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Choose France et investissement : Macon va encore annoncer une pluie de milliards

Choose France et investissement : Macon va encore annoncer une pluie de milliards

Alors que la compétitivité de la France ne cesse de s’affaiblir en raison notamment de l’écroulement de l’industrie nationale Macon va annoncer une trentaine de projets pour une quinzaine de milliards d’investissements qui devraient créer 8000 emplois. De quoi faire oublier que la France accuse régulièrement un déficit de la balance commerciale de 10 milliards en moyenne par an ( avec un record de 160 milliards en 2022) alors que l’Allemagne, elle, affiche un gain annuel de l’ordre de 200 milliards. Conclusion la politique industrielle est en pleine déconfiture.

Sur tous les projets Choose France, nous ne précisons pas l’ampleur des soutiens publics [...] Les montants varient en fonction de la taille du projet et de la nature des entreprises », explique-t-on. Par ailleurs on indique pas d’où provient l’argent alors que le budget accuse déjà un déficit de 6 % du PIB et que la dette flambe. Il s’agit surtout d’une opération de communication.

Pourtant, le commissaire au Plan François Bayrou, présent lors de la réception organisée à l’Elysée, a commenté une note particulièrement alarmante sur l’état de la balance commerciale française, la veille lors d’un point presse. « La situation du commerce extérieur français, à la fois symptôme et moteur de la désindustrialisation, continue de se dégrader », ont expliqué les auteurs de la note.

En outre, les chiffres de la statistique publique décrivent une réalité moins favorable. La part de l’industrie dans le produit intérieur brut tricolore n’a cessé de dégringoler passant de 27,7% en 1949 à 13,1% à la fin de l’année 2021, selon l’Insee. Et sous le premier quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu du terrain dans le total de la richesse produite par l’économie tricolore (-1 point de PIB entre fin 2016 et fin 2021).

Sur le front de l’emploi, le solde entre les destructions et les créations de postes est largement positif en 2021 à 37.000 mais il est encore loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire. En 2020, plus de 50.000 postes ont été détruits lors du pic de la pandémie. Autrement dit, l’économie française crée d’abord de l’emploi dans les services. Surtout, les récentes créations sont très loin de compenser les 2 millions de postes industriels disparus depuis 40 ans en France.

Inflation–La valse des étiquettes va durer

Inflation–La valse des étiquettes va durer

par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov dans la « Tribune »


L’inflation galopante contemporaine est une tragédie économique qui se joue en 3 actes. Le 1er acte est celui d’une pénurie de l’offre abrutie par la crise sanitaire puis la crise ukrainienne. Le 2e acte est celui d’une exubérance de la demande déconfinée puis survoltée par les politiques du quoi qu’il en coûte. Enfin, le 3e acte est celui où les ménages revendiquent des hausses de salaire afin de limiter la casse des prix sur leur pouvoir d’achat. Ce 3e acte est censé être le dernier, et pourtant tout indique le contraire.

La hausse des salaires est censée être le 3e et dernier acte de l’inflation galopante, car il anticiperait la fin du cycle d’expansion économique. Comme attendu, la Banque centrale serait incitée à monter une bonne fois pour toutes ses taux directeurs afin de renchérir suffisamment le coût du capital et freiner ainsi l’activité. Mais surtout, cette hausse du coût salarial éroderait alors les marges bénéficiaires des entreprises, les incitant à réviser à la baisse leurs programmes d’investissements et d’embauches. Toutes les conditions seraient alors réunies pour que le marché d’actions commence enfin sa purge. Sauf que tout indique le contraire.

D’une part, les marges des entreprises restent sur des niveaux historiquement élevés. D’autre part, les marchés d’actions sont en hausse de près de 15 % depuis le début de l’année.

Concernant les marges des entreprises, ce qu’il y a de plus surprenant encore est que les analystes financiers n’anticipent pas de révision baissière significative pour les 12 mois à venir. Il existe évidemment des nuances en fonction des secteurs d’activité, mais globalement aucun ne semble biaiser la lecture générale. Pourtant, les graphes que nous montrent la finance professionnelle sont sans équivoque : une hausse du coût salarial unitaire anticipe toujours une baisse des marges des entreprises. Sauf que là, non. Pour l’instant, l’accélération des salaires n’est pas jugée insupportable pour les entreprises. Le 3e acte de l’inflation galopante ne serait donc pas le dernier. Il existerait en fait un 4e acte.

Si les marges des entreprises restent aussi élevées malgré la hausse des prix des inputs (essentiellement les salaires), c’est forcément parce que les prix des outputs (prix à la consommation) montent d’autant. Autrement dit, les entreprises n’éprouvent pour l’instant aucune difficulté à ajuster les prix des produits vendus aux coûts qu’elles supportent. La valse des étiquettes n’est pas un problème pour l’entreprise, car c’est elle qui dicte le tempo.

Comment lui en vouloir ? L’entreprise entend à longueur de journée que nous vivons un déséquilibre offre – demande sans précédent motivant un renchérissement des prix de tous les biens, que la démondialisation et la transition énergétique ne font qu’exacerber cette tendance haussière des prix pour une durée indéterminée. Puisque les prix doivent monter, quoi de plus naturel que de les monter ? Il ne faut pas voir le mal partout, mais il ne faut surtout pas être naïf en la matière. On peut très bien imaginer que nous vivons un 4e acte de l’inflation galopante : celui d’une inflation opportuniste de la part des entreprises. On dira alors que l’inflation fait le larron.

Et cette très bonne tenue des marges serait donc une des explications à la très bonne tenue des marchés d’actions depuis le début de l’année. On rappellera qu’en 2022, c’est aussi la très bonne tenue des marges qui avait permis aux marchés d’actions de limiter la casse, face à l’impact défavorable de la hausse des taux d’intérêt sur la valorisation des prix des actifs (le PER). Pour le reste de l’année 2023, les taux d’intérêt semblent déjà être à bout de souffle, comme en témoigne leur relative stabilité depuis le début de l’année. Si les taux cessaient d’être une menace pour les marchés d’actions, alors seules les marges des entreprises seraient susceptibles de peser sur le moral des investisseurs. À condition que ces marges s’érodent enfin.

L’inflation va durer ?

L’inflation va durer ?

par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov & Bartleby dans la « Tribune »


L’inflation galopante contemporaine est une tragédie économique qui se joue en 3 actes. Le 1er acte est celui d’une pénurie de l’offre abrutie par la crise sanitaire puis la crise ukrainienne. Le 2e acte est celui d’une exubérance de la demande déconfinée puis survoltée par les politiques du quoi qu’il en coûte. Enfin, le 3e acte est celui où les ménages revendiquent des hausses de salaire afin de limiter la casse des prix sur leur pouvoir d’achat. Ce 3e acte est censé être le dernier, et pourtant tout indique le contraire.

La hausse des salaires est censée être le 3e et dernier acte de l’inflation galopante, car il anticiperait la fin du cycle d’expansion économique. Comme attendu, la Banque centrale serait incitée à monter une bonne fois pour toutes ses taux directeurs afin de renchérir suffisamment le coût du capital et freiner ainsi l’activité. Mais surtout, cette hausse du coût salarial éroderait alors les marges bénéficiaires des entreprises, les incitant à réviser à la baisse leurs programmes d’investissements et d’embauches. Toutes les conditions seraient alors réunies pour que le marché d’actions commence enfin sa purge. Sauf que tout indique le contraire.

D’une part, les marges des entreprises restent sur des niveaux historiquement élevés. D’autre part, les marchés d’actions sont en hausse de près de 15 % depuis le début de l’année.

Concernant les marges des entreprises, ce qu’il y a de plus surprenant encore est que les analystes financiers n’anticipent pas de révision baissière significative pour les 12 mois à venir. Il existe évidemment des nuances en fonction des secteurs d’activité, mais globalement aucun ne semble biaiser la lecture générale. Pourtant, les graphes que nous montrent la finance professionnelle sont sans équivoque : une hausse du coût salarial unitaire anticipe toujours une baisse des marges des entreprises. Sauf que là, non. Pour l’instant, l’accélération des salaires n’est pas jugée insupportable pour les entreprises. Le 3e acte de l’inflation galopante ne serait donc pas le dernier. Il existerait en fait un 4e acte.

Si les marges des entreprises restent aussi élevées malgré la hausse des prix des inputs (essentiellement les salaires), c’est forcément parce que les prix des outputs (prix à la consommation) montent d’autant. Autrement dit, les entreprises n’éprouvent pour l’instant aucune difficulté à ajuster les prix des produits vendus aux coûts qu’elles supportent. La valse des étiquettes n’est pas un problème pour l’entreprise, car c’est elle qui dicte le tempo.

Comment lui en vouloir ? L’entreprise entend à longueur de journée que nous vivons un déséquilibre offre – demande sans précédent motivant un renchérissement des prix de tous les biens, que la démondialisation et la transition énergétique ne font qu’exacerber cette tendance haussière des prix pour une durée indéterminée. Puisque les prix doivent monter, quoi de plus naturel que de les monter ? Il ne faut pas voir le mal partout, mais il ne faut surtout pas être naïf en la matière. On peut très bien imaginer que nous vivons un 4e acte de l’inflation galopante : celui d’une inflation opportuniste de la part des entreprises. On dira alors que l’inflation fait le larron.

Et cette très bonne tenue des marges serait donc une des explications à la très bonne tenue des marchés d’actions depuis le début de l’année. On rappellera qu’en 2022, c’est aussi la très bonne tenue des marges qui avait permis aux marchés d’actions de limiter la casse, face à l’impact défavorable de la hausse des taux d’intérêt sur la valorisation des prix des actifs (le PER). Pour le reste de l’année 2023, les taux d’intérêt semblent déjà être à bout de souffle, comme en témoigne leur relative stabilité depuis le début de l’année. Si les taux cessaient d’être une menace pour les marchés d’actions, alors seules les marges des entreprises seraient susceptibles de peser sur le moral des investisseurs. À condition que ces marges s’érodent enfin.

Dette de la France : la note abaissée d’un cran à «AA-» va encore plomber l’inflation

Dette de la France : la note abaissée d’un cran à «AA-» va encore plomber l’inflation


Finalement ce sont surtout les mouvements sociaux en France qui ont convaincu l’agence Fitch de faire baisser la note de la dette française. La conséquence sera un relèvement des taux de prêts consentis au pays ce qui viendra alimenter un peu plus l’inflation.

