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Logement-une crise à plusieurs faces qui va durer

Logement-une crise à plusieurs faces qui va durer

Jean-Claude Driant, professeur à l’école d’urbanisme de Paris, auteur de Les politiques du logement en France (La documentation française, 2015), Explique dans la tribune que la crise du logement va durer faute de politique contracyclique

En quoi la crise actuelle du logement est-elle différente des crises précédentes ?

JEAN-CLAUDE DRIANT : C’est une crise multifacette qui, pour simplifier, cumule deux crises. Celle du logement, comprendre du logement trop cher, alimenté depuis vingt ans par des conditions de crédits favorables dans le neuf comme dans l’ancien et qui se traduit aujourd’hui par une difficulté pour de très nombreux ménages d’y accéder, à laquelle s’ajoute une crise immobilière extrêmement lourde. Celle-ci est liée au contexte international, à l’inflation et à la montée des taux d’intérêt, et se développe de façon différenciée selon que l’on soit sur le marché du neuf ou sur celui de l’existant.

Dans le neuf, la question se pose en termes de coûts de construction et de foncier qui génèrent des prix complètement inabordables pour la plupart des ménages confrontés au crédit. Même s’il faut souligner que les taux d’intérêt d’aujourd’hui ne sont pas si élevés. Ils le sont moins que l’inflation, ce qui est presque anormal économiquement parlant, cependant ils sont quatre fois plus élevés qu’il y a deux ans alors que les prix des logements n’ont pas baissé en proportion.

Dans l’ancien, la crise est certes liée aux prix trop élevés, mais il semble que l’on fasse ici le pari d’un marché capable de s’ajuster tout seul. Autrement dit, les prix baisseront parce que les vendeurs ne parviennent plus à vendre. Ce qui diffère grandement du neuf dont ni le coût du foncier, ni celui de la construction ne s’ajustent aussi facilement que dans l’existant.

Dès lors, la réponse à cette crise est-elle différente des précédentes ?

Jusqu’alors, dès qu’une crise importante apparaissait en France, nous avions l’habitude de développer des mesures politiques contracycliques permettant de passer le cap. Souvenez-vous de la crise financière de 2008. Tout le monde craignait un effondrement du secteur du bâtiment. Lequel ne s’est pas produit parce qu’il y a eu, en réponse, une politique claire, forte, à travers le Scellier, le doublement du prêt à taux zéro, le rachat important de logements des promoteurs par des bailleurs sociaux… Ce qui diffère avec cette crise, c’est qu’il n’y a pas de mesures contracycliques, rien n’a été enclenché, excepté le rachat de logements par CDC Habitat et Action Logement. Ce qui paraît très insuffisant.

Pourquoi cette absence de réponse ?

J’ai deux explications à cela. La première, c’est qu’on sort des années du « Quoi qu’il en coûte ». Un « Quoi qu’il en coûte » qui, soit dit en passant, n’a pas véritablement alimenté le marché immobilier. En termes de politiques publiques, l’enjeu de revenir à une certaine forme de sagesse budgétaire n’incite donc pas l’État à remettre de l’argent dans la machine.

La deuxième explication est plus idéologique. En mai 2023, le président de la République qualifiait le secteur du logement comme « un système de sur-dépense publique ». C’est son interprétation, sa lecture d’un secteur dans lequel, selon lui, on a historiquement mis beaucoup d’argent pour fabriquer de la rente, sans résultat social et économique efficace. En fait, je crois qu’au sommet de l’Etat la question ne se pose pas vraiment. Le marché ajustera. Ou, à défaut, les collectivités territoriales.

Pourtant, on voit bien les difficultés de certaines collectivités à produire du logement, notamment social. En Provence-Alpes Côte d’Azur, le parc social ne représente que 14% du parc de résidences principales, contre plus de 17% au national. 95 communes régionales sont concernées par un arrêté de carence au titre du bilan triennal 2020-2022, dont 26 dans les Alpes-Maritimes où 72% des logements sociaux sont réalisés en Vefa par des promoteurs privés, contre 56% au national…

Cette particularité azuréenne est une démonstration de l’interdépendance qui s’est créé entre le monde du logement social, qui a besoin des promoteurs pour produire, et celui des promoteurs, lesquels se trouvent dans une situation d’arbitrage financier compliqué au regard des prix de vente des lots et ceux des logements individuels. Cette dépendance génère aujourd’hui une baisse sensible de la production de logements sociaux dans les territoires alors que les besoins sont très importants. Le fait que ce problème ne soit pas un sujet politique fort reste pour moi un facteur de surprise constant. Est-ce peut-être parce que 40% des ménages sont propriétaires ? C’est presque un ménage sur deux. Ou peut-être aussi parce que les gilets jaunes n’auraient pas parlé de logement ? Je ne suis pas d’accord avec cela. Nous les avons mal écoutés car tous les problèmes soulignés alors étaient intimement liés à la question du logement. Et le logement social est au cœur de tout cela.

Dans ce contexte difficile, quid de la question écologique ?

L’écologie va influer très lourdement sur les politiques du logement, et ce sur au moins trois points. Nous le constatons déjà avec la question de la sobriété foncière, cette fameuse ZAN (pour Zéro artificialisation nette, NDLR) qui pèse forcément sur la disposition du foncier. Il y a aussi la rénovation énergétique, laquelle pose de nombreuses questions d’ordre économique, social, patrimonial, générationnel même ! Qu’est-ce que c’est, par exemple, que de rénover sa maison quand on a 70 ans ? Enfin, le troisième volet, à savoir le bilan carbone de la construction neuve, est celui qui concentre des critiques de plus en plus voyantes. Un certain nombre d’acteurs issus des milieux économiques (Bercy) mettent en effet en cause le rythme de construction neuve au nom de tout un ensemble de choses dont l’écologie et la démographie. Il faut porter attention à ce type de propos, car nous allons les entendre de plus en plus souvent dans l’avenir. Ils généreront, je pense, des réflexions sur l’évolution des savoir-faire entre la construction neuve et la rénovation qui se traduiront par des transformations très lourdes pour l’ensemble des métiers.

Le mouvement agricole va continuer encore au moins une semaine

Le mouvement agricole va continuer encore au moins une semaine

En dépit des annonces du gouvernement, le mouvement agricole va se prolonger encore sans doute d’au moins d’une semaine. En cause , la nécessité d’approfondir certaines mesures et de les compléter. Aussi la concurrence entre les organisations syndicales agricoles qui d’une certaine manière ont été prises à revers par la base.

Ainsi la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), après avoir été surpris par les plus radicaux décident à leur tour de durcir en tout cas de prolonger le mouvement pour l’instant et ont pris « la décision de poursuivre cette mobilisation », a déclaré vendredi le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur TF1.

