Archive pour le Tag 'Twitter'

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Twitter :Le coup de bluff d’Elon Musk ?

Twitter :Le coup de bluff d’Elon Musk ?

Le patron de Tesla qui vient de revenir sur sa position d’abandonner le rachat de Twitter comptait aussi sur l’abandon des poursuites judiciaires. Malheureusement pour lui, Twitter a décidé de refuser cet abandon d’arbitrage judiciaire. Il se pourrait que Twitter craigne un nouveau coup de bluff d’Elon Musk car l’abandon des poursuites judiciaires pourrait donner l’occasion d’un nouveau retournement de veste avec désengagement brutal de Twitter.

Elon Musk, Brillant ingénieur ne manque pas de qualités mais sa gestion est largement hypothéquée par des coups médiatiques douteux. Ainsi son projet de racheter Twitter 45 milliards. Puis sa décision de se retirer sans doute pour faire écrouler les cours de Twitter. Enfin l’engagement de procédures judiciaires abracadabrantes avant de déclarer hier sa nouvelle intention de se replacer pour l’achat de Twitter. Une attention stratégique ou encore un coup de bluff car la rentabilité de Twitter est loin d’être assurée avec un investissement aussi monumental. D’autant que dans ce domaine, peuvent apparaître assez rapidement des grands du numérique qui tuent leurs concurrents. Voir à cet égard la progression des plates-formes chinoises en avance maintenant pour une offre globale. Elon Musk voudrait intégrer witter dans une sorte d’appli unique et géante, un peu comme le fait le chinois WeChat qui offre des services d’achats, de réseaux sociaux, de discussions ou encore de finance.

Si les actionnaires de Twitter sont les grands gagnants, difficile de dire si le rachat va être une bonne nouvelle pour Twitter en tant que tel. Car jusqu’à présent, le modèle économique d’Elon Musk pour Twitter partait du principe que la plateforme avait de grosses marges de manœuvre pour monétiser son audience parce qu’elle avait 20% de faux comptes. Or, si elle en a effectivement 5% ou aux alentours, comme le clame Twitter depuis des années, c’est une autre affaire.
De manière générale, Elon Musk s’est contenté d’affirmations vagues sur le potentiel économique formidable de Twitter, mais il n’a pas présenté de business plan crédible. Son mantra de « restaurer la liberté d’expression » se heurtera à la réalité : à la fois celle de Twitter qui n’est pas aujourd’hui un espace de censure malgré les affirmations de Musk, et qui fait partie des plateformes qui modèrent le moins et le moins efficacement ; et celle de la régulation, qui va dans le sens d’un contrôle plus strict des contenus publiés sur les plateformes, afin de mieux lutter contre la désinformation et le cyber-harcèlement.

Finalement ce pourrait aussi être un énorme coup de bluff pour permettre Elon Musk ( Grâce au protocole qui annulerait les poursuites juridiques) de se désengager le moment venu de Twitter et en même temps de lui porter un coup financier par rapport à sa valorisation

Twitter : nouveau coup de bluff à 45 milliards d’Elon Musk ?

Twitter : nouveau coup de bluff à 45 milliards d’Elon Musk ?

Elon Musk, Brillant ingénieur ne manque pas de qualités mais sa gestion est largement hypothéquée par des coups médiatiques douteux. Ainsi son projet de racheter Twitter 45 milliards. Puis sa décision de se retirer sans doute pour faire écrouler les cours de Twitter. Enfin l’engagement de procédures judiciaires abracadabrantes avant de déclarer hier sa nouvelle intention de se replacer pour l’achat de Twitter. Une attention stratégique ou encore un coup de bluff car la rentabilité de Twitter est loin d’être assurée avec un investissement aussi monumental. D’autant que dans ce domaine, peuvent apparaître assez rapidement des grands du numérique qui tuent leurs concurrents. Voir à cet égard la progression des plates-formes chinoises en avance maintenant pour une offre globale. Elon Musk voudrait intégrer witter dans une sorte d’appli unique et géante, un peu comme le fait le chinois WeChat qui offre des services d’achats, de réseaux sociaux, de discussions ou encore de finance.

Si les actionnaires de Twitter sont les grands gagnants, difficile de dire si le rachat va être une bonne nouvelle pour Twitter en tant que tel. Car jusqu’à présent, le modèle économique d’Elon Musk pour Twitter partait du principe que la plateforme avait de grosses marges de manœuvre pour monétiser son audience parce qu’elle avait 20% de faux comptes. Or, si elle en a effectivement 5% ou aux alentours, comme le clame Twitter depuis des années, c’est une autre affaire.
De manière générale, Elon Musk s’est contenté d’affirmations vagues sur le potentiel économique formidable de Twitter, mais il n’a pas présenté de business plan crédible. Son mantra de « restaurer la liberté d’expression » se heurtera à la réalité : à la fois celle de Twitter qui n’est pas aujourd’hui un espace de censure malgré les affirmations de Musk, et qui fait partie des plateformes qui modèrent le moins et le moins efficacement ; et celle de la régulation, qui va dans le sens d’un contrôle plus strict des contenus publiés sur les plateformes, afin de mieux lutter contre la désinformation et le cyber-harcèlement.

Finalement ce pourrait aussi être un énorme coup de bluff pour permettre Elon Musk ( Grâce au protocole qui annulerait les poursuites juridiques) de se désengager le moment venu de Twitter et en même temps de lui porter un coup financier par rapport à sa valorisation

Réseaux sociaux : L’arnaque de Twitter !

Réseaux sociauxL’arnaque de Twitter !

Twitter aurait privilégié la progression du nombre d’utilisateurs au lieu de la lutte contre les comptes de spams, selon le document d’un lanceur d’alerte. Il ne s’agit pas d’une véritable surprise quand on sait que les revenus de ce réseau dit social (et ceux  des concurrents) sont fondés  sur les recettes de la publicité qui dépendent du volume d’utilisateurs).

Twitter a induit les régulateurs américains en erreur concernant sa capacité à se défendre contre les pirates informatiques et les comptes de spam, selon une plainte déposée par ce lanceur d’alerte.

L’ancien chef de la sécurité du réseau social, Peiter Zatko, a indiqué dans sa plainte que Twitter avait affirmé à tort avoir un plan solide en matière de sécurité.

La plainte a été déposée le mois dernier auprès de l’organisme américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, du département de la Justice, ainsi qu’auprès de la FTC (Federal Trade Commission).

Twitter aurait privilégié la progression du nombre d’utilisateurs au lieu de la lutte contre les comptes de spams, selon le document.

Ces accusations interviennent alors que Twitter a intenté un procès contre Elon Musk pour violation du contrat de rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars (44 milliards d’euros).

Le patron de Tesla a mis fin début juillet à l’accord de rachat de Twitter, accusant le groupe d’avoir manqué à ses obligations contractuelles en fournissant notamment des données erronées ou incomplètes sur le nombre de faux comptes, des accusations rejetées par le réseau social.

 

L’arnaque de Twitter !

L’arnaque de Twitter !

Twitter aurait privilégié la progression du nombre d’utilisateurs au lieu de la lutte contre les comptes de spams, selon le document d’un lanceur d’alerte. Il ne s’agit pas d’une véritable surprise quand on sait que les revenus de ce réseau dit social (et ceux  des concurrents) sont fondés  sur les recettes de la publicité qui dépendent du volume d’utilisateurs).

Twitter a induit les régulateurs américains en erreur concernant sa capacité à se défendre contre les pirates informatiques et les comptes de spam, selon une plainte déposée par ce lanceur d’alerte.

L’ancien chef de la sécurité du réseau social, Peiter Zatko, a indiqué dans sa plainte que Twitter avait affirmé à tort avoir un plan solide en matière de sécurité.

La plainte a été déposée le mois dernier auprès de l’organisme américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, du département de la Justice, ainsi qu’auprès de la FTC (Federal Trade Commission).

Twitter aurait privilégié la progression du nombre d’utilisateurs au lieu de la lutte contre les comptes de spams, selon le document.

Ces accusations interviennent alors que Twitter a intenté un procès contre Elon Musk pour violation du contrat de rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars (44 milliards d’euros).

Le patron de Tesla a mis fin début juillet à l’accord de rachat de Twitter, accusant le groupe d’avoir manqué à ses obligations contractuelles en fournissant notamment des données erronées ou incomplètes sur le nombre de faux comptes, des accusations rejetées par le réseau social.

 

« Réseaux sociaux- »Twitter et autres : 80 % de faux comptes ?

« Réseaux sociaux- »Twitter et autres   : 80 % de faux comptes ? 

