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UE: L’instrumentalisation des migrants par la Russie et la Turquie

UE: L’instrumentalisation des migrants par la Russie et la Turquie

 

Pour Jean-Thomas Lesueur, des puissances hostiles à l’Europe utilisent ces populations comme une arme géopolitique d’intimidation et de déstabilisation.

Jean-Thomas Lesueur est délégué général de l’Institut Thomas More (think-tank libéral-conservateur).

Interview le Figaro -

La police aux frontières polonaise a diffusé des vidéos montrant des migrants, principalement originaires du Moyen-Orient, munis d’armes blanches pour essayer de forcer le passage de la frontière. Que vous inspirent ces images ?

Jean-Thomas LESUEUR. - Après l’immense vague migratoire de 2015, après la concentration de plus de 130.000 migrants à la frontière grecque par la Turquie en mars 2020, après la prise de contrôle par cette même Turquie de la route libyenne au printemps de la même année, l’Europe et les Européens vivent, depuis cet été mais avec une accélération forte depuis le 8 novembre, à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne un nouvel épisode de tensions géopolitiques de nature migratoire.

J’emploie cette formule pour faire comprendre qu’une part des migrations internationales ne doit être regardée ni avec des lunettes humanitaires (celles des ONG, tout particulièrement allemandes, qui jouent un rôle délétère sur le terrain) ni avec des lunettes technocratiques (celles du «migration management» des agences internationales) mais bien avec des lunettes géopolitiques. Des puissances hostiles et perturbatrices utilisent l’immigration comme une arme de déstabilisation et d’intimidation contre les Européens.

On voit que ces foules sont encadrées, dirigées, parfois molestées, par des hommes cagoulés et en tenue militaire indéterminée.

 

Ce que nous voyons sur les images dont vous parlez, ce sont des foules dont il faut d’abord se demander comment elles sont arrivées là. Comment des personnes en majorité syriennes et irakiennes se retrouvent-elles au beau milieu des forêts de Podlachie, cette région lointaine aux confins de la Pologne et de la Biélorussie ? Seules deux réponses sont possibles : par la volonté d’États ou par l’entremise de réseaux de passeurs (il faut sans doute écrire «et» plutôt que «ou»). On voit aussi que ces foules sont encadrées, dirigées, parfois molestées, par des hommes cagoulés et en tenue militaire indéterminée (ce qui fait furieusement penser aux «petits hommes verts» vus en Crimée il y a quelques années). On les voit enfin équipées d’outils et de tenailles (pour ouvrir des brèches dans les barbelés tendus par les Polonais), parfois armées, vous l’avez dit.

J’ajoute que les services lituaniens ont alerté leurs partenaires qu’ils avaient détecté parmi les migrants qui sont parvenus à passer depuis cet été des personnes pouvant avoir un profil terroriste. Si on ne comprend pas avec tout cela que nous sommes face à une action intentionnelle et planifiée à des fins hostiles, on ne comprend rien.

 

Est-ce une attaque indirecte de la part de Vladimir Poutine ?

De Poutine… et d’Erdogan, ajouterais-je. Des responsables des services allemands ont affirmé hier qu’Aeroflot (qui appartient pour 51% à l’État russe) et Turkish Airlines (qui appartient pour 49% à l’État turc) «apportent une contribution décisive au trafic aérien de migrants vers la Biélorussie». La dimension hybride ou asymétrique de la méthode n’est, à l’évidence, pas sans rappeler la manière russe de ces dernières années, de la Géorgie à l’Arménie, en passant par l’Ukraine.

 

Plus fondamentalement, c’est bien de la Russie et de la Turquie que je parlais quand j’évoquais des puissances hostiles et perturbatrices qui savent fort bien jouer des faiblesses des Européens, de notre tétanie devant la figure du migrant, qui a vécu une sorte d’assomption dans le discours politique et médiatique de ces dernières décennies. Systématiquement présenté comme fuyant la guerre et la misère, le migrant est le nouveau visage du «damné de la terre». Comme l’a montré Mathieu Bock-Côté, l’immigré a remplacé l’ouvrier dans le Panthéon de la gauche et du gauchisme depuis une trentaine d’années. Cette assomption nous paralyse et fonde notre impolitique. Nous sommes incapables de parer, et moins encore de rendre, les coups que ces puissances nous portent, puissances qui, elles, ont une vision éminemment politique des rapports de force qui déterminent de nouveau les relations internationales.

De quelles façons l’Union européenne doit réagir à cette attaque ?

Compte tenu de ce que je viens de dire, je doute assez que l’Union européenne soit capable de réagir au niveau où la Biélorussie, soutenue par ses puissants amis, est en train de porter la question. La «Commission géopolitique» promise par Ursula von der Leyen est une plaisanterie… et une plaisanterie coupable.

Je crois donc que, si la Pologne doit demander de l’aide, ce sera à l’OTAN plutôt qu’à l’Union européenne et à Frontex.

Turquie : L’erreur d’Erdogan

Turquie : L’erreur d’Erdogan

 

Un papier du monde analyse le jeu très dangereux d’Erdogan.