Pourtant, le Premier ministre Gabriel Attal a accédé à d’autres demandes des agriculteurs : indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE et sanctions lourdes contre trois industriels de l’agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

Sur certains points, comme sur le gazole non routier, des annonces « vont dans le bon sens ». Mais dans l’ensemble « elles ne répondent pas à la totalité des questions que nous nous posons », a estimé Arnaud Rousseau en citant notamment les problématiques liées à l’Ukraine, à la « surtransposition » en France des normes environnementales européennes et à la retraite des agriculteurs.

La poursuite de la mobilisation est « une décision difficile mais nécessaire », a déclaré Arnaud Rousseau.

Les dirigeants de la FNSEA qui cogèrent en fête agricole avec le gouvernement n’ont guère apprécié d’être ainsi débordés d’abord par la radicale organisation de la base et ensuite que la même base adhère pratiquement au plan présenté par le premier ministre même s’il y a ici ou là dans cette base encore des réticences vont durer quelques jours..

Compte tenu de cette situation le mouvement risque donc de se prolonger au moins encore pendant une semaine.

Aménagement du territoire : la folie de la métropolisation et de sur-urbanisation

Aménagement du territoire : la folie de la métropolisation et de sur-urbanisation


La mode de la métropolisation risque d’aboutir à un aménagement du territoire composé d’un côté d’une dizaine de villes de plus d’un million d’habitants concentrant une majorité d’emplois et de l’autre des zones en voie de régression voire de désertification. Un non-sens non seulement économique et social mais aussi environnementale et sociétal. En effet l’hyper concentration qui génère effectivement une croissance endogène provoque aussi des dégâts humains et environnementaux catastrophiques. Les créations d’emplois en effet se concentrent depuis une dizaine d’années sur les aires urbaines de plus de 500.000 habitants, zones où l’on trouve les métiers les plus dynamiques – notamment les postes de cadres – au détriment des villes petites et moyennes, constate une étude de France Stratégie.

Au total, c’est une douzaine de métropoles régionales qui se partagent quasiment la moitié (46%) des emplois, dont 22% pour Paris et 24% en province. Et ce marché de l’emploi à deux vitesses se creuse. La situation est inédite: entre en 1968 et 1999, la croissance de l’emploi profitait à l’ensemble du pays… avant que les territoires ne se différencient de plus en plus, et que la fracture ne se transforme en fossé entre 2006 et 2013. C’est durant cette période que les aires urbaines de plus de 500.000 habitants ont massivement créé des emplois alors que les villes moyennes, les petites villes et les communes isolées ont subi des pertes, observe l’organisme placé auprès du Premier ministre.

Ce phénomène a un nom: la «métropolisation». Or cet aménagement du territoire qui privilégie l’hyper concentration autour de quelques centres conduits le reste à la désertification. . La mode aujourd’hui est à la métropolisation, c’est à dire à la sururbanisation (qui constitue pourtant une aberration environnementale) tandis que certaines petites villes, des villages s’appauvrissent, des villes moyennes stagnent ou régressent. L’élément le plus significatif de cette désertification c’est la raréfaction de l’emploi.

Du coup, les populations sont contraintes de rechercher des embauches de plus en plus loin de leur domicile (20, 30, 50 kms). Jusqu’au jour où elles décident de quitter leur zone d’habitat pour rejoindre des zones plus riches en emplois. Pour preuve de cette désertification : la baisse dramatique de la valeur du patrimoine immobilier. Par manque de populations, les services rétrécissent comme peau de chagrin. Le cœur de la problématique de la désertification, c’est la disparition de l’emploi qui génère mécaniquement la fermeture des commerces et des services.

La réactivation des villes moyennes, des zones rurales défavorisées passe d’abord par une analyse fine des réalités et de leur évolution sur longue période (emploi, PIB, population, services etc.) ; aussi par une prise en compte des typologies différenciées des zones dont l’approche globale masque les disparités. Au-delà, il convient d’agir sur les leviers susceptibles d’abord de fixer la population active existante et d’encourager la création d’emplois. Bien entendu une commune ne peut, à elle seule, inverser ces tendances lourdes même si elle peut intervenir utilement dans le champ actuel de sa responsabilité.

Beaucoup de communes se préoccupent de leur développement pour autant l’environnement défavorable limite leur action (fiscalité, réglementation, transport, équipements et services). En fonction de certains scénarios économiques, sociaux et démographiques, en 2040 certains villages se transformeront en zones pour retraités voire même disparaîtront (d’autant qu’à cette date un Français sur trois aura plus de 60 ans). L’activité économique interagit sur la qualité et le niveau des services et réciproquement.

Si on se préoccupe légitimement des équipements et des services publics, par contre le soutien à l’emploi et à l’économie locale en particulier est plus déficient. Or en fonction du rythme de destruction des emplois locaux, ce devrait être aussi une priorité. Encore une fois compte tenu de la mode de la « métropolisation » ‘ pas spécifique à la France, il y a fort à parier qu’on pourra attendre encore longtemps des mesures significatives pour le développement rural des zones défavorisées. On ne saurait se limiter à quelques dispositions certes utiles mais très insuffisantes (couverture internet, bureau de poste, quelques services …peut-être.

Inéligibilité Trump : la cour suprême fédérale va trancher

Inéligibilité Trump : la cour suprême fédérale va trancher

Deux Etats, d’abord le Maine, ensuite le Colorado ont déclaré inéligible l’ancien président des États-Unis. Devant cette situation assez inédite, l’ex-président américain avait demandé mercredi à la Cour suprême des États-Unis de casser une décision de la plus haute cour du Colorado, qui l’a déclaré inéligible à la présidence en raison de l’assaut du Capitole.

La Cour suprême américaine a accepté vendredi de se saisir de la question de l’inéligibilité de Donald Trump à propos d’une décision prise dans le Colorado qui priverait l’ex-président de figurer sur les bulletins de vote dans cet État. La Cour suprême a annoncé qu’elle examinerait cette affaire le 8 février.

Les décisions du Maine comme du Colorado se sont appuyées sur le 14e amendement de la Constitution américaine, qui exclut de toute responsabilité publique quiconque, après avoir prêté serment de défendre la Constitution, se serait livré à des actes de «rébellion» ou d’«insurrection».

Produits alimentaires : L’inflation va durer

Produits alimentaires : L’inflation va durer

Ce sont les derniers jours de négociations commerciales annuelles entre les industriels et les distributeurs. Pourtant, les discussions ne semblent guère avancer en faveur d’une maîtrise de l’évolution des prix; au mieux; il faut s’attendre à une progression des prix un peu maîtrisée mais sûrement pas à une baisse. D’ailleurs le président de la république avait annoncé la couleur lors de son passage sur la chaîne C5 affirmant que les prix ne retrouveraient pas leur niveau d’avant.