Les bots* sont-ils à l’origine du déclin de notre monde numérique ? Il est plausible que plus de 80 % des comptes Twitter soient en fait des faux – et Twitter n’est pas le seul réseau social à être concerné. Voici pourquoi… Par Dan Woods, Global Head of Intelligence chez F5. (la Tribune)

*Un bot informatique est un agent logiciel automatique ou semi-automatique qui interagit avec des serveurs informatiques. Un bot se connecte et interagit avec le serveur comme un programme client utilisé par un humain, d’où le terme « bot », qui est la contraction par aphérèse de « robot »

 

 

À ce stade, nous sommes nombreux à avoir entendu parler de l’échec de l’acquisition et de l’affaire juridique qui se profile entre Twitter, une société qui n’a pas cherché à être achetée, et Elon Musk, qui a annulé son offre d’achat de la société.

Au centre de ce conflit se trouve le trafic de robots. Il est presque certain que le trafic de robots de Twitter est beaucoup plus important que ce qui est exprimé publiquement et de ce que les équipes imaginent en interne. En toute honnêteté, c’est probablement le cas pour toutes les organisations qui sont ciblées par des bots malveillants ou indésirables mais qui n’utilisent pas les meilleures technologies pour les éliminer.

 

Dans le cas de Twitter, l’une des principales motivations est d’obtenir la création de nouveaux comptes. On a l’impression que plus une personne a de followers, plus ses tweets sont intéressants, et en effet, les comptes ayant le plus de followers ont tendance à être plus influents.

Ce modèle peut alors devenir préoccupant dès lors qu’il vise à amplifier l’influence. Imaginez l’influence que vous pourriez avoir en contrôlant automatiquement des millions de comptes Twitter qui interagissent avec les comptes réels de personnalités publiques et de citoyens privés. Cette situation est susceptible d’attirer des acteurs étatiques très motivés disposant de ressources pratiquement illimitées.

Non seulement l’incitation est énorme sur Twitter, mais il existe aussi des moyens. Il existe d’innombrables services sur Internet (y compris les marketplaces du dark/deep web) qui proposent des comptes Twitter, des followers, des likes et des retweets contre rémunération.

Pour moins de 1 000 dollars, il est possible d’obtenir près de 100 000 followers, qui retweetent tout et n’importe quoi. Ces comptes ont des noms tels que TY19038461038, et ils suivent beaucoup d’autres comptes.

Créer un compte Twitter en utilisant l’automatisation est particulièrement facile. En y regardant d’un peu plus près, il est possible d’écrire un script qui crée automatiquement des comptes Twitter. Sans pour autant changer d’adresse IP ni le nom du compte.

Il y a quelques années, un réseau social américain a déployé une stratégie de défense contre les robots et a découvert que 99 % de son trafic de connexion était automatisé.

En fait, 80 à 99 % du trafic est automatisé sur de nombreuses applications. Ces résultats ne sont pas un cas isolé – ils sont communs à de nombreuses organisations (commerçants, institutions financières, sociétés de télécommunications et entreprises de restauration rapide, pour n’en citer que quelques-unes).

La nouvelle a bien sûr été dévastatrice pour l’entreprise. Elle savait qu’elle avait un problème de bot, mais n’avait jamais imaginé qu’il était aussi grave. Les conséquences ont rapidement été ressenties. Seule une infime partie de leurs comptes clients étaient de véritables clients humains. La majeure partie était des robots

 

Pour les réseaux sociaux, le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens (DAU), qui est un sous-ensemble de tous les comptes, joue un rôle important dans l’évaluation. La révélation que leur DAU ne représentait qu’une fraction de ce qu’elles pensaient a entraîné une baisse significative de leur valeur.

Aurait-il alors été préférable pour les actionnaires de cette entreprise de ne jamais apprendre la vérité et de se contenter d’affirmer que leur problème de bots était inférieur à 5 % ? Sans aucun doute, oui.

Cette pression ne s’applique pas seulement aux sites de réseaux sociaux dont la valorisation est déterminée par le nombre de DAU. Elle s’applique également aux entreprises qui vendent des produits à forte demande dont les stocks sont limités, comme des billets de concert, des baskets, des sacs à main de marque ou le prochain iPhone.

Lorsque ce type de produits sont vendus en quelques minutes à des robots, pour être ensuite revendus à des prix très élevés, cela créé un mécontentement des clients, mais l’entreprise parvient à écouler rapidement l’ensemble de son stock et alors, rien n’est fait pour maitriser ce procédé.

Dans ces cas, une entreprise peut vouloir donner l’impression qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour arrêter les bots alors qu’en réalité, elle ne fait pas grand-chose.

Selon le volume et la vitesse de l’automatisation que nous observons aujourd’hui, la sophistication des bots et le manque relatif de contre-mesures, on peut facilement faire la conclusion suivante : selon toute vraisemblance, plus de 80 % des comptes Twitter sont en fait des bots.

Sans nul doute, Twitter essaie d’empêcher toute automatisation indésirable sur sa plateforme, comme toutes les entreprises. Mais il est probable qu’il s’agisse d’une automatisation très sophistiquée de la part d’acteurs extrêmement motivés. Dans ces circonstances, la lutte contre les bots n’est pas une mince affaire. Elle nécessite des outils tout aussi sophistiqués.

Cependant, il y a quelque chose de beaucoup plus important en jeu ici. Le problème des bots est plus important que les recettes publicitaires, le cours de l’action ou la valorisation d’une entreprise. Ne pas lutter contre l’usage de bots, menace l’ensemble des fondements de notre monde numérique.

Permettre aux bots de proliférer conduit à une fraude massive qui coûte des milliards. Cela permet aux nations et aux organisations malveillantes de diffuser de fausses informations, d’influencer les processus politiques voire même de créer de potentiels conflits.

Si nous voulons, en tant que société, continuer à bénéficier de toutes les connaissances, de tous les divertissements et des autres avantages que nous offre l’internet et notre monde mobile et connecté, nous devons faire quelque chose contre le trafic automatisé en ligne. La seule façon de lutter contre les bots est de mettre en place notre propre automatisation hautement sophistiquée.

« Twitter : la police de la pensée » ?

 « Twitter : la police de la pensée »

 

William Thay, président du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques, raconte  dans le JDD la suspension pendant quelques heures de son compte Twitter. 

 

Notons que certains sont cependant que certains partisans d’une régulation publique, ce qui n’est pas sans doute le Graal démocratique. On peut en effet s’interroger sur les critères de pertinence et de démocratie qui fonderaient  cette régulation. Même s’il faut convenir qu’il est sans doute urgent d’engager une réflexion sur la déontologie, les règles et l’accessibilité de l’information sur le net ( en commençant sans doute par l’interdiction de l’anonymat qui autorise tous les excès et toutes les dérives)

 

 

tribune :

 

« L’apparition des réseaux sociaux a profondément changé le rapport des citoyens avec la démocratie. Internet, qui s’était initialement créé sur le principe d’ouverture, se ferme progressivement de plus en plus et dénature le débat public. J’ai été victime comme de nombreux internautes d’une suspension de mon compte Twitter et j’ai souhaité raconter ce qu’il m’était arrivé pour alerter. Alors que les réseaux sociaux devaient permettre à tout le monde de s’exprimer librement, ils sont devenus les nouveaux censeurs de la parole. Désormais, ce n’est plus l’État et le législateur qui fixent le cadre de la liberté d’expression mais les plateformes numériques.

 

De Mélenchon à la suspension

Mon histoire débute par un développement (thread en langage Twitter) sur le programme économique de Jean-Luc Mélenchon le 2 juin dernier. Je développais dans celui-ci pourquoi selon moi son plan de relance n’allait pas fonctionner en prenant en comparaison les échecs des plans Chirac en 1975 et Mauroy en 1981. Ensuite, j’ai affirmé que Mélenchon « tue des policiers, parce qu’il alimente un discours anti-flic ».

Ces deux propos sont corrélés en termes de date à la suspension de mon compte Twitter ainsi que certains de mes collègues de mon cercle de réflexion. Si ces propos sont engagés, ils respectent la liberté d’expression garantie par le bloc de constitutionnalité. Cependant, Twitter est maitre dans son domaine, et l’expression sur la plateforme doit se plier au respect des fameuses Conditions générales d’utilisation ou CGU, que chaque internaute accepte lorsqu’il s’inscrit.

