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Mieux faire face à la Turquie

Mieux faire face à la Turquie

«Face à la Turquie, la solidarité européenne ne doit pas manquer à la Grèce et à Chypre». Par  Arnaud Danjean, Jean-Dominique Giuliani, Esteban Gonzalez-Pons et Zeljana Zovko

Arnaud Danjean est député européen (LR- PPE), Jean-Dominique Giuliani président de la Fondation Robert-Schuman, Esteban Gonzalez-Pons député européen espagnol (PP- PPE) et Zeljana Zovko députée européenne croate (HDZ – PPE).

 

Nous sommes entrés dans une ère nouvelle des relations internationales, dans laquelle les rapports de force entre les nations s’expriment de plus en plus brutalement et de façon décomplexée. Dans ce contexte de durcissement, perceptible dans son voisinage immédiat, l’Europe doit changer de posture. De puissants voisins tentent d’asseoir des zones d’influence exclusive, en pratiquant la politique du fait accompli au mépris du droit international et des accords multilatéraux passés.

Pacifique par essence, l’Union européenne, qui s’éveille lentement au réalisme machiavélien, apprend difficilement à défendre ses frontières. Ceux des Etats membres, les plus exposées aux provocations, qui gardent ses limites extérieures, devraient pouvoir compter sur la solidarité de tous. Les traités l’affirment et l’exigent ; le bon sens le commande.

Au nord-est de l’Europe, la dissuasion est assumée collectivement, en large partie par des Etats européens, sous l’égide de l’Otan. Mais ce qui est valable d’un côté du continent ne semble plus aussi évident au sud-est de l’Europe, en Méditerranée orientale, où la Grèce et Chypre, pourtant membres à part entière de l’Union européenne, n’ont pas pu compter sur une pleine solidarité européenne lorsque la Turquie s’est livrée, de façons répétées, à de très dangereuses provocations. Incursion dans des espaces maritimes et aériens grecs, forages illégaux en zones contestées, violation d’embargo sur les armes à destination de la Libye, instrumentalisation des flux migratoires aux frontières grecques terrestres et maritimes… Le régime turc, avec une rhétorique révisionniste assumée, a déployé toute la panoplie des actions décomplexées par lesquelles une puissance régionale s’affirme contre les équilibres politiques et juridiques patiemment bâtis depuis des décennies pour préserver la stabilité dans ces confins stratégiques de l’Europe.

La France a été la seule à manifester concrètement son soutien à la Grèce, mobilisant des moyens militaires à ses côtés, prenant ainsi des risques diplomatiques. Ses autres partenaires n’ont pas eu le réflexe de solidarité qu’on aurait pu attendre de membres de l’Union. Solidarité au nord, démission au sud !

«La faiblesse de certaines capitales européennes prépare la soumission aux faits accomplis des nouveaux autocrates, pour lesquels les médiations ne sont que des processus sans fin leur permettant de figer les avantages acquis»

Bien plus, certaines capitales européennes, et pas des moindres, ont proposé de se poser en « médiateurs ». Une chose – parfaitement légitime et cela a d’ailleurs toujours été l’approche du gouvernement grec de Mitsotakis – est de privilégier dialogue et négociations, une autre est de se placer à équidistance entre un partenaire auquel nous devons solidarité et un Etat tiers violant délibérément des règles auxquelles nous souscrivons pourtant sans réserves.

Maigre secours. Quelles que soient les raisons de cette faiblesse (crainte des réactions de la communauté turque implantée dans le pays, « neutralité » à l’intérieur de l’Otan plus forte que solidarité européenne, aversion à l’usage de la force ou, plus grave, reconnaissance du bien-fondé de certaines revendications), elle traduit une démission inacceptable et même une violation de l’esprit des traités. Elle prépare la soumission aux faits accomplis des nouveaux autocrates, pour lesquels les médiations ne sont que des processus sans fin leur permettant de figer les avantages acquis.

