Archive pour le Tag 'un'

Page 5 sur 288

Politique-L’IVG dans la Constitution ? Surtout un objectif politique

Politique-L’IVG dans la Constitution ? Surtout un objectif politique

Et soudain, le retour du droit à l’avortement dans la Constitution française. Emmanuel Macron ou l’art du contre-pied. Au milieu des guerres, en Ukraine et en Israël, qui déchirent le monde, de la crise inflationniste et économique qui monte et inquiète les Français, le chef de l’État change de terrain. Retour aux réformes sociétales. Le bilan de son premier mandat fut maigre, seule la PMA pour toutes fut accordée. Dans son second et dernier mandat consécutif, le président de la République entend laisser son empreinte en concrétisant deux engagements personnels : la constitutionnalisation du droit à l’IVG et la loi sur la fin de vie. Deux sujets qui font consensus, ou presque, dans la société. 81 % des Français, selon une étude Ifop, sont favorables à l’inscription de l’IVG dans la Constitution et 77 % la jugent utile. À vrai dire, l’accès libre à l’avortement n’est plus remis en question en France. Aucun des candidats à la dernière présidentielle ne le questionne.

par Bruno Jeudy Directeur De La Rédaction de la Tribune

Pas même Marine Le Pen, rompant là encore avec l’extrême droite traditionnelle de son père. Alors pourquoi ce projet de loi du gouvernement, fruit d’un compromis entre les propositions déjà votées, l’une par l’Assemblée nationale et l’autre par le Sénat ? Emmanuel Macron veut reprendre la main et ne pas la laisser aux Insoumis qui mènent la bataille au Palais-Bourbon. Surtout, le président préfère la voie de la ratification par les deux chambres réunies en Congrès – d’où un projet de loi gouvernemental – plutôt qu’une proposition parlementaire qui conduirait inévitablement à un référendum.

Sage décision. Non pas que le référendum soit risqué, mais il offrirait de la visibilité à la frange conservatrice et intégriste du pays. Un demi-siècle après le vote de la loi Veil, la France n’a pas besoin d’un tel débat. En revanche, dans un monde où l’IVG est menacée, sa constitutionnalisation ne bouleverserait pas la France mais serait l’occasion de montrer l’exemple à l’international. Particulièrement en Europe, où l’IVG recule en Pologne, en Roumanie, en Croatie, en Slovaquie, jusqu’en Italie et en Bavière. En manque d’influence sur la scène diplomatique, Emmanuel Macron se saisit des droits des femmes pour replacer la France à l’avant-garde du monde.

Social- Bangladesh: Un salaire de misère d’environ 100 euros pour 70 heures de travail par semaine

Social- Bangladesh: Un salaire de misère d’environ 100 euros pour 70 heures de travail par semaine

Le Bangladesh va devenir progressivement l’usine du monde du textile. Un développement exponentiel lié à la faiblesse des coûts salariaux. En effet un salarié gagne à peine 100 € pour de l’ordre de 70 heures de travail. Les ouvriers du textile demandent au moins le doublement voire le triplement de cette rémunération.

Près de 250 usines de confection ont fermé après de violentes manifestations. Des dizaines d’entre elles auraient été saccagées et vandalisées.

Deuxième exportateur mondial de vêtement derrière la Chine, le Bangladesh compte 3 500 usines et 4 millions de travailleurs. Fournisseurs de grandes entreprises occidentales, comme Gap, H&M ou Levi Strauss, ces usines exportent une grande partie de leur production vers l’Europe et les États-Unis.

En 2019, plus de 75 % des exportations de vêtements étaient destinées à ces régions. Le secteur de l’habillement représente 85 % des 55 milliards de ses ventes à l’étranger. Plusieurs marques, dont Adidas, Hugo Boss ou encore Puma, ont écrit le mois dernier à la première ministre, Sheikh Hasina, lui enjoignant d’augmenter les salaires conformément à la législation qui prévoit une hausse tous les cinq ans. Certaines entreprises pâtissent déjà de commandes bloquées à cause des grèves.

La colère des ouvriers a explosé après que la puissante association des fabricants et exportateurs de vêtements (BGMEA), représentant les propriétaires d’usines, a proposé une augmentation des rémunérations de seulement 25 %. Les usines sont régulièrement critiquées pour leur dangerosité, en atteste l’effondrement du Rana Plaza, en 2013, qui a coûté la vie à 1 100 personnes. Au-delà des incendies et des effondrements de bâtiments qui sont des menaces constantes, de nombreux travailleurs sont exposés à des risques chimiques nocifs et sans protection adéquate, décrient les syndicats.

Japon: Un plan de relance de plus de 100 milliards

Japon: Un plan de relance de plus de 100 milliards

La croissance au Japon est également assez faiblarde et les perspectives ne sont guère encourageantes. En cause, notamment une consommation assez atone et des exportations qui flanchent à cause de la Chine. C’est pourquoi Le premier ministre Fumio Kishida annonce un nouveau plan massif de relance pour soutenir La consommation est l’économie.

Il faut s’attendre à un net ralentissement de la croissance japonaise au cours des prochains trimestres, à commencer par le T3 (+0,1% t/t) et le T4 (+0,3% t/t). En moyenne annuelle, la croissance devrait s’établir à 2,0% en 2023 grâce aux acquis de croissance favorables enregistrés au premier semestre.

Les pénuries de main d’œuvre sur le marché du travail japonais et les difficultés de recrutement des entreprises (notables dans l’enquête du Tankan), ne suffisent pas à alimenter une croissance des salaires suffisante pour soutenir la consommation. Les salaires nominaux enregistraient une progression de 1,1% a/a au mois de juillet après des hausses supérieures à 2% aux mois de mai et juin (ministère du Travail), soit un rythme inférieur à l’inflation ; les salaires réels n’ont, par conséquent, pas connu de croissance positive en glissement annuel depuis début 2022. L’appel répété de Kazuo Ueda, le gouverneur de la Banque du Japon, pour que les entreprises accordent des hausses de salaires plus importantes est surtout un cheval de bataille pour Fumio Kishida. Le Premier ministre japonaisA donc annoncé un nouveau plan de soutien à l’économie

Un plan de relance d’un montant de 17.000 milliards de yens (106 milliards d’euros).

«Les hausses de salaires ne suivent pas celles des prix», a-t-il déploré lors d’une conférence de presse. Juste diagnostic: le salarié nippon constate l’envol des étiquettes tandis que sa feuille de paie, elle, augmente trop peu. En août (dernier chiffre connu), l’indice des prix à la consommation a grimpé de 2,8% mais le prix des denrées hors produits frais a bondi de 8,8%. Les médias regorgent désormais d’histoires de jeunes Japonais désargentés partis avec bonheur chercher des rémunérations convenables aux États-Unis, en Australie ou en Corée du Sud.