Le long chemin pour récupérer son compte

Mon compte Twitter a ainsi été suspendu comme ceux de certains de mes collègues. À notre surprise, nous n’avons pas reçu d’explications justifiant cette décision. Cette situation vous laisse peu d’options pour le récupérer. En effet, la plateforme peut suspendre des utilisateurs, supprimer des messages que le réseau social considère comme non compatible avec ses CGU. Les raisons sont donc larges et suffisamment floues pour offrir une grande marge d’appréciation par Twitter. La plateforme dispose ainsi d’un pouvoir arbitraire lui permettant de réguler l’espace d’expression favori des personnalités politiques.

Grâce à l’appui de différentes personnalités politiques ou médiatiques qui ont eu le courage de porter l’affaire sur la plateforme, j’ai pu retrouver l’usage de mon compte Twitter L’entreprise m’a ensuite expliqué les raisons de ma suspension qui serait en raison d’une violation de politique de spam et m’a demandé de faire amende honorable à ce sujet. Pour cela vous disposez de deux options, soit vous vous y conformez pour retrouver l’usage du réseau social soit vous refusez pour y subir votre mort sociale puisque vous ne pouvez plus créer d’autres comptes.

Mais pour mon cas personnel et chanceux qui a touché plusieurs personnalités, combien de Français ne disposent pas de cette chance ? Combien de Français sont suspendus et donc discriminés de façon arbitraire alors que des comptes haineux continuent de proliférer sur cette plateforme ? À ce titre, certains comptes de membres du cercle de réflexion ne disposent pas à ce jour des raisons motivant leur suspension, alors même certains sont élus de la nation donc représentant du peuple.

Le malaise démocratique

J’ai ainsi été victime des mêmes problèmes que rencontrent les utilisateurs de Twitter. La plateforme n’est désormais plus un lieu de débat mais celui d’une arène pour savoir qui aura le droit à la parole. Nous faisons face à une stratégie de signalement de la part de collectifs pour abattre les personnes qui ne pensent pas comme eux. L’objectif n’est plus de mettre en lumière les failles de l’argumentation mais davantage de leur retirer la possibilité de s’exprimer pour les invisibiliser de l’espace public.

Même si je possède de forts soupçons, je ne saurais jamais si j’ai été victime de cette stratégie de la part de l’équipe de Mélenchon. Mais cela interroge fortement sur la capacité à prendre en compte les opinions des autres, ce qui est fondamental dans une démocratie. Ce sentiment serait encore plus renforcé par la fascination de NUPES et de son leader pour certains régimes autoritaires !

Plus largement, mon expérience comme celle d’autres utilisateurs victimes d’insultes, de harcèlement et de censure pose des questions démocratiques sur une plateforme qui devient le régulateur de la parole publique. Est-ce qu’un État souverain de surcroit comme la France peut déléguer le contrôle de la liberté d’expression à un géant du numérique ? Est-ce que certains problèmes démocratiques que nous rencontrons ne pourraient pas être résolus si le pouvoir politique et le peuple ne décidaient pas de reprendre le contrôle ?

La révolution internet a permis de belles avancées pour l’humanité, et il s’agit d’un progrès à préserver. Cependant, le projet originel est victime de dérives : la folie des dirigeants de ces plateformes qui agissent comme étant supérieurs à des états souverains et l’évolution de certains collectifs qui pervertissent la démocratie. Ces derniers préfèrent exclure les personnes du débat plutôt que de confronter les arguments. Ainsi, revenons à l’esprit originel de la démocratie pour revenir au débat, et j’espère que mon cas personnel pourra interroger et susciter les débats sur le rôle de ces plateformes. »

Twitter- Musk: Et maintenant l’affaire des faux comptes !

Twitter- Musk: Et maintenant l’affaire des faux comptes !

Un vrai règlement de comptes de voyous entre le réseau Twitter et Musk. Musk qui accuse maintenant le réseau Twitter de déclarer de nombreux faux comptes pour renforcer encore sa crédibilité. Du coup ,Musk menace même de ne plus acheter le réseau. En réalité il veut en faire baisser le coût car il a du mal à trouver les 47 milliards nécessaires.

Musk a mis en cause ce chiffre de moins de 5% de faux comptesOfficiellement annoncé par Twitter , en expliquant ne jamais avoir vu une analyse l’établissant. «Il y a des chances pour qu’il y ait plus de 90% des utilisateurs actifs quotidiens [...]. Il est très surprenant que les tweets les plus populaires de tous les temps n’aient été aimés que par 2% des utilisateurs actifs quotidiens», s’étonnait l’entrepreneur.

L’annonce de la suspension du rachat, même temporaire, avait fait s’effondrer le cours en Bourse de Twitter de plus de 25%. Si l’action s’est légèrement reprise depuis, une chose est sûre : ce rachat n’est décidément pas comme les autres…Et on peut s’étonner que les autorités boursière américaines tolèrent de tels comportements de cow-boys.

 

Twitter : Nouvelle manipulation d’ Elon Musk

 Twitter : Nouvelle manipulation d’ Elon Musk

Le milliardaire Elon Musk pourrait bien avoir des difficultés à trouver les 44 milliards qu’il a proposés pour le rachat du réseau Twitter. Et pour faire baisser la somme, il procède à une nouvelle manipulation en déclarant qu’il suspend l’achat ! L’action du groupe a plongé d’environ 20% après cette annonce dans les échanges électroniques précédant l’ouverture de Wall Street, mais s’est ressaisie ensuite et ne perdait que 8% à la mi-journée ( d’après La Tribune).

 

Le réseau social avait avancé cette estimation à l’occasion de l’annonce de ses résultats du premier trimestre fin avril. Si une plus grande partie de ses 229 millions d’utilisateurs quotidiens actifs s’avéraient être des faux comptes, ses revenus publicitaires (qui représentent 90% de son chiffre d’affaires) pourraient diminuer. De son côté, Elon Musk a fait de la lutte contre les « bots » (les comptes automatisés) un des principaux chantiers de son projet.

Deux heures après ce tweet initial, le milliardaire a ajouté dans un second tweet qu’il était « toujours engagé dans le rachat« .

Cet énième coup d’éclat d’Elon Musk pourrait n’être qu’un coup de bluff. Comme l’expliquait à La Tribune Karl Hepp de Sevelinges, avocat associé chez Jeantet, également spécialiste M&A :  »Elon Musk ne peut pas sortir du contrat, sauf si la sortie est prévue dans le contrat« . Ce dernier, plutôt standard, contient une clause de révocation, celle des  »événements défavorables significatifs« , un terme du jargon pour évoquer « des événements qui mettent en danger l’économie de l’acquisition« . Mais le juriste précisait qu’il fallait un désastre financier pour que cette clause puisse être invoquée, évoquant un cas où la société rachetée avait perdu plus de 90% de son chiffre d’affaires et un autre cas où un dirigeant de l’entreprise rachetée s’était servi dans les caisses.

Ce n’est pas tout : Twitter a prévu dans son contrat avec Elon Musk une clause contre les frasques de ce dernier, le citant nommément. Il est prévu que si l’entreprise était affectée d’une quelconque manière par les propos tenus par l’homme d’affaires, cela ne pourrait pas être pris en compte dans les critères de rupture. Autrement dit, même si le milliardaire fait baisser la valeur de l’entreprise à cause de sa communication, il ne pourrait pas, en théorie, s’en servir pour renégocier le prix du rachat. Quoiqu’il en soit, le contrat prévoit qu’en cas de rupture, même justifiée, le milliardaire doit payer 1 milliard de dollars à Twitter.

Twitter: Stopper la folie antidémocratique de Musk

Twitter: Stopper la folie antidémocratique de Musk

 

Un collectif emmené par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, où l’on trouve Mario Stasi, Gérald Bronner, Patrick Pelloux, Anne Sinclair, Serge Tisseron, ou Lucile Jomat, met en garde le milliardaire Elon Musk, dans une tribune au « Monde », contre toute tentative d’imposer sur Twitter une liberté d’expression absolue, contraire au droit français qui considère la haine comme un délit.

 

 

Le lundi 25 avril, nous avons appris que le conseil d’administration du réseau social Twitter avait donné son accord de principe au rachat de la plate-forme par Elon Musk pour la somme de 44 milliards de dollars (environ 41,9 milliards d’euros). Depuis plusieurs jours, nous lisons dans la presse et sur le profil Twitter de l’entrepreneur, que sa volonté serait de réformer le réseau social, tout en y promouvant une conception « absolutiste » de la liberté d’expression, sans entrave aucune.

Bien que l’homme d’affaires ait précisé dans un tweet du 27 avril 2022 que « par liberté d’expression, j’entends simplement ce qui est conforme à la loi », il ne précise pas pour autant s’il désigne spécifiquement la Constitution américaine ou les lois de chacun des Etats dans lesquels Twitter opère.