Le très médiatique patron de Leclerc qui ne cesse d’ailleurs de changer son discours a a indiqué que l’inflation sera moitié moins que la précédente. Autant dire que les prix vont continuer d’augmenter

Pour rappel, les prix en rayon ont flambé de plus de 20% en moyenne dans l’alimentaire en deux ans. Et ce sur fond, d’une inflation galopante depuis la pandémie et le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui ont fait flamber le prix de l’énergie en Europe et par voie de conséquence, ceux de certaines matières premières alimentaires (notamment des céréales très utilisées comme le blé).

Economie-Taux d’intérêt élevés : ça va durer

Economie-Taux d’intérêt élevés : ça va durer

Pour Patrick Artus, économiste et conseiller de la banque Natixis, la Banque centrale européenne devrait maintenir ses taux directeurs élevés bien plus longtemps que son homologue américaine. Mais il estime que le temps de « l’argent magique » est révolu. (intreview dans la « Tribune »).

Aux États-Unis, les taux oscillent entre 5% et 5,5% et entre 4% et 4,75% en Europe, alors qu’ils étaient encore négatifs début 2022. Cette hausse aussi brutale a-t-elle permis de gagner la bataille contre l’inflation ?

PATRICK ARTUS- Il y a une grande différence entre la situation américaine et européenne. Les États-Unis ont gagné la lutte contre l’inflation et sont parvenus à un atterrissage doux (« soft landing »), c’est-à-dire à durcir l’accès au crédit sans perdre de croissance. Cette victoire est d’autant plus significative que l’inflation hors énergie, alimentation et loyer imputé a diminué fortement pour atteindre 2,6% en novembre, un niveau inférieur à celui de l’inflation générale (3,2%). C’est l’inverse en zone euro, où l’inflation sous-jacente reste forte (5%) tandis que l’inflation générale se situe à 2,9%. Qui plus est est, l’écart entre l’inflation sous-jacente et l’inflation générale est très fort en raison de l’effet de base important puisque les prix de l’énergie l’an dernier étaient l’an dernier très élevés et qu’ils ont fortement diminué cette année. Contrairement aux États-Unis, le ralentissement de l’inflation en Europe est donc essentiellement lié à un effet de base favorable.

Par ailleurs, en matière de perspectives de croissance, la zone euro est également beaucoup moins bien lotie que les États-Unis. Outre-Atlantique, la croissance en 2023 devrait atteindre 3% quand nous serons autour de 0%. Pour faire simple, la zone euro fait face à un scénario de stagflation, donc une inflation couplée à une récession, quand les Etats-Unis ressortent de période d’inflation et de hausse sans trop de casse. Cette différence de trajectoire s’explique notamment par la différence de productivité. Celle-ci augmente de 2% par an aux États-Unis alors qu’elle stagne en Europe. Or cette disparition de la productivité de zone euro est très inflationniste.

Ces différences de trajectoire sont-elles prises en compte par les banques centrales, du moins dans leur communication ?

Les deux banques ont un discours dur. Mais nous voyons tout de même que la Fed opte pour un discours plus traditionnel qui est de dire, « pour réduire l’inflation, je cogne [sur l'économie, NDLR] » alors que la BCE se montre plus douce et laisse entendre qu’elle va taper moins fort que son homologue mais dans le but de garder ses taux hauts plus longtemps. Ainsi, Jerome Powell, le président de la Fed et d’autres gouverneurs ont affirmé que de nouvelles hausses de taux n’étaient pas exclues alors que du côté de la BCE, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau s’est permis de dire que, « sauf surprise », l’institution ne relèverait plus ses taux.

Mais il faut aussi bien comprendre que, dans les faits, les deux institutions ont une politique différente du fait d’une situation différente. Aux États-Unis, les taux d’intérêt réels, dont nous soustrayons l’inflation sous-jacente, est de 2 ou 3% tandis que les taux d’intérêt réels de la BCE sont à -1%. La BCE est donc beaucoup plus tendre avec l’économie.

Quelles sont les raisons de ces divergences de politiques et de discours ?

La Fed a un discours plus dur car elle peut se permettre de se concentrer sur une lutte totale contre l’inflation grâce à la résilience de l’économie américaine. Celle-ci s’explique par trois raisons : la mise en place d’une politique budgétaire expansionniste, la progression rapide des investissements, notamment étrangers, sur le sol américain, et le maintien de la consommation des ménages américains qui désépargnent.

La BCE ne peut compter sur un tel socle car la croissance de la zone euro est nulle et la consommation des ménages moindre. L’économie européenne est donc plus fragile et la BCE ne mène pas de politique très dure pour juguler l’inflation.

Derrière les discours, allons-nous voir dans les évolutions des taux des divergences entre les deux grandes banques centrales ?

La Fed conserve une communication dure car elle veut s’assurer que les anticipations d’inflation sont bien mortes et que la hausse des prix va se maintenir à 2,5%. Mais en réalité, la banque centrale américaine est rassurée.

D’ailleurs, à l’inverse de ce que laisse entendre le discours, je pense que la Fed va baisser ses taux au début de l’année 2024 alors que la BCE devrait les maintenir entre 4% et 4,75% jusqu’en 2025. Et pour cause, l’inflation en 2024 est anticipée à 4,2% car nous n’allons plus bénéficier des effets de base des prix de l’énergie. Ce regain d’inflation qui se profile va empêcher l’institution de Francfort de baisser ses taux, contrairement à ce que croient les marchés financiers.

Si les taux évoluent différemment, quelles seront les conséquences sur les économies américaine et européenne et sur leurs devises ?

Il n’y aura pas beaucoup de conséquences sur l’euro/dollar car il existe d’importantes forces contraires. Aujourd’hui, tout le monde pense que la Fed va prochainement baisser fortement ses taux. Par conséquent, cette information devrait déjà être intégrée dans les cours du dollar, lequel devrait mécaniquement voir sa valeur baisser par rapport à l’euro. C’est sans compter sur l’énorme flux de capitaux qui entrent aux États-Unis, via les marchés financiers mais aussi en direct via les investissements des entreprises sur le sol américain. Ces investissements représentent 6 points de produit intérieur brut aux États-Unis contre aucun en zone euro. La forte demande de dollars maintient donc son cours.

En revanche, cette divergence à venir entre les banques centrales est très mauvaise pour l’économie européenne car le maintien des taux directeurs en zone euro va encore ralentir la croissance et affaiblir le tissu économique. D’autant plus que l’Europe est également fragilisée par un manque de productivité et une inflation importée importante du fait des prix de l’énergie que ne connaissent pas les États-Unis.

