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Guerre en Ukraine : trois scénarios pour la Russie

Guerre en Ukraine : trois scénarios pour la Russie

La Russie pourrait se contenter de la reconnaissance de la DNR et de la LNR ; mais elle pourrait aussi chercher tout ou partie du reste du territoire ukrainien. Par Cyrille Bret, Sciences Po.

 

La Russie vient de franchir son Rubicon : ses troupes sont désormais officiellement présentes dans l’est du territoire ukrainien, en plus de la Crimée.

Vladimir Poutine vient en effet de reconnaître l’indépendance des deux républiques sécessionnistes de Donetsk et Lougansk, qui jouxtent le territoire russe. Il a, dans la foulée, envoyé des troupes russes pour « protéger ces territoires contre une attaque militaire ukrainienne ». La fiction selon laquelle la Russie n’était pas partie prenante au conflit dans l’est de l’Ukraine a donc volé en éclats : elle est explicitement belligérante.

Désormais, le pouvoir russe a trois options très différentes devant lui :

  • un scénario « géorgien », qui figerait ses positions militaires et mutilerait durablement l’unité du territoire ukrainien ;
  • un scénario révisionniste et maximaliste d’invasion de l’Ukraine depuis le nord, l’est et le sud ;
  • un scénario « azovien », dans lequel la Russie envahirait uniquement le territoire qui jouxte la mer d’Azov pour établir une continuité territoriale avec la Crimée, annexée par elle en 2014.

Scénario 1 : un gel « à la géorgienne »

En 2008, la Russie et la Géorgie étaient entrées en guerre, à l’initiative du gouvernement géorgien de l’époque, dirigé par Mikheïl Saakachvili. Le conflit s’était soldé par la défaite de la petite Géorgie et la sécession de deux territoires : l’Abkhazie, sur le littoral de la mer Noire, et l’Ossétie du Sud, à la frontière montagneuse avec la Fédération de Russie (l’Ossétie du Nord étant un « sujet » (un territoire fédéré) de la Fédération de Russie). Cette sécession avait été suivie d’une reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux « États ». Seuls quelques régimes amis de la Russie l’avaient suivie dans la reconnaissance, notamment la Syrie et le Vénézuéla.

Aujourd’hui, la Fédération de Russie peut encore choisir un scénario « géorgien » pour les territoires de Lougansk et Donetsk, s’arrêtant donc à leur reconnaissance, sans chercher à aller plus loin en territoire ukrainien. Cela présenterait, pour elle, plusieurs avantages : accroître son emprise sur le territoire de l’Ukraine sans avoir officiellement déclenché d’invasion ni même combattu ; compter ses alliés en dénombrant ceux qui la suivront dans la reconnaissance de ces États (Kazakhstan ? Biélorussie ? Chine ?) ; et peut-être éviter que l’Occident ne prenne des sanctions très lourdes contre son économie.

Toutefois, après que, dans son discours du 21 février, Vladimir Poutine a vilipendé l’Ukraine, la présentant comme un État artificiel et soumis aux Occidentaux, cette position serait difficilement compréhensible pour une opinion publique russe persuadée par de nombreux médias et par son président lui-même que la nation ukrainienne n’existe pas et que le pouvoir de Kiev serait sur le point de commettre un génocide contre les russophones de l’Est du pays.

Scénario 2 : une campagne maximaliste

Pour pousser son avantage, Vladimir Poutine pourrait être tenté d’engager une invasion complète de l’Ukraine.

Dans son allocution du 21 février, il n’a pas exclu cette option. Si l’Occident est une menace existentielle pour la Fédération de Russie et que l’Ukraine en est une colonie artificiellement constituée pour préparer l’affaiblissement de la Russie, alors la conséquence est inévitable : Moscou doit reconstituer en Ukraine un « État tampon » appartenant à sa sphère d’influence.

Jusqu’à il y a peu, plusieurs hypothèses étaient ouvertes : une neutralisation de l’Ukraine, une « finlandisation » ou même l’installation d’un gouvernement pro-russe à Kiev. Aujourd’hui, la présence de troupes russes sur le territoire ukrainien polarise les Ukrainiens : ils se définissent pour une large part en opposition à la Russie. Puisque rallier l’Ukraine à sa sphère d’influence paraît impossible et puisque les Occidentaux ne souhaitent pas donner à la Russie les garanties qu’elle exige, il lui reste à s’emparer de ces garanties elle-même, les armes à la main.

 

Pour Moscou, ce scénario de conquête aurait plusieurs avantages. Tout d’abord, si les Occidentaux se refusent à intervenir militairement en Ukraine, le succès militaire russe est assuré. La campagne serait déclenchée par le Nord à partir de la Biélorussie, par l’est depuis la Russie, par le Sud depuis la Crimée et par l’ouest à partir de la Transnistrie. Ensuite, la prise de l’Ukraine replacerait la Russie en position de force en Eurasie, à la fois dans son face-à-face avec l’Union européenne et dans le partenariat très compétitif avec la Chine. Enfin, cela donnerait au régime Poutine, du point de vue de l’opinion publique intérieure, un élan nationaliste indéniable.

Une victoire militaire renforcerait la Russie stratégiquement tout en l’affaiblissant politiquement (elle se retrouverait encore plus isolée qu’aujourd’hui sur la scène internationale) et économiquement (les Occidentaux ne manqueraient pas d’adopter des sanctions particulièrement lourdes).

Scénario 3 : une vision « azovienne »

La troisième option militaire à la disposition de Moscou est la conquête des provinces qui séparent, sur le continent, ces Républiques autoproclamées de la Crimée annexée en 2014.

La Russie pousserait son avantage par un campagne éclair à partir de Lougansk et Donetsk, pour établir une continuité continentale entre deux parties de son territoire. Ce scénario présente des avantages d’un autre ordre pour Moscou : si la présidence russe considère que les sanctions décidées aujourd’hui par les Occidentaux sont de toute façon maximales, autant pour elle pousser son avantage est réaliser une partition de fait de l’Ukraine ; en outre cette conquête « limitée » pourrait être justifiée par la protection des russophones de l’Ukraine orientale car les populations sont, dans cette zone (autour de Marioupol notamment) tournées vers la Russie.

La Russie se trouve à la croisée des chemins avec ces trois scénarios. Le dosage des sanctions par les Européens sera déterminant : si elles sont perçues comme maximales, le Kremlin sera tenté d’empocher un gain supplémentaire par la conquête. Mais si elles sont considérées comme trop faibles, il lira cette réaction comme un signe de faiblesse…

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Guerre en Ukraine : trois scénarios pour la Russie

Guerre en Ukraine : trois scénarios pour la Russie

La Russie pourrait se contenter de la reconnaissance de la DNR et de la LNR ; mais elle pourrait aussi chercher tout ou partie du reste du territoire ukrainien. Par Cyrille Bret, Sciences Po.

 

La Russie vient de franchir son Rubicon : ses troupes sont désormais officiellement présentes dans l’est du territoire ukrainien, en plus de la Crimée.

Vladimir Poutine vient en effet de reconnaître l’indépendance des deux républiques sécessionnistes de Donetsk et Lougansk, qui jouxtent le territoire russe. Il a, dans la foulée, envoyé des troupes russes pour « protéger ces territoires contre une attaque militaire ukrainienne ». La fiction selon laquelle la Russie n’était pas partie prenante au conflit dans l’est de l’Ukraine a donc volé en éclats : elle est explicitement belligérante.

Désormais, le pouvoir russe a trois options très différentes devant lui :

  • un scénario « géorgien », qui figerait ses positions militaires et mutilerait durablement l’unité du territoire ukrainien ;
  • un scénario révisionniste et maximaliste d’invasion de l’Ukraine depuis le nord, l’est et le sud ;
  • un scénario « azovien », dans lequel la Russie envahirait uniquement le territoire qui jouxte la mer d’Azov pour établir une continuité territoriale avec la Crimée, annexée par elle en 2014.

Scénario 1 : un gel « à la géorgienne »

En 2008, la Russie et la Géorgie étaient entrées en guerre, à l’initiative du gouvernement géorgien de l’époque, dirigé par Mikheïl Saakachvili. Le conflit s’était soldé par la défaite de la petite Géorgie et la sécession de deux territoires : l’Abkhazie, sur le littoral de la mer Noire, et l’Ossétie du Sud, à la frontière montagneuse avec la Fédération de Russie (l’Ossétie du Nord étant un « sujet » (un territoire fédéré) de la Fédération de Russie). Cette sécession avait été suivie d’une reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux « États ». Seuls quelques régimes amis de la Russie l’avaient suivie dans la reconnaissance, notamment la Syrie et le Vénézuéla.

Aujourd’hui, la Fédération de Russie peut encore choisir un scénario « géorgien » pour les territoires de Lougansk et Donetsk, s’arrêtant donc à leur reconnaissance, sans chercher à aller plus loin en territoire ukrainien. Cela présenterait, pour elle, plusieurs avantages : accroître son emprise sur le territoire de l’Ukraine sans avoir officiellement déclenché d’invasion ni même combattu ; compter ses alliés en dénombrant ceux qui la suivront dans la reconnaissance de ces États (Kazakhstan ? Biélorussie ? Chine ?) ; et peut-être éviter que l’Occident ne prenne des sanctions très lourdes contre son économie.

Toutefois, après que, dans son discours du 21 février, Vladimir Poutine a vilipendé l’Ukraine, la présentant comme un État artificiel et soumis aux Occidentaux, cette position serait difficilement compréhensible pour une opinion publique russe persuadée par de nombreux médias et par son président lui-même que la nation ukrainienne n’existe pas et que le pouvoir de Kiev serait sur le point de commettre un génocide contre les russophones de l’Est du pays.

Scénario 2 : une campagne maximaliste

Pour pousser son avantage, Vladimir Poutine pourrait être tenté d’engager une invasion complète de l’Ukraine.

Dans son allocution du 21 février, il n’a pas exclu cette option. Si l’Occident est une menace existentielle pour la Fédération de Russie et que l’Ukraine en est une colonie artificiellement constituée pour préparer l’affaiblissement de la Russie, alors la conséquence est inévitable : Moscou doit reconstituer en Ukraine un « État tampon » appartenant à sa sphère d’influence.

Jusqu’à il y a peu, plusieurs hypothèses étaient ouvertes : une neutralisation de l’Ukraine, une « finlandisation » ou même l’installation d’un gouvernement pro-russe à Kiev. Aujourd’hui, la présence de troupes russes sur le territoire ukrainien polarise les Ukrainiens : ils se définissent pour une large part en opposition à la Russie. Puisque rallier l’Ukraine à sa sphère d’influence paraît impossible et puisque les Occidentaux ne souhaitent pas donner à la Russie les garanties qu’elle exige, il lui reste à s’emparer de ces garanties elle-même, les armes à la main.

Pour Moscou, ce scénario de conquête aurait plusieurs avantages. Tout d’abord, si les Occidentaux se refusent à intervenir militairement en Ukraine, le succès militaire russe est assuré. La campagne serait déclenchée par le Nord à partir de la Biélorussie, par l’est depuis la Russie, par le Sud depuis la Crimée et par l’ouest à partir de la Transnistrie. Ensuite, la prise de l’Ukraine replacerait la Russie en position de force en Eurasie, à la fois dans son face-à-face avec l’Union européenne et dans le partenariat très compétitif avec la Chine. Enfin, cela donnerait au régime Poutine, du point de vue de l’opinion publique intérieure, un élan nationaliste indéniable.