Nous sommes fondamentalement attachés au respect de la liberté d’expression, socle de la démocratie. Si cette liberté, telle qu’elle est établie dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, insérée dans la Constitution française et issue de l’esprit des Lumières, permet aux citoyens d’exprimer librement leurs opinions, c’est à la seule condition qu’elle puisse s’exercer dans le respect des droits et de la dignité d’autrui. A ce titre, dans le droit français, le racisme, l’antisémitisme, mais aussi la haine anti-LGBT et le sexisme ainsi que tout ce qui est attentatoire à la dignité humaine ne relèvent pas de l’opinion, du débat, mais du délit.

Aspirants terroristes et conspirationnistes

Or nous constatons depuis plusieurs années la recrudescence et l’exacerbation de ce type de discours, ainsi que la multiplication des raids numériques visant à harceler des personnes en raison de leur couleur de peau, de leur religion, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Aspirants terroristes, conspirationnistes, trolls et désinformateurs prolifèrent sur des espaces qui sont devenus de véritables armes de guerre aux mains de ceux qui, aujourd’hui, par des opérations d’influence ou des offensives militaires, s’attaquent à nos démocraties.

Le socle législatif français, et spécifiquement nos lois contre le racisme du 1er juillet 1972 et du 13 juillet 1990, s’appliquent à toutes personnes sur le territoire français, y compris aux usagers de Twitter. De même, les Etats membres de l’Union européenne, tout autant attachés à la liberté d’expression et au respect des individus, se sont unis pour disposer d’un arsenal législatif plus global.

A cet égard, le règlement sur les services numériques, le règlement sur les services numériques (Digital Services Act ou DSA), présenté par la Commission européenne le 15 décembre 2020, adopté récemment au sein des institutions européennes, a pour but de responsabiliser les réseaux sociaux sur le marché unique. Il aura vocation à s’appliquer à tous les réseaux sociaux, y compris Twitter, indépendamment de la volonté affichée d’Elon Musk de supprimer toute modération des propos tenus sur cette plateforme.

Société- Twitter racheté par Elon Musk : la menace libertiarienne capitaliste

Société- Twitter racheté par Elon Musk : la menace libertiarienne capitaliste

Au nom d’une liberté qui permet de tout dire et surtout de manipuler l’opinion, l’homme le plus riche qui vaut plus de 300 milliards  Elon Musk  veut se servir du réseau Twitter qu’il vient de racheter pour 44 milliards pour contester les règles de droit dans la société concernant aussi bien l’économie, le social, la démocratie. Une vision très proche de Trump qu’il a soutenu et l’hypocrisie du système « du renard libre dans le poulailler libre » ou l’utilisation de la démagogie et du populisme pour servir en réalité d’immenses intérêt capitalistes.

Un article diffusé par France Info fait le point des enjeux.

L’homme le plus riche de la planète, suivi par 83 millions de personnes, compte bien bousculer le petit oiseau bleu. Par le passé, il a en effet souvent regretté que les modérateurs de Twitter aillent « trop loin » et « interviennent trop », rappelle Le New York Times* . C’est d’ailleurs ce qu’il s’est empressé de redire dans son communiqué* annonçant le rachat : selon lui,  »la liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’Humanité ». C’est d’ailleurs pour en être le seul maître à bord qu’il propose de retirer le réseau social des entreprises cotées en Bourse aux Etats-Unis. Une décision qui permettrait à la plateforme d’échapper à tout contrôle externe.

Quelques jours avant la finalisation du rachat, Marianne décrivait justement Elon Musk comme un « absolutiste en matière de liberté d’expression » qui « libérerait le potentiel de Twitter » en laissant les gens  »parler librement dans les limites de la loi ». « Or puisque les discours racistes et antisémites, ou encore la diffusion d’informations privées sont légaux aux Etats-Unis, ce genre de propos pourraient de nouveau être autorisés sur Twitter », fait remarquer l’hebdomadaire.

Dans une interview accordée à La Tribunele chercheur Olivier Ertzscheid, spécialiste des nouvelles technologies à l’Université de Nantes, ne peut que confirmer. « Il faut bien comprendre qu’il existe deux conceptions de la liberté d’expression. La première, plutôt américaine, est radicale : la liberté est au-dessus de tout, ce qui signifie que tout point de vue, quel qu’il soit, peut être exprimé dans l’espace public. Y compris, donc, un point de vue raciste, xénophobe, antisémite ou la diffusion d’une ‘fake news’. La deuxième conception, plutôt européenne et française, est qu’il y a des limites légales à ce qu’on peut dire dans l’espace public. »

Dit autrement, la liberté d’expression façon Elon Musk doit être  »totale », résume l’universitaire. L’utilisateur doit pouvoir écrire ce qu’il veut, sans limites, peu importe si  »l’Histoire récente a démontré que les algorithmes des réseaux sociaux ne sont pas neutres et qu’ils peuvent avoir un impact négatif majeur sur la vie démocratique, partout dans le monde, des Etats-Unis à l’Inde en passant par les Ouïghours en Chine, ou en Europe. »

D’ailleurs, Elon Musk n’a pas attendu de prendre les commandes de Twitter pour y dire tout ce qui lui passe par la tête. Il plaisante, provoque, critique, se moque… Pas plus tard que samedi 23 avril, l’entrepreneur a publié un montage photo grossophobe comparant Bill Gates à un homme enceint. Il était accompagné de la légende suivante : « Au cas où vous auriez besoin de mettre rapidement fin à une érection ».

Trois semaines après le début de la guerre en Ukraine, il proposait de défier le président russe Vladimir Poutine dans un combat « d’homme à homme ». En mars 2020, il avait qualifié de  »débile » la panique que provoquait chez les gens la pandémie de Covid-19.

La liste est encore longue. Et « Elon Musk n’a jamais été banni, ni même suspendu temporairement de Twitter pour l’ensemble de ces propos », rappelle Le HuffPost. Après tout, pourquoi l’aurait-il été ? Selon le patron de Tesla,  »les politiques des plateformes des médias sociaux sont bonnes si les 10% les plus extrêmes de gauche et de droite sont également mécontents », écrivait-il dans un tweet, le 19 avril.

 

En concluant cet accord, « Elon Musk a un projet politique derrière la tête », fait remarquer sur franceinfo Olivier Lascar, le rédacteur en chef du pôle digital de Sciences et Avenir-La Recherche. Avec Twitter, Elon Musk s’achète en réalité « un instrument d’influence », une arme de communication massive qui lui permet d’« avoir l’oreille des politiques et peut-être de trouver les amitiés » nécessaires pour son développement.

A commencer par un certain Donald Trump. L’ancien président américain, banni à vie de Twitter après l’assaut du Capitole à Washington en janvier 2021, pourrait-il y refaire son apparition ? L’intéressé a assuré sur Fox News, lundi, qu’il ne reviendrait pas, malgré l’arrivée d’Elon Musk. Il n’empêche : la prise en main du réseau social par le patron de Tesla et de SpaceX inquiète le monde politique américain. « Cet accord est dangereux pour notre démocratie. Les milliardaires comme Elon Musk jouent selon un ensemble de règles différent de tout le monde, accumulant du pouvoir pour leur propre bénéfice. Nous avons besoin d’un impôt sur la fortune et de règles strictes pour que la ‘big tech’ soit responsable de ses actes », a par exemple dénoncé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

Réaction similaire du président de l’organisation pour les droits civiques NAACP.  »Monsieur Musk, la liberté d’expression est merveilleuse, le discours de haine inacceptable. La désinformation, la mésinformation et le discours de haine n’ont AUCUNE PLACE sur Twitter, prévient Derrick Johnson dans un communiqué*. Ne permettez pas à [Donald Trump] de revenir sur la plateforme… Protéger notre démocratie est de la plus haute importance, surtout à l’approche des élections de mi-mandat [en novembre]. Monsieur Musk, des vies sont en danger, tout comme la démocratie américaine. »

Dans un autre communiqué*, la codirectrice de l’ONG Free Press ne mâche pas non plus ses mots. « Elon Musk lui-même a utilisé Twitter et d’autres plateformes pour attaquer et réduire au silence d’autres personnes. Il a répandu de la désinformation sur le Covid-19 et les vaccins. Il s’est servi de Twitter pour manipuler les marchés et augmenter sa fortune déjà considérable ».

Quand il entend quelqu’un présenter Elon Musk comme un grand défenseur des libertés, Olivier Lascar raconte cette anecdote. « Dans le passé, Elon Musk a déjà démontré que la liberté d’expression avait ses limites dans sa conception, tient à souligner le journaliste, toujours sur franceinfoChez SpaceX, il n’y a que lui qui a le droit de parler, ou son numéro 2. Un internaute s’était amusé à référencer les vols de son jet privé et à les publier en commentaires des propres tweets d’Elon Musk pour montrer qu’il avait un comportement pas très vertueux en termes de dégagement de gaz à effet de serre. » L’histoire s’était terminée ainsi : le milliardaire avait fini par bloquer l’internaute sur le réseau social.