Cela étant, il faut raison garder sur les faillites d’entreprises. Normalement, une hausse des taux amène à une forte chute des investissements et, in fine, une chute des profits. Mais ce n’est pas ce que l’on a vu cette année. Les entreprises sont parvenues à maintenir leurs profits, ce qui permet à l’économie européenne de rester robuste.
Cette résistance s’explique par le durcissement économique porté par les ménages et les États mais aussi par les protections dont ont bénéficié les entreprises. Il y aura donc, évidemment, des hausses des défaillances d’entreprises, mais celle-ci ne sera pas catastrophique. Les 54.000 faillites d’entreprises françaises observées sur les 12 derniers mois en octobre traduisent un retour à la situation de 2019. Autrement dit, les entreprises qui font défaut aujourd’hui sont les « entreprises zombies » qui avaient survécu artificiellement grâce aux aides de l’Etat et c’est d’ailleurs la même chose aux États-Unis, malgré la résilience de leur économie.

Que pourrait faire l’Europe pour améliorer sa situation, baisser son inflation et faire repartir sa croissance ?

Il faut que les Vingt-Sept mettent en place un Inflation reduction act européen comme l’ont fait les Etats-Unis. Il faut accorder des aides fiscales à l’investissement plutôt que des subventions publiques bureaucratiques et inefficaces. Il faut réfléchir à une politique économique européenne efficace en réindustrialisant pour attirer les investissements. Reste néanmoins le problème du manque de productivité lié au vieillissement de la population, à la faiblesse de l’investissement dans la technologie et à l’absentéisme au travail. Les investisseurs sont beaucoup plus attirés par les États-Unis que l’Europe.

Lorsque les banques centrales auront vaincu leur combat contre l’inflation, jusqu’où redescendront leurs taux d’intérêt ?

En Europe, il sera très difficile de ramener l’inflation à 2% car plusieurs facteurs inflationnistes vont rester comme les prix de l’énergie, l’absence de productivité où encore le niveau élevé des coûts de production par rapport à de nombreux pays. Avec tous ces facteurs, les taux directeurs ne retomberont pas sous les 3% en Europe. Du côté des États-Unis, malgré leur meilleure situation, les taux directeurs vont probablement suivre le même schéma et s’arrêter également au seuil de 3%, ce qui correspond à la normalité monétaire des années 2000 où l’Occident vivait avec de l’inflation tout en réussissant à maintenir la croissance. Les taux d’intérêt à 0% n’ont été qu’un épisode de politique monétaire anormalement accommodante servant à soutenir les Etats trop endettés qui va prendre fin.

Palestine: Pour Nétanyahou la guerre va durer longtemps

Palestine: Pour Netanyahou la guerre va durer longtemps

La guerre «va se poursuivre pendant de longs mois», déclare Netanyahou
La guerre «va se poursuivre pendant de longs mois, jusqu’à ce que le Hamas soit éliminé et les otages libérés», a déclaré samedi le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Il y a sans doute plusieurs raisons pour estimer que la guerre en Palestine va durer assez longtemps. Il s’agit pour l’essentiel après les tirs d’artillerie d’une guérilla urbaine complexe avec la difficulté de distinguer Israël population civile et armée du Hamas. La seconde raison est la posture politique délicate du premier ministre israélien c’est sans doute qu’il risque d’être poursuivi en justice si tôt après son mandat de premier ministre. La troisième raison est liée à l’absence totale de perspectives de débouchés hormis le slogan de deux états. Un slogan repris de manière un peu paresseuse par l’ensemble de la classe politique internationale qui sait parfaitement qu’on ne peut pour l’instant envisagé d’États économiquement, politiquement et démocratiquement durables. Dernier obstacle et non des moindres Israël refuse un Etat pour les palestiniens dont beaucoup souhaitent la disparition Israël.

«Nous garantissons que Gaza ne sera plus jamais une menace pour Israël», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Tel Aviv, affirmant que «pour remporter une victoire absolue et atteindre tous nos objectifs, il faudra plus de temps».

Le Premier ministre a fait état de «tirs nourris» essuyés par les troupes israéliennes dans la bande de Gaza: «c’est une bataille complexe mais nous avons le dessus; nous avons éliminé plus de 8000 terroristes», a-t-il affirmé. «Nous touchons de hauts responsables, et nous éliminerons aussi les dirigeants du Hamas. Le Hamas sera vaincu». Répondant à une question sur les négociations en cours au Caire, Benjamin Netanyahu a affirmé que «le Hamas avait posé toute une série d’ultimatums que nous avons rejetés». «Nous voyons un changement (mais) je ne veux pas créer d’attente», a-t-il ajouté.

Désordre mondial: ça va durer (François Lenglet)

Désordre mondial: ça va durer (François Lenglet)

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, François Lenglet explique les raisons pour lesquelles le désordre mondial est amené à durer dans La Tribune.

Dans votre dernier ouvrage*, vous décrivez les désordres du monde, en expliquant que cela devrait durer longtemps. Pourquoi ?

FRANÇOIS LENGLET- Les crises politique, géopolitique et inflationniste actuelles ont une seule et même cause. Nous vivons la fin de l’ordre planétaire hérité de la Seconde Guerre mondiale, et plus encore de la Chute du Mur, dominé par les États-Unis. C’est une période de transition, un phénomène récurrent dans l’histoire. Depuis la fin du XVe siècle, les maîtres du monde se succèdent sur des périodes d’environ 80 ans : France, Royaume-Uni… Ils régulent les relations entre pays, structurent la diplomatie et l’économie. Les transitions durent une vingtaine d’années, l’équivalent d’une génération. C’est le temps nécessaire au renouvellement des élites. L’autre scénario, c’est une guerre qui rebat les cartes du pouvoir. On l’a vu en France en 1815, quand la classe dirigeante issue de la Révolution et de l’Empire fut balayée par la défaite, ou en 1945, quand les leaders de la IIIe République ont quitté le champ politique après la Libération.

Les États-Unis et l’Allemagne sont-ils toujours nos meilleurs alliés ? L’un semble obnubilé par la Chine, l’autre par sa démographie…

Le cycle qui s’achève fut celui de l’hyperpuissance américaine, qui a donné lieu à la mondialisation. Celle-ci n’aurait pas pu se produire sans un maître du monde qui a fait disparaître le risque géopolitique, imposé ses normes et sa monnaie. La guerre d’Ukraine sonne la fin de ce cycle. Les opposants comme la Russie se dressent, le commerce devient difficile. La Chine va se fermer et les multinationales vont partir. On en voit chaque jour des signaux. La plupart des entreprises, lucides, s’y préparent. Les États-Unis demeurent toutefois le leader du camp occidental. Sans eux, l’Ukraine serait russe. Contrairement à ce qu’en pense Emmanuel Macron, il n’y a pas de voie indépendante pour l’Europe sans l’Amérique. Nous devons donc mutualiser nos forces avec eux. Constatons que la Pologne, qui aura un jour la première armée du continent, achète du matériel militaire américain. Pour sa part, l’Allemagne est un pays durablement affaibli, qui vit mal cette situation. Elle est pénalisée par sa dépendance au gaz russe et par son choix de sortir du nucléaire, qui l’éloignent de la France.

