Archive pour le Tag 'travailleurs'

Les travailleurs immigrés surreprésentés dans les secteurs difficiles

Les travailleurs immigrés surreprésentés dans les secteurs difficiles

Parmi les nombreuses questions soulevées par le projet de loi immigration du gouvernement, l’emploi des travailleurs étrangers en situation irrégulière a fait l’objet de débats animés, y compris au sein des institutions. Le Sénat a ainsi rejeté une proposition visant à pérenniser l’emploi des travailleurs immigrés sans papiers via l’octroi de cartes de séjours d’un an dans les secteurs particulièrement touchés par une pénurie de main-d’œuvre. L’Assemblée nationale avait ensuite réinscrit l’article dans le projet de loi avant que la commission mixte paritaire n’opte pour une version durcie du texte : le préfet du territoire concerné aurait, selon la version adoptée par les deux chambres le mardi 19 décembre au soir, toute latitude pour octroyer ou non les titres en question.

Jérôme Gonnot
Maître de conférences en économie à l’Université catholique de Lille-Espol, Institut catholique de Lille (ICL) dans the Conversation .

Il y a trois ans, la pandémie de Covid-19 soulignait déjà l’importance des travailleurs immigrés dans les secteurs dits « essentiels », au sens de la terminologie européenne, tels que la santé, les transports, ou l’agriculture, indispensable à la résilience des économies. En France, selon une analyse du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), certains métiers essentiels sont en effet très dépendants de la main-d’œuvre immigrée : c’est le cas des agents de propreté et des aides à domicile, mais aussi des médecins hospitaliers.

À l’échelle de l’Union européenne (UE), la France ne constitue pas une exception. Un an avant le début de la crise sanitaire et économique liée au Covid-19, les travailleurs nés à l’étranger, et en particulier les immigrés extracommunautaires, étaient en proportion plus nombreux à travailler dans les métiers essentiels que les natifs dans la plupart des pays de l’UE.

Nous avons tout d’abord comparé la probabilité d’exercer un emploi dans les secteurs essentiels pour des travailleurs natifs et immigrés en tenant compte de plusieurs caractéristiques observables telles que l’âge, le genre, l’expérience professionnelle, le niveau d’éducation et le statut matrimonial. Ces facteurs permettent-ils d’expliquer les différences observées ?

Nos résultats montrent qu’à profil équivalent, les disparités entre immigrés et natifs sont encore largement visibles. Dans près de deux tiers des pays de l’UE la probabilité de travailler dans les secteurs essentiels est plus élevée pour les immigrés que pour les natifs. Cela vaut particulièrement pour l’Italie, le Royaume-Uni (inclus dans notre étude de même que la Suisse et la Norvège) et dans les pays nordiques. Cette probabilité est supérieure de 5 % pour un travailleur immigré en France, et grimpe jusqu’à 12 % en Suède. Le Luxembourg, où cette différence est négative, fait figure d’exception.

Lorsqu’on s’intéresse aux emplois peu qualifiés dans les secteurs essentiels (au sens de l’OCDE), l’écart s’avère encore plus marqué. Les immigrés sont par exemple surreprésentés dans le secteur du nettoyage dans trois quarts des pays de l’étude. Dans d’autres secteurs essentiels comme les transports ou la santé, cette différence est moins marquée mais les immigrés restent surreprésentés dans la moitié des pays, notamment au Royaume-Uni, au Danemark, en Allemagne, en Italie et en Suède.

Si les caractéristiques individuelles ne suffisent pas à expliquer cette surreprésentation, quelles sont les raisons qui conduisent les immigrés à occuper des emplois peu qualifiés dans les secteurs essentiels ? Une des explications plausibles tient dans le désavantage structurel des immigrés sur le marché du travail en raison des obstacles institutionnels, linguistiques, juridiques, ou discriminatoires qu’ils peuvent rencontrer.

Notre étude analyse ainsi la manière dont la surreprésentation des travailleurs nés à l’étranger évolue en fonction de caractéristiques propres aux immigrés et susceptibles d’influencer leur intégration économique.

D’une part, l’âge auquel les travailleurs nés à l’étranger ont émigré est largement corrélé avec leur taux d’emploi. Les immigrés qui émigrent plus jeunes dans leur pays d’accueil bénéficient pour la plupart d’un avantage comparatif dans l’apprentissage de la langue du pays d’accueil et d’un bagage culturel et éducatif plus adapté à leur insertion dans le marché du travail.