 

Samedi 23 octobre, M. Erdogan a déclaré qu’il avait « ordonné » à son ministre des affaires étrangères de déclarer persona non grata les ambassadeurs de dix pays – Etats-Unis, Allemagne, France, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Suède, Canada, Norvège, Nouvelle-Zélande. Il reproche à ces pays d’avoir signé, le 18 octobre, un appel conjoint en faveur de la libération de l’homme d’affaires et philanthrope Osman Kavala, accusé d’avoir cherché à renverser le gouvernement et maintenu en détention provisoire depuis quatre ans.


M. Erdogan voit dans cet appel une ingérence dans les affaires intérieures de la Turquie. Les signataires ne se sont pourtant fait que l’écho d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui, en décembre 2019, a ordonné la « libération immédiate » de M. Kavala, abusivement détenu selon elle. La Turquie est membre fondateur du Conseil de l’Europe, dont la CEDH est issue.

Si Recep Tayyip Erdogan va jusqu’au bout de cette menace, formulée dimanche pour la deuxième fois, les ambassadeurs seront contraints de quitter la Turquie. Le président turc se tirerait-il une balle dans le pied ? Décider de renvoyer d’un coup dix ambassadeurs, dont sept représentent des pays alliés du sien au sein de l’OTAN, c’est risquer d’ouvrir une crise diplomatique à l’approche du sommet du G20 à Rome, où il espérait s’entretenir avec le président américain, Joe Biden.


Soucieux de promouvoir le rôle géopolitique de la Turquie, M. Erdogan n’a pourtant jamais été aussi isolé. M. Biden, qui divise le monde en démocraties contre autocraties, n’a pas pour lui l’enthousiasme de son prédécesseur, Donald Trump, et l’a plutôt évité jusqu’ici. Ses relations avec l’UE, et en particulier avec la France, qui vient de conclure un pacte de défense avec la Grèce, sont compliquées ; les tensions provoquées par Ankara en Méditerranée orientale en 2020 et son rôle en Libye, où la Turquie a fait venir des mercenaires de Syrie, n’ont pas amélioré l’image du président. Et son rapprochement avec Vladimir Poutine, qui lui a procuré des systèmes de défense antiaérienne S-400, au grand dam de l’OTAN, semble tourner court : leur dernier entretien, à Sotchi, en septembre, a été bref et s’est terminé sans conférence de presse commune.


Une telle crise diplomatique, notamment avec ses partenaires commerciaux européens, risquerait aussi de précipiter la Turquie plus avant dans la crise monétaire. La monnaie nationale, qui a perdu près de 25 % de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l’année, se déprécie chaque jour un peu plus. Trois gouverneurs de sa banque centrale ont été limogés entre 2019 et 2021. L’inflation est en hausse, le pouvoir d’achat des ménages s’effondre.

C’est peut-être là qu’il faut chercher le ressort de cette dernière foucade du président Erdogan : l’opposition le soupçonne de chercher, en jouant sur l’antagonisme avec les Etats-Unis et l’UE, à faire diversion sur la crise économique interne et son impopularité croissante, que confirment les sondages. Ce serait là un calcul à très courte vue. M. Erdogan ne peut plus se permettre le luxe de multiplier les crises.

Turquie -renvoi des 10 ambassadeurs occidentaux : Erdogan se dégonfle!

Turquie -renvoi des 10  ambassadeurs occidentaux : Erdogan se dégonfle!

 

 

Erdogan a dû se dégonfler pour ne pas accentuer une crise avec les pays occidentaux dont il voulait envoyer les ambassadeurs. La Turquie connaît en effet une crise économique sans précédent qui s’ajoute évidemment à la crise sociale et démocratique. Rarement en effet la monnaie par exemple n’a atteint un niveau aussi bas rendant compte de la dégradation économique et financière du pays.

 

La Turquie est en proie à une crise économique, avec un taux officiel d’inflation frôlant les 20% et une monnaie en chute libre d’environ 25% depuis le début de l’année face au dollar.

 

Les 10 ambassadeurs – États-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède – avaient appelé dans un communiqué commun, le 18 octobre, à un «règlement juste et rapide de l’affaire» Osman Kavala, privé de liberté depuis octobre 2017.

 

Erdogan transforment son renoncement en argument. Les diplomates ont «reculé» et «seront plus prudents à l’avenir», a déclaré le chef de l’Etat au terme d’une longue réunion de son gouvernement, dont le contenu n’a pas été dévoilé mais durant laquelle, selon les observateurs, il a sans doute été mis en garde contre les conséquences désastreuses d’une nouvelle crise internationale. «Notre intention n’était pas de susciter une crise mais de protéger nos droits, notre honneur, notre fierté et nos intérêts souverains», a-t-il martelé.

