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Simplification ?-Assurance auto : fin de la vignette verte…. en attendant celle des vieux !

Simplification ?-Assurance auto : fin de la vignette verte…. en attendant celle des vieux !

La vignette verte attestant de l’assurance va donc disparaître pour être dématérialisée. Une vignette disparaît peut-être en attendant la renaissance d’une autre concernant l’hypothèse d’un financement de la dépendance. Un sujet mis entre parenthèses mais qui va forcément réapparaître compte tenu de la démographie et de l’ampleur des montants financiers à consacrer suite au vieillissement de la population. Ce n’est qu’une hypothèse dans la mesure où cette vignette a déjà existé. Le problème c’est qu’on ne sait pas trop bien où vont les fonds car ils se perdent dans le puits sans fond du budget. 

 

. Le 1er avril prochain, il ne sera plus obligatoire de mettre en évidence l’attestation de l’assurance automobile sur le pare-brise de votre véhicule. . Dans deux semaines, l’attestation sera donc dématérialisée. Lors d’un contrôle, les forces de l’ordre devront consulter le Fichier des Véhicules Assurés (FVA) qui rassemble, depuis 2016, les numéros d’immatriculation, les données techniques du véhicule et les contrats d’assurance d’automobile.

Détails au cillant la vignette disparaît mais on invente la carte assurance qui devra être présente sur le véhicule !

 

Assurance auto : fin de la vignette verte…. en attendant celle des vieux !

Assurance auto : fin de la vignette verte…. en attendant celle des vieux !

La vignette verte attestant de l’assurance va donc disparaître pour être dématérialisée. Une vignette disparaît peut-être en attendant la renaissance d’une autre concernant l’hypothèse d’un financement de la dépendance. Un sujet mis entre parenthèses mais qui va forcément réapparaître compte tenu de la démographie et de l’ampleur des montants financiers à consacrer suite au vieillissement de la population. Ce n’est qu’une hypothèse dans la mesure où cette vignette a déjà existé. Le problème c’est qu’on ne sait pas trop bien où vont les fonds car ils se perdent dans le puits sans fond du budget. 

 

. Le 1er avril prochain, il ne sera plus obligatoire de mettre en évidence l’attestation de l’assurance automobile sur le pare-brise de votre véhicule. . Dans deux semaines, l’attestation sera donc dématérialisée. Lors d’un contrôle, les forces de l’ordre devront consulter le Fichier des Véhicules Assurés (FVA) qui rassemble, depuis 2016, les numéros d’immatriculation, les données techniques du véhicule et les contrats d’assurance d’automobile.

Détails au cillant la vignette disparaît mais on invente la carte assurance qui devra être présente sur le véhicule !

 

Véhicules :La vignette verte remplacée par une vignette pour les Vieux ?

La vignette verte remplacée par une vignette pour les Vieux ?

Grande révolution pas princière avec la suppression de la vignette verte attestant de l’assurance sur les véhicules. Ce n’est pas la première fois que les automobilistes voient l’obligation d’affichage changer. Et pourquoi pas à la place aussi le retour de la fameuse vignette pour les lieux dans le produit s’est perdu dans les trous du budget et qui pourrait ainsi financer la dépendance que le pouvoir recule de mois en mois et maintenant d’année en année.

Évidemment cette suppression est tout à fait symbolique de l’insignifiance des mesures de simplification administrative.

«Tous les véhicules motorisés restent soumis à cette obligation d’assurance qui ne change pas», a souligné le cabinet du ministre de l’Économie et des Finances.

«Simplifier la vie des gens, enlever de la paperasse, enlever les risques d’amendes»: le gouvernement a précisé jeudi les modalités de suppression à partir d’avril 2024 de la vignette verte et de l’attestation d’assurance que les automobilistes devaient systématiquement avoir. «Tous les véhicules motorisés restent soumis à cette obligation d’assurance qui ne change pas», a souligné le cabinet du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire lors d’un appel avec des journalistes. Le décret doit être publié dans les prochains jours.

Concrètement, la vignette verte à placer sur le pare-brise et l’attestation d’assurance à garder dans le véhicule seront remplacées par une inscription, sous 72h après la souscription d’un contrat d’assurance, dans un fichier dématérialisé des véhicules assurés (FVA) auquel les forces de l’ordre pourront accéder «à partir de leurs outils numériques embarqués en patrouille». En cas de renouvellement ou de souscription d’un nouveau contrat à partir d’avril 2024, les assureurs devront envoyer «un mémo» à l’assuré détaillant leur contrat.

Notons que ce n’est pas le défaut de vignette qui méritait d’être sanctionnée mais le défaut d’assurance. En effet, lus de 206.000 personnes ont été sanctionnées pour conduite sans assurance en 2022, a précisé la délégation interministérielle, contre plus de 147.000 sans permis.

Croissance verte : un concept douteux ?

Croissance verte : un concept douteux ?


Pour son discours sur l’état de l’Union Européenne la semaine dernière, Ursula von der Leyen, cheffe de la Commission européenne, n’a pas dévié de sa ligne habituelle. Décrivant sa vision d’une Europe économiquement dynamique et durable à l’ère du changement climatique, elle a appelé l’UE à accélérer le développement du secteur des technologies propres, « de l’éolien à l’acier, des batteries aux véhicules électriques ». « En ce qui concerne le Green Deal européen, nous nous en tenons à notre stratégie de croissance », a-t-elle conclu. Rien de très révolutionnaire, en somme. La notion de croissance verte, c’est-à-dire l’idée que les objectifs environnementaux peuvent être alignés sur une croissance économique continue – reste l’orthodoxie économique commune à de grandes institutions telles que la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

par

Ivan Savin
Associate Professor of Business Analytics at ESCP Business School, Madrid campus & Research Fellow at ICTA-UAB, ESCP Business School

Lewis King
Lecturer in climate policy and green economics, Universitat Autònoma de Barcelona dans the conversation

L’OCDE a quant à elle promis de « renforcer leurs efforts pour poursuivre des stratégies de croissance verte […], en reconnaissant que la croissance verte et la croissance peuvent aller de pair », tandis que la Banque mondiale a appelé à une « croissance verte inclusive » où « l’écologisation de la croissance est nécessaire, efficace et abordable ».

Dans son Green Deal européen, l’UE a défini la croissance verte comme « une base pour soutenir les niveaux d’emploi et garantir les ressources nécessaires à l’augmentation du bien-être public […] en transformant la production et la consommation de manière à concilier l’augmentation du PIB avec les limites environnementales. »
En dépit de ce consensus au niveau des organisations, notre nouvelle enquête menée auprès de près de 800 chercheurs en politique du Climat du monde entier révèle, elle, un scepticisme généralisé à l’égard de ce concept de croissance verte dans les pays à revenu élevé, avec notamment de plus en plus d’ouvrages affirmant que ce principe n’est ni viable ni souhaitable. Au lieu de cela, d’autres paradigmes post-croissance, dont la « décroissance » et l’« acroissance » ( agrowth en Anglais ) gagnent du terrain.

La « Décroissance » est une école de pensée proposant une réduction planifiée de la consommation matérielle dans les pays riches afin de créer des sociétés plus durables et plus équitables. De leur côté, les partisans de « l’acroissance » choisissent d’adopter une vision neutre de la croissance économique, et de se concentrer sur la réalisation de la durabilité indépendamment des fluctuations du PIB.

Pour résumer, les deux positions se montrent donc sceptiques à l’égard du paradigme prédominant de la « croissance verte », la décroissance représentant cependant une vision plus critique de la croissance économique.

Une grande partie du débat porte sur le concept de « découplage » (decoupling en anglais), c’est-à-dire sur la question de savoir si l’économie peut croître sans que la dégradation de l’environnement ou les émissions de gaz à effet de serre n’augmentent en conséquence. Il s’agit d’une rupture du lien historique entre la croissance du PIB et ses effets néfastes sur l’environnement. Pour que la croissance verte soit réussie, il faut un découplage absolu plutôt relatif. En d’autres termes, les émissions doivent diminuer au cours de la croissance économique, et non simplement croître plus lentement.

Les partisans de la croissance verte affirment que le découplage absolu est réalisable à long terme, bien que les avis soient partagés sur la question de savoir si la croissance économique sera affectée à court terme. Les partisans de la décroissance critiquent le fait que le découplage absolu est réalisable à l’échelle mondiale et peut être atteint au rythme rapide requis pour rester dans les limites des objectifs de l’Accord de Paris. Une étude récente a révélé que les taux actuels de découplage dans les pays à revenu élevé sont loin d’être suffisants pour limiter le réchauffement de la planète à un niveau nettement inférieur à 2 °C, comme le prévoit l’accord de Paris.

