également les entreprises en place à innover pour échapper à leurs rivales. A cet égard, attention à ne pas avoir une vision trop statique de la concurrence, qui se focalise uniquement sur les parts de marché à un moment donné. Il faut accorder une attention plus grande à l’innovation, par exemple lorsque l’on analyse l’impact d’une fusion, et ne pas se focaliser uniquement sur l’impact sur les prix.«Les entreprises qui automatisent le plus sont aussi celles qui créent des emplois. Car ce faisant elles élargissent la taille de leur marché, grâce aux gains de productivité induits par l’automatisation»
    • La destruction créatrice est-elle destructrice d’emplois ? Doit-on choisir entre le robot et l’emploi ?
    • Attention aux idées trop simples : il y a le visible et l’invisible. Les données empiriques montrent que les entreprises qui automatisent le plus sont aussi celles qui créent des emplois. Car ce faisant elles élargissent la taille de leur marché, grâce aux gains de productivité induits par l’automatisation. Opposer le robot à l’emploi n’est donc pas fondé. La solution n’est pas de taxer les robots mais de qualifier davantage la main-d’œuvre, pour qu’elle soit davantage complémentaire du robot.
    • Mais la destruction créatrice entraîne bien une forte turbulence de l’emploi : comment protéger les individus sans bloquer la destruction créatrice ?
    • Oui, la destruction créatrice implique des réallocations permanentes de la force de travail à l’intérieur des secteurs et entre les secteurs. L’Etat a ici un rôle essentiel à jouer pour assurer les individus contre le risque de perte d’emploi, grâce à des garanties de revenus et en les aidant à rebondir sur un nouvel emploi. C’est là que les Danois ont été géniaux, en inventant la flexisécurité. Chez nous, en 2007, la Commission Attali avait émis l’idée d’un « contrat d’évolution » : le salarié demeure toujours un actif occupé, soit avec un emploi, soit avec une formation prise en charge lorsqu’il est en transition entre deux emplois. La destruction créatrice n’est acceptable que si l’on protège les personnes, et une étude récente par Alexandra Roulet et présentée dans le livre montre qu’au Danemark, grâce à la flexisécurité, la perte d’emploi n’a pas d’impact négatif sur la santé.
    • Dans la même veine, la destruction créatrice créée des inégalités de revenus…
    • La destruction créatrice crée de l’inégalité au sommet de la distribution des revenus à cause des rentes de l’innovation, mais en même temps elle stimule la mobilité sociale parce qu’elle permet à de nouveaux individus et de nouvelles entreprises d’émerger. Et également parce que les entreprises innovantes créent davantage de « bons emplois », c’est-à-dire des emplois qualifiants, où l’entreprise investit dans le salarié et lui offre de véritables perspectives de carrière.
    • La destruction créatrice pourrait être mise au service de l’environnement : vous insistez sur le potentiel de croissance de « l’innovation verte ».
    • Notre planche de salut pour réconcilier croissance et maîtrise de l’environnement, c’est l’innovation qui permet de découvrir de sources d’énergie plus propres. Le problème, c’est que, spontanément, l’innovation n’est pas verte : par exemple, nous montrons que les entreprises qui ont beaucoup innové dans les moteurs à combustion dans le passé continuent d’innover dans les moteurs à combustion aujourd’hui. Il faut donc l’intervention de l’Etat pour réorienter le changement technique des entreprises vers les technologies vertes. Le prix du carbone est un levier indispensable, mais il n’est pas le seul. Il y a aussi les investissements ciblés sur les technologies vertes, y compris le nucléaire.
    • Il est justement beaucoup question du rôle de l’Etat dans votre livre…
    • Il faut d’abord souligner que le marché est un instrument crucial pour générer de l’innovation et créer de la richesse. Mais il doit être encadré, régulé, accompagné, guidé par la puissance publique. C’est d’abord un Etat assureur, qui protège les individus, avec des filets de protection dont j’ai parlé plus haut, mais aussi des stabilisateurs automatiques pour assurer les individus et les entreprises contre des chocs macroéconomiques comme celui de la Covid-19. C’est ensuite un Etat investisseur, qui met de l’argent dans des productions à forte externalité comme le système de santé, l’éducation, la recherche et l’innovation. L’Etat est donc incontournable mais il ne suffit pas : encore faut-il qu’il ne soit pas capturé par les intérêts établis et les entreprises en place. D’où l’importance de la société civile comme contre-pouvoir, que ce soit à travers les médias, les corps intermédiaires et le mouvement associatif. Marché, Etat, société civile : tel est le triangle d’or pour que la destruction créatrice puisse générer une croissance à la fois forte, verte et inclusive.
    • Comment est né ce livre, pour vous qui êtes d’abord un chercheur ?
    • Mon cours du Collège de France a constitué le matériau de départ de cet ouvrage, dont l’ambition est de rendre accessible à un large public les recherches menées depuis trente ans sur les questions de croissance et d’innovation. Ce livre doit beaucoup aussi à mes coauteurs, qui l’ont impulsé, enrichi, et m’ont permis de surmonter l’angoisse de la page blanche

Energie- L’escroquerie de l’ électricité verte

Energie- L’escroquerie de  l’ électricité verte

 

La confirmation que l’électricité dite totalement  verte est une escroquerie commerciale puisque toutes les sources d’énergie se retrouvent  dans le même réseau par  Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics. En outre compte tenu du caractère intermittent de la plupart des énergies alternatives, des centrales souvent polluantes fonctionnent uniquement pour compenser le manque de régularité de l’électricité dite verte; quand cette dernière n’est pas tout simplement jetée notamment pendant les heures creuses. L’électricité dite verte crée une instabilité dans le réseau , c’est ce que souligne notamment le nouvel Observatoire mondial des marchés de l’énergie publié ce jour par Capgemini, qui estime que la sécurité de l’approvisionnement peut alors être compromise