Alors que l’Union européenne et ses Etats membres entendent renforcer leur capacité d’action commune notamment dans l’Indo-Pacifique ou en Afrique, il est pour le moins incongru, choquant et irresponsable que la solidarité européenne soit mise à mal aux frontières même d’Etats européens, en Méditerranée orientale, à nos portes ! Que l’on soit souverainiste ou fédéraliste, préoccupé par les menaces à l’est ou plus enclin à regarder vers le sud, la solidarité européenne, s’appuyant sur la détermination diplomatique et, le cas échéant, sur la démonstration de force plus robuste, est une condition essentielle de la survie même de l’Europe dans le monde tel qu’il se façonne sous nos yeux. L’invocation seule des vertus du multilatéralisme et la nostalgie du monde (soi-disant) « ordonné » d’avant ne sont que d’un maigre secours face aux enjeux de puissances auxquels les Etats européens, individuellement, et l’Europe, collectivement, sont confrontés.

Arnaud Danjean est député européen (LR- PPE), Jean-Dominique Giuliani président de la Fondation Robert-Schuman, Esteban Gonzalez-Pons député européen espagnol (PP- PPE) et Zeljana Zovko députée européenne croate (HDZ – PPE).

Purges chez les militaires en Turquie

Purges chez les militaires en Turquie

500 personnes vient d’être arrêtées en Turquie essentiellement des militaires. Cette purge est lancée au moment où le régime turc essuie revers sur revers. Economiques, avec une flambée de l’inflation et la dépréciation de la devise en raison d’une politique monétaire jugée aberrante par les investisseurs . Et diplomatique, au vu d’un isolement croissant, Ankara n’ayant plus guère que Pékin comme allié en ce moment. Washington, allié de longue date, vient d’infliger un camouflet à Recep Tayyip Erdogan, avec la reconnaissance par Joe Biden du génocide arménien de 1915-1917, une première.

La justice turque a lancé ce lundi matin une énième purge de personnes accusées de complicité avec les auteurs de la tentative de coup d’Etat de juillet 2016. Ont été arrêtées, selon l’agence Anadolu, 532 personnes, dont 459 issues des rangs de l’armée, soupçonnées d’avoir des liens avec la confrérie Gülen. Cette dernière est accusée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’avoir fomenté ce putsch qui avait avorté grâce à la loyauté d’une partie de l’armée.

Depuis juillet 2016, selon un décompte dressé par l’ONG Turkish Purge, environ 80.000 personnes ont été arrêtées et sont en attente de jugement, 150.000 fonctionnaires, dont 4.000 juges et 3.000 universitaires ont été limogés ou suspendus, 20.000 militaires révoqués de l’armée, 3.000 écoles et une centaine des médias fermés. Avec 320 journalistes emprisonnés, la Turquie est numéro deux mondial en matière de répression de la presse, derrière la Chine.

Sondage Turquie dans l’Union européenne : 56 % des Turcs pour mais 52 % n’y croient pas

Sondage Turquie dans l’Union européenne : 56 % des Turcs pour mais 52 %  n’y croient pas

Selon  une enquête d’opinion publique menée conjointement dans ce pays par le German Marshall Fund of United States, un think tank américain, et l’Union des chambres de commerce et des bourses de Turquie (TOBB). C’est ainsi que si 56 % des personnes interrogées (la proportion est de 66 % ches les jeunes) se montrent favorables à une adhésion et que 60,1 % (69 % pour les jeunes) voteraient « oui » dans le cadre de l’organisation d’un éventuel référendum, 40 % (34 % de jeunes) pensent que cela ne se fera jamais, 19 % estimant en tout cas que cela ne se produira pas au mieux avant cinq ans. Aux yeux de 52,1 % des sondés, l’Union européenne n’a en fait pas vraiment l’intention d’accueillir la Turquie dans ses rangs.

Turquie: Isolement politique

Turquie: Isolement politique

 

L’annonce, le 24 avril 2021 du président des Etats-Unis Joe Biden sur le génocide arménien est un puissant acte de « soft power » qui redonne le moral à l’Arménie et souligne le négationnisme forcené dans lequel s’enferme le président turc, analyse, dans une tribune au « Monde », l’essayiste Michel Marian, spécialiste de ce dossier.

 

Tribune.

 

Obama en a peut-être rêvé, mais Biden l’a fait. Pour la première fois, un président des Etats-Unis en fonctions a qualifié de génocide l’extermination des Arméniens de l’Empire ottoman. Bien sûr, les chefs de l’Etat français l’avaient précédé depuis 1984. En remontant plus loin, l’Uruguay peut s’enorgueillir d’être le premier Etat à avoir fait mémoire de l’évènement, en 1965.

