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Le travail est-il encore une valeur ?


Le travail est-il encore une valeur ?

Si le débat sur la « valeur travail » divise tant, c’est qu’il témoigne de l’intrinsèque polysémie et de l’ambivalence de la notion de « travail ». Par Davy Castel, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)

Une tribune intéressante qui clarifie un peu les concepts de travail et d’activité. Reste que cette tribune n’insiste pas assez sur le caractère structurant du travail qui permet de faire société comme l’école, le service militaire ou encore l’activité associative. Sans parler de sa contribution évidemment essentielle à la richesse collective et au progrès NDLR

Le débat sur la « valeur travail » a été récemment relancé suite aux propos du secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et député Fabien Roussel – qui avait déjà mobilisé ce sujet dans sa campagne électorale – mais aussi dans une moindre mesure ceux du député François Ruffin qui n’ont pas manqué de diviser la gauche française. La députée Sandrine Rousseau a ainsi pris ses distances tout comme Jean-Luc Mélenchon, et d’autres, avec les propos de Fabien Roussel. François Ruffin lui-même a souhaité marquer ses divergences avec ce dernier.

Au-delà des polémiques partisanes, si le sujet divise tant c’est qu’il témoigne de l’intrinsèque polysémie et de l’ambivalence de la notion de « travail », particulièrement lorsqu’il s’agit de comprendre son rôle, à la fois positif et négatif, en matière d’épanouissement individuel et collectif.
Emploi ou activité ?

Une partie de la controverse vient sans doute de la confusion qu’entretient le terme « travail » entre emploi et activité. C’est une vieille litanie qui a traversé les siècles : les sans-emploi sont supposés être inactifs et oisifs. Or, la distinction des deux termes apparaît indispensable pour faire avancer le débat. L’activité, au sens de la possibilité de dédier une partie de son temps de vie à des réalisations jugées socialement utiles, est indispensable à l’épanouissement humain.

Ce besoin de pouvoir être utile, de « faire quelque chose de sa journée et de ses dix doigts » alimente la quête de sens de chaque individu conscient et le conduit à structurer et à chercher à faire bon usage de son temps de vie disponible. Une chose est sûre : se sentir utile conduit à se sentir légitime, reconnu et à « faire société ». Y renoncer, ne pas s’en sentir capable, se percevoir ou être perçu comme inutile, détruit l’estime de soi et nourrit toutes les formes de dépression.

Oui mais voilà : être sans emploi ne signifie pas forcément être inactif. On peut être au chômage et bénévole, on peut être retraité et s’occuper de ses petits-enfants, on peut être parent au foyer et s’occuper de ses enfants afin de les préparer, eux-mêmes, à apporter une contribution utile à la société. À l’inverse, avoir un emploi n’implique pas systématiquement de pouvoir être actif au sens de se sentir utile. Nombreuses sont les situations où les personnes sont « placardisées » et où on ne leur confie rien à faire d’utile ou celles où, bien qu’occupées toute la journée, elles peinent à percevoir l’utilité réelle de leur activité. Ces situations sont d’ailleurs sans doute sous-estimées, tant cela s’accompagne d’un sentiment de honte qui peut conduire les personnes à ne pas en parler et rendre ces situations difficiles à chiffrer. D’importantes études ont néanmoins été conduites à ce sujet et l’Institut national de recherche et de sécurité alerte régulièrement sur l’impact de l’ennui au travail sur la santé et le bien-être.

Défendre le travail et sa valeur ne peut donc simplement se réduire à défendre l’emploi. Cela implique d’agir d’une part pour la reconnaissance de toutes les activités socialement utiles et d’autre part pour la création d’emplois permettant réellement aux personnes d’apporter une contribution à la société.
Le travail entre aliénation et émancipation

Au-delà de sa polysémie, si le travail génère tant de débats c’est également parce qu’il entretient des rapports profondément ambivalents avec l’accomplissement humain : si pour certains l’émancipation passe par le travail, pour d’autres (et parfois pour les mêmes), le travail est synonyme d’aliénation.

Ce qui semble en jeu ici c’est le rapport du travail à la dignité humaine et à l’indépendance. En ce qui concerne les rapports entre travail et dignité, ces derniers sont sans doute trop complexes pour pouvoir affirmer que le travail est la source de toute dignité ou qu’au contraire tout travail est indigne.
La question est essentiellement déterminée par les modalités d’organisation du travail plus encore que par la nature intrinsèque de l’activité réalisée. La clé de voûte réside dans le pouvoir d’agir dont disposent les professionnels pour peser sur les finalités et modalités de leur propre activité ou dont ils sont au contraire privés par des formes d’organisation du travail, empreintes de bureaucratie et de néo-taylorisme, qui les dépossèdent de tout droit de regard sur ces sujets.

Quant au rapport du travail à l’indépendance, il est essentiellement régi par une convention sociale, celle qui consiste à lier les moyens de subsistance à l’exercice d’un emploi, convention qui détermine également en grande partie l’impact du chômage, et de la privation d’emploi, sur l’épanouissement individuel.

Ce qui apparaît en creux du débat récent sur la « valeur travail » ce sont les représentations de l’impact du chômage sur les vies humaines. Ce dernier produit inévitablement des dégâts sur le bien-être psychologique, et plus globalement sur la santé, lorsqu’il devient synonyme d’inactivité.

Mais comme nous l’avons vu le chômage n’est pas nécessairement synonyme de non-travail au sens d’absence d’activité. Ce qui produit tant de malheur, ce n’est peut-être pas tant que le travail, au sens de l’emploi, manque : ce serait à la fois nier la dimension aliénante de certaines formes d’emploi et considérer qu’en dehors de l’emploi il n’y aurait point de salut possible.
Le chômage produit surtout des dégâts car il est synonyme d’isolement et de stigmatisation, précisément à cause de la confusion entre chômage et inactivité et du procès en inutilité sociale qui est fait à toute personne n’occupant pas d’emploi sans raison que d’aucun jugera « valable » ou acceptable : invalidité, vieillesse, maternité…

Nous ne sommes pas tout à fait sortis de la vision du chômage comme une infirmité qui prévalait jusqu’au XIXe siècle et le passage progressif de l’assistance (seuls les inaptes, infirmes et vieillards, sont aidés, les autres, considérés comme des fainéants ou des profiteurs, doivent se débrouiller seuls) à l’assurance (les travailleurs sont assurés, individuellement et collectivement, contre le chômage perçu comme un risque à travers les cotisations sociales et patronales).