 

 

« Les contrats 100% électricité verte font partie des offres de la plupart des fournisseurs, des plus grands aux plus petits. C’est un argument de différenciation de produits mis en avant dans les campagnes commerciales des grands groupes énergétiques. Des fournisseurs alternatifs tels que Enercoop et Planète Oui en font leur marque de fabrique. Si vous optez pour ce type de contrat, l’équivalent de votre consommation sera produit à partir de sources d’énergie renouvelables : biomasse, éolien, hydraulique ou solaire. Cela ne veut pas dire que tous les électrons qui alimentent vos appareils proviendront de centrales utilisant ces ressources renouvelables. Le réseau par lequel transite l’électricité ne permet pas de différencier l’électricité verte de la grise. Il restitue l’électricité injectée par les sites de production aux consommateurs selon les lois de la physique. Le contrat n’y changera rien. Il ne peut modifier les lois de Kirchhoff qui régissent la circulation des électrons dans le réseau. L’électricité que vous consommerez sera la même qu’avec un contrat d’offre classique : elle viendra principalement des sites de production les plus proches, donc très probablement de centrales thermiques ou nucléaires.

Néanmoins, votre fournisseur s’engage à produire ou à participer au financement de l’équivalent de votre consommation en électricité verte.

Pour rendre crédible leurs engagements, les fournisseurs ont à leur disposition un instrument réglementaire : la garantie d’origine (GO). La GO est un certificat permettant de s’assurer du caractère renouvelable d’une production d’électricité, une GO par MWh vert produit. Elle est émise par le producteur d’énergie renouvelable et certifiée par son inscription dans un registre en application d’une ordonnance de 2011 transposant deux directives européennes. Le fournisseur peut utiliser les GOs de ses propres sites de production d’énergie renouvelable ou bien les acheter sur le marché par l’intermédiaire de la société Powernext, légalement chargée d’en tenir le registre pour la France. Pour éviter leur accumulation, les GOs ont une durée de vie de 1 an. Il n’existe pas de marché de gros : les transactions se font de gré à gré. Dès qu’elle est utilisée dans une vente au détail, la GO est annulée.

Le système de GO permet de dissocier la consommation de la rémunération de la production d’électricité verte. Même si le client ne reçoit pas l’électricité verte promise, il rémunère 100% de sa production au travers de l’achat ou de l’émission de GOs par son fournisseur. En effet, s’il ne possède pas de capacité de production renouvelable, le fournisseur doit effectuer deux transactions pour remplir ses contrats verts : produire ou acheter de l’électricité sur le marché de gros et acheter des GOs sur la plateforme Powernet. Les deux ne sont pas forcément liés : les GOs peuvent être émis n’importe où en Europe, loin des clients. En effet, Powernext est membre de l’Association of Issuing Bodies de sorte que les titulaires de compte peuvent importer (ou exporter) des GOs depuis (ou vers) d’autres pays européens. Le découplage entre le MWh vert produit et la GO associée permet aux fournisseurs dotés de capacités de production conventionnelles (thermique ou nucléaire) de verdir leur offre sans rien changer de leur mix énergétique. Il leur suffit d’acheter les GO correspondant aux contrats souscrits. Ce découplage peut conduire à une situation paradoxale où l’entreprise verte qui cède une GO à une entreprise grise ne peut pas vendre son MWh comme étant vert alors que le producteur gris qui a acheté la GO en a le droit.

Le découplage entre consommation et rémunération de l’électricité verte a aussi un impact non-trivial sur le mix énergétique du fait de l’intermittence des sources d’énergies éoliennes et solaires.

Prenons l’exemple de deux consommateurs, A et B, qui consomment chacun 24 kWh par jour, plus précisément 1 kW chaque heure de la journée. Leur électricité provient d’une centrale thermique dont ils utilisent 2 kW de capacité de production chaque heure de la journée. Ils habitent une région ensoleillée proche de l’équateur, de sorte qu’une alternative verte se présente : le producteur/fournisseur peut installer des panneaux photovoltaïques permettant de produire à pleine capacité pendant chacune des 12 heures diurnes.

Le consommateur A signe un contrat 100% électricité verte proposé par son fournisseur. Celui-ci doit alors émettre ou acheter des GO pour 24kWh par jour d’énergie solaire (la consommation de A), ce qui nécessite l’installation de 2 kW de capacité de production en panneaux photovoltaïques. Durant les heures de la journée, les 2 kW couvrent les besoins des deux clients, A mais aussi B, donc on peut se passer de la centrale thermique. Celle-ci n’est mise en route que le soir pour alimenter B, mais aussi A la nuit venue. Finalement, sans le savoir, A et B consomment la même électricité ! Elle est verte le jour et grise la nuit. Dans un sens, A finance la consommation verte de B. Le consommateur A contribue donc à la transition énergétique, mais il a fallu pour cela doubler les capacités de production, chaque type de centrale électrique n’étant utilisé que la moitié du temps.

Si A veut produire et consommer sa propre électricité 100% verte, il devra installer 2kW de capacité de production en photovoltaïque couplés à une batterie de 12kWh de capacité (en négligeant les pertes inhérentes au stockage). A devient alors un consommateur (un ‘prosumer’) qui peut se déconnecter du réseau et savourer pleinement son électricité verte. De son côté, B continuera d’utiliser l’électricité issue de la centrale thermique à hauteur de 1 kW toutes les heures. La centrale tournera toute la journée mais en dessous de sa capacité de production.