À l’exception du Danemark, du Royaume-Uni et de la Suède, nos résultats indiquent que la surreprésentation des immigrés dans les secteurs essentiels touche ainsi exclusivement les immigrés qui ont émigré dans leur pays d’accueil après l’âge de 15 ans.

On sait également que l’éducation et l’expérience professionnelle acquises à l’étranger restent moins valorisées que celles obtenues dans le pays d’accueil. Les immigrés formés à l’étranger ont ainsi plus de risques de se retrouver au chômage ou d’occuper un emploi pour lequel ils sont surqualifiés que les immigrés titulaires d’un diplôme obtenu dans leur pays d’accueil.

À profil équivalent, on n’observe ainsi aucune différence entre les travailleurs nés à l’étranger qui possèdent un diplôme obtenu en Belgique, en France, en Espagne, en Autriche et en Suisse, par rapport aux travailleurs natifs de ces pays. À l’inverse leurs homologues titulaires de diplômes étrangers ont une probabilité beaucoup plus forte de travailler dans les secteurs essentiels.

Enfin, les immigrés originaires de pays membres de l’Union européenne occupent sur le marché de l’emploi des autres pays membres de l’UE des postes assez similaires à ceux des natifs, tandis que les perspectives d’emploi des immigrés extracommunautaires apparaissent nettement inférieures. Cela tient notamment à la discrimination raciale et ethnique dont ils sont victimes et à un statut légal défavorable.

Dans notre étude, le lieu de naissance semble ainsi importer autant que celui de l’obtention du diplôme : la probabilité qu’un immigré né dans un pays de l’UE travaille dans un secteur essentiel est identique à celle d’un natif en Belgique, en Espagne, en Irlande et en Norvège. Elle est plus élevée mais reste nettement inférieure à celle des immigrés extracommunautaires au Royaume-Uni, en Suède, au Danemark et en Allemagne.

Des analyses complémentaires confortent l’hypothèse selon laquelle la surreprésentation des immigrés dans les secteurs essentiels découlerait de la position moins favorable de ces derniers sur le marché du travail.

Cette surreprésentation s’observe ainsi davantage dans les pays où les secteurs essentiels se distinguent par rapport au reste de l’économie nationale par une demande de main-d’œuvre accrue, un nombre significatif d’employés à temps partiel, une recherche active d’emploi, un sentiment élevé de surqualification et un statut professionnel faible, et lorsque la proportion d’employés percevant un salaire inférieur à la médiane de la distribution des revenus y est particulièrement élevée.

Face aux écueils que nous avons identifiés, pénalisant à la fois les pays d’accueil, qui se privent des compétences réelles des immigrés présents sur leur territoire, et les travailleurs immigrés eux-mêmes, la régularisation des travailleurs étrangers en situation irrégulière, envisagée dans la première mouture du projet de loi du gouvernement, n’aurait eu que peu de chances de faire évoluer la situation.

À l’inverse, l’ouverture du statut de fonctionnaires aux non-Européens – comme le propose le collectif de fonctionnaires Le Sens du service public – pourrait par exemple permettre d’améliorer la mobilité professionnelle des travailleurs extracommunautaires et leur insertion sur le marché du travail, avec des bénéfices économiques pour l’ensemble des parties concernées. Une alternative qui semble toutefois hautement improbable après le vote définif du projet de loi immigration par le Parlement mardi 19 décembre.

Bangladesh: la honte sociale, 11 000 travailleurs poursuivis en justice

Bangladesh: la honte sociale, 11 000 travailleurs poursuivis en justice

Le Bangladesh est en train de devenir l’usine textile du monde et va dépasser la Chine dans ce domaine. Cela grâce à une exploitation éhontée des salariés qui gagnent moins de 100 € par mois pour 70 heures de travail par semaine ! D’où la révolte et des grèves mais qui sont durement sanctionnés avec en particulier des arestations, des fermetures d’usines et 11 000 travailleurs poursuivis en justice. C’est cette réalité sociale qui permet aux consommateurs occidentaux d’acheter des blue-jeans à 25 €!

Le comité du salaire minimum du secteur textile a proposé cette semaine une augmentation de 56,25% du salaire mensuel de base des quatre millions d’ouvriers du secteur, le portant à 12.500 takas (104 euros), un montant jugé «ridicule» et aussitôt rejeté par les syndicats. Jeudi, quelque 15.000 ouvriers ont affronté la police sur une autoroute et ont saccagé Tusuka, une importante usine, ainsi qu’une douzaine d’autres.