Selon vous, la Chine ne prendra pas le leadership de la planète car elle n’est pas désirable. Que voulez-vous dire ?

Plusieurs raisons à cela. Le maître du monde s’impose d’autant mieux qu’il fait envie. L’ Amérique a suscité admiration et soumission. C’est le monde libre par excellence, qui fait rêver par sa musique, son entreprenariat, ses champions de l’informatique, etc.

Son soft power est d’une efficacité redoutable. La génération du baby-boom fut américanisée avec l’influence de la culture, de la musique, du mode de vie. Et quand on est persécuté dans un pays, on se dit toujours qu’il sera possible de refaire sa vie aux Etats-Unis. Cette croyance ne fonctionne pas avec la Chine. Ce pays est au bout de sa croissance, il perd 7 millions d’actifs par an à cause de sa démographie déclinante. Et puis, qui veut aller vivre dans une dictature ? La plupart des Chinois riches ont un passeport américain. La réciproque n’est pas vraie. En conséquence, nous entrons dans une période sans maître du monde. Les anciens empires se reconstituent autour d’un leader régional fort. Les confrontations s’aiguisent.

Nous avons appris, avec Montesquieu ou Kant, que le commerce était le meilleur antidote à la guerre. Mais la guerre est revenue. Avons-nous mal commercé ?

Le « doux commerce » est une illusion fréquente. Le commerce crée des dépendances, par exemple pour l’approvisionnement en métaux rares, en médicaments, en biens de consommation courants… Lorsque vous êtes du bon côté, comme la France avec les États-Unis, vous n’en prenez pas conscience tout de suite. Les Américains s’en sont rendu compte et ils ont voté Trump. Le commerce n’altère pas les passions humaines. Il est secondaire par rapport au besoin d’identité, qui s’exacerbe lorsque les frontières sont ouvertes.

Le protectionnisme n’est-il pas toujours nationaliste, donc guerrier ?

Non, je ne le crois pas. Le nationalisme, c’est la guerre, comme le disait François Mitterrand. Pas le protectionnisme. La Suisse vit paisiblement derrière des frontières peu perméables. Le commerce international a certes atténué les inégalités entre pays mais il a accru les inégalités à l’intérieur des pays. Le protectionnisme consiste à prendre soin de sa communauté nationale, y compris des étrangers en situation régulière. Sinon, c’est l’essor du populisme et du nationalisme, qui profitent de la peur. La demande de protection est saine et légitime mais les partis socio-démocrates et libéraux ne s’en sont pas occupé. Roosevelt arrive au pouvoir en 1933 avec un discours social et protectionniste que l’on qualifierait aujourd’hui de populiste. Mais il ramène le pays dans le chemin de la démocratie et il devient le leader du monde libre. Il faut aller chercher les gens là où ils sont.

Les populistes en Europe sont peu « rooseveltiens ». Sont-ils voués à l’emporter, comme au Royaume-Uni ?

Le Brexit était une demande forte or elle a été exécutée par des incompétents, des aventuriers. Richi Sunak est plus malin que ses prédécesseurs. Il va tempérer le Brexit. Au regard de la classe politique anglaise qui s’était engouffrée dans le mensonge, je doute que le populisme ait un avenir. On le voit aussi en Pologne, où la droite radicale a perdu ou en Italie, où Giorgia Meloni a adapté son programme à la réalité. L’avenir, c’est que les partis humanistes traitent le désir de protection des gens. Les Anglais voulaient reprendre leur destin en mains, quoi de plus légitime ? La situation finira par se normaliser car la maison du Royaume-Uni, c’est l’Occident. Et sa place sur la scène internationale est celle d’une grande diplomatie.

Attendez-vous un nouvel ordre mondial ? Ou bien la crise est-elle, comme dit Edgar Morin, un état permanent de nos sociétés ?

Nous sommes dans un monde où chacun entend jouer sa partie. Cela va rester turbulent. Un nouvel ordre verra le jour. Le « Sud Global », autour des puissances chinoise ou indienne, dispose d’un avantage démographique majeur, principal déterminant des forces diplomatiques et militaires. L’Occident devra sans doute changer de stratégie, en forgeant des alliances au gré de ses intérêts plutôt que de s’imposer unilatéralement par la puissance, la domination ou la prédation. Un moment décisif aura lieu à Taïwan où la confrontation entre la Chine et les États-Unis va se dénouer. Les premiers font du retour de l’île dans leur giron un cas ontologique. Les seconds peuvent y perdre leur influence mondiale en matière de sécurité.

Malgré ces constats, vous entrevoyez une vie plus sereine, plus libre et plus épanouie dans le futur. Notamment par la semaine de quatre jours ou les nouvelles technologies.

Oui ! Pendant que les équilibres géopolitiques changent dans la tension, l’innovation schumpétérienne se poursuit, notamment avec l’IA. C’est un réservoir formidable de productivité. Donc de baisse du temps de travail – un processus multiséculaire – ou d’accroissement des richesses. L’innovation nous aidera aussi pour la décarbonation. Je suis donc optimiste. La technologie n’est jamais bonne ou mauvaise en soi, tout dépend de ce que nous en faisons.

* Combien de temps ça va durer, Plon, 2023
Propos recueillis par Nicolas Prissette

Russie : danger de guerre qui va concerner toute l’Europe

Russie : danger de guerre qui va concerner toute l’Europe

« Le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe », estime Nicolas Tenzer enseignant à Sciences-Po, spécialiste des questions internationales et de sécurité, invité ce mardi de franceinfo, alors que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est en visite à Washington mardi 12 décembre pour essayer de convaincre les parlementaires républicains de lui octroyer de nouveaux fonds afin de poursuivre la guerre, après un blocage du Congrès la semaine dernière.

franceinfo : Quel est l’intérêt pour Volodymyr Zelensky d’obtenir cette aide ? Risquent-ils de manquer d’équipement pour faire face à la russie ?