Or, cette représentation du chômage comme une tare dont les individus seraient eux-mêmes responsables conduit inévitablement les personnes sans emploi à se replier sur elles-mêmes (qui voudrait s’exposer sur la place publique en sachant qu’il y sera décrié ?), et donc à être inactives, et à transformer en « profiteurs » des personnes déjà fragilisées socialement et psychologiquement. Le cercle vicieux se referme.

L’analyse des récentes prises de position publiques précédemment évoquées, une fois dégorgées des malentendus et des « buzz » que ces derniers nourrissent, semble aller dans le sens d’une volonté du personnel politique, ou du moins d’une partie de celui-ci, non pas de supprimer la solidarité nationale permettant à la fois la survie individuelle et la cohésion de la société, mais de permettre un égal accès au travail pour toutes et tous et de s’y épanouir.

Cela impliquerait d’abord de ne plus confondre emploi et activité, de ne plus stigmatiser le non-emploi mais aussi de garantir des modes d’organisation du travail permettant d’associer emploi et dignité. L’organisation apprenante, qui vise à structurer l’organisation autour du développement de ses membres, ou encore l’holacratie, qui organise le travail autour d’équipes de travail à la fois autonomes et interdépendantes, constituent des repères utiles dans cet objectif.

Cela reposerait tout autant sur le fait de ne plus nourrir des contre-vérités, comme celle consistant à laisser entendre que les personnes seraient au chômage par choix alors qu’elles le vivent la plupart du temps comme une épreuve, voire comme un traumatisme (auquel s’ajoute le poids stigmatisant de telles contre-vérités).
Cela signifierait également combattre le chômage par le développement de l’emploi de qualité plutôt qu’en réduisant les revenus de remplacement et en contraignant les personnes à accepter la première offre reçue, ce qui fragilise de fait l’idée de dignité par et dans le travail.

Cela appellerait enfin à ne plus nommer « assistanat » ce qui ne relève pas de l’aumône ou de l’assistance publique mais bel et bien de l’assurance, les allocations chômage étant la résultante d’un droit que les personnes ont acquis et auquel elles ont elles-mêmes contribué à travers les cotisations prises sur leur salaire lorsqu’elles étaient en emploi.
Mais ensuite : comment y parvenir ? Comment appliquer, enfin, le droit au travail prévu dans notre constitution ? Faut-il parler de garantie d’emploi ? De garantie d’activité ? Faut-il distinguer moyens de subsistance et emploi ? Faut-il, plutôt, répartir l’emploi à travers la répartition du temps de travail ? Faut-il envisager la rémunération des activités socialement utiles au-delà de l’emploi ?
Les communistes eux-mêmes, à l’origine de cette malheureuse polémique qui révèle en réalité la nécessité du débat proposaient en 2017 la « sécurité emploi-formation » qui consistait déjà à dissocier, d’une certaine façon, emploi, activité et rémunération : gageons que cette proposition, toujours d’actualité, soit source de terrain d’entente.
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Par Davy Castel, Maitre de conférences en psychologie sociale et psychologie du travail, Université de Picardie Jules Verne (UPJV).
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

La déconstruction de la valeur travail par l’ultra gauche

Société-La déconstruction de la valeur travail par l’ultra gauche

L’ultra gauche, souvent des bobos, ne cessent de miner la valeur travail et de la ridiculiser. Sandrine Rousseau a même été jusqu’à affirmer que le travail était une valeur de droite. Dans une récente tribune du « Monde » on peut lire cette curieuse analyse d’une sociologue qui condamne le travail :

« Notre société est en effet caractérisée par des emplois vécus comme inutiles, voire nocifs ou destructeurs ; à l’inverse, hors emploi, on trouve de nombreuses pratiques qui demandent des efforts (accoucher et éduquer, militer, se former, réparer…) et sont indispensables à notre subsistance. Des revenus peuvent être obtenus sans rien faire (dividendes, emplois fictifs, placardisés, revenus de l’assistance…), tandis que l’emploi n’est pas toujours un « gagne-pain » du fait de l’accroissement du nombre de travailleurs pauvres et de la multiplication de statuts légaux permettant d’employer des personnes à des conditions bradées. »

Certes on ne peut nier l’émergence d’une demande de revalorisation de sens et de rémunération dans beaucoup de secteurs et d’entreprises, par davantage qu’ on peut contester la pauvreté des relations hiérarchiques et sociales dans certains cas. Mais de là en tirer la conclusion que le travail est inutile, cela constitue un raccourci qui témoigne d’une grande paresse intellectuelle.

Contrairement à certaines vision ultra gauchiste, le travail n’est ni une valeur de droite ni une valeur de gauche. Le travail a un triple objet : assurer la subsistance de soi-même ou de sa famille, contribuer à la richesse et au progrès d’un pays enfin renforcer la socialisation. Le travail permet donc de vivre pour soi-même et d’apporter sa contribution à la vie de la société. Il est également très structurant sur le plan collectif ( comme l’école, le service militaire, l’engagement associatif etc.) car le travail fait société.

La déconstruction de la valeur travail vise en faite la déconstruction de la société tout entière avec la mise en cause de tout ce qui favorise les liens sociétaux pour recentrer sur les aspects individualistes. Il essentialise les particularismes pour affaiblir voir détruire les valeurs universelles. Une démarche anarcho libérale qui glorifie l’individualisme et les intérêts particuliers.

La déconstruction de la valeur travail par l’ultra gauche

La déconstruction de la valeur travail par l’ultra gauche

L’ultra gauche, souvent des bobos, ne cessent de miner la valeur travail et de la ridiculiser. Sandrine Rousseau a même été jusqu’à affirmer que le travail était une valeur de droite. Dans une récente tribune du monde on peut lire cette curieuse analyse d’une sociologue qui condamne le travail :

« Notre société est en effet caractérisée par des emplois vécus comme inutiles, voire nocifs ou destructeurs ; à l’inverse, hors emploi, on trouve de nombreuses pratiques qui demandent des efforts (accoucher et éduquer, militer, se former, réparer…) et sont indispensables à notre subsistance. Des revenus peuvent être obtenus sans rien faire (dividendes, emplois fictifs, placardisés, revenus de l’assistance…), tandis que l’emploi n’est pas toujours un « gagne-pain » du fait de l’accroissement du nombre de travailleurs pauvres et de la multiplication de statuts légaux permettant d’employer des personnes à des conditions bradées. »

Certes on ne peut nier l’émergence d’une demande de revalorisation de sens et de rémunération dans beaucoup de secteurs et d’entreprises, par davantage qu’ on peut contester la pauvreté des relations hiérarchiques et sociales dans certains cas. Mais de là en tirer la conclusion que le travail est inutile, cela constitue un raccourci qui témoigne d’une grande paresse intellectuelle.