Si l’on compare les deux options, le bilan environnemental est très différent : dans les deux options vertes, 2 kW d’énergie solaire sont installés et 24kWh d’électricité grise sont produits, avec les mêmes émissions polluantes mais réparties différemment. Dans le cas où A signe un contrat vert la centrale thermique fonctionne à pleine capacité pendant la moitié du temps et, dans le cas où il installe ses propres panneaux solaires, elle fonctionne de façon ininterrompue mais à la moitié de sa capacité.[1] Le bilan carbone est le même mais la qualité de l’air est moindre avec le contrat vert car les émissions de particules fines sont concentrées lors des pics de pollution en soirée. A quoi s’ajoute un surcoût lié à la montée en charge lorsque la centrale thermique s’active en fin de journée. Dans le cas d’autoconsommation, il faut investir dans le stockage de l’énergie, une technologie qui, bien qu’en progrès, reste particulièrement onéreuse.

 

Si, dans notre exemple, il a suffi que A signe un contrat 100% électricité verte pour que 2kW de panneaux photovoltaïques soient installés, c’est loin d’être le cas en pratique. En France, la source d’énergie renouvelable principale étant hydraulique, il y a de bonnes chances que la rémunération par la garantie d’origine finance une centrale hydraulique existante et souvent largement amortie. C’est un effet d’aubaine pour les centrales existantes, et les nouveaux barrages qui pourraient être financés sont peu nombreux à cause de l’opposition des populations riveraines. De toute façon, l’incitation financière apportée par les GO reste faible. Les montants sont négligeables au regard des tarifs d’achat réglementés de l’énergie renouvelable: de l’ordre de 0,15 à 3,6 € par MWh pour les GOs alors que le tarif d’achat du MWh solaire va de 150 à 180 €! Ces quelques euros de plus font peu de différence dans les décision d’investissement.

 

Depuis la Loi n° 2017-227, les installations bénéficiant de soutien public (obligation d’achat ou compléments de rémunération) voient leurs GOs récupérées par l’Etat et mises en vente par enchères organisées par Powernext.

La GO n’est certainement pas le levier financier de la transition énergétique ; un peu de beurre dans les épinards tout au plus. Les choses pourraient changer si les consommateurs deviennent demandeurs massifs d’électricité verte. En effet, la demande forte de GOs ferait monter leur prix et pousserait à plus d’investissement en technologies renouvelables.

Le système des GOs est un instrument ingénieux pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent contribuer à la transition énergétique sans pour autant installer des panneaux solaires. En s’appuyant sur le marché, il permet de rémunérer l’offre d’énergie renouvelable où qu’elle soit. Néanmoins, le système aurait à gagner à être plus précis afin de mieux informer les consommateurs sur le produit qu’ils achètent. Peu d’entre eux savent qu’ils peuvent retrouver la trace de la source d’énergie renouvelable à laquelle ils ont contribué en reportant le numéro de la GO acquise par leur fournisseur sur le site Powernext. Certains aimeraient peut-être diriger leur contribution vers certaines installations. Les fournisseurs alternatifs en font une stratégie commerciale. Ainsi Enercoop met en avant son réseau de producteurs locaux et associatifs. Un fournisseur conventionnel pourrait aller plus loin dans la différenciation de produits lors de la signature du contrat en s’engageant à acquérir les GOs selon un cahier des charges plus précis: la source d’énergie, l’origine géographique ou l’âge des équipements. On pourrait alors souscrire à un contrat 100% électricité solaire d’Occitanie. C’est tout à fait possible avec le système des GOs actuel. On pourrait également favoriser le stockage de l’énergie en différenciant la GO selon l’heure de la journée, avec une prime lors des pics de pollutions de fin d’après-midi. De tels contrats étofferaient la gamme des produits offerts par les fournisseurs et seraient plus rémunérateurs pour les producteurs. Mais ils coûteraient plus chers. Il n’est donc pas sûr que la demande suivrait. »

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[1] A noter que les coûts d’investissement (ou de démantèlement) et de maintenance ne sont pas les mêmes avec les deux options.

 

Energie- L’escroquerie de l’ électricité verte

Energie- L’escroquerie de  l’ électricité verte

 

La confirmation que l’électricité dite totalement  verte est une escroquerie commerciale puisque toutes les sources d’énergie se retrouvent  dans le même réseau par  Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.

 

 

« Les contrats 100% électricité verte font partie des offres de la plupart des fournisseurs, des plus grands aux plus petits. C’est un argument de différenciation de produits mis en avant dans les campagnes commerciales des grands groupes énergétiques. Des fournisseurs alternatifs tels que Enercoop et Planète Oui en font leur marque de fabrique. Si vous optez pour ce type de contrat, l’équivalent de votre consommation sera produit à partir de sources d’énergie renouvelables : biomasse, éolien, hydraulique ou solaire. Cela ne veut pas dire que tous les électrons qui alimentent vos appareils proviendront de centrales utilisant ces ressources renouvelables. Le réseau par lequel transite l’électricité ne permet pas de différencier l’électricité verte de la grise. Il restitue l’électricité injectée par les sites de production aux consommateurs selon les lois de la physique. Le contrat n’y changera rien. Il ne peut modifier les lois de Kirchhoff qui régissent la circulation des électrons dans le réseau. L’électricité que vous consommerez sera la même qu’avec un contrat d’offre classique : elle viendra principalement des sites de production les plus proches, donc très probablement de centrales thermiques ou nucléaires.