L’agence de notation Fitch a abaissé vendredi d’un cran la note de la France à «AA-», invoquant les tensions sociales récentes qui pèseront sur la capacité à réduire le déficit et la dette, ainsi que des perspectives de croissance moins élevées qu’anticipé. «L’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes de Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes», écrit l’agence de notation dans un communiqué.

La conséquence de cette dégradation va se traduire par une augmentation des taux d’intérêt pour les emprunts de la France. Une augmentation qui viendra nourrir un peu plus une inflation qui se rapproche dangereusement des 6 %.

La France va subir une double contrainte d’abord celle de la politique de plus en plus restrictive de la BCE qui va bientôt encore augmenter ses taux d’intérêt de base et cette augmentation mécanique provenant de la dégradation de la note de la France concernant l’endettement.

La révolte des Casseroles va continuer (Frédéric Souillot, FO)

La révolte des Casserole va continuer (Frédéric Souillot, FO)


Pour le leader de Force ouvrière, la révolte des casseroles va continuer après la grande manifestation du 1er mai. Interview dans le JDD.

Ce 1er-Mai pourrait rassembler près de 600 000 personnes. Pourquoi une tel niveau de participation ?
Cette fête des travailleurs se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique. La réforme des retraites et le recul des droits décidé par l’exécutif ne passent toujours pas : 70 % des Français disent qu’il faut continuer à manifester et 94 % sont opposés aux 65 ans. En expliquant encore que travailler plus longtemps est nécessaire, Emmanuel Macron balaie d’un revers de la main les millions de personnes qui n’y croient pas. Tout comme il a balayé les valeurs de la République en recourant au 49-3, au vote bloqué etc. Plus que l’incompréhension vis-à-vis de la réforme, c’est le mépris du Président qui mobilise. Ce 1er-Mai ne sonne pas la fin du mouvement.

Le texte a été adopté, puis validé par le Conseil constitutionnel. N’est-ce pas un coup pour rien ?
Manifester lors de la Journée internationale des travailleurs, ça n’est jamais un coup pour rien ! Réécoutez les déclarations de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin avant le 1er mai 2006, en plein conflit sur le contrat première embauche, ou celles d’Emmanuel Macron en juin 2020 sur la création d’un système universel de retraite : vous verrez bien que des lois ont beau avoir été votées, elles n’ont jamais été appliquées. C’est quand les musiciens rangent leurs instruments que le bal est vraiment terminé. Nous continuerons à nous mobiliser pour faire reculer le gouvernement. Ça n’est pas un coup d’épée dans l’eau.

Redoutez-vous des débordements ?
La colère est légitime, la violence non. Depuis le 19 janvier, elle n’est pas venue des cortèges syndicaux. Les militants sont en colère. Pas violents. Regardez les casserolades ! Ça s’appelle de la contestation. Pas autrement.

L’unité syndicale est-elle terminée ?

Elle n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous. Nos communiqués mentionnent nos logos, pas nos photos. Même si la direction de certaines organisations change, la ligne contre la réforme des retraites reste identique.

Le Conseil constitutionnel se prononce le 3 mai sur le référendum d’initiative partagée. Y êtes-vous favorable ?
Il avait été mis en place sous Nicolas Sarkozy et n’a jamais été utilisé. Il ne suspend pas l’application de la réforme. Si le RIP est validé par le Conseil constitutionnel, on donnera un coup de main pour constituer le corps électoral, mais les mobilisations se poursuivront. Pour tous ceux qui seront partis plus tard, que fera-t-on puisqu’une loi n’est jamais rétroactive ? Le RIP n’est pas l’alpha et l’oméga de la bataille : c’est la non-application de la loi sur les retraites.

L’unité syndicale n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous

Participerez-vous aux concertations sur le pacte de la vie au travail ?
Je ne sais pas de quoi vous ­parlez. Je n’ai reçu ni convocation ni information au-delà de ce que j’ai vu dans les médias. Mardi matin, nous en discuterons dans le cadre de l’intersyndicale, tant sur notre participation que sur les sujets à porter ensemble : pouvoir d’achat, hausse des salaires, dégel du point d’indice…

Croyez-vous à la volonté d’écoute du gouvernement ?
Si elle existait, il nous aurait ­entendus en juillet, puis en octobre et en janvier dernier. Après les élections législatives, Emmanuel Macron nous a fait le coup du « je vous ai compris » du général de Gaulle. Pourquoi, un an plus tard, nous écouterait-il alors qu’il reste sourd aux revendications des millions de Français dans la rue depuis quatre mois ?

Le plan américain va plomber la production automobile hexagonale

Le plan américain va plomber la production automobile hexagonale

Pr Vincent Vicard
Économiste, adjoint au directeur, CEPII

L’Inflation reduction act (IRA), adopté en août 2022 par le Congrès américain, a rapidement suscité de vives réactions en Europe. Ce vaste plan de subventions dans le secteur des technologies vertes vise à enfin mettre les États-Unis en phase avec leurs engagements de décarbonation de leur économie. Mais il contient des mesures protectionnistes et discriminatoires, contraires aux règles du commerce international.

Les critiques européennes se sont en particulier concentrées sur les subventions à l’achat de véhicules électriques, jusqu’à 7500 dollars, aides assorties de règles de contenu local sur l’assemblage du véhicule et sur l’origine des minerais utilisés dans la production de la batterie. Ces règles excluent pour l’instant les producteurs sur le sol européen, faisant craindre une concurrence déloyale et l’attraction de grands projets automobile au détriment des investissements en Europe.

L’impact de l’ensemble de ces mesures reste difficile à évaluer, du fait notamment de leur concentration dans certains secteurs et de leur faible montant rapporté au PIB (0,2 % du PIB des États-Unis par an sur 10 ans). Mais la crainte d’annonces de délocalisations d’usines de véhicules électriques ou de production de batteries a déjà lancé un débat sur l’assouplissement des règles sur les aides publiques au niveau européen, permettant notamment de répondre aux propositions dont font l’objet les producteurs européens de la part de certains États américains, et donné lieu à des propositions de la Commission européenne en ce sens.

Quelle est l’ampleur de la menace pour la chaîne de production des véhicules électriques européens ? Pour que le risque de relocalisation de l’activité en Amérique du Nord se matérialise, il faudrait que pour ce type de biens les producteurs trouvent profitable de concentrer leur production dans certaines régions du monde et de servir les marchés lointains en y exportant leur production. Mais contrairement à d’autres types de marchandise, il est loin d’être acquis que cette stratégie de relocalisation soit rentable dans le secteur automobile.

L’analyse des échanges mondiaux de véhicules montre en effet que les ventes de l’ensemble des grands pays se concentrent sur des véhicules produits dans la même grande région continentale : 82 % des véhicules vendus en Allemagne, 83 % en Italie et 81 % en France proviennent du continent européen, y compris de Turquie (Tableau 1). En Asie, 82 % (Corée du Sud) à 97 % des véhicules (Chine) ont été assemblés en Asie, dont une large majorité dans le pays de consommation contrairement aux pays européens. En Amérique du Nord, près de 30 % des véhicules vendus au Canada et aux États-Unis proviennent d’en dehors de l’Amérique du Nord.

Pour la France en 2022, l’origine des véhicules vendus sur le territoire est d’abord locale et européenne (15 % de France, 16 % d’Espagne, 10 % d’Allemagne, 10 % de Slovaquie) et ensuite seulement extra-européenne (Tableau 2). En dehors de l’Union européenne (UE), on retrouve des véhicules originaires du Maroc (6,3 %) et de Turquie (5,5 %) et dans une moindre mesure du Royaume-Uni (3,5 %), pays dans le pourtour de l’UE et ayant des accords commerciaux avec celle-ci qui assurent des barrières aux échanges faibles. Viennent ensuite seulement la Corée du Sud (4,7 %), la Chine (3,7 %) et le Japon (2,4 %) aux neuvième, dixième et douzième places des pays d’origine.

Si l’augmentation de la part de la Chine depuis la crise sanitaire est impressionnante (et, nous y reviendrons, surtout en raison des véhicules électriques), le fait marquant des 15-20 dernières années est la forte chute de la part des véhicules produits localement dans les ventes françaises (50 % en 2005, encore 25 % en 2015 mais plus que 15 % en 2022), au profit de la production sur des territoires proches : en 2005, l’Espagne ne produisait que 11 % des véhicules vendus en France, la Slovaquie 0,2 % contre 16,5 % et près de 10 % en 2022 (Tableau 2). La France n’a jamais importé plus de 0,9 % de ses véhicules des États-Unis depuis 2005 (0,5 % en 2022).

Cette spécificité du marché automobile, qui est d’abord et avant tout un marché continental, traduit l’importance des coûts de transport dans le secteur et les droits de douane relativement élevés dans plusieurs régions, non seulement pour les véhicules assemblés mais également pour les principaux composants, qui incitent aux investissements directs étrangers (IDE) pour servir la demande régionale à partir d’usines locales.

Les exemples sont légions, de Toyota dans le Nord de la France à Nissan au Royaume-Uni ou, plus récemment, l’implantation de Tesla en Allemagne. Les différences de droits de douane sur les véhicules automobiles, qui vont de 2,5 % aux États-Unis à 10 % pour l’UE, et atteignent des niveaux encore plus élevés en Chine ou en Inde, permettent d’ailleurs d’expliquer une partie des différences de production nationale dans la consommation entre l’UE, l’Amérique du Nord ou la Chine.

La situation décrite jusque-là est celle où les véhicules thermiques dominent encore le marché automobile. Or ce secteur vit aujourd’hui un véritable tournant avec la percée des véhicules électriques et les règles environnementales qui prévoient la disparition des véhicules thermiques à l’horizon 2030 dans l’UE, ce qui pose la question des spécificités des véhicules électriques et de leur lieu de production.

Pour l’instant, des batteries et des voitures électriques voyagent sur de longues distances, à l’image des importations européennes en provenance de Chine largement constituées de véhicules électriques et qui ont fortement augmenté ces derniers mois. En France, ces importations sont pour un tiers des véhicules Tesla et un autre tiers des Dacia Spring. Cela a cependant toutes les chances d’être temporaire, car ce type de véhicules et les batteries sont encore plus compliqués à transporter par bateau du fait de leur poids et des régulations liées au caractère dangereux de ces marchandises.