Contrairement à certaines vision ultra gauchiste, le travail n’est ni une valeur de droite ni une valeur de gauche. Le travail a un triple objet : assurer la subsistance de soi-même ou de sa famille, contribuer à la richesse et au progrès d’un pays enfin renforcer la socialisation. Le travail permet donc de vivre pour soi-même et d’apporter sa contribution à la vie de la société. Il est également très structurant sur le plan collectif ( comme l’école, le service militaire, l’engagement associatif etc.) car le travail fait société.

La déconstruction de la valeur travail vise en faite la déconstruction de la société tout entière avec la mise en cause de tout ce qui favorise les liens sociétaux pour recentrer sur les aspects individualistes. Il essentialise les particularismes pour affaiblir voir détruire les valeurs universelles. Une démarche anarcho libérale qui glorifie l’individualisme et les intérêts particuliers.

Retour de la valeur travail à gauche ?

Retour de la valeur travail à gauche ?

 

Dans une tribune au « Monde », un collectif de responsables politiques et d’économistes explique que la gauche doit arrêter d’être défaitiste en renonçant au plein-emploi. Elle ne doit pas oublier l’importance du travail dans la société, et ce que nous devons tous à ceux qui l’assument.

 

La place du travail dans la société et dans le projet que la gauche doit proposer aux Français ne devrait pas faire polémique. Au-delà des slogans et des petites phrases qui ont été échangées par les uns et les autres, François Ruffin (député La France insoumise) et Fabien Roussel (député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français) ont rappelé que les aspirations de nos concitoyens ne sont pas celles d’une société post-travail, mais celles d’une société qui puisse apporter à chacun un travail digne et vecteur d’émancipation.

Commençons par rappeler une évidence : il n’y a pas de société sans travail. Cela est vrai pour tout système économique, qu’il soit capitaliste ou non. De fait, le travail, qu’il soit salarié, indépendant, familial ou produit bénévolement pour une association, est la seule source de richesse pour la communauté.

Karl Marx (1818-1883) lui-même, théoricien de la valeur travail, n’a jamais nié son importance. Lorsqu’il développe au milieu du XIXe siècle ses réflexions et ses écrits sur le système capitaliste, il dénonce l’aliénation par le travail du prolétaire dépossédé de son individualité et de sa contribution personnelle.

Le prolétaire est celui qui ne possède que sa force de travail, qu’il vend contre un subside de misère. L’idée commune du XIXe siècle, chez tous les philosophes et acteurs d’un mouvement socialiste en construction, c’est que l’émancipation des travailleurs doit passer par leur association, leur rendant ainsi la maîtrise de l’outil de travail et le bénéfice de son produit.

Face au travail exploité incarné par le salariat, le socialisme rêvait d’un travail émancipé, organisé collectivement par les travailleurs eux-mêmes. Mais le salariat s’est étendu, tant et si bien qu’au début du XXe siècle, les conditions d’organisation de la production et de nos sociétés en ont fait le vecteur principal de distribution des revenus, notamment par la création de la Sécurité sociale.

De son côté, le droit social est venu protéger le salarié, améliorer ses conditions de travail et défendre l’expression syndicale au sein des entreprises.

L’Etat social s’est ainsi construit patiemment, comme le rappelle l’économiste Christophe Ramaux dans son dernier ouvrage, Pour une économie républicaine. Une alternative au néolibéralisme (De Boeck, 336 pages, 21,90 euros). L’une de ses applications concrètes fut d’attacher au statut de salarié un cadre légal visant à sortir de l’arbitraire capitaliste.

Le travail « est une valeur de droite » d’après l’exibitionniste Sandrine Rousseau

Le travail « est une valeur de droite » d’après l’exibitionniste Sandrine Rousseau

 

Plus ça choque et plus ça passe d’après le catéchisme de marketing politique de Sandrine Rousseau qui s’autorise à parler de tout sans compétence particulière mais avec un déterminisme carriériste évident.  Ainsi la dernière sortie de Sandrine Rousseau , c’est de considérer que le travail est une valeur de droite. C’est évidemment intellectuellement une grande erreur qui prouve les limites des connaissances historiques de l’intéressée. Et d’enfiler les perles de ce style en mélangeant les problématiques d’écoféminisme , du droit à la paresse ( normal pour une ancienne fonctionnaire!),  de la diminution de la croissance et de la réduction du temps de travail.

À quand une déclaration de Sandrine Rousseau sur le droit de vote des poissons rouges ?

Bref avec de telles représentants et amis, Europe écologie les Verts n’a vraiment pas besoin d’ennemis pour tomber dans la marginalisation  politique.

L’or à nouveau valeur refuge ?

L’or  à  nouveau valeur refuge ? 

 

La situation en Ukraine, les bruits de bottes à Taïwan, plus globalement la situation géopolitique tendue, la crise économique pourrait contribuer à redonner à leur son rôle de valeur refuge considère Laurent Schwartz, président-directeur général du Comptoir National de l’Or. ( dans la Tribune)

 

LAURENT SCHWARTZ.- Dans ce contexte d’inflation galopante, de hausse des taux d’intérêts et de craintes de récession économique, l’or surperforme tout de même, notamment les actions françaises et le bitcoin. Les actions du CAC 40 affichent, en effet, une très forte correction et la chute est encore plus impressionnante pour les cryptoactifs, à l’image du bitcoin qui dévisse depuis plusieurs semaines.

D’ailleurs, même les obligations, traditionnellement défensives, reculent et avec la multiplication des interrogations sur le marché immobilier, l’or reste l’un des rares actifs dans le vert. Depuis le début de l’année, il est en hausse de près de 8% en euros. L’acheteur français va d’ailleurs être plus particulièrement attentif au cours en euro qu’en dollar.

