Archive pour le Tag 'verdissement'

Environnement–Pour un vrai verdissement de l’industrie

Environnement–Pour un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Environnement–Vers un vrai verdissement de l’industrie

Environnement–Vers un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Vers un vrai verdissement de l’industrie

Vers un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Remise en cause du verdissement de la politique agricole ?

Remise en cause du verdissement de la politique agricole ?

 

Face à la guerre en Ukraine, la tentation est forte de renoncer aux objectifs de verdissement de l’agriculture européenne. Comme le rappellent près de 200 scientifiques, le conflit montre au contraire toutes les limites de nos systèmes productifs actuels, explique dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

 

Chronique.

 

Lorsque les cours sont au plancher, il faut produire le plus possible pour éviter la ruine ; lorsqu’ils s’envolent, il faut produire le plus possible pour rafler la mise. La guerre en Ukraine n’est pas perdue pour tout le monde et ce ne sont pas les vendeurs de bicyclettes qui en tirent, ces jours-ci, le meilleur profit.

Depuis le début du conflit, les lobbys agro-industriels ont poussé leurs arguments avec un succès éclatant. Jusqu’à remettre en cause, en France au moins, la stratégie « Farm to Fork » (« de la ferme à la fourchette »), le volet agricole du Pacte vert de la Commission européenne. Le président candidat Emmanuel Macron l’a annoncé jeudi 17 mars : le projet de verdissement de l’agriculture européenne sera « adapté » à l’aune de la crise. Le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, ayant déjà annoncé la fin des jachères en France, on peut s’attendre à ce que cette adaptation s’apparente à une volonté de démantèlement en bonne et due forme.

 

Réduction des pesticides et des engrais de synthèse, sortie progressive de l’élevage industriel, augmentation des surfaces cultivées en agriculture biologique : tout cela nous mènerait à une « décroissance » incompatible avec la crise ukrainienne. « Nous demandons à pouvoir produire plus », a exigé Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le 3 mars sur Franceinfo. « L’Europe ne peut en aucun cas se permettre de produire moins », a obtempéré, deux semaines plus tard, M. Macron.

Cela semble tomber sous le sens. Plus d’un quart des exportations mondiales de blé venant de Russie et d’Ukraine, il paraît à première vue criminel de ne pas chercher à produire plus, d’être non autonome et de ne pas nourrir le monde affamé, en particulier les pays du Sud, dont l’approvisionnement en blé dépend de l’hémisphère Nord. Ce narratif plein d’humanité a le mérite d’être facile à comprendre. Mais, hélas !, il est faux.

 

Un obstacle majeur à l’approvisionnement des pays du Sud en céréales est, outre les quantités disponibles, leurs prix. Or ceux-ci sont fixés par les marchés. Ces dernières semaines, l’emballement des cours des matières premières agricoles a été inédit et il a, jusqu’à présent, eu bien plus à voir avec l’affolement et/ou la spéculation qu’avec de réelles pénuries. Ce qui motive l’agro-industrie à produire plus – c’est-à-dire les cours élevés – est donc exactement ce qui entrave l’accès des plus pauvres à la nourriture.




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