La Convention citoyenne: nouvelle forme de démocratie ? une escroquerie !
Hélène Landemore, professeure de sciences politiques dans une tribune au Monde non seulement tresse des lauriers à la fameuse convention citoyenne sur le climat dont pratiquement personne ne parle mais en plus fantasme en imaginant qu’il pourrait s’agir là d’une nouvelle forme de démocratie non seulement en France mais pour toute la planète! Il faudrait sans doute en rire si ce n’était pas ridicule. Le pire, c’est que l’intéressée reconnaît qu’il est bien trop tôt pour parler du contenu et des propositions de cette convention, elle n’en dit pas un mot . Et pour cause, rien de significatif n’est encore sorti ; ce qui n’est guère étonnant compte tenu de la complexité du sujet et des enjeux qui ne sauraient être traités en quelques semaines par des citoyens ignorants de la problématique. La Convention citoyenne est évidemment une manipulation démocratique voulue par le président afin une nouvelle fois de s’affranchir des organisations intermédiaires qui sur le sujet travaillent depuis des dizaines d’années et ont forcément acquis compétences et expériences. La lecture de cette tribune vaut quand même le détour pour la légèreté et l’inconsistance de son argumentaire. Une preuve supplémentaire que les sciences politiques sont souvent du bla-bla, en plus parfois très partisan.
« La Convention Citoyenne sur le climat vient de terminer sa cinquième session, avec seulement deux rencontres supplémentaires avant de devoir rendre ses propositions au gouvernement début avril. Cette convention, qui rassemble 150 citoyens français tirés au sort depuis octobre 2019, réfléchit à la meilleure manière de réduire de 40 % (par rapport à leur niveau de 1990) les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici à 2030, le tout dans un esprit de justice sociale. S’il est encore trop tôt pour parler du contenu et de l’avenir de ces propositions, on peut poser d’autres questions : qu’a accompli cette convention jusqu’à présent et que représente-t-elle, plus largement, dans ce moment de crise de la démocratie que nous traversons ?
La première chose à dire, c’est que cette Convention citoyenne a déjà accompli une tâche historique. Elle fonctionne bien – dans son organisation logistique comme dans ses délibérations – et elle est visible, faisant l’objet d’une couverture médiatique importante en France et, de plus en plus, à l’étranger. Elle fait ainsi la démonstration empirique, symboliquement importante, qu’impliquer des citoyens ordinaires sur des enjeux politiques complexes au niveau national est possible, même dans un pays aussi grand et multiculturel que la France.
Jusqu’ici, les assemblées et processus délibératifs ayant bénéficié d’une visibilité similaire avaient été mis en place au niveau infranational (par exemple, en Colombie-Britannique et dans l’Ontario, au Canada), ou dans des pays considérés comme trop petits ou trop homogènes (l’Islande, l’Irlande) pour que leur exemple puisse être généralisé. Le « grand débat national » lui-même, que cette assemblée vient en un sens compléter, n’avait permis de vraies délibérations qu’au niveau local (notamment dans les 21 assemblées régionales tirées au sort).
Cette convention marque donc une avancée importante pour la démocratie délibérative, à savoir l’ensemble des théories et pratiques qui placent au cœur de la légitimité démocratique l’échange raisonné entre citoyens libres et égaux. La convention citoyenne française est, à cet égard, un jalon sur le plan international. Elle a déjà suscité des ambitions accrues au Royaume-Uni, où a démarré, le 25 janvier, une assemblée citoyenne sur le climat (« UK citizen’s climate assembly »), et en Espagne, qui vient d’annoncer la tenue d’une convention sur le modèle français. Elle va sans doute, aussi, donner plus d’audace à ceux qui aimeraient passer à des échelles supérieures sur les enjeux climatiques ou autres, par exemple ceux de l’Union européenne et, pourquoi pas, de la planète. »