Archive pour le Tag '« vérité »'

L’enjeu de la vérité en cause avec CHATGBT

L’enjeu de la  » vérité » en cause avec CHATGBT( GEOFFREY HINTON)

Geoffrey Hinton, l’un des concepteurs de la technologie chez Google qui a permis d’aboutir à ChatGbT a rejoint le camp des sceptiques. Dans une interview au New York Times, le britannique de 75 ans affiche maintenant des regrets quant à son œuvre.

« Il est difficile de voir comment on peut empêcher les mauvais acteurs de l’utiliser à des fins malveillantes », pointe Geoffrey Hinton, souvent surnommé « le parrain de l’IA ».

Ces déclarations ont été faites après que le docteur Hinton ait quitté Google. Il a travaillé pendant plus de dix ans au sein de l’entreprise. Cependant, il estime pouvoir parler librement des risques engendrés par l’intelligence artificielle.

Il y a quelques semaines, des figures de la Tech (dont Elon Musk et Steve Wozniak) ont signé une pétition appelant à un moratoire sur l’IA, voulant stopper les avancées et projets pour une durée de six mois. Quelques jours plus tard, une autre tribune était mise en ligne par l’Association pour le développement de l’intelligence artificielle. Là encore, il était question des risques portés par la technologie.

Si Geoffrey Hinton n’a signé aucune des deux lettres, il reste cependant inquiet. L’une de ses principales préoccupations, ce sont les photos, vidéos et textes créés de toute pièce. Selon lui, cela pourrait mener à « ne plus être capable de savoir ce qui est vrai ».

L’impact économique de l’intelligence artificielle est également au cœur de ses craintes. D’ailleurs, un rapport de la banque américaine Goldman Sachs estime que la technologie pourrait remplacer 300 millions de postes. Dans le même temps, Chris Pissarides – prix Nobel d’économie en 2010 – estime que les modèles tels que ChatGPT pourraient aider à la mise en place de la semaine de quatre jours.

Mais Geoffrey Hinton préfère rester prudent. « Cela supprime les tâches pénibles. Il se pourrait bien qu’il enlève plus que cela », conclut-il.

Enedis réprimandé pour avoir dit la vérité

Enedis réprimandé pour avoir dit la vérité !

Les gestionnaires de l’électricité en France et Enedis en particulier se sont fait taper sur les doigts par Macrno pour avoir dit la vérité sur son incapacité à faire face à tous les besoins en cas d’insuffisance de production d’électricité. Cela visait par exemple le problème des respirateurs alimentés par l’électricité.
Ces respirateurs utilisés à domicile devraient alors être alimentés par des générateurs ; le seul problème c’est qu’il faut maintenant trois à six mois pour pouvoir en acheter un kart monde se précipite dessus.

On pourrait citer nombre d’autres conséquences comme par exemple celles relatives au monde agricole lui aussi largement numérisé et d’une façon plus générale à la question de la conservation alimentaire ou des systèmes de sécurité.

Sur BFMTV-RMC, la ministre de la Transition énergétique, reprenant les propos de Macron, a dénoncé les propos tenus lundi sur notre antenne par le porte-parole du distributeur d’électricité, jugés « pas tout à fait au niveau ».
Les propos tenus lundi par le porte-parole d’Enedis sur BFMTV ne passent définitivement pas au sein du gouvernement. Après le recadrage mardi d’Emmanuel Macron, très en colère contre ceux avançant des « scénarios de la peur », c’est la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher qui s’est jointe au concert de critiques ce mercredi sur BFMTV-RMC.

« Moi, j’ai été très claire avec Enedis. J’ai été contrainte de les recadrer très directement. On ne commence pas à parler de patients qui ont besoin d’une assistance vitale comme si c’étaient des produits. Ce n’était pas tout à fait au niveau », a déclaré de façon assez lamentable la ministre.

Le rapport chimérique des politiques à la vérité

Le rapport chimérique  des politiques à la vérité

Par Luca Cortinovis,Doctorant, Université de Lille dans The Conversation 

Quel rapport les politiques entretiennent-ils à la vérité ? La question est vaste mais on peut entamer une amorce de réponse en revenant sur  l’« affaire Taha Bouhafs » qui a agité la dernière campagne des élections législatives.

Le 10 mai 2022, le « journaliste-militant », annonçait sur Twitter se retirer de la course à la députation dans la 14e circonscription du Rhône. Pour expliquer son retrait, il accusait alors un système fait pour « broyer », lui interdisant « d’exister politiquement ».

Il est vrai que les nombreuses polémiques entourant Taha Bouhafs avait fait le bonheur de ses détracteurs : accusations de communautarisme, d’antisémitisme, « exubérance » – lorsqu’on le voyait agiter un masque de Marine Le Pen au bout d’une pique dans une manifestation en 2016 –, rien ne manquait pour servir la propagande adverse.

À partir du 11 mai, le paradigme change. On apprend dans la presse qu’une enquête avait été ouverte quelques jours plus tôt par le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de LFI contre l’ex-candidat, mis en cause par une femme l’accusant de violences sexuelles. La veille de son retrait, Taha Bouhafs est mis au courant de cette accusation. A-t-il été désinvesti à cause de cette plainte ? S’est-il retiré, comme il le dit dans son communiqué, à cause du racisme ambiant, ou alors pour étouffer l’affaire ?

Le 5 juillet, le jeune militant publie sur Twitter sa vérité : le 9 mai, on le pousse – par l’intermédiaire de la députée de la France insoumise Clémentine Autain – à se retirer en lui intimant de justifier cela par les attaques incessantes dont il fait l’objet depuis l’annonce de sa candidature. Il demande une procédure contradictoire pour se défendre de l’accusation de violences sexuelles ; on la lui refuse, car on serait obligé dans ce cas de l’exposer médiatiquement, ce qui ne va pas dans son « intérêt ». En somme, selon lui, on l’a incité à cacher la vérité car elle serait mauvaise pour tout le monde.

Si Clémentine Autain dément le jour même sur Twitter – ne répondant pas réellement aux points soulevés par Taha Bouhafs mais critiquant le rapport du système à la parole des femmes –, le mal est fait. Le tapis est soulevé, le scandale apparaît : peu importe la vérité effective, une formation politique a voulu manipuler les faits pour ne pas s’exposer, répondant ainsi à l’éternelle exigence politique de paraître plutôt que d’être. Le 8 mai, Clémentine Autain confirme à demi-mot, s’étonnant qu’il eût fallu dire simplement la vérité aux Français.

À tête reposée, lorsque nous sortons des arcanes de la vie politique, il apparaît aisé de critiquer et de se scandaliser devant les manœuvres politiciennes qui émaillent l’actualité. Un ministre se mettant à faire des vidéos sur TikTok, des députés refusant de serrer la main de certains collègues « infréquentables » ou encore un président acceptant un « concours d’anecdotes » avec deux célèbres youtubeurs, ce ne sont là que des exemples récents de l’immuabilité de cette nécessité politique : plaire, ou a minima conforter sa base.

Clémentine Autain, par cette petite phrase, ne fait qu’énoncer une réalité banale pour un acteur de la chose publique. Toute vérité est-elle bonne à dire ? Pas sûr. Le philosophe Blaise Pascal écrivait bien que « dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font haïr », a fortiori lorsqu’on commence à gravir les marches du pouvoir.

Un prétendant aux responsabilités se doit donc d’œuvrer à ne se servir de la vérité qu’avec parcimonie, sous peine de se desservir. Ainsi, Clémentine Autain choque en faisant l’erreur de dire tout haut ce que le public sait tacitement : on lui vend des idées, une direction, mais aussi une image et un récit. Le politique dit ce qu’il doit dire pour obtenir et conserver le pouvoir. Il peut sincèrement se draper dans une vision vertueuse de son action, mais viendra obligatoirement le moment où les intérêts supérieurs de la chose publique vont lui imposer l’usage de l’illusion politique afin d’éclipser une vérité effective nuisible.

Si le politique se sent obligé d’agir de la sorte, c’est qu’il a conscience de l’émotionnalité et de l’affectivité des gouvernés. Il faut absolument parler à ses instincts, répondre à ses désirs, sonder ses attentes. En ce sens, le contrôle du message que l’on transmet est indispensable si l’on souhaite pouvoir façonner le cadre dans lequel les électeurs/sujets vont s’engager.

Le philosophe et sociologue Pierre Ansart énonce ainsi que la gestion des passions politiques par le contrôle des mots et des discours :

« Selon une intuition constante des gouvernants, il y a, en quelque sorte, un pouvoir des mots et le contrôle des mots constitue une forme de pouvoir et l’un de ses instruments. Il s’agit, en particulier, d’atteindre, à travers cet élément accessible, l’insaisissable des attitudes affectives ».

Dans notre cas d’espèce, le choix de la part de La France insoumise de motiver le retrait de Taha Bouhafs par la vague de racisme et d’acharnement médiatique à laquelle il est confronté, plutôt que d’énoncer ouvertement que l’accusation de violences sexuelles dont il fait l’objet est la cause principale de cette décision, est symptomatique de cette volonté de contrôle du message politique. Il est en effet bien plus « positif » pour le parti de Jean-Luc Mélenchon de dire que seules les discriminations sont à l’origine de cet échec ; ainsi, on montre à sa base que des moteurs de l’action politique pour lesquels elle s’est mise à soutenir le mouvement, à savoir l’antiracisme et la lutte contre l’islamophobie, ne sont pas des luttes vaines ou abouties.