La position des partisans de l’accroissance se traduit elle par des points de vue plus mitigés et intermédiaires sur le débat sur le découplage. Certains affirment que le découplage est potentiellement plausible avec les bonnes politiques, mais qu’il faut se concentrer sur les politiques plutôt que sur les objectifs, car cela revient à confondre les moyens et les fins. D’autres soutiennent que le débat est largement hors de propos car le PIB est un mauvais indicateur du progrès sociétal – il existe à cet égard un « paradoxe du PIB » s’étonnant du fait que l’indicateur continue d’être dominant en économie et en politique malgré ses défaillances largement reconnues.

Ecologie : Le mensonge de l’ électricité verte

Ecologie : Le mensonge de l’ électricité verte

La confirmation que l’électricité dite totalement verte ( idem pour le gaz ou l’hydrogène ) est une escroquerie commerciale puisque toutes sources d’énergie se retrouve dans le même réseau par Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.

« Les contrats 100% électricité verte font partie des offres de la plupart des fournisseurs, des plus grands aux plus petits. C’est un argument de différenciation de produits mis en avant dans les campagnes commerciales des grands groupes énergétiques. Des fournisseurs alternatifs tels que Enercoop et Planète Oui en font leur marque de fabrique. Si vous optez pour ce type de contrat, l’équivalent de votre consommation sera produit à partir de sources d’énergie renouvelables : biomasse, éolien, hydraulique ou solaire. Cela ne veut pas dire que tous les électrons qui alimentent vos appareils proviendront de centrales utilisant ces ressources renouvelables. Le réseau par lequel transite l’électricité ne permet pas de différencier l’électricité verte de la grise. Il restitue l’électricité injectée par les sites de production aux consommateurs selon les lois de la physique. Le contrat n’y changera rien. Il ne peut modifier les lois de Kirchhoff qui régissent la circulation des électrons dans le réseau. L’électricité que vous consommerez sera la même qu’avec un contrat d’offre classique : elle viendra principalement des sites de production les plus proches, donc très probablement de centrales thermiques ou nucléaires.

Néanmoins, votre fournisseur s’engage à produire ou à participer au financement de l’équivalent de votre consommation en électricité verte.

Pour rendre crédible leurs engagements, les fournisseurs ont à leur disposition un instrument réglementaire : la garantie d’origine (GO). La GO est un certificat permettant de s’assurer du caractère renouvelable d’une production d’électricité, une GO par MWh vert produit. Elle est émise par le producteur d’énergie renouvelable et certifiée par son inscription dans un registre en application d’une ordonnance de 2011 transposant deux directives européennes. Le fournisseur peut utiliser les GOs de ses propres sites de production d’énergie renouvelable ou bien les acheter sur le marché par l’intermédiaire de la société Powernext, légalement chargée d’en tenir le registre pour la France. Pour éviter leur accumulation, les GOs ont une durée de vie de 1 an. Il n’existe pas de marché de gros : les transactions se font de gré à gré. Dès qu’elle est utilisée dans une vente au détail, la GO est annulée.

Le système de GO permet de dissocier la consommation de la rémunération de la production d’électricité verte. Même si le client ne reçoit pas l’électricité verte promise, il rémunère 100% de sa production au travers de l’achat ou de l’émission de GOs par son fournisseur. En effet, s’il ne possède pas de capacité de production renouvelable, le fournisseur doit effectuer deux transactions pour remplir ses contrats verts : produire ou acheter de l’électricité sur le marché de gros et acheter des GOs sur la plateforme Powernet. Les deux ne sont pas forcément liés : les GOs peuvent être émis n’importe où en Europe, loin des clients. En effet, Powernext est membre de l’Association of Issuing Bodies de sorte que les titulaires de compte peuvent importer (ou exporter) des GOs depuis (ou vers) d’autres pays européens. Le découplage entre le MWh vert produit et la GO associée permet aux fournisseurs dotés de capacités de production conventionnelles (thermique ou nucléaire) de verdir leur offre sans rien changer de leur mix énergétique. Il leur suffit d’acheter les GO correspondant aux contrats souscrits. Ce découplage peut conduire à une situation paradoxale où l’entreprise verte qui cède une GO à une entreprise grise ne peut pas vendre son MWh comme étant vert alors que le producteur gris qui a acheté la GO en a le droit.

Le découplage entre consommation et rémunération de l’électricité verte a aussi un impact non-trivial sur le mix énergétique du fait de l’intermittence des sources d’énergies éoliennes et solaires.

Prenons l’exemple de deux consommateurs, A et B, qui consomment chacun 24 kWh par jour, plus précisément 1 kW chaque heure de la journée. Leur électricité provient d’une centrale thermique dont ils utilisent 2 kW de capacité de production chaque heure de la journée. Ils habitent une région ensoleillée proche de l’équateur, de sorte qu’une alternative verte se présente : le producteur/fournisseur peut installer des panneaux photovoltaïques permettant de produire à pleine capacité pendant chacune des 12 heures diurnes.

Le consommateur A signe un contrat 100% électricité verte proposé par son fournisseur. Celui-ci doit alors émettre ou acheter des GO pour 24kWh par jour d’énergie solaire (la consommation de A), ce qui nécessite l’installation de 2 kW de capacité de production en panneaux photovoltaïques. Durant les heures de la journée, les 2 kW couvrent les besoins des deux clients, A mais aussi B, donc on peut se passer de la centrale thermique. Celle-ci n’est mise en route que le soir pour alimenter B, mais aussi A la nuit venue. Finalement, sans le savoir, A et B consomment la même électricité ! Elle est verte le jour et grise la nuit. Dans un sens, A finance la consommation verte de B. Le consommateur A contribue donc à la transition énergétique, mais il a fallu pour cela doubler les capacités de production, chaque type de centrale électrique n’étant utilisé que la moitié du temps.

Si A veut produire et consommer sa propre électricité 100% verte, il devra installer 2kW de capacité de production en photovoltaïque couplés à une batterie de 12kWh de capacité (en négligeant les pertes inhérentes au stockage). A devient alors un consommateur (un ‘prosumer’) qui peut se déconnecter du réseau et savourer pleinement son électricité verte. De son côté, B continuera d’utiliser l’électricité issue de la centrale thermique à hauteur de 1 kW toutes les heures. La centrale tournera toute la journée mais en dessous de sa capacité de production.

Si l’on compare les deux options, le bilan environnemental est très différent : dans les deux options vertes, 2 kW d’énergie solaire sont installés et 24kWh d’électricité grise sont produits, avec les mêmes émissions polluantes mais réparties différemment. Dans le cas où A signe un contrat vert la centrale thermique fonctionne à pleine capacité pendant la moitié du temps et, dans le cas où il installe ses propres panneaux solaires, elle fonctionne de façon ininterrompue mais à la moitié de sa capacité.[1] Le bilan carbone est le même mais la qualité de l’air est moindre avec le contrat vert car les émissions de particules fines sont concentrées lors des pics de pollution en soirée. A quoi s’ajoute un surcoût lié à la montée en charge lorsque la centrale thermique s’active en fin de journée.[2] Dans le cas d’autoconsommation, il faut investir dans le stockage de l’énergie, une technologie qui, bien qu’en progrès, reste particulièrement onéreuse.

Si, dans notre exemple, il a suffi que A signe un contrat 100% électricité verte pour que 2kW de panneaux photovoltaïques soient installés, c’est loin d’être le cas en pratique. En France, la source d’énergie renouvelable principale étant hydraulique, il y a de bonnes chances que la rémunération par la garantie d’origine finance une centrale hydraulique existante et souvent largement amortie. C’est un effet d’aubaine pour les centrales existantes, et les nouveaux barrages qui pourraient être financés sont peu nombreux à cause de l’opposition des populations riveraines. De toute façon, l’incitation financière apportée par les GO reste faible. Les montants sont négligeables au regard des tarifs d’achat réglementés de l’énergie renouvelable: de l’ordre de 0,15 à 3,6 € par MWh pour les GOs alors que le tarif d’achat du MWh solaire va de 150 à 180 €![3] Ces quelques euros de plus font peu de différence dans les décision d’investissement.