Nicolas Tenzer : Ça manque déjà ! On sait très bien que les Ukrainiens sont à court de munitions parce que la production côté européen et côté américain n’a pas suivi. Très concrètement, ce manque de munitions se traduit par des victimes supplémentaires. On a vu il y a quelques semaines des soldats ukrainiens obligés de se rendre et qui ont été d’ailleurs abattus par les Russes froidement. Mais ils se sont rendus d’abord parce qu’ils n’avaient pas de munitions et ne pas avoir de munitions, cela veut dire de ne pas pouvoir porter l’offensive.

Certains disent que les Ukrainiens n’ont pas choisi la bonne stratégie pendant leur contre-offensive. Mais ce n’est pas ça : la contre-offensive aurait pu réussir si les Ukrainiens avaient eu plus de missiles à longue portée, des avions de chasse, plus de temps, etc. Il n’y a pas un seul pays allié qui se battrait contre un ennemi dans les conditions dans lesquelles se battent les Ukrainiens. Ça, il faut le savoir.

La Russie rencontre-t-elle le même problème ?

La Russie souffre des sanctions. Mais on sait aussi que ces sanctions sont largement contournées : elle bénéficie notamment des drones iraniens. Elle est passée d’une certaine manière à l’économie de guerre, car grâce au contournement des sanctions elle peut avoir un certain nombre de composants pour ses armes.

« De toute manière, Vladimir Poutine ne recule devant aucun sacrifice, fût-il humain. Il peut envoyer ses hommes à l’abattoir pendant longtemps, mais il peut aussi appauvrir encore plus son pays parce qu’il est résolu vraiment à porter cette guerre contre l’Ukraine jusqu’au bout. »

Et ça, les Occidentaux doivent le savoir. Nous sommes quand même très très loin de cette offensive, alors même que le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe.

Et il y a cette nouvelle attention concentrée sur le Proche-Orient, au détriment de la guerre en Ukraine. Est-ce un mauvais signe selon vous ?

Oui, parce que tout simplement, la vraie guerre décisive pour l’Europe et au-delà, y compris pour le Moyen-Orient, c’est la guerre contre la Russie. La Russie est alliée aux pires régimes du Moyen-Orient, est alliée avec le Hamas, avec l’Iran, avec la Syrie d’Assad, qui est le régime le plus criminel du XXIᵉ siècle… Donc je crois que c’est ça la guerre décisive. Parce qu’après, ça veut dire que toutes les autres dictatures, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine aussi sur Taïwan, vont se sentir renforcées, si nous, Européens et Américains, ne montrons pas une détermination sans faille, pas seulement dans le soutien à l’Ukraine, mais véritablement dans la volonté de faire que l’Ukraine gagne et que la Russie perde de manière décisive.

L’inflation va reprendre à cause des attaques Houtils en mer Rouge

L’inflation va reprendre à cause des attaques Houtils en mer Rouge

Instrumentalisée par l’Iran les outils ont installé un climat d’insécurité en mer Rouge en attaquant les bâtiments militaires mais aussi civils. Du coup la plupart des armements ont décidé de faire le tour de l’Afrique. Ce qui va augmenter les délais de transport vers l’Europe d’environ deux semaines. Un surcoût logistique qui va venir gonfler une inflation qui est encore loin d’être maîtrisée.

La mer Rouge est une voie de communication très important par laquelle passe environ 40 % du commerce international.

Notons qu’en même temps l’Iran et les outils punissent l’Égypte des grandes ressources retirées du canal de Suez.

Tension extrême en mer Rouge. Face à la multiplication des attaques des rebelles houthis du Yémen -soutenus par l’Iran-, les compagnies maritimes renoncent les unes après les autres à passer par cette voie stratégique par laquelle transite 40% du commerce international. Et plus précisément celle du détroit de Bab el-Mandeb, qui relie l’océan Indien, via le Golfe d’Aden, à la mer Rouge, mais aussi le Canal de Suez. Ce samedi, au lendemain de la décision Les armateurs de Maersk et d’Hapag-Lloyd , l’armateur français CMA CGM et l’ italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) ont décidé de ne plus emprunter la mer Rouge

« La situation continue de se détériorer et les inquiétudes en matière de sécurité augmentent », affirme CMA CGM pour justifier sa décision.

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Pour rappel, les Houtis ont prévenu qu’ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen et ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Ces dernières semaines, plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français qui patrouillent dans la zone.

Le Royaume-Uni avait annoncé fin novembre l’envoi du navire de guerre HMS Diamond dans le Golfe pour répondre à des « préoccupations croissantes » sur la sécurité des routes commerciales maritimes dans la zone.

Russie et guerre : le danger qui va concerner toute l’Europe

Russie et guerre : le danger qui va concerner toute l’Europe

« Le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe », estime Nicolas Tenzer enseignant à Sciences-Po, spécialiste des questions internationales et de sécurité, invité ce mardi de franceinfo, alors que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est en visite à Washington mardi 12 décembre pour essayer de convaincre les parlementaires républicains de lui octroyer de nouveaux fonds afin de poursuivre la guerre, après un blocage du Congrès la semaine dernière.

franceinfo : Quel est l’intérêt pour Volodymyr Zelensky d’obtenir cette aide ? Risquent-ils de manquer d’équipement pour faire face à la russie ?

Nicolas Tenzer : Ça manque déjà ! On sait très bien que les Ukrainiens sont à court de munitions parce que la production côté européen et côté américain n’a pas suivi. Très concrètement, ce manque de munitions se traduit par des victimes supplémentaires. On a vu il y a quelques semaines des soldats ukrainiens obligés de se rendre et qui ont été d’ailleurs abattus par les Russes froidement. Mais ils se sont rendus d’abord parce qu’ils n’avaient pas de munitions et ne pas avoir de munitions, cela veut dire de ne pas pouvoir porter l’offensive.

Certains disent que les Ukrainiens n’ont pas choisi la bonne stratégie pendant leur contre-offensive. Mais ce n’est pas ça : la contre-offensive aurait pu réussir si les Ukrainiens avaient eu plus de missiles à longue portée, des avions de chasse, plus de temps, etc. Il n’y a pas un seul pays allié qui se battrait contre un ennemi dans les conditions dans lesquelles se battent les Ukrainiens. Ça, il faut le savoir.

La Russie rencontre-t-elle le même problème ?

La Russie souffre des sanctions. Mais on sait aussi que ces sanctions sont largement contournées : elle bénéficie notamment des drones iraniens. Elle est passée d’une certaine manière à l’économie de guerre, car grâce au contournement des sanctions elle peut avoir un certain nombre de composants pour ses armes.

« De toute manière, Vladimir Poutine ne recule devant aucun sacrifice, fût-il humain. Il peut envoyer ses hommes à l’abattoir pendant longtemps, mais il peut aussi appauvrir encore plus son pays parce qu’il est résolu vraiment à porter cette guerre contre l’Ukraine jusqu’au bout. »

Et ça, les Occidentaux doivent le savoir. Nous sommes quand même très très loin de cette offensive, alors même que le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe.