Les 3500 usines de confection du Bangladesh représentent environ 85% des 55 milliards de dollars d’exportations annuelles du pays, et fournissent de nombreuses grandes marques mondiales, notamment Levi’s, Zara et H&M. Mais les conditions de travail de bon nombre des quatre millions de travailleurs du secteur, dont la grande majorité sont des femmes, sont désastreuses.

Paris 2024 : dix travailleurs sans papiers attaquent des géants du BTP devant les prud’hommes

Paris 2024 : dix travailleurs sans papiers attaquent des géants du BTP devant les prud’hommes

Dix travailleurs sans papiers, ayant travaillé sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris 2024, assignent des géants du BTP devant le conseil de prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), selon les informations de franceinfo mardi 20 juin.

Originaires du Mali ou de République démocratique du Congo, ils vivent en France depuis plusieurs années. Ils demandent des comptes à leurs anciens employeurs directs, huit sociétés sous-traitantes, mais également aux quatre géants du BTP, Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC, les donneurs d’ordre des chantiers sur lesquels ils travaillaient.

« Tout le monde savait que je n’avais pas de papiers. Et c’est Spie Batignolles qui commande sur le chantier », témoigne Moussa, l’un des travailleurs. « Un jour, j’avais mal au genou. J’ai demandé à mon patron si je pouvais prendre un ou deux jours de repos. Il m’a dit : ‘Si tu n’es pas là lundi, tu prends tes affaires’. J’ai dû continuer à travailler malgré la souffrance. La France n’est pas mieux que le Qatar. »

Selon la CGT qui défend ces travailleurs, les entreprises donneuses d’ordre, comme Vinci ou Eiffage, sont responsables, car le code du travail impose aux donneurs d’ordre de contrôler ce qui se passe sur le chantier. « On nous avait promis des chantiers des JO exemplaires, rappelle Richard Bloch, de la CGT. Finalement c’est pire qu’ailleurs, car il y a un impératif politique : il faut que les chantiers soient livrés en temps et en heure. Donc les sociétés mettent en œuvre tous les moyens légaux ou illégaux pour livrer dans les temps. » Le syndicat évalue à une centaine le nombre d’ouvriers dans cette situation. Mais la Solidéo, la Société de livraison des ouvrages olympiques, parle de moins d’une centaine de cas repérés malgré 850 contrôles.

Finances européennes: Critiques de la Cour des Comptes

Finances européennes: Critiques de la Cour des Comptes

L’exécutif de Bruxelles qui a juste titre évalue la gestion de chacun des pays en regard des critères européens et critiquent les pays trop laxistes comme ceux du Sud se trouveà son tour mis en cause par la cour européenne des comptes notamment pour le flou relatif au plan de relance appelée next génération EU.

La Cour des comptes européenne alerte sur la gestion de la dette qui finance le plan de relance Next Generation EU. Elle estime, dans un rapport publié lundi, que «la Commission européenne n’a pas clairement défini ses objectifs». Les auditeurs européens reprochent un manque de transparence, notamment sur la fixation des prix des obligations émises, «convenus oralement entre la Commission et les spécialistes des titres publics». Bruxelles n’aurait ainsi pas «systématiquement documenté les analyses qui ont servi de base aux décisions concernant le prix et l’échéance des obligations syndiquées».

Point positif, la Cour des comptes salue les efforts déployés par Bruxelles pour offrir «un bon niveau de prévisibilité» des financements et la mise au point d’un système pour emprunter «en temps utile»les fonds nécessaires. Elle encourage toutefois l’exécutif européen à adopter, d’ici la fin de l’année, une stratégie«englobant tous les instruments d’emprunt, avec une déclaration claire des objectifs…

Derrière l’IA, les travailleurs exploités du Sud

Derrière l’IA, les travailleurs exploités du Sud

par
Clément Le Ludec
Sociologie du numérique, Télécom Paris – Institut Mines-Télécom

Maxime Cornet
Doctorant en sociologie de l’IA, Télécom Paris – Institut Mines-Télécom dans the Conversation

Il n’y a pas que des robots derrière l’intelligence artificielle (IA) : en bout de chaîne, on trouve souvent des travailleurs des pays du sud. Récemment une enquête du Time révélait que des travailleurs kényans payés moins de trois euros de l’heure étaient chargés de s’assurer que les données utilisées pour entraîner ChatGPT ne comportaient pas de contenu à caractère discriminatoire. Les modèles d’IA ont en effet besoin d’être entraînés, en mobilisant une masse de données extrêmement importante, pour leur apprendre à reconnaître leur environnement et à interagir avec celui-ci. Ces données doivent être collectées, triées, vérifiées et mises en forme. Ces tâches chronophages et peu valorisées sont généralement externalisées par les entreprises technologiques à une foule de travailleurs précaires, généralement situés dans les pays des suds.