Depuis la Loi n° 2017-227, les installations bénéficiant de soutien public (obligation d’achat ou compléments de rémunération) voient leurs GOs récupérées par l’Etat et mises en vente par enchères organisées par Powernext.

La GO n’est certainement pas le levier financier de la transition énergétique ; un peu de beurre dans les épinards tout au plus. Les choses pourraient changer si les consommateurs deviennent demandeurs massifs d’électricité verte. En effet, la demande forte de GOs ferait monter leur prix et pousserait à plus d’investissement en technologies renouvelables.

Le système des GOs est un instrument ingénieux pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent contribuer à la transition énergétique sans pour autant installer des panneaux solaires. En s’appuyant sur le marché, il permet de rémunérer l’offre d’énergie renouvelable où qu’elle soit. Néanmoins, le système aurait à gagner à être plus précis afin de mieux informer les consommateurs sur le produit qu’ils achètent. Peu d’entre eux savent qu’ils peuvent retrouver la trace de la source d’énergie renouvelable à laquelle ils ont contribué en reportant le numéro de la GO acquise par leur fournisseur sur le site Powernext. Certains aimeraient peut-être diriger leur contribution vers certaines installations. Les fournisseurs alternatifs en font une stratégie commerciale. Ainsi Enercoop met en avant son réseau de producteurs locaux et associatifs. Un fournisseur conventionnel pourrait aller plus loin dans la différenciation de produits lors de la signature du contrat en s’engageant à acquérir les GOs selon un cahier des charges plus précis: la source d’énergie, l’origine géographique ou l’âge des équipements. On pourrait alors souscrire à un contrat 100% électricité solaire d’Occitanie. C’est tout à fait possible avec le système des GOs actuel. On pourrait également favoriser le stockage de l’énergie en différenciant la GO selon l’heure de la journée, avec une prime lors des pics de pollutions de fin d’après-midi. De tels contrats étofferaient la gamme des produits offerts par les fournisseurs et seraient plus rémunérateurs pour les producteurs. Mais ils coûteraient plus chers. Il n’est donc pas sûr que la demande suivrait. »

________

[1] A noter que les coûts d’investissement (ou de démantèlement) et de maintenance ne sont pas les mêmes avec les deux options.

Energie et environnement :Le mensonge de l’ électricité verte

Energie et environnement :Le mensonge de l’ électricité verte

La confirmation que l’électricité dite totalement verte ( idemen pour le gaz ou l’hydrogène ) est une escroquerie commerciale puisque toutes sources d’énergie se retrouve dans le même réseau par Stefan Ambec et Claude Crampes, Toulouse School of Economics.

« Les contrats 100% électricité verte font partie des offres de la plupart des fournisseurs, des plus grands aux plus petits. C’est un argument de différenciation de produits mis en avant dans les campagnes commerciales des grands groupes énergétiques. Des fournisseurs alternatifs tels que Enercoop et Planète Oui en font leur marque de fabrique. Si vous optez pour ce type de contrat, l’équivalent de votre consommation sera produit à partir de sources d’énergie renouvelables : biomasse, éolien, hydraulique ou solaire. Cela ne veut pas dire que tous les électrons qui alimentent vos appareils proviendront de centrales utilisant ces ressources renouvelables. Le réseau par lequel transite l’électricité ne permet pas de différencier l’électricité verte de la grise. Il restitue l’électricité injectée par les sites de production aux consommateurs selon les lois de la physique. Le contrat n’y changera rien. Il ne peut modifier les lois de Kirchhoff qui régissent la circulation des électrons dans le réseau. L’électricité que vous consommerez sera la même qu’avec un contrat d’offre classique : elle viendra principalement des sites de production les plus proches, donc très probablement de centrales thermiques ou nucléaires.

Néanmoins, votre fournisseur s’engage à produire ou à participer au financement de l’équivalent de votre consommation en électricité verte.

Pour rendre crédible leurs engagements, les fournisseurs ont à leur disposition un instrument réglementaire : la garantie d’origine (GO). La GO est un certificat permettant de s’assurer du caractère renouvelable d’une production d’électricité, une GO par MWh vert produit. Elle est émise par le producteur d’énergie renouvelable et certifiée par son inscription dans un registre en application d’une ordonnance de 2011 transposant deux directives européennes. Le fournisseur peut utiliser les GOs de ses propres sites de production d’énergie renouvelable ou bien les acheter sur le marché par l’intermédiaire de la société Powernext, légalement chargée d’en tenir le registre pour la France. Pour éviter leur accumulation, les GOs ont une durée de vie de 1 an. Il n’existe pas de marché de gros : les transactions se font de gré à gré. Dès qu’elle est utilisée dans une vente au détail, la GO est annulée.

Le système de GO permet de dissocier la consommation de la rémunération de la production d’électricité verte. Même si le client ne reçoit pas l’électricité verte promise, il rémunère 100% de sa production au travers de l’achat ou de l’émission de GOs par son fournisseur. En effet, s’il ne possède pas de capacité de production renouvelable, le fournisseur doit effectuer deux transactions pour remplir ses contrats verts : produire ou acheter de l’électricité sur le marché de gros et acheter des GOs sur la plateforme Powernet. Les deux ne sont pas forcément liés : les GOs peuvent être émis n’importe où en Europe, loin des clients. En effet, Powernext est membre de l’Association of Issuing Bodies de sorte que les titulaires de compte peuvent importer (ou exporter) des GOs depuis (ou vers) d’autres pays européens. Le découplage entre le MWh vert produit et la GO associée permet aux fournisseurs dotés de capacités de production conventionnelles (thermique ou nucléaire) de verdir leur offre sans rien changer de leur mix énergétique. Il leur suffit d’acheter les GO correspondant aux contrats souscrits. Ce découplage peut conduire à une situation paradoxale où l’entreprise verte qui cède une GO à une entreprise grise ne peut pas vendre son MWh comme étant vert alors que le producteur gris qui a acheté la GO en a le droit.

Le découplage entre consommation et rémunération de l’électricité verte a aussi un impact non-trivial sur le mix énergétique du fait de l’intermittence des sources d’énergies éoliennes et solaires.

Prenons l’exemple de deux consommateurs, A et B, qui consomment chacun 24 kWh par jour, plus précisément 1 kW chaque heure de la journée. Leur électricité provient d’une centrale thermique dont ils utilisent 2 kW de capacité de production chaque heure de la journée. Ils habitent une région ensoleillée proche de l’équateur, de sorte qu’une alternative verte se présente : le producteur/fournisseur peut installer des panneaux photovoltaïques permettant de produire à pleine capacité pendant chacune des 12 heures diurnes.

Le consommateur A signe un contrat 100% électricité verte proposé par son fournisseur. Celui-ci doit alors émettre ou acheter des GO pour 24kWh par jour d’énergie solaire (la consommation de A), ce qui nécessite l’installation de 2 kW de capacité de production en panneaux photovoltaïques. Durant les heures de la journée, les 2 kW couvrent les besoins des deux clients, A mais aussi B, donc on peut se passer de la centrale thermique. Celle-ci n’est mise en route que le soir pour alimenter B, mais aussi A la nuit venue. Finalement, sans le savoir, A et B consomment la même électricité ! Elle est verte le jour et grise la nuit. Dans un sens, A finance la consommation verte de B. Le consommateur A contribue donc à la transition énergétique, mais il a fallu pour cela doubler les capacités de production, chaque type de centrale électrique n’étant utilisé que la moitié du temps.

Si A veut produire et consommer sa propre électricité 100% verte, il devra installer 2kW de capacité de production en photovoltaïque couplés à une batterie de 12kWh de capacité (en négligeant les pertes inhérentes au stockage). A devient alors un consommateur (un ‘prosumer’) qui peut se déconnecter du réseau et savourer pleinement son électricité verte. De son côté, B continuera d’utiliser l’électricité issue de la centrale thermique à hauteur de 1 kW toutes les heures. La centrale tournera toute la journée mais en dessous de sa capacité de production.

Si l’on compare les deux options, le bilan environnemental est très différent : dans les deux options vertes, 2 kW d’énergie solaire sont installés et 24kWh d’électricité grise sont produits, avec les mêmes émissions polluantes mais réparties différemment. Dans le cas où A signe un contrat vert la centrale thermique fonctionne à pleine capacité pendant la moitié du temps et, dans le cas où il installe ses propres panneaux solaires, elle fonctionne de façon ininterrompue mais à la moitié de sa capacité.[1] Le bilan carbone est le même mais la qualité de l’air est moindre avec le contrat vert car les émissions de particules fines sont concentrées lors des pics de pollution en soirée. A quoi s’ajoute un surcoût lié à la montée en charge lorsque la centrale thermique s’active en fin de journée.[2] Dans le cas d’autoconsommation, il faut investir dans le stockage de l’énergie, une technologie qui, bien qu’en progrès, reste particulièrement onéreuse.