Et, depuis le centenaire de 2015, les déclarations des pouvoirs législatifs se sont multipliées, y compris de la part d’alliés de la Turquie : le Bundestag allemand, le Parlement néerlandais et le Congrès américain.

 

Mais l’arbitrage du chef de l’exécutif de la première puissance mondiale, même s’il n’a aucune valeur juridique universelle, fait date, clôt une ère et en ouvre une autre. Malgré le poids du temps écoulé et la faiblesse des plaignants, l’histoire échappe aux vainqueurs. En replaçant le crime dans la lumière d’aujourd’hui, elle remet peut-être l’avenir en mouvement.

La demande formulée depuis la fin des années 1960, dans le contexte de la convention onusienne sur l’imprescriptibilité des génocides, a opposé le pot de terre des diasporas arméniennes au pot de fer d’une Turquie membre essentiel de l’OTAN. Certes le dossier, exhumé par les Arméniens et repris par les historiens, contenait assez de documentation internationale et de points de rencontre avec la Shoah (à commencer par le travail sur les massacres d’Arméniens du créateur du concept de génocide, Raphael Lemkin) pour convaincre rapidement de son évidence les opinions et les scientifiques.

Mais il n’en a pas été de même au niveau politique, du fait du refus inlassable des gouvernements turcs successifs. Puis les Parlements ont reconnu les faits, suivis des exécutifs, et enfin de la clé de voûte du système d’alliances sur lequel s’appuie la Turquie, la présidence des Etats-Unis. Si la balance a fini par pencher vers la vérité, c’est parce qu’une conjoncture géopolitique nouvelle l’y a aidé.

 

Une rencontre s’est produite entre la nouvelle doctrine diplomatique américaine et la situation de l’Arménie. Barack Obama avait pour priorité de renouer le dialogue avec l’islam. Cette approche a eu pour résultat les « printemps arabes », mais n’offrait guère de protection aux minorités. Plus universaliste, Joe Biden a pris pour boussole les droits de l’homme et la démocratie. En 2021, les Arméniens cochent les deux cases.

Turquie: les Européens mettent des conditions économiques

Turquie: les Européens mettent des conditions économiques

Il est clair qu’Erdogan est peu sensible aux critiques qui peuvent intervenir sur le terrain démocratique et des libertés par contre son pays est actuellement enfoncé dans une crise redoutable à la fois une crise sanitaire mais aussi et surtout plus durablement dans une crise économique et financière grave. Du coup, Erdogan est condamné à abandonner au moins une partie sa posture d’agitateur international et de rechercher des accommodements avec l’union économique car il a un besoin urgent d’aide financière.

 

Ce qu’a laissé comprendre l’union économique en posant ses conditions. Les dirigeants de l’UE ont laissé entrevoir à Recep Tayyip Erdogan les bénéfices qu’il pourrait tirer d’un climat durablement apaisé – des bénéfices essentiellement économiques. Il s’agit d’une corde sensible pour le président turc, à l’heure où son économie est empêtrée dans l’inflation, le chômage, les difficultés monétaires et l’extrême méfiance des investisseurs étrangers. L’UE se dit prête à moderniser l’union douanière avec Ankara, alors que cette réforme était jugée «inenvisageable» à l’automne 2020. À l’époque, Erdogan envoyait des navires de recherche d’hydrocarbures dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et multipliait les affronts, notamment à l’égard d’Emmanuel Macron. Depuis, ses bateaux sont rentrés au port, le ton est nettement plus cordial, et les discussions ont repris avec Athènes. «Cette désescalade est un développement positif. Elle doit être soutenue et renforcée», a résumé Charles Michel, rappelant l’approche «progressive, conditionnelle et réversible» vis-à-vis d’Ankara. Parmi les mesures d’aide économique figurent aussi le soutien financier européen aux 4 millions de réfugiés installés en Turquie.

Turquie: une centaine d’amiraux retraités menacés par Erdogan

Turquie: une centaine d’amiraux retraités menacés par Erdogan

Une centaine d’anciens amis amiraux retraités sont accusés par Erdogan d’avoir tenté un coup d’État en critiquant collectivement la perspective d’un canal Istanbul venant suppléer le Bosphore. Plusieurs amiraux ont été mis en garde à vue.