Et même si l’inflation et le cours de l’or sont étroitement liés, considérer que cette relation est systématique et linéaire est réducteur. En réalité, ce lien or/inflation est indirect : si l’inflation augmente, toutes choses égales par ailleurs, les taux d’intérêt réels vont baisser, et il est statistiquement probable que le cours de l’or progresse. Le hic, c’est que les économistes et les commentateurs oublient souvent de préciser ce « toutes choses égales par ailleurs ». Une donnée économique ne varie jamais toute seule. Tout varie en permanence. Et typiquement, lorsque l’inflation augmente, les taux d’intérêts nominaux ont tendance à augmenter ce qui maintient peu ou prou le niveau des taux réels. Sauf si on entre en stagflation.

En prenant un peu de recul, l’or est un très bon candidat pour se diversifier et se protéger sur le long terme contre le risque d’une inflation durable et élevée génératrice de problèmes économiques. D’ailleurs, la demande ne cesse d’augmenter depuis plus de 10 ans. Comme les mauvaises nouvelles s’accumulent (Covid, conflit ukrainien…), entraînant la chute des marchés boursiers, la demande s’accélère. Le contexte économique alimente donc un peu plus chaque mois la volonté des investisseurs d’ajouter de l’or à leur portefeuille.

Le conflit en Ukraine a montré que la Russie avait constitué ces dernières années un important stock d’or. Les banques centrales ne vont-elles pas elles aussi intensifier leurs achats de métal jaune en raison du risque géopolitique et d’une trop grande dépendance au dollar ?

Effectivement, depuis 2019, de nombreuses banques centrales, dont celles de la Chine, de la Russie, de la Turquie, du Brésil ou de l’Égypte ont augmenté leurs réserves en or, sur fonds de tensions ou de crises géopolitiques (rivalité Etats-Unis-Chine, Covid, guerre en Ukraine, conflit Chine-Taïwan etc.). La raison principale de cet engouement est simple: l’or est le seul actif géopolitiquement neutre. Pour certains pays, comme la Hongrie, la Pologne, voire la Turquie, c’est également une façon de s’affirmer sur la scène internationale.

L’or n’est en effet rattaché à aucun État, à la différence d’une monnaie comme le dollar qui peut facilement être manipulée ou utilisée par le pays émetteur comme arme de sanctions économiques. L’or n’est le passif de personne, il n’a donc pas de risque de contrepartie, il ne peut pas faire faillite comme un bon du trésor. Et il peut être détenu dans des coffres sur le territoire national sans risque de saisie.

Autant d’atouts remis sur le devant de la scène suite au gel des avoirs en dollar de la banque centrale de Russie. Cet événement a beaucoup interrogé la communauté des banques centrales désireuses de sécuriser leurs réserves de change, et l’or est de plus en plus perçu comme l’instrument d’une politique d’indépendance économique et financière.

Il est toujours difficile de faire des prédictions mais il est très probable que les banques continuent à se tourner vers l’or, toujours dans un souci d’indépendance financière. La Chine, par exemple, est probablement en train d’en acheter, même si nous n’avons aucun chiffre officiel à disposition.

La demande joaillère, notamment dans les pays émergents, Chine et Inde, est-elle repartie à la hausse depuis la pandémie ?

Globalement, elle se rapproche des niveaux pré-covid de 2019. En Chine, elle est autour de 10% en deçà des valeurs de 2019, si l’on compare le premier semestre 2022 à celui du premier semestre 2019.

Concernant l’Inde, le niveau se situerait plutôt à près de 20% en dessous du premier  semestre 2019. Mais le cas de l’Inde est atypique car il y a eu récemment d’importantes modifications de la fiscalité et de la réglementation, ce qui rend les comparaisons assez difficiles.

Pollution -Pourquoi une « valeur » carbone ?

Pollution -Pourquoi une « valeur » carbone ?

 

Simon Létourneau, spécialiste de l’environnement, critique dans une tribune au « Monde » la notion de « valeur carbone », qui transforme en abstraction la réalité matérielle des émissions de CO₂.

 

Une critique très justifiée depuis que les écolos marxistes  et les économistes néolibéraux se sont entendus pour en quelque sorte marchandiser un facteur central de la qualité de l’environnement. Ces mêmes économistes longtemps opposés à toute approche environnementale ont récupéré la thématique pour l’intégrer dans une logique de prix et de marché. Quant aux écolos marxistes c’est un moyen supplémentaire de s’attaquer au capitalisme. Monétiser le carbone est une approche très réductrice de l’enjeu que cela représente pour l’environnement NDLR

 

 

Crédit carbone, dépense carbone, taxe carbone… Impossible de ne pas constater que le champ lexical de la finance envahit progressivement la littérature écologique. Cette démocratisation d’un vocabulaire a priori technique est en apparence bienvenue, mais elle a de quoi questionner.

En effet, user et abuser de tels vocables autour d’un sujet qui doit impérativement devenir bien plus précieux que l’immatérialité induite par la référence à l’argent ne nous éloigne-t-il finalement pas de l’enjeu concret souligné récemment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ?

Ainsi, le carbone se taxe, se dépense, se crédite, se compense. A l’instar de sa grande – et vieille – sœur, la monnaie. Ce choix de vocabulaire et de méthode est finalement peu étonnant, si l’on considère que les citoyens, les entreprises et les Etats peuvent et doivent se responsabiliser sur ce sujet, et conférer enfin une échelle de valeur environnementale à chacun de leurs gestes ou décisions.

On peut a priori s’en réjouir, mais il faut, je crois, aller encore plus loin et prendre de la hauteur. Sans aller (encore) jusqu’à imaginer un monde où nous serions en partie rémunérés en « unités carbone », pourquoi ne pas faire figurer cette valeur carbone de manière très explicite sur chacun des biens ou services que nous consommons ?

Il a fallu quelques années de pédagogie et de lobbying pour imposer aux acteurs de l’alimentaire de la transparence sur les valeurs nutritives ; combien en faudra-t-il pour convaincre les marques d’informer leurs consommateurs sur l’empreinte environnementale générée par leur achat ?

Car, demain, la valeur carbone devra impérativement conditionner nos prises de décision, individuelles et collectives, et bénéficier d’un arbitrage au moins équivalent à celui du prix. Autant nous y préparer dès à présent. Là où le parallèle entre valeur carbone et valeur monétaire est faillible en revanche, c’est que nous misons une fois de plus sur une approche capitaliste d’un enjeu qui ne l’est pourtant absolument pas.

Un changement radical de paradigme

Car soyons réalistes : la monnaie est une (belle ?) histoire que l’on se raconte pour fonder, organiser et réguler nos sociétés modernes capitalistes, mais sa valeur demeure en réalité un concept flou. Que vaut-elle en effet dès lors qu’il est possible de créer semble-t-il indéfiniment de la dette publique… mais aussi de l’annuler ?