Avec l’augmentation de la demande de véhicules électriques dans toutes les régions du monde, les incitations à s’en rapprocher devraient rapidement se matérialiser par des investissements en Europe et en Amérique du Nord. D’où les annonces qui se multiplient pour localiser des usines de batteries à côté de l’assemblage (BYD en Europe par exemple, Kia ou Hyundai aux États-Unis, etc.). Avec son usine à Berlin, Tesla devrait à terme servir directement le marché européen et français, et tarir en partie les importations françaises en provenance de Chine qui sont aujourd’hui pour près d’un tiers des Tesla (tableau 3).

Selon toute vraisemblance, avec l’arrivée à maturité du secteur, chacun des clusters continentaux servira sa région, comme cela est, dans une très large mesure, le cas pour les véhicules thermiques. Pour la France, l’enjeu est donc bien plus d’attirer les prochains investissements de Kia, Honda, MG (SAIC) ou BYD en Europe face à l’Espagne, l’Allemagne, les pays d’Europe centrale ou encore le Maroc, et de favoriser la transition des sites français des véhicules thermiques aux véhicules électriques, qu’une concurrence avec des sites en Amérique du Nord.

Dans le secteur automobile, si les marchés sont avant tout régionaux, un relâchement des aides d’État sans réel mécanisme coopératif au niveau européen pourrait s’avérer contre-productif en renforçant les concurrences fiscales intra-européennes pour attirer les mêmes usines.

Si les faibles échanges interrégionaux dans l’industrie automobile semblent limiter les risques de relocalisation de la production aux États-Unis à la suite de l’IRA, il n’en est pas nécessairement de même dans d’autres secteurs comme les panneaux solaires ou l’hydrogène, plus échangeables et pour lesquels des soutiens dédiés peuvent s’avérer pertinents. De telles mesures doivent cependant ressortir d’une véritable stratégie de politique industrielle prenant en compte les spécificités de chaque secteur et technologie.

France: une crise qui va durer des mois

France: une crise qui va durer des mois


Alors que tout le monde ou presque s’attend à une décision déterminante du conseil constitutionnel pour mettre fin au conflit sur la réforme des retraites, il se pourrait bien que le pays s’installe durablement dans un état de chienlit pendant près d’un an avec la perspective du référendum. Avec une crise sociale bien sûr mais aussi une crise économique (le peu de croissance est en train de disparaître), aussi une crise démocratique

Pourquoi ? Tout simplement parce que le soufflé ne va pas retomber immédiatement chez les les nombreux contestataires de la réforme. Il se pourrait bien que la protestation connaisse même un certain rebond pendant un temps. Comme le conseil constitutionnel risque de donner un avis favorable au projet de référendum, le pays va s’installer dans un climat de contestation et de campagne électorale jusqu’à ce référendum. Soit un délai de près d’un an. Pendant ce temps-là évidemment l’économie et plus généralement l’environnement sociétal et politique connaîtra de nombreuses secousses.

Comment peut-on imaginer que le pays retrouve son calme alors toute l’attention sera portée sur la campagne électorale en vue d’un référendum dont aujourd’hui tout le monde pense qu’il condamnera la réforme des retraites.

La seule solution efficace et rapide pour éviter que le pays ne s’enfonce un peu plus serait de reprendre immédiatement la réforme à zéro avec les partenaires sociaux. Or Macron se prenant pour un monarque préfère l’agonie du pays à la démocratie.

Avec ce référendum, il n’est même pas certain que Macron soit en capacité de terminer son mandat présidentiel tellement le climat sera délétère dans le pays.

La chienlit va s’installer durablement en France

La chienlit va s’installer durablement en France


Alors que tout le monde ou presque s’attend à une décision déterminante du conseil constitutionnel pour mettre fin au conflit sur la réforme des retraites, il se pourrait bien que le pays s’installe durablement dans un état de chienlit pendant près d’un an avec la perspective du référendum. Avec une crise sociale bien sûr mais aussi une crise économique (le peu de croissance est en train de disparaître), aussi une crise démocratique

Pourquoi ? Tout simplement parce que le soufflé ne va pas retomber immédiatement chez les les nombreux contestataires de la réforme. Il se pourrait bien que la protestation connaisse même un certain rebond pendant un temps. Surtout comme le conseil constitutionnel risque de donner un avis favorable au projet de référendum, le pays va s’installer dans un climat de contestation et de campagne électorale jusqu’à ce référendum. Soit un délai de près d’un an. Pendant ce temps-là évidemment l’économie et plus généralement l’environnement sociétal et politique connaîtra de nombreuses secousses.

Comment peut-on imaginer que le pays retrouve son calme alors toute l’attention sera porté sur la campagne électorale en vue d’un référendum dont aujourd’hui tout le monde pense qu’il condamnera la réforme des retraites.

La seule solution efficace et rapide pour éviter que le pays ne s’enfonce un peu plus serait de reprendre immédiatement la réforme à zéro avec les partenaires sociaux. Or Macron se prenant pour un monarque préfère l’agonie du pays à la démocratie.

Avec ce référendum, il n’est même pas certain que Macron soit en capacité de terminer son mandat présidentiel tellement le climat sera délétère dans le pays.

Colère retraites « La détermination va grandissant »

Colère retraites « La détermination va grandissant » (CGC)


Les grands médias au service des financiers insistent lourdement sur la légère baisse de participation de la journée de manifestations hier. Mais le leader de l’organisation des cadres CGC relativise et rectifie sur France Info. »Si l’on compare, on est sur des chiffres un peu en-dessous, mais sur la séquence des onze manifestations, on est dans la moyenne », a commenté François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC, après la 11ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

« La volonté, l’engagement, l’enthousiasme des gens qui viennent manifester, non seulement est intact, mais » cela « va plutôt grandissant au fur et à mesure du développement des manifestations. Il faut le prendre en compte », a souligné jeudi 6 avril sur franceinfo François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC, après la 11ème journée de manifestations contre la réforme des retraites et alors que les syndicats ont déjà donné rendez-vous pour une nouvelle mobilisation le 13 avril. Près de deux millions de personnes ont manifesté jeudi partout en France, selon les syndicats, 570 000 selon le ministère de l’Intérieur, une mobilisation en baisse par rapport au 28 mars.

Il y a « assez peu » de résignation des Français, estime François Hommeril. « Si l’on compare, on est sur des chiffres un peu en-dessous, mais sur la séquence des onze manifestations, on est dans la moyenne. » Il rappelle que le 7 mars et le 23 mars, « il y a eu bien plus de personnes », c’était « juste après une intervention du chef de l’Etat ». Il s’interroge sur un « lien de cause à effet ». « Il faudrait peut-être, pour pouvoir vérifier ce point-là, demander à Emmanuel Macron d’intervenir le 12 avril. Peut-être que, du coup, le 13 avril, il y aura 3 millions de personnes dans la rue », ironise François Hommeril.

Sur la suite du mouvement et l’avenir de la réforme, le patron de la CFE-CGC assure vivre « d’espérance ». « J’ai eu l’espoir jusqu’au dernier moment que le gouvernement aurait la sagesse de retirer son projet, que le président de la République, tout d’un coup, serait d’une grandeur d’homme d’État et qu’il considèrerait, comme je pense beaucoup d’autres à sa place auraient fait, que la meilleure des solutions était de retirer le projet et de repartir sur des bonnes bases. » Cette espérance « a été un peu déçue », reconnaît le syndicaliste. Mais il met ses « mêmes espérances » dans la « sagesse » du Conseil constitutionnel qui doit rendre sa décision sur la réforme des retraites le 14 avril.

« Je pense que le Conseil constitutionnel va censurer la loi pour une partie importante. J’espère même qu’il le fera sur la totalité, même si c’est assez peu probable. »

« On a gagné la bataille de l’opinion, on a gagné la bataille de l’argumentation », ajoute François Hommeril. « Si sur le plan juridique le Conseil constitutionnel nous suivait, on pourrait considérer que c’est une victoire supplémentaire. Mais on n’a pas encore définitivement gagné, parce que la loi n’est pas encore retirée. Ce qu’on souhaite. »

« L’intelligence artificielle va générer plus d’emplois qu’elle n’en élimine »

« L’intelligence artificielle va générer plus d’emplois qu’elle n’en élimine »

Par
Georges Nahon, Ancien directeur du centre d’innovation d’Orange à San Franciscodans Le Monde

Un article qui mérite la lecture mais dont il faut sans doute relativiser les conclusions. En effet, l’intelligence artificielle n’en est qu’à ses débuts et à terme personne ne peut savoir quelles seront les conséquences notamment quantitatives sur l’emploi car la révolution reste encore à venir. NDLR

L’exceptionnelle accélération des progrès de l’intelligence artificielle (IA) et la rapidité fulgurante de son adoption par des millions de gens en un temps record, grâce notamment à ChatGPT et au lancement de GPT-4, une nouvelle version sortie à la mi-mars avec des améliorations considérables, amènent de nombreux observateurs à poser à nouveau une brûlante question : est-ce que l’IA remplacera, déplacera ou créera de nouveaux emplois ?

Au début 2023, la vague d’environ 200 000 licenciements qui a touché le secteur de la technologie aux Etats-Unis, notamment dans la Silicon Valley, a été attribuée à la crise économique et géopolitique mondiale, et au surrecrutement intervenu pendant et juste après la pandémie du Covid-19. L’IA était donc hors de cause.

Mais, d’ici à 2025, estime le Forum économique mondial, l’IA remplacera quelque 85 millions d’emplois, tandis que 97 millions de nouveaux emplois seraient créés sur la même période grâce à l’IA. Selon le cabinet de conseil PwC, l’IA sera responsable d’une augmentation de 14 % du produit intérieur brut de l’Amérique du Nord d’ici à 2030.

Sam Altman, président d’OpenAI, l’entreprise qui a développé ChatGPT, s’inquiète de la rapidité avec laquelle certains emplois seraient remplacés dans un proche avenir. Une nouvelle étude d’OpenAI publiée en mars estime que ChatGPT et les futurs outils « génératifs » qui en dérivent pourraient avoir un impact sur la moitié des tâches accomplies par environ 19 % des travailleurs aux Etats-Unis. Et 80 % verraient au moins 10 % de leurs tâches affectées par ChatGPT.