Le chantier ambitieux du « canal d’Istanbul », qui s’inscrit dans une volonté de révolutionner l’infrastructure turque depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir, il y a dix-huit ans, vise, selon le gouvernement, à soulager le Bosphore, l’un des détroits les plus congestionnés du monde. Mais les militaires en question ne l’entendent pas de la même façon. Pour eux, il remet en question la convention de Montreux, datant de 1936, qui garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, en temps de paix comme en temps de guerre. Dans leur lettre ouverte, ils disent leur « inquiétude » face au risque d’ouvrir un ­débat sur ce fameux traité qui « protège au mieux les intérêts turcs ».

En fait il s’agit d’une occasion supplémentaire pour Erdogan d’affirmer son autorité dans tous les secteurs de la société et de nourrir chaque fois que possible le nationalisme.  Bref la démocratie turque tutoie de plus en plus la dictature nationaliste.

Covid Turquie : hausse des 40.000 cas quotidiens, un record

Covid  Turquie : hausse des  40.000 cas quotidiens, un record

Il faut sans doute prendre avec des pincettes les chiffres des contaminations en Turquie. Ceci étend d’après les chiffres officiels le nombre de contaminés aurait atteint un chiffre de record de 40 000 en 24 heures en raison notamment de la réouverture des restaurants Selon le ministre de la Santé, 40.806 nouveaux cas de coronavirus ont été diagnostiqués en 24 heures et 176 personnes sont décédées des suites du Covid.

Turquie : mise en observation de l’union européenne

Turquie : mise en observation de l’union européenne

Le sommet européen qui débute aujourd’hui devrait aboutir à une mise en observation de la Turquie qui ne cesse de manifester les gestes d’hostilité vis-à-vis de l’Europe et en particulier de la France. D’une certaine façon, c’est le bon moment de rappeler à la raison Erdogan dont la situation économique et catastrophique et qui mène son pays dans le mur non seulement du point de vue économique mais aussi démocratique.

Avec les États-Unis, message commun de fermeté sera adressé au président turc. «Ce n’est un secret pour personne que nous avons des différends avec la Turquie», a affirmé le secrétaire d’État Antony Blinken lors de ses entretiens mardi et mercredi à l’Otan. Mais les Américains comme les Européens refusent de couper les ponts avec Ankara. «La Turquie est un allié de longue date et apprécié, que nous avons un grand intérêt à garder ancré à l’Otan», a rappelé Antony Blinken.

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a résumé la position européenne en insistant sur «l’importance d’éviter les initiatives qui divisent et la nécessité de respecter les droits de l’Homme». La décision du président turc de quitter la convention d’Istanbul contre les violences sexistes, au lendemain d’un entretien avec Charles Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, a été vécue comme un camouflet. En l’espace de quelques jours, Erdogan a également lancé une procédure d’interdiction du parti d’opposition prokurde HDP et limogé le gouverneur de sa Banque centrale.

 

Depuis le début de l’année Erdogan a quand même mis une certaine sourdine à ses attaques vis-à-vis de l’Europe. «Nous observons une absence de signaux négatifs depuis le début de l’année, mais personne n’est naïf, car plusieurs facteurs expliquent ce comportement: le changement de président aux États-Unis, la fragilité de l’économie turque et les conséquences des possibles sanctions européennes», a expliqué un diplomate européen à l’AFP. «Le bilan est en demi-teinte. On ne peut pas dire que la Turquie facilite à l’Union européenne l’engagement dans le fameux agenda positif dont on a parlé. Nous sommes en position d’attente», a commenté un autre diplomate de haut rang.

«   Erdogan n’est pas toute la Turquie »

«   Erdogan n’est pas toute la Turquie »

 

 

Chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes, situé à Istanbul, Jean-François Pérouse relativise la représentativité d’Erdogan en Turquie  ( interview dans la Croix)

 

 

Ces derniers temps, Recep Tayyip Erdogan a tenu des propos très violents à l’encontre d’Emmanuel Macron et de la France, qu’il traite d’« islamophobe ». Au-delà des mots, quelle est son intention ?

 

Jean-François Pérouse : C’est une réaction épidermique, qui ne s’inscrit pas nécessairement dans une stratégie précise. Reste que vis-à-vis de la population turque, Recep Tayyip Erdogan joue beaucoup sur son aura de leader supposé du monde musulman, qu’il s’est lui-même construite. Dès que possible, il développe une rhétorique passionnelle dans ce registre, un moyen de masquer quelques difficultés internes. C’est habile. Avant les élections, les sondages montrent que cette stature contribue au prestige que les citoyens lui attribuent.