* Tous les liens suivis d’un astérisque mènent vers des contenus en anglais.

Twitter de Elon Musk : un populisme de plate-forme

Twitter de Elon Musk : un populisme de plate-forme

La communication de l’homme le plus riche du monde autour de son rachat du réseau social présente de troublantes similitudes avec le populisme tel qu’il est pratiqué par certains acteurs politiques. Par Barthélémy Michalon, Sciences Po.

 

Le feuilleton à rebondissements lancé au début de ce mois a touché à sa fin : le 25 avril, les dirigeants de Twitter et Elon Musk annonçaient être parvenus à un accord pour que le patron de Tesla et SpaceX acquière le réseau social pour une somme de 44 milliards de dollars.

Bien que Twitter compte bien moins d’utilisateurs que ses concurrents comme YouTube, Facebook, Instagram ou encore TikTok, Twitter est considéré comme un véritable outil d’influence, notamment du fait de son usage par de nombreuses figures du milieu politique, artistique et médiatique. En outre, il est fréquent que les médias dits « traditionnels » reprennent et commentent sur leur propre support ce qui a été dans un premier temps publié sur la plate-forme de l’oiseau bleu, ce qui accroît la perception et la réalité de son importance pour le discours public.

 

L’examen des différentes déclarations de celui qui deviendra bientôt le nouveau propriétaire de Twitter révèle que son approche emprunte les codes du populisme, tel qu’il est usuellement conçu et pratiqué dans l’arène politique.

Le chercheur néerlandais Cas Mudde, un des principaux spécialistes du concept, souligne que, au-delà de la diversité des pratiques observables, le populisme consiste fondamentalement à s’adresser à un « peuple » pour lui promettre la mise en œuvre d’actions qui seraient conformes à ce qui est présenté comme une forme de « volonté générale », en rupture avec les intérêts d’une supposée « élite ».

Bien que Musk n’invoque aucun de ces mots-clés de façon directe, sa communication autour de sa prise de pouvoir épouse donc les contours de ce qui caractérise un discours populiste.

Ainsi, s’il n’invoque pas un « peuple » en tant que tel, Elon Musk a fait usage de l’outil qu’il s’apprêtait à acquérir pour s’adresser directement à la communauté d’utilisateurs de la plate-forme et recueillir son opinion sur différents sujets. Si certaines questions étaient d’ordre secondaire (comme le fameux « bouton d’édition » d’un tweet déjà publié), d’autres touchaient au fonctionnement même de la plate-forme et à son impact sur la démocratie.

Ces consultations, qui ont logiquement mobilisé en premier lieu ses propres « abonnés », ont produit des résultats dans le sens désiré, ce qui lui a permis de se présenter lui-même comme le relais efficace d’attentes censées bénéficier d’un fort soutien. Une telle façon de procéder n’est pas sans rappeler la tendance, relativement marquée chez les formations politiques populistes, à convoquer des référendums ou à en promettre l’organisation dans leurs programmes électoraux.

Ces sondages en ligne, véritables défis lancés sur la place publique au statu quo, visaient également à exercer une pression notable sur ceux qui étaient alors à la tête de Twitter, ce qui est à relier à autre composante du populisme, en l’occurrence le rejet de « l’élite » au pouvoir.

Musk est ensuite allé bien plus loin dans cette direction, en affirmant que la mise à l’écart de l’équipe dirigeante en place était une condition indispensable à la mise en œuvre des transformations d’ampleur promises sur la plate-forme. Selon ses dires, c’est cette intention qui a guidé sa décision de « transformer Twitter en une entreprise privée » (elle était alors une entreprise « publique » au sens anglo-saxon, car cotée en bourse), et donc d’en prendre le contrôle de façon directe. Dans son offre d’achat, il promettait ainsi sans ambages : « je débloquerai le potentiel de Twitter ».

L’élite dirigeante était donc mise sur la touche au profit d’un seul décideur dans une position centrale : la présence d’un leader dont la personne incarne le pouvoir en place constitue justement un autre trait marquant du populisme.

Afin de satisfaire cette supposée « volonté générale », qui comme nous l’avons vu est la troisième composante du populisme tel que défini plus haut, Musk a mis sur la table une série de propositions pour faire évoluer la plate-forme, notamment lors d’une conversation publique, tenue le 14 avril dans le contexte de la conférence annuelle de TED. Tandis que ces mesures sont présentées comme répondant aux attentes de la base, les difficultés pratiques inhérentes à leur application sont passées sous silence, un décalage récurrent dans les discours populistes.

Musk propose ainsi de supprimer les comptes automatisés (bots), faisant l’impasse sur le fait que nombre d’entre eux présentent une réelle utilité, par exemple pour relayer des messages d’alerte de façon immédiate. Il promet également d’éliminer les messages frauduleux (scams), qui visent à tromper leurs destinataires, à des fins économiques et/ou de piratage. Une intention sans nul doute louable, mais qui fait mine d’ignorer que ce problème protéiforme ne se règle pas en quelques lignes de code. Bien au contraire, ceux qui s’adonnent à ces pratiques sont en constante adaptation face aux moyens de lutte qui sont déployés contre eux.

Quant aux algorithmes de classement et de sélection des contenus, il les rendrait accessibles à tous les utilisateurs afin de leur offrir l’opportunité de les comprendre. Bien qu’un large consensus existe sur la nécessité d’une plus grande transparence dans ce domaine, cette façon en particulier de procéder serait difficilement applicable, du fait de l’extrême niveau de complexité des algorithmes en question, qui de plus reposent sur un usage croissant de l’intelligence artificielle. Même en supposant que ce soit du domaine du faisable, un tel degré de transparence serait-il pas avant tout un merveilleux cadeau offert à ceux qui voudraient tirer parti du système pour obtenir une visibilité non méritée ?

Outre ces changements qui passent par des ajustements d’ordre principalement technique, Musk place au centre de son projet pour Twitter un net recul des règles qui encadrent la publication de contenus sur la plate-forme. Pour celui qui s’est ouvertement prévalu du statut d’« absolutiste de la liberté d’expression », cette plus grande latitude serait nécessaire au nom de la défense de la démocratie.

Tout d’abord, la pratique du dirigeant lui-même permet de douter de la réalité de l’absolutisme qu’il revendique : ce principe ne l’a pas empêché de bloquer des utilisateurs qui ont tenu des propos critiques à son encontre ou de prendre des mesures de représailles, en ligne comme hors ligne, contre ceux qui ont exprimé leur désaccord avec lui.

Ensuite, réduire la modération des contenus sur la plate-forme exposerait d’autant plus les groupes considérés comme minoritaires, qui sont déjà les premières victimes des comportements en ligne les plus nocifs. S’il se concrétise, ce détricotage des quelques règles qui, bien que de façon imparfaite, visent aujourd’hui à protéger les minorités face au pouvoir de la majorité constituera une manifestation additionnelle des traits populistes de la démarche de Musk.

Enfin, si la liberté d’expression est sans nul doute un des piliers fondamentaux de la démocratie, il est tout aussi vrai que ne lui reconnaître aucune limite constitue un profond danger pour ce mode de gouvernement, à plus forte raison dans un contexte où la désinformation ou les appels à la violence peuvent circuler avec tant de vitesse et de facilité. Par conséquent, l’affirmation selon laquelle plus la liberté d’expression est étendue, mieux la démocratie est défendue revient à ignorer, délibérément ou pas, les enseignements des dernières années.

Une conception nébuleuse de la liberté d’expression

Malgré cette emphase pour une liberté d’expression plus étendue sur la plate-forme, Musk semblait pris de court lorsque des questions plus précises lui ont été posées sur ce point, dans le contexte de la conférence du 14 avril mentionnée plus haut.

Pressé avec insistance sur ce sujet, il a reconnu que Twitter est et restera soumis aux lois nationales. Il a peu après introduit un autre facteur de limitation en admettant que la parole devrait y être libre « autant que raisonnablement possible », ce qui ouvre la porte à de possibles restrictions, sur la base de critères qui à ce stade demeurent mystérieux. Dans l’hypothèse, dans les faits très réaliste, où un propos se trouverait dans une « zone grise », Musk considère que celui-ci devrait être maintenu en ligne… ce qui coïncide étrangement avec la pratique actuelle des plates-formes existantes, et notamment Facebook comme l’avait souligné son dirigeant Mark Zuckerberg en 2019.