De nouvelles compétences
Rappelons toutefois que l’utilisation d’outils logiciels comme Excel a rendu le travail des comptables plus efficace, leur permettant de se concentrer sur des tâches plus complexes qui nécessitent leur expertise spécifique. Excel n’a pas réduit le besoin de comptables, mais a amélioré leur efficience. Et le nombre de comptables a augmenté aux Etats-Unis.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « ChatGPT nous invite à un regain d’intelligence dans tous les domaines, dont l’enseignement »
En réalité, l’adoption généralisée de l’IA exigera de nouvelles compétences techniques et non techniques. L’IA générative a un impact visible dans les domaines créatifs tels que la musique, l’art et l’écriture. Ce qui crée de nouveaux rôles, tels que ceux de spécialiste du contenu généré par l’IA, conservateur d’art IA et producteur de musique IA. Un autre domaine exigeant de nouvelles compétences est celui des services commerciaux, notamment avec les chatbots [robot conversationnel en ligne] et les assistants virtuels alimentés par l’IA.

L’IA générative change aussi la nature des emplois existants. Par exemple, les comptables peuvent maintenant utiliser des systèmes alimentés par l’IA pour automatiser de nombreuses tâches, libérant ainsi du temps pour d’autres tâches plus stratégiques. De même, les médecins peuvent utiliser des systèmes alimentés par l’IA pour analyser les données des patients et identifier les risques potentiels pour la santé. L’impact est aussi très significatif dans le monde du droit.

Si Borne refuse la « pause » , la mobilisation va encore s’amplifier !

Si Borne refuse la » pause » , La mobilisation va encore s’amplifier !

Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, estime sur franceinfo que le gouvernement doit mettre en pause la réforme des retraites. Si il ne fait pas, « il y aura une insatisfaction du côté syndical » explique-t-il.
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L’intersyndicale est reçue mercredi 5 avril par Elisabeth Borne à Matignon. Pourquoi faire, selon vous, puisque chacun a fait savoir qu’il camperait sur ses positions ?

Jean-Claude Mailly : Cette réunion a lieu parce que Matignon a expliqué que tout pouvait être sur la table même si le président et la Première ministre ont dit qu’on ne pouvait pas faire de pause sur une réforme en cours. Donc oui, ça peut tourner court. Ça veut dire, si je comprends bien, qu’elle autorise les syndicats à parler de la retraite. Mais s’il n’y a pas de pause, ça veut dire qu’il y aura une insatisfaction du côté syndical et que ça va alimenter les manifestations du lendemain. Quand vous regardez ce qu’il se passe depuis quelques semaines, qui fait des propositions ? Qui fait des avances ? Qui se montre responsable ? Ce sont bien les organisations syndicales. Elles ont proposé une pause ou une suspension et à chaque fois on leur claque la porte au nez. Concernant la mobilisation, si le gouvernement joue le pourrissement, il aura un retour de bâton à un moment donné.


Ce rendez-vous à Matignon a lieu avant cette nouvelle journée de mobilisation. Si rien ne sort de cette réunion, est-ce que ça ne risque pas d’enflammer encore plus les cortèges ?

C’est une possibilité. Je crois que l’important pour la Première ministre est de montrer qu’un dialogue s’est instauré ou réinstauré parce qu’il y a longtemps qu’il n’y avait pas eu de contact. Il y a une part d’affichage. Ils attendent aussi le 14 avril, date à laquelle le Conseil constitutionnel rendra son verdict sur le projet de loi. Pour moi, la bonne solution aujourd’hui – puisque tout le monde est d’accord pour discuter du travail – serait de mettre la question du travail, liée à celle des retraites, dans les discussions dès mercredi 5 avril. Et dire que tant qu’on n’a pas fini ces discussions, on suspend le projet de réforme des retraites.


Est-ce que le gouvernement n’est pas pris au piège aujourd’hui ? Est-ce qu’il s’attendait à une réaction aussi importante dans la rue ?

Je pense qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il y ait une unité syndicale qui fonctionne aussi bien. Je pense qu’il a fait une grosse erreur d’interprétation. Par le passé, même en 2010, avec l’ancien projet de réforme des retraites, le fil a toujours été maintenu, on avait régulièrement des liaisons téléphoniques avec l’Elysée, Matignon ou le ministère du Travail. Là, ce qui est incroyable, c’est qu’à l’étranger, en Europe, les syndicats ne comprennent pas comment – quand l’ensemble des syndicats demandent à être reçus par le président de la République – ils ont une fin de non recevoir. Dans aucun autre pays, on ne voit ça. Je pense qu’au niveau européen et international, ça discrédite le président de la République.

Un conseil constitutionnel qui va vider de sa substance la loi retraite

Un conseil constitutionnel qui va vider de sa substance la loi retraite

Si le conseil constitutionnel veut réaffirmer son intérêt et son utilité, il doit solliciter l’esprit et la loi de la constitution pour fournir un avis sur la réforme des retraites. Sur la forme d’abord, il ne peut passer sous silence le fait que le recours à une loi rectificative de financement de la sécurité sociale n’est pas le véhicule législatif approprié.

Il doit aussi noter que le temps n’a pas été suffisamment long pour aborder démocratiquement cet enjeu. C’est à dessein que le pouvoir a réduit la période de débat des institutions parlementaires. En outre, le gouvernement a fait un usage excessif de la réduction des amendements au point comme au Sénat de les éliminer quasi totalement. Plusieurs autres insuffisances juridiques devraient être soulevées comme l’introduction dans la loi de modifications sociales structurelles ( les femmes, les seniors, les exceptions).

Laurent Fabius est à la fois un fin connaisseur des institutions et de la politique française. En tant que président du conseil constitutionnel ,il n’abordera pas sans doute la réforme de front mais de manière habile pour en discréditer une grande partie du contenu et en même temps son auteur Emmanuel Macon auquel il n’a jamais loué une grande admiration considérant que Macon est passé un peu vite de la banque à la présidence de la république en shuntant toutes les responsabilités , tous les engagements qui forment un véritable homme politique de dimension nationale et internationale.

Le conseil constitutionnel ne peut ignorer le chaos dont est responsable le chef de l’État et son aveuglement voire son mépris vis-à-vis des oppositions de 70 % des Français.

Notons que l’hypothèse d’un rejet du conseil constitutionnel ôterait une sérieuse épine dans le pied à un gouvernement complètement englué dans son entêtement et sa paralysie.

Politique -Macron: Une insulte à la CFDT qu’il va payer cher

Politique -Macron: Une insulte à la CFDT qu’il va payer cher

complètement acculé, le président lors de son interview hier n’a pas hésité à mettre en question la responsabilité particulière de la CFDT concernant l’absence de consensus sur la réforme des retraites. Un mensonge indigne dans la mesure où le premier syndicat de France a toujours été à la pointe justement pour faire des propositions crédibles en matière de progrès économique et social. Même l’idée de la réforme universelle des retraites reprise par Macron vient de la CFDT. Macon l’a promise en 2017 pour finalement décider d’une réforme ratatinée injuste et inefficace non pas universelle mais seulement paramétrique.

Macron est coupable d’une injure envers la CFDT et en particulier son secrétaire général Laurent Berger, un leader autrement plus responsable que l’aventurier au service de la grande finance et qui n’hésite même pas à prendre le risque du chaos pour satisfaire aussi son ego.

Ce n’est pas par hasard si la CFDT, 50 ans après sa création, est devenue majoritaire. C’est grâce à un travail de cohérence, un travail déterminé, un travail efficace que la CFDT a pu persuader de plus en plus de couches sociales. L’évolution sociologique a aussi favorisé la croissance de la CFDT avec l’élévation générale du niveau d’éducation et de formation.

Macron, avec cette accusation de la CFD,T pratique la politique de la terre brûlée car désormais le dialogue avec les syndicats réformistes aujourd’hui majoritaires en France va devenir hypothétique voire impossible. Qui par exemple va être en capacité de gérer la chienlit actuelle qui risque de se transformer en chaos. Sûrement pas Macron et sa clique de courtisans et de petits marquis transparents et incompétents.

Qui pour négocier les réformes nécessaires à la transformation économique et sociale? L’affaire n’est pas nouvelle, Macron éprouve un mépris à l’égard de toutes les institutions intermédiaires et particulièrement pour les syndicats. Fondamentalement, c’est un petit-bourgeois de droite inculte politiquement et immature psychologiquement.

Avant d’être président de la république Macon n’a jamais connu le moindre engagement. Il est complètement hors sol et n’a qu’une vue ésotérique des réalités. Un président, aussi chef des armées, qui a évité de faire son service militaire pour cause d’études ! Ce qui en dit long sur ses convictions républicaines et démocratiques.

Pendant ce temps-là, depuis parfois des dizaines d’années, des responsable CFDT à tous les niveaux géographiques ont inlassablement servis le progrès social et participé à la modernisation économique. Beaucoup ont sacrifié leur carrière professionnelle personnelle pour se mettre au service du progrès social , économique et sociétal. Au service de la justice et de l’efficacité.

La proposition de réforme universelle proposée par la CFDT en 2012

La proposition de réforme universelle proposée par la CFDT en 2012 revue de la CFDT, Jean-Louis Malys , secrétaire national de la CFDT, responsable de la politique des retraites.

Le système des retraites a été construit pour des des profils de carrière issus des Trente Glorieuses. Ces schémas de carrière étaient principalement linéaires et ascendants, avec une prédominance de l’emploi masculin. Ils sont aujourd’hui de moins en moins représentatifs de la réalité. Une réforme globale des retraites est indispensable pour éviter le creusement des inégalités entre ceux dont le parcours se caractérise toujours par la stabilité et ceux qui ont connu des mobilités, le chômage et la précarité. Si rien n’est fait, cette deuxième catégorie de salariés serait la grande perdante de la poursuite de réformes paramétriques au fil de l’eau. Un débat national sur une réforme systémique constitue donc aujourd’hui une étape incontournable.

Résumer la question des retraites à une simple équation financière est l’attitude la plus courante mais aussi la plus dangereuse. Elle aboutit soit à durcir indistinctement les conditions d’accès à la retraite, donc à creuser les inégalités, soit à revendiquer un statu quo intenable financé par une ponction grandissante sur la richesse produite sans souci des autres dépenses nécessaires comme l’éducation, la recherche, la santé ou la dépendance.