Si, dans notre exemple, il a suffi que A signe un contrat 100% électricité verte pour que 2kW de panneaux photovoltaïques soient installés, c’est loin d’être le cas en pratique. En France, la source d’énergie renouvelable principale étant hydraulique, il y a de bonnes chances que la rémunération par la garantie d’origine finance une centrale hydraulique existante et souvent largement amortie. C’est un effet d’aubaine pour les centrales existantes, et les nouveaux barrages qui pourraient être financés sont peu nombreux à cause de l’opposition des populations riveraines. De toute façon, l’incitation financière apportée par les GO reste faible. Les montants sont négligeables au regard des tarifs d’achat réglementés de l’énergie renouvelable: de l’ordre de 0,15 à 3,6 € par MWh pour les GOs alors que le tarif d’achat du MWh solaire va de 150 à 180 €![3] Ces quelques euros de plus font peu de différence dans les décision d’investissement.

Depuis la Loi n° 2017-227, les installations bénéficiant de soutien public (obligation d’achat ou compléments de rémunération) voient leurs GOs récupérées par l’Etat et mises en vente par enchères organisées par Powernext.

La GO n’est certainement pas le levier financier de la transition énergétique ; un peu de beurre dans les épinards tout au plus. Les choses pourraient changer si les consommateurs deviennent demandeurs massifs d’électricité verte. En effet, la demande forte de GOs ferait monter leur prix et pousserait à plus d’investissement en technologies renouvelables.

Le système des GOs est un instrument ingénieux pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent contribuer à la transition énergétique sans pour autant installer des panneaux solaires. En s’appuyant sur le marché, il permet de rémunérer l’offre d’énergie renouvelable où qu’elle soit. Néanmoins, le système aurait à gagner à être plus précis afin de mieux informer les consommateurs sur le produit qu’ils achètent. Peu d’entre eux savent qu’ils peuvent retrouver la trace de la source d’énergie renouvelable à laquelle ils ont contribué en reportant le numéro de la GO acquise par leur fournisseur sur le site Powernext. Certains aimeraient peut-être diriger leur contribution vers certaines installations. Les fournisseurs alternatifs en font une stratégie commerciale. Ainsi Enercoop met en avant son réseau de producteurs locaux et associatifs. Un fournisseur conventionnel pourrait aller plus loin dans la différenciation de produits lors de la signature du contrat en s’engageant à acquérir les GOs selon un cahier des charges plus précis: la source d’énergie, l’origine géographique ou l’âge des équipements. On pourrait alors souscrire à un contrat 100% électricité solaire d’Occitanie. C’est tout à fait possible avec le système des GOs actuel. On pourrait également favoriser le stockage de l’énergie en différenciant la GO selon l’heure de la journée, avec une prime lors des pics de pollutions de fin d’après-midi. De tels contrats étofferaient la gamme des produits offerts par les fournisseurs et seraient plus rémunérateurs pour les producteurs. Mais ils coûteraient plus chers. Il n’est donc pas sûr que la demande suivrait. »

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[1] A noter que les coûts d’investissement (ou de démantèlement) et de maintenance ne sont pas les mêmes avec les deux options.

Décarbonation- Industrie verte-logistique, même objectif

Décarbonation- Industrie verte-logistique, même objectif


La filière transports de marchandises et logistique est résolument engagée dans sa propre décarbonation (transition énergétique du transport routier, report modal, entrepôts de plus en plus écologiques…). Elle a également un rôle essentiel, souvent occulté, dans l’effort de verdissement de l’ensemble de l’économie productive. Par Anne-Marie Idrac, ancienne ministre, Présidente de France Logistique ( dans la Tribune)

La raison d’être des transports de marchandises et de la logistique est d’accompagner la production de l’industrie, l’agriculture, la construction, et enfin la distribution.

Rappelons quelques chiffres de flux : hors transit, l’agroalimentaire représente 30%, la construction 28%, l’énergie et les déchets 10%, les produits intermédiaires de l’industrie et les véhicules encore 10%, le reste donc quelque 20%.

Or, concrètement, l’industrie verte de demain passe par deux politiques complémentaires : la réindustrialisation et la décarbonation des industries existantes. Elles conduisent toutes deux à une augmentation sur notre territoire des flux et des stocks de produits.

En effet ces deux tendances ont pour effet, en réduisant la part des importations, une certaine dé-massification des flux et stocks de produits en circulation chez nous. Donc leur croissance. Cela au bénéfice de notre balance commerciale, de l’emploi et la valeur ajoutée nationale.

Réindustrialiser consiste – d’un point de vue logistique – à relocaliser sur notre territoire la multitude de flux/stocks de matières, composants et produits intermédiaires localisés auparavant de l’étranger.

Pour l’industrie existante, un important levier de décarbonation est le remplacement des matières premières neuves, par des matières recyclées. Cela vaut par exemple pour l’acier (à partir de ferrailles recyclées et non plus de minerai), l’aluminium (à partir de cannettes) ou le plastique….

D’un point de vue logistique, cette économie circulaire se traduit par toute une chaine de multiples flux/stocks pour recueillir/trier/ramasser puis consolider les nouvelles matières premières. C’est une organisation complexe et répartie sur tout le territoire, avec des systèmes de collecte et des hubs de regroupements pour finalement re-massifier et minimiser les distances des flux.

De même, les grands chantiers d’équipements énergétiques (nucléaire, éoliennes), ou la tendance à la rénovation des bâtiments auront besoin de puissantes organisations logistiques.

Quant à la décarbonation de la distribution et du commerce, elle suppose des chaînes bien organisées de massification et de mutualisation.

Tout cela avec l’usage des véhicules les plus verts possible.

La réussite des politiques de réindustrialisation passe (aussi) par l’amélioration des performances des chaines logistiques
L’indice de compétitivité logistique de la Banque Mondiale (LPI), paru fin avril, place la France à la 13e place mondiale, derrière beaucoup de nos proches voisins et concurrents pour l’implantation industrielle, malgré quelques progrès notamment douaniers.

Dans le cadre de la stratégie nationale publiée par le gouvernement en décembre dernier, nous devons donc collectivement poursuivre nos efforts pour améliorer la compétitivité logistique, indissociable de son verdissement, avec deux objectifs : en faire un outil d’attractivité des activités productives de demain, et bénéficier sur notre territoire des capacités de création d’emplois et de valeur du secteur lui-même – dont on oublie souvent qu’une large part est facilement délocalisable à quelques dizaines de km de nos frontières.

Le raccourcissement des délais et la simplification des procédures d’implantations industrielles et logistiques sont pour cela cruciales – en y incluant la question compliquée des recours.

La politique bien engagée de décarbonation des chaines logistiques doit aider les acteurs à offrir des solutions toujours plus performantes aux industriels, pour favoriser leur implantation en France.

Plus largement, pour assurer la réussite globale des politiques de décarbonation, il est indispensable de travailler, dans une vision de type « scope 3 », à l’échelle des chaines de valeur et pas seulement sur chacun des maillons.

Ainsi, les émissions du transport de marchandises, si elles doivent évidemment être maîtrisées aux bornes du secteur dans le cadre de la SNBC, peuvent-elles aussi être considérées plus largement au regard de leurs impacts pour la production industrielle nationale. Par exemple, le renouveau industriel national nécessitera sans doute davantage de transports sur notre territoire. De même, un maillage adéquat de localisation des entrepôts doit-il prendre en compte l’optimisation des distances de transports dans une France en voie de ré-industrialisation verte.

Finalement, l’intensité logistique va de pair avec l’augmentation de la part industrielle de notre croissance, et son efficacité est l’un des leviers de notre redressement productif.

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Transition écologique : Une lettre « verte » du gouvernement aux maires

Transition écologique : Une lettre « verte » du gouvernement aux maires


Christophe Béchu , Ministre de l’écologie, vient d’adresser une lettre verte à tous les maires de France. Une lettre « verte » qui comme la tarification postale récente mettra du temps à parvenir aux élus et surtout à les convaincre.

Bref, une lettre sans intérêt, de nature intemporelle, sans stratégie et même sans moyens. Au moins le ministre de l’ écologie aura marqué son temps de passage au gouvernement par l’envoi d’une lettre.