Une politique en tout cas qui va à l’encontre de ce qui se pratique dans nombre d’autres pays développés qui choisissent contraires la rigueur budgétaire et la fin du quoi qu’il en coûte pour réduire à la fois les déficits et l’inflation.

Un ambassadeur iranien à la tête du conseil des droits de l’homme !

Un ambassadeur iranien à la tête du conseil des droits de l’homme !

Déjà depuis plusieurs années, certains organismes internationaux qui veulent rééquilibrer les rapports de force ouvrent la porte à des représentants plus que douteux. Ainsi par exemple,la présidence de l’ambassadeur Ali Bahreini à la tête du forum social du Conseil des droits de l’homme (HCDH) les 2 et 3 novembre prochains à Genève .

Le Conseil des droits de l’homme est chargé de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde entier et d’examiner les situations de violation des droits de l’homme et de formuler des recommandations à leur sujet. Et il sera présidé par un ambassadeur officiel de l’Iran. De quoi sourire évidemment si le sujet n’était pas aussi dramatique quand on connaît la répression qui régule les libertés dans le pays des mollahs.

Faut-il rappeler par exemple qu’une jeune iranienne est décédée sous les coups des cerbères islamistes pour avoir mal porté le foulard. Une journaliste qui la défendait a écopé de sept ans de prison.

La présence de l’ambassadeur iranien Ali Bahreini à la tête du forum social du Conseil des droits de l’homme (HCDH) soulève doncun torrent d’indignation à travers le globe, à juste raison. Cette conférence, organisée à Genève les 2 et 3 novembre, porte le sceau d’une ironie

Ainsi pendant deux jours , le représentant d’un régime oppresseur qui traque les femmes non voilées, enlève, torture et supprime les plus récalcitrants au nom de « la promotion de la vertu et la répression du vice », modère les débats sur les conséquences à long terme de la pandémie de Covid-19, l’apport de la science, de la technologie et de l’innovation à la promotion des droits de l’homme. Avec une exquise courtoisie persane, sous les ors du Palais des nations et dans le décor feutré de la cité Suisse.

Étoiles de David : un couple moldave en situation irrégulière notamment responsable

Étoiles de David : un couple moldave en situation irrégulière notamment responsable


Deux auteurs, un couple Moldave en situation irrégulière, ont été interpellés le 27 octobre pour avoir dessiné 15 étoiles à l’aide de pochoir dans le 10e arrondissent de Paris.

Dans le 10e arrondissement de Paris, dans la nuit du 26 au 27 octobre vers 2h du matin, un riverain, Jean, a aperçu depuis sa fenêtre un couple, un homme et une femme, dessiner des étoiles de David sur les murs. Quinze au total, taguées au pochoir et à l’encre bleue.

Le riverain dit avoir trouvé « ça vraiment honteux, lâche et intolérable ».

Ayant « halluciné », il a pris son téléphone pour prendre « quelques clichés », puis « entre temps » appeler la police du 10e arrondissement de Paris « qui est intervenue très rapidement, 5 minutes après ».

Après l’appel de cet homme, la police a arrêté ce couple moldave. En situation irrégulière, ils ont été placés dans un centre de rétention administrative afin d’être reconduits dans leur pays, d’après des informations communiquées par une source proche du dossier à BFMTV. Le couple était inconnu de la justice et a assuré avoir commis cette infraction sur la commande d’un tiers.

Ils ont été placés en rétention administrative pour ces tags, une dégradation aggravée ar le fait qu’elle a été commise en raison de l’origine ou de la religion. Mais la procédure judiciaire a fait l’objet d’un classement en raison de leur expulsion du territoire.

D’autres ont été retrouvées sur des bâtiments n’ayant aucun lien avec la religion, notamment à Paris. D’après une source proche de l’enquête, un autre couple, non identifié à ce stade, est recherché. Le parquet de Seine-Saint-Denis a ouvert 2 enquêtes.

BFMTV

L’IVG dans la Constitution ? Surtout un objectif politique

L’IVG dans la Constitution ? Surtout un objectif politique

Et soudain, le retour du droit à l’avortement dans la Constitution française. Emmanuel Macron ou l’art du contre-pied. Au milieu des guerres, en Ukraine et en Israël, qui déchirent le monde, de la crise inflationniste et économique qui monte et inquiète les Français, le chef de l’État change de terrain. Retour aux réformes sociétales. Le bilan de son premier mandat fut maigre, seule la PMA pour toutes fut accordée. Dans son second et dernier mandat consécutif, le président de la République entend laisser son empreinte en concrétisant deux engagements personnels : la constitutionnalisation du droit à l’IVG et la loi sur la fin de vie. Deux sujets qui font consensus, ou presque, dans la société. 81 % des Français, selon une étude Ifop, sont favorables à l’inscription de l’IVG dans la Constitution et 77 % la jugent utile. À vrai dire, l’accès libre à l’avortement n’est plus remis en question en France. Aucun des candidats à la dernière présidentielle ne le questionne.

par Bruno Jeudy Directeur De La Rédaction de la Tribune

Pas même Marine Le Pen, rompant là encore avec l’extrême droite traditionnelle de son père. Alors pourquoi ce projet de loi du gouvernement, fruit d’un compromis entre les propositions déjà votées, l’une par l’Assemblée nationale et l’autre par le Sénat ? Emmanuel Macron veut reprendre la main et ne pas la laisser aux Insoumis qui mènent la bataille au Palais-Bourbon. Surtout, le président préfère la voie de la ratification par les deux chambres réunies en Congrès – d’où un projet de loi gouvernemental – plutôt qu’une proposition parlementaire qui conduirait inévitablement à un référendum.

Sage décision. Non pas que le référendum soit risqué, mais il offrirait de la visibilité à la frange conservatrice et intégriste du pays. Un demi-siècle après le vote de la loi Veil, la France n’a pas besoin d’un tel débat. En revanche, dans un monde où l’IVG est menacée, sa constitutionnalisation ne bouleverserait pas la France mais serait l’occasion de montrer l’exemple à l’international. Particulièrement en Europe, où l’IVG recule en Pologne, en Roumanie, en Croatie, en Slovaquie, jusqu’en Italie et en Bavière. En manque d’influence sur la scène diplomatique, Emmanuel Macron se saisit des droits des femmes pour replacer la France à l’avant-garde du monde.