Une victoire militaire renforcerait la Russie stratégiquement tout en l’affaiblissant politiquement (elle se retrouverait encore plus isolée qu’aujourd’hui sur la scène internationale) et économiquement (les Occidentaux ne manqueraient pas d’adopter des sanctions particulièrement lourdes).

Scénario 3 : une vision « azovienne »

La troisième option militaire à la disposition de Moscou est la conquête des provinces qui séparent, sur le continent, ces Républiques autoproclamées de la Crimée annexée en 2014.

La Russie pousserait son avantage par un campagne éclair à partir de Lougansk et Donetsk, pour établir une continuité continentale entre deux parties de son territoire. Ce scénario présente des avantages d’un autre ordre pour Moscou : si la présidence russe considère que les sanctions décidées aujourd’hui par les Occidentaux sont de toute façon maximales, autant pour elle pousser son avantage est réaliser une partition de fait de l’Ukraine ; en outre cette conquête « limitée » pourrait être justifiée par la protection des russophones de l’Ukraine orientale car les populations sont, dans cette zone (autour de Marioupol notamment) tournées vers la Russie.

La Russie se trouve à la croisée des chemins avec ces trois scénarios. Le dosage des sanctions par les Européens sera déterminant : si elles sont perçues comme maximales, le Kremlin sera tenté d’empocher un gain supplémentaire par la conquête. Mais si elles sont considérées comme trop faibles, il lira cette réaction comme un signe de faiblesse…

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Algérie : l’oubli de la domination militaire ottomane pendant trois siècles

Algérie : l’oubli de la  domination militaire ottomane

L’un des frères Barberousse, après avoir chassé les Espagnols d’Alger, prit la décision de se déclarer vassal du sultan ottoman en 1520, avec l’accord des oulémas et des notables algérois, précise l’historien Alain Blondy, qui répond à une précédente tribune au « Monde » de l’historien M’hamed Oualdi.

 

Tribune.

 

Il est à craindre que l’historien M’hamed Oualdi soit victime, sans doute sans s’en rendre compte, du discours pseudo-historique que l’Algérie officielle rabâche depuis 1962 à ses étudiants comme à son opinion publique (« Emmanuel Macron se trompe lorsqu’il assimile à une colonisation l’ancienne tutelle ottomane sur l’Algérie », Le Monde du 29 octobre).

Si l’on peut être d’accord avec lui qu’il ne convient pas d’assimiler la République laïque de Turquie, voulue et créée par Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), à l’Empire ottoman, vaste ensemble multiethnique soumis à un grand seigneur issu de la tribu turque des Osmanlis, on ne peut que s’étonner qu’un historien puisse prétendre que les Ottomans sont accourus à l’appel des élites algéroises. C’est aller vite en besogne.

 

Après l’expansion éclair en Syrie puis en Egypte où le sultan du Caire se démit du califat au profit de celui de Constantinople (1517), des marins, principalement grecs convertis à l’islam, se lancèrent dans une seconde expansion, cette fois par mer. Quatre frères, d’une famille originaire de Mytilène, qui passèrent à la postérité sous le nom des frères Barberousse, s’installèrent d’abord à Jijel (1514), puis chassèrent les Espagnols d’Alger (1516).

L’aîné qui s’y était proclamé sultan ayant péri dans un combat avec les troupes de Charles Quint (1518), son frère Kheireddine fut proclamé généralissime (beylerbey) par ses troupes. Il trouva face à lui l’opposition d’une partie des tribus de l’intérieur. Il comprit alors que la menace de l’impérialisme mercantiliste espagnol serait toujours suspendue sur un Maghreb émietté politiquement en tribus, en sultanats expirants ou mort-nés, en confédérations d’oligarchies marchandes se soupçonnant mutuellement.

Il jugea donc que seule une autorité suffisamment constituée pouvait conjurer le péril castillan et la coalition plus ou moins centrifuge des villes et des groupes qui s’étaient soumis temporairement à son frère. Avec l’accord des oulémas et des notables algérois, il prit alors la décision de se déclarer vassal du sultan. Ce fut ainsi qu’Alger devint un eyalet (province) ottoman en 1520.

Pendant trois cent dix ans, le pouvoir appartint à une caste militaire ottomane, celle des janissaires, qui détint autant le pouvoir politique que l’essentiel du pouvoir économique, créant ainsi une tradition très enracinée à Alger. Cette domination aristocratique ne se voulut jamais acculturante, puisque à aucun moment l’élite ottomane n’envisagea de se mêler aux autochtones, Berbères arabisés des campagnes ou Maures des villes issus de multiples croisements ethniques depuis le tréfonds de l’Antiquité.

Vaccin Omicron: une perte d’efficacité de près de 50 % après trois mois

Vaccin Omicron: une perte d’efficacité de près de 50 % après trois mois

 

Devant le caractère inédit du virus Covid se pose la question de la stratégie vaccinale. En effet puisqu’on constate une perte d’efficacité de près de 50 % après trois mois;  faudra-t-il envisager un rappel chaque trimestre ?

Le premier ministre français n’a pas exclu cette quatrième vaccination pour certaines catégories de population si nécessaire !.

Plusieurs études démontrent en effet que les vaccins voient leur efficacité ce dégradé après une dizaine de semaines.. En fin de semaine dernière, l’agence sanitaire britannique (UK Health Security Agency) a ainsi indiqué dans une analyse - qui se veut prudente – que l’efficacité de la troisième dose (ou booster) décline près de dix semaines après l’injection.

Dans le détail, l’étude britannique suggère qu’un schéma vaccinal à trois doses réalisé uniquement avec des doses Pfizer-BioNTech confère une protection de 70% contre les formes symptomatiques du coronavirus liées au variant Omicron. Mais cette immunité décline rapidement par la suite. Ainsi, cette protection n’est plus que de 45% au bout de dix semaines, selon les données de l’étude.

La conclusion c’est qu’on est sans doute loin d’en avoir fini avec la définition d’une bonne stratégie vaccinale. Il n’y a pas si longtemps qu’on a évoqué la question de la troisième dose, maintenant de la quatrième et dans peu de temps sans doute des suivantes.

La preuve vraisemblablement que la stratégie vaccinale n’est pas suffisante pour lutter contre cette pandémie qui appelle aussi  des mesures autrement plus restrictives.

Environnement et climat : Les trois dimensions à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone

Environnement et climat : Les trois dimensions   à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone 

 

  • Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL,  explique qu’il faut prendre en compte la production nationale, la consommation mais aussi l’empreinte extérieure.

 

 

Pour chaque pays, il existe trois façons de mesurer les rejets de gaz à effet de serre : l’empreinte territoriale calcule les rejets de gaz à effet de serre à l’intérieur des frontières d’un pays ; l’empreinte de consommation, ceux résultant des usages finaux de biens et services ; et l’empreinte d’extraction, ceux issus de l’énergie fossile extraite du pays. Ces trois empreintes ne s’additionnent pas. Elles constituent trois thermomètres bien distincts, donnant des images complémentaires : d’après les dernières estimations portant sur l’année 2019, l’empreinte territoriale de la France était, tous gaz à effet de serre confondus, de 6.5 tonnes de CO2eq par habitant, pour une empreinte de consommation de 9 tonnes et une empreinte d’extraction de 0,03 tonne.

A l’amont de la COP de Glasgow, ces trois thermomètres ont été remis à jour. Leur examen permet de mieux comprendre la difficulté de rehausser l’ambition des contributions nationales des différents pays en matière de réduction des émissions.

L’empreinte territoriale

Le thermomètre communément utilisé pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un pays est l’inventaire national, réalisé en France par le Centre interprofessionnel technique de la pollution atmosphérique (Citepa). Lors des COP, c’est lui qu’on utilise pour négocier les engagements des différents pays et qu’on retrouve dans les « contributions nationales déterminées » déposées auprès des Nations unies. Chaque Etat est souverain sur son territoire et donc directement responsable de son empreinte territoriale. Un système de « monitoring, reporting, verification » (MRV) qui devrait être renforcé dans le cadre de l’application de l’accord de Paris permet leur suivi.

Ces inventaires sont calculés à partir de méthodes harmonisées par le GIEC. La partie la plus robuste est celle concernant le CO2 d’origine énergétique ou résultant de procédés industriels. Les marges d’incertitude sont bien plus élevées pour les émissions et les absorptions liées aux changements d’usage des sols et aux rejets de gaz à effet de serre hors CO2 dont l’agriculture est la première source. Il reste beaucoup de progrès à faire pour fiabiliser et standardiser les méthodes de calcul de cette partie des inventaires.

La récente édition du Global Carbon Budget donne une image complète de ces empreintes territoriales pour le CO2 jusqu’en 2020. Cette année-là, les rejets de CO2 dans l’atmosphère résultant de l’usage d’énergie fossile et de procédés industriels ont atteint 34,8 gigatonnes de CO2, soit 4,5 tonnes par habitant : ce qu’on émet en produisant 3 tonnes d’acier ou en roulant 20.000 km dans une voiture de moyenne gamme. En 2021, les émissions mondiales devraient remonter à 36,4 Gt, pratiquement le niveau prévalant en 2019, avant le déclenchement de la pandémie du Covid.

Les quatre premiers émetteurs – Chine, Etats-Unis, Union européenne, Inde – contribuent pour 60% à ces rejets. Les émissions sont en recul en Europe et aux Etats-Unis. En Chine, elles sont reparties en hausse depuis 2018 après s’être stabilisées au début de la décennie 2010. Elles sont en accélération en Inde qui est sur le point de dépasser les émissions de l’Union européenne. Le « reste du monde » demeure le premier émetteur mondial de CO2. Les émissions y augmentent rapidement dans les pays producteurs et exportateurs d’énergie fossile, dans les pays moins avancés qui parviennent à décoller et, avant la crise du Covid-19, dans les transports internationaux.

Hausse des émissions dans les pays émergents, recul dans les pays industrialisés. Ne s’agirait-il pas d’un phénomène de vases communicants, les émissions économisées dans les pays riches étant simplement transférées dans les autres pays via les délocalisations et le commerce international? Pour répondre à la question, il convient d’examiner l’empreinte de consommation, notre deuxième thermomètre.

L’empreinte de consommation

Avec la globalisation des économies, les chaînes de valeur se sont allongées. Ceci a pour effet de dissocier le lieu où sont utilisés les biens et services de celui où apparaissent les émissions : si le véhicule que j’achète est d’origine étrangère, les émissions associées à sa fabrication apparaîtront dans l’inventaire du pays d’origine. S’il est monté en Europe à partir de tôles importées, les émissions se partageront entre pays d’origine pour la fabrication des tôles et le pays européen où se trouve l’usine de montage.

L’empreinte de consommation recense les émissions résultant de l’usage des biens et services dans une économie. Pour la calculer, il convient de corriger les émissions observées sur le territoire des effets du commerce extérieur : celles incluses dans les importations doivent être ajoutées ; celles incluses dans les exportations doivent être retranchées.

Au niveau micro-économique, l’empreinte de consommation se calcule à partir des bases de données comme celle de l’Ademe qui fournit les facteurs d’émission de l’ensemble des biens et services consommés. Les méthodes pour reconstituer l’empreinte carbone d’un ménage ou d’une organisation sont standardisées et permettent l’établissement de bilans carbone.

