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Intrusion des ukrainiens en Russie : enjeux et risques

Intrusion des ukrainiens en Russie : enjeux et risques

 

Les Ukrainiens s’étaient habitués, ces derniers mois, aux sombres nouvelles provenant de l’Est de leur pays, assiégé par l’armée russe. Mais les choses ont brusquement changé. Depuis le 6 août, date du début d’une incursion jusqu’à présent couronnée de succès des forces armées de Kiev dans la région russe de Koursk, des journalistes ukrainiens radieux couvrent désormais la guerre depuis le territoire russe conquis. La contre-attaque surprise de l’Ukraine, dont les troupes n’avaient jusqu’ici jamais pénétré en Russie, ne semble pas encore avoir atteint son point culminant. Contrairement aux raids précédents menés au printemps dernier par la milice russe anti-Poutine Légion pour la liberté de la Russie, les forces armées ukrainiennes mettent à contribution certaines de leurs unités les plus expérimentées.

 

par 

Associate Professor (Adj), Griffith Asia Institute; and Fellow, Strategic and Defence Studies Centre, Australian National University dans The Conversation 

 

Après avoir percé une portion peu défendue de la frontière à une centaine de kilomètres de la ville russe de Koursk – elle-même célèbre pour avoir été le théâtre d’une des plus grandes victoires de l’Union soviétique contre l’Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale – les forces ukrainiennes se seraient emparées de près de 80 localités. Ce faisant, elles ont pris le contrôle d’un territoire d’une superficie d’environ 1 000 kilomètres carrés, avançant d’environ 30 kilomètres à l’intérieur de la Russie.

Il existe de nombreuses théories sur les objectifs de l’Ukraine. L’une est qu’elle cherche à s’implanter sur la durée en Russie afin, par la suite, dans le cadre de futurs pourparlers de paix, de se servir de ces territoires comme monnaie d’échange contre les territoires ukrainiens capturés par les Russes au cours des deux dernières années et demie. Cette affirmation pourrait être étayée par des informations récentes selon lesquelles les soldats ukrainiens auraient creusé des tranchées dans les zones conquises afin de fortifier leurs positions.

Selon une autre hypothèse, les objectifs de Kiev seraient plus modestes : il s’agirait seulement de conserver certaines localités clés ainsi que les nœuds routiers et ferroviaires. D’une part, cela rendrait plus compliquée la reconquête russe, d’un point de vue logistique ; d’autre part, ces zones, quoique moins étendues que celles évoquées dans la première théorie, seraient tout de même, pour l’Ukraine, susceptibles d’être échangées à l’avenir contre des territoires pris par les Russes.

Une troisième éventualité est que les forces ukrainiennes se retirent rapidement, après avoir forcé Moscou à sécuriser sa frontière en détournant d’importantes ressources militaires jusqu’ici utilisées sur le territoire ukrainien.

Les deux dernières versions sont probablement les plus proches de la réalité. Il serait en effet très difficile pour l’Ukraine de tenir de larges pans du territoire russe une fois que les forces armées du Kremlin auront surmonté leur inertie initiale. Un tel effort immobiliserait en permanence certains des meilleurs soldats de Kiev et les exposerait au risque d’être tués ou capturés.

Bien entendu, Kiev a également d’autres motivations. Outre le fait de remonter le moral d’une population épuisée par la guerre, l’Ukraine pourrait chercher à récupérer, en contrepartie des militaires russes faits prisonniers lors de la présente opération, certains de ses soldats capturés. C’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre les récents propos du président Volodymyr Zelensky qui a déclaré que les forces ukrainiennes « reconstituaient leur fonds de change ».

En outre, a-t-il ajouté, la décision de Kiev a été motivée par le désir de montrer aux Russes que la guerre avait eu des conséquences pour eux, et pas seulement pour les Ukrainiens.

L’incursion envoie également un message aux États-Unis et à leurs alliés de l’OTAN.

La Maison Blanche a hésité à autoriser l’Ukraine à utiliser des armes américaines à longue portée pour frapper le territoire russe, craignant qu’il s’agirait d’une escalade dangereuse qui, de surcroît, alimenterait le discours russe selon laquelle l’OTAN est un cobelligérant de facto dans le conflit russo-ukrainien.

Il n’en demeure pas moins que, en portant le fer dans le territoire russe, Kiev rappelle avec force à Washington, où l’élite se focalise avant tout sur la prochaine élection présidentielle, que ses forces peuvent obtenir des résultats surprenants dès lors qu’elles disposent des capacités adéquates.

Jusqu’ici, la réaction de Moscou à l’incursion donne du poids au discours ukrainien selon lequel les craintes d’escalade exprimées aux États-Unis sont exagérées.

Certains dignitaires du régime russe, comme l’ancien président Dmitri Medvedev, ont vaguement évoqué des représailles sévères, et les propagandistes du Kremlin sur les réseaux sociaux ont prétendu que, dans la région de Koursk, les troupes de l’OTAN opéraient conjointement avec les soldats ukrainiens. Mais ce n’est pas nouveau : voilà des années que les responsables et les commentateurs officiels russes affirment à tort que l’OTAN combat aux côtés des forces ukrainiennes et préviennent que l’Ukraine sera anéantie si elle ne se soumet pas.

Dans cette optique, l’avancée de Kiev en territoire russe apparaît comme un calcul rationnel. L’Ukraine fait le pari que ses gains internationaux, moraux et matériels justifient le coût qu’auraient pour elle les représailles russes.

Bien entendu, ce calcul repose sur l’hypothèse que ces représailles seront d’une ampleur similaire à celles infligées précédemment à l’Ukraine. Le régime de Poutine a régulièrement démontré qu’il considérait les lois et les normes de la guerre comme des distractions gênantes, recourant volontiers à la terreur et à la destruction gratuite pour contraindre ses adversaires à la capitulation.

Mais les Ukrainiens ont déjà connu tout cela. Que l’on se remémore le massacre de civils à Boutcha, l’écrasement de villes comme Marioupol, les attaques aveugles contre des hôpitaux civils et les menaces voilées concernant la survenue prochaine d’« accidents » dans la centrale nucléaire occupée de Zaporijia.

L’incursion ukrainienne a révélé une fois de plus les faiblesses manifestes des forces armées russes. Elle met notamment en lumière l’orgueil démesuré de ses dirigeants, dont nul n’a oublié qu’ils avaient annoncé que Kiev tomberait en trois jours seulement. C’était il y a plus de 900 jours.

Nombreux sont ceux qui ont salué, à juste titre, les préparatifs de l’Ukraine en vue de son incursion comme un chef-d’œuvre de sécurité opérationnelle. Ce ne fut certainement pas une mince affaire que de rassembler les ressources nécessaires à un assaut de grande envergure sans alerter ni Moscou ni Washington, qui ont tous deux réagi dans un premier temps avec surprise.