Un magnat du pétrole pour présider la COP28

Un magnat du pétrole pour présider la COP28

Le sultan Ahmed al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis, dirigera la conférence des Nations unies sur le climat COP28. En décembre 2023, les négociateurs des pays du monde entier se réuniront aux Émirats arabes unis pour le prochain cycle de négociations internationales sur le climat. Alors que ces négociations sont considérées comme essentielles pour obtenir les accords mondiaux nécessaires pour éviter d’atteindre un changement climatique dangereux, la confiance dans le sommet, connu sous le nom de COP28, est au plus bas. L’une des raisons tient à la personne qui est aux commandes. Les Émirats arabes unis ont mis le feu aux poudres en janvier 2023 en annonçant que le sultan Ahmed al Jaber, PDG de l’entreprise publique Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), serait le président désigné du sommet sur le climat, ce qui lui donnerait un large contrôle sur l’ordre du jour de la réunion. Des hommes politiques américains et européens ont exigé la démission de M. al-Jaber. L’ancien vice-président américain Al Gore a affirmé que les intérêts des industries fossiles avaient « capturé le processus des Nations unies à un degré inquiétant, allant jusqu’à nommer le PDG de l’une des plus grandes compagnies pétrolières du monde à la présidence de la COP28 ».

Par Par Ibrahim Ozdemir, Professor of Philosophy, Uskudar University; Visiting Professor, Clark University

Les inquiétudes quant à l’obstruction des politiques proclimat par les industries fossiles sont tout à fait légitimes, à mon avis. Il existe de nombreuses preuves que les plus grandes industries fossiles savaient déjà depuis des décennies que leurs produits provoqueraient le changement climatique, et qu’elles ont délibérément tenté de nier les sciences du climat et de s’opposer à l’évolution des politiques climatiques.

Cependant, je pense que les appels à boycotter la COP28 et à bannir le choix de la région pour la diriger sapent la crédibilité des négociations des Nations unies et négligent le potentiel du programme de la COP28.

J’ai été conseiller du Programme des Nations unies pour l’environnement et je suis spécialiste de l’éthique environnementale. Mes propres préoccupations sur cette question m’ont amené à faire équipe avec six collègues du Sud pour mener une analyse comparative détaillée des objectifs et du comportement des cinq dernières présidences de la COP sur le climat.

Nous avons conclu, à notre grande surprise, que le programme politique promu par la présidence des Émirats arabes unis à la COP28 pourrait largement contribuer à accélérer la transition vers la sortie des énergies fossiles. Nous avons également constaté que de nombreuses critiques formulées à l’encontre de la présidence des Émirats arabes unis étaient infondées.
Tout d’abord, il est utile de comprendre comment les présidents des COP sont choisis.

Le choix du pays qui accueille le sommet de la COP est géré par un processus des Nations unies qui fait l’objet d’une alternance démocratique entre six régions. Les pays de chaque région se consultent pour savoir qui représentera leur région, et ce pays fait une proposition, qui est évaluée et finalisée par le secrétariat qui gère la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Pour la COP28, la région Asie-Pacifique, qui se compose d’un ensemble diversifié de pays en développement, a choisi les Émirats arabes unis et Ahmed al Jaber.

Pour certains pays du Sud, la perspective d’une élimination progressive des énergies fossiles – demandée par de nombreux groupes militants et pays à l’approche de la COP28 – semble non seulement décourageante, mais aussi une menace pour le développement économique.

Sur les dizaines de pays producteurs de pétrole dans le monde, environ la moitié sont des pays en développement à revenu intermédiaire dont les économies sont très vulnérables face à la volatilité des prix du pétrole et du gaz. Des études ont suggéré qu’une élimination rapide des énergies fossiles pourrait entraîner des milliers de milliards de dollars de pertes dues aux investissements dans les infrastructures des pays producteurs de pétrole, s’ils n’y sont pas préparés.

En même temps, de nombreux États du Sud sont confrontés aux conséquences démesurées du changement climatique, qu’il s’agisse de phénomènes météorologiques extrêmes ou de l’élévation du niveau de la mer qui peuvent menacer l’existence même de leurs communautés.

Ahmed Al Jaber a qualifié l’élimination progressive des combustibles fossiles d’« inévitable » et d’« essentielle », mais il a aussi déclaré que le système énergétique et les pays du Sud n’étaient pas prêts pour une élimination rapide du fossile tant que les énergies renouvelables n’augmenteront pas, et que le sommet devrait se concentrer sur l’adaptation. Ce point de vue, bien que soutenu par certains pays du Sud, a suscité de vives critiques.

La présidence de la COP28 par Ahmed Al-Jaber a été décrite par certains comme une tentative des Émirats arabes unis de « verdir » les plans d’expansion pétrolière et gazière d’Adnoc, l’une des plus grandes compagnies pétrolières au monde.

Bien que je sois sensible à cette préoccupation, mes collègues et moi-même l’avons trouvée beaucoup trop simpliste. Al-Jaber a passé l’essentiel de sa carrière dans le secteur des énergies renouvelables. En 2006, il a fondé et dirigé la société d’État des Émirats arabes unis spécialisée dans les énergies renouvelables, Masdar, qu’il a aidée à devenir le plus grand opérateur d’énergies renouvelables en Afrique.

Il a été nommé PDG de l’Adnoc en 2016, dans le cadre du lancement officiel par les Émirats arabes unis d’une stratégie nationale pour l’après-pétrole. L’année précédente, le prince héritier Mohammed bin Zayed avait prononcé un discours déclarant que les Émirats arabes unis célébreraient « le dernier baril de pétrole » d’ici le milieu du siècle.

L’Adnoc a été fortement critiquée pour avoir prévu d’investir 150 milliards de dollars dans l’expansion de ses capacités pétrolières et gazières au cours de cette décennie. Je partage ces inquiétudes. Pour rester dans les limites de 1,5 °C de réchauffement climatique adoptées dans le cadre de l’accord de Paris, le monde pourrait devoir cesser les nouveaux investissements dans les combustibles fossiles, comme l’a préconisé l’Agence internationale de l’énergie, et aussi déclasser quelque 40 % des réserves de combustibles fossiles déjà exploitées.

Cependant, je pense également qu’il faut replacer cette question dans un contexte mondial lorsque l’on discute de la présidence de la COP28 : des plans de croissance des énergies fossiles bien plus importants que ceux des Émirats arabes unis sont menés par les États-Unis, le Canada, la Russie, l’Iran, la Chine et le Brésil. La majeure partie du financement des énergies fossiles dans le monde provient de banques des États-Unis, du Canada et du Japon. Et depuis 2015, les banques européennes ont versé un montant colossal de 1,3 billion de dollars dans les combustibles fossiles, dont 130 milliards de dollars pour la seule année 2022.

Dans notre évaluation, nous avons constaté que les Émirats arabes unis font déjà preuve d’un leadership qui va au-delà des présidences précédentes de la COP.

Notre rapport a révélé que la valeur totale des projets d’énergie renouvelable prévus par les Émirats arabes unis avec divers partenaires au cours de la décennie s’élève à plus de 300 milliards de dollars. Selon notre analyse, ce montant est considérablement plus élevé que les investissements dans les énergies propres mobilisés par les présidences précédentes de la COP.

Le programme de la COP28 que les Émirats arabes unis promeuvent offre également une voie prometteuse pour accélérer la transition vers l’abandon des énergies fossiles.