Ce travail de la donnée prend plusieurs formes, en fonction des cas d’usage de l’algorithme final, mais il peut s’agir par exemple d’entourer les personnes présentes sur les images capturées par une caméra de vidéosurveillance, pour apprendre à l’algorithme à reconnaître un humain. Ou encore corriger manuellement les erreurs produites par un modèle de traitement automatique de factures.

Nous proposons, à travers une enquête menée entre Paris et Antananarivo, capitale de Madagascar, de nous pencher sur l’identité de ces travailleurs de la donnée, leurs rôles et leurs conditions de travail, et de proposer des pistes pour enrichir les discussions autour de la régulation des systèmes d’IA.

Nos recherches appuient l’hypothèse que le développement de l’intelligence artificielle ne signifie pas la fin de travail due à l’automation, comme certains auteurs l’avancent, mais plutôt son déplacement dans les pays en voie de développement.

Notre étude montre aussi la réalité de « l’IA à la française » : d’un côté, les entreprises technologiques françaises s’appuient sur les services des GAFAM pour accéder à des services d’hébergement de données et de puissance de calcul ; d’un autre côté les activités liées aux données sont réalisées par des travailleurs situés dans les ex-colonies françaises, notamment Madagascar, confirmant alors des logiques déjà anciennes en matière de chaînes d’externalisation. La littérature compare d’ailleurs ce type d’industrie avec le secteur textile et minier.

Un constat initial a guidé notre travail d’enquête : les conditions de production de l’IA restent mal connues. En nous appuyant sur des recherches antérieures sur le « travail numérique » (digital labour), nous avons cherché à comprendre où et comment sont façonnés les algorithmes et les jeux de données nécessaires à leurs entraînements ?

Intégrés au sein du groupe de recherche Digital Platform Labor, notre travail consiste à analyser les relations d’externalisation entre entreprises d’intelligence artificielle françaises et leurs sous-traitants basés dans les pays d’Afrique francophone et à dévoiler les conditions de travail de ces « travailleurs de la donnée » malgaches, devenus essentiels au fonctionnement des systèmes intelligents.

Notre enquête a débuté à Paris en mars 2021. Dans un premier temps, nous avons cherché à comprendre le regard que les entreprises françaises productrices d’IA entretenaient sur ces activités liées au travail de la donnée, et quels étaient les processus mis en œuvre pour assurer la production de jeux de données de qualité suffisante pour entraîner les modèles.

Nous nous sommes ainsi entretenus avec 30 fondateurs et employés opérant dans 22 entreprises parisiennes du secteur. Un résultat a rapidement émergé de ce premier travail de terrain : le travail des données est dans sa majorité externalisé auprès de prestataires situés à Madagascar.

Les raisons de cette concentration des flux d’externalisation vers Madagascar sont multiples et complexes. On peut toutefois mettre en avant le faible coût du travail qualifié, la présence historique du secteur des services aux entreprises sur l’île, et le nombre élevé d’organisations proposant ces services.

Lors d’une seconde partie de l’enquête d’abord menée à distance, puis sur place à Antananarivo, nous nous sommes entretenus avec 147 travailleurs, managers, et dirigeants de 10 entreprises malgaches. Nous avons dans le même temps diffusé un questionnaire auprès de 296 travailleurs des données situés à Madagascar.

Les emplois du numérique : solution précaire pour jeunes urbains éduqués
Dans un premier temps, le terrain révèle que ces travailleurs des données sont intégrés à un secteur plus large de production de service aux entreprises, allant des centres d’appels à la modération de contenu web en passant par les services de rédaction pour l’optimisation de la visibilité des sites sur les moteurs de recherche.

Les données du questionnaire révèlent que ce secteur emploie majoritairement des hommes (68 %), jeunes (87 % ont moins de 34 ans), urbains et éduqués (75 % ont effectué un passage dans l’enseignement supérieur).