Ces bilans ne peuvent pas s’agréger, car cela conduirait à compter plusieurs fois les mêmes émissions. Pour passer à l’échelle macro-économique, les méthodologies sont plus compliquées. On utilise des matrices entrées-sorties issues de la comptabilité nationale, avec des coefficients techniques moyens par secteur réestimés à intervalles périodiques. Avec l’accélération de la transition énergétique, les hypothèses de fixité de ces coefficients techniques sont hardies, surtout quand il s’agit de se projeter dans l’avenir.

Deux bases de données permettent de comparer l’empreinte territoriale des pays avec leur empreinte de consommation pour le CO2 d’origine énergétique : celle de l’OCDE et celle du Global Carbon Budget qui a été utilisée pour construire le graphique figurant le niveau de l’empreinte de Consommation en 2019 (abscisse) et son évolution depuis 2005 (ordonnée). A noter que les données n’intègrent pas les émissions de CO2 résultant de l’usage des sols, notamment celles résultant des échanges de produit ayant un impact sur la déforestation tropicale.

Sans surprise, l’empreinte de consommation des pays émergents du G20 est généralement plus faible que leurs émissions territoriales. Ces pays exportent plus d’émission de CO2 qu’ils n’en importent via le commerce international. C’est le cas de l’Inde, de la Russie, de l’Afrique du Sud et surtout de la Chine, de loin le premier exportateur mondial d’émissions de CO2 incorporées dans les biens manufacturés. Symétriquement, l’Union européenne est le premier importateur net d’émissions de CO2, avec une empreinte de consommation qui dépasse de 18% les émissions de son territoire (16% au Japon et 6% aux Etats-Unis).

Depuis 2005, l’empreinte de consommation augmente cependant dans tous les pays émergents du G20, exception faite de l’Afrique du Sud et du Mexique. La hausse est particulièrement marquée en Chine où l’empreinte de consommation a progressé de plus de 80%, soit nettement plus que les émissions territoriales. Cela reflète la stratégie de réorientation de l’économie sur le marché intérieur afin de satisfaire une demande domestique très dynamique.

Symétriquement, l’empreinte de consommation a baissé dans l’ensemble des pays industrialisés membres du G20. Elle a été particulièrement marquée dans l’Union européenne et aux États-Unis. En France, l’empreinte de chaque habitant a été réduite de 27% sur la période, soit pratiquement au même rythme que les émissions territoriales par tête (29%).

Le constat d’ensemble se dégageant du tableau est clair : depuis 2005, le commerce international ne semble pas avoir joué le rôle de vases communicants entre pays riches et pays émergents pour les émissions de CO2 hors usage des terres. Le dynamisme des émissions dans les pays émergents a reposé sur celui de leur demande domestique. L’enjeu primordial de la transition bas carbone y sera de la satisfaire demain en réduisant leurs émissions. Dans les pays riches, les réductions des émissions territoriales se sont traduites par des baisses de l’empreinte de consommation.

L’empreinte d’extraction

Tout à l’amont des chaînes de valeur, l’empreinte carbone d’extraction constitue le miroir de l’empreinte de consommation. Elle calcule les émissions de CO2 qui résulteront de l’extraction des énergies fossiles, que ces énergies soient utilisées dans les pays exploitant les gisements ou à l’étranger. Techniquement, l’empreinte carbone des producteurs d’énergies fossiles est plus facile à calculer que l’empreinte de consommation, car il n’y a que trois produits à considérer dont les facteurs d’émission sont bien connus : le charbon, le pétrole et le gaz d’origine fossile.

Dans son rapport « Production Gap », le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a calculé l’empreinte carbone de production pour l’année 2019. Avec ce troisième thermomètre, se dessine une nouvelle cartographie des émissions mondiales de CO2. Deux nouveaux venus figurent dans le top-6 des émetteurs de CO2 : l’Arabie saoudite et l’Australie, pays moyennement peuplés, mais gros exportateurs d’énergie fossile. L’Europe et le Japon disparaissent de la liste des principaux émetteurs, car ils importent la plus grande partie de leur énergie fossile.

En Europe de l’Ouest, le pays à l’empreinte d’extraction la plus élevée est la Norvège, devenue le troisième exportateur mondial de gaz naturel. Le Royaume-Uni, qui fut le premier producteur mondial d’énergie fossile, pointe à la 23e place. Quant à la France, son empreinte d’extraction est devenue symbolique à la suite de la fermeture des houillères et de l’épuisement du gisement de gaz de Lacq.

Dans son rapport sur l’empreinte d’extraction, l’UNEP pointe du doigt l’enjeu de la sortie des énergies fossiles. Les pays exportateurs d’énergie fossile peuvent en effet baisser leurs émissions territoriales tout en alimentant la hausse des émissions à l’extérieur de leurs frontières via ces exportations.

Il convient donc de s’assurer que l’évolution des empreintes d’extraction est compatible avec les trajectoires conduisant à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C. Cette discussion a été amorcée à la COP26 récemment tenue à Glasgow. Elle n’est pas prête de s’achever. Il subsiste un écart béant entre, d’un côté les objectifs déclarés sur le climat d’un côté, et de l’autre les plans de production et d’exportation d’énergie fossile.

La complémentarité des trois thermomètres

Pour guider les politiques climatiques, les inventaires nationaux rapportant l’ensemble des émissions territoriales de chaque pays restent l’outil pivot. Avec le « cadre de transparence renforcé » de l’Accord de Paris (article 13), les différents pays seront soumis en la matière à des exigences accrues à partir de 2024. C’est un volet important de la négociation climatique, aux dimensions géopolitiques généralement sous-estimées. Mais l’inventaire national ne dit pas tout des émissions d’un pays. Il convient de le compléter avec les deux autres thermomètres.

L’empreinte de production est d’une grande utilité pour guider l’action climatique de la vingtaine de producteurs et/ou exportateurs d’énergie fossile comptant pour plus de 80 % des émissions mondiales. Ce sont également les pays qui auront à opérer les reconversions du tissu économique et social les plus complexes vu leur degré de dépendance aux fossiles.

Dans les pays d’Europe de l’Ouest, l’empreinte de consommation apporte un éclairage précieux. Elle permet de surveiller les risques de « fuites de carbone » qui pourraient résulter de l’accélération des actions de réduction des émissions territoriales. Pour parer à tous risques, la Commission européenne travaille sur deux instruments importants : un mécanisme à la frontière mettant sur un pied d’égalité les producteurs européens qui payent les quotas de CO2 et les importateurs qui en sont exonérés ; un renforcement de la régulation sur la déforestation importée.

En France, la question de l’utilisation de l’empreinte de consommation a fait l’objet d’un rapport très complet du Haut Conseil pour le climat (HCC). Ce rapport fournit une masse d’information très précieuse pour la conduite de l’action climatique. Il se base malheureusement sur des données qui ont fait l’objet de révisions conséquentes. Il serait judicieux de revisiter ses conclusions à la lumière des informations plus récentes aujourd’hui disponibles grâce au travail conduit depuis sa publication par la statistique publique.

L’une des conclusions parfois tirées du rapport du HCC serait de substituer l’empreinte de consommation aux données de l’inventaire pour mieux guider la politique climatique. Sans aucun doute, l’empreinte climatique des Français reste bien trop élevée. Sa baisse depuis 2005 est beaucoup trop lente. Mais quand une transition n’est pas assez rapide, c’est rarement en changeant de thermomètre qu’on peut l’accélérer!

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Fonction publique: Plus 170.000 fonctionnaires en trois ans

Fonction publique: Plus 170.000 fonctionnaires  en trois ans

En dépit des déclarations, le nombre de fonctionnaires ne diminue pas en France, il a même tendance à augmenter. En cause la confusion entre le caractère régalien des activités et le statut du personnel. Pour schématiser les corporatistes considèrent que tout fonctionnaire exerce une mission d’intérêt général. En réalité, il faut distinguer ce qui relève effectivement des champs d’intérêt général, des conditions d’exercice et des statuts des personnels. Ainsi dans de nombreuses activités ( santé, transport, écoles etc.) les missions  d’intérêt public sont aussi effectuées par des personnels de droit privé. À l’inverse, nombre de fonctionnaires exercent des missions qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général ( entretien, jardinage, tâches administratives ou techniques).
La France présente la particularité d’un taux de fonctionnaires particulièrement importants, près de 20 % de la population. Des effectifs très coûteux à la productivité douteuse et qui en plus sont mal rémunérés. Il conviendrait de faire un grand ménage dans les champs du régalien ,dans les conditions d’exercice des missions est de distinguer le statut des personnels exerçant les activités.
Sur les trois premières années du quinquennat Macron, le nombre d’emplois publics (contrats aidés compris) a encore explosé de plus de 170.000, à rebours de la promesse de campagne en 2017 de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires en cinq ans.

Selon les chiffres de l’Insee (hors contrats aidés) :

  • la fonction publique d’État (FPE) compte 2,4 millions d’agents (+0,9% par rapport à 2018) ;
  • la fonction publique territoriale (FPT) 1,9 million (+0,9%) ;
  • la fonction publique hospitalière (FPH) 1,1 million (+0,5%).

Dans la FPE, plus de la moitié des agents sont de catégorie A (dont 64% sont enseignants). Les trois quarts des salariés de la FPT et la moitié de ceux de la FPH sont de catégorie C, avec cette particularité que la part des salariés de catégorie B diminue. Dans la FPT et la FPH, une bascule de B en A de certains métiers explique cette dynamique, c’est le cas par exemple des infirmiers sapeurs-pompiers dans la FPT ou des éducateurs de jeunes enfants dans la FPH.

En 2019, 450 200 agents, hors militaires, soit 8,5% des présents fin 2019, sont entrés dans la fonction publique et 433 600 en sont sortis, soit 8,1% des présents fin 2018.

Dans le détail, les effectifs ont tout autant augmenté en 2020 dans l’État (+20.600 agents, soit une hausse 8 fois supérieure à celle de 2019) que dans l’hospitalier (+ 21.500 agents, soit une progression 6 fois plus importante qu’un an avant). Les effectifs dans les ministères ont baissé de 0,2 %, principalement à Bercy (− 3400, soit − 2,5 % de l’emploi des ministères économiques et financiers).

Comme en 2019, le nombre de contractuels a augmenté dans les établissements publics (+ 34.100 emplois), notamment les locaux d’enseignement (+ 26.300), faisant plus que compenser la baisse du nombre de contrats aidés.

Dans la fonction publique hospitalière, l’emploi a progressé dans les établissements médico-sociaux (+ 1,4 %) et surtout, crise sanitaire oblige, dans les hôpitaux (+ 1,9 %). La hausse observée est principalement marquée pour les contractuels, dont le nombre a bondi de 23.500, soit + 9,5 %. Seule la sphère territoriale a vu ses effectifs fondre un peu, de 8400 personnes Mais il faut dire que les effectifs en cause avaient explosé au cours des années précédentes.