Il prévoit de tripler la capacité des énergies renouvelables au cours des sept prochaines années, en réduisant encore les coûts pour concurrencer rapidement les combustibles fossiles, potentiellement au cours des 20 prochaines années.

Il demande également aux pays d’accepter de cesser la production d’énergies fossiles lorsque les émissions de CO2 ne sont pas capturées d’ici au milieu du siècle, ce qui pourrait accélérer le développement de la capture, de l’utilisation et du stockage du CO2 à des fins commerciales.

Enfin, la restructuration du financement de la lutte contre le changement climatique pour le rendre moins coûteux et réduire le fardeau de la dette, comme le propose la présidence des Émirats arabes unis, pourrait débloquer les milliers de milliards de dollars dont le monde en développement a désespérément besoin pour soutenir ses transitions énergétiques tout en s’industrialisant. Étant donné que le manque de financement est le principal obstacle à la transition énergétique dans les pays en développement, il est essentiel que la COP28 se concentre sur ce point.

Certes, le fait qu’un PDG du secteur pétrolier dirige un sommet sur le climat est inquiétant pour tous ceux qui prônent une réduction progressive et rapide des combustibles fossiles, et il reste à voir dans quelle mesure les Émirats arabes unis sont attachés à ces politiques. Mais mes coauteurs et moi-même avons conclu que si le sommet de la COP28 parvient à conclure des accords historiques sur les questions susmentionnées, il s’agira d’une avancée significative dans l’accélération d’une transition juste vers l’abandon des énergies fossiles. Mais aussi d’une amélioration considérable par rapport à ce qui a été proposé lors des précédents sommets de la COP.

______
Par Ibrahim Ozdemir, Professor of Philosophy, Uskudar University; Visiting Professor, Clark University

Un accord de paix indispensable pour le numéro 2 du Fatah

Un accord de paix indispensable pour le numéro 2 du Fatah

Alors que l’heure est à la haine et à tous les excès qu’elle peut engendrer, certains au Fatah continuent de militer pour un accord de paix avec Israël. Mahmoud Aloul, le numéro 2 du Fatah se montre toujours en faveur d’une discussion et d’un accord avec Israël.

Une attitude courageuse quand la tendance est partout notamment chez les jeunes à l’affrontement, aux violences et à la haine. Depuis que la guerre a éclaté entre le Hamas et Israël, l’Autorité palestinienne qui contrôle administrativement la Cisjordanie occupée est relativement silencieuse. Avant le 7 octobre, le Fatah était en perte de vitesse et si des élections se tenaient aujourd’hui, le Hamas l’emporterait. L’Autorité palestinienne et ses dirigeants cherchent depuis longtemps un accord de paix avec Israël en échange d’un État palestinien.

Pour le numéro 2 du Fatah, les multiples provocations du gouvernement israélien d’ultradroite continuent de faire peser une pression sur le peuple palestinien. Mahmoud Aloul n’en perd pas pour autant l’objectif principal de son parti.

Israéliens et Palestiniens ne se sont pas assis ensemble autour d’une même table depuis 2014. « Nous croyons aux négociations avec Israël, déclare Mahmoud Aloul »

Aux jeunes Palestiniens qui seraient tentés de rejoindre les rangs du Hamas, Mahmoud Aloul répond qu’ »il n’y a pas d’autre solution que de parvenir à un accord de paix ». Une perspective qui semble aujourd’hui plus que jamais éloignée.

Un désordre mondial appelé à durer (François Lenglet)

Un désordre mondial appelé à durer (François Lenglet)

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, François Lenglet explique les raisons pour lesquelles le désordre mondial est amené à durer dans La Tribune.

Dans votre dernier ouvrage*, vous décrivez les désordres du monde, en expliquant que cela devrait durer longtemps. Pourquoi ?

FRANÇOIS LENGLET- Les crises politique, géopolitique et inflationniste actuelles ont une seule et même cause. Nous vivons la fin de l’ordre planétaire hérité de la Seconde Guerre mondiale, et plus encore de la Chute du Mur, dominé par les États-Unis. C’est une période de transition, un phénomène récurrent dans l’histoire. Depuis la fin du XVe siècle, les maîtres du monde se succèdent sur des périodes d’environ 80 ans : France, Royaume-Uni… Ils régulent les relations entre pays, structurent la diplomatie et l’économie. Les transitions durent une vingtaine d’années, l’équivalent d’une génération. C’est le temps nécessaire au renouvellement des élites. L’autre scénario, c’est une guerre qui rebat les cartes du pouvoir. On l’a vu en France en 1815, quand la classe dirigeante issue de la Révolution et de l’Empire fut balayée par la défaite, ou en 1945, quand les leaders de la IIIe République ont quitté le champ politique après la Libération.

Les États-Unis et l’Allemagne sont-ils toujours nos meilleurs alliés ? L’un semble obnubilé par la Chine, l’autre par sa démographie…

Le cycle qui s’achève fut celui de l’hyperpuissance américaine, qui a donné lieu à la mondialisation. Celle-ci n’aurait pas pu se produire sans un maître du monde qui a fait disparaître le risque géopolitique, imposé ses normes et sa monnaie. La guerre d’Ukraine sonne la fin de ce cycle. Les opposants comme la Russie se dressent, le commerce devient difficile. La Chine va se fermer et les multinationales vont partir. On en voit chaque jour des signaux. La plupart des entreprises, lucides, s’y préparent. Les États-Unis demeurent toutefois le leader du camp occidental. Sans eux, l’Ukraine serait russe. Contrairement à ce qu’en pense Emmanuel Macron, il n’y a pas de voie indépendante pour l’Europe sans l’Amérique. Nous devons donc mutualiser nos forces avec eux. Constatons que la Pologne, qui aura un jour la première armée du continent, achète du matériel militaire américain. Pour sa part, l’Allemagne est un pays durablement affaibli, qui vit mal cette situation. Elle est pénalisée par sa dépendance au gaz russe et par son choix de sortir du nucléaire, qui l’éloignent de la France.

Selon vous, la Chine ne prendra pas le leadership de la planète car elle n’est pas désirable. Que voulez-vous dire ?

Plusieurs raisons à cela. Le maître du monde s’impose d’autant mieux qu’il fait envie. L’ Amérique a suscité admiration et soumission. C’est le monde libre par excellence, qui fait rêver par sa musique, son entreprenariat, ses champions de l’informatique, etc.

Son soft power est d’une efficacité redoutable. La génération du baby-boom fut américanisée avec l’influence de la culture, de la musique, du mode de vie. Et quand on est persécuté dans un pays, on se dit toujours qu’il sera possible de refaire sa vie aux Etats-Unis. Cette croyance ne fonctionne pas avec la Chine. Ce pays est au bout de sa croissance, il perd 7 millions d’actifs par an à cause de sa démographie déclinante. Et puis, qui veut aller vivre dans une dictature ? La plupart des Chinois riches ont un passeport américain. La réciproque n’est pas vraie. En conséquence, nous entrons dans une période sans maître du monde. Les anciens empires se reconstituent autour d’un leader régional fort. Les confrontations s’aiguisent.