 

Expulsion de dix ambassadeurs en Turquie : ‘Erdogan agite la rente nationaliste

Expulsion de dix ambassadeurs en Turquie : ‘Erdogan agite la  rente nationaliste 

 

 »Encore une fois, Erdogan agite la fibre nationaliste pour tenter de ressouder son électorat », a analysé dimanche 24 octobre sur franceinfo Didier Billon, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Samedi 23 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné l’expulsion des dix ambassadeurs de pays occidentaux (France, Etats-Unis, Allemagne, Canada, Finlande, Danemark, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède). Des pays qui ont appelé à libérer l’opposant Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans jugement, et accusé depuis 2013 de chercher à déstabiliser le régime turc.

Sept des dix pays visés par Erdogan font partie de l’Otan et sont donc des alliés de la Turquie. Pourquoi s’en prend-il aussi frontalement à eux ?

Didier Billon : Les dix font partie de l’OCDE, six sont dans l’UE, et cinq sont des partenaires clés au niveau économique pour la Turquie. Erdogan veut frapper très fort. Aujourd’hui, il est dans situation de politique intérieure assez compliquée, les sondages indiquent tous des intentions de votes autour de 30%, or la présidentielle a eu lieu il y a deux ans en Turquie. Cette défection de son électorat traditionnel s’explique par une situation économique très dégradée aujourd’hui. Donc tous les moyens sont bons, et encore une fois, Erdogan agite la fibre nationaliste pour tenter de ressouder son électorat. Et là, il avait un prétexte : le 18 octobre était le quatrième anniversaire de l’arrestation d’Osman Kavala. On comprend bien qu’Erdogan, prétextant qu’il y a une ingérence dans les affaires intérieures et notamment dans le cours de la justice turque, essaye de faire feu de tout bois pour ressouder son électorat, mais cela n’a aucun rapport avec la réalité de la justice turque.

Quelles seraient les conséquences de ce renvoi de dix ambassadeurs avec qui la Turquie collabore au quotidien ?

En termes diplomatiques, en général, la réponse est la symétrie. Les ambassadeurs turcs des dix pays concernés pourraient être rappelés à Ankara. Cette crise est instrumentalisée pour des raisons de politique intérieure. Erdogan joue un jeu infiniment dangereux, parce qu’il méprise les procédures diplomatiques habituelles. Les pays concernés sont d’une importance capitale pour l’économie turque, pour ses relations politiques. C’est un jeu très risqué qu’il n’hésite pas à utiliser parce qu’il a un besoin impératif de ressouder son électorat.

Les relations sont plutôt tendues avec la France depuis plusieurs années, avec des prises de position contre Emmanuel Macron. La France est-elle un cas particulier pour Erdogan ?

C’est surtout l’année dernière, en 2020, que les relations bilatérales entre la France et la Turquie ont été considérablement dégradées, avec des invectives, quasiment des injures de part et d’autre, ce qui n’est pas digne d’une relation d’État à État. Les choses s’étaient un peu tassées, les tensions étaient moins vives, sans avoir disparues. Dans la presse turque, qui est proche du pouvoir, il y a quasi quotidiennement des attaques contre la France, donc les tensions sont encore vives, même s’il faut admette qu’elles avaient décrues depuis l’année dernière. On sent bien que le moindre prétexte peut être saisi par Erdogan pour relancer un climat de tension entre les deux pays, et plus largement, avec les autres pays concernés

Turquie : de plus en plus loin de l’OTAN

Turquie : de plus en plus loin de l’OTAN

Les relations compliquées avec Moscou, qui maintient une attitude provocatrice, et Ankara, qui reste dans une politique stratégique ambivalente, sont un sujet délicat, avant le sommet de l’OTAN le 14 juin, explique, dans une tribune au « Monde », Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie.

Tribune. 

 

Le prochain sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord [OTAN], le 14 juin à Bruxelles, est crucial pour l’Alliance atlantique : si Joe Biden apporte un ton plus constructif dans les discussions, il n’en reste pas moins que l’organisation est confrontée à une posture provocatrice de la Russie et à une politique plus qu’ambivalente de la Turquie qui, elle, souhaite se situer à égale distance de l’Alliance et de Moscou.

La cohésion de l’OTAN est mise à rude épreuve. Le sommet du 14 juin, doublé d’un sommet Union européenne – Etats-Unis le lendemain, sera, au moins sur la forme, un immense soulagement pour les dirigeants européens par rapport aux quatre années écoulées : les Etats-Unis, tout en restant fermes quant à leurs intérêts économiques et au partage du fardeau au sein de l’OTAN, ne vont plus agir sur le mode impulsif cher à Donald Trump.

Par-delà la réaffirmation de la force de la relation transatlantique, le plat de résistance du sommet de Bruxelles sera assurément la relation avec la Russie, dont la politique étrangère est articulée sur la perception aiguë d’un « encerclement » de la part de l’OTAN. Dans ce contexte délicat, l’Alliance devra aussi tenter de rationaliser le comportement de la Turquie au cours des deux dernières années. Dans un style agressif, la Turquie a agi en Syrie, en Libye et en Méditerranée orientale, de manière unilatérale, sans concertation avec ses partenaires transatlantiques. Bien plus fondamentalement, au prétexte du refus de Washington de partager la technologie de ses missiles Patriot, la Turquie a acquis et déployé des systèmes russes antimissiles S-400, créant ainsi une situation hors norme au sein de l’Alliance.

