Hollande : un an de couacs
Hollande a visiblement un réel problème d’autorité à commencer au sein de son couple, rappel des couacs de sa première année.
CANNABIS
Le 5 juin, la ministre écologiste Cécile Duflot interrogée sur le sujet à la radio se dit favorable à la dépénalisation du cannabis, en rappelant que le parti des Verts défend cette position depuis « très longtemps ».
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, la rappelle à l’ordre en soulignant que « le gouvernement n’a rien dit sur ce sujet ».
Le 15 octobre, c’est le ministre de l’Education, Vincent Peillon, qui a droit à sa remontrance après avoir souhaité la veille à titre personnel un débat sur la dépénalisation du cannabis, déclenchant une levée de boucliers à droite mais aussi à gauche.
Dépénaliser le cannabis, « ce n’est pas la position ni du gouvernement, ni du président de la République et ça n’a pas changé », corrige M. Ayrault.
LE TWEET DE VALERIE
Le 12 juin, la compagne du chef de l’Etat Valérie Trierweiler crée la stupeur et place le président François Hollande en position délicate en adressant sur Twitter ses encouragements au dissident PS opposé aux législatives de la Rochelle à Ségolène Royal, l’ex-compagne de François Hollande. Un geste qu’elle qualifiera quelques mois plus tard d’ »erreur ».
ROMS
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls défend une politique de « fermeté » face aux campements illicites de Roms, dont il accélère les évacuations.
Le 10 août 2012, la Commission européenne met la France sous surveillance sur la façon dont elle traite les Roms, mettant en garde contre « les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires ».
Le 29 août, ce sont des rapporteurs des Nations unies (Onu) qui lancent la même mise en garde.
Entretemps, la ministre du Logement Cécile Duflot a elle-même estimé que démanteler des campements roms sans les reloger revenait à « mettre les gens dans une précarité encore plus grande ».
FLORANGE
Le 19 octobre, le président Hollande rectifie les propos malheureux à la radio de Jean-Pierre Jouyet, le futur président de Banque publique d’investissement (BPI), sur l’aciérie de Florange (Moselle), qu’il a comparée à un « canard boiteux ». « Florange n’est pas un canard boiteux », mais n’est pas éligible à une aide de la BPI, corrige M. Hollande.
Début décembre le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, propose sa démission quand il découvre que le Premier ministre a repoussé sa proposition de nationaliser temporairement le site pour favoriser les repreneurs, lui préférant un accord avec le PDG d’ArcelorMittal.
M. Montebourg reste finalement au gouvernement, mais réaffirme le 18 décembre dans Le Monde que « la nationalisation temporaire est une solution d’avenir » pour Florange, en opposition avec la position de M. Ayrault.
LES 35H
Le 30 octobre, Jean-Marc Ayrault déclare dans un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France que le débat sur la durée légale du travail n’est pas « tabou », déclenchant railleries à droite et incompréhension à gauche.
Soucieux d’éteindre l’incendie, M. Ayrault précise ensuite qu’il n’est « pas question de revenir sur les 35 heures parce que ce n’est pas la cause de nos difficultés économiques ».
TENSIONS AVEC LES ECOLOGISTES
Le 9 novembre 2012, François Hollande juge « possible » un départ des deux ministres écologistes du gouvernement, mais « ne le souhaite pas ».
Le même jour, face au « virage post-rapport Gallois » sur la compétitivité et aux « annonces très en faveur des entreprises sans contreparties et sans conversion écologique », le chef de file des sénateurs EELV Jean-Vincent Placé s’était interrogé sur la participation de son parti à l’équipe Ayrault.
LES REGRETS DE VALLS
Le 13 novembre 2012, Manuel Valls soulève une bronca à l’Assemblée nationale, en accusant la droite d’être responsable du « retour du terrorisme ». François Hollande demande à son ministre de l’Intérieur et à la droite de ne « pas se diviser » sur le terrorisme, une question « trop grave » pour polémiquer.
Valls dira le lendemain devant les députés qu’il « regrette » ses propos.
« LIBERTE DE CONSCIENCE »
Le 20 novembre 2012, alors que les manifestations contre le mariage homosexuel battent leur plein, le président Hollande reconnaît la possibilité pour les maires hostiles d’invoquer leur « liberté de conscience » afin de déléguer leur signature à un adjoint.
Une position vue comme un recul inacceptable par les défenseurs du projet de loi pour qui la loi s’applique à tous. Après un certain flottement gouvernemental, François Hollande assure que la loi « va s’appliquer partout, dans toutes les communes ».
2013
LE SEISME CAHUZAC
Le 19 mars 2013, François Hollande décide de mettre « fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac, à sa demande », après l’annonce par le parquet de Paris d’une information judiciaire pour des faits présumés de blanchiment de fraude fiscale visant le ministre du Budget. A ce moment-là, le président comme le Premier ministre semblent croire à l’innocence de ce dernier.
Mais M. Cahuzac avoue le 2 avril avoir bien possédé un compte caché en Suisse et transféré à Singapour, ouvrant une large polémique qui éclabousse l’exécutif et l’ensemble de la classe politique.
Le président Hollande annonce dans la foulée une loi de transparence de la vie publique et demande aux ministres de publier leur patrimoine, ce qui ne fait pas l’unanimité.
La « République exemplaire » promise par le président subit son plus sérieux revers.
AUSTERITE
Plusieurs ministres tels Arnaud Montebourg, Cécile Duflot et Benoît Hamon demandent dans les premiers jours d’avril une inflexion de la politique économique et sociale comme réponse supplémentaire à la crise politique déclenchée par l’affaire Cahuzac.
Le président Hollande déclare qu’ »aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite, qui n’est pas l’austérité ».