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Recherche: une révolution ou gadget

Recherche: une révolution utopique dans un tel délai

Le président du Collège des sociétés savantes académiques de France, Patrick Lemaire, juge durement la réforme de la recherche présentée le 7 décembre par Emmanuel Macron

Président du Collège des sociétés savantes académiques de France, le biologiste Patrick Lemaire réagit à la « Vision pour l’avenir de la recherche française » présentée jeudi 7 décembre par le président de la République.

Votre collège de sociétés savantes a formulé, dans une tribune au Monde, une proposition de conseil. Que pensez-vous de la formule retenue par Emmanuel Macron ?

Cela n’a simplement aucun rapport. Le fait que ce conseil n’interagisse qu’avec lui, mais pas avec les ministres ou avec quiconque, en fait simplement un gadget. Rien dans l’intervention du président de la République n’avait pour but d’améliorer la prise en compte des connaissances scientifiques par les politiques. C’est resté un angle mort complet de son discours.

Même lorsqu’il a souligné l’importance du grade de docteur, il a insisté sur leur entrée dans les entreprises, pas dans les ministères ou les administrations pour appliquer des politiques inspirées par les sciences. Au vu des incertitudes politiques pour la suite, on se dit que cela aurait pu être le moment d’instituer une autorité indépendante qu’on ne peut faire taire facilement. C’est un peu une occasion ratée.

La création de ce conseil n’était pas au centre de son allocution…

Il a balayé les sujets de manière très large, utilisant à plusieurs reprises le terme « révolution ». Mais penser révolutionner l’organisation de la recherche en dix-huit mois, tout le monde sait que c’est irréaliste. La simplification principale concerne le pilotage stratégique pour des recherches qui, je dirais, amènent à un retour sur investissement, très orientées public-privé. Même l’allusion aux sciences humaines et sociales dénotait une vision très utilitariste .

République : l’égalité une promesse utopique

République : l’égalité une promesse utopique

Michel de Rosen ,  ancien haut fonctionnaire actuellement président de conseils d’administration, dont celui de l’équipementier Faurecia considère que la promesse de la république en matière d’égalité et une promesse utopique. Il est l’auteur de L’égalité, un fantasme français (Tallandier, 2020), essai dans lequel il s’attelle à repenser à la notion d’égalité, valeur fondatrice de la République.(Interview dans l’Opinion)

Pourquoi écrire sur l’égalité ?

J’ai vécu quinze ans aux Etats-Unis avec deux allers-retours mensuels vers l’Europe. J’ai été frappé par un contraste : alors que l’égalité n’était jamais évoquée dans le pays le plus inégalitaire du monde, le sujet était presque obsessionnel en France. Nous sommes le seul pays – avec Haïti ! – dont la devise nationale contient le mot « égalité ». Chez nous, l’égalité est à la fois une belle valeur, une réalité et un fantasme. Contrairement à ce que beaucoup pensent, la France est le pays le plus égalitaire des dix premières économies mondiales, en termes de revenus après redistribution. Les inégalités sont surestimées dans une espèce de fantasme à la française qui fait des différences de revenus le sujet principal. Notre obsession pour l’égalité fabrique une France envieuse dans laquelle chacun regarde l’argent des autres plus qu’il ne se bat pour faire grandir le sien…. La France d’aujourd’hui connaît trois problèmes majeurs : la mobilité sociale insuffisante génère le ressentiment ; l’insuffisance de considération nourrit la colère ; et le chômage constitue une inégalité obscène.

Notre conception de l’égalité est-elle à revoir ?

Répéter le mot égalité sans dire de quoi on parle est, au mieux, une facilité, au pire, une supercherie. C’est un concept ambigu, dans lequel chacun met ce qu’il veut entendre. En schématisant, il en existe deux conceptions : l’égalité des droits et l’égalité des conditions. La première était chère aux révolutionnaires de 1789. La seconde est la marque des révolutionnaires de 1793. Robespierre estimait ainsi qu’il fallait, dans tout revenu, distinguer le superflu du nécessaire : vaste programme ! Les gouvernements de droite comme de gauche ne font pas de grands efforts pour clarifier cette distinction… La conception de l’égalité ne peut être, de nos jours, la même qu’au XIXe siècle. Il y a cent ans, c’était l’égalité du service national et du sacrifice du sang versé. Il y a cinquante ans, l’accès à l’eau courante, à la télévision et au téléphone. Aujourd’hui, l’accès au numérique. Des combats nouveaux apparaissent régulièrement.