Fonction publique: 170.000 fonctionnaires en plus en trois ans

Fonction publique: 170.000 fonctionnaires en plus en trois ans

En dépit des déclarations, le nombre de fonctionnaires ne diminue pas en France, il a même tendance à augmenter. En cause,  la confusion entre le caractère régalien des activités et le statut du personnel. Pour schématiser les corporatistes considèrent que tout fonctionnaire exerce une mission d’intérêt général. En réalité, il faut distinguer ce qui relève effectivement des champs d’intérêt général, des conditions d’exercice et des statuts des personnels. Ainsi dans de nombreuses activités ( santé, transport, écoles etc.) les missions d’intérêt public sont aussi effectuées par des personnels de droit privé. À l’inverse, nombre de fonctionnaires exercent des missions qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général ( entretien, jardinage, tâches administratives ou techniques).
La France présente la particularité d’un taux de fonctionnaires particulièrement importants, près de 20 % de la population. Des effectifs très coûteux à la productivité douteuse et qui en plus sont mal rémunérés. Il conviendrait de faire un grand ménage dans les champs du régalien ,dans les conditions d’exercice des missions est de distinguer le statut des personnels exerçant les activités.
Sur les trois premières années du quinquennat Macron, le nombre d’emplois publics (contrats aidés compris) a encore explosé de plus de 170.000, à rebours de la promesse de campagne en 2017 de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires en cinq ans.

Selon les chiffres de l’Insee (hors contrats aidés) :

  • la fonction publique d’État (FPE) compte 2,4 millions d’agents (+0,9% par rapport à 2018) ;
  • la fonction publique territoriale (FPT) 1,9 million (+0,9%) ;
  • la fonction publique hospitalière (FPH) 1,1 million (+0,5%).

Dans la FPE, plus de la moitié des agents sont de catégorie A (dont 64% sont enseignants). Les trois quarts des salariés de la FPT et la moitié de ceux de la FPH sont de catégorie C, avec cette particularité que la part des salariés de catégorie B diminue. Dans la FPT et la FPH, une bascule de B en A de certains métiers explique cette dynamique, c’est le cas par exemple des infirmiers sapeurs-pompiers dans la FPT ou des éducateurs de jeunes enfants dans la FPH.

En 2019, 450 200 agents, hors militaires, soit 8,5% des présents fin 2019, sont entrés dans la fonction publique et 433 600 en sont sortis, soit 8,1% des présents fin 2018.

Dans le détail, les effectifs ont tout autant augmenté en 2020 dans l’État (+20.600 agents, soit une hausse 8 fois supérieure à celle de 2019) que dans l’hospitalier (+ 21.500 agents, soit une progression 6 fois plus importante qu’un an avant). Les effectifs dans les ministères ont baissé de 0,2 %, principalement à Bercy (− 3400, soit − 2,5 % de l’emploi des ministères économiques et financiers).

Comme en 2019, le nombre de contractuels a augmenté dans les établissements publics (+ 34.100 emplois), notamment les locaux d’enseignement (+ 26.300), faisant plus que compenser la baisse du nombre de contrats aidés.

Dans la fonction publique hospitalière, l’emploi a progressé dans les établissements médico-sociaux (+ 1,4 %) et surtout, crise sanitaire oblige, dans les hôpitaux (+ 1,9 %). La hausse observée est principalement marquée pour les contractuels, dont le nombre a bondi de 23.500, soit + 9,5 %. Seule la sphère territoriale a vu ses effectifs fondre un peu, de 8400 personnes Mais il faut dire que les effectifs en cause avaient explosé au cours des années précédentes.

Social: 170.000 fonctionnaires en plus en trois ans

Social: 170.000 fonctionnaires en plus en trois ans

En dépit des déclarations, le nombre de fonctionnaires ne diminue pas en France, il a même tendance à augmenter. En cause, la confusion entre le caractère régalien des activités et le statut du personnel. Pour schématiser, les corporatistes considèrent que tout fonctionnaire exerce une mission d’intérêt général. En réalité, il faut distinguer ce qui relève effectivement des champs d’intérêt général, des conditions d’exercice et des statuts des personnels. Ainsi dans de nombreuses activités ( santé, transport, écoles etc.) l’émission d’intérêt public sont aussi effectués par des personnels de droit privé. À l’inverse, nombre de fonctionnaires exercent des missions qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général ( entretien, jardinage, tâches administratives ou techniques).
La France présente la particularité d’un taux de fonctionnaires particulièrement importants, près de 20 % de la population. Des effectifs très coûteux à la productivité douteuse et qui en plus sont mal rémunérés. Il conviendrait de faire un grand ménage dans les champs du régalien ,dans les conditions d’exercice des missions est de distinguer le statut des personnels exerçant les activités.
Sur les trois premières années du quinquennat Macron, le nombre d’emplois publics (contrats aidés compris) a encore explosé de plus de 170.000, à rebours de la promesse de campagne en 2017 de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires en cinq ans.

Selon les chiffres de l’Insee (hors contrats aidés) :

  • la fonction publique d’État (FPE) compte 2,4 millions d’agents (+0,9% par rapport à 2018) ;
  • la fonction publique territoriale (FPT) 1,9 million (+0,9%) ;
  • la fonction publique hospitalière (FPH) 1,1 million (+0,5%).

Dans la FPE, plus de la moitié des agents sont de catégorie A (dont 64% sont enseignants). Les trois quarts des salariés de la FPT et la moitié de ceux de la FPH sont de catégorie C, avec cette particularité que la part des salariés de catégorie B diminue. Dans la FPT et la FPH, une bascule de B en A de certains métiers explique cette dynamique, c’est le cas par exemple des infirmiers sapeurs-pompiers dans la FPT ou des éducateurs de jeunes enfants dans la FPH.

En 2019, 450 200 agents, hors militaires, soit 8,5% des présents fin 2019, sont entrés dans la fonction publique et 433 600 en sont sortis, soit 8,1% des présents fin 2018.

Dans le détail, les effectifs ont tout autant augmenté en 2020 dans l’État (+20.600 agents, soit une hausse 8 fois supérieure à celle de 2019) que dans l’hospitalier (+ 21.500 agents, soit une progression 6 fois plus importante qu’un an avant). Les effectifs dans les ministères ont baissé de 0,2 %, principalement à Bercy (− 3400, soit − 2,5 % de l’emploi des ministères économiques et financiers).

Comme en 2019, le nombre de contractuels a augmenté dans les établissements publics (+ 34.100 emplois), notamment les locaux d’enseignement (+ 26.300), faisant plus que compenser la baisse du nombre de contrats aidés.

Dans la fonction publique hospitalière, l’emploi a progressé dans les établissements médico-sociaux (+ 1,4 %) et surtout, crise sanitaire oblige, dans les hôpitaux (+ 1,9 %). La hausse observée est principalement marquée pour les contractuels, dont le nombre a bondi de 23.500, soit + 9,5 %. Seule la sphère territoriale a vu ses effectifs fondre un peu, de 8400 personnes Mais il faut dire que les effectifs en cause avaient explosé au cours des années précédentes.

Société: 170.000 fonctionnaires en plus en trois ans

Société: 170.000 fonctionnaires en plus en trois ans

En dépit des déclarations, le nombre de fonctionnaires ne diminue pas en France, il a même tendance à augmenter. En cause la confusion entre le caractère régalien des activités et le statut du personnel. Pour schématiser les corporatistes considèrent que tout fonctionnaire exerce une mission d’intérêt général. En réalité, il faut distinguer ce qui relève effectivement des champs d’intérêt général, des conditions d’exercice et des statuts des personnels. Ainsi dans de nombreuses activités ( santé, transport, écoles etc.) l’émission d’intérêt public sont aussi effectués par des personnels de droit privé. À l’inverse, nombre de fonctionnaires exercent des missions qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général ( entretien, jardinage, tâches administratives ou techniques).
La France présente la particularité d’un taux de fonctionnaires particulièrement importants, près de 20 % de la population. Des effectifs très coûteux à la productivité douteuse et qui en plus sont mal rémunérés. Il conviendrait de faire un grand ménage dans les champs du régalien ,dans les conditions d’exercice des missions est de distinguer le statut des personnels exerçant les activités.
Sur les trois premières années du quinquennat Macron, le nombre d’emplois publics (contrats aidés compris) a encore explosé de plus de 170.000, à rebours de la promesse de campagne en 2017 de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires en cinq ans.

Selon les chiffres de l’Insee (hors contrats aidés) :

  • la fonction publique d’État (FPE) compte 2,4 millions d’agents (+0,9% par rapport à 2018) ;
  • la fonction publique territoriale (FPT) 1,9 million (+0,9%) ;
  • la fonction publique hospitalière (FPH) 1,1 million (+0,5%).

Dans la FPE, plus de la moitié des agents sont de catégorie A (dont 64% sont enseignants). Les trois quarts des salariés de la FPT et la moitié de ceux de la FPH sont de catégorie C, avec cette particularité que la part des salariés de catégorie B diminue. Dans la FPT et la FPH, une bascule de B en A de certains métiers explique cette dynamique, c’est le cas par exemple des infirmiers sapeurs-pompiers dans la FPT ou des éducateurs de jeunes enfants dans la FPH.

En 2019, 450 200 agents, hors militaires, soit 8,5% des présents fin 2019, sont entrés dans la fonction publique et 433 600 en sont sortis, soit 8,1% des présents fin 2018.

Dans le détail, les effectifs ont tout autant augmenté en 2020 dans l’État (+20.600 agents, soit une hausse 8 fois supérieure à celle de 2019) que dans l’hospitalier (+ 21.500 agents, soit une progression 6 fois plus importante qu’un an avant). Les effectifs dans les ministères ont baissé de 0,2 %, principalement à Bercy (− 3400, soit − 2,5 % de l’emploi des ministères économiques et financiers).

Comme en 2019, le nombre de contractuels a augmenté dans les établissements publics (+ 34.100 emplois), notamment les locaux d’enseignement (+ 26.300), faisant plus que compenser la baisse du nombre de contrats aidés.

Dans la fonction publique hospitalière, l’emploi a progressé dans les établissements médico-sociaux (+ 1,4 %) et surtout, crise sanitaire oblige, dans les hôpitaux (+ 1,9 %). La hausse observée est principalement marquée pour les contractuels, dont le nombre a bondi de 23.500, soit + 9,5 %. Seule la sphère territoriale a vu ses effectifs fondre un peu, de 8400 personnes Mais il faut dire que les effectifs en cause avaient explosé au cours des années précédentes.

Finances-Taux de la FED-États-Unis : trois hausses en 2022

Finances-Taux de la FED-États-Unis   : trois hausses en 2022

 

La Fed comme d’ailleurs les autres banques centrales doit jouer les équilibristes pour d’une part lutter contre l’inflation mais en même temps ne pas casser une croissance qui pourrait être fragilisée par la montée de la crise sanitaire. Jamais depuis 40 ans, l’inflation n’a été aussi forte aux États-Unis. Sur un an elle atteint de l’art de 7 % ( Pour 5 % en Europe). Au départ pour dissimuler les conséquences de cette hausse des prix, on a considéré que l’inflation était temporaire. Jérôme Powel lui-même le président de la Fed a admis que cette inflation aurait un caractère beaucoup plus permanent que prévu. Comme on ne veut pas casser la dynamique économique la Fed va donc d’une part confirmer la cessation de ses rachats d’actifs à partir du printemps. Ensuite au cours de l’année à trois reprises on va remonter les taux d’intérêt d’un quart de point. Un relèvement modeste mais qui se fonde sur une inflation peut-être sous-estimée prévue autour de 2,6 en 2022. Du coup on peut d’ores et déjà prévoir que les autres banques centrales vont suivre la Fed en espérant évidemment que la boucle prix salaires ne fera pas dériver encore davantage l’inflation. 