Nous avons appris, avec Montesquieu ou Kant, que le commerce était le meilleur antidote à la guerre. Mais la guerre est revenue. Avons-nous mal commercé ?

Le « doux commerce » est une illusion fréquente. Le commerce crée des dépendances, par exemple pour l’approvisionnement en métaux rares, en médicaments, en biens de consommation courants… Lorsque vous êtes du bon côté, comme la France avec les États-Unis, vous n’en prenez pas conscience tout de suite. Les Américains s’en sont rendu compte et ils ont voté Trump. Le commerce n’altère pas les passions humaines. Il est secondaire par rapport au besoin d’identité, qui s’exacerbe lorsque les frontières sont ouvertes.

Le protectionnisme n’est-il pas toujours nationaliste, donc guerrier ?

Non, je ne le crois pas. Le nationalisme, c’est la guerre, comme le disait François Mitterrand. Pas le protectionnisme. La Suisse vit paisiblement derrière des frontières peu perméables. Le commerce international a certes atténué les inégalités entre pays mais il a accru les inégalités à l’intérieur des pays. Le protectionnisme consiste à prendre soin de sa communauté nationale, y compris des étrangers en situation régulière. Sinon, c’est l’essor du populisme et du nationalisme, qui profitent de la peur. La demande de protection est saine et légitime mais les partis socio-démocrates et libéraux ne s’en sont pas occupé. Roosevelt arrive au pouvoir en 1933 avec un discours social et protectionniste que l’on qualifierait aujourd’hui de populiste. Mais il ramène le pays dans le chemin de la démocratie et il devient le leader du monde libre. Il faut aller chercher les gens là où ils sont.

Les populistes en Europe sont peu « rooseveltiens ». Sont-ils voués à l’emporter, comme au Royaume-Uni ?

Le Brexit était une demande forte or elle a été exécutée par des incompétents, des aventuriers. Richi Sunak est plus malin que ses prédécesseurs. Il va tempérer le Brexit. Au regard de la classe politique anglaise qui s’était engouffrée dans le mensonge, je doute que le populisme ait un avenir. On le voit aussi en Pologne, où la droite radicale a perdu ou en Italie, où Giorgia Meloni a adapté son programme à la réalité. L’avenir, c’est que les partis humanistes traitent le désir de protection des gens. Les Anglais voulaient reprendre leur destin en mains, quoi de plus légitime ? La situation finira par se normaliser car la maison du Royaume-Uni, c’est l’Occident. Et sa place sur la scène internationale est celle d’une grande diplomatie.

Attendez-vous un nouvel ordre mondial ? Ou bien la crise est-elle, comme dit Edgar Morin, un état permanent de nos sociétés ?

Nous sommes dans un monde où chacun entend jouer sa partie. Cela va rester turbulent. Un nouvel ordre verra le jour. Le « Sud Global », autour des puissances chinoise ou indienne, dispose d’un avantage démographique majeur, principal déterminant des forces diplomatiques et militaires. L’Occident devra sans doute changer de stratégie, en forgeant des alliances au gré de ses intérêts plutôt que de s’imposer unilatéralement par la puissance, la domination ou la prédation. Un moment décisif aura lieu à Taïwan où la confrontation entre la Chine et les États-Unis va se dénouer. Les premiers font du retour de l’île dans leur giron un cas ontologique. Les seconds peuvent y perdre leur influence mondiale en matière de sécurité.

Malgré ces constats, vous entrevoyez une vie plus sereine, plus libre et plus épanouie dans le futur. Notamment par la semaine de quatre jours ou les nouvelles technologies.

Oui ! Pendant que les équilibres géopolitiques changent dans la tension, l’innovation schumpétérienne se poursuit, notamment avec l’IA. C’est un réservoir formidable de productivité. Donc de baisse du temps de travail – un processus multiséculaire – ou d’accroissement des richesses. L’innovation nous aidera aussi pour la décarbonation. Je suis donc optimiste. La technologie n’est jamais bonne ou mauvaise en soi, tout dépend de ce que nous en faisons.

* Combien de temps ça va durer, Plon, 2023
Propos recueillis par Nicolas Prissette

Pour un livret A industrialisation durable

Pour un livret A industrialisation durable


Il faut arrêter cette hypocrisie qui consiste à penser que la totalité des fonds recueillis sur le livret sont destinés à financer le logement. La collecte par les banques est aussi utilisée pour financer des objectifs qui n’ont rien à voir avec l’immobilier et cela grâce à l’opacité des conditions de collecte. En effet le bâtiment accuse actuellement un recul d’au moins 30 %. Les sommes recueillies ne vont donc pas–surtout aujourd’hui–en totalité au logement.
D’où l’opportunité de créer un livret A pour une industrialisation durable qui manque cruellement de moyens financiers.

Trois députés – Thomas Gassilloud (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) – ont à nouveau déposé un amendement qui propose d’assigner « l’épargne des Livrets A et de développement durable et solidaire aux entreprises, notamment petites et moyennes sur les technologies de défense. Mais le problème se pose pour l’ensemble de l’industrie.

Pour des questions constitutionnelles plus ou moins artificielles, la proposition déjà déposée précédemment avait été rejetée par le gouvernement car considérée comme irrecevable vis-à-vis de la constitution.

Le problème du financement de l’industrie dépasse celui du seul secteur de la défense. Par ailleurs se pose la question de l’utilisation effective des livrets d’épargne réglementée. Or sur cette question,, c’est le grand flou. Théoriquement l’essentiel des livrets d’épargne devrait être laissé vers le logement. Dans la pratique, c’est loin d’être le cas compte tenu de l’opacité sur ce sujet des banques qui collectent une grande partie des ressources

Par ailleurs, les travaux du rapporteur spécial des programmes 144 et 146 pour ce projet de loi de finances ont démontré que, depuis 2008, les banques contournent l’obligation qui est la leur de rendre public annuellement un rapport présentant l’emploi des ressources collectées au titre de ces deux livrets et non centralisées, en faisant figurer dans ce rapport l’ensemble de leurs fonds investis, et pas seulement les ressources collectées dans les livrets réglementés.

L’amendement propose donc « de préciser, clairement, que cette obligation faite aux établissements bancaires ne concerne que ces ressources collectées au titre des livrets, et pas les autres ».

Il serait temps et même urgent de créer un livret d’épargne a dessiné à l’industrie durable dans le cadre de la réindustrialisation du pays.