Cependant, plusieurs rapports indiquent que les dirigeants militaires russes ont été avertis d’une concentration de troupes ukrainiennes près de la frontière et n’ont pas jugé utile de s’en inquiéter.

Depuis le début de l’opération, des informations contradictoires ont été publiées sur l’identité de la personne chargée de la réponse militaire de la Russie. En principe, c’est Valéri Guérassimov, le chef de l’état-major général, qui devrait être aux commandes. Pourtant, Poutine a cependant qualifié la réponse à l’attaque ukrainienne d’« opération antiterroriste », ce qui semble la placer sous la responsabilité d’Alexandre Bortnikov, le chef du Service fédéral de sécurité (FSB) de la Russie. D’autres encore affirment que la responsabilité a été confiée à Alexeï Dioumine, un favori de Poutine parfois présenté comme son possible successeur.

La confusion au niveau du commandement a également révélé la faiblesse des forces restantes à l’intérieur de la Russie. Une combinaison amassée à la va-vite de conscrits, d’infanterie de marine russe, de troupes du FSB et de la Rosgvardia (la garde nationale personnelle de Poutine) n’a pas été en mesure de déloger les forces ukrainiennes très mobiles.

Après avoir sécurisé la ville de Soudja, les troupes ukrainiennes ont également pu acheminer du matériel et des renforts, ce qui a encore compliqué la tâche des forces russes. La majeure partie de l’armée régulière russe étant immobilisée en Ukraine, il a même été spéculé que Moscou devrait acheminer vers la région de Koursk des troupes déployées dans son enclave de Kaliningrad, dans le nord de l’Europe.

Sur le plan politique, l’opération ukrainienne est très embarrassante pour Poutine, qui s’est déjà montré lent à réagir lorsqu’il a été confronté à des défis similaires par le passé. Il y a un peu plus d’un an, les tergiversations de Moscou ont permis au convoi rebelle du Groupe Wagner d’Evguéni Prigojine de s’approcher à moins de 200 kilomètres de Moscou avant qu’un accord d’amnistie ne soit conclu.

Cette fois, Poutine a été contraint d’interrompre le gouverneur de la région de Koursk Alexeï Smirnov lors d’une réunion télévisée des responsables de la défense, alors que celui-ci annonçait de mauvaises nouvelles sur l’ampleur de l’incursion ukrainienne. Après avoir été sèchement prié de s’en tenir à la discussion sur l’aide et les efforts de secours, Smirnov a promptement répondu qu’environ 180 000 Russes avaient été déplacés à l’intérieur du pays.

S’agit-il de signes de fragilité ? Il est certain que les réfugiés russes ont exprimé une grande colère contre les dirigeants de la région et les hommes des forces de sécurité présentes dans la région de Koursk, dont certains semblent avoir été les premiers à s’enfuir. Des rapports font également état de pillages commis par des soldats russes dans la zone de conflit. Des Russes de la région de Koursk ont également critiqué Poutine lui-même.

En ce qui concerne de stabilité du régime, cet épisode peut avoir trois issues différentes.

Première option : l’incursion de l’Ukraine en territoire russe – qui fait mentir le leitmotiv constant du Kremlin sur le fait que les Russes sont en sécurité – entraîne un torrent de colère publique qui met directement en péril le pouvoir de Poutine.

Deuxième possibilité : l’outrage que représente la prise d’un pan de territoire russe par les Ukrainiens pourrait unir la population russe derrière le président.

C’est toutefois le troisième cas de figure qui apparaît le plus probable. Dans ce scénario, la majorité des Russes restent apathiques. Les élites du Kremlin ne voient pas de raison de s’opposer à Poutine, et l’indignation populaire se limite à Koursk sans s’étendre aux centres de pouvoir de Moscou et de Saint-Pétersbourg.

Pour résumer, l’incursion de l’Ukraine en Russie n’a pas seulement porté un coup à Poutine. Elle a remonté le moral des troupes de Kiev, révélé que l’affirmation du Kremlin selon laquelle le territoire russe serait un sanctuaire était loin d’être conforme à la réalité, et rappelé à l’Occident que l’Ukraine était un acteur important à part entière. Sur ces trois plans, Kiev a une fois de plus fait preuve d’une remarquable ingéniosité.

Traite humaine: Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie

Traite humaine: Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie

La Russie face à une crise démographique sans précédent du fait de l’extrême pauvreté du pays et de la répression qui règne essaye de compenser sa baisse de population par la déportation de milliers et milliers d’enfants ukrainiens. Hormis un sursaut au milieu des années 2010, les courbes de la natalité ruse n’ont cessé de plonger depuis trois décennies.

En avril 2022, peu après le début de la guerre, le niveau des naissances n’avait jamais été aussi bas en Russie… depuis le début du XVIIIe siècle, comme l’indique Alexeï Raksha, démographe indépendant (après avoir longtemps travaillé chez Rostat, l’Insee russe).L’objectif est aussi de russifier cette jeunesse par lavage de cerveau pour leur faire haïr l’Ukraine. Un véritable crime de guerre qui à lui seul mériterait la mise au ban du régime mafieux et criminel de Poutine.

La déportation de milliers de milliers d’enfants ukrainiens en Russie constitue sans doute le crime le plus abominable commis par Poutine. La Russie reconnaît officiellement ces kidnappings, sans pour autant employer ce terme.

Le chef de l’occupation russe de Kherson, Kirill Stremooussov, avait ainsi affirmé auprès de la presse d’Etat russe que 46 orphelins de Kherson avaient été « transférés » en Crimée. Il est cependant très difficile d’estimer la vraie ampleur de ce phénomène.

Kiev revendique que 13 899 enfants à l’identité vérifiée ont été kidnappés et déportés depuis le début de l’invasion, dont seuls 125 enfants ont pu être renvoyés en Ukraine, comme le rappelle Newsweek. Du côté russe, des officiels ont confirmé que jusqu’à 690 000 enfants ukrainiens seraient en Russie en octobre 2022 selon l’agence de presse d’Etat Tass.

La Russie a par ailleurs facilité l’adoption d’enfants ukrainiens par les familles russes, expliquant les cas d’Ukrainiens mineurs envoyés dans des familles à l’autre bout de la Russie. À titre d’exemple, en juillet dernier, 108 orphelins du Donbass naturalisés russes via ce décret ont ainsi été envoyés dans diverses régions de Russie, selon la présidente de la Commission aux droits de l’enfant en Russie Maria Lvova-Belova, qui indique avoir « pleuré de bonheur » devant les réunions d’enfants avec leurs nouveaux parents. Ces enfants, parfois envoyés dans des régions éloignées de l’Ukraine comme le district autonome de Iamalo-Nénétsie au nord de la Sibérie, seront donc difficiles à rapatrier en Ukraine même si le conflit s’achève.

Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie


Des milliers d’enfants ukrainiens déportés en Russie

La déportation de milliers de milliers d’enfants ukrainiens en Russie constitue sans doute le crime le plus abominable commis par Poutine. La Russie reconnaît officiellement ces kidnappings, sans pour autant employer ce terme.

Le chef de l’occupation russe de Kherson, Kirill Stremooussov, avait ainsi affirmé auprès de la presse d’Etat russe que 46 orphelins de Kherson avaient été « transférés » en Crimée. Il est cependant très difficile d’estimer la vraie ampleur de ce phénomène.

Kiev revendique que 13 899 enfants à l’identité vérifiée ont été kidnappés et déportés depuis le début de l’invasion, dont seuls 125 enfants ont pu être renvoyés en Ukraine, comme le rappelle Newsweek. Du côté russe, des officiels ont confirmé que jusqu’à 690 000 enfants ukrainiens seraient en Russie en octobre 2022 selon l’agence de presse d’Etat Tass.

La Russie a par ailleurs facilité l’adoption d’enfants ukrainiens par les familles russes, expliquant les cas d’Ukrainiens mineurs envoyés dans des familles à l’autre bout de la Russie. À titre d’exemple, en juillet dernier, 108 orphelins du Donbass naturalisés russes via ce décret ont ainsi été envoyés dans diverses régions de Russie, selon la présidente de la Commission aux droits de l’enfant en Russie Maria Lvova-Belova, qui indique avoir « pleuré de bonheur » devant les réunions d’enfants avec leurs nouveaux parents. Ces enfants, parfois envoyés dans des régions éloignées de l’Ukraine comme le district autonome de Iamalo-Nénétsie au nord de la Sibérie, seront donc difficiles à rapatrier en Ukraine même si le conflit s’achève.

Société- Les Ukrainiens meurent pour notre liberté

Société- Les Ukrainiens meurent pour notre liberté

INTERVIEW – Le président de la commission des Affaires étrangères, qui dirige à l’Assemblée les travaux sur l’Ukraine, appelle les Français à ne pas se désintéresser du conflit.( dans le JDD)

Que retenez-vous du sondage que nous publions alors que l’Ukraine entre dans son onzième mois de guerre ?
J’en retiens l’impression d’une assez grande et forte unité de l’opinion publique. Il n’y a pas de décrochage majeur, même si les sympathisants de La France insoumise ou du Rassemblement national sont moins nombreux que les autres à s’inquiéter pour l’Ukraine. S’il y a globalement un peu moins d’inquiétude aujourd’hui qu’au printemps dernier, c’est parce que les Ukrainiens ont marqué des points, ce qui rassure.

Les Français restent déterminés à soutenir l’Ukraine, ce qui est remarquable quand on songe que deux des trois principaux candidats à la présidentielle étaient de sensibilité très poutinienne. Il me semble toutefois que la vraie question n’est pas celle de la guerre ou de la négociation car toute guerre se termine par une négociation. La vraie question, c’est celle des termes du compromis acceptable : un partage territorial qui donnerait des satisfactions limitées aux Russes ou la consécration de la souveraineté ukrainienne sur la totalité du territoire garanti par l’accord de Budapest de 1994.

N’est-ce pas pourtant Emmanuel Macron qui répète encore une fois cette semaine que l’on peut soutenir l’Ukraine tout en réfléchissant aux termes d’une négociation à laquelle personne n’échappera ?
Personne, pas même le président Zelensky, n’est opposé à l’idée de négocier. Le clivage est davantage aujourd’hui sur le contenu. La Crimée et les quatre oblasts du Donbass doivent-ils être repris par l’Ukraine ou la reconquête doit-elle s’arrêter à la ligne de front du 24 février ? Ce qu’a dit cette semaine le président Zelensky au Congrès à Washington, c’est que, le préalable à la paix, c’était la libération de la totalité du territoire ukrainien.

C’est un fait qu’aujourd’hui les termes d’un compromis acceptable de part et d’autre peinent à être imaginés. Toute concession à la Russie ferait figure de prime à l’agresseur, et le retour au statu quo ante, après des dizaines de milliers de morts russes, ruinerait l’autorité de Poutine. Je doute qu’à l’heure présente un accord d’échange avec le Donbass à l’Ukraine contre la Crimée pour la Russie soit possible.

« Nous n’avons qu’une chose à faire : aider les Ukrainiens à survivre et à reconquérir les territoires perdus »
Si c’est le cas, pourquoi, selon vous, Emmanuel Macron vient-il d’aborder à plusieurs reprises cette semaine la notion de « garanties de sécurité » pour les Ukrainiens et les Russes ?
Je ne comprends pas l’opportunité de telles déclarations, raisonnables sur le fond mais totalement décalées. Ce qui sera décisif, c’est l’évolution de la situation militaire. Nous n’avons donc qu’une chose à faire : aider les Ukrainiens à survivre et à reconquérir les territoires perdus. Le reste me semble relever d’une glose inutile et porteuse de division. Qu’il s’agisse, par exemple, des déclarations sur l’« humiliation de Poutine », sur les « garanties de sécurité à donner aux Russes » ou sur la nécessité de « parler à Poutine » alors qu’il n’a manifestement rien à nous dire d’acceptable.

Je me demande si le Président a vraiment raison de multiplier ce genre de déclarations publiques, dont le seul effet est d’inquiéter les alliés. D’autant que par ailleurs nous prenons toute notre part du travail de solidarité avec les Ukrainiens !

« Personne n’aurait pu faire pire que Poutine pour son propre pays. Il a libéré tous les démons »
Que craignez-vous exactement ?

Je crains pour la survie globale de la population ukrainienne dans l’hypothèse où le système électrique du pays ne serait pas simplement endommagé mais anéanti comme il peut l’être désormais à tout moment. L’ombre d’Alep et de Grozny plane sur l’Ukraine. Il y a donc urgence absolue à donner aux Ukrainiens l’aide dont ils ont besoin, notamment pour protéger leur espace aérien.

Comme le Président Macron et comme Henry Kissinger, je vois par ailleurs les risques immenses que ferait courir la balkanisation de tout ou partie d’un espace post-soviétique saturé d’armes nucléaires. Personne n’aurait pu faire pire que Poutine pour son propre pays. Il a libéré tous les démons.

Partagez-vous le sentiment des Français interrogés par l’Ifop que cette guerre va durer et, si oui, faudra-t-il aider l’Ukraine le temps qu’il faudra, quoi qu’il en coûte?
Je fais plutôt partie des 46 % de gens qui ne savent pas combien de temps cette folie va durer. Il n’y a aucun élément tangible nous permettant de croire que la guerre peut s’arrêter à court terme, sauf en cas de révolution de palais à Moscou ou en cas de transformation majeure du rapport de force sur le terrain. Il faut donc continuer sans mollir à aider les Ukrainiens.