Je découvre

Mais celle-ci relève de l’autopromotion, car le président turc a des relations difficiles avec la plupart des grands pays sunnites, dont l’Arabie saoudite et l’Égypte. Aussi, quand il prétend être la voix du monde musulman, il assigne une identité « généralisante » et réductrice à la Turquie. Il y existe une gamme très large de pratiques, allant de l’islam comme vague composante de la culture familiale et nationale à l’islam comme religion observée avec ses rituels et ses devoirs. Sans oublier que le pays compte aussi des chrétiens, des juifs…

Ces accusations relèvent-elles vraiment de la seule rhétorique ? Elles se sont accompagnées d’un appel au boycott des produits français et ont été suivies par des manifestations de militants nationalistes turcs en France.

J.-F. P. : Cette rhétorique a des effets. Le président turc a une aura incontestable auprès de certaines populations dans des pays musulmans et, en grand populiste, il sait la cultiver. Son émergence dans ce registre a commencé au Forum économique de Davos, en 2009, quand il s’est ouvertement opposé au président israélien de l’époque au nom de la défense de la cause palestinienne. Depuis cette sortie, présentée comme un sursaut du monde musulman, Recep Tayyip Erdogan a fait de l’islamophobie son cheval de bataille en usant d’une rhétorique civilisationnelle qui oppose islam et Occident. Un terme, islamophobie, qu’il n’a jamais autant employé que maintenant. Mais pour éviter de participer à ce retour aux oppositions sommaires, il faut s’employer à ne pas réduire la Turquie à son président.

Quelles réalités faut-il aussi prendre en compte ?

J.-F. P. :Au-delà du président turc, un grand nombre d’acteurs font vivre un autre type de relations avec l’Europe, y compris dans son propre parti et son gouvernement, qui a une politique différente, empreinte de pragmatisme. En témoigne l’importance des relations économiques entre la France et la Turquie. Une grande partie des exportations automobiles turques sont le fait d’un consortium entre le fonds de pension turc Oyak et Renault ! Plus généralement, les économies européenne et turque sont si imbriquées qu’il est impossible de revenir en arrière.

 

Dans ces conditions, comment analyser l’accrochage, en juin, entre une frégate turque et une frégate française en Méditerranée, et les incursions turques dans les eaux grecques ?

J.-F. P. : Ces débordements sont indissociables de la progression du complexe militaro-industriel turc. Ankara veut s’imposer dans la hiérarchie des grands exportateurs d’armement et, pour cette raison, promeut son nouveau matériel militaire, comme ses drones de nouvelle génération, qui ont joué un rôle important en Syrie ou en Azerbaïdjan. C’est un moyen d’appuyer une diplomatie ambitieuse.

L’accord sur les réfugiés entre l’Union européenne et la Turquie (1) ne place-t-il pas les Européens dans une situation de dépendance vis-à-vis d’Ankara ?

J.-F. P. : Très cyniquement, la guerre en Syrie a donné des atouts inespérés à Ankara, notamment sur la question des réfugiés. Lors de crises avec l’UE, on a pu entendre plusieurs fois en Turquie : « Nous allons ouvrir le robinet migratoire. » La menace, bien qu’indécente, est un outil d’influence clé. Comme le retour des djihadistes du terrain syrien. Ankara peut choisir de les laisser circuler ou de coopérer avec les Européens.

Les Européens disposent-ils d’outils équivalents ?

J.-F. P. : Leurs registres d’action n’appartiennent pas à cette logique de représailles. Mais il ne faut pas oublier que la Turquie n’a pas totalement renoncé à intégrer l’UE. Si les négociations d’adhésion sont globalement suspendues, l’UE a toujours la capacité de refermer des chapitres de négociations et de ne pas en ouvrir d’autres. Autre levier, les fonds européens attribués à la Turquie, qui sont assez importants. Pour autant, couper tous les ponts n’aurait aucun sens et reviendrait à jouer contre des liens historiques, de populations, culturels, économiques…

 

Face à la rhétorique de différenciation et les registres identitaires archaïques déployés par Recep Tayyip Erdogan et ceux qui le diabolisent en France, il faut jouer la carte de l’inclusion. On peut valoriser tout ce qu’il y a de commun entre la Turquie et l’Europe et montrer qu’il en va de l’intérêt des deux partenaires de maintenir un lien. Si la Turquie veut rester ce pont vers des mondes avec lesquels l’Europe n’a pas de relations simples, elle ne peut s’exclure d’une relation certes compliquée, mais ancienne. C’est à elle, aujourd’hui, de faire le premier pas. En face, l’Europe doit regarder la société turque dans toute sa diversité et valoriser les convergences.