Néanmoins, votre fournisseur s’engage à produire ou à participer au financement de l’équivalent de votre consommation en électricité verte.

Pour rendre crédible leurs engagements, les fournisseurs ont à leur disposition un instrument réglementaire : la garantie d’origine (GO). La GO est un certificat permettant de s’assurer du caractère renouvelable d’une production d’électricité, une GO par MWh vert produit. Elle est émise par le producteur d’énergie renouvelable et certifiée par son inscription dans un registre en application d’une ordonnance de 2011 transposant deux directives européennes. Le fournisseur peut utiliser les GOs de ses propres sites de production d’énergie renouvelable ou bien les acheter sur le marché par l’intermédiaire de la société Powernext, légalement chargée d’en tenir le registre pour la France. Pour éviter leur accumulation, les GOs ont une durée de vie de 1 an. Il n’existe pas de marché de gros : les transactions se font de gré à gré. Dès qu’elle est utilisée dans une vente au détail, la GO est annulée.

Le système de GO permet de dissocier la consommation de la rémunération de la production d’électricité verte. Même si le client ne reçoit pas l’électricité verte promise, il rémunère 100% de sa production au travers de l’achat ou de l’émission de GOs par son fournisseur. En effet, s’il ne possède pas de capacité de production renouvelable, le fournisseur doit effectuer deux transactions pour remplir ses contrats verts : produire ou acheter de l’électricité sur le marché de gros et acheter des GOs sur la plateforme Powernet. Les deux ne sont pas forcément liés : les GOs peuvent être émis n’importe où en Europe, loin des clients. En effet, Powernext est membre de l’Association of Issuing Bodies de sorte que les titulaires de compte peuvent importer (ou exporter) des GOs depuis (ou vers) d’autres pays européens. Le découplage entre le MWh vert produit et la GO associée permet aux fournisseurs dotés de capacités de production conventionnelles (thermique ou nucléaire) de verdir leur offre sans rien changer de leur mix énergétique. Il leur suffit d’acheter les GO correspondant aux contrats souscrits. Ce découplage peut conduire à une situation paradoxale où l’entreprise verte qui cède une GO à une entreprise grise ne peut pas vendre son MWh comme étant vert alors que le producteur gris qui a acheté la GO en a le droit.

Le découplage entre consommation et rémunération de l’électricité verte a aussi un impact non-trivial sur le mix énergétique du fait de l’intermittence des sources d’énergies éoliennes et solaires.

Prenons l’exemple de deux consommateurs, A et B, qui consomment chacun 24 kWh par jour, plus précisément 1 kW chaque heure de la journée. Leur électricité provient d’une centrale thermique dont ils utilisent 2 kW de capacité de production chaque heure de la journée. Ils habitent une région ensoleillée proche de l’équateur, de sorte qu’une alternative verte se présente : le producteur/fournisseur peut installer des panneaux photovoltaïques permettant de produire à pleine capacité pendant chacune des 12 heures diurnes.

Le consommateur A signe un contrat 100% électricité verte proposé par son fournisseur. Celui-ci doit alors émettre ou acheter des GO pour 24kWh par jour d’énergie solaire (la consommation de A), ce qui nécessite l’installation de 2 kW de capacité de production en panneaux photovoltaïques. Durant les heures de la journée, les 2 kW couvrent les besoins des deux clients, A mais aussi B, donc on peut se passer de la centrale thermique. Celle-ci n’est mise en route que le soir pour alimenter B, mais aussi A la nuit venue. Finalement, sans le savoir, A et B consomment la même électricité ! Elle est verte le jour et grise la nuit. Dans un sens, A finance la consommation verte de B. Le consommateur A contribue donc à la transition énergétique, mais il a fallu pour cela doubler les capacités de production, chaque type de centrale électrique n’étant utilisé que la moitié du temps.

Si A veut produire et consommer sa propre électricité 100% verte, il devra installer 2kW de capacité de production en photovoltaïque couplés à une batterie de 12kWh de capacité (en négligeant les pertes inhérentes au stockage). A devient alors un consommateur (un ‘prosumer’) qui peut se déconnecter du réseau et savourer pleinement son électricité verte. De son côté, B continuera d’utiliser l’électricité issue de la centrale thermique à hauteur de 1 kW toutes les heures. La centrale tournera toute la journée mais en dessous de sa capacité de production.

Si l’on compare les deux options, le bilan environnemental est très différent : dans les deux options vertes, 2 kW d’énergie solaire sont installés et 24kWh d’électricité grise sont produits, avec les mêmes émissions polluantes mais réparties différemment. Dans le cas où A signe un contrat vert la centrale thermique fonctionne à pleine capacité pendant la moitié du temps et, dans le cas où il installe ses propres panneaux solaires, elle fonctionne de façon ininterrompue mais à la moitié de sa capacité.[1] Le bilan carbone est le même mais la qualité de l’air est moindre avec le contrat vert car les émissions de particules fines sont concentrées lors des pics de pollution en soirée. A quoi s’ajoute un surcoût lié à la montée en charge lorsque la centrale thermique s’active en fin de journée. Dans le cas d’autoconsommation, il faut investir dans le stockage de l’énergie, une technologie qui, bien qu’en progrès, reste particulièrement onéreuse.