« Nous ne souhaitons pas que cette guerre dégénère en guerre mondiale. Ce sont les Ukrainiens qui sont en guerre, mais leur combat est pleinement le nôtre »
Pensez-vous qu’il est temps de dire aux Français que cette guerre en Ukraine est aussi la nôtre?

Bien sûr, les Ukrainiens meurent pour défendre ce que nous sommes et ce que nous voulons préserver dans le monde de demain. Les Français restent le nez sur le guidon de leurs affaires intérieures. Ils ont des difficultés à reconnaître, après avoir gagné la guerre froide, que l’Histoire et ses violences ne sont pas derrière nous. Or le monde brutal revient en force, pas seulement à cause de l’Ukraine, et nous y sommes moins préparés que, par exemple, les Polonais ou les Baltes, qui ont vécu la dictature soviétique dans leur chair et dans leur sang.

Les Français ont peut-être un peu perdu le sens du tragique mais ils n’ont pour autant pas perdu celui des principes. Ils savent que l’agression russe contre l’Ukraine est une horreur et constitue l’atteinte maximale à tout ce à quoi nous croyons et qui a fait la matière de notre histoire. Nous comprenons les Ukrainiens parce que nous sommes comme eux les citoyens libres d’un État démocratique et qui se veut souverain.

Bien sûr, nous ne souhaitons pas pour autant que cette guerre dégénère en guerre mondiale. Ce sont les Ukrainiens qui sont en guerre, mais leur combat est pleinement le nôtre. Ce sont nos valeurs, nos lois, nos intérêts, notre influence qui se jouent dans cette guerre qui, pour nous, est tout sauf étrangère.

Politique- Les Ukrainiens refusent les concessions faites par Macron à Poutine

Politique- Les  Ukrainiens refusent les concessions faites par Macron à Poutine 


On ne peut écarter l’hypothèse de concession territoriale faite par l’Ukraine à la Russie évidemment dans les zones où la population russe est majoritaire (cas d’une partie du Donbass). Par contre les autorités ukrainiennes contestent la légitimité des concessions que veut faire Macron à Poutine. Ils considèrent qu’il s’agit là d’un enjeu de souveraineté. Il faut dire que les pays de l’Ouest font peu de cas avec le fait que les ex pays soviétiques ont eu à supporter 50 ans de dictature et que de ce point de vue ils se montrent nettement moins bienveillants que certains pays occidentaux prèts à donner des compensations à Poutine »afin de ne pas l’humilier ».

L’Ukraine a donc déclaré lundi avoir repoussé le récent assaut contre Severodonetsk, une ville de l’est du pays qui est devenue la principale cible de l’offensive de Moscou depuis que les forces russes se sont emparées de Marioupol, la semaine dernière. Les forces russes ont tenté de prendre d’assaut Severodonetsk, mais n’y sont pas parvenues et ont reculé, a déclaré le bureau du président Volodimir Zelensky.

«Le New York Times, dans la foulée d’“intellectuels” allemands et du président français Emmanuel Macron, suggère maintenant d’accorder des concessions territoriales à la Russie de Poutine pour arrêter la guerre. Je suis d’accord, donnez-lui l’Alaska.» A l’instar de ce tweet d’Oleksiy Sorokin, chef du service politique du site d’information The Kyiv Independent, l’idée lancée le 9 mai par le chef de l’Etat français de ne pas humilier l’hôte du Kremlin – tout comme celle de créer une «communauté politique européenne» pour accueillir l’Ukraine – a été accueillie au mieux avec un certain humour par les intéressés. Mais la colère perce assez rapidement à l’égard du gouvernement français.

Celui-ci n’a pas arrangé ses affaires en déclarant, dimanche, par la voix de Clément Beaune, le ministre délégué aux Affaires européennes, que l’adhésion du pays à l’UE prendrait «sans doute quinze à vingt ans». Au lendemain de la reddition de la ville martyre de Marioupol, Kiev attendait sans doute plus d’encouragements de la part de Paris…En tout cas à moins de condescendance

Les Ukrainiens contre les concessions de Macron à Poutine

Les  Ukrainiens contre  les concessions de  Macron à Poutine 


On ne peut écarter l’hypothèse de concession territoriale faite par l’Ukraine à la Russie évidemment dans les zones où la population russe est majoritaire (cas d’une partie du Donbass). Par contre, les autorités ukrainiennes contestent la légitimité des concessions que veut faire Macron à Poutine. Ils considèrent qu’il s’agit là d’un enjeu de souveraineté. Il faut dire que les pays de l’Ouest font peu de cas avec le fait que les ex pays soviétiques ont eu à supporter 50 ans de dictature et que de ce point de vue ils se montrent nettement moins bienveillants que certains pays occidentaux prêts à donner des compensations à Poutine »afin de ne pas l’humilier ».

L’Ukraine a donc déclaré lundi avoir repoussé le récent assaut contre Severodonetsk, une ville de l’est du pays qui est devenue la principale cible de l’offensive de Moscou depuis que les forces russes se sont emparées de Marioupol, la semaine dernière. Les forces russes ont tenté de prendre d’assaut Severodonetsk, mais n’y sont pas parvenues et ont reculé, a déclaré le bureau du président Volodimir Zelensky.

«Le New York Times, dans la foulée d’“intellectuels” allemands et du président français Emmanuel Macron, suggère maintenant d’accorder des concessions territoriales à la Russie de Poutine pour arrêter la guerre. Je suis d’accord, donnez-lui l’Alaska.» A l’instar de ce tweet d’Oleksiy Sorokin, chef du service politique du site d’information The Kyiv Independent, l’idée lancée le 9 mai par le chef de l’Etat français de ne pas humilier l’hôte du Kremlin – tout comme celle de créer une «communauté politique européenne» pour accueillir l’Ukraine – a été accueillie au mieux avec un certain humour par les intéressés. Mais la colère perce assez rapidement à l’égard du gouvernement français.

Celui-ci n’a pas arrangé ses affaires en déclarant, dimanche, par la voix de Clément Beaune, le ministre délégué aux Affaires européennes, que l’adhésion du pays à l’UE prendrait «sans doute quinze à vingt ans». Au lendemain de la reddition de la ville martyre de Marioupol, Kiev attendait sans doute plus d’encouragements de la part de Paris…En tout cas à moins de condescendance

Les Ukrainiens refusent les concessions faites par Macron à Poutine

Les  Ukrainiens refusent les concessions faites par Macron à Poutine 


On ne peut écarter l’hypothèse de concession territoriale faite par l’Ukraine à la Russie évidemment dans les zones où la population russe est majoritaire (cas d’une partie du Donbass). Par contre les autorités ukrainiennes contestent la légitimité des concessions que veut faire Macron à Poutine. Ils considèrent qu’il s’agit là d’un enjeu de souveraineté. Il faut dire que les pays de l’Ouest font peu de cas avec le fait que les ex pays soviétiques ont eu à supporter 50 ans de dictature et que de ce point de vue ils se montrent nettement moins bienveillants que certains pays occidentaux prèts à donner des compensations à Poutine »afin de ne pas l’humilier ».