Certes, le discours politique turc autour de ce déploiement est bien rodé : le monde a changé avec la chute de l’Union soviétique, la Turquie est montée en puissance économiquement et militairement, elle ne peut donc plus se satisfaire d’être liée uniquement à la communauté transatlantique. En d’autres termes, l’objectif d’Ankara serait de parvenir à une position équidistante des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de la Chine, tout en exploitant au mieux les images attendues de la rencontre Erdogan-Biden, en marge du sommet de l’OTAN.

Vue depuis l’OTAN, la réalité est plus complexe. Tout d’abord, l’armée de l’air turque se trouvera scindée en deux. Ses forces conventionnelles (notamment ses 245 chasseurs-bombardiers F-16) sont reliées opérationnellement à l’OTAN, mais sa défense antimissile (les S-400, par définition déconnectés des mécanismes de l’OTAN) restera dépendante de Moscou pour son entretien, et posera donc un inextricable problème d’accès de la Russie à des données concernant les forces alliées.

Mieux faire face à la Turquie

Mieux faire face à la Turquie

«Face à la Turquie, la solidarité européenne ne doit pas manquer à la Grèce et à Chypre». Par  Arnaud Danjean, Jean-Dominique Giuliani, Esteban Gonzalez-Pons et Zeljana Zovko

Arnaud Danjean est député européen (LR- PPE), Jean-Dominique Giuliani président de la Fondation Robert-Schuman, Esteban Gonzalez-Pons député européen espagnol (PP- PPE) et Zeljana Zovko députée européenne croate (HDZ – PPE).

 

Nous sommes entrés dans une ère nouvelle des relations internationales, dans laquelle les rapports de force entre les nations s’expriment de plus en plus brutalement et de façon décomplexée. Dans ce contexte de durcissement, perceptible dans son voisinage immédiat, l’Europe doit changer de posture. De puissants voisins tentent d’asseoir des zones d’influence exclusive, en pratiquant la politique du fait accompli au mépris du droit international et des accords multilatéraux passés.

Pacifique par essence, l’Union européenne, qui s’éveille lentement au réalisme machiavélien, apprend difficilement à défendre ses frontières. Ceux des Etats membres, les plus exposées aux provocations, qui gardent ses limites extérieures, devraient pouvoir compter sur la solidarité de tous. Les traités l’affirment et l’exigent ; le bon sens le commande.

Au nord-est de l’Europe, la dissuasion est assumée collectivement, en large partie par des Etats européens, sous l’égide de l’Otan. Mais ce qui est valable d’un côté du continent ne semble plus aussi évident au sud-est de l’Europe, en Méditerranée orientale, où la Grèce et Chypre, pourtant membres à part entière de l’Union européenne, n’ont pas pu compter sur une pleine solidarité européenne lorsque la Turquie s’est livrée, de façons répétées, à de très dangereuses provocations. Incursion dans des espaces maritimes et aériens grecs, forages illégaux en zones contestées, violation d’embargo sur les armes à destination de la Libye, instrumentalisation des flux migratoires aux frontières grecques terrestres et maritimes… Le régime turc, avec une rhétorique révisionniste assumée, a déployé toute la panoplie des actions décomplexées par lesquelles une puissance régionale s’affirme contre les équilibres politiques et juridiques patiemment bâtis depuis des décennies pour préserver la stabilité dans ces confins stratégiques de l’Europe.

La France a été la seule à manifester concrètement son soutien à la Grèce, mobilisant des moyens militaires à ses côtés, prenant ainsi des risques diplomatiques. Ses autres partenaires n’ont pas eu le réflexe de solidarité qu’on aurait pu attendre de membres de l’Union. Solidarité au nord, démission au sud !

«La faiblesse de certaines capitales européennes prépare la soumission aux faits accomplis des nouveaux autocrates, pour lesquels les médiations ne sont que des processus sans fin leur permettant de figer les avantages acquis»

Bien plus, certaines capitales européennes, et pas des moindres, ont proposé de se poser en « médiateurs ». Une chose – parfaitement légitime et cela a d’ailleurs toujours été l’approche du gouvernement grec de Mitsotakis – est de privilégier dialogue et négociations, une autre est de se placer à équidistance entre un partenaire auquel nous devons solidarité et un Etat tiers violant délibérément des règles auxquelles nous souscrivons pourtant sans réserves.

Maigre secours. Quelles que soient les raisons de cette faiblesse (crainte des réactions de la communauté turque implantée dans le pays, « neutralité » à l’intérieur de l’Otan plus forte que solidarité européenne, aversion à l’usage de la force ou, plus grave, reconnaissance du bien-fondé de certaines revendications), elle traduit une démission inacceptable et même une violation de l’esprit des traités. Elle prépare la soumission aux faits accomplis des nouveaux autocrates, pour lesquels les médiations ne sont que des processus sans fin leur permettant de figer les avantages acquis.