Le politique se donne l’obligation de paraître pour plaire à ceux qu’il est amené à dominer. Dans la réalité de la chose publique, beaucoup considèrent que ce sont les sentiments, plus encore que les idées, qui animent le corps civil, le mettent en mouvement. En ce sens, il est bien plus aisé de manipuler l’opinion en créant une illusion politique plutôt que d’imposer une vision qui, même si elle est juste et va dans l’intérêt commun, pourrait faire figure de contrainte dans l’esprit des gouvernés.

Chaque époque a ses mœurs et son propre climat politique. La nôtre n’a, dans les jeux de pouvoir, qu’une violence symbolique : « Les mots sont des armes ». Il n’est plus acceptable de nos jours – hormis chez certains groupes radicalisés d’extrême droite ou parmi la mouvance antifasciste – que les affrontements politiques prennent la forme de lutte armée, de ratonnades ou d’intimidations.

Généralement, tout fait divers sur une agression de militant entraîne une condamnation quasi unanime de la scène politique – bien que cela soit à relativiser selon la nature partisane des militants agressés. Les hommes et femmes politiques ne se livrent bataille qu’au travers d’une guerre logorrhéique sans fin, le vainqueur étant celui qui parvient à capter l’attention médiatique le plus fréquemment. Aujourd’hui, l’acmé de l’immoralité politique est atteinte lorsqu’un élu se réclamant d’une probité sans faille se retrouve empêtré dans un scandale de corruption.

À l’époque de Machiavel, la réalité du quotidien est bien différente et le cynisme emprunte des voies ô combien plus tortueuses. Il ne s’agit plus simplement de manipuler l’opinion en substituant telle ou telle information, il faut infléchir la volonté des peuples par l’usage de méthodes beaucoup plus radicales.

L’un des exemples les plus célèbres date de la Renaissance et repose dans l’un des faits d’armes de César Borgia (1475-1507), fils de pape et aspirant tyran.

Machiavel nous conte cet événement dans le chapitre VII du Prince. Souhaitant pacifier les territoires de Romagne qu’il avait nouvellement acquis, Borgia plaça comme plénipotentiaire l’un de ses bras droits, Rimirro de Orco, avant de partir vers d’autres conquêtes. Connaissant la nature sadique et impitoyable de son lieutenant, il l’enjoignit à user de tous les moyens possibles pour soumettre cette population réputée indomptable. Rimirro ne se fit pas prier et administra « efficacement » la région, usant d’une violence non restreinte et se créant de fait de nombreux ennemis las de subir ses cruautés.

C’est dans cette configuration que revint son maître quelques mois plus tard. Voilà ce qui s’ensuivit : « Et puisque [César Borgia] savait que les rigueurs passées avaient engendré quelque haine à [l’égard de Rimirro], pour purger les esprits de ces peuples et les gagner tout à fait il voulut montrer que, si quelque cruauté s’était ensuivie, elle n’était pas née de lui, mais de la cruelle nature de son ministre. Et tirant occasion de cela, un matin, à Cesena, il le fit mettre en deux morceaux sur la place, avec un billot de bois et un couteau ensanglanté à côté de lui : la férocité de ce spectacle fit demeurer ces peuples en même temps satisfaits et stupéfaits ». Ce faisant, Borgia usa du monstre qu’il avait créé à son avantage. Il avait beau être la véritable cause des souffrances de son peuple, on ne vit finalement en lui que le bienfaiteur les ayant libérés de la poigne de fer du ministre. L’assassinat symbolique permit à son action politique de s’exercer avec une efficacité qu’il n’aurait pu avoir qu’à grand-peine sinon ; ce n’est pas pour rien qu’au moment de sa chute quelques années plus tard, et ce malgré son emprisonnement, les forteresses romagnoles lui restèrent fidèles jusqu’à l’extrême limite.

Demeure une volonté de plus en plus prégnante ces dernières années, l’aspiration des citoyens à une vie politique plus accessible, ou en tout cas moins opaque. C’est dans cette optique, par exemple, qu’a été créée en décembre 2013 la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, organe administratif chargé de contrôler le patrimoine et les éventuels conflits d’intérêts ou fraudes de responsables publics. Par ce biais, François Hollande répondait à une légitime aspiration du public, marquée notamment cette année-là par les ravages de l’affaire Cahuzac.

Plus récemment, au début de la pandémie en 2020, un autre scandale avait entouré les annonces du gouvernement concernant l’inutilité supposée des masques pour empêcher la propagation du virus. N’aurait-il pas été plus opportun de dire aux Français qu’il n’y en avait juste pas assez pour palier à la crise, au lieu d’affirmer par la voix du porte-parole du gouvernement qu’ils n’étaient pas nécessaires pour se protéger ? Tout le monde sait pourtant qu’on pardonne facilement à celui qui dévoile honnêtement ses carences ; bien plus qu’à celui qui se trouve devant les méfaits accomplis. Machiavel, dans ses Discours, rappelait cet axiome cicéronien : « Les peuples, quoiqu’ignorants, sont capables d’apprécier la vérité, et ils s’y rendent aisément quand elle leur est présentée par un homme qu’ils estiment digne de foi ». La confiance, ça se mérite.

Rapport des politiques à la vérité

Rapport des politiques à la vérité

Par Luca Cortinovis,Doctorant, Université de Lille dans the conversation 

Quel rapport les politiques entretiennent-ils à la vérité ? La question est vaste mais on peut entamer une amorce de réponse en revenant sur  l’« affaire Taha Bouhafs » qui a agité la dernière campagne des élections législatives.

Le 10 mai 2022, le « journaliste-militant », annonçait sur Twitter se retirer de la course à la députation dans la 14e circonscription du Rhône. Pour expliquer son retrait, il accusait alors un système fait pour « broyer », lui interdisant « d’exister politiquement ».

Il est vrai que les nombreuses polémiques entourant Taha Bouhafs avait fait le bonheur de ses détracteurs : accusations de communautarisme, d’antisémitisme, « exubérance » – lorsqu’on le voyait agiter un masque de Marine Le Pen au bout d’une pique dans une manifestation en 2016 –, rien ne manquait pour servir la propagande adverse.

À partir du 11 mai, le paradigme change. On apprend dans la presse qu’une enquête avait été ouverte quelques jours plus tôt par le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de LFI contre l’ex-candidat, mis en cause par une femme l’accusant de violences sexuelles. La veille de son retrait, Taha Bouhafs est mis au courant de cette accusation. A-t-il été désinvesti à cause de cette plainte ? S’est-il retiré, comme il le dit dans son communiqué, à cause du racisme ambiant, ou alors pour étouffer l’affaire ?

Le 5 juillet, le jeune militant publie sur Twitter sa vérité : le 9 mai, on le pousse – par l’intermédiaire de la députée de la France insoumise Clémentine Autain – à se retirer en lui intimant de justifier cela par les attaques incessantes dont il fait l’objet depuis l’annonce de sa candidature. Il demande une procédure contradictoire pour se défendre de l’accusation de violences sexuelles ; on la lui refuse, car on serait obligé dans ce cas de l’exposer médiatiquement, ce qui ne va pas dans son « intérêt ». En somme, selon lui, on l’a incité à cacher la vérité car elle serait mauvaise pour tout le monde.

Si Clémentine Autain dément le jour même sur Twitter – ne répondant pas réellement aux points soulevés par Taha Bouhafs mais critiquant le rapport du système à la parole des femmes –, le mal est fait. Le tapis est soulevé, le scandale apparaît : peu importe la vérité effective, une formation politique a voulu manipuler les faits pour ne pas s’exposer, répondant ainsi à l’éternelle exigence politique de paraître plutôt que d’être. Le 8 mai, Clémentine Autain confirme à demi-mot, s’étonnant qu’il eût fallu dire simplement la vérité aux Français.

À tête reposée, lorsque nous sortons des arcanes de la vie politique, il apparaît aisé de critiquer et de se scandaliser devant les manœuvres politiciennes qui émaillent l’actualité. Un ministre se mettant à faire des vidéos sur TikTok, des députés refusant de serrer la main de certains collègues « infréquentables » ou encore un président acceptant un « concours d’anecdotes » avec deux célèbres youtubeurs, ce ne sont là que des exemples récents de l’immuabilité de cette nécessité politique : plaire, ou a minima conforter sa base.

Clémentine Autain, par cette petite phrase, ne fait qu’énoncer une réalité banale pour un acteur de la chose publique. Toute vérité est-elle bonne à dire ? Pas sûr. Le philosophe Blaise Pascal écrivait bien que « dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font haïr », a fortiori lorsqu’on commence à gravir les marches du pouvoir.

Un prétendant aux responsabilités se doit donc d’œuvrer à ne se servir de la vérité qu’avec parcimonie, sous peine de se desservir. Ainsi, Clémentine Autain choque en faisant l’erreur de dire tout haut ce que le public sait tacitement : on lui vend des idées, une direction, mais aussi une image et un récit. Le politique dit ce qu’il doit dire pour obtenir et conserver le pouvoir. Il peut sincèrement se draper dans une vision vertueuse de son action, mais viendra obligatoirement le moment où les intérêts supérieurs de la chose publique vont lui imposer l’usage de l’illusion politique afin d’éclipser une vérité effective nuisible.

Si le politique se sent obligé d’agir de la sorte, c’est qu’il a conscience de l’émotionnalité et de l’affectivité des gouvernés. Il faut absolument parler à ses instincts, répondre à ses désirs, sonder ses attentes. En ce sens, le contrôle du message que l’on transmet est indispensable si l’on souhaite pouvoir façonner le cadre dans lequel les électeurs/sujets vont s’engager.