En effet, Christophe Béchu ;a pratiquement presque jamais manifesté d’intérêt comme élu local pour la problématique environnementale. Et c’est sans doute un peu par hasard qu’il a atterri dans un ministère dont l’;objet lui est inconnu. Et beaucoup d’;observateurs ce sont d’ailleurs étonnés de sa nomination dans cette

Il est curieux donc que le gouvernement veuille informer et même former les élus locaux qui sont depuis longtemps autrement sensibles à la question écologique.

D’entrée le ministre de l’écologie utilise la démagogie et le cirage de pompes « les élus locaux, en particulier les maires, sont les hussards verts de notre République »

« Au quotidien, par les compétences que vous exercez en matière d'aménagement du territoire, de mobilité, de plan alimentaire, par vos politiques d’espaces verts, par la construction ou la rénovation de vos bâtiments publics, notamment les écoles, vous disposez des leviers les plus efficaces pour mettre en œuvre et accélérer une transition écologique attendue et souhaitée par nos concitoyens. Vous nous savez à vos côtés pour relever ensemble ce défi », poursuit le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Première mesure précisée : la formation de 30.000 élus en deux ans. Comme annoncé lors du congrès des maires de novembre 2022, Christophe Béchu souligne que « pour bien agir, il faut connaître les conséquences du changement climatique et de la crise environnementale ». Une problématique largement inconnue du ministre de l;écologie lui-même.

« Nous le ferons dans chaque département en partant de ce qui se passe dans vos territoires, parce que nous croyons à l’écologie du terrain et de la proximité », ajoute-t-il.

Deuxième outil : la plateforme numérique solutionsdelus.gouv.fr, là aussi dévoilée au congrès des maires, pour faire remonter de tout le pays les solutions qui existent et qui marchent pour faire avancer la transition écologique.

« Nous avons besoin de montrer que cette transition est possible et qu’elle passe par des initiatives locales ; cette plateforme permettra à tous les maires de France de trouver des solutions pour agir, parce que, comme vous, nous croyons à l’écologie des actes », explicite le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Se former, s’entraider, financer

Troisième et dernière, et non des moindres : les 2 milliards d’euros du « Fonds vert » voté dans le cadre de la loi de finances 2023, « une opportunité exceptionnelle de lancer vos projets et de poser les premières pierres de la planification écologique ».

« Ces trois mesures fortes répondent à un triptyque, se former, s’entraider, financer, que nous plaçons au cœur de la relation qui unit le Gouvernement et les élus locaux », conclut Christophe Béchu.

La seconde page du courrier est une infographie en trois points intitulée « un budget 2023 porteur d’;un soutien inédit pour nos territoires ». Là encore, le visuel est découpé en trois points.

Le premier est intitulé « soutenir massivement la capacité d’agir des collectivités et l’investissement local » et détaille les 320 millions d’euros supplémentaires pour la dotation globale de fonctionnement. Un montant que les édiles jugent insuffisant et qu’ils auraient souhaité voir aligné sur l’inflation.

Le deuxième item portant sur les « 2,5 milliards d’euros pour protéger toutes les collectivités face à la hausse des prix de l’;énergie ». Autrement dit, le bouclier tarifaire, l’amortisseur électricité et le filet de sécurité, des dispositifs très techniques que la Première ministre Elisabeth Borne s’;était engagée à simplifier en clôture du congrès des maires.

Le troisième, enfin, titré « accompagner les territoires dans la transition écologique », est une redite sur le « Fonds vert » et sur l’enveloppe de 41,7 millions d'euros sur la biodiversité. Reste donc maintenant aux édiles de s’emparer de ces espèces sonnantes et trébuchantes, à condition d’;aller solliciter le préfet de département.

Urgence écologique oui, dictature verte non

Urgence écologique oui, dictature verte non


D’après un sondage de l’IFOP demandé par la Tribune, 83% des Franciliens se disent inquiets du réchauffement climatique et révèlent une conscience forte de la nécessité de s’y adapter. Ce chiffre qui correspond à la moyenne nationale est plus particulièrement élevé chez les moins de 25 ans, la génération Climat dont 43% sont affectés par le phénomène de l’éco-anxiété.

77% des Franciliens considèrent en novembre 2022 que ces pollutions augmentent (40% beaucoup, en particulier dans Paris intra muros, signe d’une inefficacité, au moins dans les quartiers périphériques et de délestage, du plan de circulation de la Mairie de Paris).

Selon l’IFOP, un sentiment de fatalisme règne chez les Franciliens selon qui le réchauffement climatique est un phénomène qui s’accélère (91%), selon qui les élus locaux devraient agir davantage et avec plus d’efficacité (86%).

73% des Franciliens considèrent que l’Etat demande trop d’effort aux plus pauvres et pas assez aux plus riches. Les deux tiers sont résignés à un changement climatique jugé inéluctable pour lequel il n’y a pas de solution (58%). Assez inquiétant, on trouve 36% des Franciliens climato-sceptiques selon qui le phénomène est exagéré par les médias.

Fracture sociale et fracture écologique vont de pair : 51% des Franciliens ont aussi le sentiment de « faire plus d’efforts que les autres » : un sentiment majoritaire chez les Parisiens, les écologistes, les jeunes et… les plus modestes et les pauvres, ainsi que chez les convertis, de gré ou de force, à la petite reine…

Côté solutions, l’IFOP mesure un degré d’acceptation plus fort de l’idée que fin du monde et fin du mois sont compatibles, pour 60% des sondés, seuls 23% jugeant que la priorité doit être donnée au pouvoir d’achat sur la transition écologique. Reste à voir si cela demeurera vrai en début d’année avec la probable poussée des prix de l’alimentation et de l’énergie.

Les mesures prioritaires à mettre en place sont en numéro 1 la rénovation thermique des bâtiments, une urgence alors que 39% des émissions proviennent de cette source et que les règles de diagnostic énergétique vont mettre la pression sur les travaux, encore très en retard. En 2, l’accélération de la transition écologique de l’industrie, en 3 le développement accru des espaces verts, la végétalisation pour lutter contre les îlots de chaleur en ville. La réduction de l’usage des véhicules thermiques et le passage à la motorisation électrique n’est cité qu’en numéro 4 tout comme la limitation de l’usage de l’avion. Le bio, sans doute un effet de la baisse du pouvoir d’achat, ne vient qu’en 6ème position alors que les ventes s’effondrent.

Les Franciliens, qui vivent à la fois des embouteillages et des retards du RER, plébiscitent évidemment le développement du rail en alternative à la route autant que possible. 90% jugent que c’est la priorité des années à venir. En deuxième position, 85% privilégient le recul du recours aux pesticides d’ici à 2030, 83% le doublement du parc d’énergies renouvelables. Pour rendre juste et efficace la transition écologique, les Franciliens attendent aussi plus d’aides de l’Etat pour que les ménages les plus précaires rénovent leur logement (78%), 62% que les propriétaires soient contraints de le faire avant une vente et 61% sont pour la limitation de l’accès des véhicules les plus polluants en ville. Seuls 55%, une courte majorité, veulent que les trajets en avion soient plus taxés. Moins de la moitié, 47% sont favorables à l’interdiction de la vente des véhicules diesel, essence et hybrides neufs en 2035, comme le propose l’Union européenne. Il y a donc du travail de conviction à faire, relève François Legrand de l’IFOP, en particulier sur les aides pour le passage aux motorisations électriques.

Les Franciliens font confiance aux entreprises notamment aux plus grandes pour faire avancer les choses en matière de lutte contre le réchauffement, à 86%, presque à égalité avec l’Etat et l’UE (85% et 83%). Les citoyens eux même, la métropole du Grand Paris sont mis en avant alors que la Ville de Paris n’intervient qu’en dernière position à 74%.

74% des Franciliens pensent que l’utilisation moindre de la voiture individuelle en Île-de-France est une bonne chose mais attention au retour des Gilets Jaunes, car un quart, les plus modestes, sont opposés .

L’adhésion à court terme à l’interdiction des véhicules diesel de l’aire urbaine francilienne via la mise en œuvre des amendes dans la ZFE divise les Franciliens. Seuls 17% sont très favorables, 38% favorables et 45% sont opposés, dont 18% sont irréductiblement contre. Là encore, les irréductibles de la voiture des départements les plus ruraux sont très opposés ainsi que les seniors et les retraités.Conclusion urgence écologique oui, la dictature verte non.