Au-delà de ses enjeux collectifs, la question des retraites renvoie chacun à sa situation : son âge, son 39 Jean-Louis Malys est secrétaire national de la CFDT, responsable de la politique des retraites. Jean-Louis Malys La position de la CFDT sur les retraites Pour une réforme systémique Cadres-cfdt, n°453. avril 2013 40 parcours professionnel et personnel, sa situation familiale, son patrimoine, ses aspirations, sa conception des temps de vie. L’écart entre la vision personnelle, pour ne pas dire individuelle, et la réponse économique, pour ne pas dire arithmétique, montre le défi que nous devons relever pour imaginer des solutions adaptées à notre temps, à ses réelles opportunités et à ses nombreuses contraintes. Depuis longtemps, avant 2010, avant même 2003 et 1995, la CFDT a choisi la voie de la lucidité et de l’ambition tout en assumant le prix de l’inconfort.

Le livre blanc de Michel Rocard en 1991 disait déjà l’essentiel : « Même avec des hypothèses économiques favorables au plein emploi, les régimes de retraite connaîtront des problèmes de financement, avec, à partir de 2005, l’arrivée massive à l’âge de la retraite des générations nombreuses de l’aprèsguerre. Là où on avait trois cotisants pour un retraité en 1970, on n’en compte plus que 1,9 en 2010 et 1,7 en 2040 dans les circonstances les plus favorables, 1,3 dans le cas contraire. » La réforme Balladur de 1993, en ne s’attaquant qu’aux retraites du privé et en éludant tout débat démocratique, a été un premier acte dont le caractère complexe et insidieusement douloureux n’a ni permis ni souhaité éclairer les vrais enjeux.

Une orientation confédérale de longue date En 2003, le mouvement social et les choix portés par la CFDT, au-delà des polémiques et incompréhensions suscitées, a porté les véritables enjeux qui n’ont cessé de s’imposer depuis lors : le choix entre la question de l’âge de départ et la durée de cotisation, la situation profondément injuste des carrières longues, celle des petites retraites, en particulier des femmes, l’enjeu de la pénibilité, et la situation des poly-pensionnés mise au grand jour par notre organisation. Entre ceux qui vantaient le « courage » de la CFDT et ceux qui hurlaient à la trahison, le temps a aujourd’hui fait son œuvre. Ceux qui n’ont cessé de prôner l’immobilisme ou la seule solution financière (« les riches peuvent 41 payer ») ont continué à avaler quelques couleuvres : abandon un peu honteux de la revendication des 37 ans et demi puis compromis (acceptable ?) pour la réforme des régimes spéciaux en 2008.

Le gouvernement Fillon prétendait quant à lui avoir résolu la question de l’équilibre des retraites par la réforme de 2010, tout en annonçant par avance qu’une nouvelle réforme paramétrique est d’ores et déjà programmée en 2018, voire avant, si la récession devait s’installer. Même si le gouvernement Ayrault prévoit une concertation sur les retraites à partir du printemps 2013, le temps du débat de fond sur ce thème n’est pas encore advenu et celui du consensus apparaît bien aléatoire. Débat et consensus sont-ils nécessaires ? Sont-ils possibles ? Nous continuons à le penser, sans pour autant imaginer qu’ils soient aisés l’un et l’autre. L’idée d’une réforme des retraites de grande ampleur fait partie des orientations confédérales depuis plus d’une décennie sous des appellations diverses, qu’il s’agisse d’une « refondation de la répartition » (congrès de Lille), d’une « réforme globale des retraites » (congrès de Nantes) ou d’une « harmonisation et consolidation de tous les régimes de retraites par répartition » (congrès de Grenoble). La réflexion s’est développée lors du Conseil national confédéral en mai 2008, où l’idée d’une réforme systémique des retraites a été formulée. Elle s’est également traduite en 2009 par la demande publique d’un « Grenelle des retraites ». Les enjeux politiques définis ainsi prennent en compte le triple défi de la démographie, de l’emploi et des inégalités.

Ils impliquent un débat de société pour préparer une réforme générale du système de retraite, afin de le rendre plus juste et pérenne financièrement, en tenant mieux compte des parcours professionnels, des parcours de vie et des aspirations des salariés. En 2010, les trois débats qui se sont tenus lors du congrès confédéral de Tours sur le thème des retraites précisent les contours d’une réforme globale et apportent L’idée d’une réforme des retraites de grande ampleur fait partie des orientations confédérales depuis plus d’une décennie. 42 des réponses à des questions majeures. D’une part, la durée de cotisation est confirmée comme le paramètre le plus juste.

Elle peut être augmentée pour tenir compte de l’allongement de la vie, à condition d’un renforcement des solidarités et des possibilités de choix des salariés. D’autre part, le financement du volet contributif des retraites doit s’appuyer sur les seuls revenus du travail tandis que les solidarités ont vocation à être financées par l’ensemble des revenus, y compris les revenus du capital. Enfin, une réflexion doit s’engager sur les conditions d’unification, à terme, des régimes de retraite pour répondre à des carrières de plus en plus sinueuses. À partir de ces décisions, nous souhaitons faire émerger un nouveau système de retraite, qui réponde aux enjeux de contributivité et de solidarité, tout en assurant la solvabilité financière à long terme, seule capable de rassurer les salariés, en particulier les plus jeunes générations. Le rendez-vous de 2013 et la nécessaire recherche d’un consensus Une demande de la CFDT La mobilisation de 2010 sur la réforme des retraites à laquelle la CFDT a activement participé a permis d’obtenir l’ouverture en 2013 d’un débat sur une réforme globale.

Il s’agissait d’une demande portée par la CFDT. L’article 16 de la loi de 2010 prévoit ainsi l’organisation d’une réflexion nationale sur « les objectifs et les caractéristiques d’une réforme systémique » des retraites à partir du premier semestre 2013. La tenue de ce débat a été confirmée lors de la grande conférence sociale qui s’est tenue en juillet 2012. La feuille de route qui en est issue prévoit un calendrier en trois temps. Un état des lieux a tout d’abord été réalisé à travers deux rapports successifs du Conseil d’orientation des retraites parus respectivement en décembre 2012 et janvier 2013 : l’un concernant les projections financières 43 à moyen et long terme, l’autre centré sur les questions de justice sociale et de lisibilité.

Cet état des lieux confirme la nécessité d’une réforme globale des retraites. Sur la base de ces travaux, une Commission sur l’avenir des retraites a été chargée par les pouvoirs publics d’identifier d’ici juin 2013 différentes pistes de réforme permettant « d’assurer l’équilibre des régimes (…) à court, moyen et long terme » et « d’en renforcer la justice, l’équité et la lisibilité »1. Une concertation se tiendra par la suite entre l’Etat et les partenaires sociaux sur « les évolutions souhaitables de notre système de retraite »2, préalablement à la décision de mesures par les pouvoirs publics à l’horizon fin 2013 – début 2014. Les positions des autres organisations syndicales Au sein des organisations syndicales, les oppositions à une réforme systémique restent nombreuses. La plupart d’entre elles s’opposent à l’idée d’un changement de système de retraite car, selon elles, la question du financement ne serait pas réglée par une telle réforme globale, qui ne permettrait pas de garantir le niveau des pensions.

Leur approche consiste implicitement à réduire la question des retraites aux ajustements paramétriques, en négligeant les dimensions sociétales et de redistribution et en privilégiant une approche exclusivement financière. Les logiques institutionnelles autour des organismes de retraite et les enjeux de pouvoir influent aussi sur ces positionnements. Les arguments utilisés sont souvent caricaturaux en affirmant contre l’évidence que le caractère systémique d’une réforme inclurait l’abandon automatique de la répartition ou que tout recul d’un système par annuités aboutirait à moins de solidarité.

Réduit à ces postures, le débat est clos avant d’avoir été engagé. Nous voulons faire ici la démonstration qu’une Une concertation se tiendra par la suite entre l’Etat et les partenaires sociaux sur « les évolutions souhaitables de notre système de retraite », préalablement à la décision de mesures par les pouvoirs publics à l’horizon fin 2013 – début 2014. 44 réforme systémique aboutit au contraire à consolider la répartition en la rendant solvable à long terme, et que la remise à plat des mécanismes de solidarité n’a d’autre but que de les rendre plus efficaces en les « fléchant » davantage vers ceux qui en ont besoin et en évitant certaines redistributions qui, par des mécanismes à la limite du compréhensible, aboutissent à servir ceux qui sont déjà bien lotis. Le positionnement des employeurs Les organisations d’employeurs se déclarent souvent favorables à un système par points voire revendiquent une réforme systémique. Ces positionnements sont motivés par une volonté d’individualiser la prise en charge des risques sociaux, de réduire les logiques solidaires quitte à favoriser les logiques de promotion de la capitalisation. Les objectifs de la CFDT ne sont évidemment pas ceux-là.

L’indispensable débat national La préparation du débat national sur une réforme systémique s’avère aujourd’hui indispensable. Sans réforme systémique, l’érosion des droits constitue une quasi-fatalité : pour le privé, par la baisse du taux de remplacement, pour le public, notamment dans l’hypothèse d’une remise en cause unilatérale de la règle des six derniers mois. La loi de 2010 portait en germes une nouvelle réforme paramétrique en 2018, voire même avant cette date en fonction de l’état des comptes. Or, la crise que nous subissons accélère leur dégradation et la CFDT se félicite que la feuille de route de la conférence sociale ait maintenu le rendez-vous de 2013. Revenons sur les dangers inclus dans le maintien en l’état des différents systèmes de retraite.

Empiler les mesures qui durcissent les conditions d’accès à une retraite pleine aboutit immanquablement à réduire le niveau de pension de ceux qui n’ont pas pu effectuer une carrière complète. Sans réforme systémique, l’érosion des droits constitue une quasi-fatalité. 45 Cela concerne les nouvelles générations et les femmes qui, pour une part croissante, sont des travailleurs pauvres et précaires. Les autres perdants sont les salariés ayant commencé leur carrière jeunes et ceux dont le métier pénible devient intenable ou dont la santé a été gravement affectée par de mauvaises conditions de travail.

De fait, l’écart va se creuser entre ceux-là et les salariés mieux lotis qui ont la chance d’avoir une carrière linéaire et complète. Nos systèmes de retraite actuels sont parfaitement adaptés aux profils des Trente Glorieuses. Ces derniers sont construits sur un schéma de carrière sans rupture ni mobilité. Ils récompensent les itinéraires ascendants et les promotions fulgurantes de fin de carrière. Ils favorisent les parcours conjugaux et les familles patriarcales stables.