Le philosophe et sociologue Pierre Ansart énonce ainsi que la gestion des passions politiques par le contrôle des mots et des discours :

« Selon une intuition constante des gouvernants, il y a, en quelque sorte, un pouvoir des mots et le contrôle des mots constitue une forme de pouvoir et l’un de ses instruments. Il s’agit, en particulier, d’atteindre, à travers cet élément accessible, l’insaisissable des attitudes affectives ».

Dans notre cas d’espèce, le choix de la part de La France insoumise de motiver le retrait de Taha Bouhafs par la vague de racisme et d’acharnement médiatique à laquelle il est confronté, plutôt que d’énoncer ouvertement que l’accusation de violences sexuelles dont il fait l’objet est la cause principale de cette décision, est symptomatique de cette volonté de contrôle du message politique. Il est en effet bien plus « positif » pour le parti de Jean-Luc Mélenchon de dire que seules les discriminations sont à l’origine de cet échec ; ainsi, on montre à sa base que des moteurs de l’action politique pour lesquels elle s’est mise à soutenir le mouvement, à savoir l’antiracisme et la lutte contre l’islamophobie, ne sont pas des luttes vaines ou abouties.

Le politique se donne l’obligation de paraître pour plaire à ceux qu’il est amené à dominer. Dans la réalité de la chose publique, beaucoup considèrent que ce sont les sentiments, plus encore que les idées, qui animent le corps civil, le mettent en mouvement. En ce sens, il est bien plus aisé de manipuler l’opinion en créant une illusion politique plutôt que d’imposer une vision qui, même si elle est juste et va dans l’intérêt commun, pourrait faire figure de contrainte dans l’esprit des gouvernés.

Chaque époque a ses mœurs et son propre climat politique. La nôtre n’a, dans les jeux de pouvoir, qu’une violence symbolique : « Les mots sont des armes ». Il n’est plus acceptable de nos jours – hormis chez certains groupes radicalisés d’extrême droite ou parmi la mouvance antifasciste – que les affrontements politiques prennent la forme de lutte armée, de ratonnades ou d’intimidations.

Généralement, tout fait divers sur une agression de militant entraîne une condamnation quasi unanime de la scène politique – bien que cela soit à relativiser selon la nature partisane des militants agressés. Les hommes et femmes politiques ne se livrent bataille qu’au travers d’une guerre logorrhéique sans fin, le vainqueur étant celui qui parvient à capter l’attention médiatique le plus fréquemment. Aujourd’hui, l’acmé de l’immoralité politique est atteinte lorsqu’un élu se réclamant d’une probité sans faille se retrouve empêtré dans un scandale de corruption.

À l’époque de Machiavel, la réalité du quotidien est bien différente et le cynisme emprunte des voies ô combien plus tortueuses. Il ne s’agit plus simplement de manipuler l’opinion en substituant telle ou telle information, il faut infléchir la volonté des peuples par l’usage de méthodes beaucoup plus radicales.

L’un des exemples les plus célèbres date de la Renaissance et repose dans l’un des faits d’armes de César Borgia (1475-1507), fils de pape et aspirant tyran.

Machiavel nous conte cet événement dans le chapitre VII du Prince. Souhaitant pacifier les territoires de Romagne qu’il avait nouvellement acquis, Borgia plaça comme plénipotentiaire l’un de ses bras droits, Rimirro de Orco, avant de partir vers d’autres conquêtes. Connaissant la nature sadique et impitoyable de son lieutenant, il l’enjoignit à user de tous les moyens possibles pour soumettre cette population réputée indomptable. Rimirro ne se fit pas prier et administra « efficacement » la région, usant d’une violence non restreinte et se créant de fait de nombreux ennemis las de subir ses cruautés.

C’est dans cette configuration que revint son maître quelques mois plus tard. Voilà ce qui s’ensuivit : « Et puisque [César Borgia] savait que les rigueurs passées avaient engendré quelque haine à [l’égard de Rimirro], pour purger les esprits de ces peuples et les gagner tout à fait il voulut montrer que, si quelque cruauté s’était ensuivie, elle n’était pas née de lui, mais de la cruelle nature de son ministre. Et tirant occasion de cela, un matin, à Cesena, il le fit mettre en deux morceaux sur la place, avec un billot de bois et un couteau ensanglanté à côté de lui : la férocité de ce spectacle fit demeurer ces peuples en même temps satisfaits et stupéfaits ». Ce faisant, Borgia usa du monstre qu’il avait créé à son avantage. Il avait beau être la véritable cause des souffrances de son peuple, on ne vit finalement en lui que le bienfaiteur les ayant libérés de la poigne de fer du ministre. L’assassinat symbolique permit à son action politique de s’exercer avec une efficacité qu’il n’aurait pu avoir qu’à grand-peine sinon ; ce n’est pas pour rien qu’au moment de sa chute quelques années plus tard, et ce malgré son emprisonnement, les forteresses romagnoles lui restèrent fidèles jusqu’à l’extrême limite.

Demeure une volonté de plus en plus prégnante ces dernières années, l’aspiration des citoyens à une vie politique plus accessible, ou en tout cas moins opaque. C’est dans cette optique, par exemple, qu’a été créée en décembre 2013 la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, organe administratif chargé de contrôler le patrimoine et les éventuels conflits d’intérêts ou fraudes de responsables publics. Par ce biais, François Hollande répondait à une légitime aspiration du public, marquée notamment cette année-là par les ravages de l’affaire Cahuzac.

Plus récemment, au début de la pandémie en 2020, un autre scandale avait entouré les annonces du gouvernement concernant l’inutilité supposée des masques pour empêcher la propagation du virus. N’aurait-il pas été plus opportun de dire aux Français qu’il n’y en avait juste pas assez pour palier à la crise, au lieu d’affirmer par la voix du porte-parole du gouvernement qu’ils n’étaient pas nécessaires pour se protéger ? Tout le monde sait pourtant qu’on pardonne facilement à celui qui dévoile honnêtement ses carences ; bien plus qu’à celui qui se trouve devant les méfaits accomplis. Machiavel, dans ses Discours, rappelait cet axiome cicéronien : « Les peuples, quoiqu’ignorants, sont capables d’apprécier la vérité, et ils s’y rendent aisément quand elle leur est présentée par un homme qu’ils estiment digne de foi ». La confiance, ça se mérite.

Société-vérité et démocratie: Inconciliables ?

Société-vérité et  démocratie: Inconciliables ?

 

Un article de Marion Dupont évoque dans le journal Le Monde la faiblesse de la vérité en politique. L’article constate le discrédit de ce point de vue du monde politique y compris en France où 65 % des responsables sont supposés davantage corrompus qu’honnêtes .

 

Un article intéressant qui effectue un constat objectif mais qui passe à côté de la question fondamentale sur le contenu et les modalités d’une vraie démocratie. Or en l’état de l’état  de démocratie, le mensonge et l’intérêt sont constitutifs de notre système. La démocratie est encore à l’ère néandertalienne avec notamment des processus d’émergence de futurs responsables qui favorisent les incompétents autant que les corrompus. Sans parler d’un fonctionnement démocratique complètement formel limité au cercle des clercs politiciens NDLR

 

 

L’adéquation entre une proposition et la réalité des faits, ce que nous appelons communément « la vérité », a connu de meilleurs jours, notamment sur la scène politique internationale. Il suffit, pour s’en persuader, de regarder autour de soi.

A l’est, quatre mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, l’offensive informationnelle du régime de Vladimir Poutine est menée dans de nombreuses directions : contre-vérités grossières énoncées par le gouvernement, répression massive de toute expression de vérités autres que celle portée par le pouvoir, réécriture de l’histoire… Cet encadrement répressif et propagandiste de la sphère publique russe répond à une accélération de la stratégie, engagée de longue date par le régime, d’établissement d’une vérité d’Etat. Résultat de cette entreprise aux accents totalitaires – sans que cette analyse suffise (encore) à faire du poutinisme un totalitarisme : le lien entre le discours et la réalité se distend inexorablement.

Aux Etats-Unis, c’est un autre redécoupage politique des contours entre « mensonge » et « vérité » qui semble avoir lieu. Le départ de Trump de la présidence ne s’est pas accompagné, comme espéré, de la fin de l’ère des « vérités alternatives » inaugurée, en 2016, par l’ex-président et son équipe. Alors que la commission d’enquête sur l’assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole présente publiquement les résultats de son investigation, l’ancien chef de l’Etat persiste à la présenter comme « une tentative éhontée de détourner l’attention du public de la vérité » – la vérité résidant, selon lui, du côté du récit d’une élection « volée » par le Parti démocrate. Cette théorie du « grand mensonge » (« big lie »), récusée par le travail d’enquête d’innombrables journalistes et tribunaux saisis à la suite de l’élection, mais soutenue par la diffusion virale de fausses informations, poursuit son lent empoisonnement de la vie politique du pays : plus d’un tiers des électeurs américains y adhéreraient actuellement.

 

En Europe, et en France en particulier, un doute grandissant semble s’installer quant au devenir de la vérité dans les sociétés démocratiques. A en croire la 13e vague du « Baromètre de la confiance politique », étude menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et publiée en janvier 2022, une vaste majorité (75 % des répondants) juge que les hommes politiques seraient « déconnectés de la réalité », et donc, par extension, aveugles aux réalités du terrain et incapables de mener des politiques qui bénéficieraient à d’autres qu’eux. D’autre part, 65 % des personnes interrogées affirment que les élus et dirigeants politiques français seraient davantage « corrompus » qu’honnêtes – ce qui peut être interprété comme la conviction que ces dirigeants entretiendraient un rapport volontairement ambivalent aux valeurs de sincérité, d’honnêteté et de vérité.