Alors que l’Union européenne et ses Etats membres entendent renforcer leur capacité d’action commune notamment dans l’Indo-Pacifique ou en Afrique, il est pour le moins incongru, choquant et irresponsable que la solidarité européenne soit mise à mal aux frontières même d’Etats européens, en Méditerranée orientale, à nos portes ! Que l’on soit souverainiste ou fédéraliste, préoccupé par les menaces à l’est ou plus enclin à regarder vers le sud, la solidarité européenne, s’appuyant sur la détermination diplomatique et, le cas échéant, sur la démonstration de force plus robuste, est une condition essentielle de la survie même de l’Europe dans le monde tel qu’il se façonne sous nos yeux. L’invocation seule des vertus du multilatéralisme et la nostalgie du monde (soi-disant) « ordonné » d’avant ne sont que d’un maigre secours face aux enjeux de puissances auxquels les Etats européens, individuellement, et l’Europe, collectivement, sont confrontés.

Arnaud Danjean est député européen (LR- PPE), Jean-Dominique Giuliani président de la Fondation Robert-Schuman, Esteban Gonzalez-Pons député européen espagnol (PP- PPE) et Zeljana Zovko députée européenne croate (HDZ – PPE).

Purges chez les militaires en Turquie

Purges chez les militaires en Turquie

500 personnes vient d’être arrêtées en Turquie essentiellement des militaires. Cette purge est lancée au moment où le régime turc essuie revers sur revers. Economiques, avec une flambée de l’inflation et la dépréciation de la devise en raison d’une politique monétaire jugée aberrante par les investisseurs . Et diplomatique, au vu d’un isolement croissant, Ankara n’ayant plus guère que Pékin comme allié en ce moment. Washington, allié de longue date, vient d’infliger un camouflet à Recep Tayyip Erdogan, avec la reconnaissance par Joe Biden du génocide arménien de 1915-1917, une première.

La justice turque a lancé ce lundi matin une énième purge de personnes accusées de complicité avec les auteurs de la tentative de coup d’Etat de juillet 2016. Ont été arrêtées, selon l’agence Anadolu, 532 personnes, dont 459 issues des rangs de l’armée, soupçonnées d’avoir des liens avec la confrérie Gülen. Cette dernière est accusée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’avoir fomenté ce putsch qui avait avorté grâce à la loyauté d’une partie de l’armée.

Depuis juillet 2016, selon un décompte dressé par l’ONG Turkish Purge, environ 80.000 personnes ont été arrêtées et sont en attente de jugement, 150.000 fonctionnaires, dont 4.000 juges et 3.000 universitaires ont été limogés ou suspendus, 20.000 militaires révoqués de l’armée, 3.000 écoles et une centaine des médias fermés. Avec 320 journalistes emprisonnés, la Turquie est numéro deux mondial en matière de répression de la presse, derrière la Chine.

Sondage Turquie dans l’Union européenne : 56 % des Turcs pour mais 52 % n’y croient pas

Sondage Turquie dans l’Union européenne : 56 % des Turcs pour mais 52 %  n’y croient pas

Selon  une enquête d’opinion publique menée conjointement dans ce pays par le German Marshall Fund of United States, un think tank américain, et l’Union des chambres de commerce et des bourses de Turquie (TOBB). C’est ainsi que si 56 % des personnes interrogées (la proportion est de 66 % ches les jeunes) se montrent favorables à une adhésion et que 60,1 % (69 % pour les jeunes) voteraient « oui » dans le cadre de l’organisation d’un éventuel référendum, 40 % (34 % de jeunes) pensent que cela ne se fera jamais, 19 % estimant en tout cas que cela ne se produira pas au mieux avant cinq ans. Aux yeux de 52,1 % des sondés, l’Union européenne n’a en fait pas vraiment l’intention d’accueillir la Turquie dans ses rangs.

Turquie: Isolement politique

Turquie: Isolement politique

 

L’annonce, le 24 avril 2021 du président des Etats-Unis Joe Biden sur le génocide arménien est un puissant acte de « soft power » qui redonne le moral à l’Arménie et souligne le négationnisme forcené dans lequel s’enferme le président turc, analyse, dans une tribune au « Monde », l’essayiste Michel Marian, spécialiste de ce dossier.

 

Tribune.

 

Obama en a peut-être rêvé, mais Biden l’a fait. Pour la première fois, un président des Etats-Unis en fonctions a qualifié de génocide l’extermination des Arméniens de l’Empire ottoman. Bien sûr, les chefs de l’Etat français l’avaient précédé depuis 1984. En remontant plus loin, l’Uruguay peut s’enorgueillir d’être le premier Etat à avoir fait mémoire de l’évènement, en 1965.

Et, depuis le centenaire de 2015, les déclarations des pouvoirs législatifs se sont multipliées, y compris de la part d’alliés de la Turquie : le Bundestag allemand, le Parlement néerlandais et le Congrès américain.