L’Ukraine a donc déclaré lundi avoir repoussé le récent assaut contre Severodonetsk, une ville de l’est du pays qui est devenue la principale cible de l’offensive de Moscou depuis que les forces russes se sont emparées de Marioupol, la semaine dernière. Les forces russes ont tenté de prendre d’assaut Severodonetsk, mais n’y sont pas parvenues et ont reculé, a déclaré le bureau du président Volodimir Zelensky.

«Le New York Times, dans la foulée d’“intellectuels” allemands et du président français Emmanuel Macron, suggère maintenant d’accorder des concessions territoriales à la Russie de Poutine pour arrêter la guerre. Je suis d’accord, donnez-lui l’Alaska.» A l’instar de ce tweet d’Oleksiy Sorokin, chef du service politique du site d’information The Kyiv Independent, l’idée lancée le 9 mai par le chef de l’Etat français de ne pas humilier l’hôte du Kremlin – tout comme celle de créer une «communauté politique européenne» pour accueillir l’Ukraine – a été accueillie au mieux avec un certain humour par les intéressés. Mais la colère perce assez rapidement à l’égard du gouvernement français.

Celui-ci n’a pas arrangé ses affaires en déclarant, dimanche, par la voix de Clément Beaune, le ministre délégué aux Affaires européennes, que l’adhésion du pays à l’UE prendrait «sans doute quinze à vingt ans». Au lendemain de la reddition de la ville martyre de Marioupol, Kiev attendait sans doute plus d’encouragements de la part de Paris…En tout cas à moins de condescendance

Génocide contre les Ukrainiens: Le terme approprié

Génocide contre les Ukrainiens: Le terme approprié

 

 

Les cruautés gratuites et l’acharnement sur les populations civiles ukrainiennes entrent dans la définition du «génocide», argumente le réalisateur François Margolin dans le Figaro , qui s’est notamment rendu à Boutcha. Ce terme de génocide est pourtant contesté par certains experts   alors que l’objectif de Poutine est bien de rayer de la carte l’Ukraine en tant que peuple indépendant. 

Par définition, un génocide est crime contre l’humanité tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux . Un génocide n’est donc pas une affaire quantitative mais qualitative. Macron, lui , confie la reconnaissance du génocide aux historiens qui ne seront sans doute pas d’accord avant une cinquantaine d’années. 

François Margolin est réalisateur, producteur et scénariste. Il a notamment réalisé le film Salafistes.

Tribune

 

On peut ergoter pendant des heures sur la justesse des mots mais la réalité est là, quand on a passé, comme moi, un moment en Ukraine, dans les banlieues Nord de Kiev, dévastées, martyrisées par les troupes russes. À Boutcha, Borodyanka, Andriivka, où j’étais encore il y a quelques jours.

Un génocide a lieu, en ce moment, en Ukraine, sous nos yeux, tous les jours, retransmis sur nos écrans de télévision. Il ne s’agit pas de crimes marginaux, commis par des soldats éméchés ou drogués, non, c’est un crime organisé, j’allais dire, comme les juges, «un crime en bande organisée». Car tous ces militaires l’ont fait avec l’assentiment, si ce n’est les ordres, de leurs chefs. Comme l’a déclaré le 18 Avril Vladimir Poutine en décorant les membres de la 64ème Brigade motorisée, soupçonnée d’être responsable des exactions à Boutcha: «Vos actions sont un modèle d’exécution du devoir militaire, de courage, de détermination et de grand professionnalisme.»

Et la nouvelle offensive lancée depuis lundi soir au Donbass risque d’amplifier ces massacres.

Pourquoi se boucher les yeux ? Pourquoi refuser les mots sous prétexte qu’ils fâchent ? Pourquoi un tel déni de la réalité ? Ce que j’ai observé là-bas dépasse tout ce que j’ai vu dans l’horreur, aussi bien en Afghanistan sous le règne des talibans, qu’à Mossoul lorsque y prospérait l’Était Islamique, ou au Liberia quand sévissaient des bandes d’enfants soldats sans foi ni loi.

Or, non seulement cela a eu lieu mais nous savons tous que cela continue et que cela va se poursuivre, à Marioupol, à Kharkov, à Kramatorsk, etc. Et nous compterons ainsi les morts tous les soirs.

Comment une telle chose est-elle possible ? Comment un président, notre président. Emmanuel Macron, peut-il à chaque fois contester les termes, ceux qu’utilise Joe Biden, qui traite Poutine de «boucher», de «criminel de guerre», et l’accuse de «génocide», ou ceux du premier ministre polonais, Morawiecki, qui le compare à Hitler? Pour plaire au président russe ? Pour ne pas le choquer ? Pour «garder le contact», comme il le dit souvent ? Oui mais, pour quoi et avec quel résultat ?

Les Européens, en tant que tels, n’ont rien obtenu, depuis des semaines, avec leurs visites répétées au Kremlin et leurs coups de fil hypermédiatisés. Seule la résistance d’un peuple a permis le recul de l’armée russe. Et ce qui est sans doute le plus terrible c’est que, justement, ce peuple nous fait la démonstration, à nous, Européens, que l’Europe a un sens. Que quarante-quatre millions d’Ukrainiens, unis, peuvent dire à Vladimir Poutine: «Oui, nous sommes Européens et nous ne serons plus jamais vos vassaux, vos affidés. Nous ne voulons plus d’un tsar qui supprime nos libertés et nous empêche de devenir des citoyens indépendants et responsables».

Les Ukrainiens démontrent ce qu’est une nation, fière d’elle-même, de sa culture, de son armée et de son drapeau. Exactement ce que voulaient les pères fondateurs de l’Europe, qui pensaient que pouvaient cohabiter l’idée de nation et l’idée de l’Europe.

Alors, parlons des mots. Génocide, d’abord. Oui, ce qu’il se passe en ce moment en Ukraine est bien un génocide. Et il n’y a pas besoin d’y mener une longue enquête et d’attendre ses conclusions durant des mois pour en être sûr. Il suffit d’y passer quelques heures tellement l’horreur saute aux yeux: immeubles effondrés volontairement sur leurs habitants réfugiés dans les caves, par des bombardements ininterrompus, enfants abattus sans scrupule alors qu’ils fuyaient avec leurs parents, couples de vieillards abattus au volant de leur Lada brinquebalante, femmes violées devant leurs parents, etc. La liste est longue de ces cruautés gratuites, de cet acharnement sur les populations civiles.