Il faut être aveugle pour ne pas constater que cela ne concernera dans quelques années plus grand-monde. Les mécanismes actuels de solidarité existent bel et bien, ils représentent même 28 % du total des retraites directes et indirectes versées2. Qui en sont les contributeurs ? Qui en sont les bénéficiaires ? Diverses études le démontrent : les carrières plates et longues subventionnent les carrières dynamiques. Les dispositifs d’aide aux retraités parents sont très favorables aux salariés aisés et aux hommes, pas aux femmes, ni aux familles modestes. La prise en compte des périodes de chômage n’est que partielle et peut s’avérer dérisoire quand les temps de précarité se multiplient.

Et que dire des salariés poly-pensionnés (bientôt un retraité sur deux), dont le sort constitue par des mécanismes aveugles et incohérents une sorte de loterie où les perdants se consolent mal que d’autres bénéficient d’effets d’aubaine ? Des choix et des arbitrages complexes à assumer Les choix à opérer dans le cadre d’une réforme globale pour refonder l’esprit de justice sociale du système de retraite sont multiples. Ils engagent la société dans son ensemble sur le long terme, à l’horizon 2050. Une réforme rendrait compréhensible un partage des efforts entre générations, au sein de chaque génération, ainsi qu’en fonction 46 des autres besoins sociaux. Ces besoins recouvrent non seulement la problématique du vieillissement mais aussi les questions d’éducation, de formation et d’innovation.

La CFDT, en refusant de s’enfermer dans un discours uniquement contestataire, tente d’élaborer des solutions novatrices qu’elle verse ici au débat. Nous ne souhaitons pas copier tel ou tel modèle appliqué dans un autre pays. La réforme que nous voulons sera le fruit de débats et de compromis. Elle devra tenir compte du modèle social dont nous avons hérité et qui montre encore aujourd’hui pour l’essentiel son efficacité. Quelle est la part des richesses que notre société doit consacrer aux diverses conséquences du vieillissement de la population : dépenses de santé, dépendance et évidemment retraite ? Sans les réformes passées, justes ou injustes, nous frôlerions une dépense de 20 % du PIB rien que pour les retraites. En cette période où une croissance soutenue semble inatteignable, au moins à moyen terme, ne faut-il pas expliciter les arbitrages nécessaires avec les autres besoins en investissements matériels et immatériels pour préparer l’avenir ? Les cotisations patronales et salariales versées pour les seules caisses de retraite représentent 25 % du salaire brut d’un travailleur du privé.

Est-il possible d’aller au-delà alors même que les réformes paramétriques qui se cumulent indiquent aux générations qui payent ces cotisations que leur taux de remplacement ne va cesser de se dégrader ? Ce déséquilibre de la solidarité intergénérationnelle aggravé par le papy-boom est mortifère pour l’avenir de la répartition. Qui peut éluder cette question ? N’est-il pas nécessaire dans cette situation de mieux comprendre les mécanismes contributifs (comment une cotisation versée génère un droit imprescriptible à prestation) et ceux qui régissent les mécanismes de solidarité (périodes contraintes voire volontaires d’inactivité, prestations liées à la maternité) ? La CFDT pense qu’il faut distinguer les sources de financement de ces deux pans du système de retraites pour les rendre plus lisibles.

47 Des pistes à explorer Pour construire une réforme ambitieuse et source de confiance, nous devons nous interroger sur les mécanismes d’acquisition des droits. Les systèmes notionnels ou à points permettent davantage de maîtriser les périodes comptabilisées, les droits générés et l’origine du financement. Hors effets de déséquilibre démographique, les systèmes de retraite à points et notionnels, à partir des arbitrages des générations concernées, permettent davantage d’assurer l’équilibre financier dans une situation de croissance, et donc d’emploi, satisfaisante.

En même temps, le système par annuités, s’il est complexe et confus en termes de financements comme de droits acquis, permet à partir du paramètre de durée de cotisation de fixer des garanties de pensions qui sont aujourd’hui absentes (hors minimum contributif du régime général). Peut-on imaginer dans un dispositif simplifié et transparent, une combinaison associant un système d’acquisition contributif et solidaire utilisant une logique par points ou notionnelle avec des garanties actionnées au moment de la liquidation de la retraite s’inspirant du système par annuités ? Voilà une piste à explorer. Un système de retraite ainsi proposé doit pouvoir s’adresser d’une façon attractive à tous les salariés, quels que soient leurs statuts, afin d’absorber les mobilités au lieu de les sanctionner.

En même temps qu’une réponse aux difficultés liées aux situations des salariés polypensionnés, un système davantage unifié de retraite serait source d’égalité. Nous savons que cette perspective peut soulever des inquiétudes légitimes chez les fonctionnaires et les salariés bénéficiaires des régimes spéciaux. Mais l’histoire récente prouve que les mécanismes d’alignement vers le bas, presque honteux, sont à l’œuvre et qu’à refuser d’aborder ces questions franchement, on se retrouve dans des situations défensives inconfortables et à Peut-on imaginer dans un dispositif simplifié et transparent, une combinaison associant un système d’acquisition contributif et solidaire utilisant une logique par points ou notionnelle avec des garanties actionnées au moment de la liquidation de la retraite s’inspirant du système par annuités ? 48 l’efficacité discutable. Une telle réforme est évidemment ambitieuse et suppose un débat large permettant d’aboutir à une forme de consensus.

Nous n’ignorons pas le scepticisme ambiant car l’histoire sociale de notre pays a souvent jugé l’ampleur d’une réforme au degré d’affrontement atteint. Nous soupçonnons même qu’une forme de « scénarisation » de ces situations soit intégrée par les acteurs les moins enclins au dialogue social. Et si l’ampleur de la prochaine réforme des retraites se jugeait à l’aune de notre capacité collective à affronter les questions et à passer un compromis juste et compréhensible par le plus grand nombre ? Dans cette perspective, il faudrait évidemment rassurer les salariés les plus proches de la retraite en leur garantissant les avantages acquis dans les systèmes passés. Le nouveau système de retraite s’appliquerait progressivement aux générations plus éloignées de leur retraite.

Plusieurs hypothèses de mise en œuvre « en sifflet » ou de comptabilisation en parallèle des droits acquis à l’un ou l’autre de ces systèmes sont possibles. Cet aspect de la transition serait au cœur de la négociation pour offrir un système rénové aux jeunes générations sans sanctionner ou désespérer les plus anciens. De la même façon, l’architecture du futur système de retraite ainsi progressivement mise en place exclut dans un délai assez long un chambardement des diverses institutions qui collectent les cotisations, calculent les droits et versent les retraites. La perspective d’une unification progressive encouragerait évidemment les synergies et regroupements utiles en toute transparence, mais sans traumatisme. Depuis le début de l’année 2011, la CFDT a organisé en interne plus de trente débats qui ont réuni près de 1500 militants autour de ce thème.

La réflexion a été menée conjointement avec d’autres acteurs de la société : chercheurs, associations, intellectuels, représentants synLa perspective d’une unification progressive encouragerait les synergies et regroupements utiles en toute transparence, mais sans traumatisme. 49 dicaux. Réformer le système de retraite est un enjeu majeur pour maintenir une protection sociale de haut niveau fondée sur la solidarité. Il est de notre responsabilité d’éclairer ce débat et de tracer des perspectives, afin que tous les choix collectifs soient posés et que toutes les générations puissent légitimement garder confiance dans la répartition. 1 Cf. Lettre de mission du Premier ministre adressée à Yannick Moreau, Présidente de la Commission. 2 Cf. Feuille de route de la conférence sociale, juillet 2012. 3 20% si on exclut les pensions de réversion.

Macron: Une insulte à la CFDT qu’il va payer cher

Macron: Une insulte à la CFDT qu’il va payer cher

complètement acculé, le président lors de son interview hier n’a pas hésité à mettre en question la responsabilité particulière de la CFDT concernant l’absence de consensus sur la réforme des retraites. Un mensonge indigne dans la mesure où le premier syndicat de France a toujours été à la pointe justement pour faire des propositions crédibles en matière de progrès économique et social. Même l’idée de la réforme universelle des retraites reprise par Macron vient de la CFDT. Macon l’a promise en 2017 pour finalement décider d’une réforme ratatinée injuste et inefficace non pas universelle mais seulement paramétrique.

Macron est coupable d’une injure envers la CFDT et en particulier son secrétaire général Laurent Berger, un leader autrement plus responsable que l’aventurier au service de la grande finance et qui n’hésite même pas à prendre le risque du chaos pour satisfaire aussi son ego.

Ce n’est pas par hasard si la CFDT, 50 ans après sa création, est devenue majoritaire. C’est grâce à un travail de cohérence, un travail déterminé, un travail efficace que la CFDT a pu persuader de plus en plus de couches sociales. L’évolution sociologique a aussi favorisé la croissance de la CFDT avec l’élévation générale du niveau d’éducation et de formation.

Macron, avec cette accusation de la CFD,T pratique la politique de la terre brûlée car désormais le dialogue avec les syndicats réformistes aujourd’hui majoritaires en France va devenir hypothétique voire impossible. Qui par exemple va être en capacité de gérer la chienlit actuelle qui risque de se transformer en chaos. Sûrement pas Macron et sa clique de courtisans et de petits marquis transparents et incompétents.

Qui pour négocier les réformes nécessaires à la transformation économique et sociale? L’affaire n’est pas nouvelle, Macron éprouve un mépris à l’égard de toutes les institutions intermédiaires et particulièrement pour les syndicats. Fondamentalement, c’est un petit-bourgeois de droite inculte politiquement et immature psychologiquement.

Avant d’être président de la république Macon n’a jamais connu le moindre engagement. Il est complètement hors sol et n’a qu’une vue ésotérique des réalités. Un président, aussi chef des armées, qui a évité de faire son service militaire pour cause d’études ! Ce qui en dit long sur ses convictions républicaines et démocratiques.

Pendant ce temps-là, depuis parfois des dizaines d’années, des responsable CFDT à tous les niveaux géographiques ont inlassablement servis le progrès social et participé à la modernisation économique. Beaucoup ont sacrifié leur carrière professionnelle personnelle pour se mettre au service du progrès social , économique et sociétal. Au service de la justice et de l’efficacité.

La proposition de réforme universelle proposée par la CFDT en 2012

La proposition de réforme universelle proposée par la CFDT en 2012 revue de la CFDT, Jean-Louis Malys , secrétaire national de la CFDT, responsable de la politique des retraites.