Le problème est-il uniquement sémantique ? Les capacités financières actuelles de l’Etat ne sont-elles pas un frein à cette égalité promise ?

Je ne poserai pas le problème en ces termes. La France peut être fière d’avoir mis en place un système redistributif, qui permet à notre société d’être moins inégalitaire que beaucoup de pays. Je crois, en revanche, qu’il est erroné et toxique de laisser croire aux citoyens que l’on va réduire encore plus les inégalités de revenus. Romain Gary écrivait, dans La Promesse de l’aube : « Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais ». Avec l’égalité, la République fait aux Français une promesse qu’elle ne peut tenir. Le monde est profondément inégalitaire. L’honneur de la République est de réduire les inégalités, pas de les éliminer… En France, on a tendance à croire que l’Etat peut et doit résoudre tous les problèmes, avec des grandes réformes et des services publics. Or, la concurrence fait parfois plus pour l’égalité. On l’a vu avec l’arrivée de Free dans le marché des télécoms : l’opérateur a fait exploser le cartel en place et baisser les prix, au bénéfice de millions de Français.

Vous dites que nos libertés créent des inégalités. Liberté et égalité sont-elles forcément irréconciliables ?

Leur combinaison a toujours été difficile ! Le communisme a voulu faire de tous les hommes des êtres égaux en condition et a créé des sociétés liberticides. A l’inverse, si on pousse trop loin le culte de la liberté, c’est la jungle. On a pu croire qu’encourager l’égalité des chances représentait un juste milieu judicieux. Poussée à l’extrême, elle engendre une autre forme de despotisme. En résumé, trop d’inégalité nuit tant à l’économie qu’à la société ; trop d’égalité sape l’énergie entrepreneuriale et étouffe le « bonheur de respirer ». L’égalité est donc une valeur indispensable, mais elle doit être dosée avec discernement. Les inégalités sont à l’origine du dynamisme créatif des sociétés humaines et l’économie en a besoin : trop abondantes, elles déchirent la société ; trop réduites, la société s’asphyxie.

N’est-ce pas être déconnecté du quotidien des 14,8% de la population qui vivent sous le seuil de pauvreté que d’affirmer cela ?

Ne nous trompons pas de débat. Le combat pour l’égalité est essentiel. En termes d’inégalités de revenus, la France en a déjà fait beaucoup. Il faut éviter la voie mortifère du « toujours plus ». Depuis François Hollande, qui s’était vanté d’avoir « sauvé » deux millions de contributeurs modestes de l’impôt sur le revenu, seuls quatre Français sur dix le paient. Choix funeste ! Notre salut ne peut être dans le modèle qui opposerait deux France : celle qui paie l’impôt et celle qui ne le paie pas. L’impôt est un élément clef de l’unité nationale. Alors oui, la lutte contre la pauvreté doit rester une priorité en France. Mais il faut aussi renforcer la mobilité sociale. Si la « France d’en bas » croit que ce sont toujours les mêmes qui sont « là-haut », et qu’en bas, on n’a aucune chance de progresser, l’incompréhension, la frustration, la colère, la rage, la révolte sont inévitables…. Et, j’insiste, il faut mettre fin au chômage.

Que préconisez-vous ?

Il faut remédier au chômage structurel. Il est possible d’atteindre le plein-emploi, d’autres pays ont su le faire, notamment l’Allemagne. Il faut bander les efforts de tout le pays dans ce sens. Il est indispensable de mieux marier le monde de l’éducation et celui de l’entreprise avec l’apprentissage et les formations en alternance…. Les Français ne doivent pas, ne peuvent pas attendre de l’Etat qu’il « règle » seul le sujet de l’égalité en France. La société civile peut faire beaucoup : les Français aisés peuvent et doivent donner plus. Alors que les Américains font don de 2% de leur PNB, les Français n’atteignent que 0,32%. Il y a une marge de progression ! Certains pensent que la vie des pauvres sera améliorée s’il y a moins de riches : je suis persuadé du contraire. S’il y a plus de riches en France, il peut y avoir moins de pauvres…. Les citoyens doivent s’emparer de ce grand sujet et redéfinir l’égalité à la française du XXIe siècle.