Lors de cette même conversation publique, il a indiqué que la liberté d’expression existe selon lui si « des personnes que l’on n’aime pas sont autorisées à exprimer des idées que l’on n’aime pas ». Le moins que l’on puisse dire est que, sous sa forme actuelle, Twitter satisfait d’ores et déjà très largement à cette attente, étant donné le ton et la teneur de bien des échanges. Même les sympathisants républicains aux États-Unis, dont beaucoup reprochent pourtant à la plate-forme d’être trop restrictive et se réjouissent de sa prise de contrôle par Elon Musk, auraient bien du mal à l’accuser de ne pas permettre l’expression d’idées opposées aux leurs.

Un peu plus tard, cette fois sur son support numérique préféré, il affirmait que « les politiques d’une plate-forme de réseaux sociaux sont bonnes si les 10 % les plus extrêmes à gauche et à droite sont également mécontents ». Là encore, il serait difficile de reprocher à Twitter de ne pas remplir cette condition, compte tenu des critiques contradictoires dont l’entreprise fait l’objet en provenance des deux bords.

Un seul point a fait l’objet d’une prise de position relativement claire de la part d’Elon Musk : celui-ci s’est exprimé contre les suspensions permanentes de comptes, disant préférer celles de caractère temporaire. En cela, il s’écarterait en effet de la pratique actuelle de Twitter, qui applique l’une ou l’autre de ces sanctions en fonction de la gravité des faits. Par conséquent, s’il arrive à ses fins et s’il maintient cette position, une de ses toutes premières décisions pourrait consister à rétablir le compte de l’ancien président américain Donald Trump, suspendu pour « incitation à la violence » après l’assaut lancé contre le Capitole le 6 janvier 2021.

Ce geste envers l’ex-locataire de la Maison blanche, duquel Elon Musk s’est rapproché ces dernières années, serait perçu comme éminemment politique. Mais cela ne représenterait sans doute guère plus qu’un simple avant-goût des difficultés qu’il serait amené à affronter de façon récurrente s’il devait devenir le timonier d’une telle plate-forme. En effet, toute règle ou décision prise par Twitter serait immédiatement interprétée comme relevant de son fait à titre personnel. Dans un environnement aussi politisé que l’actuel, ce réflexe ne pourra que lui porter préjudice.

En somme, une fois ses déclarations générales mises de côté, le chef d’entreprise n’a en réalité que des notions bien vagues et peu novatrices pour développer ce qui est censé être la clé de voûte de son projet révolutionnaire pour Twitter. Ce qui pose, bien sûr, la question des mesures concrètes qu’il mettrait en œuvre au nom de la liberté d’expression, une fois aux commandes : marquerait-il une rupture aussi nette qu’il l’annonce avec force superlatifs ? Ou ces mots grandiloquents ne seraient-ils pas en porte-à-faux avec une pratique en fait peu différente de l’actuelle ? Compte tenu du tempérament du dirigeant, il y a fort à craindre qu’il écarte du revers de la main les politiques existantes de modération et décide de repartir d’une feuille blanche.

Évitons tout malentendu : la plate-forme en question est encore bien loin de gérer de façon satisfaisante les contenus dont elle permet la publication et la diffusion. Bien au contraire, les critiques contre elle et ses congénères restent abondantes. Cependant, la prise de contrôle du groupe par Musk risque de balayer les progrès lentement réalisés en matière de modération des contenus au cours des ans et, bien souvent, sous la pression des événements. Il s’agirait alors de repartir de zéro – ou presque – et évoluer au fur et à mesure que les erreurs commises seraient reconnues comme telles.

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Par Barthélémy Michalon, Professeur au Tec de Monterrey (Mexique) – Doctorant en Sciences Politiques, mention RI, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Twitter: Vers la manipulation de l’information

 Twitter: Vers la manipulation de l’information

Twitter, plus que tout autre réseau social, permet de suivre et de commenter les événements en temps réel. L’acquisition de la plate-forme par Elon Musk pourrait radicalement changer la donne. Par Anjana Susarla, Michigan State University ( dans la Tribune)

 

Elon Musk, la personne la plus riche du monde, a acquis Twitter pour 44 milliards de dollars américains le 25 avril 2022, 11 jours après avoir fait son offre. Twitter a annoncé que l’entreprise, côtée à la bourse de New York depuis 2013, passerait entièrement sous la propriété d’Elon Musk.

Dans son dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, Elon Musk a expliqué :

« J’ai investi dans Twitter car je crois en son potentiel d’être la plate – forme de la liberté d’expression dans le monde entier, et je pense que la liberté d’expression est un impératif sociétal pour une démocratie en bonne santé. »

En tant que chercheuse spécialiste des réseaux sociaux, je trouve que l’acquisition de Twitter par Elon Musk et les raisons qu’il a invoquées pour ce rachat soulèvent des questions importantes. Ces questions sont liées à la nature même des plates-formes de médias sociaux, qui se distinguent des plates-formes classiques.

Twitter occupe une place unique. Ses messages courts et ses fils de discussion favorisent les conversations en temps réel entre des milliers de personnes, ce qui le rend populaire auprès des célébrités, du monde des médias et des politiques.

Les analystes des médias sociaux prennent en compte la demi-vie du contenu sur ces plates-formes, c’est-à-dire le temps nécessaire pour qu’un contenu atteigne 50 % de l’engagement qu’il aura totalisé à la fin de sa durée de vie, généralement mesuré en nombre de vues ou d’autres mesures de popularité. La demi-vie moyenne d’un tweet est d’environ 20 minutes, contre cinq heures pour les publications Facebook, 20 heures pour les publications Instagram, 24 heures pour les publications LinkedIn et 20 jours pour les vidéos YouTube. Cette demi-vie beaucoup plus courte illustre le rôle central qu’occupe désormais Twitter en suscitant des conversations en temps réel, à mesure que se déroulent les évènements.

La capacité de Twitter à façonner le discours en temps réel, ainsi que la facilité avec laquelle les données, y compris les données géomarquées, peuvent être recueillies sur Twitter, en ont fait une mine d’or pour les chercheurs qui souhaitent analyser une variété de phénomènes sociétaux, allant de la santé publique à la politique. Les données issues de Twitter ont été utilisées pour prédire les visites aux urgences liées à l’asthme, mesurer la sensibilisation du public aux épidémies et modéliser la dispersion de la fumée des feux de forêt.

Les tweets qui constituent une discussion sont affichés par ordre chronologique et, même si une grande partie de l’engagement d’un tweet se fait en amont, les archives de Twitter offrent un accès instantané et complet à tout tweet public. Twitter permet ainsi d’enregistrer les évènements, ce qui en fait, de facto, un outil pour « fact-checker » ce qui s’est réellement passé.

Les projets d’Elon Musk

Il est donc crucial de comprendre comment l’acquisition par Elon Musk de Twitter, ou plus généralement le contrôle privé de plates-formes de médias sociaux affectent le bien-être collectif. Dans une série de tweets supprimés, Elon Musk a fait plusieurs suggestions sur la façon de changer Twitter, notamment en ajoutant un bouton d’édition pour les tweets et en accordant aux utilisateurs premium des badges distinctifs sur leur profil.

Il n’existe aucune preuve expérimentale de la manière dont un bouton d’édition modifierait la transmission des informations sur Twitter. Cependant, il est possible d’extrapoler les analyses de recherches antérieures sur les tweets supprimés.

Il existe de nombreux moyens de récupérer les tweets supprimés, ce qui permet aux chercheurs de les étudier. Alors que certaines études montrent des différences de personnalité significatives entre les utilisateurs qui suppriment leurs tweets et ceux qui ne le font pas, ces résultats suggèrent que la suppression de tweets est un moyen pour les gens de gérer leur identité en ligne.

L’analyse du comportement menant à ces suppressions de tweets peut fournir des indices précieux sur la crédibilité et la désinformation en ligne. De la même façon, si Twitter ajoutait un bouton d’édition, l’analyse des comportements menant à l’édition des tweets pourrait fournir des informations sur les intentions des utilisateurs de Twitter et l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes.

Des études sur l’activité des robots informatiques sur Twitter ont montré que près de la moitié des comptes qui publient des tweets à propos du Covid-19 sont probablement des robots. Étant donné les clivages partisans et la polarisation politique dans les espaces en ligne, permettre aux utilisateurs – qu’il s’agisse de robots informatiques ou de personnes réelles – de modifier leurs tweets pourrait devenir une nouvelle arme dans l’arsenal de désinformation utilisé par ces robots et les propagandistes. L’édition des tweets permettrait aux utilisateurs de déformer ce qu’ils ont dit, de manière sélective, ou de nier certains de leur propos, y compris les plus controversés, ce qui pourrait compliquer le traçage de la désinformation.

