Sondage : niveau d’impopularité historique pour Valls
La descente aux enfers continue pour Hollande mais aussi pour le Premier ministre. Un premier ministre qui ne joue plus son rôle de fusible et tire même désormais Hollande vers le bas. En cause évidemment l’absence de résultats économiques et sociaux qui s’ajoutent à une relative paralysie du pouvoir. Le retrait de la loi sur la déchéance de nationalité, les aléas autour de la loi travail sont les derniers des exemples des contradictions du pouvoir. On reproche surtout de plus en plus à Manuels Valls une attitude martiale en décalage avec les décisions concrètes. En outre il semble bien que Manuel Valls ait été dessaisi de son image de réformiste par Emmanuel Macron. Manuel Valls atteint donc un nouveau record d’impopularité en avril à 22% d’opinions favorables, tandis que la cote de confiance de François Hollande reste au plus bas malgré une progression d’un point (18%), selon un sondage Elabe publié jeudi. Deux ans après sa nomination à Matignon, la cote du Premier ministre est en recul d’un point par rapport à mars et s’érode au total de 14 points depuis décembre, selon l’observatoire politique Elabe pour Les Echos et Radio classique. A 18% (+1), la cote de François Hollande reste proche de son record d’impopularité du mois dernier. Cette très légère hausse s’observe notamment auprès des sympathisants du Front de gauche (+4), sans doute sensibles à l’abandon de la déchéance de nationalité et aux reculs sur la loi Travail, mais le président baisse d’autant chez les sympathisants socialistes, précise Elabe en soulignant que « la confiance accordée au chef de l’Etat apparaît durablement minoritaire » chez ses électeurs de 2012. Les personnalités politiques bénéficiant de la meilleure image restent Alain Juppé (47%) et Emmanuel Macron (38%), même si le maire (Les Républicains) de Bordeaux et le ministre de l’Economie, qui a lancé mercredi son mouvement transpartisan « En marche! », reculent chacun de cinq points en un mois.
Comment Valls, le baron noir, a viré Montebourg et Philippetti
Comment Valls, le baron noir, a viré Montebourg et Philippetti
Le JDD rend compte du livre Le bal des dézingueurs, qui parait mercredi 9 mars, écrit par les journalistes Laurent Bazin et Alba Ventura, Manuel Valls y raconte en détails le jour où lui et François Hollande ont décidé de remanier le gouvernement et de virer Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filipetti pour clarifier la ligne économique. « C’est sans doute le tournant du mandat de Premier ministre de Manuel Valls. Le 25 août 2014, Le chef du gouvernement décide de démissionner Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti après les critiques du ministre de l’Economie lors de la fête de la Rose à Frangy-en-Bresse. Pour la première fois dans un livre intitulé Le bal des dézingueurs (Flammarion), Valls raconte en longueur le jour où il a viré les frondeurs du gouvernement. « J’avais prévenu Arnaud [Montebourg] quelques jours plus tôt. On sortait d’une réunion gouvernementale où Aurélie [Philippetti] et lui avaient remis une couche avec « le changement de politique économique ». A elle, j’ai dit : ‘Dis donc, tu ne vas tout de même pas nous donner des leçons de gauche!’ Et lui, je l’ai averti. Je lui ai dit : ‘Fais gaffe, Arnaud. Gaffe à ce que tu vas dire à Frangy ». Le dimanche, jour de la fête de la Rose, le ministre de l’Education nationale, Benoît Hamon, proche d’Arnaud Montebourg, donne une interview dans le Parisien où il dit qu’il n’est pas « très loin des frondeurs ». Manuel Valls envoie des textos à Benoît Hamon pour lui dire que « ça ne va pas du tout, qu’il ne peut pas faire ça. ». »J’essaye aussi d’appeler Arnaud, qui ne me répond pas », glisse le Premier ministre. En week-end alors en Normandie, Valls décide alors de rentrer à Paris plus tôt. « Je sens mal ce qui se passe », confie-t-il. « En arrivant, je vois à la télé le discours de Montebourg contre l’austérité et cette scène avec la « Cuvée du redressement », où il se moque ouvertement de François Hollande. Là, on se parle avec le Président… » Manuel Valls explique auprès des journalistes que la décision est prise conjointement avec le chef de l’Etat : « Nous décidons que ça ne peut plus durer. Dans la nuit, sa décision est prise. François me dit : ‘Tu me remets ta démission et on refait le gouvernement’ ». » Il faut alors annoncer la décision aux principaux intéressés : « Je les reçois tous. La seule que j’engueule, c’est Filipetti. Je lui demande ce qui lui a pris d’envoyer un tweet de soutien aux deux autres…Avec Hamon ça se passe sereinement, on en conclut que sa place au gouvernement est intenable. Enfin, arrive Arnaud…Il entre dans le bureau, tranquille, en chantant à tue-tête This is the end, la chanson des Doors. Et puis il me regarde et il m’explique d’un air fataliste : ‘Qu’est ce que tu veux…C’est mon inconscient qui a parlé! » Et là, il se lève, il me prend dans ses bras et il lâche : ‘Allez vieux frère!’ Et il s’en va… » (JDD)