Borne : un fonds de peinture verte de 1,5 milliards

Borne : un fonds de peinture verte de 1,5 milliards

 

 

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Élisabeth Borne a annoncé ce samedi le déblocage d’un « fonds vert » doté d’1,5 milliard d’euros destiné aux collectivités locales pour les aider à lutter contre le changement climatique, dans un entretien au Parisien.Une sorte de fonds de peinture verte pour masquer la grande indigence de la transition écologique pourtant annoncée à grand renfort de trompettes

« Nous allons mettre en place un fonds vert doté d’1,5 milliard d’euros à destination des collectivités pour les aider dans l’accélération de leur transition écologique », a affirmé la Première ministre.

Élisabeth Borne suggère d’utiliser ce fonds pour « la réhabilitation de friches pour limiter l’étalement urbain », pour rénover « énergétiquement les bâtiments publics comme par exemple certaines écoles », pour ramener « de la nature dans les villes » ou encore installer « des parkings relais » à leur entrée.

 

Taxinomie verte: science et-ou politique ?

Taxinomie verte: science et-ou  politique

Mercredi, le Parlement européen a approuvé l’intégration du gaz et du nucléaire dans la taxonomie verte européenne, qui permet notamment d’avoir accès à certains financements. Les eurodéputés ont considéré ces deux sources d’énergie comme nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Néanmoins, il est dommageable que le vote se soit fait sur des considérations plus politiques et partisanes que scientifiques alors même que plusieurs études ont été menées pour éclairer le législateur. Par François-Marie Bréon, physicien-climatologue, président de l’Association Française pour l’Information Scientifique (*).( dans la Tribune)

Un article pour montrer le côté stérile de l’affrontement entre l’orthodoxie des partisans de la croissance zéro et l’irresponsabilité des soutiens du développement sans limite NDLR

 

La « taxonomie verte » est un mécanisme mis en place par l’Union européenne (UE) pour définir les activités qui contribuent à la défense de l’environnement en général et la lutte contre le changement climatique en particulier.  Dans son cadre, une activité peut être considérée « durable » si elle contribue substantiellement à l’un des six objectifs environnementaux, sans causer de préjudice important à l’un des cinq autres objectifs. Ces six objectifs de développement durable définis par l’Union portent sur l’atténuation du changement climatique ou l’adaptation à ce changement, l’utilisation des ressources aquatiques et marines, l’économie circulaire, la pollution et la biodiversité et les écosystèmes. Être reconnu dans cette taxonomie est stratégique pour de nombreuses activités car cela permet un accès facilité à des financements.

Concernant l’énergie, l’inclusion ou non du gaz et du nucléaire ont été au cœur des débats.

Si l’utilisation de gaz fossile pour produire de l’électricité contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre, les émissions associées sont bien moindres que celles dues à l’utilisation du charbon. De plus, le gaz est souvent vu comme un complément indispensable pour compenser la variabilité de la production des énergies renouvelables et peut donc apparaître comme nécessaire à leur développement.  Plusieurs pays souhaitent donc voir le gaz inclus dans la taxonomie comme une « énergie de transition ».

Le nucléaire est incontestablement une source d’électricité bas-carbone, mais certaines spécificités de cette industrie font l’objet de discussions sur son respect du critère « sans causer de préjudice important » évoqué plus haut. C’est en particulier le cas de la gestion des déchets et du risque d’accident.

Les discussions européennes autour de cette taxonomie durent depuis plus de deux ans et donnent lieu à de virulentes controverses. Initialement, le gaz et le nucléaire n’ont pas été inclus dans la taxonomie et la discussion a été renvoyée dans celle d’un « acte délégué ». Notons que c’est là un enjeu crucial pour le développement du nucléaire en Europe du fait de son caractère très capitalistique : le financement initial pour la construction est très important et ne peut être rentabilisé que sur plusieurs décennies.  L’accès à un financement à taux réduit est donc nécessaire pour que le cout au MWh produit reste compétitif.

Dans un premier temps, la Commission européenne avait indiqué que la décision de l’inclusion du nucléaire se ferait sur des critères purement scientifiques. Elle avait donc demandé à son centre de recherche, le Joint Research Center (JRC) basé à Ispra en Italie, de faire une évaluation scientifique de cette question. Le rapport[1], publié en mars 2021, a conclu qu’« il n’existe aucune preuve scientifique que l’énergie nucléaire est plus dommageable pour la santé humaine ou l’environnement que d’autres technologies de production d’électricité déjà incluses dans la taxonomie de l’UE en tant qu’activités contribuant à atténuer le changement climatique ». La question des déchets, des accidents potentiels ou de l’impact sur la température des eaux a bien sûr été analysé en détail.

À la demande de la Commission européenne, ce rapport a ensuite été évalué de manière indépendante par deux groupes d’experts. Le « Groupe d’experts visé à l’article 31 du traité Euratom » a validé le 28 juin 2021 la méthodologie et les conclusions du rapport du JRC[2]. De son côté, le Comité scientifique de la santé, de l’environnement et des risques émergents de la Commission européenne (SCHEER) a rendu ses conclusions le 29 juin 2021[3]. Pour lui, les conclusions et les recommandations du rapport du JRC « concernant les impacts non radiologiques sont dans l’ensemble complètes » mais émet des réserves d’ordre méthodologique (insuffisance d’une approche comparative avec d’autres technologies, limite du cadre réglementaire européen comme référence pour la partie du cycle hors Europe) et appelle à une analyse plus poussée pour l’impact thermique des rejets « dans les zones côtières peu profondes et les écosystèmes vulnérables ».

Depuis, il semble que tout se passe comme si l’analyse scientifique n’avait jamais été faite. On est retombé dans les oppositions classiques entre les pays et organisations qui soutiennent le nucléaire et ceux qui s’y opposent. Les deux poids lourds de l’Europe, Allemagne et France, ont poussé l’un pour le gaz et l’autre pour le nucléaire. Les tractations et négociations ont conduit à proposer un acte délégué dans lequel nucléaire et gaz naturel seraient inclus dans la taxonomie comme énergie de transition mais avec des conditions très restrictives, en particulier pour le gaz. Ainsi les installations financées devraient conduire à des émissions de CO2 inférieures à un certain seuil et, surtout, le gaz utilisé au-delà de 2035 devra être d’origine renouvelable et non fossile.

C’est donc cet acte délégué à la taxonomie, qui a été débattu puis voté au parlement européen. Une première évaluation par les Commissions environnement et économie du Parlement européen avait conduit à un rejet du projet. Il a à nouveau été débattu en session plénière au parlement à Strasbourg les 5 et 6 juillet 2022 en parallèle à une forte mobilisation, aussi bien des antis que des pro-nucléaires.

Le vote portait sur le rejet de l’inclusion de l’acte délégué dans la taxonomie. Il n’a recueilli que 278 votes alors qu’il en aurait fallu 353 pour être effectivement rejeté. La répartition des votes est essentiellement partisane : les élus de Renew (centre), du PPE (droite), de CRE (droite eurosceptique) et de ID (extrême droite) ont voté contre. Les Verts et La Gauche (extrême gauche) ont voté pour le rejet de l’acte délégué. C’est aussi d’une majorité des socialistes du S&D, bien qu’une vingtaine d’élus, principalement issus d’Europe de l’Est, n’aient pas suivi cette majorité.

La Commission européenne peut encore mettre un droit de véto sur l’acte délégué, mais cette hypothèse apparaît peu probable compte tenu de la position des différents pays et du vote du parlement.  Néanmoins, l’Autriche et le Luxembourg, de même que plusieurs ONG telles que Greenpeace et le WWF, ont annoncé vouloir saisir la Cour de justice de l’UE.

Ce débat va avoir lieu sur fond de crise énergétique en Europe. En France, presque la moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, une partie pour maintenance traditionnellement concentrée sur l’été lorsque la consommation est faible, mais surtout du fait de défauts constatés sur des canalisations prévues pour apporter de l’eau en situation accidentelle. Dans le reste de l’Europe, c’est le conflit avec la Russie qui entraîne une limitation des importations de gaz et autres combustibles fossiles (charbon et pétrole).

Ce contexte conduit à un recours accru aux centrales à charbon, ce qui est particulièrement délétère au regard des émissions de CO2. En Allemagne, l’échéance de 2023 pour la fermeture des trois dernières centrales nucléaires en activité a été confirmée et, dans le même temps, le nombre de centrales à houille, lignite et fioul en réserve qui seront activées est augmenté. En France, la centrale au charbon de Saint-Avold, d’une puissance de 600 MW, va être remise en activité. Cette situation va donc éloigner plusieurs pays européens de l’accomplissement de leurs objectifs climatiques.