Vous ouvrez d’ailleurs le débat, à la fin du livre, en définissant une liste de dix droits et devoirs…

Il y a trois principes simples : d’abord, trop de droits tuent les droits. Ensuite, une société avec des droits et sans devoirs sombre dans l’anarchie et la décadence. Enfin, les droits et devoirs doivent être exprimés avec clarté et précision. Des exemples ? Il n’y a pas un droit à la santé, mais un droit aux soins… Il n’y a pas non plus un droit à l’enfant, plutôt un devoir de s’occuper de son enfant… Au risque de choquer, je ne crois pas qu’il devrait exister un droit au logement, mais une politique du logement visant à favoriser l’accès de tous à un logement, possédé ou loué… Dans la liste des devoirs que je propose, j’inclus celui de parler français : comment connaître et respecter la loi si on ne parle pas français ? J’inclus aussi le devoir de voter, qui ne peut pas être qu’un droit…. Bien sûr, je ne prétends pas que les listes de droits et devoirs que je propose sont les bonnes. Je demande seulement que ce débat soit ouvert et conduit, et qu’il reçoive l’attention qu’il mérite. Après tout, il ne s’agit de rien de moins que les fondements de notre République !

Les périodes de reconstruction suivant les guerres ont permis d’homogénéiser le peuple français. Quelle pourrait être l’issue de la Covid-19 en matière d’égalité ?

En France, quand il y a un problème, on se tourne vers l’Etat. Force est de reconnaître qu’en 2020, face à ce terrible virus, l’Etat avait et a encore un rôle capital à jouer pour gérer la crise. La question est, en revanche, ouverte pour les dix ou vingt années qui viennent. Quel poids donner à l’Etat ? Quel poids donner aux autres acteurs : le territoire, les entreprises, la société civile, les citoyens ? Si le choix est fait d’un nouveau renforcement du rôle de l’Etat et de l’administration, je suis persuadé que l’impact en serait gravement négatif pour la croissance, l’emploi et l’égalité. A contrario, si la France et les Français osent faire le choix de plus d’air, de liberté et de responsabilité, la croissance économique en serait renforcée, le chômage diminué et les inégalités affaiblies.

 

Projet de Revenu universel : utopique et dangereux

  • Revenu universel : utopique et dangereux
  • Alors que Manuel Valls, l’extrême gauche comme les ultralibéraux militent en faveur du revenu universel, nombre d’experts   mettent les pieds dans le plat pour démontrer le caractère utopique, irresponsable et antisocial d’une telle mesure. L’argumentation est simple : la redistribution de l’ensemble des coûts de la protection sociale actuelle se traduirait par une allocation de 700 € par mois par Français. Un seuil bien insuffisant pour couvrir tous les risques de manière individuelle (maladie, chômage, retraites etc.) Surtout pour les plus défavorisés qui auraient bien du mal à assurer et gérer leurs propres protections. Ce serait aussi une remise en cause de la solidarité qui suppose des péréquations et des redistributions différentes en fonction des risques subis par les individus. Curieusement cette proposition est soutenue chez les ultra libéraux et à l’extrême gauche de Nathalie Kosciusko-Morizet (LR) à Benoît Hamon (PS) et Marie-Noëlle Lienemann(PS), en passant par l’écologiste, Yannick Jadot , aussi Manuel Valls.  À droite, pour les plus libéraux, il s’agit surtout d’une simplification de la protection sociale, qui permet de faire des économies administratives et de laisser les individus faire leurs propres choix. À gauche, on perçoit le revenu de base comme étant émancipateur, capable d’éradiquer la pauvreté et de laisser le choix de travailler ou pas. Mais les Français y sont pour l’heure majoritairement hostiles, selon un récent sondage Odoxa réalisé pour BFM Business, Challenges et Aviva assurances. Ainsi, 59% estiment que ce ne serait pas une «bonne» mesure, 62% qu’elle ne serait pas «juste» et 67% pas «réaliste». Pour 64% des personnes interrogées, le revenu universel à vie «créerait une société d’assistés». Et 62% jugent que cette mesure éventuelle aurait un coût «exorbitant» pour la société un coût de 300 à 500 milliards selon les seuils retenus.



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