Vérité et démocratie: Inconciliables ?

 vérité et  démocratie: Inconciliables ? 

 

Un article de Marion Dupont évoque Dans le journal Le Monde la faiblesse de la vérité en politique. L’article constate le discrédit de ce point de vue du monde politique y compris en France 65 % des responsables sont supposés Davantage corrompus qu’honnêtes .

 

Un article intéressant qui effectue un constat objectif mais qui passe à côté de la question fondamentale sur le contenu et les modalités d’une vraie démocratie. Or en l’état de l’état  de démocratie, le mensonge et l’intérêt sont constitutifs de notre système. La démocratie est encore à l’ère néandertalienne avec notamment des processus d’émergence de futurs responsables qui favorisent les incompétents autant que les corrompus. Sans parler d’un fonctionnement démocratique complètement formel limité au cercle des clercs politiciens NDLR

 

 

L’adéquation entre une proposition et la réalité des faits, ce que nous appelons communément « la vérité », a connu de meilleurs jours, notamment sur la scène politique internationale. Il suffit, pour s’en persuader, de regarder autour de soi.

A l’est, quatre mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, l’offensive informationnelle du régime de Vladimir Poutine est menée dans de nombreuses directions : contre-vérités grossières énoncées par le gouvernement, répression massive de toute expression de vérités autres que celle portée par le pouvoir, réécriture de l’histoire… Cet encadrement répressif et propagandiste de la sphère publique russe répond à une accélération de la stratégie, engagée de longue date par le régime, d’établissement d’une vérité d’Etat. Résultat de cette entreprise aux accents totalitaires – sans que cette analyse suffise (encore) à faire du poutinisme un totalitarisme : le lien entre le discours et la réalité se distend inexorablement.

Aux Etats-Unis, c’est un autre redécoupage politique des contours entre « mensonge » et « vérité » qui semble avoir lieu. Le départ de Trump de la présidence ne s’est pas accompagné, comme espéré, de la fin de l’ère des « vérités alternatives » inaugurée, en 2016, par l’ex-président et son équipe. Alors que la commission d’enquête sur l’assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole présente publiquement les résultats de son investigation, l’ancien chef de l’Etat persiste à la présenter comme « une tentative éhontée de détourner l’attention du public de la vérité » – la vérité résidant, selon lui, du côté du récit d’une élection « volée » par le Parti démocrate. Cette théorie du « grand mensonge » (« big lie »), récusée par le travail d’enquête d’innombrables journalistes et tribunaux saisis à la suite de l’élection, mais soutenue par la diffusion virale de fausses informations, poursuit son lent empoisonnement de la vie politique du pays : plus d’un tiers des électeurs américains y adhéreraient actuellement.

 

En Europe, et en France en particulier, un doute grandissant semble s’installer quant au devenir de la vérité dans les sociétés démocratiques. A en croire la 13e vague du « Baromètre de la confiance politique », étude menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et publiée en janvier 2022, une vaste majorité (75 % des répondants) juge que les hommes politiques seraient « déconnectés de la réalité », et donc, par extension, aveugles aux réalités du terrain et incapables de mener des politiques qui bénéficieraient à d’autres qu’eux. D’autre part, 65 % des personnes interrogées affirment que les élus et dirigeants politiques français seraient davantage « corrompus » qu’honnêtes – ce qui peut être interprété comme la conviction que ces dirigeants entretiendraient un rapport volontairement ambivalent aux valeurs de sincérité, d’honnêteté et de vérité.

Vichy et les juifs : rétablir la vérité

Vichy et les juifs : rétablir la vérité

 

L’historien ,Jacques Semelin  revient, à la première personne, sur les faits et comment ils ont été établis. « Une énigme française », un livre contre Eric Zemmour.

Par André Loez ( Historien et collaborateur du « Monde des livres »)

« Une énigme française. Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n’ont pas été déportés », de Jacques Semelin, avec Laurent Larcher, Albin Michel, 224 p., 19 €, numérique 13 €.

Qu’une connaissance historique soit exacte ne suffit pas pour qu’elle soit connue, reconnue, ni surtout correctement interprétée dans l’espace public. Tel est l’inconfortable constat qui traverse le nouveau livre de Jacques Semelin, directeur de recherche émérite au CNRS. Une énigme française tient à la fois du carnet de recherche et du plaidoyer pour la compréhension du fait remarquable qui en forme le sous-titre : Pourquoi les trois quarts des juifs en France n’ont pas été déportés. Il y récapitule les résultats des ouvrages qu’il a déjà consacrés à la question, dont le récent et fouillé La Survie des juifs en France. 1940-1944 (CNRS Editions, 2018).

Une utile synthèse des acquis

Ce rappel vient évidemment s’inscrire en opposition aux assertions d’Eric Zemmour qui, en partant des mêmes chiffres – sur près de 320 000 juifs établis en France avant 1940, environ 74 150 furent déportés, soit un taux de survie de 75 % –, attribue faussement la responsabilité de ce bilan (moins lourd que dans la plupart des pays soumis aux nazis, des Pays-Bas à la Pologne) au régime de Vichy dirigé par le maréchal Pétain. Un des derniers chapitres de l’ouvrage, sobrement intitulé « Déjouer les pièges de M. Zemmour », redit avec clarté pourquoi ces vues sont intenables.

Lire aussi cette tribune de Jacques Semelin (2021) : Article réservé à nos abonnés « M. Zemmour, votre rhétorique est celle de “l’entrepreneur identitaire” qui peut entraîner un pays au massacre »

Sur le plan factuel, en effet, le livre constitue une utile synthèse des acquis permettant de comprendre cette proportion apparemment étonnante, déjà soulignée dans les travaux de Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz, Fayard, 1983) et dans le fameux discours de Jacques Chirac commémorant la rafle du Vél’d’hiv,’ en 1995. Si les trois quarts des juifs ont, en France, échappé à la déportation, ce n’est pas dû à une quelconque protection de Vichy, qui entreprit au contraire de les discriminer et prêta le concours de sa police à l’occupant pour les traquer, mais à l’entrecroisement de plusieurs facteurs : leurs propres stratégies de survie ; les priorités stratégiques du IIIe Reich, initialement moins brutal dans l’ouest de l’Europe ; des réseaux d’entraide ou d’évasion relevant notamment des Eglises ; la complicité ordinaire d’une population prompte à les cacher ou du moins à ne pas les dénoncer ; ainsi que les protestations publiques de plusieurs prélats catholiques, dont l’archevêque de Toulouse, Mgr Jules Saliège (1870-1956), en 1942, aboutissant à infléchir les politiques de persécution. De l’« énigme » du titre, il ne reste rien, en réalité.

 

« Relativisme et vérité scientifique »

« Relativisme et vérité scientifique »

 

On ne demande pas à la science d’établir une vérité absolue mais de faire une distinction entre les interprétations hâtives, les fausses certitudes et les faits réels, explique, dans une tribune au « Monde », le professeur Edgardo D. Carosella, immunologiste à l’hôpital Saint-Louis (Paris).

 

Tribune.
Depuis que l’état de pandémie a été établi, nous observons dans la plupart des pays un déversement d’informations à travers tous les moyens de communication. Comment discerner le vrai du faux face à une nouvelle maladie dont nous ignorons presque tout ? Celà nous amène à nous interroger sur l’existence de la vérité scientifique. Définir la vérité est un exercice périlleux auquel, depuis Aristote, de nombreux philosophes se sont attelés, car nous y avons assidûment recours et lui accordons une grande importance. 

Néanmoins, selon les théories sur la vérité, particulièrement celles de la correspondance, de la cohérence, du pragmatisme et du consensus, la vérité émerge principalement de la communication et de ses échanges. Celà implique un langage ordonné et structuré non seulement dans sa construction mais aussi par le choix des mots qui doivent exprimer le plus fidèlement possible la réalité, évitant toute simplification tendancieuse, séductrice, idéologique, opérée à travers des phrases préconçues dont le seul objectif est d’avoir le dernier mot.

 

Vérités et contrevérités sont souvent liées. En effet, plus le retentissement de l’information est grand, plus la tentation de s’éloigner de la réalité augmente. Lorsque cette distorsion de la réalité atteint la sphère politique, elle peut influencer ses positions et décisions, mettant ainsi les individus à l’écart de la vérité. Si l’information engendre l’angoisse, la méfiance s’installe et rend l’individu sceptique, le renfermant sur lui-même. Celà restreint encore sa liberté ; pourtant c’est la vérité qui rend l’individu libre. Dans ces conditions, comment discerner le vrai du faux ?

Le principe de cohérence n’accepte pas la contradiction

En science, est considéré comme vrai ce qui est démontrable, vérifiable et reproductible par soi-même et les autres. Néanmoins, en utilisant les mêmes méthodes et outils, l’erreur devient reproductible et s’intègre ainsi à la vérité. Dans ce cas, où sont les limites entre erreur et vérité ? D’autant que parfois, l’erreur est une vérité inattendue. Le relativisme présent dans tous les domaines de la conscience existe aussi dans la vérité scientifique.