Par ailleurs, si la consommation électrique est relativement faible en été et les moyens disponibles suffisants pour faire face à la demande, les perspectives pour l’hiver prochain sont plus sombres. Mais pour l’heure, plutôt que de chercher des solutions pragmatiques, l’Europe se divise sur des questions partisanes.

_____

[1] JRC Science for Policy report: Technical assessment of nuclear energy with respect to the ‘do no significant harm’ criteria of Regulation (EU) 2020/852 (‘Taxonomy Regulation’). 2021.

https://snetp.eu/2021/04/07/jrc-concludes-nuclear-does-not-cause-significant-harm/

[2]  »Opinion of the Group of Experts referred to in Article 31 of the Euratom Treaty on the Joint Research Centre’s Report Technical assessment of nuclear energy with respect to the ‘do no significant harm’ criteria of Regulation (EU) 2020/852 (‘Taxonomy Regulation’) », 28 juin 2021.

https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/business_economy_euro/banking_and_finance/documents/210630-nuclear-energy-jrc-review-article-31-report_en.pdf

[3]

https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/business_economy_euro/banking_and_finance/documents/210629-nuclear-energy-jrc-review-scheer-report_en.pdf

_______

(*) Site de l’Association Française pour l’Information Scientifique : Afis.

Climat : un coup de peinture verte ne suffira pas

Climat : un coup de peinture verte  ne suffira pas

 

Du premier sommet de la Terre aux réunions internationales, la lutte contre le réchauffement climatique est devenue un totem pour les dirigeants mondiaux. Voire même plutôt une Arlésienne dont le refrain est connu d’avance  « Il faut que rien ne change pour que tout change ». Ceci même après les Accords de Paris où l’on répétait en cœur qu’il fallait sauver la planète sans en comprendre le sens et les efforts induits. On l’aura compris, ce n’est donc plus « la maison qui brûle » mais bien la planète. Par Vincent Auriac, PDG de AXYLIA, maison de finance responsable.( « la Tribune »).

 

 

Pour preuve, le 6e rapport du GIEC nous montre que nous sommes encore loin de la trajectoire qui nous permettrait d’atteindre les objectifs fixés par la science. Les climatosceptiques ont beau douter, si nous ne parvenons pas à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre avant 2030, le réchauffement planétaire dépassera les 1,5 °C, entraînant avec lui son lot de conséquences désastreuses. Aussi et comme le dit très bien Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et éthologue dans son dernier ouvrage Des âmes et des saisons où il est question de psychoécologie, « notre culture a perdu la boussole, nous naviguons à vue, bousculés par les événements, errant là où le vent nous porte. Pourtant, il nous faut reprendre le cap car l’homme n’est pas au-dessus de la nature ni supérieur aux animaux. Il est dans la nature« .

Neutralité planétaire

Raison de plus pour tendre vers un monde bas carboné où l’écologie, l’économie et le social sont notre boussole. Plus que le développement durable défini par la Commission Brundtland en 1987, c’est bien la société de la sobriété qu’il faut faire advenir. C’est dire si nous avons collectivement tiré sur la corde et que le point de non-retour est proche. En effet, comme le précise le GIEC, il faut adopter un autre mode de vie qui nous permettrait de réduire nos émissions de 40% à 70% d’ici 2050. Ce levier essentiel demande des engagements sociétaux et politiques. Le Président Macron a promis de nommer un Premier ministre qui sera en même temps, le « super ministre » de l’Écologie. Nous verrons.

En tout cas, pour atteindre la neutralité carbone planétaire, un changement de paradigme doit nous conduire à nous débarrasser des énergies fossiles, mais aussi de faire un meilleur usage des terres et des forêts par exemple. Les métropoles et mégalopoles, sources d’émissions importantes, ont un rôle évident à jouer dans cette contribution à la neutralité, notamment dans l’usage des infrastructures de transports. Bien sûr, il ne s’agit pas de déclarer le temps de l’écologie punitive ou celui du score social. La société bas carbone ne peut se concevoir qu’à la condition de lui adjoindre l’équité et la justice sociale. Elles renforcent la participation citoyenne et génèrent une bien plus grande motivation à atténuer le changement climatique. Au lieu d’oppositions, elles suscitent des compromis plus viables et vivables.

La finance peut stopper la dérive climatique

De son côté, la finance, accusée injustement de tous les maux, sera nécessaire pour accompagner et financer cette transition. Il est vrai que ce secteur tarde à entamer une réelle transition. Elle attend trop des entreprises sans prendre d’engagements à la hauteur des enjeux. Donnons-lui donc sa chance d’assumer ses responsabilités et participer à la lutte contre le  changement climatique. Particulièrement dans l’accompagnement des investisseurs en mobilisant des capitaux, largement disponibles, encore mal alloués et qui participent parfois, inconsciemment, à la dérive climatique.

Face aux Cassandre, il faudra bien admettre et constater pourtant que les contraintes sociales et environnementales ne sont pas des freins à l’investissement, mais des moyens de bonne gouvernance. Elles permettent de sécuriser les performances, mieux que les placements traditionnels. Pour l’instant, les entreprises et surtout les gestionnaires financiers parlent encore trop d’acronymes et d’émissions de CO2 selon des méthodes de calcul et des critères d’analyse qui ne sont pas toujours standardisés. Ce qui est source de confusion chez les Français, investisseurs ou épargnants, qui ne s’y retrouvent pas parmi les multiples labels promus par l’État. Pour clarifier la situation, le Score Carbone® tient compte des efforts fournis par une entreprise pour réduire ses émissions de CO2 ; ce qui permet aux acteurs du secteur financier et aux particuliers de prendre les bonnes décisions.  Cet outil est la preuve que des solutions existent pour éclairer les épargnants sur les entreprises engagées et celles qui, en 2025, seront à la remorque du nécessaire changement.

Plus globalement, comme on le dit d’un nouveau développement en agriculture, il nous faudra aussi pratiquer la résilience en de nombreux autres secteurs comme l’alimentation, avec une consommation moins carnée, des logements mieux isolés, l’accroissement du télétravail dans les métropoles et des mobilités plus douces. Mais attention, il ne s’agit pas d’une décroissance déguisée. Simplement, la modération de nos besoins et de nos désirs pour rompre avec notre propre autodestruction. Cela implique de remettre les Hommes, les entreprises et la nature au cœur de nos préoccupations et de redonner à notre monde un peu plus d’oxygène, de légèreté et de saveur… Chiche !?

Vincent Auriac

La taxonomie verte: Une avancée pour l’environnement

La taxonomie verte: Une avancée pour l’environnement 

Avec la taxonomie verte, l’Union européenne espère engager le continent vers une économie décarbonée. Mais la complexité de sa mise en place constitue une source d’inquiétude pour les entreprises comme pour les banques qui les financent. Par Thomas Boidot-Dorémieux, Directeur du Lab Innovation chez Lamarck Group ( dans la « Tribune »)

Derrière son aspect technique et abscond pour le grand public, la taxonomie verte reflète des enjeux importants pour les entreprises. Elle consiste à classifier les activités économiques en fonction de seuils de rejet de CO2 que leur activité génère. Ce besoin de catégoriser se comprend au regard des objectifs de limitation du réchauffement climatique énoncés récemment. Les pays participant à la COP26 de novembre 2021 se sont en effet engagés à réduire de 45 % d’ici à 2030 (par rapport à 2010) leurs émissions de GES. Quant à l’Union européenne, elle entend parvenir à la neutralité carbone en 2050.

Les objectifs de la taxonomie verte

La taxonomie verte donne lieu à d’intenses débats car fixer le niveau du seuil au-delà duquel une entreprise n’est plus verte peut avoir des implications très concrètes sur le financement de son activité et sur son éligibilité à certaines aides publiques. Au niveau macroéconomique, elle peut provoquer des distorsions de concurrence entre pays en fonction du niveau des seuils et des exigences qui pèsent sur le tissu économique. En Europe, se prévaloir d’une activité verte supposera de contribuer au moins à l’un des six objectifs de la finance verte sans porter atteinte aux cinq autres.