A contrario, le dioxyde de carbone (CO₂) est un élément tangible, mesurable, dont nous ne pourrons jamais annuler les effets. Le lier ainsi, voire le conditionner, aux éléments budgétaires et financiers paraît donc à cet égard un oxymore, une simplification qu’il est crucial d’éviter.

Pourquoi une « valeur » carbone ?

Pourquoi une « valeur » carbone ?

 

Simon Létourneau, spécialiste de l’environnement, critique dans une tribune au « Monde » la notion de « valeur carbone », qui transforme en abstraction la réalité matérielle des émissions de CO₂.

 

Une critique très justifiée depuis que les écolos marxistes  et les économistes néolibéraux se sont entendus pour en quelque sorte marchandiser un facteur central de la qualité de l’environnement. Ces mêmes économistes longtemps opposés à toute approche environnementale ont récupéré la thématique pour l’intégrer dans une logique de prix et de marché. Quant aux écolos marxistes c’est un moyen supplémentaire de s’attaquer au capitalisme. Monétiser le carbone est une approche très réductrice de l’enjeu que cela représente pour l’environnement NDLR

 

 

Crédit carbone, dépense carbone, taxe carbone… Impossible de ne pas constater que le champ lexical de la finance envahit progressivement la littérature écologique. Cette démocratisation d’un vocabulaire a priori technique est en apparence bienvenue, mais elle a de quoi questionner.

En effet, user et abuser de tels vocables autour d’un sujet qui doit impérativement devenir bien plus précieux que l’immatérialité induite par la référence à l’argent ne nous éloigne-t-il finalement pas de l’enjeu concret souligné récemment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ?

Ainsi, le carbone se taxe, se dépense, se crédite, se compense. A l’instar de sa grande – et vieille – sœur, la monnaie. Ce choix de vocabulaire et de méthode est finalement peu étonnant, si l’on considère que les citoyens, les entreprises et les Etats peuvent et doivent se responsabiliser sur ce sujet, et conférer enfin une échelle de valeur environnementale à chacun de leurs gestes ou décisions.

On peut a priori s’en réjouir, mais il faut, je crois, aller encore plus loin et prendre de la hauteur. Sans aller (encore) jusqu’à imaginer un monde où nous serions en partie rémunérés en « unités carbone », pourquoi ne pas faire figurer cette valeur carbone de manière très explicite sur chacun des biens ou services que nous consommons ?

Il a fallu quelques années de pédagogie et de lobbying pour imposer aux acteurs de l’alimentaire de la transparence sur les valeurs nutritives ; combien en faudra-t-il pour convaincre les marques d’informer leurs consommateurs sur l’empreinte environnementale générée par leur achat ?

Car, demain, la valeur carbone devra impérativement conditionner nos prises de décision, individuelles et collectives, et bénéficier d’un arbitrage au moins équivalent à celui du prix. Autant nous y préparer dès à présent. Là où le parallèle entre valeur carbone et valeur monétaire est faillible en revanche, c’est que nous misons une fois de plus sur une approche capitaliste d’un enjeu qui ne l’est pourtant absolument pas.

Un changement radical de paradigme

Car soyons réalistes : la monnaie est une (belle ?) histoire que l’on se raconte pour fonder, organiser et réguler nos sociétés modernes capitalistes, mais sa valeur demeure en réalité un concept flou. Que vaut-elle en effet dès lors qu’il est possible de créer semble-t-il indéfiniment de la dette publique… mais aussi de l’annuler ?

A contrario, le dioxyde de carbone (CO₂) est un élément tangible, mesurable, dont nous ne pourrons jamais annuler les effets. Le lier ainsi, voire le conditionner, aux éléments budgétaires et financiers paraît donc à cet égard un oxymore, une simplification qu’il est crucial d’éviter.

Valeur Travail: une activité politique

 

Valeur  Travail:  une activité politique

 

Quel sens donner à la valeur travail ?  interogent des experts*  dans the Conversation 

Dans un contexte politique, économique et social tendu autour des questions du pouvoir d’achat, du recul de l’âge de la retraite et du changement climatique (entre autres), le travail revêt plus que jamais une dimension politique. C’est d’ailleurs le message que semblent nous envoyer les jeunes diplômés de grandes écoles qui revendiquent le droit à une activité professionnelle en phase avec les enjeux du changement climatique ou les salariés qui démissionnent en masse en partie à cause du manque de sens dans leur travail.

Loin de constituer un milieu étanche aux troubles du monde et de la société, le monde du travail occupe dans ses différentes dimensions – individuelles, collectives, organisationnelles – une place centrale à la fois comme révélateur des désordres mondiaux, comme espace de luttes et comme voie d’émancipation individuelle et collective.

Un temps éclipsés par la domination des doctrines politique et économique néo-libérales, les débats politiques relatifs au travail (particulièrement vifs aux XIXe et XXe siècles où s’opposaient les doctrines libérales, associationnistes, anarchosyndicalistes, communistes, etc.) se trouvent ainsi réactualisés devant les enjeux contemporains.

Cela étant, on peut observer que les débats actuels sur le travail – notamment à l’occasion des campagnes présidentielles et législatives – se focalisent principalement sur le nombre de trimestres à cotiser et l’âge de départ à la retraite, débats au sein desquels le travail semble perçu comme une forme de souffrance inévitable mise au service d’une économie productiviste. C’est notamment le sens donné à la fameuse « valeur travail », maintes fois défendue par le président de la république ces dernières années et dont elle semble principalement renvoyer au nombre d’années qu’il nous faudrait travailler.

Si les débats sur le temps et la productivité du travail sont importants, il est urgent d’appréhender le travail autrement que sous le seul prisme quantitatif. Dans un contexte de bouleversements environnementaux, sociaux et technologiques, le travail réapparaît comme bien plus qu’une simple activité de production : il participe à écrire notre histoire commune.

Ceci est l’un des enseignements principaux que nous retirons d’un programme de recherche ayant mobilisé 31 universitaires durant quatre années et ayant donné lieu à l’ouvrage Nouvelles pratiques de travail et nouvelles dynamiques organisationnelles publié aux éditions des Presses de l’Université de Laval.