 

Mais l’arbitrage du chef de l’exécutif de la première puissance mondiale, même s’il n’a aucune valeur juridique universelle, fait date, clôt une ère et en ouvre une autre. Malgré le poids du temps écoulé et la faiblesse des plaignants, l’histoire échappe aux vainqueurs. En replaçant le crime dans la lumière d’aujourd’hui, elle remet peut-être l’avenir en mouvement.

La demande formulée depuis la fin des années 1960, dans le contexte de la convention onusienne sur l’imprescriptibilité des génocides, a opposé le pot de terre des diasporas arméniennes au pot de fer d’une Turquie membre essentiel de l’OTAN. Certes le dossier, exhumé par les Arméniens et repris par les historiens, contenait assez de documentation internationale et de points de rencontre avec la Shoah (à commencer par le travail sur les massacres d’Arméniens du créateur du concept de génocide, Raphael Lemkin) pour convaincre rapidement de son évidence les opinions et les scientifiques.

Mais il n’en a pas été de même au niveau politique, du fait du refus inlassable des gouvernements turcs successifs. Puis les Parlements ont reconnu les faits, suivis des exécutifs, et enfin de la clé de voûte du système d’alliances sur lequel s’appuie la Turquie, la présidence des Etats-Unis. Si la balance a fini par pencher vers la vérité, c’est parce qu’une conjoncture géopolitique nouvelle l’y a aidé.

 

Une rencontre s’est produite entre la nouvelle doctrine diplomatique américaine et la situation de l’Arménie. Barack Obama avait pour priorité de renouer le dialogue avec l’islam. Cette approche a eu pour résultat les « printemps arabes », mais n’offrait guère de protection aux minorités. Plus universaliste, Joe Biden a pris pour boussole les droits de l’homme et la démocratie. En 2021, les Arméniens cochent les deux cases.

Turquie: les Européens mettent des conditions économiques

Turquie: les Européens mettent des conditions économiques

Il est clair qu’Erdogan est peu sensible aux critiques qui peuvent intervenir sur le terrain démocratique et des libertés par contre son pays est actuellement enfoncé dans une crise redoutable à la fois une crise sanitaire mais aussi et surtout plus durablement dans une crise économique et financière grave. Du coup, Erdogan est condamné à abandonner au moins une partie sa posture d’agitateur international et de rechercher des accommodements avec l’union économique car il a un besoin urgent d’aide financière.

 

Ce qu’a laissé comprendre l’union économique en posant ses conditions. Les dirigeants de l’UE ont laissé entrevoir à Recep Tayyip Erdogan les bénéfices qu’il pourrait tirer d’un climat durablement apaisé – des bénéfices essentiellement économiques. Il s’agit d’une corde sensible pour le président turc, à l’heure où son économie est empêtrée dans l’inflation, le chômage, les difficultés monétaires et l’extrême méfiance des investisseurs étrangers. L’UE se dit prête à moderniser l’union douanière avec Ankara, alors que cette réforme était jugée «inenvisageable» à l’automne 2020. À l’époque, Erdogan envoyait des navires de recherche d’hydrocarbures dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et multipliait les affronts, notamment à l’égard d’Emmanuel Macron. Depuis, ses bateaux sont rentrés au port, le ton est nettement plus cordial, et les discussions ont repris avec Athènes. «Cette désescalade est un développement positif. Elle doit être soutenue et renforcée», a résumé Charles Michel, rappelant l’approche «progressive, conditionnelle et réversible» vis-à-vis d’Ankara. Parmi les mesures d’aide économique figurent aussi le soutien financier européen aux 4 millions de réfugiés installés en Turquie.

Turquie: une centaine d’amiraux retraités menacés par Erdogan

Turquie: une centaine d’amiraux retraités menacés par Erdogan

Une centaine d’anciens amis amiraux retraités sont accusés par Erdogan d’avoir tenté un coup d’État en critiquant collectivement la perspective d’un canal Istanbul venant suppléer le Bosphore. Plusieurs amiraux ont été mis en garde à vue.

Le chantier ambitieux du « canal d’Istanbul », qui s’inscrit dans une volonté de révolutionner l’infrastructure turque depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir, il y a dix-huit ans, vise, selon le gouvernement, à soulager le Bosphore, l’un des détroits les plus congestionnés du monde. Mais les militaires en question ne l’entendent pas de la même façon. Pour eux, il remet en question la convention de Montreux, datant de 1936, qui garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, en temps de paix comme en temps de guerre. Dans leur lettre ouverte, ils disent leur « inquiétude » face au risque d’ouvrir un ­débat sur ce fameux traité qui « protège au mieux les intérêts turcs ».

En fait il s’agit d’une occasion supplémentaire pour Erdogan d’affirmer son autorité dans tous les secteurs de la société et de nourrir chaque fois que possible le nationalisme.  Bref la démocratie turque tutoie de plus en plus la dictature nationaliste.

Covid Turquie : hausse des 40.000 cas quotidiens, un record

Covid  Turquie : hausse des  40.000 cas quotidiens, un record

Il faut sans doute prendre avec des pincettes les chiffres des contaminations en Turquie. Ceci étend d’après les chiffres officiels le nombre de contaminés aurait atteint un chiffre de record de 40 000 en 24 heures en raison notamment de la réouverture des restaurants Selon le ministre de la Santé, 40.806 nouveaux cas de coronavirus ont été diagnostiqués en 24 heures et 176 personnes sont décédées des suites du Covid.