Ce qui est infligé aux Ukrainiens est bien pire que ce qu’il s’est passé à Srebrenica. Or, le terme de génocide y est utilisé par le Tribunal pénal international de La Haye pour qualifier le massacre de sept mille hommes par les Serbes de Bosnie. Ce que j’ai pu voir est même – c’est terrible à dire – bien pire que les crimes que commettait l’État Islamique, dont la cruauté était sans égale mais qui ne la pratiquait que sur des personnes qui enfreignaient ses « lois » et sa conception de l’Islam. Comme les Yézidis, dont le massacre des uns et l’asservissement des autres est aujourd’hui considéré comme un génocide. Bien pire aussi que les milliers de morts dus à l’emploi de gaz par Saddam Hussein au Kurdistan en 1988. À Halabja. Un autre génocide reconnu par les institutions internationales.

Il y a chez Poutine une volonté délibérée de détruire une nation et un peuple, en tant que tels, symbole, à ses yeux, d’une Europe qu’il juge faible et divisée. Il y a une volonté de «démembrer» un pays en le réduisant à une sorte d’esclavage symbolique et en reconstituant cette « grande nation russe » dont Kiev est à l’origine. Cette Russie des tsars. Ses maîtres à penser l’ont écrit, depuis longtemps, comme Alexandre Douguine, son idéologue et ami, que la nostalgie de l’Union Soviétique obsède depuis sa fin en 1990. Du coup, Poutine l’a fait: il a créé de toutes pièces un semblant d’état, la Transnistrie, entre Moldavie et Ukraine où il règne en maître, afin de semer la zizanie dans la région; il a soumis la Tchétchénie dès le début de l’an 2000; il s’est emparé de près de la moitié de la Géorgie à l’été 2008, et il a «repris» la Biélorussie il y a environ deux ans, après des manifestations gigantesques réprimées dans le sang.

Est considérée par le Code pénal français comme génocide, «l’exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire.» La volonté de détruire une nation est donc, bien évidemment, incluse dans cette définition. Or, il y a sans doute plus de vingt mille morts à Marioupol, plusieurs centaines dans les caves des immeubles de Borodyanka, sans parler des morts de Boutcha et des milliers de morts dans les autres villes et villages à travers le pays.

Alors pourquoi Poutine fait-il tellement peur à nos dirigeants qui prétendent vouloir éviter une prochaine guerre mondiale, qui crient au risque de guerre nucléaire, et qui se battent la coulpe pour avoir «osé» proposer à l’Ukraine d’adhérer à l’Otan ? Comme l’avaient fait les ex-pays de l’Est, ou les pays baltes? Quelle curieuse fascination exerce-t-il sur ces hommes politiques de tous bords?

Comme me l’on dit des responsables politiques ukrainiens: «Même si nous lui laissions la Crimée, il considérerait cela comme un aveu de faiblesse, et il poursuivrait son lent grignotage, dusse-t-il attendre quelques mois ou quelques années.» Après, ce sera la Lituanie, la Finlande ou la Suède…

Je ne voudrais pas que, dans cinquante ans, la même honte nous envahisse en pensant à cette lâcheté à intervenir.

Derrière ce faux débat sur les mots, se cachent deux enjeux cruciaux: celui de l’arrêt immédiat de l’importation de gaz russe par l’Europe et d’abord par l’Allemagne, et celui de la fourniture d’armes que les Européens font plus que modérément. À l’exception des Polonais. Alors que, dans le même temps, Américains et Anglais ne se gênent pas pour le dire et pour livrer des armes sophistiquées.

Ce que l’on ne veut pas voir c’est que, pour Vladimir Poutine, la troisième guerre mondiale a déjà commencé et que pour la tuer dans l’œuf, la seule solution est d’aider l’Ukraine à battre militairement l’armée russe. Il faut aussi assécher totalement les finances de Moscou en bloquant les gazoducs Nordstream 1 et 2 et, avec eux les milliards de dollars versés quotidiennement – plus de quarante depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Ce sera plus efficace que des sanctions qui ne semblent guère faire peur au Kremlin, qui s’y était préparé.

Dans un documentaire récent, diffusé sur Arte, il était raconté les atermoiements du gouvernement anglais, en 1944, autour de l’idée de bombarder les voies ferrées qui arrivaient à Auschwitz. Les Anglais, comme les Américains, savaient ce qu’il s’y passait, ils possédaient les photos aériennes des lieux et avaient les moyens d’organiser des bombardements qui auraient épargné la vie de près de 300.000 Juifs, hongrois en particulier. Or, malgré la volonté de Churchill, ils eurent peur et invoquèrent toutes sortes de raisons, aujourd’hui totalement honteuses, pour ne pas le faire.

Comparaison n’est pas raison. Mais je ne voudrais pas que, dans cinquante ans, la même honte nous envahisse en pensant à cette lâcheté à intervenir. Quand il y a un génocide, et c’en est un qui a lieu aujourd’hui en Ukraine, le monde civilisé ne peut rester indifférent, ni contester des mots pour justifier son indécision.

 

Soutenir vraiment les Ukrainiens

Soutenir  vraiment les Ukrainiens 

 

Plus de quatre-vingts écrivains et universitaires de pays dont la population est plutôt favorable à Vladimir Poutine, parmi lesquels l’Indienne Arundhati Roy, la Libanaise Hanan El-Cheikh, la Tunisienne Sophie Bessis et le Nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature, demandent dans une tribune au « Monde » à « tous ceux et celles qui réclament pour eux la liberté » de « se tenir aux côtés des Ukrainiens ».

 

Tribune.

Depuis le 24 février, Vladimir Poutine mène une guerre de conquête contre l’Ukraine. Son armée bombarde et détruit les villes, tue des civils par milliers, comme elle l’a fait en Tchétchénie et en Syrie. Les Ukrainiens résistent. Il faut les soutenir sans calcul ni réserve.

Dans la plupart de nos pays pourtant, une trop grande partie de l’opinion s’est rangée du côté du dictateur russe. Au nom d’un anti-impérialisme qui s’est mué au fil des ans en haine passionnelle, elle applaudit quiconque s’oppose à l’Occident.

Nous mesurons l’écrasante responsabilité des puissances occidentales petites et grandes dans la dévastation de notre monde. Nous avons dénoncé les guerres qu’elles ont menées pour assurer la pérennité de leur domination sur de vastes régions, dont les nôtres, et condamné leur défense de dictatures indéfendables pour protéger leurs intérêts. Nous savons leur usage sélectif des valeurs dont elles se réclament, laissant mourir à leurs portes les réfugiés venant des Suds et accueillant « les leurs » à bras ouverts. Mais ne nous trompons pas de combat. Tous ceux et celles qui réclament pour eux la liberté, qui croient dans le droit des citoyens à choisir leurs dirigeants et à refuser la tyrannie doivent se tenir aujourd’hui aux côtés des Ukrainiens. La liberté doit être défendue partout.