 

Si, dans notre exemple, il a suffi que A signe un contrat 100% électricité verte pour que 2kW de panneaux photovoltaïques soient installés, c’est loin d’être le cas en pratique. En France, la source d’énergie renouvelable principale étant hydraulique, il y a de bonnes chances que la rémunération par la garantie d’origine finance une centrale hydraulique existante et souvent largement amortie. C’est un effet d’aubaine pour les centrales existantes, et les nouveaux barrages qui pourraient être financés sont peu nombreux à cause de l’opposition des populations riveraines. De toute façon, l’incitation financière apportée par les GO reste faible. Les montants sont négligeables au regard des tarifs d’achat réglementés de l’énergie renouvelable: de l’ordre de 0,15 à 3,6 € par MWh pour les GOs alors que le tarif d’achat du MWh solaire va de 150 à 180 €! Ces quelques euros de plus font peu de différence dans les décision d’investissement.

 

Depuis la Loi n° 2017-227, les installations bénéficiant de soutien public (obligation d’achat ou compléments de rémunération) voient leurs GOs récupérées par l’Etat et mises en vente par enchères organisées par Powernext.

La GO n’est certainement pas le levier financier de la transition énergétique ; un peu de beurre dans les épinards tout au plus. Les choses pourraient changer si les consommateurs deviennent demandeurs massifs d’électricité verte. En effet, la demande forte de GOs ferait monter leur prix et pousserait à plus d’investissement en technologies renouvelables.

Le système des GOs est un instrument ingénieux pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent contribuer à la transition énergétique sans pour autant installer des panneaux solaires. En s’appuyant sur le marché, il permet de rémunérer l’offre d’énergie renouvelable où qu’elle soit. Néanmoins, le système aurait à gagner à être plus précis afin de mieux informer les consommateurs sur le produit qu’ils achètent. Peu d’entre eux savent qu’ils peuvent retrouver la trace de la source d’énergie renouvelable à laquelle ils ont contribué en reportant le numéro de la GO acquise par leur fournisseur sur le site Powernext. Certains aimeraient peut-être diriger leur contribution vers certaines installations. Les fournisseurs alternatifs en font une stratégie commerciale. Ainsi Enercoop met en avant son réseau de producteurs locaux et associatifs. Un fournisseur conventionnel pourrait aller plus loin dans la différenciation de produits lors de la signature du contrat en s’engageant à acquérir les GOs selon un cahier des charges plus précis: la source d’énergie, l’origine géographique ou l’âge des équipements. On pourrait alors souscrire à un contrat 100% électricité solaire d’Occitanie. C’est tout à fait possible avec le système des GOs actuel. On pourrait également favoriser le stockage de l’énergie en différenciant la GO selon l’heure de la journée, avec une prime lors des pics de pollutions de fin d’après-midi. De tels contrats étofferaient la gamme des produits offerts par les fournisseurs et seraient plus rémunérateurs pour les producteurs. Mais ils coûteraient plus chers. Il n’est donc pas sûr que la demande suivrait. »

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[1] A noter que les coûts d’investissement (ou de démantèlement) et de maintenance ne sont pas les mêmes avec les deux options.

Energie-L’enfumage de l’ électricité verte

Energie-L’enfumage  de  l’ électricité verte

 

La confirmation que l’électricité dite totalement  verte est une escroquerie commerciale puisque toutes les sources d’énergie se retrouvent  dans le même réseau par  Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.

 

 

« Les contrats 100% électricité verte font partie des offres de la plupart des fournisseurs, des plus grands aux plus petits. C’est un argument de différenciation de produits mis en avant dans les campagnes commerciales des grands groupes énergétiques. Des fournisseurs alternatifs tels que Enercoop et Planète Oui en font leur marque de fabrique. Si vous optez pour ce type de contrat, l’équivalent de votre consommation sera produit à partir de sources d’énergie renouvelables : biomasse, éolien, hydraulique ou solaire. Cela ne veut pas dire que tous les électrons qui alimentent vos appareils proviendront de centrales utilisant ces ressources renouvelables. Le réseau par lequel transite l’électricité ne permet pas de différencier l’électricité verte de la grise. Il restitue l’électricité injectée par les sites de production aux consommateurs selon les lois de la physique. Le contrat n’y changera rien. Il ne peut modifier les lois de Kirchhoff qui régissent la circulation des électrons dans le réseau. L’électricité que vous consommerez sera la même qu’avec un contrat d’offre classique : elle viendra principalement des sites de production les plus proches, donc très probablement de centrales thermiques ou nucléaires.

Néanmoins, votre fournisseur s’engage à produire ou à participer au financement de l’équivalent de votre consommation en électricité verte.

Pour rendre crédible leurs engagements, les fournisseurs ont à leur disposition un instrument réglementaire : la garantie d’origine (GO). La GO est un certificat permettant de s’assurer du caractère renouvelable d’une production d’électricité, une GO par MWh vert produit. Elle est émise par le producteur d’énergie renouvelable et certifiée par son inscription dans un registre en application d’une ordonnance de 2011 transposant deux directives européennes. Le fournisseur peut utiliser les GOs de ses propres sites de production d’énergie renouvelable ou bien les acheter sur le marché par l’intermédiaire de la société Powernext, légalement chargée d’en tenir le registre pour la France. Pour éviter leur accumulation, les GOs ont une durée de vie de 1 an. Il n’existe pas de marché de gros : les transactions se font de gré à gré. Dès qu’elle est utilisée dans une vente au détail, la GO est annulée.