Réindustrialisation : pour un livret A industrie durable

Réindustrialisation : pour un livret A industrie durable

Trois députés – Thomas Gassilloud (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) – ont à nouveau déposé un amendement qui propose d’assigner « l’épargne des Livrets A et de développement durable et solidaire aux entreprises, notamment petites et moyennes sur les technologies de défense. Mais le problème se pose pour l’ensemble de l’industrie

Pour des questions constitutionnelles plus ou moins artificielles, la proposition déjà déposée précédemment avait été rejetée par le gouvernement car considérée comme irrecevable vis-à-vis de la constitution.

Le problème du financement de l’industrie dépasse celui du seul secteur de la défense. Par ailleurs se pose la question de l’utilisation effective des livrets d’épargne réglementée. Or sur cette question,, c’est le grand flou. Théoriquement l’essentiel des livrets d’épargne devrait être laissé vers le logement. Dans la pratique, c’est loin d’être le cas compte tenu de l’opacité sur ce sujet des banques qui collectent une grande partie des ressources

Par ailleurs, les travaux du rapporteur spécial des programmes 144 et 146 pour ce projet de loi de finances ont démontré que, depuis 2008, les banques contournent l’obligation qui est la leur de rendre public annuellement un rapport présentant l’emploi des ressources collectées au titre de ces deux livrets et non centralisées, en faisant figurer dans ce rapport l’ensemble de leurs fonds investis, et pas seulement les ressources collectées dans les livrets réglementés.

L’amendement propose donc « de préciser, clairement, que cette obligation faite aux établissements bancaires ne concerne que ces ressources collectées au titre des livrets, et pas les autres ».

Il serait temps et même urgent de créer un livret d’épargne a dessiné à l’industrie durable dans le cadre de la réindustrialisation du pays.

Société- Un désordre mondial appelé à durer (François Lenglet)

Société- Un désordre mondial appelé à durer (François Lenglet)

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, François Lenglet explique les raisons pour lesquelles le désordre mondial est amené à durer dans La Tribune.

Dans votre dernier ouvrage*, vous décrivez les désordres du monde, en expliquant que cela devrait durer longtemps. Pourquoi ?

FRANÇOIS LENGLET- Les crises politique, géopolitique et inflationniste actuelles ont une seule et même cause. Nous vivons la fin de l’ordre planétaire hérité de la Seconde Guerre mondiale, et plus encore de la Chute du Mur, dominé par les États-Unis. C’est une période de transition, un phénomène récurrent dans l’histoire. Depuis la fin du XVe siècle, les maîtres du monde se succèdent sur des périodes d’environ 80 ans : France, Royaume-Uni… Ils régulent les relations entre pays, structurent la diplomatie et l’économie. Les transitions durent une vingtaine d’années, l’équivalent d’une génération. C’est le temps nécessaire au renouvellement des élites. L’autre scénario, c’est une guerre qui rebat les cartes du pouvoir. On l’a vu en France en 1815, quand la classe dirigeante issue de la Révolution et de l’Empire fut balayée par la défaite, ou en 1945, quand les leaders de la IIIe République ont quitté le champ politique après la Libération.

Les États-Unis et l’Allemagne sont-ils toujours nos meilleurs alliés ? L’un semble obnubilé par la Chine, l’autre par sa démographie…

Le cycle qui s’achève fut celui de l’hyperpuissance américaine, qui a donné lieu à la mondialisation. Celle-ci n’aurait pas pu se produire sans un maître du monde qui a fait disparaître le risque géopolitique, imposé ses normes et sa monnaie. La guerre d’Ukraine sonne la fin de ce cycle. Les opposants comme la Russie se dressent, le commerce devient difficile. La Chine va se fermer et les multinationales vont partir. On en voit chaque jour des signaux. La plupart des entreprises, lucides, s’y préparent. Les États-Unis demeurent toutefois le leader du camp occidental. Sans eux, l’Ukraine serait russe. Contrairement à ce qu’en pense Emmanuel Macron, il n’y a pas de voie indépendante pour l’Europe sans l’Amérique. Nous devons donc mutualiser nos forces avec eux. Constatons que la Pologne, qui aura un jour la première armée du continent, achète du matériel militaire américain. Pour sa part, l’Allemagne est un pays durablement affaibli, qui vit mal cette situation. Elle est pénalisée par sa dépendance au gaz russe et par son choix de sortir du nucléaire, qui l’éloignent de la France.

Selon vous, la Chine ne prendra pas le leadership de la planète car elle n’est pas désirable. Que voulez-vous dire ?

Plusieurs raisons à cela. Le maître du monde s’impose d’autant mieux qu’il fait envie. L’ Amérique a suscité admiration et soumission. C’est le monde libre par excellence, qui fait rêver par sa musique, son entreprenariat, ses champions de l’informatique, etc.

Son soft power est d’une efficacité redoutable. La génération du baby-boom fut américanisée avec l’influence de la culture, de la musique, du mode de vie. Et quand on est persécuté dans un pays, on se dit toujours qu’il sera possible de refaire sa vie aux Etats-Unis. Cette croyance ne fonctionne pas avec la Chine. Ce pays est au bout de sa croissance, il perd 7 millions d’actifs par an à cause de sa démographie déclinante. Et puis, qui veut aller vivre dans une dictature ? La plupart des Chinois riches ont un passeport américain. La réciproque n’est pas vraie. En conséquence, nous entrons dans une période sans maître du monde. Les anciens empires se reconstituent autour d’un leader régional fort. Les confrontations s’aiguisent.

Nous avons appris, avec Montesquieu ou Kant, que le commerce était le meilleur antidote à la guerre. Mais la guerre est revenue. Avons-nous mal commercé ?

Le « doux commerce » est une illusion fréquente. Le commerce crée des dépendances, par exemple pour l’approvisionnement en métaux rares, en médicaments, en biens de consommation courants… Lorsque vous êtes du bon côté, comme la France avec les États-Unis, vous n’en prenez pas conscience tout de suite. Les Américains s’en sont rendu compte et ils ont voté Trump. Le commerce n’altère pas les passions humaines. Il est secondaire par rapport au besoin d’identité, qui s’exacerbe lorsque les frontières sont ouvertes.

Le protectionnisme n’est-il pas toujours nationaliste, donc guerrier ?

Non, je ne le crois pas. Le nationalisme, c’est la guerre, comme le disait François Mitterrand. Pas le protectionnisme. La Suisse vit paisiblement derrière des frontières peu perméables. Le commerce international a certes atténué les inégalités entre pays mais il a accru les inégalités à l’intérieur des pays. Le protectionnisme consiste à prendre soin de sa communauté nationale, y compris des étrangers en situation régulière. Sinon, c’est l’essor du populisme et du nationalisme, qui profitent de la peur. La demande de protection est saine et légitime mais les partis socio-démocrates et libéraux ne s’en sont pas occupé. Roosevelt arrive au pouvoir en 1933 avec un discours social et protectionniste que l’on qualifierait aujourd’hui de populiste. Mais il ramène le pays dans le chemin de la démocratie et il devient le leader du monde libre. Il faut aller chercher les gens là où ils sont.