La dimension politique du travail s’observe dans de nombreuses pratiques et secteurs. Par exemple, les personnes exerçant dans des espaces collaboratifs – comme les espaces de coworking – ne cherchent pas uniquement un enrichissement économique. Leur activité relève souvent d’une démarche politique, c’est-à-dire d’un engagement particulier dans la cité. C’est ce que relève Christelle Baron, auteure d’un chapitre sur les communautés de travailleurs dans les espaces de coworking.

Cette dernière nous explique qu’en cherchant à créer ou à rejoindre une communauté, les « co-workers » étudiées souhaitent faire de leur activité professionnelle un levier de transformation de leurs vies et de la société. Dans certains espaces collaboratifs, il est ainsi difficile de discerner les activités qui relèvent du travail, de la vie privée et du militantisme.

Réactivant d’anciens projets fondés sur le management participatif voire autogestionnaire, de nouvelles dynamiques organisationnelles et pratiques de management se développent : raccourcissement des lignes hiérarchiques, création des espaces de délibération, autogouvernance, etc. On observe ainsi divers mouvements qui se réfèrent à la nécessaire émancipation du travail.

Par exemple, les coopératives, que l’on croyait un temps oubliées, connaissent aujourd’hui un fort regain d’intérêt. Selon la Confédération générale des Scop, le nombre de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) a augmenté de 88 % en cinq ans avec une augmentation de 160 % des effectifs, atteignant 13 190 salariés à la fin 2021.

Cependant, ces tentatives ne produisent pas toujours les effets escomptés et les résultats sont parfois contrastés. C’est notamment ce que constate la chercheuse Antonella Corsani, dans un chapitre interrogeant les nouvelles formes de travail : ces dernières peuvent certes déboucher sur des espaces d’autonomie renouvelés mais également construire de nouvelles dynamiques de précarisation des emplois.

D’ailleurs, toutes les évolutions du travail ne sont pas motivées par l’émancipation des travailleurs. C’est ce que montre, par exemple, le chercheur Yoann Bazin dans son chapitre sur le management algorithmique et ses effets délétères sur le travail des livreurs indépendants à vélo.

Ce que nous faisons dans le cadre de notre activité professionnelle a des conséquences politiques et participe à définir la société dans laquelle nous vivons. Les réponses qu’il s’agit d’apporter aux grands enjeux contemporains ne relèvent donc pas uniquement de la représentation politique ou de la société civile. Elles engagent également les travailleurs et en premier lieu celles et ceux qui occupent des postes de management et de direction dans les entreprises.

La lutte contre le réchauffement climatique dans les entreprises, par exemple, appelle le développement de nouvelles façons de collaborer et d’exploiter les ressources naturelles. L’erreur consisterait à penser que cette lutte reposerait uniquement sur l’usage de nouvelles technologies. Comme le soulignent les chercheurs Alexis Catanzaro et Hervé Goy dans leur chapitre sur le management et le risque d’effondrement, la lutte contre le réchauffement climatique est aussi affaire de pratiques de management et d’organisation.

Ce constat invite ainsi à questionner les positions qu’adoptent les entreprises face aux grands enjeux technologiques, sociaux ou environnementaux, car la question du travail et de son organisation pose toujours celle du monde commun dans lequel nous voulons vivre. En cela, le travail n’est jamais neutre. Il est toujours une forme d’engagement dans la vie sociale.

 

* auteurs

  1. Anthony Hussenot

Professor in Organization Studies, Université Côte d’Azur

  1. Emilie Lanciano

Professeure des Universités, chercheure au laboratoire Coactis, Université Lumière Lyon 2

  1. Jonathan Sambugaro

Maître de conférences en sciences de gestion, Université de Lille

  1. Philippe Lorino

Emeritus Professor, ESSEC

La valeur des cryptomonnaies s’écroule

La valeur des cryptomonnaies s’écroule. Le bitcoin ,  star des cryptomonnnaies, est tombé sous les 27.000 dollars, une première depuis juillet 2021., Une chute qui entraîne les autres  (Ether -33% sur un mois, Litecoin, XRP, Cardano…) Après les mesures ultra accomodantes des banques centrales qui ont dopé les flux financiers, puis les marchés actions, et le goût du risque, le bitcoin, qui s’est largement infiltré dans les fonds institutionnels en 2021, en paie aujourd’hui le prix. Son prix, qui a sombré jusqu’à 25.424 dollars dans la nuit de mercredi à jeudi, remontait à 27.645 dollars jeudi soir, soit une baisse de 30% sur un mois.

Depuis les pics records de novembre 2021, le bitcoin a perdu 60% de sa valeur et la totalité du marché des cryptomonnaies ne représente plus de 1.200 milliards de dollars de capitalisation, contre plus de 3.000 milliards à son plus haut. Après avoir atteint jusqu’à 1 trillion de valorisation, celle-ci serait aujourd’hui réduite de moitié.

Le  mouvement observé sur le stablecoin Terra, une cryptomonnaie dite stable, censée être arrimée au cours du dollar américain perdu plus de la moitié de sa valeur en 24 heures, semant un vent de panique dans un marché des cryptoactifs déjà fébrile. La jeton numérique a dégringolé depuis le début de la semaine sous l’impact d’une vague de ces mouvements auxquels l’algorithme de la crypto a réagi automatiquement. Il sombrait mercredi de près de 95%, à 1,69 dollar, selon CoinGecko.

Les  entreprises liées aux cryptomonnaies introduites en Bourse souffraient logiquement du choc du secteur: la plateforme d’échanges Coinbase a vu son action plonger de 26,4% mercredi, à son plus bas niveau depuis son introduction en Bourse un an plus tôt.

La plateforme, qui permet d’acheter et de vendre des devises virtuelles comme le bitcoin et l’ether, a profité de la fulgurante ascension de cette classe d’actifs en 2020 et 2021.

Si le nombre d’utilisateurs actifs mensuels a progressé de 51% au premier trimestre par rapport à la même période en 2021, à 9,2 millions, il s’affiche en baisse de 19% par rapport au trimestre précédent. Et, selon Coinbase, la fuite des utilisateurs va se poursuivre durant ce trimestre.

 

L’usure de la valeur égalitaire

L’usure de la valeur égalitaire

Le philosophe Florent Guénard analyse, dans un livre rigoureux et exigeant, les comportements qui rendent possible, dans une relative indifférence, l’augmentation des inégalités au sein de nos sociétés libérales contemporaines.( » Le Monde »)

 

Livre.