Le système de GO permet de dissocier la consommation de la rémunération de la production d’électricité verte. Même si le client ne reçoit pas l’électricité verte promise, il rémunère 100% de sa production au travers de l’achat ou de l’émission de GOs par son fournisseur. En effet, s’il ne possède pas de capacité de production renouvelable, le fournisseur doit effectuer deux transactions pour remplir ses contrats verts : produire ou acheter de l’électricité sur le marché de gros et acheter des GOs sur la plateforme Powernet. Les deux ne sont pas forcément liés : les GOs peuvent être émis n’importe où en Europe, loin des clients. En effet, Powernext est membre de l’Association of Issuing Bodies de sorte que les titulaires de compte peuvent importer (ou exporter) des GOs depuis (ou vers) d’autres pays européens. Le découplage entre le MWh vert produit et la GO associée permet aux fournisseurs dotés de capacités de production conventionnelles (thermique ou nucléaire) de verdir leur offre sans rien changer de leur mix énergétique. Il leur suffit d’acheter les GO correspondant aux contrats souscrits. Ce découplage peut conduire à une situation paradoxale où l’entreprise verte qui cède une GO à une entreprise grise ne peut pas vendre son MWh comme étant vert alors que le producteur gris qui a acheté la GO en a le droit.

Le découplage entre consommation et rémunération de l’électricité verte a aussi un impact non-trivial sur le mix énergétique du fait de l’intermittence des sources d’énergies éoliennes et solaires.

Prenons l’exemple de deux consommateurs, A et B, qui consomment chacun 24 kWh par jour, plus précisément 1 kW chaque heure de la journée. Leur électricité provient d’une centrale thermique dont ils utilisent 2 kW de capacité de production chaque heure de la journée. Ils habitent une région ensoleillée proche de l’équateur, de sorte qu’une alternative verte se présente : le producteur/fournisseur peut installer des panneaux photovoltaïques permettant de produire à pleine capacité pendant chacune des 12 heures diurnes.

Le consommateur A signe un contrat 100% électricité verte proposé par son fournisseur. Celui-ci doit alors émettre ou acheter des GO pour 24kWh par jour d’énergie solaire (la consommation de A), ce qui nécessite l’installation de 2 kW de capacité de production en panneaux photovoltaïques. Durant les heures de la journée, les 2 kW couvrent les besoins des deux clients, A mais aussi B, donc on peut se passer de la centrale thermique. Celle-ci n’est mise en route que le soir pour alimenter B, mais aussi A la nuit venue. Finalement, sans le savoir, A et B consomment la même électricité ! Elle est verte le jour et grise la nuit. Dans un sens, A finance la consommation verte de B. Le consommateur A contribue donc à la transition énergétique, mais il a fallu pour cela doubler les capacités de production, chaque type de centrale électrique n’étant utilisé que la moitié du temps.

Si A veut produire et consommer sa propre électricité 100% verte, il devra installer 2kW de capacité de production en photovoltaïque couplés à une batterie de 12kWh de capacité (en négligeant les pertes inhérentes au stockage). A devient alors un consommateur (un ‘prosumer’) qui peut se déconnecter du réseau et savourer pleinement son électricité verte. De son côté, B continuera d’utiliser l’électricité issue de la centrale thermique à hauteur de 1 kW toutes les heures. La centrale tournera toute la journée mais en dessous de sa capacité de production.

Si l’on compare les deux options, le bilan environnemental est très différent : dans les deux options vertes, 2 kW d’énergie solaire sont installés et 24kWh d’électricité grise sont produits, avec les mêmes émissions polluantes mais réparties différemment. Dans le cas où A signe un contrat vert la centrale thermique fonctionne à pleine capacité pendant la moitié du temps et, dans le cas où il installe ses propres panneaux solaires, elle fonctionne de façon ininterrompue mais à la moitié de sa capacité.[1] Le bilan carbone est le même mais la qualité de l’air est moindre avec le contrat vert car les émissions de particules fines sont concentrées lors des pics de pollution en soirée. A quoi s’ajoute un surcoût lié à la montée en charge lorsque la centrale thermique s’active en fin de journée. Dans le cas d’autoconsommation, il faut investir dans le stockage de l’énergie, une technologie qui, bien qu’en progrès, reste particulièrement onéreuse.

 

Si, dans notre exemple, il a suffi que A signe un contrat 100% électricité verte pour que 2kW de panneaux photovoltaïques soient installés, c’est loin d’être le cas en pratique. En France, la source d’énergie renouvelable principale étant hydraulique, il y a de bonnes chances que la rémunération par la garantie d’origine finance une centrale hydraulique existante et souvent largement amortie. C’est un effet d’aubaine pour les centrales existantes, et les nouveaux barrages qui pourraient être financés sont peu nombreux à cause de l’opposition des populations riveraines. De toute façon, l’incitation financière apportée par les GO reste faible. Les montants sont négligeables au regard des tarifs d’achat réglementés de l’énergie renouvelable: de l’ordre de 0,15 à 3,6 € par MWh pour les GOs alors que le tarif d’achat du MWh solaire va de 150 à 180 €! Ces quelques euros de plus font peu de différence dans les décision d’investissement.

 

Depuis la Loi n° 2017-227, les installations bénéficiant de soutien public (obligation d’achat ou compléments de rémunération) voient leurs GOs récupérées par l’Etat et mises en vente par enchères organisées par Powernext.

La GO n’est certainement pas le levier financier de la transition énergétique ; un peu de beurre dans les épinards tout au plus. Les choses pourraient changer si les consommateurs deviennent demandeurs massifs d’électricité verte. En effet, la demande forte de GOs ferait monter leur prix et pousserait à plus d’investissement en technologies renouvelables.