Elon Musk a également indiqué vouloir lutter contre les robots sur Twitter, ces comptes automatisés qui tweetent rapidement et de façon répétitive tout en se faisant passer pour de vrais utilisateurs. Il a appelé à authentifier les utilisateurs comme de véritables êtres humains.

Compte tenu des défis posés par les atteintes malveillantes à la vie privée en ligne, comme la pratique dite du « doxxing » - la divulgation de données personnelles pour nuire à un individu -, il est nécessaire que les méthodes d’authentification respectent la vie privée des utilisateurs. Cela est particulièrement important pour les activistes, les dissidents et les lanceurs d’alerte qui sont menacés à cause de leurs activités en ligne. Des mécanismes tels que les protocoles décentralisés permettraient l’authentification tout en garantissant l’anonymat.

Pour comprendre les intentions d’Elon Musk et ce qui attend les plates-formes de médias sociaux telles que Twitter, il est important de prendre en compte le gargantuesque – et opaque - écosystème de la publicité en ligne, qui comprend une variété de technologies utilisées par les réseaux publicitaires, les médias sociaux et les éditeurs qui proposent des espaces publicitaires. La publicité est la principale source de revenus pour Twitter.

Elon Musk a pour projet de générer les revenus de Twitter à partir des abonnements plutôt qu’à partir de la publicité. En s’épargnant le souci d’attirer et de retenir les annonceurs, Twitter aurait moins besoin de se concentrer sur la modération du contenu. Twitter deviendrait ainsi une sorte de site d’opinion, pour des abonnés payants, dénué de contrôle. À l’inverse, Twitter s’est montré jusqu’à présent très actif dans sa modération du contenu afin de lutter contre la désinformation.

La description faite par Elon Musk d’une plateforme qui ne se préoccupe plus de modérer le contenu est inquiétante en considération des préjudices causés par les algorithmes des médias sociaux. Des recherches en ont mis en évidence un grand nombre, comme les algorithmes qui attribuent un sexe aux utilisateurs, les inexactitudes et biais potentiels des algorithmes utilisés pour récolter des informations sur ces plates-formes, et les conséquences pour la santé de ceux qui s’informent en ligne sur ce sujet.

Le témoignage de la lanceuse d’alerte Frances Haugen, ancienne employée de Facebook, et les récents efforts de réglementation, tels que le projet de loi sur la sécurité en ligne dévoilé au Royaume-Uni ou les futures législations de l’Union européenne, montrent que le public est largement préoccupé par le rôle joué par les plates-formes technologiques dans la formation des idées de société et de l’opinion publique. L’acquisition de Twitter par Elon Musk met en lumière toute une série de préoccupations réglementaires.

En raison des autres activités d’Elon Musk, la capacité de Twitter à influencer l’opinion publique dans les secteurs sensibles de l’aviation et de l’automobile provoque automatiquement un conflit d’intérêts, sans compter les implications quant à la divulgation des informations importantes nécessaires aux actionnaires. En ce sens, Elon Musk a déjà été accusé de retarder la divulgation de sa participation dans Twitter.

Le challenge lancé par Twitter aux hackers pour détecter les biais existants dans ses propres algorithmes a montré qu’une approche communautaire était nécessaire pour créer de meilleurs algorithmes. Ainsi, le MIT Media Lab a imaginé un exercice très créatif consistant à demander aux collégiens de réimaginer la plate-forme YouTube en tenant compte de l’éthique. Il est peut-être temps de demander à Elon Musk de faire de même avec Twitter.

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Par Anjana Susarla, Professor of Information Systems, Michigan State University

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

Elon Musk veut transformer Twitter en espace de chaos et de profit

 Elon Musk veut transformer Twitter en espace de chaos et de profit 

Le milliardaire va faire du réseau social, qu’il vient d’acquérir, un espace proche du chaos, s’inquiète le chercheur en biologie Olivier Hamant, dans une tribune au « Monde ».

 

En rachetant le réseau social Twitter, le milliardaire Elon Musk déclare : « J’espère que même mes pires détracteurs resteront sur Twitter, car c’est ce que signifie la liberté d’expression. » Si certains pourraient croire entendre Voltaire dans ces paroles, le libertarien Elon Musk soutient plutôt une vision débridée de la liberté, sans aucun filtre. Ne confond-il pas la liberté et un désordre qui sert les plus forts  ?

Pour éviter des débats sans fin sur la notion de liberté, il est salutaire de revenir à sa définition, et donc à l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. » La liberté est donc définie par un cadre à respecter, et non par des frontières à dépasser.

Alors, de quoi parle Elon Musk ? S’il s’agit de partage débridé d’opinions sans filtre et sans loi, alors ne défendrait-il pas plutôt une forme d’anarchie ? Encore une fois, revenons aux définitions. Comme le dit le journaliste et théoricien Pierre-Joseph Proudhon, « l’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir ». Au contraire, Elon Musk propose de partager toute opinion dans l’immédiateté de son réseau social. Il s’agit donc de l’exact opposé : le désordre avec le pouvoir.

Dès lors, si Elon Musk ne parle ni de liberté ni d’anarchie, de quoi parle-t-il ? D’entropie ! Cette notion, liée au deuxième principe de la thermodynamique, est parfois mal comprise. Faisons alors appel au militant écologiste Victor Chaix et à son article limpide sur le sujet publié sur son blog, appliqué à la crise environnementale : l’entropie du monde signifie que « l’énergie se dissipe, les écosystèmes se désorganisent et les singularités s’homogénéisent ». Appliqué à la liberté d’expression selon Elon Musk, il s’agit donc plutôt d’une forme de dissipation des informations, qui augmente le désordre et conduit à l’homogénéisation des croyances. Elon Musk ne soutient pas la liberté, il la dissipe.

Pourquoi la confusion entre liberté et entropie pose-t-elle problème ? Tout d’abord, nos opinions sont surtout guidées par nos nombreux biais cognitifs. Nous avons l’impression d’avoir des intentions libres alors qu’elles sont principalement guidées par le biais du statu quo (être conservateur par défaut), le biais de confirmation (ignorer les informations contradictoires) ou le biais de corrélation (transformer corrélation en causalité). Partager des opinions sur Twitter sans cadre légal, c’est bien plutôt donner un haut-parleur à nos biais cognitifs individuels. C’est d’ailleurs une des raisons qui expliquent pourquoi une fausse information a 70 % de chance de plus d’être republiée qu’une information vraie sur Twitter, comme l’ont démontré trois chercheurs américains, Soroush Vosoughi, Deb Roy et Sinan Aral, dans un article publié, en 2018, dans la revue Science.

Twitter: l’erreur de Elon Musk

Twitter:  l’erreur de Elon Musk 

 

 

L’exhibitionniste et provocateur patron de Tesla vient sans doute de commettre une grave erreur en rachetant le réseau Twitter. Un réseau qu’il veut transformer au nom d’une pseudo philosophie dite libertétarienne mais qui vise surtout à contester l’État de droit dans tous les domaines tout en accumulant le maximum de profit.

En France aussi, un homme d’affaires comme Bolloré s’essaye au contrôle des médias et en même temps la politique. Un mélange des genres qui n’a jamais réussi à ceux qui ont confondu  économie et politique NDLR

Le patron de Tesla n’est pas le premier dirigeant à souhaiter une liberté d’expression maximale sur les réseaux sociaux, mais tous ont été contraints de mettre en place des politiques de modération des contenus, observe dans sa chronique Alexandre Piquard, journaliste au « Monde ».

Elon Musk va-t-il transformer Twitter ? En devenant la propriété du dirigeant de Tesla et de SpaceX, le réseau social passe aux mains d’un autoproclamé « absolutiste de la liberté d’expression ». « Twitter est devenu une agora, une place du village », a plaidé, lundi 25 avril, dans un communiqué, l’entrepreneur pour qui les gens doivent pouvoir « s’y exprimer librement, dans les limites de la loi ». Or, M. Musk a en tête la conception américaine très extensive de la liberté d’expression, puisque le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis enjoint au Congrès de ne pas voter de loi qui restreigne le « freedom of speech ». Certains espèrent donc un grand chambardement à Twitter. Parmi eux, les républicains et les partisans de l’ex-président Donald Trump. Ces derniers accusent de longue date les réseaux sociaux comme Twitter de « censurer » les conservateurs.