(1) En mars 2016, l’UE s’engage à verser 6 milliards d’euros à la Turquie qui, en contrepartie, doit contrôler ses frontières et accueillir les migrants ayant quitté son territoire et ayant été refoulés de Grèce.

 

 

Turquie : la monnaie s’écroule encore

Turquie : la monnaie s’écroule encore

Il est clair que Erdogan -comme nombre d’autres dictateurs- aura tout raté. La campagne sanitaire contre la pandémie du Coronavirus, le renouveau économique sans parler d’une politique internationale , une sorte de grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Ne parlons pas du plan culturel ou sociétal avec le retrait de l’accord international d’Istanbul contre la violence vis-à-vis des femmes ou les atteintes constantes à la démocratie .

Un nouveau limogeage brutal illustre la folie du président Turquie Erdogan, celui du gouverneur de la banque centrale de Turquie;  il faut dire que la monnaie a dégringolé dégringoler de près de 15 % par rapport au dollar exactement les mêmes chiffres que l’inflation .

ET les  investisseurs craignent une dégradation de la situation économique.

Conséquence : La Bourse d’Istanbul a été aussi prise dans la tourmente, chutant de 9,8% à la clôture, après que les cotations ont dû être suspendues à au moins deux reprises dans la matinée, en application d’un mécanisme qui prévoit une interruption en cas de fortes fluctuations.

Naci Agbal a été destitué de ses fonctions par un décret présidentiel qui n’avançait pas de motif, mais intervenait deux jours après un relèvement de 200 points de base du principal taux directeur de la banque centrale, une mesure destinée à lutter contre l’inflation, saluée par les marchés.

Or le président Erdogan, partisan d’une forte croissance alimentée par des crédits bon marché, est hostile aux taux d’intérêt élevés, qu’il qualifie de « père et mère de tous les maux » et affirme, à rebours des théories économiques classiques, qu’ils favorisent l’inflation. Le limogeage de Naci Agbal et la chute de la livre, alors que l’économie pâtit déjà de l’impact de l’épidémie de coronavirus, ont laissé de nombreux Turcs désabusés.

Violence faite aux femmes : La Turquie quitte la Convention d’Istanbul ! ….Avant de quitter l’OTAN ?

Violence faite aux femmes : La Turquie quitte la Convention d’Istanbul ! ….Avant de quitter l’OTAN ?

 

 

La Turquie, ancien modèle laïc revient avec Erdogan à l’ère moyenâgeuse. L’islamisation forcée vient de conduire la Turquie a quitté la convention internationale d’Istanbul dont l’objet est de lutter contre la violence faite aux femmes.

 

Évidemment aucun parti islamiste local n’a protesté, au contraire c’était l’une des revendications de mettre fin aux « tracasseries » faites aux hommes qui maltraitent les femmes.

 

Il faut dire que dans les milieux traditionnels et archaïques le meurtre de femmes est admis. Pas moins de 300 femmes assassinées en Turquie par an. Le décret présidentiel, qui annule l’engagement de la Turquie, signé en 2011, à adopter une législation réprimant la violence domestique, signale une régression de la condition des femmes en Turquie. Il est d’autant plus choquant qu’il intervient à l’issue d’une année particulièrement meurtrière : en 2020, 300 femmes ont été assassinées en Turquie.

 

Un responsable du parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP, eut ouvertement suggéré d’abandonner le traité l’année dernière. Raison invoquée : la charte nuirait à l’unité familiale, encouragerait le divorce et ses références à l’égalité favoriseraient la communauté LGBT, actuellement dans le collimateur des autorités. De quoi faire bondir les associations féminines et les défenseurs des droits de l’homme qui avaient déjà signifié leur inquiétude en descendant à plusieurs reprises dans les rues d’Istanbul et d’autres villes pour exhorter le gouvernement à renoncer à son dessein. En vain.