Le système des GOs est un instrument ingénieux pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent contribuer à la transition énergétique sans pour autant installer des panneaux solaires. En s’appuyant sur le marché, il permet de rémunérer l’offre d’énergie renouvelable où qu’elle soit. Néanmoins, le système aurait à gagner à être plus précis afin de mieux informer les consommateurs sur le produit qu’ils achètent. Peu d’entre eux savent qu’ils peuvent retrouver la trace de la source d’énergie renouvelable à laquelle ils ont contribué en reportant le numéro de la GO acquise par leur fournisseur sur le site Powernext. Certains aimeraient peut-être diriger leur contribution vers certaines installations. Les fournisseurs alternatifs en font une stratégie commerciale. Ainsi Enercoop met en avant son réseau de producteurs locaux et associatifs. Un fournisseur conventionnel pourrait aller plus loin dans la différenciation de produits lors de la signature du contrat en s’engageant à acquérir les GOs selon un cahier des charges plus précis: la source d’énergie, l’origine géographique ou l’âge des équipements. On pourrait alors souscrire à un contrat 100% électricité solaire d’Occitanie. C’est tout à fait possible avec le système des GOs actuel. On pourrait également favoriser le stockage de l’énergie en différenciant la GO selon l’heure de la journée, avec une prime lors des pics de pollutions de fin d’après-midi. De tels contrats étofferaient la gamme des produits offerts par les fournisseurs et seraient plus rémunérateurs pour les producteurs. Mais ils coûteraient plus chers. Il n’est donc pas sûr que la demande suivrait. »

________

[1] A noter que les coûts d’investissement (ou de démantèlement) et de maintenance ne sont pas les mêmes avec les deux options.

L’enfumage de l’ électricité verte

L’enfumage  de  l’ électricité verte

 

La confirmation que l’électricité dite totalement  verte est une escroquerie commerciale puisque toutes les sources d’énergie se retrouvent  dans le même réseau par  Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.

 

 

« Les contrats 100% électricité verte font partie des offres de la plupart des fournisseurs, des plus grands aux plus petits. C’est un argument de différenciation de produits mis en avant dans les campagnes commerciales des grands groupes énergétiques. Des fournisseurs alternatifs tels que Enercoop et Planète Oui en font leur marque de fabrique. Si vous optez pour ce type de contrat, l’équivalent de votre consommation sera produit à partir de sources d’énergie renouvelables : biomasse, éolien, hydraulique ou solaire. Cela ne veut pas dire que tous les électrons qui alimentent vos appareils proviendront de centrales utilisant ces ressources renouvelables. Le réseau par lequel transite l’électricité ne permet pas de différencier l’électricité verte de la grise. Il restitue l’électricité injectée par les sites de production aux consommateurs selon les lois de la physique. Le contrat n’y changera rien. Il ne peut modifier les lois de Kirchhoff qui régissent la circulation des électrons dans le réseau. L’électricité que vous consommerez sera la même qu’avec un contrat d’offre classique : elle viendra principalement des sites de production les plus proches, donc très probablement de centrales thermiques ou nucléaires.

Néanmoins, votre fournisseur s’engage à produire ou à participer au financement de l’équivalent de votre consommation en électricité verte.

Pour rendre crédible leurs engagements, les fournisseurs ont à leur disposition un instrument réglementaire : la garantie d’origine (GO). La GO est un certificat permettant de s’assurer du caractère renouvelable d’une production d’électricité, une GO par MWh vert produit. Elle est émise par le producteur d’énergie renouvelable et certifiée par son inscription dans un registre en application d’une ordonnance de 2011 transposant deux directives européennes. Le fournisseur peut utiliser les GOs de ses propres sites de production d’énergie renouvelable ou bien les acheter sur le marché par l’intermédiaire de la société Powernext, légalement chargée d’en tenir le registre pour la France. Pour éviter leur accumulation, les GOs ont une durée de vie de 1 an. Il n’existe pas de marché de gros : les transactions se font de gré à gré. Dès qu’elle est utilisée dans une vente au détail, la GO est annulée.

Le système de GO permet de dissocier la consommation de la rémunération de la production d’électricité verte. Même si le client ne reçoit pas l’électricité verte promise, il rémunère 100% de sa production au travers de l’achat ou de l’émission de GOs par son fournisseur. En effet, s’il ne possède pas de capacité de production renouvelable, le fournisseur doit effectuer deux transactions pour remplir ses contrats verts : produire ou acheter de l’électricité sur le marché de gros et acheter des GOs sur la plateforme Powernet. Les deux ne sont pas forcément liés : les GOs peuvent être émis n’importe où en Europe, loin des clients. En effet, Powernext est membre de l’Association of Issuing Bodies de sorte que les titulaires de compte peuvent importer (ou exporter) des GOs depuis (ou vers) d’autres pays européens. Le découplage entre le MWh vert produit et la GO associée permet aux fournisseurs dotés de capacités de production conventionnelles (thermique ou nucléaire) de verdir leur offre sans rien changer de leur mix énergétique. Il leur suffit d’acheter les GO correspondant aux contrats souscrits. Ce découplage peut conduire à une situation paradoxale où l’entreprise verte qui cède une GO à une entreprise grise ne peut pas vendre son MWh comme étant vert alors que le producteur gris qui a acheté la GO en a le droit.

Le découplage entre consommation et rémunération de l’électricité verte a aussi un impact non-trivial sur le mix énergétique du fait de l’intermittence des sources d’énergies éoliennes et solaires.

Prenons l’exemple de deux consommateurs, A et B, qui consomment chacun 24 kWh par jour, plus précisément 1 kW chaque heure de la journée. Leur électricité provient d’une centrale thermique dont ils utilisent 2 kW de capacité de production chaque heure de la journée. Ils habitent une région ensoleillée proche de l’équateur, de sorte qu’une alternative verte se présente : le producteur/fournisseur peut installer des panneaux photovoltaïques permettant de produire à pleine capacité pendant chacune des 12 heures diurnes.

