Veolia: les syndicats veulent virer le PDG
L’événement est rare car les syndicats sont plutôt légitimistes mais là ils veulent virer le patron de Véolia qui a sans doute tort de gaver ses actionnaires mais sans doute raison de s’adapter au marché. En effet, la crise aidant, Véolia va subir la contraction des budgets de collectivités avec lesquelles il travaille notamment en transport, eau et proprété. »Il est insupportable d’assister sans rien faire au démantèlement du groupe. Pour nous, la stratégie n’est toujours pas claire et, en cela, la stratégie d’Antoine Frérot, c’est surtout de donner des dividendes aux actionnaires sans vision sur l’avenir de Veolia », a déclaré à l’AFP Hervé Deroubaix, délégué central CFDT. Les syndicats, actuellement réunis en comité de groupe, reprochent également à M. Frérot « de ne pas avoir daigné venir siéger lors du comité de groupe France » pour expliquer la stratégie du « Nouveau Veolia ». Une invitation parvenue mercredi et donc trop tard, a rétorqué jeudi une source au sein du groupe. »Les intentions du groupe leur ont été présentés à plusieurs reprises au cours des comités de groupe France et européens depuis 2011″ et Antoine Frérot a assisté à deux reprises cette année aux comités de groupe, a souligné cette source. Les quatre branches de Veolia (Eau, Propreté, Energie et Transport) subissent, selon l’intersyndicale, « des restrictions quotidiennes et restructurations qui ne tiennent pas compte des services publics que nous assurons ». Et « il n’y a que des cessions annoncées, qui ne se terminent jamais tout à fait… Transport et SNCM, Dalkia, SADE et pourquoi pas l’Eau et la Propreté France ? », dénonce l’intersyndicale dans un communiqué commun. Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a souligné sur BFM Business qu’il est « très rare que la CFDT appelle à la démission d’un patron d’entreprise ». »On rend des comptes aux actionnaires et pas aux représentants des salariés. Eh bien, au bout d’un moment, il y en a assez et il est normal que les représentants des salariés posent un acte fort », a ajouté M. Berger disant « assumer » la position de la CFDT de Veolia. Pour les quatre principales organisations syndicales, « le dialogue social est tronqué ». « Le fossé n’a jamais été aussi profond entre les dirigeants et les salariés et les organisations syndicales sont déterminées à mobiliser les salariés et envisagent toute forme d’action », conclut le communiqué. Veolia est engagé depuis plus de deux ans dans un vaste plan de restructuration et de désendettement, via des cessions et des recentrages sur environ 35 pays, contre plus du double auparavant. L’ex-Générale des Eaux a confirmé début décembre un plan de suppression de 1.600 postes dans sa branche eau en France d’ici 2014, dont 700 par un plan de départs volontaires (ainsi que 500 départs naturels en 2013 et 400 en 2014). A cela s’ajoute 500 « reclassements », ce qui fait dénoncer aux syndicats un plan visant près de 2.100 emplois sur 15.000. Le plan est à l’ordre du jour d’un nouveau comité central d’entreprise le 20 décembre. Dans un communiqué publié jeudi soir, le groupe a défendu la nécessité de son plan pour Veolia Eau France qui « doit se transformer pour assurer son avenir », dans un contexte difficile marqué par des négociations à la baisse des tarifs et des pertes de contrats municipaux. »Pour s’adapter à la réalité de son marché et afin de continuer à se développer, à investir et à innover, Veolia Eau France doit aujourd’hui nécessairement transformer ses modèles, tant économiques que contractuels, et faire évoluer son organisation et ses métiers », Le groupe s’apprête également à mettre en vente sa filiale de travaux SADE, qui emploie près de 9.000 personnes, dont les deux tiers en France, selon une lettre envoyée aux employés. Veolia Environnement compte plus de 300.000 salariés dans le monde, dont un peu plus de 100.000 en France.