Pour notre part, nous refusons de soutenir quelque dictature que ce soit au prétexte que ses adversaires seraient nos ennemis. A défendre la guerre de Poutine, nous nous privons de notre propre droit à être libres.

Dima Abdallah, écrivaine (Liban-France) ; Gilbert Achcar, politiste (Liban-Royaume-Uni) ; Mario Aguilar, islamologue (Royaume-Uni) ; Nadia Aïssaoui, sociologue (Algérie-France) : Younès Ajarraï, conseiller culturel (Maroc) ; Sanhadja Akrouf, militante féministe (Algérie-France) ; Cengiz Aktar, politiste (Turquie) ; Hala Alabdalla, cinéaste (Syrie) ; Tewfik Allal, militant associatif (Algérie-France) ; Chawki Azouri, psychiatre (Liban) ; Malika Bakhti, ingénieure (Algérie-France) ; Brigitte Bardet-Allal, enseignante (France) ; Ali Bayramoglu, journaliste (Turquie) ; Yagoutha Belgacem, directrice artistique (Tunisie-France) ; Souhayr Belhassen, présidente d’honneur de la FIDH (Tunisie) ; Akram Belkaïd, journaliste (Algérie-France) ; Rabaa Ben Achour, universitaire (Tunisie) ; Sana Ben Achour, professeur de droit (Tunisie) ; Tahar Ben Jelloun, écrivain (Maroc-France) ; Ali Bensaad, géographe (Algérie) ; Raja Ben Slama, directrice de la Bibliothèque nationale (Tunisie) ; Karima Berger, écrivaine (Algérie-France) ; Mohamed Berrada, écrivain (Maroc) ; Sophie Bessis, historienne (Tunisie-France) ; Karim Emile Bitar, professeur de relations internationales (Liban) ; Antoine Boulad, écrivain (Liban) ; Rafic Boustani, démographe (Liban) ; Nora Boustany, journaliste (Liban-Etats-Unis) ; Soha Bsat Boustani, consultante (Liban) ; Abdallah Cheikh Moussa, universitaire (Tunisie-France) ; Khedija Cherif, sociologue (Tunisie) ; Alice Cherki, psychanalyste (Algérie-France) ; Noam Chomsky, linguiste (Etats-Unis) ; Ahmed Dahmani, universitaire (Algérie-France) ; Kamel Daoud, écrivain (Algérie) ; Godofredo de Oliveira Neto, écrivain (Brésil) ; Albert Dichy, directeur littéraire (Liban-France) ; Karima Dirèche, anthropologue (Algérie-France) ; Nacer Djabi, sociologue (Algérie) ; Alicia Dujovne Ortiz, écrivaine (Argentine) ; Anne-Marie Eddé, universitaire (Liban-France) ; Dominique Eddé, écrivaine (Liban) ; Hanan El-Cheikh, écrivaine (Liban-Royaume-Uni) ; Abbas Fadhel, cinéaste (Irak) ; El Hadj Souleymane Gassama (alias Elgas), écrivain, (Sénégal) ; Amira Hass, journaliste (Israël-Palestine) ; Milton Hatoum, écrivain (Brésil) ; Ahmet Insel, politiste (Turquie) ; Ramin Jahanbegloo, philosophe (Iran) ; Kamel Jendoubi, militant des droits humains (Tunisie-France) Salam Kawakibi, politiste (Syrie-France) ; Tahar Khalfoun, universitaire (Algérie- France) ; Driss Ksikès, écrivain (Maroc) ; Abdellatif Laabi, poète (Maroc) ; Smaïn Laacher, sociologue (France) ; Kamal Lahbib, militant des droits humains (Maroc) ; Ahmed Mahiou, juriste (Algérie) ; Charif Majdalani, écrivain (Liban) ; Ziad Majed, politiste (Liban-France) ; Georgia Makhlouf, écrivaine (Liban-France) ; Farouk Mardam Bey, éditeur (Syrie-France) ; Mohamed Mbougar Sarr, écrivain (Sénégal) ; Khadija Mohsen-Finan, universitaire (Tunisie-France) ; Célestin Monga, économiste (Cameroun) ; Mohammad Ali Amir-Moezzi, universitaire, islamologue (Iran-France) ; Boniface Mongo-Mboussa, écrivain (Congo-Brazzaville-France) ; Wajdi Mouawad, dramaturge (Liban-France) ; Madeleine Mukamabano, journaliste (Rwanda-France) ; Nabil Mouline, historien (Maroc) : Lamia Oualalou, journaliste (Maroc-France) ; Cécile Oumhani, écrivaine (France) ; Atiq Rahimi, écrivain (Afghanistan-France) ; Michèle Rakotoson, écrivaine (Madagascar) ; Arundhati Roy, écrivaine (Inde) ; Lamine Sagna, universitaire (Sénégal-Etats-Unis) ; Antonio Carlos Secchin, écrivain (Brésil) ; Nada Sehnaoui, artiste plasticienne (Liban) ; Leïla Shahid, ancienne ambassadrice (Palestine) ; Muzna Shihabi Barthe, militante des droits humains (Palestine) ; Wole Soyinka, écrivain, prix Nobel de littérature (Nigéria) ; Wassyla Tamzali, essayiste (Algérie-France) ; Nadia Tazi, philosophe (Maroc-France) ; Hyam Yared, écrivaine (Liban).

Accord entre les négociateurs russes et ukrainiens

Accord entre les négociateurs russes et ukrainiens

 

La guerre continue en Ukraine puisque les négociateurs ukrainiens considèrent que les Russes sont d’accord sur leurs propositions. En réalité toutes les revendications de départ de Poutine seraient acceptées maintenant par l’Ukraine. Le seul problème–c’est de savoir ce qu’il y a réellement dans la tête de Poutine. En fait,  les propositions de départ pourraient bien cacher une volonté d’annexer purement et simplement des territoires et si cela avait été possible d’annexer la totalité de l’Ukraine. La guerre continue aussi pour satisfaire la folie d’un dictateur blessé dans son amour-propre pour avoir raté son opération ukrainienne. Il croyait être accueilli par des cris de joie à Kiev, il est contraint aujourd’hui de partir avec un coup de pied au cul en se repliant à l’est et au sud.

Le négociateur en chef ukrainien dans les pourparlers de paix avec la Russie, David Arakhamia, a confirmé samedi que Moscou avait accepté «oralement» les principales propositions ukrainiennes, ajoutant que Kiev attendait désormais une confirmation écrite.

S’exprimant dans une émission télévisée, David Arakhamia a laissé entendre que les discussions visant à mettre fin aux hostilités avaient considérablement avancé. «La Fédération de Russie a donné une réponse officielle à toutes les positions (ukrainiennes), à savoir qu’elle les accepte, sauf en ce qui concerne la question de la Crimée», annexée par Moscou en 2014, a assuré David Arakhamia.

Le négociateur a également déclaré que si une rencontre entre les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine devait finalement avoir lieu, celle-ci se déroulerait «très probablement» en Turquie.