Le consommateur A signe un contrat 100% électricité verte proposé par son fournisseur. Celui-ci doit alors émettre ou acheter des GO pour 24kWh par jour d’énergie solaire (la consommation de A), ce qui nécessite l’installation de 2 kW de capacité de production en panneaux photovoltaïques. Durant les heures de la journée, les 2 kW couvrent les besoins des deux clients, A mais aussi B, donc on peut se passer de la centrale thermique. Celle-ci n’est mise en route que le soir pour alimenter B, mais aussi A la nuit venue. Finalement, sans le savoir, A et B consomment la même électricité ! Elle est verte le jour et grise la nuit. Dans un sens, A finance la consommation verte de B. Le consommateur A contribue donc à la transition énergétique, mais il a fallu pour cela doubler les capacités de production, chaque type de centrale électrique n’étant utilisé que la moitié du temps.

Si A veut produire et consommer sa propre électricité 100% verte, il devra installer 2kW de capacité de production en photovoltaïque couplés à une batterie de 12kWh de capacité (en négligeant les pertes inhérentes au stockage). A devient alors un consommateur (un ‘prosumer’) qui peut se déconnecter du réseau et savourer pleinement son électricité verte. De son côté, B continuera d’utiliser l’électricité issue de la centrale thermique à hauteur de 1 kW toutes les heures. La centrale tournera toute la journée mais en dessous de sa capacité de production.

Si l’on compare les deux options, le bilan environnemental est très différent : dans les deux options vertes, 2 kW d’énergie solaire sont installés et 24kWh d’électricité grise sont produits, avec les mêmes émissions polluantes mais réparties différemment. Dans le cas où A signe un contrat vert la centrale thermique fonctionne à pleine capacité pendant la moitié du temps et, dans le cas où il installe ses propres panneaux solaires, elle fonctionne de façon ininterrompue mais à la moitié de sa capacité.[1] Le bilan carbone est le même mais la qualité de l’air est moindre avec le contrat vert car les émissions de particules fines sont concentrées lors des pics de pollution en soirée. A quoi s’ajoute un surcoût lié à la montée en charge lorsque la centrale thermique s’active en fin de journée. Dans le cas d’autoconsommation, il faut investir dans le stockage de l’énergie, une technologie qui, bien qu’en progrès, reste particulièrement onéreuse.

 

Si, dans notre exemple, il a suffi que A signe un contrat 100% électricité verte pour que 2kW de panneaux photovoltaïques soient installés, c’est loin d’être le cas en pratique. En France, la source d’énergie renouvelable principale étant hydraulique, il y a de bonnes chances que la rémunération par la garantie d’origine finance une centrale hydraulique existante et souvent largement amortie. C’est un effet d’aubaine pour les centrales existantes, et les nouveaux barrages qui pourraient être financés sont peu nombreux à cause de l’opposition des populations riveraines. De toute façon, l’incitation financière apportée par les GO reste faible. Les montants sont négligeables au regard des tarifs d’achat réglementés de l’énergie renouvelable: de l’ordre de 0,15 à 3,6 € par MWh pour les GOs alors que le tarif d’achat du MWh solaire va de 150 à 180 €! Ces quelques euros de plus font peu de différence dans les décision d’investissement.

 

Depuis la Loi n° 2017-227, les installations bénéficiant de soutien public (obligation d’achat ou compléments de rémunération) voient leurs GOs récupérées par l’Etat et mises en vente par enchères organisées par Powernext.

La GO n’est certainement pas le levier financier de la transition énergétique ; un peu de beurre dans les épinards tout au plus. Les choses pourraient changer si les consommateurs deviennent demandeurs massifs d’électricité verte. En effet, la demande forte de GOs ferait monter leur prix et pousserait à plus d’investissement en technologies renouvelables.

Le système des GOs est un instrument ingénieux pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent contribuer à la transition énergétique sans pour autant installer des panneaux solaires. En s’appuyant sur le marché, il permet de rémunérer l’offre d’énergie renouvelable où qu’elle soit. Néanmoins, le système aurait à gagner à être plus précis afin de mieux informer les consommateurs sur le produit qu’ils achètent. Peu d’entre eux savent qu’ils peuvent retrouver la trace de la source d’énergie renouvelable à laquelle ils ont contribué en reportant le numéro de la GO acquise par leur fournisseur sur le site Powernext. Certains aimeraient peut-être diriger leur contribution vers certaines installations. Les fournisseurs alternatifs en font une stratégie commerciale. Ainsi Enercoop met en avant son réseau de producteurs locaux et associatifs. Un fournisseur conventionnel pourrait aller plus loin dans la différenciation de produits lors de la signature du contrat en s’engageant à acquérir les GOs selon un cahier des charges plus précis: la source d’énergie, l’origine géographique ou l’âge des équipements. On pourrait alors souscrire à un contrat 100% électricité solaire d’Occitanie. C’est tout à fait possible avec le système des GOs actuel. On pourrait également favoriser le stockage de l’énergie en différenciant la GO selon l’heure de la journée, avec une prime lors des pics de pollutions de fin d’après-midi. De tels contrats étofferaient la gamme des produits offerts par les fournisseurs et seraient plus rémunérateurs pour les producteurs. Mais ils coûteraient plus chers. Il n’est donc pas sûr que la demande suivrait. »

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[1] A noter que les coûts d’investissement (ou de démantèlement) et de maintenance ne sont pas les mêmes avec les deux options.

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