L’objectif d’Erdogan et de renforcer de renforcer sa base conservatrice tout en donnant des gages à ses alliés ultranationalistes dans la perspective du scrutin présidentiel de 2023. Un jeu d’équilibriste à la fois risqué et dangereux pour l’avenir du pays que l’Europe – qui venait tout juste d’amorcer un dégel avec Erdogan – observe avec préoccupation. «La décision de la Turquie (…) est une nouvelle dévastatrice (…) qui compromet la protection des femmes», déclare le Conseil de l’Europe dans un communiqué.

 

La question maintenant de savoir combien de temps encore la Turquie restera au sein de l’organisation atlantique cela d’autant plus qu’Erdogan ne cessent de multiplier les coups de couteau dans la solidarité militaire occidentale en s’approvisionnant notamment en matériel russe .  Pause

Système de défense : la Turquie choisit la Russie !

Système de défense : la Turquie choisit la Russie !

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Il y a évidemment de quoi être de plus en plus inquiet par la stratégie adoptée par la Turquie qui confirme le choix de matériels russes stratégiques en matière de défense alors que la Turquie fait parti intégrante de l’OTAN. La question fondamentale qui va se poser c’est de savoir si la qui prend encore demeurer longtemps membre de l’OTAN.

 

La Turquie ne fera pas marche arrière sur l’acquisition des systèmes de défense russes S-400 malgré les sanctions imposées par les Etats-Unis, a déclaré jeudi le porte-parole de la présidence à Ankara, tout en indiquant vouloir résoudre par le dialogue les problèmes avec son allié au sein de l’OTAN. Washington a imposé en décembre dernier des sanctions contre la Turquie pour l’acquisition des systèmes S-400, disant y voir une menace pour son programme d’avions de combat F-35 et une incompatibilité avec les systèmes de défense partagés de l’Otan. Ankara dément ces arguments et assure qu’il n’y a aucun danger pour ses alliés de l’Alliance atlantique.

Turquie: la prudence des Européens vis-à-vis d’Erdogan

Turquie: la prudence des Européens vis-à-vis d’Erdogan

A  juste titre, les Européens se méfient des changements spectaculaires et brutaux d’Erdogan en matière de politique étrangère. Ainsi Erdogan qui n’avait de cesse de torpiller les pays et les chefs d’État se mettant en travers de sa politique internationale a soudain changé de position en proposant un débat apaisé avec l’Europe.

 

Sans doute une certaine obligation pour Erdogan dont la situation économique est assez catastrophique en Turquie, à cela s’ajoute une pandémie hors de contrôle d’autant que la Turquie n’a pas les moyens sanitaires pour y faire face. Les Européens méfient des «déclarations d’intentions» et veulent «des faits et des actions concrètes», a déclaré lundi Peter Stano, le porte-parole de Josep Borrell. «Nous espérons tous que les mots du président turc soient rapidement transformés en actes concrets et durables qui prouvent sa réelle bonne volonté vis-à-vis de l’UE», a déclaré à l’AFP le chef de la diplomatie du Luxembourg Jean Asselborn. Mais «personne n’a l’intention de passer l’éponge», a-t-il averti. «L’UE reste déterminée à défendre ses intérêts et ceux de ses États membres ainsi qu’à préserver la stabilité régionale», a-t-il assuré.

Les sujets de tensions sont nombreux: contentieux avec la Grèce et Chypre, implication d’Ankara dans les conflits en Syrie, en Libye et au Nagorny Karabakh, brouille avec Paris, violations de l’embargo de l’ONU en Libye sur les armes, actions militaires agressives en Méditerranée orientale. Les dirigeants européens ont tendu la main au président Erdogan en juillet 2020, mais il l’a rejetée. Ils ont décidé en décembre de sanctionner Ankara pour la poursuite de ses forages gaziers unilatéraux dans la zone économique exclusive de Chypre. Pourtant Erdogan veut renouer des liens apaisés avec l’Europe.

Les  «énormes problèmes économiques» de la Turquie ne lui permettent pas de couper les liens avec l’Europe, son premier partenaire commercial. «La baraque s’écroule et il est en train de perdre la classe moyenne», explique un responsable européen. «Les Turcs montrent patte blanche», ironise un diplomate de haut rang. «Mais les Européens attendent de voir si cette attitude est sincère et durable. Les précédents épisodes les ont affranchis», a-t-il ajouté.