Quiconque a déjà eu à découper un gâteau sous le regard attentif d’une fratrie ou d’un groupe d’enfants sait les réactions viscérales que peut provoquer toute entorse au principe d’égalité. Ces passions égalitaires – colère, envie, sentiment d’injustice – ne s’évaporent pas à l’âge adulte : bien au contraire, elles ont été le moteur de bien des transformations politiques. C’est sur ces émotions, et sur la façon dont elles nous poussent à l’action, que se penche le dernier ouvrage de Florent Guénard, spécialiste de philosophie politique et morale et directeur de la rédaction de la revue La Vie des idées.

Le philosophe prend pour point de départ la situation paradoxale de nos sociétés libérales contemporaines : alors que l’égalité (politique, juridique, sociale) en est une valeur centrale et que la lutte contre les injustices de genre, de race ou de handicap gagne du terrain, les inégalités économiques grandissantes laissent l’opinion relativement indifférente. Un constat qui pousse l’auteur à se demander : le désir d’égalité, moteur des politiques égalitaristes, nous aurait-il quittés ?

Pour y répondre, l’ouvrage déroule un cheminement intellectuel aussi rigoureux qu’exigeant. Loin de prendre le désir d’égalité comme une passion monolithique, il s’attache notamment à peindre les nombreuses variables de ces aspirations, qui ne sont pas nécessairement de même nature lorsqu’elles s’expriment chez les plus riches ou chez les plus pauvres ; pas de même forme si elles naissent dans des sociétés déjà égalitaires ou encore inégalitaires ; pas de même intensité si elles prennent l’égalité comme un moyen ou comme une fin… Cette entreprise d’éclaircissement et de contextualisation permet à l’auteur de déconstruire, dans les discours passés et contemporains, à la fois le discrédit jeté sur les passions égalitaristes (jugées dangereuses et perverses) et les justifications les plus courantes des inégalités (présentées comme inévitables et bénéfiques).

Car si l’égalité est inscrite sur le fronton de nos mairies, si elle semble aller de soi quand l’inégalité réclame toujours d’être justifiée, si elle a été le moteur de tant de révolutions, notre apathie ne cesse d’étonner. L’ouvrage ne néglige aucune hypothèse, multiplie les questions et les éléments de réponse. Vivons-nous dans l’inégalité par préférence ou par ignorance ? Une demande d’égalité intéressée est-elle toujours illégitime ? Les passions cardinales de nos sociétés contemporaines – comme le désir d’autonomie ou de reconnaissance – sont-elles compatibles avec le désir d’égalité ?

Le prix des valeurs ou la valeur des prix ?

Le prix des valeurs ou la valeur des prix ?

Deux économistes, Thesmar et Landier livrent, dans leur essai, l’analyse d’un sondage mené auprès d’un échantillon de Français, d’Allemands et d’Américains sur leurs préférences « économico-morales ».( Le Monde)

 

Livre.

 

Deux économistes libéraux de pure obédience, Thesmar et Landier , auteurs en 2008 d’un opus remarqué de réhabilitation de l’économie de marché en France (Le Grand Méchant Marché, Flammarion), proposent soudain un aggiornamento à eux-mêmes et à leurs confrères. Pour nos auteurs, depuis Adam Smith, au XVIIIe siècle, les économistes ont appris à séparer rigoureusement la morale de l’économie, l’intérêt individuel de la préférence collective. S’ils couvrent tout le spectre idéologique, la majorité d’entre eux partage comme conviction première que seule une économie de marché efficace permet d’enrichir un pays, à charge pour l’Etat de redistribuer cette manne avec justice sans détruire le moteur de la croissance. Ce que Thesmar et Landier appellent « le cercle de la raison universaliste ». Une élite internationalisée qui prétend tracer à coups d’équation le chemin du bien commun.

Or les gens ont des valeurs et les placent souvent au-dessus des considérations économiques. Ils se disent par exemple prêts à payer plus cher leur billet de train si l’entreprise qui le fabrique est locale, ou à plébisciter des rentes de situation très inégalitaires, comme l’héritage, pour maintenir un lien social ou leur sentiment de liberté. Ces découvertes ne sont pas nouvelles. Depuis Emile Durkheim, l’inventeur de la sociologie moderne à la fin du XIXe siècle, beaucoup d’économistes se sont penchés sur la question des préférences individuelles et collectives. D’autres, plus récemment, ont exploré les voies de l’économie comportementale en confrontant les connaissances en psychologie cognitive à la raison économique. David Thesmar et Augustin Landier empruntent ces voies et posent une question d’économiste : combien les gens sont-ils prêts à payer pour leurs valeurs ?

Production et échange :« Les chaînes de valeur mondiales resteront durablement perturbées »

Production et échange :« Les chaînes de valeur mondiales resteront durablement perturbées »

 

Alors que la pandémie de Covid-19 continue de peser sur le commerce mondial, l’inversion du rapport de force entre les entreprises et leurs fournisseurs, responsable de la hausse des coûts, pourrait devenir durable, estime Elvire Régnier Lussier, directrice des achats, dans une tribune au « Monde ».

 

 

Tribune.

 

 Aurions-nous prévu que la crise du Covid-19, qui avait déjà mis à mal les chaînes d’approvisionnement mondial des entreprises à l’hiver 2020, continuerait de perturber gravement l’ensemble de l’industrie mondiale ? Les entreprises ont bâti leurs budgets 2021 en tablant sur une crise qui ne devait durer que quelques mois, le temps que tout rentre dans l’ordre et que chacun reprenne sa vie d’avant. Mais les chaînes de valeur continuent à souffrir des effets de la crise sanitaire alors que l’économie connaît un fort rebond, avec une croissance mondiale qui devrait dépasser les 6 % en 2021. Cette situation risque de se prolonger et ce que les entreprises subissent aujourd’hui pourrait bien devenir leur nouvelle normalité.

Cela fait un an que chaque semaine réserve son lot de ruptures. Après la pénurie de plastique, de bois, puis la crise des conteneurs et le prix du transport maritime multiplié par six, voici la congestion des ports en raison des retards d’embarquement de marchandises accumulées depuis des mois. Et la crise de l’huile de palme. La production a été excellente cette année mais il manque les saisonniers pour récolter les noix dans une Indonésie et une Malaisie ravagées par le Covid. Cette main-d’œuvre bon marché que l’on croyait pléthorique, variable d’ajustement de nos économies mondialisées, devient une « denrée » rare…

Les chaînes de valeur, qui n’arrivent pas encore à reporter les hausses de coûts sur leurs clients, vont continuer à souffrir et plonger de nombreux acteurs dans la faillite. S’ajoutent à cela les répercussions attendues des coupures d’électricité en Chine liées au virage environnemental du gouvernement de Pékin. Si l’« usine du monde » décide de réduire la voilure, les industries occidentales, malgré leurs velléités de rapatriement des productions apparues au plus fort de la crise du Covid, vont à coup sûr rencontrer des difficultés majeures pour continuer à produire. En effet, après des années de dumping – et la destruction du tissu industriel des pays développés –, tous les fournisseurs sont aujourd’hui majoritairement chinois.