Les populistes en Europe sont peu « rooseveltiens ». Sont-ils voués à l’emporter, comme au Royaume-Uni ?

Le Brexit était une demande forte or elle a été exécutée par des incompétents, des aventuriers. Richi Sunak est plus malin que ses prédécesseurs. Il va tempérer le Brexit. Au regard de la classe politique anglaise qui s’était engouffrée dans le mensonge, je doute que le populisme ait un avenir. On le voit aussi en Pologne, où la droite radicale a perdu ou en Italie, où Giorgia Meloni a adapté son programme à la réalité. L’avenir, c’est que les partis humanistes traitent le désir de protection des gens. Les Anglais voulaient reprendre leur destin en mains, quoi de plus légitime ? La situation finira par se normaliser car la maison du Royaume-Uni, c’est l’Occident. Et sa place sur la scène internationale est celle d’une grande diplomatie.

Attendez-vous un nouvel ordre mondial ? Ou bien la crise est-elle, comme dit Edgar Morin, un état permanent de nos sociétés ?

Nous sommes dans un monde où chacun entend jouer sa partie. Cela va rester turbulent. Un nouvel ordre verra le jour. Le « Sud Global », autour des puissances chinoise ou indienne, dispose d’un avantage démographique majeur, principal déterminant des forces diplomatiques et militaires. L’Occident devra sans doute changer de stratégie, en forgeant des alliances au gré de ses intérêts plutôt que de s’imposer unilatéralement par la puissance, la domination ou la prédation. Un moment décisif aura lieu à Taïwan où la confrontation entre la Chine et les États-Unis va se dénouer. Les premiers font du retour de l’île dans leur giron un cas ontologique. Les seconds peuvent y perdre leur influence mondiale en matière de sécurité.

Malgré ces constats, vous entrevoyez une vie plus sereine, plus libre et plus épanouie dans le futur. Notamment par la semaine de quatre jours ou les nouvelles technologies.

Oui ! Pendant que les équilibres géopolitiques changent dans la tension, l’innovation schumpétérienne se poursuit, notamment avec l’IA. C’est un réservoir formidable de productivité. Donc de baisse du temps de travail – un processus multiséculaire – ou d’accroissement des richesses. L’innovation nous aidera aussi pour la décarbonation. Je suis donc optimiste. La technologie n’est jamais bonne ou mauvaise en soi, tout dépend de ce que nous en faisons.

* Combien de temps ça va durer, Plon, 2023
Propos recueillis par Nicolas Prissette

Prix du pétrole : un doublement du prix avec un conflit au Moyen-Orient ?

Prix du pétrole : un doublement du prix avec un conflit au Moyen-Orient ?

Pour l’instant, il faut surtout noter que la guerre entre Israël et le Hamas n’a pas eu d’influence très néfaste sur les prix du pétrole. On ne peut cependant éviter de faire un scénario noir avec l’extension du conflit à tout le moyen Orient voir même au-delà.

La seule extension dans le champ géographique du Moyen-Orient aurait des conséquences graves car nombres de pays concernés sont aussi producteurs de pétrole.

L’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït, de l’Irak ou encore de l’Iran, qui exporte encore 3 à 4 millions de barils par jour malgré les sanctions américaines. Ces nations pourraient décider de limiter leur production ou, dans le cas de Téhéran, être contraint de le faire.

Dans le pire des scénarios, le brut pourrait augmenter de 80 à 100 %.

Les hausses pourraient découler des limitations de production volontaire des pays producteurs en soutien aux palestiniens. Elle pourrait venir de l’implication de ses pays producteurs comme acteurs mêmes de la guerre. Enfin la guerre en agrandissant son territoire au plan international pourrait menacer les conditions d’acheminement du pétrole.

Pour les médias, il paraît assez 20 de faire des prévisions possibles sur l’évolution des cours. Ce qui est certain c’est une forte augmentation des prix contribuerait à assommer un peu plus une croissance déjà très faiblarde pour 2024 et au-delà.

Parmi les aspects positifs cependant, un environnement guerrier étendu pourrait créer un choc pour accélérer de manière beaucoup plus significative le recours à toutes les autres énergies.

Un désordre mondial appelé à durer (François Lenglet)

Un désordre mondial appelé à durer (François Lenglet)

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, François Lenglet explique les raisons pour lesquelles le désordre mondial est amené à durer dans La Tribune.

Dans votre dernier ouvrage*, vous décrivez les désordres du monde, en expliquant que cela devrait durer longtemps. Pourquoi ?

FRANÇOIS LENGLET- Les crises politique, géopolitique et inflationniste actuelles ont une seule et même cause. Nous vivons la fin de l’ordre planétaire hérité de la Seconde Guerre mondiale, et plus encore de la Chute du Mur, dominé par les États-Unis. C’est une période de transition, un phénomène récurrent dans l’histoire. Depuis la fin du XVe siècle, les maîtres du monde se succèdent sur des périodes d’environ 80 ans : France, Royaume-Uni… Ils régulent les relations entre pays, structurent la diplomatie et l’économie. Les transitions durent une vingtaine d’années, l’équivalent d’une génération. C’est le temps nécessaire au renouvellement des élites. L’autre scénario, c’est une guerre qui rebat les cartes du pouvoir. On l’a vu en France en 1815, quand la classe dirigeante issue de la Révolution et de l’Empire fut balayée par la défaite, ou en 1945, quand les leaders de la IIIe République ont quitté le champ politique après la Libération.

Les États-Unis et l’Allemagne sont-ils toujours nos meilleurs alliés ? L’un semble obnubilé par la Chine, l’autre par sa démographie…

Le cycle qui s’achève fut celui de l’hyperpuissance américaine, qui a donné lieu à la mondialisation. Celle-ci n’aurait pas pu se produire sans un maître du monde qui a fait disparaître le risque géopolitique, imposé ses normes et sa monnaie. La guerre d’Ukraine sonne la fin de ce cycle. Les opposants comme la Russie se dressent, le commerce devient difficile. La Chine va se fermer et les multinationales vont partir. On en voit chaque jour des signaux. La plupart des entreprises, lucides, s’y préparent. Les États-Unis demeurent toutefois le leader du camp occidental. Sans eux, l’Ukraine serait russe. Contrairement à ce qu’en pense Emmanuel Macron, il n’y a pas de voie indépendante pour l’Europe sans l’Amérique. Nous devons donc mutualiser nos forces avec eux. Constatons que la Pologne, qui aura un jour la première armée du continent, achète du matériel militaire américain. Pour sa part, l’Allemagne est un pays durablement affaibli, qui vit mal cette situation. Elle est pénalisée par sa dépendance au gaz russe et par son choix de sortir du nucléaire, qui l’éloignent de la France.