« L’économie n’a plus besoin d’un soutien accru de la politique monétaire », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse après la réunion du Federal Open Market Committee (FOMC). « De mon point de vue, nous progressons rapidement vers le plein emploi. »

Le scénario esquissé par la banque centrale correspond de fait à l’atterrissage en douceur qu’elle s’efforce de favoriser, avec, au cours des prochaines années, un reflux progressif de l’inflation dans une économie en croissance régulière et le maintien d’un chômage bas.

 

Le communiqué n’évoque plus le caractère « temporaire » de l’inflation mais constate au contraire que la hausse des prix a dépassé son objectif de 2% depuis « un certain temps ».

 

LA NORMALISATION ENGAGÉE

En prélude à la remontée des taux, la Fed va réduire ses achats de bons du Trésor et de prêts immobiliers titrisés (MBS) deux fois plus vite qu’aujourd’hui, ce qui aboutira à un arrêt total dès mars de ces achats, qui représentaient encore avant l’automne 120 milliards de dollars par mois.

Wall Street a amplifié sa hausse après ces annonces et la conférence de presse de Jerome Powell: à quelques minutes de la clôture des marchés, l’indice Standard & Poor’s 500 gagnait plus de 1,2%.

Au même moment, le dollar cédait du terrain face aux autres grandes devises et le rendements des emprunts d’Etat à deux ans, le plus sensible aux anticipations d’évolution des taux d’intérêt, était pratiquement inchangé à 0,665%.

L’évolution des marchés à terme montre par ailleurs que les traders anticipent désormais une première hausse de taux en mai et deux autres d’ici la fin 2022.

« La Fed est ‘faucon’ mais pas plus qu’anticipé », a commenté Gregory Daco, économiste en chef Etats-Unis d’Oxford Economics. « Elle donne l’impression de vraiment donner la priorité à l’inflation et de se mettre en position de pouvoir relever les taux dans les mois à venir. »

Le communiqué et les nouvelles prévisions de la Fed confirment que la banque centrale est désormais pleinement engagée dans la normalisation de sa politique monétaire après les mesures exceptionnelles mises en oeuvre depuis mars 2020 pour soutenir l’économie face à l’impact de la crise sanitaire.

Si le taux de chômage aux Etats-Unis a continué de baisser en novembre pour revenir à 4,2%, au plus bas depuis février 2020, l’inflation s’est encore accélérée pour atteindre 6,8% en rythme annuel, son rythme le plus élevé depuis 1982.

Malgré l’incertitude créée par l’irruption du variant Omicron du coronavirus, la Fed prévoit une croissance économique de 4,0% l’année prochaine, soit 0,2 point de pourcentage de plus que prévu en septembre.

 

Macron : trois interventions en 10 jours !

 

 Macron : trois interventions en 10 jours !

 

 

De toute évidence ,il y a comme une sorte de vent de panique à l’Élysée où  on commence à s’inquiéter de l’évolution des sondages. Le plus grand motif d’inquiétude concerne le rapport qu’entretient le chef de l’État avec les Français. D’où cette intervention récente très narcissique où Emmanuel Macron s’est efforcé de déclarer un amour non partagé.Le contexte politique a en effet beaucoup changé depuis d’une part l’a venue de Zemmour, d’autre part la nomination de Valérie Pécresse comme représentante du parti des républicains. D’une certaine manière, on considérait du côté du pouvoir que le duel avec Marine Le Pen était une sorte de garantie de succès pour le président de la république. Désormais non seulement il faut combattre les thèses extrémistes d’Éric Zemmour qui souvent sont effectivement contestables mais qui font émerger des questions réelles. Surtout Macron pourrait avoir à affronter une personnalité politique chevronnée comme Valérie Pécresse capable de rivaliser facilement avec le bla-bla technocratique de Macron et en plus avec une expérience sérieuse du pouvoir. En outre une femme à l’Élysée va constituer un argument favorable.

Ce qui paraît le plus vraisemblable dans le contexte politique aujourd’hui, c’est non pas une énorme vague en faveur de Valérie Pécresse mais plus exactement le tout sauf Macron dont la personnalité condescendante et méprisante suscite un rejet majoritaire sans parler de résultats politiques relativement médiocres et ambigus. Du coup, Macron en 10 jours se sera invité trois fois à la télévision : une fois pour parler de la crise sanitaire et de lui-même, une autre fois pour parler seulement de lui-même et une troisième fois à la veille de 2022 pour déclarer sa flamme à des Français qu’il a pourtant relativement ignorés pendant son mandat. Encore un peu et Macon risquent de présenter la météo pour apparaître encore plus régulièrement sur les petits écrans.

Fed–États-Unis :trois hausses de taux en 2022

 Fed–États-Unis : trois hausses de taux en 2022

La Fed comme d’ailleurs les autres banques centrales doit jouer les équilibristes pour d’une part lutter contre l’inflation mais en même temps ne pas casser une croissance qui pourrait être fragilisée par la montée de la crise sanitaire. Jamais depuis 40 ans, l’inflation n’a été aussi forte aux États-Unis. Sur un an elle atteint de l’art de 7 % ( Pour 5 % en Europe). Au départ pour dissimuler les conséquences de cette hausse des prix, on a considéré que l’inflation était temporaire. Jérôme Powel lui-même le président de la Fed a admis que cette inflation aurait un caractère beaucoup plus permanent que prévu. Comme on ne veut pas casser la dynamique économique la Fed va donc d’une part confirmer la cessation de ses rachats d’actifs à partir du printemps. Ensuite au cours de l’année à trois reprises on va remonter les taux d’intérêt d’un quart de point. Un relèvement modeste mais qui se fonde sur une inflation peut-être sous-estimée prévue autour de 2,6 en 2022. Du coup on peut d’ores et déjà prévoir que les autres banques centrales vont suivre la Fed en espérant évidemment que la boucle prix salaires ne fera pas dériver encore davantage l’inflation. 

« L’économie n’a plus besoin d’un soutien accru de la politique monétaire », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse après la réunion du Federal Open Market Committee (FOMC). « De mon point de vue, nous progressons rapidement vers le plein emploi. »

Le scénario esquissé par la banque centrale correspond de fait à l’atterrissage en douceur qu’elle s’efforce de favoriser, avec, au cours des prochaines années, un reflux progressif de l’inflation dans une économie en croissance régulière et le maintien d’un chômage bas.

 

Le communiqué n’évoque plus le caractère « temporaire » de l’inflation mais constate au contraire que la hausse des prix a dépassé son objectif de 2% depuis « un certain temps ».

 

LA NORMALISATION ENGAGÉE

En prélude à la remontée des taux, la Fed va réduire ses achats de bons du Trésor et de prêts immobiliers titrisés (MBS) deux fois plus vite qu’aujourd’hui, ce qui aboutira à un arrêt total dès mars de ces achats, qui représentaient encore avant l’automne 120 milliards de dollars par mois.

Wall Street a amplifié sa hausse après ces annonces et la conférence de presse de Jerome Powell: à quelques minutes de la clôture des marchés, l’indice Standard & Poor’s 500 gagnait plus de 1,2%.

Au même moment, le dollar cédait du terrain face aux autres grandes devises et le rendements des emprunts d’Etat à deux ans, le plus sensible aux anticipations d’évolution des taux d’intérêt, était pratiquement inchangé à 0,665%.

L’évolution des marchés à terme montre par ailleurs que les traders anticipent désormais une première hausse de taux en mai et deux autres d’ici la fin 2022.

« La Fed est ‘faucon’ mais pas plus qu’anticipé », a commenté Gregory Daco, économiste en chef Etats-Unis d’Oxford Economics. « Elle donne l’impression de vraiment donner la priorité à l’inflation et de se mettre en position de pouvoir relever les taux dans les mois à venir. »

Le communiqué et les nouvelles prévisions de la Fed confirment que la banque centrale est désormais pleinement engagée dans la normalisation de sa politique monétaire après les mesures exceptionnelles mises en oeuvre depuis mars 2020 pour soutenir l’économie face à l’impact de la crise sanitaire.

Si le taux de chômage aux Etats-Unis a continué de baisser en novembre pour revenir à 4,2%, au plus bas depuis février 2020, l’inflation s’est encore accélérée pour atteindre 6,8% en rythme annuel, son rythme le plus élevé depuis 1982.

Malgré l’incertitude créée par l’irruption du variant Omicron du coronavirus, la Fed prévoit une croissance économique de 4,0% l’année prochaine, soit 0,2 point de pourcentage de plus que prévu en septembre.

 

 

Environnement–climat : Les trois dimensions à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone

Environnement–climat : Les trois dimensions   à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone 

 

  • Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL,  explique qu’il faut prendre en compte la production nationale, la consommation mais aussi l’empreinte extérieure.

 

 

Pour chaque pays, il existe trois façons de mesurer les rejets de gaz à effet de serre : l’empreinte territoriale calcule les rejets de gaz à effet de serre à l’intérieur des frontières d’un pays ; l’empreinte de consommation, ceux résultant des usages finaux de biens et services ; et l’empreinte d’extraction, ceux issus de l’énergie fossile extraite du pays. Ces trois empreintes ne s’additionnent pas. Elles constituent trois thermomètres bien distincts, donnant des images complémentaires : d’après les dernières estimations portant sur l’année 2019, l’empreinte territoriale de la France était, tous gaz à effet de serre confondus, de 6.5 tonnes de CO2eq par habitant, pour une empreinte de consommation de 9 tonnes et une empreinte d’extraction de 0,03 tonne.

A l’amont de la COP de Glasgow, ces trois thermomètres ont été remis à jour. Leur examen permet de mieux comprendre la difficulté de rehausser l’ambition des contributions nationales des différents pays en matière de réduction des émissions.

L’empreinte territoriale

Le thermomètre communément utilisé pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un pays est l’inventaire national, réalisé en France par le Centre interprofessionnel technique de la pollution atmosphérique (Citepa). Lors des COP, c’est lui qu’on utilise pour négocier les engagements des différents pays et qu’on retrouve dans les « contributions nationales déterminées » déposées auprès des Nations unies. Chaque Etat est souverain sur son territoire et donc directement responsable de son empreinte territoriale. Un système de « monitoring, reporting, verification » (MRV) qui devrait être renforcé dans le cadre de l’application de l’accord de Paris permet leur suivi.

Ces inventaires sont calculés à partir de méthodes harmonisées par le GIEC. La partie la plus robuste est celle concernant le CO2 d’origine énergétique ou résultant de procédés industriels. Les marges d’incertitude sont bien plus élevées pour les émissions et les absorptions liées aux changements d’usage des sols et aux rejets de gaz à effet de serre hors CO2 dont l’agriculture est la première source. Il reste beaucoup de progrès à faire pour fiabiliser et standardiser les méthodes de calcul de cette partie des inventaires.

La récente édition du Global Carbon Budget donne une image complète de ces empreintes territoriales pour le CO2 jusqu’en 2020. Cette année-là, les rejets de CO2 dans l’atmosphère résultant de l’usage d’énergie fossile et de procédés industriels ont atteint 34,8 gigatonnes de CO2, soit 4,5 tonnes par habitant : ce qu’on émet en produisant 3 tonnes d’acier ou en roulant 20.000 km dans une voiture de moyenne gamme. En 2021, les émissions mondiales devraient remonter à 36,4 Gt, pratiquement le niveau prévalant en 2019, avant le déclenchement de la pandémie du Covid.

Les quatre premiers émetteurs – Chine, Etats-Unis, Union européenne, Inde – contribuent pour 60% à ces rejets. Les émissions sont en recul en Europe et aux Etats-Unis. En Chine, elles sont reparties en hausse depuis 2018 après s’être stabilisées au début de la décennie 2010. Elles sont en accélération en Inde qui est sur le point de dépasser les émissions de l’Union européenne. Le « reste du monde » demeure le premier émetteur mondial de CO2. Les émissions y augmentent rapidement dans les pays producteurs et exportateurs d’énergie fossile, dans les pays moins avancés qui parviennent à décoller et, avant la crise du Covid-19, dans les transports internationaux.

Hausse des émissions dans les pays émergents, recul dans les pays industrialisés. Ne s’agirait-il pas d’un phénomène de vases communicants, les émissions économisées dans les pays riches étant simplement transférées dans les autres pays via les délocalisations et le commerce international? Pour répondre à la question, il convient d’examiner l’empreinte de consommation, notre deuxième thermomètre.

L’empreinte de consommation

Avec la globalisation des économies, les chaînes de valeur se sont allongées. Ceci a pour effet de dissocier le lieu où sont utilisés les biens et services de celui où apparaissent les émissions : si le véhicule que j’achète est d’origine étrangère, les émissions associées à sa fabrication apparaîtront dans l’inventaire du pays d’origine. S’il est monté en Europe à partir de tôles importées, les émissions se partageront entre pays d’origine pour la fabrication des tôles et le pays européen où se trouve l’usine de montage.

L’empreinte de consommation recense les émissions résultant de l’usage des biens et services dans une économie. Pour la calculer, il convient de corriger les émissions observées sur le territoire des effets du commerce extérieur : celles incluses dans les importations doivent être ajoutées ; celles incluses dans les exportations doivent être retranchées.

Au niveau micro-économique, l’empreinte de consommation se calcule à partir des bases de données comme celle de l’Ademe qui fournit les facteurs d’émission de l’ensemble des biens et services consommés. Les méthodes pour reconstituer l’empreinte carbone d’un ménage ou d’une organisation sont standardisées et permettent l’établissement de bilans carbone.

Ces bilans ne peuvent pas s’agréger, car cela conduirait à compter plusieurs fois les mêmes émissions. Pour passer à l’échelle macro-économique, les méthodologies sont plus compliquées. On utilise des matrices entrées-sorties issues de la comptabilité nationale, avec des coefficients techniques moyens par secteur réestimés à intervalles périodiques. Avec l’accélération de la transition énergétique, les hypothèses de fixité de ces coefficients techniques sont hardies, surtout quand il s’agit de se projeter dans l’avenir.

Deux bases de données permettent de comparer l’empreinte territoriale des pays avec leur empreinte de consommation pour le CO2 d’origine énergétique : celle de l’OCDE et celle du Global Carbon Budget qui a été utilisée pour construire le graphique figurant le niveau de l’empreinte de Consommation en 2019 (abscisse) et son évolution depuis 2005 (ordonnée). A noter que les données n’intègrent pas les émissions de CO2 résultant de l’usage des sols, notamment celles résultant des échanges de produit ayant un impact sur la déforestation tropicale.

Sans surprise, l’empreinte de consommation des pays émergents du G20 est généralement plus faible que leurs émissions territoriales. Ces pays exportent plus d’émission de CO2 qu’ils n’en importent via le commerce international. C’est le cas de l’Inde, de la Russie, de l’Afrique du Sud et surtout de la Chine, de loin le premier exportateur mondial d’émissions de CO2 incorporées dans les biens manufacturés. Symétriquement, l’Union européenne est le premier importateur net d’émissions de CO2, avec une empreinte de consommation qui dépasse de 18% les émissions de son territoire (16% au Japon et 6% aux Etats-Unis).

Depuis 2005, l’empreinte de consommation augmente cependant dans tous les pays émergents du G20, exception faite de l’Afrique du Sud et du Mexique. La hausse est particulièrement marquée en Chine où l’empreinte de consommation a progressé de plus de 80%, soit nettement plus que les émissions territoriales. Cela reflète la stratégie de réorientation de l’économie sur le marché intérieur afin de satisfaire une demande domestique très dynamique.

Symétriquement, l’empreinte de consommation a baissé dans l’ensemble des pays industrialisés membres du G20. Elle a été particulièrement marquée dans l’Union européenne et aux États-Unis. En France, l’empreinte de chaque habitant a été réduite de 27% sur la période, soit pratiquement au même rythme que les émissions territoriales par tête (29%).

Le constat d’ensemble se dégageant du tableau est clair : depuis 2005, le commerce international ne semble pas avoir joué le rôle de vases communicants entre pays riches et pays émergents pour les émissions de CO2 hors usage des terres. Le dynamisme des émissions dans les pays émergents a reposé sur celui de leur demande domestique. L’enjeu primordial de la transition bas carbone y sera de la satisfaire demain en réduisant leurs émissions. Dans les pays riches, les réductions des émissions territoriales se sont traduites par des baisses de l’empreinte de consommation.

L’empreinte d’extraction

Tout à l’amont des chaînes de valeur, l’empreinte carbone d’extraction constitue le miroir de l’empreinte de consommation. Elle calcule les émissions de CO2 qui résulteront de l’extraction des énergies fossiles, que ces énergies soient utilisées dans les pays exploitant les gisements ou à l’étranger. Techniquement, l’empreinte carbone des producteurs d’énergies fossiles est plus facile à calculer que l’empreinte de consommation, car il n’y a que trois produits à considérer dont les facteurs d’émission sont bien connus : le charbon, le pétrole et le gaz d’origine fossile.

Dans son rapport « Production Gap », le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a calculé l’empreinte carbone de production pour l’année 2019. Avec ce troisième thermomètre, se dessine une nouvelle cartographie des émissions mondiales de CO2. Deux nouveaux venus figurent dans le top-6 des émetteurs de CO2 : l’Arabie saoudite et l’Australie, pays moyennement peuplés, mais gros exportateurs d’énergie fossile. L’Europe et le Japon disparaissent de la liste des principaux émetteurs, car ils importent la plus grande partie de leur énergie fossile.

En Europe de l’Ouest, le pays à l’empreinte d’extraction la plus élevée est la Norvège, devenue le troisième exportateur mondial de gaz naturel. Le Royaume-Uni, qui fut le premier producteur mondial d’énergie fossile, pointe à la 23e place. Quant à la France, son empreinte d’extraction est devenue symbolique à la suite de la fermeture des houillères et de l’épuisement du gisement de gaz de Lacq.

Dans son rapport sur l’empreinte d’extraction, l’UNEP pointe du doigt l’enjeu de la sortie des énergies fossiles. Les pays exportateurs d’énergie fossile peuvent en effet baisser leurs émissions territoriales tout en alimentant la hausse des émissions à l’extérieur de leurs frontières via ces exportations.

Il convient donc de s’assurer que l’évolution des empreintes d’extraction est compatible avec les trajectoires conduisant à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C. Cette discussion a été amorcée à la COP26 récemment tenue à Glasgow. Elle n’est pas prête de s’achever. Il subsiste un écart béant entre, d’un côté les objectifs déclarés sur le climat d’un côté, et de l’autre les plans de production et d’exportation d’énergie fossile.

La complémentarité des trois thermomètres

Pour guider les politiques climatiques, les inventaires nationaux rapportant l’ensemble des émissions territoriales de chaque pays restent l’outil pivot. Avec le « cadre de transparence renforcé » de l’Accord de Paris (article 13), les différents pays seront soumis en la matière à des exigences accrues à partir de 2024. C’est un volet important de la négociation climatique, aux dimensions géopolitiques généralement sous-estimées. Mais l’inventaire national ne dit pas tout des émissions d’un pays. Il convient de le compléter avec les deux autres thermomètres.

L’empreinte de production est d’une grande utilité pour guider l’action climatique de la vingtaine de producteurs et/ou exportateurs d’énergie fossile comptant pour plus de 80 % des émissions mondiales. Ce sont également les pays qui auront à opérer les reconversions du tissu économique et social les plus complexes vu leur degré de dépendance aux fossiles.

Dans les pays d’Europe de l’Ouest, l’empreinte de consommation apporte un éclairage précieux. Elle permet de surveiller les risques de « fuites de carbone » qui pourraient résulter de l’accélération des actions de réduction des émissions territoriales. Pour parer à tous risques, la Commission européenne travaille sur deux instruments importants : un mécanisme à la frontière mettant sur un pied d’égalité les producteurs européens qui payent les quotas de CO2 et les importateurs qui en sont exonérés ; un renforcement de la régulation sur la déforestation importée.

En France, la question de l’utilisation de l’empreinte de consommation a fait l’objet d’un rapport très complet du Haut Conseil pour le climat (HCC). Ce rapport fournit une masse d’information très précieuse pour la conduite de l’action climatique. Il se base malheureusement sur des données qui ont fait l’objet de révisions conséquentes. Il serait judicieux de revisiter ses conclusions à la lumière des informations plus récentes aujourd’hui disponibles grâce au travail conduit depuis sa publication par la statistique publique.

L’une des conclusions parfois tirées du rapport du HCC serait de substituer l’empreinte de consommation aux données de l’inventaire pour mieux guider la politique climatique. Sans aucun doute, l’empreinte climatique des Français reste bien trop élevée. Sa baisse depuis 2005 est beaucoup trop lente. Mais quand une transition n’est pas assez rapide, c’est rarement en changeant de thermomètre qu’on peut l’accélérer!

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Environnement-: Les trois dimensions à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone

Environnement-: Les trois dimensions   à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone 

 

  • Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL,  explique qu’il faut prendre en compte la production nationale, la consommation mais aussi l’empreinte extérieure.

 

 

Pour chaque pays, il existe trois façons de mesurer les rejets de gaz à effet de serre : l’empreinte territoriale calcule les rejets de gaz à effet de serre à l’intérieur des frontières d’un pays ; l’empreinte de consommation, ceux résultant des usages finaux de biens et services ; et l’empreinte d’extraction, ceux issus de l’énergie fossile extraite du pays. Ces trois empreintes ne s’additionnent pas. Elles constituent trois thermomètres bien distincts, donnant des images complémentaires : d’après les dernières estimations portant sur l’année 2019, l’empreinte territoriale de la France était, tous gaz à effet de serre confondus, de 6.5 tonnes de CO2eq par habitant, pour une empreinte de consommation de 9 tonnes et une empreinte d’extraction de 0,03 tonne.

A l’amont de la COP de Glasgow, ces trois thermomètres ont été remis à jour. Leur examen permet de mieux comprendre la difficulté de rehausser l’ambition des contributions nationales des différents pays en matière de réduction des émissions.

L’empreinte territoriale

Le thermomètre communément utilisé pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un pays est l’inventaire national, réalisé en France par le Centre interprofessionnel technique de la pollution atmosphérique (Citepa). Lors des COP, c’est lui qu’on utilise pour négocier les engagements des différents pays et qu’on retrouve dans les « contributions nationales déterminées » déposées auprès des Nations unies. Chaque Etat est souverain sur son territoire et donc directement responsable de son empreinte territoriale. Un système de « monitoring, reporting, verification » (MRV) qui devrait être renforcé dans le cadre de l’application de l’accord de Paris permet leur suivi.

Ces inventaires sont calculés à partir de méthodes harmonisées par le GIEC. La partie la plus robuste est celle concernant le CO2 d’origine énergétique ou résultant de procédés industriels. Les marges d’incertitude sont bien plus élevées pour les émissions et les absorptions liées aux changements d’usage des sols et aux rejets de gaz à effet de serre hors CO2 dont l’agriculture est la première source. Il reste beaucoup de progrès à faire pour fiabiliser et standardiser les méthodes de calcul de cette partie des inventaires.

La récente édition du Global Carbon Budget donne une image complète de ces empreintes territoriales pour le CO2 jusqu’en 2020. Cette année-là, les rejets de CO2 dans l’atmosphère résultant de l’usage d’énergie fossile et de procédés industriels ont atteint 34,8 gigatonnes de CO2, soit 4,5 tonnes par habitant : ce qu’on émet en produisant 3 tonnes d’acier ou en roulant 20.000 km dans une voiture de moyenne gamme. En 2021, les émissions mondiales devraient remonter à 36,4 Gt, pratiquement le niveau prévalant en 2019, avant le déclenchement de la pandémie du Covid.

Les quatre premiers émetteurs – Chine, Etats-Unis, Union européenne, Inde – contribuent pour 60% à ces rejets. Les émissions sont en recul en Europe et aux Etats-Unis. En Chine, elles sont reparties en hausse depuis 2018 après s’être stabilisées au début de la décennie 2010. Elles sont en accélération en Inde qui est sur le point de dépasser les émissions de l’Union européenne. Le « reste du monde » demeure le premier émetteur mondial de CO2. Les émissions y augmentent rapidement dans les pays producteurs et exportateurs d’énergie fossile, dans les pays moins avancés qui parviennent à décoller et, avant la crise du Covid-19, dans les transports internationaux.

Hausse des émissions dans les pays émergents, recul dans les pays industrialisés. Ne s’agirait-il pas d’un phénomène de vases communicants, les émissions économisées dans les pays riches étant simplement transférées dans les autres pays via les délocalisations et le commerce international? Pour répondre à la question, il convient d’examiner l’empreinte de consommation, notre deuxième thermomètre.

L’empreinte de consommation

Avec la globalisation des économies, les chaînes de valeur se sont allongées. Ceci a pour effet de dissocier le lieu où sont utilisés les biens et services de celui où apparaissent les émissions : si le véhicule que j’achète est d’origine étrangère, les émissions associées à sa fabrication apparaîtront dans l’inventaire du pays d’origine. S’il est monté en Europe à partir de tôles importées, les émissions se partageront entre pays d’origine pour la fabrication des tôles et le pays européen où se trouve l’usine de montage.

L’empreinte de consommation recense les émissions résultant de l’usage des biens et services dans une économie. Pour la calculer, il convient de corriger les émissions observées sur le territoire des effets du commerce extérieur : celles incluses dans les importations doivent être ajoutées ; celles incluses dans les exportations doivent être retranchées.

Au niveau micro-économique, l’empreinte de consommation se calcule à partir des bases de données comme celle de l’Ademe qui fournit les facteurs d’émission de l’ensemble des biens et services consommés. Les méthodes pour reconstituer l’empreinte carbone d’un ménage ou d’une organisation sont standardisées et permettent l’établissement de bilans carbone.

Ces bilans ne peuvent pas s’agréger, car cela conduirait à compter plusieurs fois les mêmes émissions. Pour passer à l’échelle macro-économique, les méthodologies sont plus compliquées. On utilise des matrices entrées-sorties issues de la comptabilité nationale, avec des coefficients techniques moyens par secteur réestimés à intervalles périodiques. Avec l’accélération de la transition énergétique, les hypothèses de fixité de ces coefficients techniques sont hardies, surtout quand il s’agit de se projeter dans l’avenir.

Deux bases de données permettent de comparer l’empreinte territoriale des pays avec leur empreinte de consommation pour le CO2 d’origine énergétique : celle de l’OCDE et celle du Global Carbon Budget qui a été utilisée pour construire le graphique figurant le niveau de l’empreinte de Consommation en 2019 (abscisse) et son évolution depuis 2005 (ordonnée). A noter que les données n’intègrent pas les émissions de CO2 résultant de l’usage des sols, notamment celles résultant des échanges de produit ayant un impact sur la déforestation tropicale.

Sans surprise, l’empreinte de consommation des pays émergents du G20 est généralement plus faible que leurs émissions territoriales. Ces pays exportent plus d’émission de CO2 qu’ils n’en importent via le commerce international. C’est le cas de l’Inde, de la Russie, de l’Afrique du Sud et surtout de la Chine, de loin le premier exportateur mondial d’émissions de CO2 incorporées dans les biens manufacturés. Symétriquement, l’Union européenne est le premier importateur net d’émissions de CO2, avec une empreinte de consommation qui dépasse de 18% les émissions de son territoire (16% au Japon et 6% aux Etats-Unis).

Depuis 2005, l’empreinte de consommation augmente cependant dans tous les pays émergents du G20, exception faite de l’Afrique du Sud et du Mexique. La hausse est particulièrement marquée en Chine où l’empreinte de consommation a progressé de plus de 80%, soit nettement plus que les émissions territoriales. Cela reflète la stratégie de réorientation de l’économie sur le marché intérieur afin de satisfaire une demande domestique très dynamique.

Symétriquement, l’empreinte de consommation a baissé dans l’ensemble des pays industrialisés membres du G20. Elle a été particulièrement marquée dans l’Union européenne et aux États-Unis. En France, l’empreinte de chaque habitant a été réduite de 27% sur la période, soit pratiquement au même rythme que les émissions territoriales par tête (29%).

Le constat d’ensemble se dégageant du tableau est clair : depuis 2005, le commerce international ne semble pas avoir joué le rôle de vases communicants entre pays riches et pays émergents pour les émissions de CO2 hors usage des terres. Le dynamisme des émissions dans les pays émergents a reposé sur celui de leur demande domestique. L’enjeu primordial de la transition bas carbone y sera de la satisfaire demain en réduisant leurs émissions. Dans les pays riches, les réductions des émissions territoriales se sont traduites par des baisses de l’empreinte de consommation.

L’empreinte d’extraction

Tout à l’amont des chaînes de valeur, l’empreinte carbone d’extraction constitue le miroir de l’empreinte de consommation. Elle calcule les émissions de CO2 qui résulteront de l’extraction des énergies fossiles, que ces énergies soient utilisées dans les pays exploitant les gisements ou à l’étranger. Techniquement, l’empreinte carbone des producteurs d’énergies fossiles est plus facile à calculer que l’empreinte de consommation, car il n’y a que trois produits à considérer dont les facteurs d’émission sont bien connus : le charbon, le pétrole et le gaz d’origine fossile.

Dans son rapport « Production Gap », le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a calculé l’empreinte carbone de production pour l’année 2019. Avec ce troisième thermomètre, se dessine une nouvelle cartographie des émissions mondiales de CO2. Deux nouveaux venus figurent dans le top-6 des émetteurs de CO2 : l’Arabie saoudite et l’Australie, pays moyennement peuplés, mais gros exportateurs d’énergie fossile. L’Europe et le Japon disparaissent de la liste des principaux émetteurs, car ils importent la plus grande partie de leur énergie fossile.

En Europe de l’Ouest, le pays à l’empreinte d’extraction la plus élevée est la Norvège, devenue le troisième exportateur mondial de gaz naturel. Le Royaume-Uni, qui fut le premier producteur mondial d’énergie fossile, pointe à la 23e place. Quant à la France, son empreinte d’extraction est devenue symbolique à la suite de la fermeture des houillères et de l’épuisement du gisement de gaz de Lacq.

Dans son rapport sur l’empreinte d’extraction, l’UNEP pointe du doigt l’enjeu de la sortie des énergies fossiles. Les pays exportateurs d’énergie fossile peuvent en effet baisser leurs émissions territoriales tout en alimentant la hausse des émissions à l’extérieur de leurs frontières via ces exportations.

Il convient donc de s’assurer que l’évolution des empreintes d’extraction est compatible avec les trajectoires conduisant à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C. Cette discussion a été amorcée à la COP26 récemment tenue à Glasgow. Elle n’est pas prête de s’achever. Il subsiste un écart béant entre, d’un côté les objectifs déclarés sur le climat d’un côté, et de l’autre les plans de production et d’exportation d’énergie fossile.

La complémentarité des trois thermomètres

Pour guider les politiques climatiques, les inventaires nationaux rapportant l’ensemble des émissions territoriales de chaque pays restent l’outil pivot. Avec le « cadre de transparence renforcé » de l’Accord de Paris (article 13), les différents pays seront soumis en la matière à des exigences accrues à partir de 2024. C’est un volet important de la négociation climatique, aux dimensions géopolitiques généralement sous-estimées. Mais l’inventaire national ne dit pas tout des émissions d’un pays. Il convient de le compléter avec les deux autres thermomètres.

L’empreinte de production est d’une grande utilité pour guider l’action climatique de la vingtaine de producteurs et/ou exportateurs d’énergie fossile comptant pour plus de 80 % des émissions mondiales. Ce sont également les pays qui auront à opérer les reconversions du tissu économique et social les plus complexes vu leur degré de dépendance aux fossiles.

Dans les pays d’Europe de l’Ouest, l’empreinte de consommation apporte un éclairage précieux. Elle permet de surveiller les risques de « fuites de carbone » qui pourraient résulter de l’accélération des actions de réduction des émissions territoriales. Pour parer à tous risques, la Commission européenne travaille sur deux instruments importants : un mécanisme à la frontière mettant sur un pied d’égalité les producteurs européens qui payent les quotas de CO2 et les importateurs qui en sont exonérés ; un renforcement de la régulation sur la déforestation importée.

En France, la question de l’utilisation de l’empreinte de consommation a fait l’objet d’un rapport très complet du Haut Conseil pour le climat (HCC). Ce rapport fournit une masse d’information très précieuse pour la conduite de l’action climatique. Il se base malheureusement sur des données qui ont fait l’objet de révisions conséquentes. Il serait judicieux de revisiter ses conclusions à la lumière des informations plus récentes aujourd’hui disponibles grâce au travail conduit depuis sa publication par la statistique publique.

L’une des conclusions parfois tirées du rapport du HCC serait de substituer l’empreinte de consommation aux données de l’inventaire pour mieux guider la politique climatique. Sans aucun doute, l’empreinte climatique des Français reste bien trop élevée. Sa baisse depuis 2005 est beaucoup trop lente. Mais quand une transition n’est pas assez rapide, c’est rarement en changeant de thermomètre qu’on peut l’accélérer!

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Climat : Les trois dimensions à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone

Climat : Les trois dimensions   à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone 

 

  • Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL,  explique qu’il faut prendre en compte la production nationale, la consommation mais aussi l’empreinte extérieure.

 

 

Pour chaque pays, il existe trois façons de mesurer les rejets de gaz à effet de serre : l’empreinte territoriale calcule les rejets de gaz à effet de serre à l’intérieur des frontières d’un pays ; l’empreinte de consommation, ceux résultant des usages finaux de biens et services ; et l’empreinte d’extraction, ceux issus de l’énergie fossile extraite du pays. Ces trois empreintes ne s’additionnent pas. Elles constituent trois thermomètres bien distincts, donnant des images complémentaires : d’après les dernières estimations portant sur l’année 2019, l’empreinte territoriale de la France était, tous gaz à effet de serre confondus, de 6.5 tonnes de CO2eq par habitant, pour une empreinte de consommation de 9 tonnes et une empreinte d’extraction de 0,03 tonne.

A l’amont de la COP de Glasgow, ces trois thermomètres ont été remis à jour. Leur examen permet de mieux comprendre la difficulté de rehausser l’ambition des contributions nationales des différents pays en matière de réduction des émissions.

L’empreinte territoriale

Le thermomètre communément utilisé pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un pays est l’inventaire national, réalisé en France par le Centre interprofessionnel technique de la pollution atmosphérique (Citepa). Lors des COP, c’est lui qu’on utilise pour négocier les engagements des différents pays et qu’on retrouve dans les « contributions nationales déterminées » déposées auprès des Nations unies. Chaque Etat est souverain sur son territoire et donc directement responsable de son empreinte territoriale. Un système de « monitoring, reporting, verification » (MRV) qui devrait être renforcé dans le cadre de l’application de l’accord de Paris permet leur suivi.

Ces inventaires sont calculés à partir de méthodes harmonisées par le GIEC. La partie la plus robuste est celle concernant le CO2 d’origine énergétique ou résultant de procédés industriels. Les marges d’incertitude sont bien plus élevées pour les émissions et les absorptions liées aux changements d’usage des sols et aux rejets de gaz à effet de serre hors CO2 dont l’agriculture est la première source. Il reste beaucoup de progrès à faire pour fiabiliser et standardiser les méthodes de calcul de cette partie des inventaires.

La récente édition du Global Carbon Budget donne une image complète de ces empreintes territoriales pour le CO2 jusqu’en 2020. Cette année-là, les rejets de CO2 dans l’atmosphère résultant de l’usage d’énergie fossile et de procédés industriels ont atteint 34,8 gigatonnes de CO2, soit 4,5 tonnes par habitant : ce qu’on émet en produisant 3 tonnes d’acier ou en roulant 20.000 km dans une voiture de moyenne gamme. En 2021, les émissions mondiales devraient remonter à 36,4 Gt, pratiquement le niveau prévalant en 2019, avant le déclenchement de la pandémie du Covid.

Les quatre premiers émetteurs – Chine, Etats-Unis, Union européenne, Inde – contribuent pour 60% à ces rejets. Les émissions sont en recul en Europe et aux Etats-Unis. En Chine, elles sont reparties en hausse depuis 2018 après s’être stabilisées au début de la décennie 2010. Elles sont en accélération en Inde qui est sur le point de dépasser les émissions de l’Union européenne. Le « reste du monde » demeure le premier émetteur mondial de CO2. Les émissions y augmentent rapidement dans les pays producteurs et exportateurs d’énergie fossile, dans les pays moins avancés qui parviennent à décoller et, avant la crise du Covid-19, dans les transports internationaux.

Hausse des émissions dans les pays émergents, recul dans les pays industrialisés. Ne s’agirait-il pas d’un phénomène de vases communicants, les émissions économisées dans les pays riches étant simplement transférées dans les autres pays via les délocalisations et le commerce international? Pour répondre à la question, il convient d’examiner l’empreinte de consommation, notre deuxième thermomètre.

L’empreinte de consommation

Avec la globalisation des économies, les chaînes de valeur se sont allongées. Ceci a pour effet de dissocier le lieu où sont utilisés les biens et services de celui où apparaissent les émissions : si le véhicule que j’achète est d’origine étrangère, les émissions associées à sa fabrication apparaîtront dans l’inventaire du pays d’origine. S’il est monté en Europe à partir de tôles importées, les émissions se partageront entre pays d’origine pour la fabrication des tôles et le pays européen où se trouve l’usine de montage.

L’empreinte de consommation recense les émissions résultant de l’usage des biens et services dans une économie. Pour la calculer, il convient de corriger les émissions observées sur le territoire des effets du commerce extérieur : celles incluses dans les importations doivent être ajoutées ; celles incluses dans les exportations doivent être retranchées.

Au niveau micro-économique, l’empreinte de consommation se calcule à partir des bases de données comme celle de l’Ademe qui fournit les facteurs d’émission de l’ensemble des biens et services consommés. Les méthodes pour reconstituer l’empreinte carbone d’un ménage ou d’une organisation sont standardisées et permettent l’établissement de bilans carbone.

Ces bilans ne peuvent pas s’agréger, car cela conduirait à compter plusieurs fois les mêmes émissions. Pour passer à l’échelle macro-économique, les méthodologies sont plus compliquées. On utilise des matrices entrées-sorties issues de la comptabilité nationale, avec des coefficients techniques moyens par secteur réestimés à intervalles périodiques. Avec l’accélération de la transition énergétique, les hypothèses de fixité de ces coefficients techniques sont hardies, surtout quand il s’agit de se projeter dans l’avenir.

Deux bases de données permettent de comparer l’empreinte territoriale des pays avec leur empreinte de consommation pour le CO2 d’origine énergétique : celle de l’OCDE et celle du Global Carbon Budget qui a été utilisée pour construire le graphique figurant le niveau de l’empreinte de Consommation en 2019 (abscisse) et son évolution depuis 2005 (ordonnée). A noter que les données n’intègrent pas les émissions de CO2 résultant de l’usage des sols, notamment celles résultant des échanges de produit ayant un impact sur la déforestation tropicale.

Sans surprise, l’empreinte de consommation des pays émergents du G20 est généralement plus faible que leurs émissions territoriales. Ces pays exportent plus d’émission de CO2 qu’ils n’en importent via le commerce international. C’est le cas de l’Inde, de la Russie, de l’Afrique du Sud et surtout de la Chine, de loin le premier exportateur mondial d’émissions de CO2 incorporées dans les biens manufacturés. Symétriquement, l’Union européenne est le premier importateur net d’émissions de CO2, avec une empreinte de consommation qui dépasse de 18% les émissions de son territoire (16% au Japon et 6% aux Etats-Unis).

Depuis 2005, l’empreinte de consommation augmente cependant dans tous les pays émergents du G20, exception faite de l’Afrique du Sud et du Mexique. La hausse est particulièrement marquée en Chine où l’empreinte de consommation a progressé de plus de 80%, soit nettement plus que les émissions territoriales. Cela reflète la stratégie de réorientation de l’économie sur le marché intérieur afin de satisfaire une demande domestique très dynamique.

Symétriquement, l’empreinte de consommation a baissé dans l’ensemble des pays industrialisés membres du G20. Elle a été particulièrement marquée dans l’Union européenne et aux États-Unis. En France, l’empreinte de chaque habitant a été réduite de 27% sur la période, soit pratiquement au même rythme que les émissions territoriales par tête (29%).

Le constat d’ensemble se dégageant du tableau est clair : depuis 2005, le commerce international ne semble pas avoir joué le rôle de vases communicants entre pays riches et pays émergents pour les émissions de CO2 hors usage des terres. Le dynamisme des émissions dans les pays émergents a reposé sur celui de leur demande domestique. L’enjeu primordial de la transition bas carbone y sera de la satisfaire demain en réduisant leurs émissions. Dans les pays riches, les réductions des émissions territoriales se sont traduites par des baisses de l’empreinte de consommation.

L’empreinte d’extraction

Tout à l’amont des chaînes de valeur, l’empreinte carbone d’extraction constitue le miroir de l’empreinte de consommation. Elle calcule les émissions de CO2 qui résulteront de l’extraction des énergies fossiles, que ces énergies soient utilisées dans les pays exploitant les gisements ou à l’étranger. Techniquement, l’empreinte carbone des producteurs d’énergies fossiles est plus facile à calculer que l’empreinte de consommation, car il n’y a que trois produits à considérer dont les facteurs d’émission sont bien connus : le charbon, le pétrole et le gaz d’origine fossile.

Dans son rapport « Production Gap », le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a calculé l’empreinte carbone de production pour l’année 2019. Avec ce troisième thermomètre, se dessine une nouvelle cartographie des émissions mondiales de CO2. Deux nouveaux venus figurent dans le top-6 des émetteurs de CO2 : l’Arabie saoudite et l’Australie, pays moyennement peuplés, mais gros exportateurs d’énergie fossile. L’Europe et le Japon disparaissent de la liste des principaux émetteurs, car ils importent la plus grande partie de leur énergie fossile.

En Europe de l’Ouest, le pays à l’empreinte d’extraction la plus élevée est la Norvège, devenue le troisième exportateur mondial de gaz naturel. Le Royaume-Uni, qui fut le premier producteur mondial d’énergie fossile, pointe à la 23e place. Quant à la France, son empreinte d’extraction est devenue symbolique à la suite de la fermeture des houillères et de l’épuisement du gisement de gaz de Lacq.

Dans son rapport sur l’empreinte d’extraction, l’UNEP pointe du doigt l’enjeu de la sortie des énergies fossiles. Les pays exportateurs d’énergie fossile peuvent en effet baisser leurs émissions territoriales tout en alimentant la hausse des émissions à l’extérieur de leurs frontières via ces exportations.

Il convient donc de s’assurer que l’évolution des empreintes d’extraction est compatible avec les trajectoires conduisant à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C. Cette discussion a été amorcée à la COP26 récemment tenue à Glasgow. Elle n’est pas prête de s’achever. Il subsiste un écart béant entre, d’un côté les objectifs déclarés sur le climat d’un côté, et de l’autre les plans de production et d’exportation d’énergie fossile.

La complémentarité des trois thermomètres

Pour guider les politiques climatiques, les inventaires nationaux rapportant l’ensemble des émissions territoriales de chaque pays restent l’outil pivot. Avec le « cadre de transparence renforcé » de l’Accord de Paris (article 13), les différents pays seront soumis en la matière à des exigences accrues à partir de 2024. C’est un volet important de la négociation climatique, aux dimensions géopolitiques généralement sous-estimées. Mais l’inventaire national ne dit pas tout des émissions d’un pays. Il convient de le compléter avec les deux autres thermomètres.

L’empreinte de production est d’une grande utilité pour guider l’action climatique de la vingtaine de producteurs et/ou exportateurs d’énergie fossile comptant pour plus de 80 % des émissions mondiales. Ce sont également les pays qui auront à opérer les reconversions du tissu économique et social les plus complexes vu leur degré de dépendance aux fossiles.

Dans les pays d’Europe de l’Ouest, l’empreinte de consommation apporte un éclairage précieux. Elle permet de surveiller les risques de « fuites de carbone » qui pourraient résulter de l’accélération des actions de réduction des émissions territoriales. Pour parer à tous risques, la Commission européenne travaille sur deux instruments importants : un mécanisme à la frontière mettant sur un pied d’égalité les producteurs européens qui payent les quotas de CO2 et les importateurs qui en sont exonérés ; un renforcement de la régulation sur la déforestation importée.

En France, la question de l’utilisation de l’empreinte de consommation a fait l’objet d’un rapport très complet du Haut Conseil pour le climat (HCC). Ce rapport fournit une masse d’information très précieuse pour la conduite de l’action climatique. Il se base malheureusement sur des données qui ont fait l’objet de révisions conséquentes. Il serait judicieux de revisiter ses conclusions à la lumière des informations plus récentes aujourd’hui disponibles grâce au travail conduit depuis sa publication par la statistique publique.

L’une des conclusions parfois tirées du rapport du HCC serait de substituer l’empreinte de consommation aux données de l’inventaire pour mieux guider la politique climatique. Sans aucun doute, l’empreinte climatique des Français reste bien trop élevée. Sa baisse depuis 2005 est beaucoup trop lente. Mais quand une transition n’est pas assez rapide, c’est rarement en changeant de thermomètre qu’on peut l’accélérer!

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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