Le système des retraites a été construit pour des des profils de carrière issus des Trente Glorieuses. Ces schémas de carrière étaient principalement linéaires et ascendants, avec une prédominance de l’emploi masculin. Ils sont aujourd’hui de moins en moins représentatifs de la réalité. Une réforme globale des retraites est indispensable pour éviter le creusement des inégalités entre ceux dont le parcours se caractérise toujours par la stabilité et ceux qui ont connu des mobilités, le chômage et la précarité. Si rien n’est fait, cette deuxième catégorie de salariés serait la grande perdante de la poursuite de réformes paramétriques au fil de l’eau. Un débat national sur une réforme systémique constitue donc aujourd’hui une étape incontournable.

Résumer la question des retraites à une simple équation financière est l’attitude la plus courante mais aussi la plus dangereuse. Elle aboutit soit à durcir indistinctement les conditions d’accès à la retraite, donc à creuser les inégalités, soit à revendiquer un statu quo intenable financé par une ponction grandissante sur la richesse produite sans souci des autres dépenses nécessaires comme l’éducation, la recherche, la santé ou la dépendance.

Au-delà de ses enjeux collectifs, la question des retraites renvoie chacun à sa situation : son âge, son 39 Jean-Louis Malys est secrétaire national de la CFDT, responsable de la politique des retraites. Jean-Louis Malys La position de la CFDT sur les retraites Pour une réforme systémique Cadres-cfdt, n°453. avril 2013 40 parcours professionnel et personnel, sa situation familiale, son patrimoine, ses aspirations, sa conception des temps de vie. L’écart entre la vision personnelle, pour ne pas dire individuelle, et la réponse économique, pour ne pas dire arithmétique, montre le défi que nous devons relever pour imaginer des solutions adaptées à notre temps, à ses réelles opportunités et à ses nombreuses contraintes. Depuis longtemps, avant 2010, avant même 2003 et 1995, la CFDT a choisi la voie de la lucidité et de l’ambition tout en assumant le prix de l’inconfort.

Le livre blanc de Michel Rocard en 1991 disait déjà l’essentiel : « Même avec des hypothèses économiques favorables au plein emploi, les régimes de retraite connaîtront des problèmes de financement, avec, à partir de 2005, l’arrivée massive à l’âge de la retraite des générations nombreuses de l’aprèsguerre. Là où on avait trois cotisants pour un retraité en 1970, on n’en compte plus que 1,9 en 2010 et 1,7 en 2040 dans les circonstances les plus favorables, 1,3 dans le cas contraire. » La réforme Balladur de 1993, en ne s’attaquant qu’aux retraites du privé et en éludant tout débat démocratique, a été un premier acte dont le caractère complexe et insidieusement douloureux n’a ni permis ni souhaité éclairer les vrais enjeux.

Une orientation confédérale de longue date En 2003, le mouvement social et les choix portés par la CFDT, au-delà des polémiques et incompréhensions suscitées, a porté les véritables enjeux qui n’ont cessé de s’imposer depuis lors : le choix entre la question de l’âge de départ et la durée de cotisation, la situation profondément injuste des carrières longues, celle des petites retraites, en particulier des femmes, l’enjeu de la pénibilité, et la situation des poly-pensionnés mise au grand jour par notre organisation. Entre ceux qui vantaient le « courage » de la CFDT et ceux qui hurlaient à la trahison, le temps a aujourd’hui fait son œuvre. Ceux qui n’ont cessé de prôner l’immobilisme ou la seule solution financière (« les riches peuvent 41 payer ») ont continué à avaler quelques couleuvres : abandon un peu honteux de la revendication des 37 ans et demi puis compromis (acceptable ?) pour la réforme des régimes spéciaux en 2008.

Le gouvernement Fillon prétendait quant à lui avoir résolu la question de l’équilibre des retraites par la réforme de 2010, tout en annonçant par avance qu’une nouvelle réforme paramétrique est d’ores et déjà programmée en 2018, voire avant, si la récession devait s’installer. Même si le gouvernement Ayrault prévoit une concertation sur les retraites à partir du printemps 2013, le temps du débat de fond sur ce thème n’est pas encore advenu et celui du consensus apparaît bien aléatoire. Débat et consensus sont-ils nécessaires ? Sont-ils possibles ? Nous continuons à le penser, sans pour autant imaginer qu’ils soient aisés l’un et l’autre. L’idée d’une réforme des retraites de grande ampleur fait partie des orientations confédérales depuis plus d’une décennie sous des appellations diverses, qu’il s’agisse d’une « refondation de la répartition » (congrès de Lille), d’une « réforme globale des retraites » (congrès de Nantes) ou d’une « harmonisation et consolidation de tous les régimes de retraites par répartition » (congrès de Grenoble). La réflexion s’est développée lors du Conseil national confédéral en mai 2008, où l’idée d’une réforme systémique des retraites a été formulée. Elle s’est également traduite en 2009 par la demande publique d’un « Grenelle des retraites ». Les enjeux politiques définis ainsi prennent en compte le triple défi de la démographie, de l’emploi et des inégalités.

Ils impliquent un débat de société pour préparer une réforme générale du système de retraite, afin de le rendre plus juste et pérenne financièrement, en tenant mieux compte des parcours professionnels, des parcours de vie et des aspirations des salariés. En 2010, les trois débats qui se sont tenus lors du congrès confédéral de Tours sur le thème des retraites précisent les contours d’une réforme globale et apportent L’idée d’une réforme des retraites de grande ampleur fait partie des orientations confédérales depuis plus d’une décennie. 42 des réponses à des questions majeures. D’une part, la durée de cotisation est confirmée comme le paramètre le plus juste.

Elle peut être augmentée pour tenir compte de l’allongement de la vie, à condition d’un renforcement des solidarités et des possibilités de choix des salariés. D’autre part, le financement du volet contributif des retraites doit s’appuyer sur les seuls revenus du travail tandis que les solidarités ont vocation à être financées par l’ensemble des revenus, y compris les revenus du capital. Enfin, une réflexion doit s’engager sur les conditions d’unification, à terme, des régimes de retraite pour répondre à des carrières de plus en plus sinueuses. À partir de ces décisions, nous souhaitons faire émerger un nouveau système de retraite, qui réponde aux enjeux de contributivité et de solidarité, tout en assurant la solvabilité financière à long terme, seule capable de rassurer les salariés, en particulier les plus jeunes générations. Le rendez-vous de 2013 et la nécessaire recherche d’un consensus Une demande de la CFDT La mobilisation de 2010 sur la réforme des retraites à laquelle la CFDT a activement participé a permis d’obtenir l’ouverture en 2013 d’un débat sur une réforme globale.

Il s’agissait d’une demande portée par la CFDT. L’article 16 de la loi de 2010 prévoit ainsi l’organisation d’une réflexion nationale sur « les objectifs et les caractéristiques d’une réforme systémique » des retraites à partir du premier semestre 2013. La tenue de ce débat a été confirmée lors de la grande conférence sociale qui s’est tenue en juillet 2012. La feuille de route qui en est issue prévoit un calendrier en trois temps. Un état des lieux a tout d’abord été réalisé à travers deux rapports successifs du Conseil d’orientation des retraites parus respectivement en décembre 2012 et janvier 2013 : l’un concernant les projections financières 43 à moyen et long terme, l’autre centré sur les questions de justice sociale et de lisibilité.

Cet état des lieux confirme la nécessité d’une réforme globale des retraites. Sur la base de ces travaux, une Commission sur l’avenir des retraites a été chargée par les pouvoirs publics d’identifier d’ici juin 2013 différentes pistes de réforme permettant « d’assurer l’équilibre des régimes (…) à court, moyen et long terme » et « d’en renforcer la justice, l’équité et la lisibilité »1. Une concertation se tiendra par la suite entre l’Etat et les partenaires sociaux sur « les évolutions souhaitables de notre système de retraite »2, préalablement à la décision de mesures par les pouvoirs publics à l’horizon fin 2013 – début 2014. Les positions des autres organisations syndicales Au sein des organisations syndicales, les oppositions à une réforme systémique restent nombreuses. La plupart d’entre elles s’opposent à l’idée d’un changement de système de retraite car, selon elles, la question du financement ne serait pas réglée par une telle réforme globale, qui ne permettrait pas de garantir le niveau des pensions.

Leur approche consiste implicitement à réduire la question des retraites aux ajustements paramétriques, en négligeant les dimensions sociétales et de redistribution et en privilégiant une approche exclusivement financière. Les logiques institutionnelles autour des organismes de retraite et les enjeux de pouvoir influent aussi sur ces positionnements. Les arguments utilisés sont souvent caricaturaux en affirmant contre l’évidence que le caractère systémique d’une réforme inclurait l’abandon automatique de la répartition ou que tout recul d’un système par annuités aboutirait à moins de solidarité.

Réduit à ces postures, le débat est clos avant d’avoir été engagé. Nous voulons faire ici la démonstration qu’une Une concertation se tiendra par la suite entre l’Etat et les partenaires sociaux sur « les évolutions souhaitables de notre système de retraite », préalablement à la décision de mesures par les pouvoirs publics à l’horizon fin 2013 – début 2014. 44 réforme systémique aboutit au contraire à consolider la répartition en la rendant solvable à long terme, et que la remise à plat des mécanismes de solidarité n’a d’autre but que de les rendre plus efficaces en les « fléchant » davantage vers ceux qui en ont besoin et en évitant certaines redistributions qui, par des mécanismes à la limite du compréhensible, aboutissent à servir ceux qui sont déjà bien lotis. Le positionnement des employeurs Les organisations d’employeurs se déclarent souvent favorables à un système par points voire revendiquent une réforme systémique. Ces positionnements sont motivés par une volonté d’individualiser la prise en charge des risques sociaux, de réduire les logiques solidaires quitte à favoriser les logiques de promotion de la capitalisation. Les objectifs de la CFDT ne sont évidemment pas ceux-là.

L’indispensable débat national La préparation du débat national sur une réforme systémique s’avère aujourd’hui indispensable. Sans réforme systémique, l’érosion des droits constitue une quasi-fatalité : pour le privé, par la baisse du taux de remplacement, pour le public, notamment dans l’hypothèse d’une remise en cause unilatérale de la règle des six derniers mois. La loi de 2010 portait en germes une nouvelle réforme paramétrique en 2018, voire même avant cette date en fonction de l’état des comptes. Or, la crise que nous subissons accélère leur dégradation et la CFDT se félicite que la feuille de route de la conférence sociale ait maintenu le rendez-vous de 2013. Revenons sur les dangers inclus dans le maintien en l’état des différents systèmes de retraite.