Précurseur du relativisme scientifique, l’économiste et sociologue Max Weber (1864-1920) soutient qu’en science, plus important que le principe de vérité est celui de la cohérence qui engage les chercheurs à s’en tenir strictement aux conclusions issues des résultats de leur expérimentation. C’est une mise en perspective du réel qui écarte toute opinion personnelle. Paradoxalement, le principe de cohérence n’accepte pas la moindre contradiction, pourtant la vérité scientifique émerge des échanges contradictoires et des incertitudes.

Une crise épistémologique de la vérité

Une crise épistémologique de la vérité

Par Hervé Brusini, Président du Prix Albert Londres, ancien rédacteur-en-chef de France Télévisions. 

 

(Tribune sur France Info)

 

Vous savez ce que l’on dit à propos de ces temps de Covid ? Nous serions actuellement sur pause; et demain, avec le retour à la vie normale, tout pourrait redémarrer comme avant. Cette vision hypothétique ne s’appliquera certainement pas au journalisme, en tout cas pas à l’information produite aux États-Unis. Là-bas, les débats sont vifs, aigus, violents. Ils touchent aux fondements de l’exercice éditorial ainsi qu’aux dirigeants des médias d’information.

Et ce grand chamboulement, ces coups de boutoir, nous concernent évidemment.

Certes les spécificités du monde journalistique américain interviennent dans un puissant remue-ménage politique, en particulier autour de l’importance accordée aux pages opinions versus celles consacrées aux informations. Mais les thèmes évoqués outre-Atlantique nous sont familiers :

  • « Diversité » – la préoccupation qui taraude notre société -,
  • « Neutralité » – l’exposé des points de vue à parité, en somme notre fameux pour/contre qui structure si souvent l’exposé journalistique,
  • « Objectivité » – ce vieux mot que l’on n’utilise plus vraiment en France, mais qui demeure sous-jacent.

A Washington ou New-York, tout cela est remis en question, interrogé, banni aux yeux de certains, et ils sont nombreux.

D’ailleurs, comme en écho, le 8 février dernier sur France Inter, Barack Obama confiait à Augustin Trapenard : « Aujourd’hui, il y a un millier de plateformes, vous avez tout l’Internet et il n’y a plus de règles convenues sur ce qui est vrai et faux »… »J’ai appelé ça une crise épistémologique, une foire d’empoigne. Et donc vous avez pu voir un président, Donald Trump, qui n’a pas été inquiété pour avoir menti tout le temps. Et ça c’est, je pense, le plus grand danger actuel pour la démocratie. « Une crise épistémologique ! », excusez du peu.

Et le discours de l’ex-président de sonner comme un appel à un monde éditorial, avec punition du mensonge, établissement de règles pour produire et diffuser du vrai…  Très vaste programme, non ? En ce moment, là-bas, on parle même d’établir les conditions d’une « clarté morale », indispensable au journalisme.

 

Un grand débat s’est donc ouvert dans le monde politico-médiatique américain, au plus haut niveau. Chaque jour apporte donc son lot de points de vue qui s’affrontent, d’invitations au statu quo, ou d’incitations au changement.

Ainsi, celui de Dan Froomkin intitulé « Ce que sera la prochaine génération des éditorialistes-reporters ». Froomkin est l’éditeur du site indépendant Press Watch. Dans son papier, il égrène avec un certain appétit, la liste des grands patrons qui cèdent en ce moment leur place à la tête de rédactions prestigieuses qu’influentes : celles du Washington Post, du Los Angeles Times, et même du New York Times.

Davantage encore dans la tourmente, James Benett, chargé des pages débats du NYT, a dû quitter le navire après avoir publié le 3 juin, la tribune incendiaire d’un sénateur de l’Arkansas. L’homme politique appelait à « envoyer la troupe » en pleine manifestation après la mort de George Floyd, victime avérée de la violence d’un policier blanc. Bennet confessa qu’il n’avait pas lu cette tribune avant parution. Révolte des lecteurs, comme d’une bonne partie des journalistes.

« Un rédacteur en chef du Philadelphia Inquirer a dû (également) démissionné pour avoir titré face aux manifestations et aux dégâts : Les bâtiments, c’est important aussi. (Buildings Matter Too) détournement du slogan ‘ Black lives Matter ‘ », a raconté récemment Le Monde.

 

Froomkin de prédire « Un moment épique… Une nouvelle génération de leaders arrive ! ».

On l’aura compris, il fait partie des tenants d’un profond changement.

Selon lui, le renouvellement éditorial du pays, s’annonce donc par la mise au rencard des sexagénaires et plus. Comme un symptôme. Mais le plus important est là : « (Les nouveaux arrivants) ont devant eux, prévient-il, de nombreux et urgents travaux de réparation ».

De quoi s’agit-il exactement ? Des chantiers de l’information à reconstruire, ceux de l’après Trump, évidemment.

Vu de Paris, on a du mal à envisager combien quatre années de présidence à coups de tweets mensongers quotidiens, d’insultes sans cesse renouvelées à l’encontre de médias qualifiés de fake news, ont pu secouer, éprouver, mettre à mal le monde de l’information US. D’autant plus, lorsque tout cela se termine un assaut sur le Capitole.

De fait, « des révoltés de la vérité » ont comme provoqué un court-circuit. Les fondamentaux de la presse sont pointés. La crise épistémologique évoquée par Obama, provoque des fissures, voire des canyons culturels, politiques, sociaux… et médiatiques. La production de l’information est au cœur de ce séisme. Événement notable, c’est une femme qui vient de prendre les rênes des pages débats du NYT. Kathleen Kingsburry, affirme vouloir « réinventer le journalisme d’opinion », tout faire pour prévenir les accidents éditoriaux. La cellule de vérification des faits, qui travaille avec le secteur opinion, a été renforcé à sa demande. Mais une grande question demeure, tout cela est-il suffisant ?

Après Press Watch, la lettre Persuasion apporte elle aussi sa contribution. Elle fait d’ailleurs de la force de conviction sa marque de fabrique. C’est Lionel Barber qui prend la plume. Ancien éditeur du prestigieux Financial Times, Barber intitule son intervention : « Trump et la vérité ». Il propose une autre vision des choses mais sur les mêmes thématiques. Lui aussi évoque le triptyque « diversité, neutralité, objectivité ». Pour autant, ses recommandations sont fort différentes.

Il ne s’inscrit pas dans le divorce avec la période précédente. Les premières lignes de son exposé donnent la tonalité : « Face à un président malhonnête, les journalistes ont recherché «la clarté morale ». Entendez, ils ont tenté de maintenir le statu quo, coûte que coûte. Camper sur les valeurs sûres éprouvées par l’histoire en quelque sorte. Pour Froomkin, c’est au contraire dans la rupture que le journalisme renouvelé, trouvera une clarté morale. Il n’hésite pas à rédiger comme un vade-mecum à l’attention des nouvelles générations. Il est à l’offensive, même si lui aussi se recommande du patrimoine historique du pays :

« Enracinez tout ce que vous faites dans les principes moraux et journalistiques de base comme le fair-play, la liberté d’expression, la vérité… vous pourriez appeler cela « clarté morale ».

L’expression constitue donc presqu’une aspiration commune. Mais sa définition peut varier du tout au tout, on va le voir. Elle parcourt en tout cas, l’actuel débat aux États-Unis. On l’imagine mal émerger dans une discussion française sur l’information. La crise de confiance que nous traversons n’emprunte pas ces mêmes voies qui évoquent comme une exigence spirituelle, une sorte de mise au clair avec soi-même. A croire qu’après l’ère Trump, les médias américains envisagent leur examen de conscience, seule issue possible à leurs yeux.

 

« La blancheur » des rédactions est ainsi évoquée au titre des principaux griefs. Dan Froomkin n’hésite pas à se faire procureur d’un procès en place médiatique, un procès qui polarise largement le pays.

« Sur la blancheur, parlons donc de la diversité économique et raciale… Je regarde notre profession, et je n’en vois pas grand-chose, accuse le journaliste. Avec le temps cela doit changer. Et cela changera, mais pas du jour au lendemain. Ce que nous devons faire en attendant c’est reconnaître les effets de cette situation. A savoir, que nous opérons depuis longtemps dans une atmosphère de blancheur institutionnelle où la blancheur et les valeurs blanches sont considérées comme la norme. Cela a corrompu ce que la génération précédente a appelé un journalisme objectif…Dans ce métier, nous écrivons et rapportons, par défaut, dans une position de blancheur. Nos sources sont trop souvent blanches et masculines. Nos lecteurs présumés – ceux que nous craignons d’offenser -sont blancs, aisés et centristes. On considère trop souvent la blancheur comme neutre. »

Dans un éditorial retentissant publié par le NYT le 23 juin 2020, le journaliste lauréat du Pulitzer, Wesley Lowery avait eu des mots bien plus durs encore pour dénoncer la blancheur éditoriale. « L’industrie du journalisme a apparemment atteint un point de rupture… Cela fait plus de 50 ans que les premiers journalistes noirs sont apparus dans les rédactions américaines traditionnelles… »

Et ils ont fait de « maigres demandes » raconte Lowery. Elles concernaient l’embauche, le salaire, l’accès à la hiérarchie, dit-il en substance.

« Ce qui est différent maintenant, c’est que les éditeurs ne détiennent plus le monopole du pouvoir d’édition, affirme Lowery. L’accès aux plateformes de médias sociaux nous permet de parler directement au public ».  

Et d’ajouter que si les salles de rédaction connaissent aujourd’hui un tumulte puissant, c’est parce qu’elles s’emploient à ce « refus laborieux de s’intégrer racialement ».