Pourtant, pour Elon Musk, changer radicalement Twitter sera difficile. Le libertarien n’est pas le premier dirigeant de service Web à brandir l’étendard de la « freedom of speech ». C’était le cas de la plupart des personnalités de la « vieille culture de l’Internet, en gros le Web 1.0 (fin des années 1990) et début du Web 2.0, pré-2005 », a rappelé sur Twitter Yishan Wong, ancien PDG des puissants et libertaires forums de discussion Reddit, qui accueillaient au départ des néonazis ou des photos d’adolescentes dénudées. Mark Zuckerberg, PDG de la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a lui-même argué, en 2018, que les propos des négationnistes de la Shoah ne devaient pas être dépubliés et que les réseaux sociaux ne devraient pas se poser en « arbitres de la vérité ».

Mais, prévient Yishan, si le principe de la liberté d’expression reste bon, « les enjeux pratiques ont changé, parce que le monde a changé ». Passés des marges à un rôle central, les réseaux sociaux ont été utilisés pour harceler, arnaquer ou spammer, et accusés d’avoir favorisé des violences ethniques en Birmanie, en Inde ou en Ethiopie, diffusé de la propagande djihadiste, permis des tentatives de manipulation d’élections par la Russie, aidé à préparer l’assaut du Capitole américain, le 6 janvier 2021, etc. Tous les réseaux sociaux – Reddit, Facebook et Twitter compris – ont progressivement mis en place des politiques de modération des contenus et de lutte contre les abus de plus en plus élaborées. Celles-ci n’ont rien de « partisan », estime Yishan, pour qui M. Musk risque, avec Twitter, de « vivre un enfer ».

Rachat de Twitter par Elon Musk : la menace libertiarienne capitaliste

Rachat de Twitter par Elon Musk : la menace libertiarienne capitaliste

Au nom d’une liberté qui permet de tout dire et surtout de manipuler l’opinion, l’homme le plus riche qui vaut plus de 300 milliards  Elon Musk  veut se servir du réseau Twitter qu’il vient de racheter pour 44 milliards pour contester les règles de droit dans la société concernant aussi bien l’économie, le social, la démocratie. Une vision très proche de Trump qu’il a soutenu et l’hypocrisie du système « du renard libre dans le poulailler libre » ou l’utilisation de la démagogie et du populisme pour servir en réalité d’immenses intérêt capitalistes.

Un article diffusé par France Info fait le point des enjeux.

L’homme le plus riche de la planète, suivi par 83 millions de personnes, compte bien bousculer le petit oiseau bleu. Par le passé, il a en effet souvent regretté que les modérateurs de Twitter aillent « trop loin » et « interviennent trop », rappelle Le New York Times* . C’est d’ailleurs ce qu’il s’est empressé de redire dans son communiqué* annonçant le rachat : selon lui,  »la liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’Humanité ». C’est d’ailleurs pour en être le seul maître à bord qu’il propose de retirer le réseau social des entreprises cotées en Bourse aux Etats-Unis. Une décision qui permettrait à la plateforme d’échapper à tout contrôle externe.

Quelques jours avant la finalisation du rachat, Marianne décrivait justement Elon Musk comme un « absolutiste en matière de liberté d’expression » qui « libérerait le potentiel de Twitter » en laissant les gens  »parler librement dans les limites de la loi ». « Or puisque les discours racistes et antisémites, ou encore la diffusion d’informations privées sont légaux aux Etats-Unis, ce genre de propos pourraient de nouveau être autorisés sur Twitter », fait remarquer l’hebdomadaire.

Dans une interview accordée à La Tribunele chercheur Olivier Ertzscheid, spécialiste des nouvelles technologies à l’Université de Nantes, ne peut que confirmer. « Il faut bien comprendre qu’il existe deux conceptions de la liberté d’expression. La première, plutôt américaine, est radicale : la liberté est au-dessus de tout, ce qui signifie que tout point de vue, quel qu’il soit, peut être exprimé dans l’espace public. Y compris, donc, un point de vue raciste, xénophobe, antisémite ou la diffusion d’une ‘fake news’. La deuxième conception, plutôt européenne et française, est qu’il y a des limites légales à ce qu’on peut dire dans l’espace public. »

Dit autrement, la liberté d’expression façon Elon Musk doit être  »totale », résume l’universitaire. L’utilisateur doit pouvoir écrire ce qu’il veut, sans limites, peu importe si  »l’Histoire récente a démontré que les algorithmes des réseaux sociaux ne sont pas neutres et qu’ils peuvent avoir un impact négatif majeur sur la vie démocratique, partout dans le monde, des Etats-Unis à l’Inde en passant par les Ouïghours en Chine, ou en Europe. »

D’ailleurs, Elon Musk n’a pas attendu de prendre les commandes de Twitter pour y dire tout ce qui lui passe par la tête. Il plaisante, provoque, critique, se moque… Pas plus tard que samedi 23 avril, l’entrepreneur a publié un montage photo grossophobe comparant Bill Gates à un homme enceint. Il était accompagné de la légende suivante : « Au cas où vous auriez besoin de mettre rapidement fin à une érection ».

Trois semaines après le début de la guerre en Ukraine, il proposait de défier le président russe Vladimir Poutine dans un combat « d’homme à homme ». En mars 2020, il avait qualifié de  »débile » la panique que provoquait chez les gens la pandémie de Covid-19.

La liste est encore longue. Et « Elon Musk n’a jamais été banni, ni même suspendu temporairement de Twitter pour l’ensemble de ces propos », rappelle Le HuffPost. Après tout, pourquoi l’aurait-il été ? Selon le patron de Tesla,  »les politiques des plateformes des médias sociaux sont bonnes si les 10% les plus extrêmes de gauche et de droite sont également mécontents », écrivait-il dans un tweet, le 19 avril.

 

En concluant cet accord, « Elon Musk a un projet politique derrière la tête », fait remarquer sur franceinfo Olivier Lascar, le rédacteur en chef du pôle digital de Sciences et Avenir-La Recherche. Avec Twitter, Elon Musk s’achète en réalité « un instrument d’influence », une arme de communication massive qui lui permet d’« avoir l’oreille des politiques et peut-être de trouver les amitiés » nécessaires pour son développement.

A commencer par un certain Donald Trump. L’ancien président américain, banni à vie de Twitter après l’assaut du Capitole à Washington en janvier 2021, pourrait-il y refaire son apparition ? L’intéressé a assuré sur Fox News, lundi, qu’il ne reviendrait pas, malgré l’arrivée d’Elon Musk. Il n’empêche : la prise en main du réseau social par le patron de Tesla et de SpaceX inquiète le monde politique américain. « Cet accord est dangereux pour notre démocratie. Les milliardaires comme Elon Musk jouent selon un ensemble de règles différent de tout le monde, accumulant du pouvoir pour leur propre bénéfice. Nous avons besoin d’un impôt sur la fortune et de règles strictes pour que la ‘big tech’ soit responsable de ses actes », a par exemple dénoncé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

Réaction similaire du président de l’organisation pour les droits civiques NAACP.  »Monsieur Musk, la liberté d’expression est merveilleuse, le discours de haine inacceptable. La désinformation, la mésinformation et le discours de haine n’ont AUCUNE PLACE sur Twitter, prévient Derrick Johnson dans un communiqué*. Ne permettez pas à [Donald Trump] de revenir sur la plateforme… Protéger notre démocratie est de la plus haute importance, surtout à l’approche des élections de mi-mandat [en novembre]. Monsieur Musk, des vies sont en danger, tout comme la démocratie américaine. »

Dans un autre communiqué*, la codirectrice de l’ONG Free Press ne mâche pas non plus ses mots. « Elon Musk lui-même a utilisé Twitter et d’autres plateformes pour attaquer et réduire au silence d’autres personnes. Il a répandu de la désinformation sur le Covid-19 et les vaccins. Il s’est servi de Twitter pour manipuler les marchés et augmenter sa fortune déjà considérable ».

Quand il entend quelqu’un présenter Elon Musk comme un grand défenseur des libertés, Olivier Lascar raconte cette anecdote. « Dans le passé, Elon Musk a déjà démontré que la liberté d’expression avait ses limites dans sa conception, tient à souligner le journaliste, toujours sur franceinfoChez SpaceX, il n’y a que lui qui a le droit de parler, ou son numéro 2. Un internaute s’était amusé à référencer les vols de son jet privé et à les publier en commentaires des propres tweets d’Elon Musk pour montrer qu’il avait un comportement pas très vertueux en termes de dégagement de gaz à effet de serre. » L’histoire s’était terminée ainsi : le milliardaire avait fini par bloquer l’internaute sur le réseau social.

* Tous les liens suivis d’un astérisque mènent vers des contenus en anglais.

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