Turquie : mise en observation de l’union européenne

Turquie : mise en observation de l’union européenne

Le sommet européen qui débute aujourd’hui devrait aboutir à une mise en observation de la Turquie qui ne cesse de manifester les gestes d’hostilité vis-à-vis de l’Europe et en particulier de la France. D’une certaine façon, c’est le bon moment de rappeler à la raison Erdogan dont la situation économique et catastrophique et qui mène son pays dans le mur non seulement du point de vue économique mais aussi démocratique.

Avec les États-Unis, message commun de fermeté sera adressé au président turc. «Ce n’est un secret pour personne que nous avons des différends avec la Turquie», a affirmé le secrétaire d’État Antony Blinken lors de ses entretiens mardi et mercredi à l’Otan. Mais les Américains comme les Européens refusent de couper les ponts avec Ankara. «La Turquie est un allié de longue date et apprécié, que nous avons un grand intérêt à garder ancré à l’Otan», a rappelé Antony Blinken.

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a résumé la position européenne en insistant sur «l’importance d’éviter les initiatives qui divisent et la nécessité de respecter les droits de l’Homme». La décision du président turc de quitter la convention d’Istanbul contre les violences sexistes, au lendemain d’un entretien avec Charles Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, a été vécue comme un camouflet. En l’espace de quelques jours, Erdogan a également lancé une procédure d’interdiction du parti d’opposition prokurde HDP et limogé le gouverneur de sa Banque centrale.

 

Depuis le début de l’année Erdogan a quand même mis une certaine sourdine à ses attaques vis-à-vis de l’Europe. «Nous observons une absence de signaux négatifs depuis le début de l’année, mais personne n’est naïf, car plusieurs facteurs expliquent ce comportement: le changement de président aux États-Unis, la fragilité de l’économie turque et les conséquences des possibles sanctions européennes», a expliqué un diplomate européen à l’AFP. «Le bilan est en demi-teinte. On ne peut pas dire que la Turquie facilite à l’Union européenne l’engagement dans le fameux agenda positif dont on a parlé. Nous sommes en position d’attente», a commenté un autre diplomate de haut rang.

«   Erdogan n’est pas toute la Turquie »

«   Erdogan n’est pas toute la Turquie »

 

 

Chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes, situé à Istanbul, Jean-François Pérouse relativise la représentativité d’Erdogan en Turquie  ( interview dans la Croix)

 

 

Ces derniers temps, Recep Tayyip Erdogan a tenu des propos très violents à l’encontre d’Emmanuel Macron et de la France, qu’il traite d’« islamophobe ». Au-delà des mots, quelle est son intention ?

 

Jean-François Pérouse : C’est une réaction épidermique, qui ne s’inscrit pas nécessairement dans une stratégie précise. Reste que vis-à-vis de la population turque, Recep Tayyip Erdogan joue beaucoup sur son aura de leader supposé du monde musulman, qu’il s’est lui-même construite. Dès que possible, il développe une rhétorique passionnelle dans ce registre, un moyen de masquer quelques difficultés internes. C’est habile. Avant les élections, les sondages montrent que cette stature contribue au prestige que les citoyens lui attribuent.

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Mais celle-ci relève de l’autopromotion, car le président turc a des relations difficiles avec la plupart des grands pays sunnites, dont l’Arabie saoudite et l’Égypte. Aussi, quand il prétend être la voix du monde musulman, il assigne une identité « généralisante » et réductrice à la Turquie. Il y existe une gamme très large de pratiques, allant de l’islam comme vague composante de la culture familiale et nationale à l’islam comme religion observée avec ses rituels et ses devoirs. Sans oublier que le pays compte aussi des chrétiens, des juifs…

Ces accusations relèvent-elles vraiment de la seule rhétorique ? Elles se sont accompagnées d’un appel au boycott des produits français et ont été suivies par des manifestations de militants nationalistes turcs en France.

J.-F. P. : Cette rhétorique a des effets. Le président turc a une aura incontestable auprès de certaines populations dans des pays musulmans et, en grand populiste, il sait la cultiver. Son émergence dans ce registre a commencé au Forum économique de Davos, en 2009, quand il s’est ouvertement opposé au président israélien de l’époque au nom de la défense de la cause palestinienne. Depuis cette sortie, présentée comme un sursaut du monde musulman, Recep Tayyip Erdogan a fait de l’islamophobie son cheval de bataille en usant d’une rhétorique civilisationnelle qui oppose islam et Occident. Un terme, islamophobie, qu’il n’a jamais autant employé que maintenant. Mais pour éviter de participer à ce retour aux oppositions sommaires, il faut s’employer à ne pas réduire la Turquie à son président.

Quelles réalités faut-il aussi prendre en compte ?