Empiler les mesures qui durcissent les conditions d’accès à une retraite pleine aboutit immanquablement à réduire le niveau de pension de ceux qui n’ont pas pu effectuer une carrière complète. Sans réforme systémique, l’érosion des droits constitue une quasi-fatalité. 45 Cela concerne les nouvelles générations et les femmes qui, pour une part croissante, sont des travailleurs pauvres et précaires. Les autres perdants sont les salariés ayant commencé leur carrière jeunes et ceux dont le métier pénible devient intenable ou dont la santé a été gravement affectée par de mauvaises conditions de travail.

De fait, l’écart va se creuser entre ceux-là et les salariés mieux lotis qui ont la chance d’avoir une carrière linéaire et complète. Nos systèmes de retraite actuels sont parfaitement adaptés aux profils des Trente Glorieuses. Ces derniers sont construits sur un schéma de carrière sans rupture ni mobilité. Ils récompensent les itinéraires ascendants et les promotions fulgurantes de fin de carrière. Ils favorisent les parcours conjugaux et les familles patriarcales stables.

Il faut être aveugle pour ne pas constater que cela ne concernera dans quelques années plus grand-monde. Les mécanismes actuels de solidarité existent bel et bien, ils représentent même 28 % du total des retraites directes et indirectes versées2. Qui en sont les contributeurs ? Qui en sont les bénéficiaires ? Diverses études le démontrent : les carrières plates et longues subventionnent les carrières dynamiques. Les dispositifs d’aide aux retraités parents sont très favorables aux salariés aisés et aux hommes, pas aux femmes, ni aux familles modestes. La prise en compte des périodes de chômage n’est que partielle et peut s’avérer dérisoire quand les temps de précarité se multiplient.

Et que dire des salariés poly-pensionnés (bientôt un retraité sur deux), dont le sort constitue par des mécanismes aveugles et incohérents une sorte de loterie où les perdants se consolent mal que d’autres bénéficient d’effets d’aubaine ? Des choix et des arbitrages complexes à assumer Les choix à opérer dans le cadre d’une réforme globale pour refonder l’esprit de justice sociale du système de retraite sont multiples. Ils engagent la société dans son ensemble sur le long terme, à l’horizon 2050. Une réforme rendrait compréhensible un partage des efforts entre générations, au sein de chaque génération, ainsi qu’en fonction 46 des autres besoins sociaux. Ces besoins recouvrent non seulement la problématique du vieillissement mais aussi les questions d’éducation, de formation et d’innovation.

La CFDT, en refusant de s’enfermer dans un discours uniquement contestataire, tente d’élaborer des solutions novatrices qu’elle verse ici au débat. Nous ne souhaitons pas copier tel ou tel modèle appliqué dans un autre pays. La réforme que nous voulons sera le fruit de débats et de compromis. Elle devra tenir compte du modèle social dont nous avons hérité et qui montre encore aujourd’hui pour l’essentiel son efficacité. Quelle est la part des richesses que notre société doit consacrer aux diverses conséquences du vieillissement de la population : dépenses de santé, dépendance et évidemment retraite ? Sans les réformes passées, justes ou injustes, nous frôlerions une dépense de 20 % du PIB rien que pour les retraites. En cette période où une croissance soutenue semble inatteignable, au moins à moyen terme, ne faut-il pas expliciter les arbitrages nécessaires avec les autres besoins en investissements matériels et immatériels pour préparer l’avenir ? Les cotisations patronales et salariales versées pour les seules caisses de retraite représentent 25 % du salaire brut d’un travailleur du privé.

Est-il possible d’aller au-delà alors même que les réformes paramétriques qui se cumulent indiquent aux générations qui payent ces cotisations que leur taux de remplacement ne va cesser de se dégrader ? Ce déséquilibre de la solidarité intergénérationnelle aggravé par le papy-boom est mortifère pour l’avenir de la répartition. Qui peut éluder cette question ? N’est-il pas nécessaire dans cette situation de mieux comprendre les mécanismes contributifs (comment une cotisation versée génère un droit imprescriptible à prestation) et ceux qui régissent les mécanismes de solidarité (périodes contraintes voire volontaires d’inactivité, prestations liées à la maternité) ? La CFDT pense qu’il faut distinguer les sources de financement de ces deux pans du système de retraites pour les rendre plus lisibles.

47 Des pistes à explorer Pour construire une réforme ambitieuse et source de confiance, nous devons nous interroger sur les mécanismes d’acquisition des droits. Les systèmes notionnels ou à points permettent davantage de maîtriser les périodes comptabilisées, les droits générés et l’origine du financement. Hors effets de déséquilibre démographique, les systèmes de retraite à points et notionnels, à partir des arbitrages des générations concernées, permettent davantage d’assurer l’équilibre financier dans une situation de croissance, et donc d’emploi, satisfaisante.

En même temps, le système par annuités, s’il est complexe et confus en termes de financements comme de droits acquis, permet à partir du paramètre de durée de cotisation de fixer des garanties de pensions qui sont aujourd’hui absentes (hors minimum contributif du régime général). Peut-on imaginer dans un dispositif simplifié et transparent, une combinaison associant un système d’acquisition contributif et solidaire utilisant une logique par points ou notionnelle avec des garanties actionnées au moment de la liquidation de la retraite s’inspirant du système par annuités ? Voilà une piste à explorer. Un système de retraite ainsi proposé doit pouvoir s’adresser d’une façon attractive à tous les salariés, quels que soient leurs statuts, afin d’absorber les mobilités au lieu de les sanctionner.

En même temps qu’une réponse aux difficultés liées aux situations des salariés polypensionnés, un système davantage unifié de retraite serait source d’égalité. Nous savons que cette perspective peut soulever des inquiétudes légitimes chez les fonctionnaires et les salariés bénéficiaires des régimes spéciaux. Mais l’histoire récente prouve que les mécanismes d’alignement vers le bas, presque honteux, sont à l’œuvre et qu’à refuser d’aborder ces questions franchement, on se retrouve dans des situations défensives inconfortables et à Peut-on imaginer dans un dispositif simplifié et transparent, une combinaison associant un système d’acquisition contributif et solidaire utilisant une logique par points ou notionnelle avec des garanties actionnées au moment de la liquidation de la retraite s’inspirant du système par annuités ? 48 l’efficacité discutable. Une telle réforme est évidemment ambitieuse et suppose un débat large permettant d’aboutir à une forme de consensus.

Nous n’ignorons pas le scepticisme ambiant car l’histoire sociale de notre pays a souvent jugé l’ampleur d’une réforme au degré d’affrontement atteint. Nous soupçonnons même qu’une forme de « scénarisation » de ces situations soit intégrée par les acteurs les moins enclins au dialogue social. Et si l’ampleur de la prochaine réforme des retraites se jugeait à l’aune de notre capacité collective à affronter les questions et à passer un compromis juste et compréhensible par le plus grand nombre ? Dans cette perspective, il faudrait évidemment rassurer les salariés les plus proches de la retraite en leur garantissant les avantages acquis dans les systèmes passés. Le nouveau système de retraite s’appliquerait progressivement aux générations plus éloignées de leur retraite.

Plusieurs hypothèses de mise en œuvre « en sifflet » ou de comptabilisation en parallèle des droits acquis à l’un ou l’autre de ces systèmes sont possibles. Cet aspect de la transition serait au cœur de la négociation pour offrir un système rénové aux jeunes générations sans sanctionner ou désespérer les plus anciens. De la même façon, l’architecture du futur système de retraite ainsi progressivement mise en place exclut dans un délai assez long un chambardement des diverses institutions qui collectent les cotisations, calculent les droits et versent les retraites. La perspective d’une unification progressive encouragerait évidemment les synergies et regroupements utiles en toute transparence, mais sans traumatisme. Depuis le début de l’année 2011, la CFDT a organisé en interne plus de trente débats qui ont réuni près de 1500 militants autour de ce thème.

La réflexion a été menée conjointement avec d’autres acteurs de la société : chercheurs, associations, intellectuels, représentants synLa perspective d’une unification progressive encouragerait les synergies et regroupements utiles en toute transparence, mais sans traumatisme. 49 dicaux. Réformer le système de retraite est un enjeu majeur pour maintenir une protection sociale de haut niveau fondée sur la solidarité. Il est de notre responsabilité d’éclairer ce débat et de tracer des perspectives, afin que tous les choix collectifs soient posés et que toutes les générations puissent légitimement garder confiance dans la répartition. 1 Cf. Lettre de mission du Premier ministre adressée à Yannick Moreau, Présidente de la Commission. 2 Cf. Feuille de route de la conférence sociale, juillet 2012. 3 20% si on exclut les pensions de réversion.

FED: Nouveau relèvement des taux et la BCE va suivre

FED: Nouveau relèvement des taux et la BCE va suivre !

La banque centrale américaine (Fed) a décidé un relèvement de son taux, de 0,25 point de base, portant les principaux taux de ses fonds fédéraux dans une fourchette comprise entre 4,75% et 5%, selon le communiqué de l’institution monétaire. Il s’agit de la neuvième hausse des taux opérée par l’institution depuis l’été 2022. Et nécessairement comme d’habitude la BCE et les autres banques centrales vont suivre pour ne pas affecter notamment les taux de change. Une action de plus pour refroidir sérieusement l’économie et permettre d’entretenir l’espoir d’une baisse de l’inflation. Le problème c’est qu’une grande partie de cet inflation est structurelle.

En effte l’inflation reste élevée. « Le Comité prévoit qu’un certain resserrement supplémentaire de la politique pourrait être approprié afin d’atteindre une orientation de la politique monétaire suffisamment restrictive pour ramener l’inflation à 2 % au fil du temps », souligne le communiqué.

Les nouvelles projections de la banque centrale des Etats-Unis montrent que dix membres sur 18 du comité de politique monétaire (FOMC) s’attendent à ce que les taux augmentent encore d’un quart de point de pourcentage d’ici la fin de l’année, ce qui est identique aux perspectives annoncées en décembre.

Dans un changement notable, le communiqué du comité ne mentionne plus que de nouvelles hausses de taux seront appropriées. Au lieu de cela, le comité note qu’« un raffermissement supplémentaire de la politique monétaire pourrait être approprié », ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une dernière hausse d’un quart de point de pourcentage cette année.

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