Manouchian au Panthéon : une grande émotion
Une grande émotion partagée par la plupart des Français lors de l’entrée des Manouchian au Panthéon. Une cérémonie d’une grande dignité faire honneur à ses héros étrangers morts pour la France. Une émotion évidemment aussi partagée par le chanteur Chatterton qui a interprété »L’Affiche Rouge » écrite par Louis Aragon et mise en musique par Léo Ferré, lors de l’hommage à Missak Manouchian et son épouse, Mélinée Manouchian.Une vidéo de cette cérémonie mériterait évidemment d’être diffusée dans toutes les écoles de France.
Interview sur Franceinfo:
Vous avez ému tout l’auditoire avec cette reprise. Est-ce que vous aviez vous aussi le sentiment de vivre un moment d’Histoire ?
Arthur Teboul : Sur le moment on n’y pense pas forcément, mais lorsqu’on s’avance et qu’on a en face de nous les cercueils de Missak et Mélinée [Manouchian], on sent qu’il se passe quelque chose de particulier. Depuis hier, l’émotion ne retombe pas de notre côté. Quand on est artiste, musicien, on sait que ce sont des moments rares qui arrivent peut-être une fois dans une vie. Lorsqu’on devient passeur d’une émotion qui vit en nous depuis longtemps, lorsqu’on s’efface derrière les mots du poète, derrière la mélodie, pour devenir le message, c’est ça qui nous bouleverse.
On imagine votre fierté, mais y avait-il aussi de l’angoisse à l’idée de chanter cette chanson, à ce moment-là, et à cet endroit-là ?
C’était assez paradoxal : l’enjeu était plus grand que d’habitude mais la confiance qu’on a en cette chanson, qu’on interprète souvent en concert, nous donnait l’impression d’être dans une bulle. On avait probablement moins le trac que d’habitude parce qu’on savait que cette chanson nous porterait, mais on a essayé de ne pas se laisser submerger par la grandeur de l’instant.
Vous avez eu le temps d’observer ce qu’il y avait autour de vous ?
Oui, c’est ce qui a rendu ce moment encore plus intense, les mots résonnaient de façon décuplée. Je voyais en face de moi les deux cercueils, de Missak et Mélinée recouverts par des drapeaux français que le vent faisait onduler. Sur ma gauche j’apercevais les portraits de leurs compagnons de la FTP-MOI [Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée], les visages « noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants », comme dit dans la chanson. Quand je chante ces mots, face à ces héros, tout prend une ampleur nouvelle. Et puis j’ajoute cette petite anecdote plus intime : avec les gars du groupe, on est trois sur cinq à s’être rencontrés dans un lycée proche du Panthéon, on allait souvent dans les cafés à côté. Alors se retrouver en haut de ces marches sans l’avoir imaginé… parfois la vie nous pousse à vivre des moments magiques comme celui-là.