Il est illusoire d’espérer un prochain retour à la « normalité » de ces dernières décennies, celle d’une offre mondiale bien supérieure à la demande des entreprises occidentales et de relations commerciales fondées sur le seul rapport de force, le plus souvent au détriment des fournisseurs. Il va falloir inventer une façon plus équilibrée d’interagir dans nos relations commerciales. Les pénuries conduisent aujourd’hui les acheteurs à se retrouver face à des fournisseurs qui choisissent de livrer plutôt tel client qu’un autre en fonction de la qualité de la relation commerciale. Le temps des partenariats et de la création de valeur partagée est venu, entre des acteurs qui se seront choisis et se projetteront autour de l’élaboration de solutions durables. Il est possible que cela relance une période riche d’innovations, et peut-être même de progrès, au bénéfice des consommateurs et de la planète.

 

Valeur travail: Pas seulement une dimension économique

Valeur travail:  Pas seulement une dimension économique

Notre relation au travail est bien plus complexe que ce que la plupart des économistes traditionnels voudraient nous faire croire, estime l’anthropologue James Suzman. Selon lui, moins unis par les liens familiaux ou sociaux que dans les petites communautés rurales, les citadins rattachent leur identité sociale à leur travail.  ( analyse du Monde , extrait)

 

Le travail est devenu le principe d’organisation central de nos sociétés. Pourquoi travaillons-nous autant ?
Comment le travail a-t-il pu façonner l’évolution de notre espèce ? Quelles sont les conséquences sociales, économiques et environnementales de notre culture du travail ? Peut-on imaginer un monde où le travail jouerait un rôle moins essentiel dans nos vies ? Autant de questions cruciales auxquelles James Suzman apporte un éclairage nouveau.
Cette histoire de l’espèce humaine au prisme de notre rapport au travail, nous montre que ce type d’activité a toujours été fondamental, mais que notre obsession de la productivité est un phénomène moderne dont on commence à peine à mesurer les effets contreproductifs. Puissant dans les découvertes de l’épigénétique, de l’éthologie, de la génomique, de l’anthropologie sociale, de l’économie et de la théorie de l’évolution, ce livre déconstruit les représentations ordinaires du travail.

 

Depuis les frémissements de la révolution industrielle, de nombreux penseurs ont cru que l’automatisation serait le sésame vers une utopie économique. En 1776, Adam Smith s’extasiait devant les « machines ingénieuses » qui finiraient par « abréger et faciliter le travail ». En 1930, Keynes prédisait qu’au début du XXIe siècle la croissance du capital, l’amélioration de la productivité et les avancées technologiques nous amèneraient à l’orée d’une « terre promise » économique où personne ne travaillerait plus de quinze heures par semaine.

 

« Cela fait quelques décennies que nous avons franchi les seuils de productivité et de croissance du capital qui, selon les calculs de Keynes, nous permettraient d’y être, mais la plupart d’entre nous travaillons encore aussi dur que nos grands-parents et les gouvernements restent toujours aussi obsédés par la croissance et la création d’emplois », relève James Suzman. L’humanité ne semble pas encore parée pour la retraite.

Comprendre pourquoi nécessite de reconnaître que notre relation au travail est bien plus complexe que ce que la plupart des économistes traditionnels voudraient nous faire croire, estime l’anthropologue dans Travailler. La grande affaire de l’humanité (Flammarion).

Développement durable : créer de la valeur

Développement durable : créer de la valeur

S’appuyant sur des entretiens avec 2.475 dirigeants de divers pays, secteurs et entreprises, une ne étude de McKinsey dont  rendent  compte les Échos évoque les bonnes pratiques pour mieux générer de la valeur en matière de développement durable.

Parmi les facteurs identifiés, les entreprises leaders en matière de développement durable et de création de valeur (les 22 % qui créent de la valeur) avaient en premier lieu fait de ces enjeux une priorité stratégique, avec des objectifs clairement affichés . « Les enjeux de développement durable doivent faire partie de l’agenda du top management. Pour tirer le plein potentiel de la transition, le sujet doit être porté au plus haut sommet de l’organisation. Les entreprises leaders de notre étude sont également celles qui ont établi un lien étroit entre les performances environnementales mesurées par une série d’indicateurs et les rémunérations des dirigeants et de l’encadrement intermédiaire », ajoute Clarisse Magnin.

Par ailleurs, les entreprises qui s’en sortent le mieux sont aussi celles qui font de la soutenabilité un élément clé de leur culture, proposant notamment des formations sur le sujet à leurs salariés. Ces formations restent toutefois encore peu développées, même chez les entreprises leaders. Seules 27 % d’entre elles ont proposé des formations à tous leurs employés visant à mieux intégrer les pratiques de développement durable à leur travail (un pourcentage qui descend à 8 % pour les autres organisations).

Or, bien menées, de telles formations pourraient contribuer à accélérer le changement. « Aujourd’hui, il ne s’agit plus de mettre l’accent sur le ‘pourquoi du développement durable’, qui est intégré par tous, mais sur le ‘comment’ avec des stratégies concrètes pour obtenir des résultats. L’une des priorités porte sur l’accélération des formations des collaborateurs et les opportunités de montée en compétences qu’elles représentent », précise l’associée de McKinsey.

Enfin, les entreprises qui réussissent le mieux en la matière sont aussi celles qui ont également réussi à mobiliser leurs clients et leurs partenaires commerciaux autour de la question du développement durable, notamment en mettant l’accent sur des notions comme la transparence, le partage d’information et la traçabilité.

Malgré des progrès au cours des dernières années et des ambitions affichées pour celles à venir, il reste encore du chemin à parcourir. Seul un tiers des leaders du développement durable identifiés dans l’enquête perçoivent leur aspiration au développement durable comme « très agressive », ce qui laisse entrevoir des possibilités d’amélioration.

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