MES : un accord ambigu qui ne casse pas le lien Etat Banques
Les ministres des Finances de la zone euro ont abouti à un accord jeudi sur les règles permettant au Mécanisme européen de stabilité (MES) d’aider des banques mais les conditions posées sont si strictes qu’elles risquent de ne pas briser complètement le lien entre les Etats et les institutions financières. Créé à l’origine pour aider les Etats en difficulté, le MES a vu son champ d’intervention étendu aux banques, dans le but de restaurer la confiance dans le système financier et de relancer les circuits du crédit, grippés par les doutes sur la solvabilité des établissements concernés. La décision d’autoriser le fonds à entrer au capital des banques en cas de besoin a été prise au plus fort de la crise en juin 2012. Depuis, la Banque centrale européenne (BCE) est parvenue à apaiser pour l’essentiel les tensions sur les marchés en s’engageant à acheter si nécessaire des emprunts d’Etat en quantités illimitées. Ce retour au calme à conduit l’Allemagne et d’autres Etats à freiner les réformes bancaires, de peur que celles-ci obligent les contribuables à financer la résolution de crises touchant d’autres pays. L’accord conclu jeudi soir à Luxembourg sur le MES répond en partie aux inquiétudes sur les liens entre les problèmes des banques et celles des Etats, mais en partie seulement, et pas autant qu’envisagé il y a neuf mois, quand les dirigeants de la zone euro prétendaient briser le cercle vicieux entre dette privée et dette publique. « Cet instrument va contribuer à préserver la stabilité de la zone euro et à supprimer le risque de contagion du secteur financier vers les Etats souverains, réduisant ainsi le cercle vicieux entre banques et Etats souverains », a assuré le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors d’une conférence de presse. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a formulé les choses différemment. « Nous devons éviter de susciter des attentes mal placées concernant la recapitalisation directe des banques. Ceux qui s’attendent à ce que n’importe quelle banque en manque de capitaux puisse se tourner vers (le MES) sont dans l’absurdité », a-t-il dit à des journalistes à l’issue de la réunion.