Nouveau virus SRAS : un cas en France
Un premier cas d’infection respiratoire aiguë par le nouveau virus proche du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) a été confirmé en France sur une personne ayant séjourné dans la péninsule arabique, dix ans après la pandémie de SRAS qui avait suscité la panique dans le monde. « Un cas d’infection respiratoire aiguë liée au nouveau coronavirus (NCoV) vient d’être signalé à l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) par le Centre national de référence (CNR) de l’Institut Pasteur qui a procédé aux analyses virologiques », a annoncé mercredi le ministère de la Santé. « C’est le premier et seul cas confirmé en France à ce jour », a ajouté le ministère, en précisant qu’il concernait « une personne de retour d’un séjour aux Emirats arabes unis » et qu’ »une enquête épidémiologique approfondie » avait été lancée. L’homme, âgé de 65 ans, qui était hospitalisé en réanimation à Douai (Nord), devait être transféré mercredi en fin de journée à Lille, également dans un service de réanimation, a déclaré le Dr Patrick Goldstein, chef du service du Samu référent de la zone de défense Nord des urgences Mais son transfert a finalement été reporté, car le patient devait subir une intervention au bloc opératoire à Douai. Les médecins devaient lui installer une membrane alvéolo-capillaire artificielle pour suppléer ses fonctions pulmonaires et faciliter l’oxygénation des tissus et des organes, a-t-on appris mercredi soir auprès de M. Goldstein et de l’agence régionale de santé (ARS) Nord/Pas-de-Calais. Le malade avait été hospitalisé le 23 avril à Valenciennes (Nord), puis transféré à Douai le 29 avril. Il avait séjourné à Dubaï (Emirats arabes unis) du 9 au 17 avril. Avant son hospitalisation, il était suivi à l’hôpital de Valenciennes pour une maladie chronique. Selon l’ARS de Lille, aucun cas n’a été détecté dans son entourage. Les coronavirus sont une vaste famille de virus susceptibles de provoquer un large éventail de maladies chez l’homme, qui vont du rhume banal jusqu’au SRAS. Le nouveau coronavirus –NCoV dans le jargon médical– a été détecté pour la première fois à la mi-2012. Il s’agit d’une souche particulière qui n’avait encore jamais été identifiée chez l’homme, ni chez l’animal. Les malades présentent les symptômes d’une infection respiratoire aiguë et grave avec fièvre, toux, essoufflement et difficultés respiratoires. Un numéro vert, le 0800 13 00 00, « sera ouvert cet après-midi pour que les Français trouvent des réponses à leurs questions », a indiqué la ministre de la Santé Marisol Touraine. « Ma ligne de conduite est claire: surveillance, transparence, information », a-t-elle ajouté. « Il s’agit d’un cas importé, unique, qui nécessite des mesures de précaution préconisées par les autorités internationales », a-t-elle poursuivi, précisant cependant que « l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a donné aucune restriction de déplacements ». Avant l’annonce de ce malade en France, des cas d’infection avaient été détectés en Arabie saoudite, en Jordanie, au Royaume-Uni et en Allemagne. Au total, 30 cas confirmés dans le monde ont été notifiés à l’OMS depuis septembre 2012 et 18 personnes sont décédées. Dans le détail, 22 cas dont 13 décès ont été identifiés en Arabie saoudite, deux cas (tous deux décédés) en Jordanie, quatre dont deux décès au Royaume-Uni, et deux cas dont un décès en Allemagne, a précisé le docteur Françoise Weber, directrice de l’Institut de veille sanitaire. Selon le ministère, la plupart des personnes atteintes « ont séjourné, avant la survenue de symptômes, dans un des pays de la péninsule arabique ou dans les pays limitrophes ». Actuellement, l’OMS ne dispose pas d’assez d’informations pour parvenir à des conclusions sur le mode et la source de transmission du coronavirus. Le Dr Weber a souligné qu’à ce stade « la transmission inter-humaine était rare, avec seulement deux cas à ce jour ». Mais l’OMS a encouragé les Etats à poursuivre leur surveillance. Elle avait indiqué travailler avec des experts internationaux et des pays où des cas ont été enregistrés pour étudier des recommandations de vigilance. En France, un dispositif de surveillance a été mis en place dès décembre 2012 par l’InVS. Le Haut Conseil de la Santé a aussi émis en mars dernier un avis sur la prise en charge des patients suspectés d’infections dues au nouveau coronavirus. Il recommande notamment « l’hospitalisation et suivi de tout patient confirmé ou classé possible », « l’information des contacts des cas confirmés » et des « mesures d’isolement des cas possibles et confirmés ». « Ce qui va se passer maintenant, c’est la recherche de cas contact » (chez des personnes ayant été en contact avec le malade), précise-t-on au ministère de la Santé. En 2003, une pandémie de pneumonie atypique baptisée SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), partie de Chine, avait causé la mort de plus de 800 personnes. Elle avait déclenché une alerte sanitaire à l’échelle mondiale et entraîné des annulations de vols, des fermetures d’écoles et une explosion des ventes de masques chirurgicaux. Le nouveau virus est cependant différent du SRAS, notamment parce qu’il provoque une insuffisance rénale rapide. L’OMS précise qu’il est « génétiquement assez différent du virus du SRAS ».