Les mots sonnent ici avec un réalisme brutal, comme un défi lancé à une société en plein tourment. Les explications, le contexte de ces discours sont connues : le mouvement Black Lives Matter et les violences policières qui l’ont engendré, le soutien, au moins tacite, apporté par l’ex président aux suprémacistes blancs, pour ne parler que des événements les plus récents. On le sait, la pauvreté, l’absence de perspective d’évolution sociale, l’isolement, contribuent depuis bien longtemps à cette pérennité des tensions raciales aux USA.

Le modèle républicain français, lui, est bien différent. Pour autant cette « blancheur médiatique » a souvent été pointée, dénoncée chez nous. Elle l’est encore. La question de la représentation sur nos écrans, se pose avec force depuis plusieurs années. Invisibles, gilets jaunes, les tenants de l’acte d’accusation d’un élitisme médiatiques sont bien connus.

Outre-Atlantique la question se focalise sur la diversité. Après avoir constaté les manquements grave du système, l’homme de Press Watch préconise son remède : « la blancheur ne doit plus être insignifiante dans les salles de rédactions. Elle doit être soulignée, étudiée et remise en question. Les voix non blanches doivent être élevées, et valorisées. »

Ses recommandations deviennent des exhortations concrètes tant à ses yeux la situation est grave. « Faites un projet de diversification de vos sources. Remettez en question vos angles morts…Reconnaissez le racisme, dénoncez-le ».   

L’ancien éditeur du FT, Barber, partage quant à lui, cette même préoccupation. Il reconnaît volontiers que Black Lives Matter et #MeToo obligent les chefs à prêter plus d’attention aux articles des reporters. Mais attention, avertit Barber, cette exigence pourrait conduire à « l’intolérance, à la censure de la part de ceux qui « veulent un changement de paradigme ».

Et d’ajouter : « Les rédacteurs en chef, les commentateurs et même certains journalistes pourraient être pris pour cibles par des militants extérieurs, mais aussi par leurs propres collègues… Bien que le désir de clarté morale de l’ère Trump ait été compréhensible, la poussée vers un journalisme plus activiste risque de polariser davantage les gens, de pousser tout le monde vers … l’abandon de l’impartialité »

 

 « Bothsidesism », tel est le mot bricolé pour résumer la question de la neutralité éditoriale aux États-Unis. Pas simple à traduire. Littéralement, le « deuxcôtisme » n’éclaire pas la chose pour un public français. On lui préfèrera l’équilibre, la parité des positions, bref l’exposé du pour et du contre qui structure si souvent nos productions journalistiques.

Mais le « bothsidesisme » est désormais un sujet hautement polémique aux USA.

Là encore D.Trump est partie prenante. Le drame de Charlotesville à la mi-aout 2017 ( Lors d’un rassemblement de suprémacistes blancs et d’une contre-manifestation de militants antiracistes, une jeune femme a trouvé la mort percutée par le véhicule d’un sympathisant nazi) fait un peu office d’acte fondateur, en tout cas provocateur. On se souvient des déclarations de Trump, s’évertuant à renvoyer dos à dos les acteurs de cette histoire. Jusqu’à affirmer qu’il y avait « des gens bien » dans les « deux » camps. Cette vision politique d’un « deuxcôtisme », un pour/contre, façon Trump fit scandale. Elle a ravivé un débat de fond qui agitait la presse américaine depuis quelques années déjà.

Au cœur des échanges, il y a ce que l’on appelle là-bas, « la fausse équivalence ». En novembre 2016, la journaliste Christiane Amanpour, en donnait déjà un exemple concret, lors d’une interview au Guardian : « Nous ne pouvons pas continuer avec le vieux paradigme (du pour/contre) à propos du réchauffement climatique, où 99,9% des preuves scientifiques empiriques sont mis à égalité avec la petite minorité de négationnistes.. »

C’est un peu ce que suggère B.Obama dans son interview récente sur FranceInter :« Je peux discuter avec n’importe qui dans une démocratie de la manière dont nous devrions aborder le changement climatique, mais je ne peux pas discuter avec quelqu’un qui dit que le changement climatique est un canular inventé par des écologistes radicaux ».

Ce credo d’un équilibre indispensable dans la présentation de deux camps, deux visions à propos d’une même question renvoie pour beaucoup à la structure politique du pays. Au royaume du libéralisme économique, Républicains et Démocrates se font face, l’équité journalistique se doit donc de respecter cette parité des points de vue.

Ce que confirme bien l’ancien éditeur du FT, Lionel Barber : « Ces questions vont au-delà de la pratique journalistique. Elles s’inscrivent au cœur de notre héritage libéral-démocratique, actuellement assiégé. L’échange rationnel et ouvert d’idées est un élément essentiel de ce patrimoine… L’expression de l’empathie, vient de l’esprit d’enquête qui prend racine dans la Grèce antique, le berceau de la démocratie. Ceux qui critiquent le « bothsidesism » dans le journalisme peuvent considérer que c’est une pratique moralement lâche, une complicité avec le mal. En fait, c’est tout le contraire. »

L’expérience de Barber en la matière est bien réelle. Il eut une rencontre avec Trump peu de temps après son élection. Dans un climat glacial, le président avait fini par lui dire : « Ça va, t’as perdu, j’ai gagné ! » « Brutalement, Trump avait recadré notre réunion, avoue Barber. Il en faisait un concours, un combat avec lui-même comme vainqueur désigné à l’avance. »

Barber ajoute que Trump a vanté ses 100 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, face à un « fake news » progressiste comme le journal de son visiteur, le Financial Times. Malgré tout cela, malgré tous ses confrères qui considéraient déjà le président comme un « fou, mauvais et dangereux », Barner affirme que « le bon journalisme exigeait que son interlocuteur fût traité équitablement » Quatre années plus tard, il maintient sa position. Et de rappeler que lui, le britannique, avait eu les mêmes scrupules lors des débats sur le Brexit. Quand bien même, à titre personnel, il était pro-européen.

Le New-York Times, le Post qui ont adopté le même principe se voient accuser « d’altérer la démocratie ». Pire, selon le dictionnaire Merriam Webster, cette attitude « déforme et accélère cette corrosion – tout cela au nom de la neutralité, rien de moins. »

Et Dan Froomkin, le rédacteur en chef de Press Watch, de renchérir en faisant spécifiquement référence au New York Times: « Si vous aviez demandé aux rédacteurs du NYT il y a cinq ans si les gens qui simplement nient les faits, se livrent à des théories du complot, diabolisent les immigrants, et si la lutte contre une société pluraliste devrait avoir un espace égal (ou plus qu’égal) dans leurs colonnes, ils auraient dit non… »

La crise médiatique est donc bien réelle outre-Atlantique. Et si l’ancien président Obama évoque à son sujet une crise épistémologique, c’est parce que la définition même de ce qu’est un fait n’est plus une évidenceCar cela ne l’a peut-être jamais été.

 

« Les nouvelles et la vérité, ne sont pas la même chose, elles doivent être clairement distinguées. Les nouvelles ont pour fonction de signaler un événement. Pour sa part, la vérité doit mettre en lumière les faits cachés, établir les relations existantes entre les uns et les autres, brosser un tableau de la réalité sur laquelle les hommes peuvent agir. »

C’est Walter Lippman qui s’exprime ainsi dans LE livre de référence du journalisme américain, « Public Opinion » publié en 1922 et jamais traduit en France. Éditorialiste, essayiste, penseur du politique, Lippmann dénonça en son temps les « false news » de ses confrères (à propos de la révolution bolchévique en particulier), leur sensationnalisme, les stéréotypes qui faussaient leur travail. Bref, il fut l’ardent avocat de l’objectivité, préconisant le détachement, seule posture selon lui, en mesure de garantir l’exigence de lumières en démocratie.

Voilà pour la statue du commandeur US dont le philosophe Bruno Latour, n’hésite pas à dire qu’il a la dimension d’un Machiavel de nos temps modernes. C’est précisément cet héritage qui se retrouve aujourd’hui placé au milieu du grand tiraillement éditorial. On le relit aujourd’hui, comme pour y puiser quelques réponses au désarroi actuel.

La colère perceptible chez Wesley Lowery à propos de la blancheur des rédactions, pourrait s’en revendiquer, au moins au démarrage de son raisonnement. « Aucun processus journalistique n’est objectif, tranche-t-il. Aucun journaliste n’est objectif à titre individuel, car aucun être humain ne l’est. » A ses yeux, rien n’est pire alors que « l’objectivité neutre » qui caractérise la grande majorité de quelques grands médias mainstream.

« Cette objectivité neutre trébuche sur elle-même pour trouver des moyens d’éviter de dire la vérité, raille le journaliste. L’objectivité neutre insiste sur le fait que nous utilisons des euphémismes maladroits comme « le tir impliquant un officier de police ». Alors que nous devrions dire, ajoute Lowery, « la police a tiré sur quelqu’un ».

Faisant allusion au mouvement de réprobation générale après la publication de l’appel à l’intervention de la troupe, proféré par un sénateur et publié dans le NYT, il assure que « les journalistes noirs, n’appellent pas à la fin du débat public, ou à la censure des opinions qu’ils n’aiment pas. Ils réagissent seulement au traitement particulièrement médiocre d’une affaire incroyable à un moment très sensible ».

Et de parler, lui aussi, de manque de clarté morale, de la part de « chefs qui n’ont pas assez réfléchi avant de mettre à disposition d’un élu une plateforme aussi influente que celle du NYT ».

Les critiques n’ont pas manqué après cet article. Ainsi, Lionel Barber, l’adepte du « bothsidesism ». Pour lui, cette attitude risque de conduire à « l’abandon de l’idée d’impartialité, sans parler de l’objectivité ». Il n’y aurait alors plus que contradictions, tensions.

Et voilà qu’il invoque l’histoire de l’objectivité, comme pour mieux démonter à quel point on doit la préserver, ou plutôt l’adapter. Selon lui, le concept vient certes des années 20, mais plus précisément d’un calcul commercial visant à maximiser les revenus publicitaires.  Il est au cœur de ce que l’on appelait autrefois, le « journalisme libéral » affirme Barber.

A cette époque de fusions et fermetures des journaux, dit-il, ceux qui ont survécu ont su sortir de la logique partisane des publications. Puis cette objectivité aurait été mise à mal, par des épisodes comme le Mc Carthisme où les journalistes américains ont compris qu’ils ne pouvaient plus être « de simples sténographes » de la parole des puissants…Ils devaient poursuit-il, « fournir un contexte et une analyse ». Avec le Viet-Nam, les reportages se sont teintés « d’un certain degré de jugement professionnel », analyse-t-il.

Mais beaucoup de journalistes ont continué à attaquer la neutralité et l’objectivité. Enfin, les théories postmodernistes universitaires qui remettent en cause l’idée même de vérité et surtout l’explosion du web et des réseaux sociaux, auraient en quelque sorte achevé le travail, conclut Barber qui plaide pour un statu quo simplement ravivé.

Parmi ses préconisations, il y a le fait d’exploiter la technologie numérique pour améliorer les formes traditionnelles de vérification. Le voilà bien l’autre mot qui forcément accompagne l’objectivité. Le fact checking, la vérification. Dans sa lettre aux futures générations d’éditorialistes reporters, Dan Froomkin, souhaite la suppression des services de fact checking qui se sont multipliés ces dernières années.

« Je transforme tout le monde en vérificateur, proclame-t-il. La vérification ne doit pas être une activité séparée… Plus important encore, nous devrions poursuivre les conséquences des mensonges… cela signifie interrompre les menteurs connus lorsqu’ils répètent un mensonge connu. Cela signifie qu’il faut refuser aux menteurs en série, la possibilité d’utiliser les médias. »

De fait, c’est ce qu’il a fini par arriver à Trump aux dernières heures de sa présidence.

Dans ce kaléidoscope atour de l’idée d’objectivité, un patron démissionnaire a particulièrement pesé tout au long de sa pratique journalistique. On doit à Marty Baron, en partance de la tête du Washington Post, l’investigation conduite sur les abus sexuels des prêtres catholiques de Boston. Il travaillait à l’époque au Boston Globe et son enquête lui a valu un prix Pulitzer en 2003 ainsi qu’une notoriété mondiale avec le film Spotlight qui le met en scène. C’est encore lui qui signifia au journaliste Wesley Lowery que ses tweets sur les sujets comme la race, la politique « violaient les principes de l’entreprise en matière de réseaux sociaux… »

Quelle et donc la conception de l’objectivité selon Baron ? En guise de réponse, il aime à citer Lippmann, toujours la référence. « Sa pensée était que nous, journalistes avons des idées préconçues, issues de nos origines, de nos expériences de vie, rappelle Baron. L’idée d’objectivité, ce n’est pas la neutralité. Ce n’est pas un principe bilatéral, un soi-disant équilibre. Ça n’a jamais été cela. »

Baron prône l’enquête, sa rigueur, la nécessité absolue de rencontrer tous les acteurs d’un dossier… L’objectivité, selon lui, est donc l’établissement des faits, au bout d’un long processus critique, où l’on publie lorsque l’on pense avoir « suffisamment de matériel » en main. Bref, la crédibilité par l’exercice d’un questionnement journalistique offensif. Seul véritable argument à ses yeux.

A travers tous ces débats, ces guerres de positions journalistiques, le fait et sa définition apparaissent bien comme les éléments fondamentaux de cet examen de conscience collectif. Par-delà le tumulte, la rudesse des échanges, cette remise au point semble s’imposer au pays où complotisme et faits alternatifs, réunissent des adeptes en si grand nombre…

Et chez nous…

 

Certes, on l’a dit, et comment nier l’évidence, les États-Unis ne sont pas la France. Cette antienne qui consiste à voir là-bas ce qu’il va bientôt nous arriver, a quelque chose d’une renonciation à notre propre identité. Une soumission à un fatum moderne. Nous n’avons pas connu, cette déstabilisation de haute magnitude que fut la période de Trump président. Soit. Mais les outils numériques que nous utilisons viennent bien d’outre-Atlantique. Leurs effets commencent à révéler une face cruelle aux yeux de celles et ceux qui y voyaient d’abord les instruments d’une libération générale. L’éther digitale peut parfois devenir un enfer personnel et/ou collectif.

De ce point de vue, le livre récent de Samuel Laurent, est plus qu’édifiant. L’ancien patron des décodeurs du journal Le Monde signe un ouvrage intitulé « J’ai vu le monstre. Twitter va-t-il tuer la #démocratie ? ».

Par-delà la mise en cause du réseau social et de sa « violence consubstantielle », le journaliste pointe « l’écosystème du faux » que représente Twitter, un écosystème viable parce qu’il s’appuie sur un constat sans appel : « Il y a une perte de confiance générale dans les médias traditionnels, affirme Laurent. Une perte de confiance à mettre en perspective avec la présence de plus en plus fréquente de « passeurs d’infox » à la télévision et un récit global relayé par le politique qui dit : les médias nous mentent et nous manipulent. Cette croyance dans les théories conspirationnistes ou le crédit accordé aux faits alternatifs sont aussi le signe d’un désenchantement de la réalité. »

Une crise de l’information, et de sa fonction dans notre société est donc bel et bien à l’œuvre dans notre pays comme le montre, année après annés, le baromètre Kantar pour le journal La Croix depuis 1987. Via le numérique et avec lui pour moteur, cette crise apparaît massivement. Elle est si forte en certains lieux, si assourdissante dans ses conséquences, qu’elle peut donner l’envie de quitter ces espaces numériques devenus toxiques, à l’exemple de S.Laurent.

Un fait planétaire se conjugue à cette crise. La pandémie du coronavirus. Depuis près d’un an, les discours à son propos sont omniprésents, capables d’interagir avec la vie de chacun jusqu’au plus intime : la peur et la mort. Dans ce contexte inédit, l’information est demandée comme jamais, mise à l’épreuve comme jamais. La crise connaît alors un paroxysme quasi quotidien là sous nos yeux.

Et se reposent en filigrane les questions posées au journalisme par l’examen de conscience américain : 

La diversité devient essentiellement celle des territoires par rapport à un exercice gouvernemental national. Les invisibles sont célébrés, un temps. Au fil des mois, l’insatisfaction, voire la colère deviennent les composantes, réitérées, intégrées de l’information. Dans les rédactions on tente d’être fidèlement à l’écoute de cette « diversité ». L’heure de la recomposition des rédactions se pose de plus en plus, autant sur les origines sociales, qu’ethniques, ou géographiques.

La neutralité bat son plein dans ses plus sémillants pour/contre. Pêle-mêle, on est d’accord ou pas avec le confinement, son horaire, ses secteurs d’activité, son ampleur géographique… Et bien sûr, il y a l’interrogation inévitable du moment : est-on favorable ou pas à la Chloroquine, au professeur Raoult, à l’un ou à l’autre des experts… Doit-on faire confiance ou pas au patron de la santé, au ministre en charge, au chef de l’État lui-même… Le pour/contre rythme ainsi le récit qui s’étire et rebondit. Il ne laisse que rarement une mémoire.

Quant à l’objectivité, le fait qui la fonde est en souffrance. Vérité du jour, n’est pas vérité de toujours en temps de Covid. Tant s’en faut. Certes pas vraiment de faits alternatifs comme là-bas à Washington, mais succession de faits. En réalité, et cela a déjà été dit, nous faisons tous l’apprentissage en temps réel de la vérité scientifique et de ses hésitations. L’incertitude est mesurée chaque jour, à chaque instant, avec un lexique évolutif, taux d’incidence, variant… L’infographie n’est plus seulement l’attribut des labos, elle a droit de cité dans les studios, sur nos écrans. Comment alors ne pas penser au formidable livre de Lorraine Daston et Peter Galison intitulé « Objectivité ». Précisément c’est l’image qui est ici analysée. Comme un voyage qui va de l’atlas scientifique et ses fantastiques œuvres d’art scientifiques, à la photo et ses capacités de mettre en lumière un autre réel. Un cheminement à travers le temps, du XVIIIème siècle à la période contemporaine. Et l’objectivité n’est plus cette permanence intangible. L’objectivité gagne une histoire, et les faits de même.

 

 

Sondage Macron 14-Juillet : il ne dit pas la vérité pour 63 % !

Sondage Macron 14-Juillet : il ne dit pas la vérité pour 63 % !

Un nouveau fiasco télévisé pour Macron. Une prestation très suivie par environ 70 % mais 63 % de l’opinion n’accordent aucun crédit à Macron quant au contenu du fameux nouveau chemin et estime que le chef de l’État ne dit pas la vérité. Le chef de l’État, qui renouait avec l’exercice après l’avoir abandonné les deux années précédentes, n’a pas convaincu la majorité (54%) d’entre eux, d’après un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et France Info, publié jeudi.

Si l’interview du président de la République donnée à TF1 et France 2 a été très suivie (7 Français sur 10), Emmanuel Macron n’a pas réussi à «rassurer» les Français. Pire, 63% d’entre eux pensent qu’il ne leur a pas «dit la vérité», alors que c’était son principal objectif. Son nouveau premier ministre, Jean Castex, n’a d’ailleurs cessé de répéter durant son discours de politique générale mercredi à l’Assemblée nationale, sa volonté de renouer avec la confiance des Français.

Durant son interview, Emmanuel Macron a également assuré qu’il garderait le cap fixé en 2017, tout en promettant un «nouveau chemin». Mais une fois de plus, les Français (57%) ne croient pas à «son changement de méthode». Une nuance toutefois, Français ne croient pas le chef de l’État mais approuvent ses deux principales annonces. Plus de 8 Français sur 10 soutiennent son dispositif en faveur de l’embauche des jeunes tout comme sa volonté d’imposer le masque obligatoire dans les lieux fermés.

Le président avait initialement indiqué qu’il ne rendrait obligatoire cette mesure qu’à partir du 1er août ; finalement Jean Castex a précisé jeudi dans Le Parisien que cela se fera dès la semaine prochaine. Au même moment, le ministre de la santé, Olivier Véran, annonçait le port du masque obligatoire dès ce jeudi matin dans six communes de la Mayenne où un nouveau foyer épidémique s’est formé.

« La vérité sur le programme du FN » Maël de Calan

 « La vérité sur le programme du FN » Maël de Calan

Maël de Calan, conseiller en politique économique de Juppé, cofondateur du think tank de droite « la Boîte à idées », explique dans son livre « la vérité sur le programme du Front national ».  Les incohérences économiques du Front national. (Interview les Echos)

A qui s’adresse ce livre ?

« A tous les Français évidemment. Plus particulièrement aux électeurs du Front national, qui pourraient finalement trouver étrange ce que leur racontent les cadres du parti d’extrême droite après avoir lu ce livre. Il s’adresse aussi à ceux qui hésitent encore à franchir le pas, afin de les convaincre que le programme du FN n’est pas crédible. C’est sur le terrain de la crédibilité qu’il faut l’attaquer. Les sondages montrent en effet encore qu’une majorité de Français ne croient pas que ce parti a les capacités pour gouverner. Il faut enfoncer le clou. Enfin, il s’adresse à ceux qui veulent combattre les idées du parti auprès de leur entourage ou face à des militants. Ils y trouveront de quoi formuler leurs arguments pour convaincre de la dangerosité de ce programme. »

Vous avez choisi le terrain des chiffres plutôt que celui, plus traditionnel, des valeurs ou de la morale. Parce que cela ne fonctionne plus ?

« Le combat sur les valeurs est légitime, car le FN n’entre pas dans celles transportées par la République. Mais ce n’est plus suffisant, non. La dédiabolisation a fonctionné. Le vote FN s’est banalisé et s’est étendu auprès de catégories de la population qui lui étaient d’habitude réfractaires. Je pense particulièrement aux femmes et aux retraités. Nous avons tous trop longtemps pensé que l’absurdité du programme du Front national allait de soi. Si bien que nous jugions inutile de le dire aux électeurs. Mais la progression du vote FN montre que ce n’est en fait plus le cas. La France va mal, les électeurs ne voient plus le bout du tunnel et se demandent si le FN ne pourrait pas leur montrer la sortie. Mais ils ont oublié, pour ne prendre que cet exemple, que jouer avec la monnaie, comme le préconise le Front, tuera la stabilité des prix, chose acquise aujourd’hui et qui paraît immuable. Cette politique que propose le FN, elle est appliquée notamment par le Venezuela, l’Argentine ou encore le Zimbabwe, des pays qui sombrent dans la faillite. J’ai donc pensé ce livre comme un manuel de combat pour rappeler des évidences, appuyées par un chiffrage fastidieux mais rigoureux de toutes les mesures proposées afin d’en démontrer l’incohérence. »

Vous accusez effectivement le FN de ne pas chiffrer certaines propositions, ou de mal les chiffrer. Mais ce n’est pas le premier parti dans ce cas-là, et cela n’a pas empêché certains présidents d’être élus…

« Certes, le FN n’a pas le monopole de la démagogie. Mais c’est de loin le parti qui va le plus loin. Un tiers des propositions de Marine Le Pen impliquent des dépenses publiques. D’après mes calculs, ces dépenses équivaudraient à une augmentation du déficit de 10 points de PIB et 1.500 milliards d’euros de dette sur 5 ans. Mais cela n’est pas tout. Le FN est capable, dans son programme, de promettre une hausse des prix pour satisfaire les agriculteurs puis, 23 pages plus loin, de promettre la baisse de ces mêmes prix aux consommateurs. Les paradoxes et incohérences de ce genre sont légion dans le projet du FN. »

Le succès du FN repose notamment sur des messages forts et simples. Ne craignez-vous pas de rater votre cible en faisant le pari des chiffres ?

« Ce livre a été pensé comme un manuel, il y a donc deux niveaux de lecture : les titres et intertitres constituent des slogans percutants qui peuvent être utilisés comme tel. Vient ensuite le cœur du texte où est détaillé l’argumentaire chiffré. Mais cet ouvrage ne se contente pas non plus de chiffrer des promesses. Il dénonce aussi le chaos économique et social dans lequel la France plongerait si ce programme était appliqué. Au menu, nous aurions droit à une guerre commerciale – le FN affirme qu’il dénoncera tous les accords douaniers contractés- le retour du contrôle des prix, de vastes nationalisations – comme en 1981 – un traficotage de la monnaie… La somme de tout cela mettrait le pays dans le chaos, créerait des milliers de chômeurs, et blesserait la France pour de bon. »

 

Hollande : « Ce type ne dit jamais la vérité » (Sarkozy, un connaisseur !)

Hollande : « Ce type ne dit jamais la vérité » (Sarkozy, un connaisseur !)

Nicolas Sarkozy est très sévère à l’égard de son successeur dans une interview du point. « La faute originelle de François Hollande n’est pas tant d’avoir fait campagne sur un programme pour en appliquer un autre, mais d’avoir menti! » Et Nicolas Sarkozy de poursuivre : « Ce type ne dit jamais la vérité. Désormais, tout le monde le sait, et les Français découvrent qu’ils ont été bernés. Ils ne le lui pardonneront pas. » « François Hollande terminera avec du goudron et des plumes » ; Sur le plan de diagnostic, Sarkozy na’ pas tort concernant l’avenir de Hollande mais comme d’habitude il ne fait guère la nuance. D’une certaine manière il n’a pas changé et il est également mal placé pour parler de respect des engagements. Lui qui a auusi échoué sur les déficits, la croissance et le chômage notamment. Il n’a pas changé car la rhétorique de l’excès permanent discrédite par avance l’argumentaire ; Sarkozy ne peut s’empêcher de surjouer et d’en rajouter. Un seul exemple l’affaire des 35 heures qu’il devait supprimer et finalement qu’il a maintenue avec un dispositif fiscal alambiqué qui a certes bénéficié notamment à certains salariés mais qui a couté en recettes fiscales puisque malheureusement ce dispositif n’a pas contribué à créer de l’emploi. (Par parenthèse ce n’était une raison pour Hollande de supprimer brutalement la défiscalisation des heures supplémentaires). Dans notre démocratie, le mensonge fait malheureusement partie de la dynamique électorale pour être élu. Normalement réservé aux extrêmes qui n’ont aucune chance de gouverner, les propositions mensongères se sont  banalisées  dans les partis de gouvernement et explique en grande partie le discrédit des partis politiques.

 

Hollande : un manque de « vérité » pour la CFDT

Hollande : un   manque de « vérité » pour la CFDT

Berger de la CFDT qui n’avait pas appelé à voter pour Hollande faiat un constat évident Hollande manque de vérité. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a estimé dimanche 4 mais que les deux premières années du quinquennat de François Hollande ont manqué d’ »un cap » « et « sans doute de vérité sur la situation du pays ».  »Ce qui a manqué fondamentalement (…), c’est un cap », « et sans doute un peu de vérité sur la situation du pays telle qu’elle est », a-t-il lancé lors de l’émission « Tous politiques » (France Inter/France 24/Le Parisien). « Ce cap, notamment sur l’aspect économique, vient d’être tracé, au bout de deux ans, c’est tard », « maintenant il doit être effectif », a-t-il poursuivi. Selon Berger, les années « sont toujours perdues quand on n’a pas les résultats qu’on attend, et le résultat qu’on attend, c’est le résultat de la lutte contre le chômage », « même si on ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé ». Le numéro un de la CFDT a notamment cité la loi sur la sécurisation de l’emploi et la réforme de la formation professionnelle, qui découlent d’accords entre les partenaires sociaux. « Je ne fais pas partie des déçus car je ne fais pas partie de ceux qui portaient des illusions ou avaient appelé à voter François Hollande », a-t-il ajouté, tout en jugeant que ces deux dernières années avaient été « difficiles » pour les salariés. Interrogé sur « le retournement économique » annoncé par M. Hollande, cité dans Le Journal du Dimanche, Berger s’est agacé: « J’en ai un peu assez des pronostics ou de l’incantation. »   »Quand on parle de retour de la croissance, il faut dire quel est le contenu de cette croissance, car la croissance ne fera pas forcément le bonheur des salariés », a-t-il aussi dit. Le leader syndical a toutefois estimé qu’ »heureusement, dans un certain nombre d’entreprises, les choses vont mieux ». « C’est très difficile à dire mais je pense que ça va un peu mieux, ça doit être confirmé », « je ne suis pas dans le déclinisme », a-t-il déclaré.

 




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