L’Allemagne, première puissance économique de l’UE, mise sur l’apaisement. Son ministre des Affaires étrangères Heiko Maas s’est rendu lundi à Ankara pour saluer les «signaux positifs» adressés par le président turc et «accompagner» ses initiatives. «Avec certains États, la gifle fonctionne. Avec la Turquie, elle ne fonctionne pas», remarque l’Italienne Nathalie Tocci, directrice de l’Istituto Affari Internazionali et conseillère de Josep Borrell. «Nous espérons une détente durable dans nos relations avec la Turquie de manière à rendre caduque une nouvelle extension des sanctions en mars», confie Jean Asselborn. «Mais il est nécessaire de s’assurer qu’on est prêt, si jamais on ne laisse pas d’autre choix à l’UE», a-t-il averti.

Erdogan à genoux veut normaliser les rapports entre la Turquie et la France

Erdogan à genoux veut normaliser les rapports entre la Turquie et la France

 

 

La Turquie d’Erdogan est dans une situation dramatique. Il y a d’abord la situation économique complètement dégradée et une situation sanitaire hors de contrôle. S’y ajoutent des problèmes politiques internes et internationaux. Sur le plan interne, dans la perspective des prochaines élections la colère monte en Turquie et Erdogan n’est pas certain d’être réélu. Au plan international, Erdogan s’est mis à dos beaucoup de pays notamment ceux de l’union européenne et même ceux de l’OTAN. C’est donc à genoux presque qu’Erdogan souhaite la normalisation des relations diplomatiques entre la France et la Turquie.

 

«Si la France est sincère, la Turquie est prête à normaliser sa relation avec la France», a  déclaré le ministre des affaires étrangères de la Turquie. Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement dégradées depuis l’an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye, la Méditerranée orientale et plus récemment le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au Nagorny Karabakh.

 

Mais les tensions ont été exacerbées en octobre lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en cause la «santé mentale» du président français Emmanuel Macron, l’accusant de mener une «campagne de haine» contre l’islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet, et pour son discours contre le «séparatisme» islamiste en France. «Au final, nous avons eu une discussion téléphonique constructive, avec mon homologue Jean-Yves Le Drian, et nous nous sommes mis d’accord pour travailler sur une feuille de route pour normaliser nos rapports», a indiqué jeudi M. Cavusoglu.

Le chef de la diplomatie turque a par ailleurs estimé que la relation de son pays avec l’ensemble de l’UE pourrait bénéficier d’une «meilleure atmosphère» depuis le dernier sommet européen de décembre, lorsque les 27 ont décidé d’adopter des sanctions ciblées contre la Turquie pour ses activités en Méditerranée orientale.

Ouïgours : le scandaleux accord entre la Chine et la Turquie

Ouïgours : le scandaleux accord entre la Chine et la Turquie

La Chine a annoncé samedi 26 décembre la ratification d’un traité d’extradition avec la Turquie : un texte que Pékin veut notamment utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïgours soupçonnés de « terrorisme » et réfugiés en Turquie.

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes – ouïgoures notamment – dans des « camps ». Pékin parle de « centres de formation professionnelle », destinés à aider la population à trouver un emploi et, ainsi, à l’éloigner de l’extrémisme. S’estimant victimes de persécution, de nombreux Ouïgours ont fui en Turquie.

 « Le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire a ratifié » le « traité d’extradition » sino-turc, a annoncé dans un court communiqué le parlement chinois.

Le texte prévoit toutefois plusieurs motifs de refus. C’est notamment le cas si l’Etat auquel est soumise la demande d’extradition l’estime liée à un « crime politique », si la personne visée est l’un de ses citoyens, ou encore si cette dernière bénéficie du droit d’asile.

« Ce traité d’extradition va provoquer la panique parmi les Ouïgours ayant fui la Chine et n’ayant pas encore la citoyenneté turque », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïgour, organisation d’exilés siégeant en Allemagne. « Nous appelons le gouvernement turc […] à empêcher que ce traité devienne un instrument de persécution », a-t-il ajouté, assurant que Pékin exerçait une pression économique sur la Turquie afin qu’elle ratifie le traité.

 

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