Et il y a cette nouvelle attention concentrée sur le Proche-Orient, au détriment de la guerre en Ukraine. Est-ce un mauvais signe selon vous ?

Oui, parce que tout simplement, la vraie guerre décisive pour l’Europe et au-delà, y compris pour le Moyen-Orient, c’est la guerre contre la Russie. La Russie est alliée aux pires régimes du Moyen-Orient, est alliée avec le Hamas, avec l’Iran, avec la Syrie d’Assad, qui est le régime le plus criminel du XXIᵉ siècle… Donc je crois que c’est ça la guerre décisive. Parce qu’après, ça veut dire que toutes les autres dictatures, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine aussi sur Taïwan, vont se sentir renforcées, si nous, Européens et Américains, ne montrons pas une détermination sans faille, pas seulement dans le soutien à l’Ukraine, mais véritablement dans la volonté de faire que l’Ukraine gagne et que la Russie perde de manière décisive.

Politique- Russie: Le danger qui va concerner toute l’Europe

Politique- Russie: Le danger qui va concerner toute l’Europe

« Le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe », estime Nicolas Tenzer enseignant à Sciences-Po, spécialiste des questions internationales et de sécurité, invité ce mardi de franceinfo, alors que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est en visite à Washington mardi 12 décembre pour essayer de convaincre les parlementaires républicains de lui octroyer de nouveaux fonds afin de poursuivre la guerre, après un blocage du Congrès la semaine dernière.

franceinfo : Quel est l’intérêt pour Volodymyr Zelensky d’obtenir cette aide ? Risquent-ils de manquer d’équipement pour faire face à la russie ?

Nicolas Tenzer : Ça manque déjà ! On sait très bien que les Ukrainiens sont à court de munitions parce que la production côté européen et côté américain n’a pas suivi. Très concrètement, ce manque de munitions se traduit par des victimes supplémentaires. On a vu il y a quelques semaines des soldats ukrainiens obligés de se rendre et qui ont été d’ailleurs abattus par les Russes froidement. Mais ils se sont rendus d’abord parce qu’ils n’avaient pas de munitions et ne pas avoir de munitions, cela veut dire de ne pas pouvoir porter l’offensive.

Certains disent que les Ukrainiens n’ont pas choisi la bonne stratégie pendant leur contre-offensive. Mais ce n’est pas ça : la contre-offensive aurait pu réussir si les Ukrainiens avaient eu plus de missiles à longue portée, des avions de chasse, plus de temps, etc. Il n’y a pas un seul pays allié qui se battrait contre un ennemi dans les conditions dans lesquelles se battent les Ukrainiens. Ça, il faut le savoir.

La Russie rencontre-t-elle le même problème ?

La Russie souffre des sanctions. Mais on sait aussi que ces sanctions sont largement contournées : elle bénéficie notamment des drones iraniens. Elle est passée d’une certaine manière à l’économie de guerre, car grâce au contournement des sanctions elle peut avoir un certain nombre de composants pour ses armes.

« De toute manière, Vladimir Poutine ne recule devant aucun sacrifice, fût-il humain. Il peut envoyer ses hommes à l’abattoir pendant longtemps, mais il peut aussi appauvrir encore plus son pays parce qu’il est résolu vraiment à porter cette guerre contre l’Ukraine jusqu’au bout. »

Et ça, les Occidentaux doivent le savoir. Nous sommes quand même très très loin de cette offensive, alors même que le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe.

Et il y a cette nouvelle attention concentrée sur le Proche-Orient, au détriment de la guerre en Ukraine. Est-ce un mauvais signe selon vous ?

Oui, parce que tout simplement, la vraie guerre décisive pour l’Europe et au-delà, y compris pour le Moyen-Orient, c’est la guerre contre la Russie. La Russie est alliée aux pires régimes du Moyen-Orient, est alliée avec le Hamas, avec l’Iran, avec la Syrie d’Assad, qui est le régime le plus criminel du XXIᵉ siècle… Donc je crois que c’est ça la guerre décisive. Parce qu’après, ça veut dire que toutes les autres dictatures, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine aussi sur Taïwan, vont se sentir renforcées, si nous, Européens et Américains, ne montrons pas une détermination sans faille, pas seulement dans le soutien à l’Ukraine, mais véritablement dans la volonté de faire que l’Ukraine gagne et que la Russie perde de manière décisive.

Le SMIC va enregistrer une augmentation de 15 € par mois, c’est trop !

Le SMIC va enregistrer une augmentation de 15 € par mois, c’est trop !

Environ 1 % d’augmentation par mois à partir du 1er janvier pour les smicards. C’est évidemment beaucoup trop ! c’est en tout cas ce qu’ont considéré les experts du groupe ad hoc qui donnent leur avis au gouvernement. Le risque serait de fragiliser l’emploi des personnes fragiles. Le SMIC bénéficie quelque sorte d’une d’une sorte d’indexation sur l’inflation avec système d’évolution au début de chaque année. Des revalorisations qui peuvent aussi intervenir en cours d’année si inflation dépasse les 2 %.Notons que pour ces personnes l’inflation en 2024 tournera autour de 5 %.

Depuis la flambée des prix de début 21 l’augmentation du SMIC aura été d’un peu plus de 13%. Il faut toutefois noter que les bénéficiaires du SMIC ont souvent des revenus très préemptés par les charges de contrainte type loyer, chauffage, abonnement, assurances, énergie etc.
Du coup, il ne reste en moyenne que 20 % de dépenses ajustables qui sont le plus souvent les dépenses alimentaires.

Pour un temps plein, le Smic net sera de 1.398,69 euros, contre 1.383,08 euros actuellement.
Environ 15 euros nets de plus par mois: c’est le montant attendu de la revalorisation automatique du Smic au 1er janvier, qui prend en compte l’inflation, dont les derniers chiffres ont été publiés vendredi.

Selon un calcul de l’AFP, confirmé par le ministère du Travail, le Smic sera revalorisé de 1,13% au 1er janvier, portant le salaire minimum brut horaire à 11,65 euros, contre 11,52 euros actuellement. Ces chiffres se fondent sur l’inflation en novembre, qui a atteint 3,5% sur un an, selon l’Insee.

Pour un temps plein, le Smic mensuel brut sera ainsi porté à 1766,92 euros, soit une hausse de 19,72 euros par mois. En net, le Smic passera de 1.383,08 euros à 1.398,69 euros, soit une augmentation de 15,61 euros nets par mois.