Selon vous, la Chine ne prendra pas le leadership de la planète car elle n’est pas désirable. Que voulez-vous dire ?

Plusieurs raisons à cela. Le maître du monde s’impose d’autant mieux qu’il fait envie. L’ Amérique a suscité admiration et soumission. C’est le monde libre par excellence, qui fait rêver par sa musique, son entreprenariat, ses champions de l’informatique, etc.

Son soft power est d’une efficacité redoutable. La génération du baby-boom fut américanisée avec l’influence de la culture, de la musique, du mode de vie. Et quand on est persécuté dans un pays, on se dit toujours qu’il sera possible de refaire sa vie aux Etats-Unis. Cette croyance ne fonctionne pas avec la Chine. Ce pays est au bout de sa croissance, il perd 7 millions d’actifs par an à cause de sa démographie déclinante. Et puis, qui veut aller vivre dans une dictature ? La plupart des Chinois riches ont un passeport américain. La réciproque n’est pas vraie. En conséquence, nous entrons dans une période sans maître du monde. Les anciens empires se reconstituent autour d’un leader régional fort. Les confrontations s’aiguisent.

Nous avons appris, avec Montesquieu ou Kant, que le commerce était le meilleur antidote à la guerre. Mais la guerre est revenue. Avons-nous mal commercé ?

Le « doux commerce » est une illusion fréquente. Le commerce crée des dépendances, par exemple pour l’approvisionnement en métaux rares, en médicaments, en biens de consommation courants… Lorsque vous êtes du bon côté, comme la France avec les États-Unis, vous n’en prenez pas conscience tout de suite. Les Américains s’en sont rendu compte et ils ont voté Trump. Le commerce n’altère pas les passions humaines. Il est secondaire par rapport au besoin d’identité, qui s’exacerbe lorsque les frontières sont ouvertes.

Le protectionnisme n’est-il pas toujours nationaliste, donc guerrier ?

Non, je ne le crois pas. Le nationalisme, c’est la guerre, comme le disait François Mitterrand. Pas le protectionnisme. La Suisse vit paisiblement derrière des frontières peu perméables. Le commerce international a certes atténué les inégalités entre pays mais il a accru les inégalités à l’intérieur des pays. Le protectionnisme consiste à prendre soin de sa communauté nationale, y compris des étrangers en situation régulière. Sinon, c’est l’essor du populisme et du nationalisme, qui profitent de la peur. La demande de protection est saine et légitime mais les partis socio-démocrates et libéraux ne s’en sont pas occupé. Roosevelt arrive au pouvoir en 1933 avec un discours social et protectionniste que l’on qualifierait aujourd’hui de populiste. Mais il ramène le pays dans le chemin de la démocratie et il devient le leader du monde libre. Il faut aller chercher les gens là où ils sont.

Les populistes en Europe sont peu « rooseveltiens ». Sont-ils voués à l’emporter, comme au Royaume-Uni ?

Le Brexit était une demande forte or elle a été exécutée par des incompétents, des aventuriers. Richi Sunak est plus malin que ses prédécesseurs. Il va tempérer le Brexit. Au regard de la classe politique anglaise qui s’était engouffrée dans le mensonge, je doute que le populisme ait un avenir. On le voit aussi en Pologne, où la droite radicale a perdu ou en Italie, où Giorgia Meloni a adapté son programme à la réalité. L’avenir, c’est que les partis humanistes traitent le désir de protection des gens. Les Anglais voulaient reprendre leur destin en mains, quoi de plus légitime ? La situation finira par se normaliser car la maison du Royaume-Uni, c’est l’Occident. Et sa place sur la scène internationale est celle d’une grande diplomatie.

Attendez-vous un nouvel ordre mondial ? Ou bien la crise est-elle, comme dit Edgar Morin, un état permanent de nos sociétés ?

Nous sommes dans un monde où chacun entend jouer sa partie. Cela va rester turbulent. Un nouvel ordre verra le jour. Le « Sud Global », autour des puissances chinoise ou indienne, dispose d’un avantage démographique majeur, principal déterminant des forces diplomatiques et militaires. L’Occident devra sans doute changer de stratégie, en forgeant des alliances au gré de ses intérêts plutôt que de s’imposer unilatéralement par la puissance, la domination ou la prédation. Un moment décisif aura lieu à Taïwan où la confrontation entre la Chine et les États-Unis va se dénouer. Les premiers font du retour de l’île dans leur giron un cas ontologique. Les seconds peuvent y perdre leur influence mondiale en matière de sécurité.

Malgré ces constats, vous entrevoyez une vie plus sereine, plus libre et plus épanouie dans le futur. Notamment par la semaine de quatre jours ou les nouvelles technologies.

Oui ! Pendant que les équilibres géopolitiques changent dans la tension, l’innovation schumpétérienne se poursuit, notamment avec l’IA. C’est un réservoir formidable de productivité. Donc de baisse du temps de travail – un processus multiséculaire – ou d’accroissement des richesses. L’innovation nous aidera aussi pour la décarbonation. Je suis donc optimiste. La technologie n’est jamais bonne ou mauvaise en soi, tout dépend de ce que nous en faisons.

* Combien de temps ça va durer, Plon, 2023
Propos recueillis par Nicolas Prissette

Sport-Coupe du monde de rugby : un arbitrage trop défaillant

Sport-Coupe du monde de rugby : un arbitrage trop défaillant

La plupart des matchs entre grandes nations du rugby ont suscité de sérieuses critiques en matière d’arbitrage. En fait, les décisions de l’arbitre ont souvent été décisives pour désigner le vainqueur comte tenu des scores très étriqués.

Même lors de la finale entre l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande on a enregistré le même phénomène de rôle central de l’arbitre concernant le score.

La France elle-même avait été victime d’un arbitrage très discutable.

En cause, sans doute des règles du rugby devenues très complexes pour les joueurs mais aussi pour les arbitres sans parler des spectateurs. Il y aurait sans doute lieu de simplifier la doctrine arbitrale afin aussi que le jeu soit beaucoup moins haché qu’actuellement. Les règles concernant le placage et les rucks sont particulièrement difficiles à être respectées.

Le rugby a vocation à se développer au plan mondial y compris chez les femmes car il est trop circonscrit à quelques Nations majeures aujourd’hui mais cela suppose aussi des règles compréhensibles et applicables.

Il faudra encore professionnaliser bien davantage et perfectionner l’arbitrage. Les joueurs ont profondément évolué depuis 10 ou 20 ans avec des physiques hors normes et une vitesse d’exécution surprenante en dépit du poids des joueurs. Bref, les joueurs se sont considérablement transformés comme le jeu lui-même. Mais l’arbitrage tatillon et surtout approximatif n’a pas suffisamment évolué.

1...34567...288



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol