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IA- des intelligences très artificielles

IA- des intelligences très artificielles

par Jean-Louis Dessalles, Institut Mines-Télécom (IMT) dans the Conversation

Il y a près de 10 ans, en 2012, le monde scientifique s’émerveillait des prouesses de l’apprentissage profond (le deep learning). Trois ans plus tard, cette technique permettait au programme AlphaGo de vaincre les champions de Go. Et certains ont pris peur. Elon Musk, Stephen Hawking et Bill Gates s’inquiétèrent d’une fin prochaine de l’humanité, supplantée par des intelligences artificielles échappant à tout contrôle. N’était-ce pas un peu exagéré ? C’est précisément ce que pense l’IA. Dans un article qu’il a écrit en 2020 dans The Guardian, GPT-3, ce gigantesque réseau de neurones doté de 175 milliards de paramètres explique : Je suis ici pour vous convaincre de ne pas vous inquiéter. L’intelligence artificielle ne va pas détruire les humains. Croyez-moi ! »

En même temps, nous savons que la puissance des machines ne cesse d’augmenter. Entraîner un réseau comme GPT-3 était impensable, littéralement, il y a encore cinq ans. Impossible de savoir de quoi seront capables ses successeurs dans cinq, dix ou vingt ans. Si les réseaux de neurones actuels peuvent remplacer les dermatologues, pourquoi ne finiraient-ils pas par nous remplacer tous ?

Y a-t-il des compétences mentales humaines qui restent strictement hors d’atteinte de l’intelligence artificielle ?
On pense immédiatement à des aptitudes impliquant notre « intuition » ou notre « créativité ». Pas de chance, l’IA prétend nous attaquer sur ces terrains-là également. Pour preuve, le fait que des œuvres créées par programmes se sont vendues fort cher, certaines atteignant presque le demi-million de dollars. Côté musique, chacun se fera bien sûr son opinion, mais on peut déjà reconnaître du bluegrass acceptable ou du quasi Rachmaninoff dans les imitations du programme MuseNet créé, comme GPT-3, par OpenAI.

Devrons-nous bientôt nous soumettre avec résignation à l’inévitable suprématie de l’intelligence artificielle ? Avant d’en appeler à la révolte, essayons de regarder à quoi nous avons affaire. L’intelligence artificielle repose sur plusieurs techniques, mais son succès récent est dû à une seule : les réseaux de neurones, notamment ceux de l’apprentissage profond. Or un réseau de neurones n’est rien de plus qu’une machine à associer. Le réseau profond qui fit parler de lui en 2012 associait des images : un cheval, un bateau, des champignons, aux mots correspondants. Pas de quoi crier au génie.

Sauf que ce mécanisme d’association possède la propriété un peu miraculeuse d’être « continue ». Vous présentez un cheval que le réseau n’a jamais vu, il le reconnaît en tant que cheval. Vous ajoutez du bruit à l’image, cela ne le gêne pas. Pourquoi ? Parce que la continuité du processus vous garantit que si l’entrée du réseau change un peu, sa sortie changera peu également. Si vous forcez le réseau, qui hésite toujours, à opter pour sa meilleure réponse, celle-ci ne variera probablement pas : un cheval reste un cheval, même s’il est différent des exemples appris, même si l’image est bruitée.

Bien, mais pourquoi dire qu’un tel comportement associatif est « intelligent » ? La réponse semble évidente : il permet de diagnostiquer les mélanomes, d’accorder des prêts bancaires, de maintenir un véhicule sur la route, de détecter une pathologie dans les signaux physiologiques, et ainsi de suite. Ces réseaux, grâce à leur pouvoir d’association, acquièrent des formes d’expertise qui demandent aux humains des années d’études. Et lorsque l’une de ces compétences, par exemple la rédaction d’un article de presse, semble résister un temps, il suffit de faire ingurgiter à la machine encore davantage d’exemples, comme ce fut fait avec GPT-3, pour que la machine commence à produire des résultats convaincants.

Est-ce vraiment cela, être intelligent ? Non. Ce type de performance ne représente au mieux qu’un petit aspect de l’intelligence. Ce que font les réseaux de neurones ressemble à de l’apprentissage par cœur. Ce n’en est pas, bien sûr, puisque ces réseaux comblent par continuité les vides entre les exemples qui leur ont été présentés. Disons que c’est du presque-par-cœur. Les experts humains, qu’ils soient médecins, pilotes ou joueurs de Go, ne font souvent pas autre chose lorsqu’ils décident de manière réflexe, grâce à la grande quantité d’exemples appris pendant leur formation. Mais les humains ont bien d’autres pouvoirs.

Un réseau de neurones ne peut pas apprendre à calculer. L’association entre des opérations comme 32+73 et leur résultat à des limites. Ils ne peuvent que reproduire la stratégie du cancre qui tente de deviner le résultat, en tombant parfois juste. Calculer est trop difficile ? Qu’en est-il d’un test de QI élémentaire du genre : continuer la suite 1223334444. L’association par continuité n’est toujours d’aucun secours pour voir que la structure, n répété n fois, se poursuit par cinq 5. Encore trop difficile ? Les programmes associatifs ne peuvent même pas deviner qu’un animal mort le mardi n’est pas vivant le mercredi. Pourquoi ? Que leur manque-t-il ?

La modélisation en sciences cognitives a révélé l’existence de plusieurs mécanismes, autres que l’association par continuité, qui sont autant de composantes de l’intelligence humaine. Parce que leur expertise est entièrement précalculée, ils ne peuvent pas raisonner dans le temps pour décider qu’un animal mort reste mort, ou pour comprendre le sens de la phrase « il n’est toujours pas mort » et la bizarrerie de cette autre phrase : « il n’est pas toujours mort ». La seule prédigestion de grandes quantités de données ne leur permet pas non plus de repérer les structures inédites si évidentes pour nous, comme les groupes de nombres identiques dans la suite 1223334444. Leur stratégie du presque-par-cœur est aussi aveugle aux anomalies inédites.

La détection des anomalies est un cas intéressant, car c’est souvent à travers elle que nous jaugeons l’intelligence d’autrui. Un réseau de neurones ne « verra » pas que le nez est absent d’un visage. Par continuité, il continuera à reconnaître la personne, ou peut-être la confondra-t-il avec une autre. Mais il n’a aucun moyen de réaliser que l’absence de nez au milieu du visage constitue une anomalie.

Il existe bien d’autres mécanismes cognitifs qui sont inaccessibles aux réseaux de neurones. Leur automatisation fait l’objet de recherches. Elle met en œuvre des opérations effectuées au moment du traitement, là où les réseaux de neurones se contentent d’effectuer des associations apprises par avance.

Avec une décennie de recul sur le deep learning, le public averti commence à voir les réseaux de neurones bien plus comme de « super-automatismes » et bien moins comme des intelligences. Par exemple, la presse a récemment alerté sur les étonnantes performances du programme DALL-E, qui produit des images créatives à partir d’une description verbale – par exemple, les images que DALL-E imagine à partir des termes « fauteuil en forme d’avocat », sur le site OpenAI). On entend maintenant des jugements bien plus mesurés que les réactions alarmistes qui ont suivi la sortie d’AlphaGo : « C’est assez bluffant, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un réseau de neurones artificiel, entraîné pour accomplir une tâche ; il n’y a aucune créativité ni aucune forme d’intelligence. » (Fabienne Chauvière, France Inter, 31 janvier 2021)

Aucune forme d’intelligence ? Ne soyons pas trop exigeants, mais restons lucides sur l’énorme fossé qui sépare les réseaux de neurones de ce que serait une véritable intelligence artificielle.

Jean‑Louis Dessalles a écrit « Des intelligences très artificielles » aux éditions Odile Jacob (2019).

Retraites et Macron: La presse étrangère très critique

Retraites et Macron: La presse étrangère très critique

Les médias internationaux dénoncent la «faiblesse» du président français qui a préféré faire passer la réforme par le 49.3 plutôt que de laisser les députés voter à l’Assemblée.

Les Français ne sont pas les seuls à critiquer le passage en force du gouvernement. Les journaux étrangers n’ont pas hésité à s’attaquer à l’image d’Emmanuel Macron. Pour El País, le choix du 49.3 met en avant le «caractère hautain et déconnecté de la rue» du président français, dont la popularité est au plus bas.

Le quotidien espagnol juge également le texte de la réforme de «décaféiné», «moins ambitieux qu’à l’initial», à force des révisions apportées par le Sénat et la commission mixte paritaire. Le Telegraph, quotidien britannique, se demande même si cette réforme n’a pas fait d’Emmanuel Macron «un canard boiteux».

Plusieurs journaux s’accordent à dire que le chef de l’État sort déchu de cet épisode politique. Quand le quotidien russe Komsomolskaïa Pravda titre sur «Macron a montré sa faiblesse», le Telegraph évoque la «pire crise depuis sa réélection» en 2022. De son côté, le Corriere della Sera italien écrit simplement : «Le recours au 49.3 est une défaite.»

Le Wall Street Journal se veut, lui, plus positif et défend le chef d’État, «pris en étau entre les courants démographiques et géopolitiques». D’après le quotidien américain, Macron est revenu sur les retraites afin «d’augmenter les dépenses militaires» dans un contexte de guerre en Ukraine. Il n’avait pas le choix.

Die Welt compare l’hémicycle durant les mois consacrés aux débats à «une arène de cirque, où il s’agissait de savoir qui crierait le plus fort ou ferait les meilleures cabrioles». Bras d’honneur d’Éric Dupond-Moretti, députée Renaissance partie en pleurs de l’Assemblée, montages photos… Tout est passé en revue par le quotidien allemand.

Mais alors, quel avenir se profile pour le président de la République et son gouvernement ? Le Guardian et El País se demandent si Macron n’a pas «gaspillé tout son capital politique» en contournant le Parlement pour faire passer sa réforme. Pour El Mundo, l’utilisation de l’article 49.3 ouvre «une crise politique et sociale aux conséquences inconnues» car «elle est vécue comme un acte de force de la part du gouvernement»

Macron: La presse étrangère très critique

Macron: La presse étrangère très critique

Les médias internationaux dénoncent la «faiblesse» du président français qui a préféré faire passer la réforme par le 49.3 plutôt que de laisser les députés voter à l’Assemblée.

Les Français ne sont pas les seuls à critiquer le passage en force du gouvernement. Les journaux étrangers n’ont pas hésité à s’attaquer à l’image d’Emmanuel Macron. Pour El País, le choix du 49.3 met en avant le «caractère hautain et déconnecté de la rue» du président français, dont la popularité est au plus bas.

Le quotidien espagnol juge également le texte de la réforme de «décaféiné», «moins ambitieux qu’à l’initial», à force des révisions apportées par le Sénat et la commission mixte paritaire. Le Telegraph, quotidien britannique, se demande même si cette réforme n’a pas fait d’Emmanuel Macron «un canard boiteux».

Plusieurs journaux s’accordent à dire que le chef de l’État sort déchu de cet épisode politique. Quand le quotidien russe Komsomolskaïa Pravda titre sur «Macron a montré sa faiblesse», le Telegraph évoque la «pire crise depuis sa réélection» en 2022. De son côté, le Corriere della Sera italien écrit simplement : «Le recours au 49.3 est une défaite.»

Le Wall Street Journal se veut, lui, plus positif et défend le chef d’État, «pris en étau entre les courants démographiques et géopolitiques». D’après le quotidien américain, Macron est revenu sur les retraites afin «d’augmenter les dépenses militaires» dans un contexte de guerre en Ukraine. Il n’avait pas le choix.

Die Welt compare l’hémicycle durant les mois consacrés aux débats à «une arène de cirque, où il s’agissait de savoir qui crierait le plus fort ou ferait les meilleures cabrioles». Bras d’honneur d’Éric Dupond-Moretti, députée Renaissance partie en pleurs de l’Assemblée, montages photos… Tout est passé en revue par le quotidien allemand.

Mais alors, quel avenir se profile pour le président de la République et son gouvernement ? Le Guardian et El País se demandent si Macron n’a pas «gaspillé tout son capital politique» en contournant le Parlement pour faire passer sa réforme. Pour El Mundo, l’utilisation de l’article 49.3 ouvre «une crise politique et sociale aux conséquences inconnues» car «elle est vécue comme un acte de force de la part du gouvernement»

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

La réponse européenne au protectionnisme américain: très insuffisante

Par Nicolas Ravailhe, Institut francophone de stratégies européennes, enseignant École de guerre économique et avocat au barreau de Bruxelles (droit européen).
Écoutez cet article dans la Tribune.

La réponse européenne à « l’Inflation Reduction Act » (IRA) n’est pas à la hauteur. Certes, les règles européennes en matière d’aides d’État – le droit des États membres et de leurs territoires d’utiliser de l’argent public pour aider des opérateurs économiques – devraient être aménagées. De même, le budget de l’Union européenne (UE) sera réorganisé pour mieux utiliser les programmes actuels. Le tout sera limité aux objectifs européens de croissance verte et numérique.

Dans le match économique USA-UE, qui est le plus fort ?
L’Europe n’est pas naïve. Victoire aux points depuis des décennies pour l’UE, qui connait des excédents commerciaux aux USA très importants, en augmentation de 10 milliards d’euros en moyenne tous les ans pour arriver à un chiffre de 155 milliards d’excédents européens en 2021.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, nous assistons à une correction économique significative des USA sur les Européens, par des achats d’armements et d’énergie aux entreprises américaines. Toutefois, elle est évaluée comme étant conjoncturelle quand les succès européens aux USA sont qualifiés de structurels.

Surtout, cette correction économique permet aux États européens qui la pratiquent – Allemagne en tête – de s’assurer de précieux alliés aux USA afin d’y protéger leurs exportations. Une forme de troc s’opère : armes et énergie Made in US contre une absence de représailles sur les exportations civiles germaniques outre-Atlantique. Et tant pis, voire pour certains tant mieux, si c’est au détriment de la défense européenne et en particulier des intérêts français très forts dans ce secteur.

L’Union européenne, sous contrôle de l’Europe du Nord, est forte et stratège. Tout est mesuré en Europe. À tous les sens du terme, c’est-à-dire évalué et contenu. « Tant que le protectionnisme américain ne remet pas en cause les succès européens aux USA, la réponse de l’Europe doit être bridée. » En effet, entrer dans une guerre frontale, coups pour coups, durcirait les relations et l’Europe étant gagnante actuellement, elle aurait plus à perdre.

Certes, la France n’a pas forcément les mêmes intérêts que les autres États européens même si elle semble aussi excédentaire aux USA (données à pondérer par les ré-importations en France de produits US en provenance d’autres pays comme les Pays-Bas. Ces derniers sont déficitaires avec les USA mais ils revendent ces importations pour avoir un énorme excédent de 229 milliards d’euros en 2021 dans le marché intérieur européen.

Donc, en Europe, on s’offusque, on aménage, mais on n’apporte aucune réponse directe. La guerre économique USA-UE n’est pas un concept nouveau. La modération de l’UE est constante depuis des années face à l’extra-territorialité du droit américain – qualifiée d’arme du faible qui ne produit pas et n’exporte pas -, au pillage des données par les GAFAM aussi objet de trocs… mais au final c’est l’Europe qui a des excédents commerciaux gigantesques.

Alors que faire face à « l’Inflation Reduction Act » ?

Quelques pistes juridiques seront brandies par l’UE, notamment le respect des règles de l’OMC : https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/key-debate-eu-response-to-the-us-inflation-reduction-act-meps-debate-part-1_I234795. L’Europe dispose de peu de moyens juridiques pour contrer les aides d’État étrangères. Le nouveau règlement concernant la lutte contre les subventions étrangères générant des distorsions dans le marché intérieur devrait être inopérant en l’espèce.

De plus, il est quand même compliqué pour les Européens de dénoncer la réindustrialisation des USA contre la Chine, principale visée par l’IRA. D’autant plus que les Américains encouragent les Européens à les rejoindre dans ce combat. L’Europe s’y refuse jusqu’alors afin protéger l’excédent commercial allemand en Chine et les importations néerlandaises revendues aux autres Européens via le marché intérieur (même logique qu’avec les USA cf. tableau Eurostat par États membres). Telle est une des principales causes de la désindustrialisation de la France. Notre pays a les mêmes intérêts que les Américains contre la Chine, mais nos gouvernants laissent faire la passivité européenne…

Une alliance France-USA aurait aussi du sens pour contrer les excédents commerciaux allemands dénoncés dans nos deux pays. Elle est rendue très compliquée en raison d’une concurrence franco-américaine dans les secteurs de la défense et ainsi que dans l’aéronautique civile. Le schéma est connu. L’Allemagne est protégée de mesures protectionnistes en France par le droit européen, la notion d’entrave, et elle achète des armes aux USA afin de s’offrir de puissants soutiens pour ses intérêts civils. Les USA étant une grande démocratie avec de nombreux contre-pouvoirs, les lobbyistes « pro made in Germany » en joueront à merveille pour diviser les Américains. Tant que le cadre actuel perdure, IRA compris, une seule devise « wait and see » et si possible profitons-en !

Société : très nette baisse de la valeur travail

Société : très nette baisse de la valeur travail

Les Français sont ambivalents dans leur nouveau rapport au travail. Ils peuvent l’aimer, mais de plus loin, être moins motivés, rester impliqués, selon une enquête de l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès ( extrait)


« L’Opinion » publie en exclusivité une étude de l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès sur le monde du travail vu par les salariés
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L’Ifop n’en finit pas de sonder la vie au travail, terrain de doutes et d’interrogations depuis la crise sanitaire. Après sa note pour la Fondation Jean-Jaurès, « Plus rien ne sera jamais comme avant dans sa vie au travail », en juillet 2022, voici « Je t’aime, moi non plus : les ambivalences du nouveau rapport au travail », toujours pour la Fondation. Les deux auteurs, Flora Baumlin et Romain Bendavid, respectivement directrice d’études et directeur de l’expertise corporate et work experience de l’Ifop, partent de cette hypothèse : le travail occupe une place moins centrale dans nos vies. Ils affinent ce constat tout en le nourrissant d’explications.

La crise sanitaire a modifié nos modes de vivre, de consommer et de travailler, mais a aussi accru la valorisation du temps libre et de la sphère privée. Plus précisément, quel est son impact sur la motivation et le rapport à l’effort des individus ? Une enquête d’opinion menée en partenariat avec l’Ifop, et dont les résultats sont analysés par Jérôme Fourquet et Jérémie Peltier, permet de faire le point.

Chacun le voit bien avec l’apparition d’un certain nombre de sujets dans le débat public depuis ce moment inédit : la Covid-19 et les confinements ont accéléré et modifié nos modes de vie et nos façons de consommer, ont impacté en profondeur notre rapport au travail et nos liens familiaux, mais ont aussi accru la valorisation du temps libre et de la sphère privée.
Un élément est néanmoins assez peu traité, bien que transversal et au cœur des phénomènes cités ci-dessus : l’impact de la Covid-19 sur la motivation et l’état psychologique des individus, ainsi que sur leur capacité à effectuer un effort mental et physique et à résister aux aléas de la vie.
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Une perte de motivation qui affecte près d’un Français sur trois

Depuis la crise sanitaire, 30% des sondés déclarent être moins motivés qu’avant. Si près de six de nos concitoyens sur dix ne semblent pas avoir été affectés psychologiquement par cette épreuve, la balance est nettement négative, puisque seuls 12% des sondés se disent plus motivés qu’avant dans ce qu’ils font au quotidien, contre donc près d’un sur trois qui l’est moins.

C’est encore plus vrai chez les plus jeunes, avec 40% des 25-34 ans indiquant être moins motivés qu’avant (contre seulement 21% des plus de soixante-cinq ans).
Si cette baisse de motivation affecte avec la même intensité toutes les classes sociales, deux éléments semblent importants à mentionner. D’une part, les personnes résidant en région parisienne, pour qui les conditions matérielles du confinement ont été particulièrement pesantes et dont on sait qu’elles ont vécu plus que la moyenne des actifs français la vie en télétravail durant et après la pandémie, semblent plus touchées : 41% des habitants de région parisienne disent être moins motivés qu’avant dans leur vie quotidienne, contre 29% des personnes qui habitent dans les communes urbaines de province et 22% des habitants de zone rurale. D’autre part, la baisse de motivation ne frappe pas de manière homogène les différentes familles politiques. Ainsi, quand 44% des sympathisants de La France insoumise disent être moins motivés qu’avant, ce n’est le cas que de 23% des sympathisants de la majorité présidentielle et de 27% des sympathisants des Républicains.
L’effet de traîne de la Covid-19 : quatre individus sur dix se sentent plus fatigués qu’avant la pandémie

Cette perte de motivation n’est sans doute pas sans lien avec la fatigue accumulée à l’occasion des épreuves occasionnées par la pandémie. En effet, d’après notre enquête, 41% des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise liée à la Covid-19 après un effort physique, contre 54% qui ne ressentent pas de changement et seulement 5% qui ont la sensation d’être moins fatigués qu’avant suite à un effort physique.

La sensation d’une fatigue plus importante qu’avant la Covid-19 à l’occasion d’un effort physique affecte aussi bien les hommes (41%) que les femmes (40%) et semble assez homogènement répandue dans les différents milieux sociaux, classes d’âge et territoires. Nous sommes donc en présence d’un phénomène transversal. Cet effet de traîne de la Covid-19 influe sur le moral de la population. Ainsi, 70% des personnes qui se sentent moins motivées qu’avant la Covid-19 se disent plus fatiguées, contre 41% en moyenne de la population.

On notera par ailleurs que 28% des 18-24 ans indiquent faire moins de sport et d’activités physiques par rapport à ce qu’ils faisaient avant la crise sanitaire.

Les problèmes physiques de la population et de la jeune génération sont régulièrement documentés depuis plusieurs années maintenant. Ainsi, lorsqu’on compare les résultats à certains tests physiques passés par les adolescents des années 1990 avec ceux passés par les adolescents d’aujourd’hui, on s’aperçoit que ces derniers ont perdu, par exemple, un quart de leur capacité pulmonaire en raison du développement de la sédentarité, alimentée notamment par les écrans4. Conséquence : les jeunes de 2022 mettraient 90 secondes de plus à courir 1 600 mètres qu’il y a trente ans5. Par ailleurs, selon une étude du Crédoc, un jeune sur quatre entre seize et vingt-cinq ans déclare faire peu d’activités physiques ou sportives (moins de trois fois par mois), voire aucune6. Consciente de cette dégradation de l’état physique général de la jeunesse, Santé publique France a lancé en septembre dernier une nouvelle campagne de communication intitulée : « Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager c’est important ». De son côté, l’Armée de Terre a décidé de faire évoluer le contrôle de la condition physique générale de ses soldats, qui ne compte plus que trois épreuves au lieu de quatre précédemment.

Ce qui est intéressant, et témoigne d’un mouvement profond qui touche la société, notamment la jeune génération, c’est que ces derniers invoquent le « manque de temps » comme motif principal de leur absence de pratique sportive (45% des 16-25 ans citent le manque de temps devant la surcharge de travail, 37%, dans une enquête récente du Crédoc10), nous révélant de fait leur difficulté à se motiver à « prendre du temps » pour réaliser une quelconque activité dès que celle-ci s’avère éloignée de leur zone de confort.

Au travail , on constate cette instabilité émotionnelle. Le nombre d’arrêts maladie en France en 2022 a explosé, 42% des salariés s’étant vus prescrire un arrêt maladie cette année (un chiffre plus important qu’avant la Covid-19). Plus intéressant pour notre sujet, les troubles psychologiques et l’épuisement professionnel, principaux motifs des arrêts longs, sont désormais à l’origine de 20% des arrêts maladie, dépassant pour la première fois les troubles musculo-squelettiques (16%).

D’une façon générale, notre enquête corrobore l’hypothèse d’une fragilisation psychologique et mentale accrue depuis la crise sanitaire, et plus particulièrement une perte de résistance psychologique et mentale dans la jeune génération pour faire face aux événements et aux aléas de la vie. En effet, si 31% des Français disent ne pas se sentir suffisamment solides mentalement pour tout affronter dans leur vie quotidienne, c’est le cas de 40% des 25-34 ans. Cette fragilisation psychologique depuis la crise sanitaire semble par ailleurs (au moins en déclaratif) toucher davantage les femmes que les hommes : quand 24% des hommes disent ne pas se sentir suffisamment solides mentalement pour faire face aux événements dans leur vie quotidienne, c’est le cas de 37% des femmes.
On retrouve ce phénomène de fragilisation quant à l’« envie de pleurer » exprimée par la jeune génération (parfois appelée « génération snowflake », en référence au flocon de neige qui fond à la première chaleur). Si 14% des Français disent avoir durant la journée davantage envie de pleurer depuis la crise sanitaire, c’est le cas de 20% des 25-34 ans. Ici aussi, une différence femmes-hommes s’observe : quand 11% des hommes disent avoir davantage envie de pleurer durant leur journée depuis la crise liée à la Covid-19, c’est le cas de 17% des femmes.

Un autre ressort de cette plus grande vulnérabilité des individus depuis la crise sanitaire est à chercher selon nous du côté du rapport que la société entretient à la frustration. La crise sanitaire ayant renforcé la société du sur-mesure et de l’immédiateté dans laquelle le citoyen est d’abord perçu comme un client (le boom des livraisons à domicile incarnées par Deliveroo et Uber durant cette période en est l’une des illustrations, comme nous le verrons plus bas), le seuil de patience des individus s’est considérablement abaissé durant cette période, ces derniers ayant de plus en plus de mal à gérer leur frustration. Dans notre enquête, 44% des Français disent avoir de plus en plus de mal à patienter avant d’obtenir quelque chose, dont 53% des 25-34 ans.
Cette moindre appétence à sortir de chez soi a évidemment des conséquences sur des secteurs qui reposent d’abord et avant tout sur l’accueil du public. Bien que l’industrie du cinéma, déjà mal en point avant même l’arrivée de la Covid-19, semble beaucoup insister ces derniers temps sur l’« effet prix » comme explication de la désertion du public18, avec, d’après le CNC, une baisse de 34% de nombre de tickets vendus en septembre dernier par rapport à septembre 2019 (avant Covid-19 donc), l’impact de cette épidémie de flemme ne doit pas, à notre sens, être négligé pour expliquer la difficulté à remplir actuellement les salles. En effet, le cinéma a de plus en plus de mal à lutter contre la flemme de sortir de chez soi, concurrencé par l’arrivée de nouveaux produits comme les vidéoprojecteurs, équipement dont les ventes croissent d’environ 50% par an depuis deux ans maintenant et qui s’était vendu à 50 000 exemplaires au premier semestre 202119. Au-delà des vidéoprojecteurs, l’arrivée des plateformes a par ailleurs alimenté cette propension des individus à adopter l’art de la flemme.

Une étude de l’Ifop montrait récemment que Netflix, Amazon, Prime Video ou encore Disney + avaient une incidence sur la fréquentation des salles de cinéma20 : depuis qu’elles se sont abonnées à une offre de vidéo à la demande, 29% des personnes interrogées déclarent « aller moins souvent au cinéma » et 12% « ne plus y aller du tout », soit quatre utilisateurs sur dix qui y vont moins ou n’y vont plus depuis l’épidémie de flemme.

Parallèlement à Netflix et consorts, la console de jeux, activité se pratiquant également à domicile, constitue un autre concurrent redoutable au cinéma, notamment parmi les adolescents et les jeunes adultes. Avec 2,4 millions de consoles et près de 1 million de PC Gaming vendus en 2021, l’industrie du jeu vidéo – dont la première console, l’Odyssey de Magnavox, sortait il y a cinquante ans – a enregistré une nouvelle performance record, avec un chiffre d’affaires de 5,6 milliards d’euros, soit une progression de +1,6% par rapport à 2020, qui avait déjà été une année exceptionnelle. En deux ans, le marché a évolué de 13,5%, ce qui fait dire à Julie Chalmette, présidente du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), que « le jeu vidéo continue de progresser vers de nouveaux sommets. L’année 2020 avait été extraordinaire, mais particulière en raison du contexte. Cette croissance confirmée en 2021 s’inscrit comme une véritable tendance de fond. Les Français n’ont jamais autant joué. Ils sont 73% à jouer occasionnellement et 58% régulièrement, soit une progression de 6 points par rapport à 202021. » Preuve de la place prise par l’industrie du jeu vidéo, celui-ci aura d’ailleurs droit pour la première fois cette année à son festival de Cannes (le Cannes Gaming Festival) du 24 au 26 février prochains, qui proposera une cérémonie de remise de prix à l’identique de celle qui existe pour le septième art.

Enfin, élément notable, cet attrait pour les jeux vidéo touche toutes les classes d’âge. Si un enfant sur deux joue tous les jours (52% des enfants), c’est également le cas d’un adulte sur trois (35%), selon le même syndicat. Nous sommes donc en présence d’une pratique massivement répandue.

L’appel du canapé semble ainsi très puissant. On le voit d’ailleurs dans notre enquête. Invités à donner leur opinion face à un certain nombre de mots, 74% des Français ont une image positive du « lit », dont 85% des 25-34 ans. Il en est de même pour le canapé : quand 59% indiquent avoir une image positive de ce mot, c’est le cas de 72% des 25-34 ans. Signe des temps, Le Petit Robert a annoncé que le terme « chiller » (de l’anglais « to chill » : prendre du bon temps à ne rien faire) fera son apparition dans son édition 2023.

En outre, la crainte d’un hiver rigoureux sur fond d’un chauffage réglé à 19 degrés pour limiter la consommation d’électricité et de gaz conforte et accélère le marché de la flemme : les Français se ruent ces derniers temps sur les plaids, objets symboliques de cette « civilisation du cocon », privilégiant les longs week-ends sur le canapé (civilisation très bien analysée par Vincent Cocquebert22). Chez Monoprix, par exemple, les équipes ont récemment anticipé une plus forte demande en plaids ces prochaines semaines, afin de permettre aux consommateurs de passer l’hiver au mieux23. De la même façon, les spas et jacuzzis, nouveaux équipements indispensables développés par la « civilisation du cocon », se vendent comme des petits pains depuis plusieurs années. La tendance à « chiller », comme l’épidémie de flemme, a généré de nombreuses opportunités de marché bien comprises par les enseignes. Ainsi, la marque de viande Charal lançait au lendemain du premier confinement une publicité pour ses burgers préparés à faire réchauffer au micro-ondes avec le slogan : « Le soir vous avez la flemme, nous on a la flamme ».

S’il y a un marché de la flemme, sa structuration et sa montée en puissance se sont accélérées durant la crise sanitaire, comme en témoignent par exemple les excellents chiffres des plateformes comme Deliveroo, Uber Eats ou Amazon tout au long de la pandémie et au-delà24. Une enquête de l’Ifop de 2021 indiquait ainsi que 52% des Français avaient eu recours à la livraison de repas à domicile au moins une fois dans l’année, dont 23% au moins une fois par mois. Signe que les habitudes sont en train de s’ancrer en la matière, si seulement 25% des soixante-cinq ans et plus se font livrer au moins une fois par an un repas à domicile, cette proportion atteint 60% parmi les 35-49 ans, et 78% auprès des moins de trente-cinq ans (dont près d’un sur deux commande un repas à domicile au moins une fois par mois). Tout se passe comme si des barrières psychologiques et morales subsistaient parmi les générations les plus âgées, qui rechigneraient à se faire servir à domicile par des « domestiques 2.0 », réticences ayant manifestement disparu dans les jeunes générations, qui ont baigné depuis leur enfance dans la société du « client-roi ». La publicité des acteurs se positionnant sur ce marché vise d’ailleurs à abattre ces obstacles culturels et moraux et à décomplexer totalement le consommateur, comme l’illustre par exemple un des slogans de Gopuff, start-up de livraison à domicile : « Lendemain de soirée [difficile] ? On arrive. » Plus récemment encore, la plateforme Uber Eats décidait d’axer sa dernière campagne de publicité autour d’un slogan on ne peut plus explicite : « Embrace the art of doing less » (Adopter l’art d’en faire moins).

On aurait tort de penser que ce phénomène ne concerne que les grandes métropoles. Le maire de Châteauroux nous confiait ainsi récemment que sa ville comptait 90 livreurs Uber Eats. Dans les zones rurales non desservies par ces plateformes, les consommateurs en quête d’un repas prêt à consommer peuvent, quant à eux, utiliser les distributeurs automatiques de pizzas qui sont apparus dans de très nombreux villages ces dernières années, le leader du secteur, Adial, en comptant plus de 80025.
D’ailleurs, quand une enquête récente du Crédoc26 demande aux Françaises et aux Français quel serait pour eux un vendredi soir idéal, l’élément qui arrive en tête est un plateau-repas devant la télévision : pour 37% des sondés, un vendredi soir idéal, c’est un plateau-télé, score deux fois plus élevé qu’une sortie entre amis (15%). Et pour ce qui est des repas de la semaine, il semblerait que l’engouement pour le fait-maison, observé durant les confinements, ne soit plus autant de saison. Sous l’effet d’une dégradation sensible du pouvoir d’achat, mais aussi également sans doute de cette moindre motivation générale, les achats des sandwichs ou des Pastabox de la marque Sodebo se portent très bien et les usines du groupe vendéen tournent à plein régime.
Enfin, dernier exemple s’il en fallait, le secteur des transports de voyageurs à la demande surfe lui aussi sur la tendance à la flemme, en témoigne la campagne de publicité de la plateforme Heetch que l’on pouvait retrouver dans les tunnels du métro parisien en octobre dernier : « Vous avez la flemme ? On a le VTC. »


Un autre secteur semble également subir de plein fouet cette perte de motivation et cette fatigue au long cours : le monde du travail.

Avec « grande pénurie », l’expression que l’on a le plus entendue depuis cette rentrée et durant tout l’été est « grande démission », à savoir la grande démission des salariés français de leur entreprise. Le magazine Society en a fait sa une en se demandant « Et si on ne retournait pas au travail ? », comme Le Figaro, quand le magazine Usbek & Rica s’est demandé si nous ne sommes qu’au début du phénomène : « Grande démission : et si c’était que le début ? ».
On a également vu apparaître cette grande démission, au cours des derniers mois sur TikTok, notamment aux États-Unis, à travers des vidéos de jeunes gens se filmant en train d’annoncer leur démission en direct avec l’hashtag #quitmyjob27. Ces nombreuses démissions se constatent aussi dans les chiffres. C’était le cas aux États-Unis juste après la Covid-19. Entre mars et mai 2021, 11 millions d’Américains ont démissionné de leur poste. C’est désormais également le cas en France, où l’on observe des taux de démission qui n’avaient jamais été atteints depuis quatorze ans. Entre fin 2021 et début 2022, on a enregistré près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. Le record précédent datait du premier trimestre 2008, avec 510 000 démissions dont 400 000 pour les seuls CDI.

Pourquoi ces nombreuses démissions, et notamment en France ? Elles s’expliquent d’abord par un effet de rattrapage, les mouvements ayant été gelés ou très fortement ralentis durant les confinements. Le dynamisme du marché du travail actuel, avec un assez faible taux de chômage, favorise également les démissions. En effet, en période de reprise, les postes à pourvoir sont plus nombreux, donc de nouvelles opportunités d’emploi apparaissent, ce qui incite à démissionner pour négocier de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Ces nombreuses démissions sont aussi le reflet d’un état de mal-être parmi les salariés français, qui disent plus que la moyenne des actifs européens être en manque de reconnaissance depuis plusieurs années déjà28.
Mais selon nous, cette vague de démissions dit aussi beaucoup de l’accélération de la modification du rapport au travail des Français, la crise sanitaire étant venue booster une tendance déjà à l’œuvre préalablement. Durant la pandémie, près de 11 millions de salariés ont été mis en chômage partiel, période au cours de laquelle beaucoup se sont interrogés sur le sens de leur travail. Dans les secteurs peu rémunérés, où les contraintes horaires sont pesantes (travail en soirée, le week-end, en horaires décalés…) et où la pénibilité des tâches ou de l’environnement de travail est importante, toute une partie des salariés n’ont pas repris leur poste, entraînant des pénuries de main-d’œuvre dans l’hôtellerie-restauration, les services à la personne, ou bien encore le transport routier et le gardiennage.

La Covid-19 s’est également soldée par l’irruption du télétravail (près d’un quart des salariés français sont actuellement en télétravail à hauteur de trois jours ou plus par semaine), ce qui constitue un autre facteur de modification du rapport au travail, soit une proportion élevée.
Ce contexte explique sans doute en partie pourquoi notre enquête montre que les actifs français sont moins enclins à se donner corps et âme au travail et qu’une forte minorité a clairement perdu en motivation. Depuis la crise sanitaire, si la majorité des actifs (51%) affichent une motivation inchangée, 37% se disent en effet moins motivés qu’avant dans leur travail.

Cette proportion d’actifs en baisse de régime au travail correspond à peu de chose près aux 42% d’actifs se déclarant plus fatigués qu’avant la pandémie après un effort physique et aux 35% d’actifs qui, d’une manière générale, sont moins motivés qu’avant dans leur quotidien. Au fil des questions, on voit donc émerger un bloc de 35% à 40% d’individus, dont le moral ou la condition physique ont été affectés depuis la pandémie.
La perte de motivation au travail touche davantage les jeunes actifs (46% des 25-34 ans), mais aussi les cadres (44%) et les professions intermédiaires (43%), contre 34% « seulement » parmi les employés et ouvriers, catégories dont on notera qu’elles sont moins concernées par le télétravail.
Les contrastes se font également jour en termes d’affiliation partisane. Quand 61% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle disent être moins motivés qu’avant au travail, ce n’est le cas que pour 28% des électeurs d’Emmanuel Macron, 30% des électorats Zemmour et Pécresse et 34% des lepénistes. Ces résultats sont intéressants, car ils permettent d’éclairer le débat sur la « valeur travail » lancé par Fabien Roussel à la rentrée et les raisons pour lesquelles une partie de la gauche est mal à l’aise, voire critique, à son égard. Sandrine Rousseau a ainsi, par exemple, revendiqué le droit à la paresse cher à Paul Lafargue. Dans le même ordre d’idées, une autre enquête récente de l’Ifop29 indique d’ailleurs que près de quatre sympathisants La France insoumise ou Europe Écologie-Les Verts sur dix se définissent comme « peu ou pas travailleurs », cette proportion ne s’établissant qu’à environ un quart des sondés dans les autres familles politiques.

… s’inscrivant dans un phénomène plus global et ancien d’une perte de centralité du travail
D’une façon générale, une partie des actifs, et notamment les plus jeunes, se sont petit à petit désengagés de leur travail, un peu comme s’ils étaient entrés dans une forme de résistance silencieuse et passive à l’image de Bartleby, héros de la nouvelle éponyme d’Herman Melville, scribe de profession, qui repousse toutes les demandes qu’on lui fait – à commencer par celles de son patron – par la phrase restée célèbre « I would prefer not to » : je préférerais ne pas le faire.
Un phénomène illustre cela : le « Quiet quitting » (« démission silencieuse »), phénomène qui consiste à en faire le moins possible au travail sans se faire licencier. Certains se filment même – le nombre de vues sur TikTok a dépassé les 40 millions. Il ne s’agit pas d’une démission véritable, mais d’une démission mentale, d’une sorte de démission silencieuse ou clandestine.
Si cette soudaine démotivation est intéressante à analyser, c’est que le travail représentait historiquement dans la vie des Français quelque chose de particulier et avait une dimension statutaire très importante. Or, si les Français demeurent attachés à leur travail, celui-ci occupe une place beaucoup moins centrale dans leur vie qu’au début des années 1990, la Covid-19 n’ayant fait qu’accroître cette perte de centralité, comme l’a montré Romain Bendavid30. En 1990, 60% des sondés répondaient que le travail était « très important » dans leur vie. Ils ne sont plus aujourd’hui que 24% à faire cette réponse, soit un recul spectaculaire de 36 points en trente ans. Si la religion ou la famille ont également vu leur caractère très important dans la vie de nos concitoyens perdre du terrain, la chute, de l’ordre de 10 points, est sans commune mesure avec ce que l’on observe pour ce qui est du travail. Dans le même temps, la centralité des loisirs dans la vie des Français s’est renforcée de 10 points, cette progression produisant une inversion des normes. Alors qu’en 1990, deux fois plus de sondés considéraient comme « très important » le travail (60%) par rapport aux loisirs (31%), cette hiérarchie est aujourd’hui renversée : 41% pour les loisirs versus 24% seulement pour le travail.
Évolution entre 1990 et 2021 du caractère « très important dans sa vie » de différents éléments

D’autres données d’enquête accréditent cette évolution au long cours du rapport au travail et de l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle. En mai 2008, soit au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont un des mantras était le fameux « Travailler plus pour gagner plus », 62% des salariés souhaitaient, s’ils en avaient le choix, « gagner plus d’argent, mais avoir moins de temps libre » contre 38% qui désiraient « gagner moins d’argent pour avoir plus de temps libre ». Le rapport de force entre ces deux modalités est aujourd’hui totalement inversé. Selon un sondage Ifop pour Solutions solidaires31, 61% des salariés souhaiteraient désormais « gagner moins d’argent pour avoir plus de temps libre », contre seulement 39% qui préféreraient « gagner plus d’argent mais avoir moins de temps libre ».

Parallèlement à la perte du sens du travail du fait du poids croissant des « process » et de l’impératif financier, les nouvelles conditions de travail devenues parfois la norme depuis ces cinq dernières années pour certains salariés de bureau contraints d’exercer dans des open spaces ou autres flex offices, créés sous couvert de gains de convivialité, ont sans aucun doute joué un rôle non négligeable dans la perte d’appétence à se rendre au travail chaque matin et dans le sentiment de ne plus « s’y retrouver » quand les salariés effectuent la balance coûts/avantages. Ainsi, d’après une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et Selkis réalisée en 202133, 21% de l’ensemble des salariés français travaillent aujourd’hui en open space, ce qui représente 35% des salariés travaillant dans un bureau, et 10% en flex office, soit 16% des salariés travaillant dans un bureau. Et parmi ces derniers, 36% considèrent que la configuration de leur espace de travail a un impact négatif sur leur santé, alors que cette proportion est deux fois moindre (17%) parmi les salariés qui ne sont pas en flex office, et qui ont donc une place attitrée.

L’évolution des conditions et de l’organisation du travail n’est pas le seul paramètre qui a fait perdre au travail sa centralité. Si ce dernier a perdu de son importance dans la vie des Français, c’est également parce que le pays a été le théâtre d’un processus au long cours de diminution de la durée annuelle effective de travail. De manière assez mécanique, au fur et à mesure que les actifs ont passé moins de temps au travail, son importance et sa centralité dans leur vie ont reculé. Comme on l’a vu précédemment, la part de Français qui considéraient que le travail était « très important » dans leur vie est passée de 60% en 1990 à 24% cette année. Ce recul spectaculaire est à mettre en regard avec l’évolution de la durée annuelle effective de travail, qui, sur la même période, est passée de 1 814 heures à environ 1 600 heures – nous avons pris les chiffres d’avant 2020-2021, années affectées par les confinements et l’arrêt du travail pour cause de pandémie. Si l’on se base sur une durée hebdomadaire de travail de trente-cinq heures, cette baisse de 214 heures correspond à six semaines de congé gagnées en trente ans.

Comme le montre le graphique suivant, la baisse du temps annuel de travail est un processus historique. Du fait du vote de la cinquième semaine de congés payés et du passage à la semaine des trente-neuf heures au début du premier septennat de François Mitterrand, cette durée annuelle est passée de 1 894 heures en 1981 à 1 816 heures en 1983. Ce mouvement s’est ensuite poursuivi avec, au début des années 1990, des abattements de charges qui ont incité à des embauches à temps partiel, puis avec la loi Robien sur la réduction du travail (1996) et surtout les lois Aubry qui ont abouti à la mise en place des trente-cinq heures. Entre 1997 et 2002, la durée annuelle moyenne de travail a reculé de 1 732 à 1 655 heures. Depuis, la tendance à la baisse s’était considérablement ralentie, mais la crise liée à la Covid-19 a violemment percuté l’organisation du travail et a éloigné, contraints et forcés, les actifs de leur emploi pendant de longues périodes.

Le passage aux trente-cinq heures au début des années 2000 a constitué un tournant important et a modifié en profondeur les référentiels. Des termes et des habitudes nouvelles se sont ancrés dans le paysage. C’est à partir de ce moment que les salariés ont appris à « poser » ou à « prendre » une « RTT ». Le cadre traditionnel de la semaine de travail allant du lundi au vendredi s’en est trouvé altéré, avec des week-ends commençant désormais souvent le jeudi soir ou le vendredi midi, faisant dire à certains dirigeants de grandes entreprises que « le vendredi a été supprimé » depuis la Covid-19. Ce changement sociétal n’a pas échappé à la sagacité des travailleurs indépendants qui ont, eux, continué de pratiquer la semaine traditionnelle, comme nous l’exprimait avec malice un agriculteur breton : « Le vendredi après-midi quand je laboure mes champs, je vois mes voisins qui tondent leur pelouse. »

La filière touristique, qui s’était historiquement structurée et développée en France avec l’instauration des congés payés, a connu un nouvel essor durant cette période, marquée par une augmentation du temps disponible pour toute une partie de la population. Les offres de courts séjours se sont multipliées, y compris hors saison, et l’optimisation ou le prolongement des ponts via des journées RTT, pour se constituer de longs week-ends, devient un sport national. L’univers du temps libre, qui était historiquement cantonné aux vacances, et particulièrement aux mois de juillet et d’août, se dilate et prend une place de plus en plus importante dans la vie des Français. Des acteurs comme la SNCF, les compagnies aériennes low cost ou bien encore les sites de réservation en ligne accompagnent ce mouvement historique et le développement d’une société de loisirs. Si Go Voyages et Lastminute.com apparaissent respectivement en 1997 et 1999, suivis en 2001 par Opodo, c’est certes du fait du développement fulgurant d’internet à cette période, mais ces dates de création correspondent également à l’avènement des RTT. En 1981, lors de la précédente étape de réduction du temps de travail, le gouvernement socialiste de l’époque avait créé un ministère du Temps libre, ayant pour mission « de conduire par l’éducation populaire une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps », création qui s’était accompagnée de celle de l’Agence nationale pour les chèques-vacances. Le gouvernement Jospin n’a pas accompagné le passage aux trente-cinq heures par la mise en place d’une structure publique qui aurait eu vocation à proposer des activités culturelles et récréatives et c’est le marché qui s’est engouffré dans la brèche en créant de nouvelles offres de loisirs pour occuper le temps ainsi libéré.

La crise liée à la Covid-19 et le développement massif du télétravail vont constituer une nouvelle étape dans la perte de centralité du travail dans la vie de nombreux Français. Le cadre habituel de la semaine de travail allant du lundi au vendredi avait déjà été remis en cause par l’apparition des RTT. Mais l’adoption du télétravail par un tiers des salariés – qui télétravaillent au moins un jour par semaine – a entraîné une modification encore plus radicale. Les vendredis, et dans une moindre mesure les lundis, sont massivement télétravaillés. D’après une étude récente menée par la RATP sur les déplacements en Île-de-France34, la fréquentation des transports en commun est ainsi inférieure de 18% en moyenne les vendredis par rapport aux mardis. Les opérateurs des réseaux de transports, qui avaient appris à gérer les heures de pointe, doivent aujourd’hui intégrer dans leur modèle une autre notion qui est celle des « jours de pointe » que sont les mardis et jeudis, journées les moins télétravaillées et où les flux de passagers sont les plus massifs. De la même manière, la vie des entreprises intègre progressivement cette nouvelle organisation de la semaine avec des réunions en présentiel concentrées les mardis et jeudis pour pouvoir toucher le plus grand nombre de collaborateurs. Dans les collectifs de travail où le télétravail est pratiqué, les lundis et vendredis se voient ainsi progressivement dotés d’un autre statut. Ils constituent certes des journées de travail, mais de moindre intensité, comme une sorte de sas entre les « journées sur site » (mardi, jeudi et mercredi dans une certaine mesure) et le week-end.

Renouvellement générationnel et nouveau rapport à l’effort

L’essor et le développement de cette société de loisirs au cours des dernières décennies n’ont pas que fait relativiser la place du travail dans la vie de nos concitoyens. Ils ont plus globalement introduit une dévaluation de la valeur de l’effort. La dimension « sacrificielle » du travail et de l’effort qu’avaient en partage et le catholicisme (« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ») et toute une partie du monde ouvrier, qui s’est battu pour instaurer la fête du Travail le 1er mai, ne fait plus autant recette aujourd’hui. L’assertion selon laquelle « il faut souffrir pour réussir » coupe ainsi le pays en deux avec 51% d’adhésion et 49% de désapprobation. Sur ce sujet, le clivage n’est ni éducatif (52% d’adhésion parmi les diplômés du second ou troisième cycle, contre 50% chez les titulaires du bac et 53% parmi ceux qui ne l’ont pas), ni sociologique (45% d’adhésion parmi les cadres et les professions intellectuelles versus 47% chez les professions intermédiaires et 48% auprès des catégories populaires). Le « no pain, no gain » des Anglais semble en revanche nettement plus clivant selon l’âge, comme le montre le graphique ci-dessous.

Quand 62% des soixante-cinq ans et plus, qui ont grandi et ont été éduqués dans la France des années 1950-1960, adhèrent à cette maxime, la même proportion des 18-24 ans la rejette. Cette assertion recueille 43% d’adhésion parmi les 25-34 ans et devient tout juste majoritaire parmi les 35-64 ans. Le fait que l’approbation à cette maxime diminue assez linéairement avec l’âge nous met sur la piste d’un changement de référentiel et de philosophie qui est en train de s’opérer sous nos yeux au gré du renouvellement générationnel.

La sphère professionnelle n’est d’ailleurs pas l’unique témoin de ce changement de rapport à l’effort au cours des dernières années. Dans le journal Le Point, un professeur de sciences de la vie et de la terre au lycée Thibaut-de-Champagne à Provins (Seine-et-Marne) témoignait : « Chaque année, je fais remplir un questionnaire aux élèves sur leur temps de travail quotidien à la maison. En terminale, il y a quinze ans, la moyenne était d’une heure et demie à deux heures. Aujourd’hui, ils me répondent de trente minutes à une heure, et ils trouvent que c’est beaucoup ! Si j’avais maintenu la même exigence qu’en début de carrière, on aurait perdu deux points de moyenne35. »

Toujours en matière scolaire, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, mettait en place en 2017 le dispositif « Devoirs faits », un temps d’étude accompagnée gratuit proposé en dehors des heures de classe aux collégiens pour faire leurs devoirs au sein de leur établissement sur des horaires appropriés. Si le dispositif a souvent été présenté dans le but de contribuer à la réduction des inégalités qui peuvent exister selon le niveau d’aide que les familles sont à même d’apporter aux enfants, le site internet du ministère insiste néanmoins sur le fait que ce dispositif permet aussi de « favoriser une forme de sérénité à la maison sur ces sujets36 », comme si le travail et la difficulté à s’y mettre devenaient désormais source de conflits pour une grande partie des familles. Une société privée de soutien scolaire avait d’ailleurs lancé une campagne d’affichage à destination des familles dont le slogan était : « Vous avez mieux à faire que de vous occuper des devoirs », visant à décomplexer les parents de sous-traiter et de déléguer cette « corvée ».

Pour finir, et en guise d’illustration, le Cedre (Cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon), qui réalise des évaluations tous les six ans en fin d’école et en fin de collège, a récemment montré que plus d’un tiers des élèves de troisième se sentaient découragés d’avance à l’idée de lire un texte d’une page. Ainsi, à l’affirmation « Quand on me demande de lire un texte d’une page, je suis découragé(e) d’avance », 37,5% des élèves se déclarent « plutôt d’accord » ou « tout à fait d’accord »37.

Si la mystique de l’effort fait de moins en moins recette dans les tranches d’âge les plus jeunes, on constate en revanche que ces dernières semblent beaucoup plus décomplexées que leurs aînés sur la question de l’ambition, qui est revendiquée par près de deux tiers des moins de trente-cinq ans, alors que moins d’une personne sur deux âgée de plus de 50 ans se définit comme tel. Les 35-49 ans, tranche d’âge intermédiaire, affichent une proportion d’ambitieux de 56%, taux se situant à égale distance des scores observés aux deux extrémités de la pyramide des âges.

Cet étagement des résultats constitue un indice supplémentaire d’une modification du système de valeurs évoquée plus haut. La sacralisation du travail et de l’effort s’est effacée avec la dislocation terminale de la matrice catholique et la disparition des mondes ouvrier et paysan, univers qui l’avaient placée au cœur de leurs systèmes de valeurs respectifs. Ces systèmes de valeurs traditionnels ne faisaient par ailleurs guère l’éloge et la promotion de l’ambition. Dans cette France d’avant, l’ambition était mal vue. Chez les paysans catholiques comme chez les ouvriers déchristianisés, on n’aimait pas celui qui « s’affichait » ou qui « la ramenait ». La modestie, l’humilité et le souci de « rester à sa place » étaient des lignes de conduite très majoritairement partagées. L’ambiance et le référentiel de valeurs ont profondément changé à partir des années 1980 et 1990. C’est à cette époque que la société de consommation et des loisirs a arasé les derniers vestiges de la société traditionnelle.

Les générations âgées de plus de soixante-cinq ans et une partie des 50-64 ans, qui ont grandi dans le système de valeurs forgé dans la France d’avant, demeurent majoritairement acquises à l’idée du « no pain, no gain ». Cet éloge de l’effort teinté de dolorisme s’accompagne d’une moindre valorisation de l’ambition, qui reste assez taboue ou honteuse dans cette tranche d’âge. Parmi les 35-49 ans, dont la période d’élaboration de leur référentiel correspond à la période de bascule, ce système de valeurs est minoritaire. Pour les moins de trente-cinq ans, qui, eux, sont nés dans cette France d’après la grande bascule, la sacralisation de l’effort n’est plus dans l’air du temps, quand l’ambition est, en revanche, clairement assumée et valorisée. Et ce n’est pas un hasard si les influenceurs des réseaux sociaux et de la téléréalité sont très populaires dans la jeune génération, puisqu’ils incarnent pleinement cette aspiration majoritaire à la réussite matérielle et sociale, mais sans forcer.

Retraites et Pénibilité: un projet très insuffisant ?

 Retraites et Pénibilité: un projet très insuffisant ?

Par , maître de conférences en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)et , maîtresse de conférences en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) dans The conversation. 

 

Le  projet pour l’avenir du système des retraites, contre lequel les Français se sont largement mobilisés ce jeudi 19 janvier, comprend notamment des mesures de prévention de l’usure professionnelle ( mais jugées très insuffisantes par les syndicats). C’est notamment l’un des reproches majeurs qu’on peut faire à la réforme envisagée.

Quatre pistes sont aujourd’hui envisagées pour les métiers physiques ou répétitifs : la création d’un fonds d’investissement d’un milliard d’euros pour la prévention de l’usure professionnelle ; la mise en place d’un suivi médical renforcé auprès des salariés ayant un métier pénible ; la possibilité de financer un congé de reconversion ; l’élargissement du compte professionnel de prévention (C2P) à plus de salariés et avec plus de droits.

Ce C2P, né des « ordonnances Macron », avait remplacé en 2017 le terme « pénibilité » en « facteurs de risques professionnels » et avait retiré 4 facteurs (charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques et risques chimiques) du dispositif précédent, le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P). En décembre 2022, la Cour des comptes a présenté ce C2P comme « un dispositif sans ambition et non contrôlé » dans son rapport public thématique sur les politiques publiques en santé au travail dans les entreprises.

Comment appréhender les quatre mesures avancées sur ce sujet lors de cette présentation ? Tout d’abord, concernant la création d’un fonds d’investissement d’un milliard d’euros pour financer des actions de prévention, de sensibilisation, et de reconversion, mesure revendiquant explicitement la prévention comme objectif, plusieurs interrogations émergent. Sur quelles analyses repose ce montant d’un milliard d’euros sur cinq ans ? Quels objectifs concrets se donnera ce fonds d’investissement ? S’agit-il d’une extension du Fonds national de prévention de la Caisse des dépôts ou d’un fonds annexe ? Ces questions sont en suspens.

Concernant l’élargissement du C2P, trois seuils permettant de doter le compte en points ont été abaissés : avec la réforme, il suffira de 100 nuits de travail par an, et non plus 120, ou de 30 nuits en travail alternant contre 50 aujourd’hui. Cet élargissement ouvre également droit au cumul de points dans les cas d’expositions à plusieurs formes de pénibilité. Si le gouvernement a refusé de réintégrer les 4 critères exclus en 2017, la réforme des retraites permettrait toutefois, pour les salariés exposés aux charges lourdes, postures pénibles et vibrations, sous réserve de la reconnaissance officielle d’une inaptitude, de bénéficier de nouveaux droits, chaque branche professionnelle devant lister les métiers concernés. Cela crée un risque de décalage entre métiers, certaines branches pouvant reconnaître un métier comme pénible et d’autres non.

Enfin, le financement de congés de reconversion et la mise en place d’un suivi médical renforcé auprès des salariés ayant un métier pénible apparaissent comme des mesures de réparation plutôt que de réelle prévention. Pourtant, comme nous l’avions déjà souligné dans un précédent article, le travail joue un rôle déterminant dans les différences d’espérance de vie et d’état de santé entre les citoyens.

Ce constat est validé par de nombreuses études liant l’exposition aux facteurs de pénibilité avec, notamment, la sortie précoce de l’emploi, ou l’état de santé après 50 ans. L’espérance de vie sans incapacité est également corrélée avec les catégories professionnelles. Ces mesures ne devraient donc n’avoir qu’un effet limité pour éviter ou diminuer les maux du travail.

La prévention de la désinsertion et de l’usure professionnelles figure déjà au cœur de l’axe stratégique 2 du « plan santé au travail 4 » adopté pour la période 2021-2025. Si certains progrès techniques permettent effectivement d’améliorer les conditions de travail (à l’image des exosquelettes pour les charges lourdes), ils restent loin de résoudre le problème. Certes, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, les expositions longues aux contraintes physiques ont diminué dans la majorité des secteurs ces 20 dernières années. Cependant, les expositions de courtes durées ont augmenté sur la même période.

En outre, la Cour des comptes avait souligné fin 2022 l’écart entre le nombre de salariés concernés selon la Dares et les effectifs des salariés déclarés exposés dans le cadre du C2P : tous risques confondus, seul un quart de salariés potentiellement exposés disposent d’un compte professionnel de prévention, cette proportion variant entre 11 % pour le bruit et 53 % pour le travail de nuit. Ce phénomène de non-recours, qui en rappelle d’autres, devrait amener à revoir profondément le dispositif, son périmètre, ses moyens et ses objectifs.

Quant aux risques liés aux facteurs psychosociaux, le ministre du Travail Olivier Dussopt a estimé, le 15 janvier dernier sur France Inter, qu’il s’agissait d’un chantier « immense » et « majeur » souffrant d’un manque d’indicateurs. Ces facteurs sont évalués régulièrement notamment par une des enquêtes de la Dares qui fait état, dans ses dernières estimations, d’un recul des marges de manœuvre favorisant l’autonomie. Pire, les études sur les salariés exposés à plusieurs risques professionnels montrent que cette catégorie majoritaire est systématiquement concernée par des contraintes organisationnelles et relationnelles.

D’ailleurs, les saisines des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) ont plus que doublé en 10 ans. Des milliers de salariés voient ainsi leurs affections psychiques reconnues comme maladies professionnelles. Le burn-out, épuisement professionnel en français, fait partie de ces affections mais ce syndrome est loin d’être le seul trouble pouvant conduire à une prise en charge par la branche Accidents du travail – Maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale.

Des mesures ambitieuses et incitatives pour protéger les salariés et éviter les atteintes à leur santé dès les prises des postes manquent donc encore dans le projet de réforme des retraites. Et l’absence de représentants du personnel formés et dédiés à ce sujet, depuis la suppression des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) en 2017, complique encore la prise en compte de ces enjeux.

Retraites : très forte mobilisation à Paris comme en province

Retraites : très forte mobilisation à Paris comme en province

 

L’objectif syndical de rassembler dans la rue 1 million de manifestants a été largement dépassé;  même le ministère de l’intérieur en a compté 1,2 millions ( pour 2 millions estimés par les syndicats). La mobilisation a été très forte à Paris avec environ 400 000 personnes mais aussi en province y compris dans les très petites villes. La preuve sans doute que l’opinion est largement remontée contre cette réforme considérée comme injuste et inefficace.

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Plus de 200 manifestations ont eu lieu à Paris et en régions, très majoritairement dans le calme, pour faire reculer le gouvernement sur son projet de porter l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Les huit principaux syndicats français se sont accordés sur une nouvelle date de mobilisation contre la réforme des retraites, le 31 janvier,

Comme prévu, le trafic était très perturbé sur les métros comme sur les RER en région parisienne. La grève était, également, très suivie dans les transports notamment du côté de la SNCF. Le taux de grévistes y était de 46,3%, dont 77,4% des conducteurs de trains de voyageurs, selon des sources syndicales. En conséquence, le trafic régional était quasiment arrêté.

Chez Engie, quelque 40% des effectifs au statut des électriciens et gaziers étaient en grève contre le projet de réforme des retraites, a indiqué l’énergéticien français. On compte 24.000 collaborateurs du groupe Engie, soit 55% des effectifs totaux pour la France, à être au statut des industries électriques et gazières et à bénéficier d’un régime spécial de retraites.

Chez EDF, la participation des salariés à la grève s’élevait à mi-journée à 44,5% de l’effectif total, a indiqué la direction de l’énergéticien. Contrairement à celui d’Engie, ce chiffre est beaucoup plus important que lors des précédentes manifestations de ce type.

 

Enfin, dans les raffineries, la mobilisation était, là aussi, largement suivie. La CGT TotalEnergies comptait entre 70% et 100% de grévistes, sur la plupart des sites du groupe.

Les 5,7 millions d’agents de la fonction publique sont, eux aussi, concernés par le décalage progressif de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans en 2030. En milieu de journée, près de trois fonctionnaires sur dix (28%) étaient en grève dans la fonction publique d’Etat, qui compte 2,5 millions d’agents, selon des chiffres communiqués par le ministère de la Fonction publique. Ce chiffre est toutefois en baisse de cinq points par rapport à 2019.

Dans la fonction publique territoriale, qui compte près de deux millions d’agents, le taux de grévistes s’élevait à 11,3%. Dans la fonction publique hospitalière (1,2 million d’agents), il atteignait 9,9%, soit seulement deux pourcentages supérieurs à ceux du 5 décembre 2019, premier jour de grève contre le premier projet de réforme des retraites.

Parmi eux, les enseignants étaient particulièrement mobilisés. Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a annoncé un taux de 65% des professeurs de collèges et lycées grévistes, et le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, recense 70% d’enseignants grévistes.

Selon le ministère, la mobilisation nationale se traduisait par un taux d’enseignants grévistes de 42,35% dans le primaire et de 34,66% dans le secondaire (collèges et lycées), bien en deçà des chiffres des syndicats.

La participation au manifestations a été particulièrement massive à Paris mais aussi en province y compris dans les petites villes. Ils étaient plus de 13.000 manifestants à Pau, 8.000 à Châteauroux, ou encore 6.500 à Mulhouse, 10.000 à Chartres, 7.200 à Alès. Des chiffres dépassant ceux de 2019 dans de nombreuses villes moyennes, selon les chiffres des autorités. C’était notamment le cas à Angoulême, où la police a dénombré 9.000 participants, près du double de la première mobilisation contre la précédente réforme des retraites. La jauge du 5 décembre 2019 est aussi nettement dépassée dans d’autres préfectures du sud-ouest comme Périgueux (6.500), Agen (5.000) et Guéret (3.300).

Dans les grandes villes, les chiffres étaient aussi souvent supérieurs à ceux du 5 décembre 2019, comme à Toulouse (36.000), Nantes (25.000) ou Lyon (23.000). Dans certaines, néanmoins, ils étaient légèrement inférieurs comme à Bordeaux (16.000) ou Montpellier (15.000).

Comme à l’accoutumée, les comptages des autorités diffèrent de ceux des syndicats, la plupart du temps du simple au double comme à Orléans (de 12.000 à 25.000), sauf à Marseille où l’écart varie de un à cinq (entre 26.000 et 140.000). Certaines estimations sont à l’inverse très proches, comme à Tours (entre 14.000 et 15.000).

Economie-Faillite d’entreprises : très forte augmentation en 2022

Economie-Faillite d’entreprises : très forte augmentation en 2022

Les défaillances ont bondi de 49,9% entre 2021 et 2022 pour s’établir à 42.000 (contre 28.000 en 2021, 32.000 en 2020 et 51.000 en 2019), selon les derniers chiffres dévoilés par le cabinet Altares. Les faillites ont grimpé en flèche dans toutes les régions françaises. Le débranchement progressif des aides du « quoi qu’il en coûte », la guerre en Ukraine et le coup de frein de l’économie ont allongé les files d’attente dans les tribunaux de commerce. Les PME et jeunes entreprises, fragilisées par les longues années de pandémie, sont les plus menacées par la poursuite de la crise énergétique en 2023 et les menaces de récession.

 

Selon un bilan d’Altares dévoilé ce mardi 17 janvier, le nombre de faillites d’entreprises s’est envolé de 50% entre 2021 et 2022, mais sans retrouver son niveau d’avant-Covid. Le cabinet a enregistré 42.500 faillites l’année dernière, contre 28.371 en 2021 et 32.280 en 2020, mais encore assez loin des 52.144 de 2019.

« Sur 2022, le nombre de 42.000 reste en deçà de celui d’avant Covid [52.144 en 2019]. Sur le chiffre de 50%, il s’agit d’un record. Cela signifie que sur chaque mois, il y a eu une forte hausse », détaille Thierry Millon, directeur des études chez Altares interrogé par La Tribune.

 « Depuis la fin 2021, il y a eu une amorce des hausses de défauts dans les entreprises. C’est plus difficile depuis le début de l’année 2022. Cette tendance lourde, qui ne s’est pas démentie en fin d’année 2022, nous embarque sur une trajectoire inconfortable en 2023 », a ajouté Thierry Millon.

Les plus grandes entreprises sont loin d’être épargnées avec une hausse de 28%, mais ce chiffre reste très en deçà de la moyenne nationale (+50%). Sur le front de l’emploi, le nombre d’emplois menacés a bondi à plus de 140.000 l’année dernière, contre moins de 100.000 en 2021.

Les entreprises entament 2023 dans un contexte économique particulièrement dégradé. La plupart des économistes et instituts de conjoncture ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance ces derniers mois et le spectre d’une récession en Europe se renforce de jour en jour.

Faillite d’entreprises : très forte croissance en 2022

Faillite d’entreprises : très forte croissance en 2022

Les défaillances ont bondi de 49,9% entre 2021 et 2022 pour s’établir à 42.000 (contre 28.000 en 2021, 32.000 en 2020 et 51.000 en 2019), selon les derniers chiffres dévoilés par le cabinet Altares. Les faillites ont grimpé en flèche dans toutes les régions françaises. Le débranchement progressif des aides du « quoi qu’il en coûte », la guerre en Ukraine et le coup de frein de l’économie ont allongé les files d’attente dans les tribunaux de commerce. Les PME et jeunes entreprises, fragilisées par les longues années de pandémie, sont les plus menacées par la poursuite de la crise énergétique en 2023 et les menaces de récession.

 

Selon un bilan d’Altares dévoilé ce mardi 17 janvier, le nombre de faillites d’entreprises s’est envolé de 50% entre 2021 et 2022, mais sans retrouver son niveau d’avant-Covid. Le cabinet a enregistré 42.500 faillites l’année dernière, contre 28.371 en 2021 et 32.280 en 2020, mais encore assez loin des 52.144 de 2019.

« Sur 2022, le nombre de 42.000 reste en deçà de celui d’avant Covid [52.144 en 2019]. Sur le chiffre de 50%, il s’agit d’un record. Cela signifie que sur chaque mois, il y a eu une forte hausse », détaille Thierry Millon, directeur des études chez Altares interrogé par La Tribune.

 « Depuis la fin 2021, il y a eu une amorce des hausses de défauts dans les entreprises. C’est plus difficile depuis le début de l’année 2022. Cette tendance lourde, qui ne s’est pas démentie en fin d’année 2022, nous embarque sur une trajectoire inconfortable en 2023 », a ajouté Thierry Millon.

Les plus grandes entreprises sont loin d’être épargnées avec une hausse de 28%, mais ce chiffre reste très en deçà de la moyenne nationale (+50%). Sur le front de l’emploi, le nombre d’emplois menacés a bondi à plus de 140.000 l’année dernière, contre moins de 100.000 en 2021.

Les entreprises entament 2023 dans un contexte économique particulièrement dégradé. La plupart des économistes et instituts de conjoncture ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance ces derniers mois et le spectre d’une récession en Europe se renforce de jour en jour.

Projet Réforme Retraites : une économie très théorique de 18 milliards

Projet Réforme Retraites : une économie très théorique de 18 milliards

D’après le gouvernement, la réforme des retraites doit permettre une économie de 18 milliards ( sur un total de 350 milliards de dépenses au total) aussi de créer environ 100 000 emplois. En fait tout dépend de la croissance ( et de la démographie notamment) . En cas de faible croissance voire de récession, les sommes économisées vont peser sur les compte de la sécu et de l’assurance chômage. Faute de travail , les seniors vont migrer vers Pôle emploi et l’assurance maladie. quant au chiffre de 100 000 emplois cela relève davantage du slogan que d’une prévision séreuse. 

Le gouvernement a affirmé  sa volonté « de ramener le système à l’équilibre ». « La France possède l’un des systèmes parmi les plus généreux au monde [...] Mais compte tenu du vieillissement de la population, l’équilibre de ce régime est menacé, » a martelé le ministre de l’Economie devant un parterre de journalistes. Bruno Le Maire poursuit ainsi son récit sur la baisse des dépenses publiques entonné récemment lors de ses vœux aux acteurs du monde économique et à la presse.

Des baisse relatives puisque l’endettement de la France a jusque là fait un nouveau bond en

avant avec un endettement de 115% du PIB, soit 3000 milliards de dette et 50 milliards annuels de charges financières. Notons que certaines dispositions amélioranat un peu certaines dispositions de la réfrme des retraites n’ont pas été chiffrées.

.Pour rappel, le déficit du système de retraites en France est estimé à 13,5 milliards d’euros en 2030 par le gouvernement.

Le recul de l’âge de départ légal de 62 ans à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisations entraînerait des recettes supplémentaires très hypothétiques de l’ordre de 17,7 milliards d’ici à 2030 avec la montée en charge progressive des mesures, selon le ministre de l’Economie.

Sur le plan macroéconomique, cet arsenal de mesures devrait rapporter « un point de produit intérieur brut supplémentaire » à l’horizon 2027 d’après les propos du locataire de Bercy, soit environ 15 milliards d’euros.  « A partir du moment où plus de personnes travaillent, cela fera plus d’activité pour la France et donc plus de cotisations, d’impôts sur le revenu et sur les sociétés supplémentaires, » a-t-il déclaré.

Le gouvernement n’apporte pas de précisions spécifiques en termes de croissance ou d’emplois. Mais le coup de frein de l’activité attendu en 2023 et la hausse prévue du chômage pourraient rapidement rendre caducs les calculs du Trésor.

Sur le front de l’emploi, l’exécutif s’attend à une hausse de l’emploi des seniors âgés de 55 ans à 64 ans de l’ordre de 100.000 d’ici à 2025 et 300.000 d’ici à 2030, selon le modèle utilisé par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Par ailleurs, le taux d’emploi des seniors de plus de 60 ans pourrait bondir de 6 points d’ici à 2030, passant de 35,5% à 41,5%. Mais, là encore, la dégradation de la conjoncture cette année pourrait rendre difficile la tenue de ces objectifs.

En outre, les seniors restent encore largement écartés du marché du travail. Bien que l’exécutif ait fait la promotion de son index des seniors dans les entreprises, il n’est pas certain que cette mesure change radicalement les pratiques de ressources humaines dans le monde du travail.

Lors de sa présentation mardi en fin de journée, le gouvernement a clairement fait l’impasse sur les surcoûts engendrés par la réforme. Le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans va mécaniquement entraîner des dépenses supplémentaires.

En effet, une grande partie des Français ne passent pas directement de l’emploi à la retraite sans bénéficier de dispositifs de solidarité (minima sociaux, pensions d’invalidité), d’assurance-chômage ou des mécanisme d’emploi-retraites. Ainsi, une étude de la direction statistique du ministère de la Santé estime qu’entre un tiers et la moitié des nouveaux retraités ne sont plus en emploi lorsqu’ils liquident leurs droits à la retraite. Ces surcoûts peuvent monter à plusieurs milliards d’euros.

 

SONDAGE Réforme des retraites :Le gouvernement très largement discrédité

SONDAGE Réforme des retraites : Le gouvernement très largement discrédité

Selon un nouveau sondage Elabe-BFM, seul un Français sur quatre (27%) estime qu’il faudrait relever l’âge de départ. Dans le détail, seulement 18% des personnes interrogées souhaitent que celui-ci soit porté à 64 ans et 9% à 65 ans.

A contrario, ils sont 47% à estimer que cet âge légal devrait rester à 62 ans et même 25% à estimer qu’il faudrait l’abaisser.

Au sein de la population active, ils sont même 49% à souhaiter un maintien à 62 ans et 31% à vouloir même un abaissement de cet âge. Les retraités sont quant à eux plus partagés: 48% veulent que cet âge légal de départ soit augmenté et 44% ne veulent pas qu’il soit modifié.

Également interrogés sur le système de retraites actuel, les Français sont une majorité (64%) à le qualifier d’injuste et de financièrement fragile (55%). Ils sont aussi nombreux (72%) à pointer le faible taux d’emploi des seniors.

Ils sont seulement 31% à estimer que cette réforme permettra de faire des économies pour pouvoir financer d’autres dépenses publiques de protection sociale. En outre, ils jugent le moment inopportun pour faire une réforme des retraites en pleine crise du pouvoir d’achat (60%).

Pour une majorité de sondés (52%), la priorité de l’exécutif doit être mise sur le pouvoir d’achat. Ils estiment par ailleurs que l’exécutif doit mettre la réforme des retaites (21%) derrière l’écologie (22%) en termes de priorité d’action dans les prochains mois.

Échantillon de 1005 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 3 au 4 janvier 2023.

Politique-SONDAGE projet de Réforme des retraites :Le gouvernement très largement condamné

Politique-SONDAGE projet de Réforme des retraites :Le gouvernement très largement condamné

Selon un nouveau sondage Elabe-BFM, seul un Français sur quatre (27%) estime qu’il faudrait relever l’âge de départ. Dans le détail, seulement 18% des personnes interrogées souhaitent que celui-ci soit porté à 64 ans et 9% à 65 ans.

A contrario, ils sont 47% à estimer que cet âge légal devrait rester à 62 ans et même 25% à estimer qu’il faudrait l’abaisser.

Au sein de la population active, ils sont même 49% à souhaiter un maintien à 62 ans et 31% à vouloir même un abaissement de cet âge. Les retraités sont quant à eux plus partagés: 48% veulent que cet âge légal de départ soit augmenté et 44% ne veulent pas qu’il soit modifié.

Également interrogés sur le système de retraites actuel, les Français sont une majorité (64%) à le qualifier d’injuste et de financièrement fragile (55%). Ils sont aussi nombreux (72%) à pointer le faible taux d’emploi des seniors.

Ils sont seulement 31% à estimer que cette réforme permettra de faire des économies pour pouvoir financer d’autres dépenses publiques de protection sociale. En outre, ils jugent le moment inopportun pour faire une réforme des retraites en pleine crise du pouvoir d’achat (60%).

Pour une majorité de sondés (52%), la priorité de l’exécutif doit être mise sur le pouvoir d’achat. Ils estiment par ailleurs que l’exécutif doit mettre la réforme des retaites (21%) derrière l’écologie (22%) en termes de priorité d’action dans les prochains mois.

SONDAGE Réforme des retraites : Le gouvernement très largement condamné

SONDAGE Réforme des retraites :Le gouvernement très largement condamné

Selon un nouveau sondage Elabe-BFM, seul un Français sur quatre (27%) estime qu’il faudrait relever l’âge de départ. Dans le détail, seulement 18% des personnes interrogées souhaitent que celui-ci soit porté à 64 ans et 9% à 65 ans.

A contrario, ils sont 47% à estimer que cet âge légal devrait rester à 62 ans et même 25% à estimer qu’il faudrait l’abaisser.

Au sein de la population active, ils sont même 49% à souhaiter un maintien à 62 ans et 31% à vouloir même un abaissement de cet âge. Les retraités sont quant à eux plus partagés: 48% veulent que cet âge légal de départ soit augmenté et 44% ne veulent pas qu’il soit modifié.

Également interrogés sur le système de retraites actuel, les Français sont une majorité (64%) à le qualifier d’injuste et de financièrement fragile (55%). Ils sont aussi nombreux (72%) à pointer le faible taux d’emploi des seniors.

Ils sont seulement 31% à estimer que cette réforme permettra de faire des économies pour pouvoir financer d’autres dépenses publiques de protection sociale. En outre, ils jugent le moment inopportun pour faire une réforme des retraites en pleine crise du pouvoir d’achat (60%).

Pour une majorité de sondés (52%), la priorité de l’exécutif doit être mise sur le pouvoir d’achat. Ils estiment par ailleurs que l’exécutif doit mettre la réforme des retaites (21%) derrière l’écologie (22%) en termes de priorité d’action dans les prochains mois.

Échantillon de 1005 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet du 3 au 4 janvier 2023.

Croissance: La consommation des ménages baisse très fortement

Croissance: La consommation des ménages baisse très fortement


Une chute très significative de la consommation des ménages de 2,8 % sur un mois en octobre ; une évolution qui s’inscrit dans une tendance baissière qui va plomber la croissance en 2023. La consommation des ménages représente environ la moitié de la croissance du pays.En cause, évidemment la très forte diminution du pouvoir d’achat suite à l’envolée de l’inflation. Une baisse du pouvoir d’achat que l’INSEE minimise et estime au maximum à 700 € alors qu’on est autour de 1000 € sur un an en moyenne. En octobre, la consommation alimentaire des ménages diminue (-1,4 %) pour le cinquième mois consécutif. Cette baisse s’explique tant par la diminution de la consommation de produits agro-alimentaires que par la crise de l’énergie. .

Les prix réels de la grande distribution ont augmenté autour de 15 %)

La chute de la consommation des ménages en octobre s’explique « par la forte diminution de la consommation d’énergie » qui a baissé de 7,9 % en raison de « conditions météorologiques particulièrement clémentes », a souligné l’Insee. Mais elle provient aussi d’un recul de 1,7 % des achats de biens fabriqués et de la consommation alimentaire, qui fléchit de 1,4 %, explique l’Institut national de la statistique.(

En septembre, la consommation des ménages avait augmenté de 1,3 %, selon un chiffre révisé à la hausse de 0,1 point de pourcentage. La consommation d’énergie était alors en hausse, tout comme celle de biens fabriqués, alors que celle de biens alimentaires, qui connaissent actuellement une inflation à deux chiffres, baissait pour le mois cinquième mois consécutif.
À lire sur le sujetEn France, l’inflation se stabilise à 6,2 % sur un an en novembre, selon l’Insee

En octobre, le recul de la consommation de biens durables « est lié au recul des dépenses en biens d’équipements, notamment en téléphones, et dans une moindre mesure, à une nette diminution des achats de véhicules neufs », selon l’Insee, qui rapporte aussi une diminution de 4,1 % des dépenses en habillement-textile, après une hausse de 5,1 % en septembre.
Sur un an, par rapport à octobre 2021, la consommation des ménages se replie de 5,9 %, tandis que la hausse des prix à la consommation s’est élevée à 6,2 % sur la même période, rapporte encore l’Institut.

Toujours sur un an, les dépenses d’énergie et de produits raffinés (carburants) baissent de 11,5 % et celles de produits alimentaires de 7,5 %, tandis que la consommation de biens fabriqués baisse de 1,9 %.

Social-Régime des retraites : un déficit très évolutif

Social-Régime des retraites : un déficit très évolutif !

On ne peut nier la crise démographique et les conséquences financière sur le régime de retraite. Reste que les prévisions demeurent très évolutives. En fonction des intentions du pouvoir en place le COR fait varier ses prévisions. Par exemple dans son rapport 2016, le COR prévoyait un retour à l’équilibre du système des retraites pour le milieu des années 2020, mais dans l’édition 2017, il affirme que l’équilibre ne devrait pas être atteint avant le début des années 2040. Subitement aussi en 2019, le comité d’orientation des retraites souligne que le régime enregistrera un déficit de l’ordre de 10 milliards en 2025.En 2022, le comité des retraites accentue encore son pessimisme. On ne sait plus si un véritable équilibre sera trouvé en 2030, 2050 voir plus tard.

Mais le rapport de septembre 2022 est « marqué par de nouvelles hypothèses (…) plus défavorables sur le long terme ». Le COR a notamment revu à la baisse son principal indicateur économique : les « gains de productivité » du travail sont désormais compris dans une fourchette de 0,7% à 1,6% par an, contre 1% à 1,8% précédemment.

Autre source de pessimisme : alors que le gouvernement table sur « une baisse à 5% en 2027″, le COR envisage toujours une « cible » de 7% à long terme. Même en le ramenant à 4,5%, « le déficit serait moindre » mais ne disparaîtrait pas. Ce qui explique en partie le maintien d’un « besoin de financement » à « l’horizon 2070″ dans quatre des huit scénarios envisagés.

D’autres scénarios explorent un avenir plus favorable, le meilleur donnant un système à l’équilibre autour des années 2030. Et si les règles qui régissent les retraites ne changent pas, sur la base d’un accroissement de productivité de 1,6% le « trou » ne devrait être comblé qu’ »au milieu des années 2050″.

De quoi conforter l’idée qu’il faut imposer une réforme paramétrique ( qui porte sur les critère et les modalités pour bénéficier de la retraites ). Trois leviers sont privilégiés pour assurer la pérennité financière des systèmes de retraites : l’âge de départ à la retraite, le niveau des pensions et les cotisations. Ce qui est curieux ce sont ces changements d’évaluation. Pas tellement étonnant finalement car le comité d’orientation est une sorte de cénacle de chapeaux à plumes et non un organisme scientifique indépendant. Dans les prévisions du comité d’orientation des retraites un seul élément est indiscutable savoir le déséquilibre démographique avec plus en plus de retraités est proportionnellement de moins en moins de cotisants. Pour sur le reste, tout dépend d’une part de la croissance ( donc du nombre de cotisants ) , du niveau des retraites et des modalités de financement.

Depuis des années, le niveau des retraites baisse du fait de la désindexation. Une autre solution envisagée est le report de la réelle de la retraite soit par exemple en allongeant les annuités, soit en décalant l’âge, soit en créant ce qu’on appelle un âge pivot qui revient à repousser l’âge d’une retraite entière. Ce que propose justement le Medef.

En reprenant à son compte le concept de l’âge pivot, le Medef demande tout simplement de reporter l’âge effectif de la retraite. En effet l’âge pivot était un artifice pour allonger la durée de cotisation qui pourrait ainsi passer de 62 ans à 63 ou 64 pour une retraite pleine. L’âge légal demeurerait à 62 ans mais ceux qui la prendraient à cet âge-là subirait une baisse de pension. Une proposition d’ordre budgétaire qu’on peut comprendre sinon admettre en l’état des perspectives financières financiers mais qui va complètement à l’encontre du concept de retraite à points; la retraite à points doit en effet autoriser les retraités à prendre leur retraite à l’âge qu’ils souhaitent parenthèse (avec un minimum). Le Medef sent sans doute que la réforme des retraites à caractère universel à plus en plus de plomb dans l’aile. Ce qui est en question c’est de savoir si elle s’appliquera en 2025, 2035 ….ou 2070 avec la clause grand-père ( âge moyen d’ entrée au travail 23 ans plus 45 ans de cotisations). Le Medef souhaite des mesures budgétaires immédiates et tout simplement un report de l’âge pour une retraite entière . Le Medef conteste d’ailleurs que des mesures budgétaires n’aient pas été prises préalablement à la grande forme envisagée par le gouvernement. “On ne peut pas faire une réforme qui se veut la mère de toutes les réformes (…) en l’asseyant sur un régime qui n’est pas équilibré”, a-t-il dit en conférence de presse. “Il faut une réforme d’équilibre avant de faire une réforme d’équité.”

Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), si rien n’est fait, le déficit du régime des retraites sera compris en 2025 entre 7,9 à 17,2 milliards d’euros, en fonction de la méthode et du scénario de croissance retenus. On peut s’étonner que ce conseil d’orientation ce soir autant trompé dans ses évaluations à moins qu’il ne confonde son rôle comme un service du pouvoir ( ce qu’il est en réalité puisqu’il dépend du Premier ministre) et son rôle d’observatoire économique et statistique indépendant. En clair, le conseil d’orientation des retraites ne sert pas à grand-chose.

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