Ces objectifs sont les suivants :

  • Atténuer le changement climatique.
  • S’adapter au changement climatique.
  • Utiliser durablement et protéger les ressources aquatiques et marines.
  • Faire la transition vers une économie circulaire.
  • Prévenir et réduire la pollution.
  • Protéger et restaurer la biodiversité.

Des normes réglementaires qui restent incomplètes

A ce jour seuls les 2 premiers objectifs sont opérationnels sur un nombre limité de secteurs d’activité, les modalités précises des quatre suivants restant en cours de définition. Il y a pourtant urgence pour les entreprises comme pour les établissements financiers à pouvoir se reposer sur des normes établies et exploitables. Pour les premières, il s’agit de disposer des outils nécessaires au respect de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) qui renforce les exigences en matière de reporting extra-financier. Pour les seconds, l’enjeu est d’avoir la capacité de mesurer la part des financements accordée à des activités économiques durables, laquelle se formalise dans un indicateur de performance baptisé le « Green Asset Ratio » (GAR), qui traduit la part des actifs durables dans l’ensemble des actifs. La publication du GAR s’impose dans le cadre de la Directive sur l’information extra-financière (NFRD – Non-Financial Reporting Directive).

Le respect de ces obligations s’avère aujourd’hui un exercice complexe. Les banques se heurtent en effet au manque d’information pertinente disponible. Certes le CSRD devrait leur permettre de trouver dès décembre 2022 les données directement chez les entreprises qu’elles financent, puisque ces dernières devront publier leur alignement avec la taxonomie européenne au travers d’un reporting simplifié, des standards homogènes devant être élaborés par l’European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG). Mais il y a fort à parier que cette obligation réglementaire prendra plusieurs années pour être totalement respectée et elle devra s’accompagner de contrôles afin de garantir la qualité et l’exactitude des données fournies. Par ailleurs les entreprises de moins de 250 salariés, et surtout les contreparties situées hors de l’Union européenne ne seront pas concernées par ces obligations.

Il restera donc aux établissements financiers à établir des estimations en fonction de la nature de l’activité et de l’usage des fonds alloués. Un véritable défi car les entreprises développent fréquemment différents types d’activités, dont certaines répondent à la taxonomie verte, d’autres pas. A moins d’émettre des obligations vertes dont l’usage est fléché, difficile d’estimer précisément l’allocation des financements consentis. Enfin les systèmes d’information des banques s’avèrent peu adaptés au calcul du GAR en raison de la finesse de la taxonomie européenne. Une véritable révolution et des investissements conséquents s’imposent donc aux établissements de crédit comme aux entreprises européennes pour obéir à cette nouvelle donne. Le prix à payer pour faire émerger une économie décarbonée et répondre aux objectifs ambitieux de l’Union européenne.

Thomas Boidot-Dorémieux

Énergie verte européenne : critique de la taxonomie

Énergie verte européenne : critique de la taxonomie

 

L’économiste Hans Stegeman s’insurge, dans une tribune au « Monde », contre le fait que l’Union européenne ait intégré l’énergie nucléaire et le gaz naturel dans la taxonomie verte et estime que cela correspond à de l’écoblanchiment au niveau institutionnel.

La critique sur le marchandage politique n’est pas infondée. Accepter le caractère vert du gaz était la contrepartie de l’acceptation du nucléaire NDLR

 

Tribune.

Depuis des années, l’Union européenne s’efforce vaillamment de définir le concept de « durabilité ». À Bruxelles, l’ensemble de ces définitions est appelé « taxonomie ». Celle-ci est censée permettre de canaliser l’argent du secteur financier et des gouvernements vers des projets verts. Les deux premiers chapitres de cette feuille de route verte, qui doivent être mis en œuvre dès que possible, concernent l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ce dernier. Quatre autres chapitres suivront ; ils porteront notamment sur l’économie circulaire et la biodiversité.

Les définitions et classification, adoptées par la taxonomie de l’UE, ont une base scientifique et doivent permettre de déterminer quels investissements choisir pour un monde durable. Nous en savons déjà beaucoup sur les questions liées au climat, sur le budget carbone mondial et les émissions causées par toute une série d’activités, ainsi que sur les technologies qui pourraient contribuer à rendre l’économie neutre en carbone. La première version de la taxonomie reposait donc largement sur ces connaissances.

Mais ça, c’était avant que la politique ne s’en mêle pour de bon. L’énergie nucléaire est tout à coup devenue verte, tout comme le gaz naturel, résultat d’un marchandage politique entre la France (nucléaire) et les pays d’Europe de l’Est (gaz naturel). On pourrait certes défendre l’énergie nucléaire en soulignant qu’elle contribue à réduire des émissions de gaz à effet de serre, mais tant qu’il n’y a pas de solution pour les déchets nucléaires, elle ne sera pas durable.

Et s’il est vrai que le gaz naturel est moins nocif que le lignite, il est loin d’être vert. Voilà bien un travers typique de la politique européenne : confondre « moins polluant » et « durable ». Il aurait été logique d’introduire une catégorie supplémentaire pour les investissements « de transition », tels que le gaz naturel. Mais les qualifier de « verts » est une échappatoire visant à financer le statu quo comme s’il était durable. Or, clairement, il ne l’est pas.

Il s’agit d’un véritable tour de passe-passe. Dans le monde politique, il suffit donc de modifier les définitions, et le problème est réglé. Cette réalité dépasse même la fiction du scénario – déjà assez extrême – du film diffusé par Netflix Don’t Look Up. Déni cosmique. Dans ce film, le risque qu’une météorite frappe la Terre finit par être reconnu, mais n’est pas géré comme il se doit et la météorite finit par frapper la planète et la détruire.

Gestion zone euro : des pertes de temps très coûteuses

Gestion zone euro : des pertes de temps très coûteuses 

Georgios Papakonstantinou, ancien ministre grec des finances (2009-2011), revient sur le bilan des vingt ans de la zone euro. Le Monde, extrait.

Pendant des années, Georgios Papakonstantinou a eu besoin de gardes du corps pour se déplacer en Grèce. L’ancien technocrate, qui a longtemps travaillé à l’OCDE, s’est retrouvé propulsé dans l’une des pires crises économiques en devenant ministre des finances de la Grèce entre 2009 et 2011. C’est lui qui a révélé que le déficit budgétaire de son pays avait été maquillé, en octobre 2009. Lui encore qui a dû négocier le premier des trois plans de sauvetage de la Grèce, de 110 milliards d’euros, pour éviter la faillite de son pays. Les conditions imposées par les bailleurs – le Fonds monétaire international et l’Union européenne –, avec une austérité très dure, lui ont valu la rancœur des Grecs.

Vingt ans après le lancement de l’euro comme monnaie fiduciaire – les billets et pièces ont été mis en circulation le 1er janvier 2002 –, celui qui est aujourd’hui professeur à l’Institut universitaire européen tire le bilan de la monnaie unique.

Vingt ans après le lancement des billets et des pièces d’euro, quel bilan en tirez-vous ?

C’est un succès, au sens où on utilise l’euro de plus en plus et où son existence n’est pas mise en doute. Mais la crise de la monnaie unique (2010-2015) a mis en évidence ses défauts de construction. Les économistes en avaient parlé lors de sa création mais on faisait semblant jusqu’alors de les ignorer.

Quand vous révélez que le déficit grec est plus important qu’annoncé dans les statistiques, vous attendez-vous à déclencher une crise majeure ?

Absolument pas. On pensait qu’on allait avoir un ajustement de quelques années seulement. On n’avait pas compris que la crise fiscale cachait une profonde crise des institutions grecques.

La réaction du reste de l’Union européenne n’a-t-elle pas aggravé la crise ?

Il y avait des problèmes structurels en Grèce et une récession était inévitable. Mais on a été très frustrés de voir que les bailleurs ne nous laissaient pas le temps de redresser le pays et qu’ils ne voulaient pas voir la responsabilité de la zone euro. Le programme d’ajustement structurel aurait pu être étalé sur une plus longue période, pour réduire l’austérité. Notre dette aurait pu être restructurée plus rapidement, pour en réduire le coût.

Pendant les six premiers mois de la crise, l’Europe voyait ça uniquement comme un problème grec, pas comme un problème de la zone euro. Les Allemands refusaient de dire qu’ils ne nous laisseraient pas faire faillite alors qu’il aurait au contraire fallu sortir le « bazooka » en garantissant qu’il n’y aurait pas de sortie de la zone euro, afin d’enrayer la contagion de la crise. Baisser les salaires et les retraites en Grèce ne suffisait pas…

 

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