Défense et Russie: Le danger qui va concerner toute l’Europe

Défense et Russie: Le danger qui va concerner toute l’Europe

« Le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe », estime Nicolas Tenzer enseignant à Sciences-Po, spécialiste des questions internationales et de sécurité, invité ce mardi de franceinfo, alors que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est en visite à Washington mardi 12 décembre pour essayer de convaincre les parlementaires républicains de lui octroyer de nouveaux fonds afin de poursuivre la guerre, après un blocage du Congrès la semaine dernière.

franceinfo : Quel est l’intérêt pour Volodymyr Zelensky d’obtenir cette aide ? Risquent-ils de manquer d’équipement pour faire face à la russie ?

Nicolas Tenzer : Ça manque déjà ! On sait très bien que les Ukrainiens sont à court de munitions parce que la production côté européen et côté américain n’a pas suivi. Très concrètement, ce manque de munitions se traduit par des victimes supplémentaires. On a vu il y a quelques semaines des soldats ukrainiens obligés de se rendre et qui ont été d’ailleurs abattus par les Russes froidement. Mais ils se sont rendus d’abord parce qu’ils n’avaient pas de munitions et ne pas avoir de munitions, cela veut dire de ne pas pouvoir porter l’offensive.

Certains disent que les Ukrainiens n’ont pas choisi la bonne stratégie pendant leur contre-offensive. Mais ce n’est pas ça : la contre-offensive aurait pu réussir si les Ukrainiens avaient eu plus de missiles à longue portée, des avions de chasse, plus de temps, etc. Il n’y a pas un seul pays allié qui se battrait contre un ennemi dans les conditions dans lesquelles se battent les Ukrainiens. Ça, il faut le savoir.

La Russie rencontre-t-elle le même problème ?

La Russie souffre des sanctions. Mais on sait aussi que ces sanctions sont largement contournées : elle bénéficie notamment des drones iraniens. Elle est passée d’une certaine manière à l’économie de guerre, car grâce au contournement des sanctions elle peut avoir un certain nombre de composants pour ses armes.

« De toute manière, Vladimir Poutine ne recule devant aucun sacrifice, fût-il humain. Il peut envoyer ses hommes à l’abattoir pendant longtemps, mais il peut aussi appauvrir encore plus son pays parce qu’il est résolu vraiment à porter cette guerre contre l’Ukraine jusqu’au bout. »

Et ça, les Occidentaux doivent le savoir. Nous sommes quand même très très loin de cette offensive, alors même que le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe.

Et il y a cette nouvelle attention concentrée sur le Proche-Orient, au détriment de la guerre en Ukraine. Est-ce un mauvais signe selon vous ?

Oui, parce que tout simplement, la vraie guerre décisive pour l’Europe et au-delà, y compris pour le Moyen-Orient, c’est la guerre contre la Russie. La Russie est alliée aux pires régimes du Moyen-Orient, est alliée avec le Hamas, avec l’Iran, avec la Syrie d’Assad, qui est le régime le plus criminel du XXIᵉ siècle… Donc je crois que c’est ça la guerre décisive. Parce qu’après, ça veut dire que toutes les autres dictatures, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine aussi sur Taïwan, vont se sentir renforcées, si nous, Européens et Américains, ne montrons pas une détermination sans faille, pas seulement dans le soutien à l’Ukraine, mais véritablement dans la volonté de faire que l’Ukraine gagne et que la Russie perde de manière décisive.

Russie: Le danger qui va concerner toute l’Europe

Russie: Le danger qui va concerner toute l’Europe

« Le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe », estime Nicolas Tenzer enseignant à Sciences-Po, spécialiste des questions internationales et de sécurité, invité ce mardi de franceinfo, alors que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, est en visite à Washington mardi 12 décembre pour essayer de convaincre les parlementaires républicains de lui octroyer de nouveaux fonds afin de poursuivre la guerre, après un blocage du Congrès la semaine dernière.

franceinfo : Quel est l’intérêt pour Volodymyr Zelensky d’obtenir cette aide ? Risquent-ils de manquer d’équipement pour faire face à la russie ?

Nicolas Tenzer : Ça manque déjà ! On sait très bien que les Ukrainiens sont à court de munitions parce que la production côté européen et côté américain n’a pas suivi. Très concrètement, ce manque de munitions se traduit par des victimes supplémentaires. On a vu il y a quelques semaines des soldats ukrainiens obligés de se rendre et qui ont été d’ailleurs abattus par les Russes froidement. Mais ils se sont rendus d’abord parce qu’ils n’avaient pas de munitions et ne pas avoir de munitions, cela veut dire de ne pas pouvoir porter l’offensive.

Certains disent que les Ukrainiens n’ont pas choisi la bonne stratégie pendant leur contre-offensive. Mais ce n’est pas ça : la contre-offensive aurait pu réussir si les Ukrainiens avaient eu plus de missiles à longue portée, des avions de chasse, plus de temps, etc. Il n’y a pas un seul pays allié qui se battrait contre un ennemi dans les conditions dans lesquelles se battent les Ukrainiens. Ça, il faut le savoir.

La Russie rencontre-t-elle le même problème ?

La Russie souffre des sanctions. Mais on sait aussi que ces sanctions sont largement contournées : elle bénéficie notamment des drones iraniens. Elle est passée d’une certaine manière à l’économie de guerre, car grâce au contournement des sanctions elle peut avoir un certain nombre de composants pour ses armes.

« De toute manière, Vladimir Poutine ne recule devant aucun sacrifice, fût-il humain. Il peut envoyer ses hommes à l’abattoir pendant longtemps, mais il peut aussi appauvrir encore plus son pays parce qu’il est résolu vraiment à porter cette guerre contre l’Ukraine jusqu’au bout. »

Et ça, les Occidentaux doivent le savoir. Nous sommes quand même très très loin de cette offensive, alors même que le danger russe est véritablement existentiel pour l’Europe.

Et il y a cette nouvelle attention concentrée sur le Proche-Orient, au détriment de la guerre en Ukraine. Est-ce un mauvais signe selon vous ?

Oui, parce que tout simplement, la vraie guerre décisive pour l’Europe et au-delà, y compris pour le Moyen-Orient, c’est la guerre contre la Russie. La Russie est alliée aux pires régimes du Moyen-Orient, est alliée avec le Hamas, avec l’Iran, avec la Syrie d’Assad, qui est le régime le plus criminel du XXIᵉ siècle… Donc je crois que c’est ça la guerre décisive. Parce qu’après, ça veut dire que toutes les autres dictatures, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine aussi sur Taïwan, vont se sentir renforcées, si nous, Européens et Américains, ne montrons pas une détermination sans faille, pas seulement dans le soutien à l’Ukraine, mais véritablement dans la volonté de faire que l’Ukraine gagne et que la Russie perde de manière décisive.

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