J.-F. P. :Au-delà du président turc, un grand nombre d’acteurs font vivre un autre type de relations avec l’Europe, y compris dans son propre parti et son gouvernement, qui a une politique différente, empreinte de pragmatisme. En témoigne l’importance des relations économiques entre la France et la Turquie. Une grande partie des exportations automobiles turques sont le fait d’un consortium entre le fonds de pension turc Oyak et Renault ! Plus généralement, les économies européenne et turque sont si imbriquées qu’il est impossible de revenir en arrière.

 

Dans ces conditions, comment analyser l’accrochage, en juin, entre une frégate turque et une frégate française en Méditerranée, et les incursions turques dans les eaux grecques ?

J.-F. P. : Ces débordements sont indissociables de la progression du complexe militaro-industriel turc. Ankara veut s’imposer dans la hiérarchie des grands exportateurs d’armement et, pour cette raison, promeut son nouveau matériel militaire, comme ses drones de nouvelle génération, qui ont joué un rôle important en Syrie ou en Azerbaïdjan. C’est un moyen d’appuyer une diplomatie ambitieuse.

L’accord sur les réfugiés entre l’Union européenne et la Turquie (1) ne place-t-il pas les Européens dans une situation de dépendance vis-à-vis d’Ankara ?

J.-F. P. : Très cyniquement, la guerre en Syrie a donné des atouts inespérés à Ankara, notamment sur la question des réfugiés. Lors de crises avec l’UE, on a pu entendre plusieurs fois en Turquie : « Nous allons ouvrir le robinet migratoire. » La menace, bien qu’indécente, est un outil d’influence clé. Comme le retour des djihadistes du terrain syrien. Ankara peut choisir de les laisser circuler ou de coopérer avec les Européens.

Les Européens disposent-ils d’outils équivalents ?

J.-F. P. : Leurs registres d’action n’appartiennent pas à cette logique de représailles. Mais il ne faut pas oublier que la Turquie n’a pas totalement renoncé à intégrer l’UE. Si les négociations d’adhésion sont globalement suspendues, l’UE a toujours la capacité de refermer des chapitres de négociations et de ne pas en ouvrir d’autres. Autre levier, les fonds européens attribués à la Turquie, qui sont assez importants. Pour autant, couper tous les ponts n’aurait aucun sens et reviendrait à jouer contre des liens historiques, de populations, culturels, économiques…

 

Face à la rhétorique de différenciation et les registres identitaires archaïques déployés par Recep Tayyip Erdogan et ceux qui le diabolisent en France, il faut jouer la carte de l’inclusion. On peut valoriser tout ce qu’il y a de commun entre la Turquie et l’Europe et montrer qu’il en va de l’intérêt des deux partenaires de maintenir un lien. Si la Turquie veut rester ce pont vers des mondes avec lesquels l’Europe n’a pas de relations simples, elle ne peut s’exclure d’une relation certes compliquée, mais ancienne. C’est à elle, aujourd’hui, de faire le premier pas. En face, l’Europe doit regarder la société turque dans toute sa diversité et valoriser les convergences.

(1) En mars 2016, l’UE s’engage à verser 6 milliards d’euros à la Turquie qui, en contrepartie, doit contrôler ses frontières et accueillir les migrants ayant quitté son territoire et ayant été refoulés de Grèce.

 

 

Turquie : la monnaie s’écroule encore

Turquie : la monnaie s’écroule encore

Il est clair que Erdogan -comme nombre d’autres dictateurs- aura tout raté. La campagne sanitaire contre la pandémie du Coronavirus, le renouveau économique sans parler d’une politique internationale , une sorte de grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Ne parlons pas du plan culturel ou sociétal avec le retrait de l’accord international d’Istanbul contre la violence vis-à-vis des femmes ou les atteintes constantes à la démocratie .

Un nouveau limogeage brutal illustre la folie du président Turquie Erdogan, celui du gouverneur de la banque centrale de Turquie;  il faut dire que la monnaie a dégringolé dégringoler de près de 15 % par rapport au dollar exactement les mêmes chiffres que l’inflation .

ET les  investisseurs craignent une dégradation de la situation économique.

Conséquence : La Bourse d’Istanbul a été aussi prise dans la tourmente, chutant de 9,8% à la clôture, après que les cotations ont dû être suspendues à au moins deux reprises dans la matinée, en application d’un mécanisme qui prévoit une interruption en cas de fortes fluctuations.

Naci Agbal a été destitué de ses fonctions par un décret présidentiel qui n’avançait pas de motif, mais intervenait deux jours après un relèvement de 200 points de base du principal taux directeur de la banque centrale, une mesure destinée à lutter contre l’inflation, saluée par les marchés.

Or le président Erdogan, partisan d’une forte croissance alimentée par des crédits bon marché, est hostile aux taux d’intérêt élevés, qu’il qualifie de « père et mère de tous les maux » et affirme, à rebours des théories économiques classiques, qu’ils favorisent l’inflation. Le limogeage de Naci Agbal et la chute de la livre, alors que l’économie pâtit déjà de l’impact de l’épidémie de coronavirus, ont laissé de nombreux Turcs désabusés.

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