 

Guerre en Ukraine : Une rupture définitive entre Russes et ukrainiens

Guerre en Ukraine : Une rupture définitive entre Russes et ukrainiens

Dans un entretien au « Monde », le chercheur ukrainien Volodymyr Kulyk explique que la résistance dans des zones russophones comme Kherson, dans le sud du pays, était inimaginable pour Moscou ( Le « Monde) ».

Volodymyr Kulyk, membre de l’Institut d’études politiques et ethniques et de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine, est chercheur à l’Institut d’études ukrainiennes de l’université Harvard. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier, non traduit, intitulé « Le discours médiatique ukrainien : identités, idéologies, relations avec le gouvernement », a été publié en 2010, à Kiev.

Depuis le début de l’invasion russe, le 24 février, la résistance des Ukrainiens, souvent présentés comme un peuple divisé, a marqué l’opinion internationale. Cette agression est-elle en train de façonner une nouvelle identité ukrainienne ?

A la racine de cette résistance, il y a la volonté d’indépendance du peuple ukrainien vis-à-vis du voisin russe. Toute identité nationale est complexe. L’Ukraine est très diverse, avec notamment des communautés russophones et ukrainophones, et il existe une proximité culturelle avec la Russie. Si l’histoire a pu contribuer à forger une expérience commune entre ces deux pays, le présent est en train de diviser Ukrainiens et Russes pour toujours. Tout le récit de Vladimir Poutine consiste à dire qu’il s’agit d’un même peuple, mais ses actions ont rendu cette assertion plus absurde que jamais. L’histoire mémorielle des Ukrainiens est d’ailleurs en train de changer : ceux qui adhéraient à l’idée selon laquelle nous avions traversé ensemble les épreuves du passé tendent maintenant à percevoir nos relations sous un angle opposant l’oppression russe à la résistance ukrainienne.

L’une des expériences les plus traumatisantes des relations entre la Russie et les Ukrainiens demeure la famine orchestrée par le régime soviétique en Ukraine en 1932 et 1933 [qui fit entre 2,5 millions et 5 millions de morts]l’Holodomor. Ce terme réapparaît aujourd’hui pour décrire la situation à Marioupol, là où les populations assiégées sont coupées de tout par les occupants, qui veulent organiser leur déplacement.

Des réseaux sociaux aux médias, en passant par les slogans entonnés dans les manifestations contre l’occupant, un autre terme revient : « fasciste ». Dans le monde post-soviétique, c’est l’étalon du mal. Alors même que Poutine utilise la mémoire de la seconde guerre mondiale et la présence de prétendus « nazis » pour justifier son agression, le terme de « fasciste » est renvoyé à la face de Moscou.

Il s’agit de l’aboutissement d’événements commencés en 2014, avec la révolution proeuropéenne en Ukraine et la première agression russe contre la Crimée et l’est de l’Ukraine. Avant cette date, ceux qui percevaient la Russie comme une puissance hostile étaient minoritaires. Depuis, ils sont devenus majoritaires. Aujourd’hui, cette perception est unanime.

 

SONDAGE accueil de réfugiés ukrainiens: 79% des Français pour

SONDAGE accueil de réfugiés ukrainiens: 79% des Français pour

D’après l’IFOP  une large majorité des Français (79 %)  favorables à l’accueil dans notre pays de réfugiés ukrainiens.

De manière particulièrement écrasante, cette adhésion à l’accueil de réfugiés en provenance d’Europe centrale se révèle nettement plus élevée que pour d’autres populations, comme les Afghans fuyant le régime des talibans en septembre 2021 (49 %), les chrétiens d’Orient menacés par Daech en 2016 (62 %) ou les migrants traversant la méditerranée en 2015 (au maximum 49 %, taux mesuré après la publication des photos d’Aylan, l’enfant échoué sur une plage turque). Un écart qui met cruellement en exergue la différence de perception selon leur lieu d’origine des « réfugiés » et de la nécessité de les accueillir.

 

 

 

Poutine pour un Etat indépendant des rebelles ukrainiens

Poutine  pour un Etat indépendant des rebelles ukrainiens  

 

Poutine ne manque pas d’air, pour lui plus c’est gros plus ça passe.la politique des coups fourrés continue, après avoir nie la présence de troupes russes, il les reconnaît désormais.  Après avoir annexé la Crimée, il veut maintenait un Etat indépendant dans l’est de l’Ukraine, en fait un Etat sous la houlette de la Russie.  Poutine demande pour la première fois la création d’un Etat pour le « sud-est de l’Ukraine ».  Vladimir Poutine souhaite « commencer immédiatement des discussions substantielles » sur « la création d’un Etat pour le sud-est de l’Ukraine afin de protéger les intérêts légitimes des personnes qui y vivent« .  C’est ce qu’il a déclaré dans une émission enregistrée ce vendredi. Jusqu’à présent, le président russe parlait seulement d’une autonomie des régions concernées dans un système fédéral moins centralisé.  Le patron du Kremlin a une nouvelle fois fait porter la responsabilité de la crise actuelle aux Occidentaux parce qu’ils ont selon lui soutenu le mouvement de protestation ayant conduit en février au « coup d’Etat » contre le président prorusse Viktor Ianoukovitch. Et il eu cette phrase en forme d’aveu de l’ingérence russe en Ukraine : « Ils auraient dû savoir que la Russie ne pouvait pas rester à l’écart quand des gens se font tirer dessus presque à bout portant. » 

 

 

Poutine ne manque pas d’air, pour lui plus c’est gros plus ça passe.la politique des coups fourrés continue, après avoir nie la présence de troupes russes, il les reconnaît désormais.  Après avoir annexé la Crimée, il veut maintenait un Etat indépendant dans l’est de l’Ukraine, en fait un Etat sous la houlette de la Russie.  Poutine demande pour la première fois la création d’un Etat pour le « sud-est de l’Ukraine ».  Vladimir Poutine souhaite « commencer immédiatement des discussions substantielles » sur « la création d’un Etat pour le sud-est de l’Ukraine afin de protéger les intérêts légitimes des personnes qui y vivent« .  C’est ce qu’il a déclaré dans une émission enregistrée ce vendredi. Jusqu’à présent, le président russe parlait seulement d’une autonomie des régions concernées dans un système fédéral moins centralisé.  Le patron du Kremlin a une nouvelle fois fait porter la responsabilité de la crise actuelle aux Occidentaux parce qu’ils ont selon lui soutenu le mouvement de protestation ayant conduit en février au « coup d’Etat » contre le président prorusse Viktor Ianoukovitch. Et il eu cette phrase en forme d’aveu de l’ingérence russe en Ukraine : « Ils auraient dû savoir que la Russie ne pouvait pas rester à l’écart quand des gens se font tirer dessus presque à bout portant. » 

 




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