Quand ils évoluent au sein de l’économie formelle, ils occupent généralement un poste en CDI. La moindre protection offerte par le droit du travail malgache comparée au droit du travail français, la méconnaissance des textes par les travailleurs, et la faiblesse des corps intermédiaires (syndicats, collectifs) et de la représentation en entreprise accentuent néanmoins la précarité de leur position. Ils gagnent en majorité entre 96 et 126 euros par mois, avec des écarts de salaires significatifs, jusqu’à 8 à 10 fois plus élevés pour les postes de supervision d’équipe, également occupés par des travailleurs malgaches situés sur place.

Ces travailleurs sont situés à l’extrémité d’une longue chaîne d’externalisation, ce qui explique en partie la faiblesse des salaires de ces travailleurs qualifiés, même au regard du contexte malgache.

La production de l’IA implique en effet trois types d’acteurs : les services d’hébergement de données et de puissance de calcul proposés par les GAFAM, les entreprises françaises qui vendent des modèles d’IA et les entreprises qui proposent des services d’annotations de données depuis Madagascar, chaque intermédiaire captant une partie de la valeur produite.

Ces dernières sont de plus généralement très dépendantes de leurs clients français, qui gèrent cette force de travail externalisée de manière quasi directe, avec des postes de management intermédiaire dédiés au sein des start-up parisiennes.

L’occupation de ces postes de direction par des étrangers, soit employés par les entreprises clientes en France, soit par des expatriés sur place, représente un frein important aux possibilités d’évolution de carrière offertes à ces travailleurs, qui restent bloqués dans les échelons inférieurs de la chaîne de valeur.

Des entreprises qui profitent des liens postcoloniaux
Cette industrie profite d’un régime spécifique, les « zones franches », institué en 1989 pour le secteur textile. Dès le début des années 1990, des entreprises françaises s’installent à Madagascar, notamment pour des tâches de numérisation liées au secteur de l’édition. Ces zones, présentes dans de nombreux pays en voie de développement, facilitent l’installation d’investisseurs en prévoyant des exemptions d’impôts et de très faibles taux d’imposition.

Aujourd’hui, sur les 48 entreprises proposant des services numériques dans des zones franches, seulement 9 sont tenues par des Malgaches, contre 26 par des Français. En plus de ces entreprises formelles, le secteur s’est développé autour d’un mécanisme de « sous-traitance en cascade », avec, à la fin de la chaîne des entreprises et entrepreneurs individuels informels, moins bien traités que dans les entreprises formelles, et mobilisés en cas de manque de main-d’œuvre par les entreprises du secteur.

En plus du coût du travail, l’industrie de l’externalisation profite de travailleurs bien formés : la plupart sont allés à l’université et parlent couramment le français, appris à l’école, par Internet et à travers le réseau des Alliances françaises. Cette institution d’apprentissage du français a été initialement créé en 1883 afin de renforcer la colonisation à travers l’extension de l’utilisation de la langue du colonisateur par les populations colonisées.

Ce schéma rappelle ce que le chercheur Jan Padios désigne comme le « colonial recall ». Les anciens pays colonisés disposent de compétences linguistiques et d’une proximité culturelle avec les pays donneurs d’ordres dont bénéficient les entreprises de services.

Rendre visibles les travailleurs de l’intelligence artificielle
Derrière l’explosion récente des projets d’IA commercialisés dans les pays du nord, on retrouve un nombre croissant de travailleurs de la donnée. Alors que la récente controverse autour des « caméras intelligentes », prévues par le projet de loi relatif aux Jeux olympiques de Paris, s’est principalement focalisée sur les risques matière de surveillance généralisée, il nous semble nécessaire de mieux prendre en compte le travail humain indispensable à l’entraînement des modèles, tant il soulève de nouvelles questions relatives aux conditions de travail et au respect de la vie privée.

Rendre visible l’implication de ces travailleurs c’est questionner des chaînes de production mondialisées, bien connues dans l’industrie manufacturière, mais qui existent aussi dans le secteur du numérique. Ces travailleurs étant nécessaires au fonctionnement de nos infrastructures numériques, ils sont les rouages invisibles de nos vies numériques.

C’est aussi rendre visible les conséquences de leur travail sur les modèles. Une partie des biais algorithmiques résident en effet dans le travail des données, pourtant encore largement invisibilisé par les entreprises. Une IA réellement éthique doit donc passer par une éthique du travail de l’IA.

Durée du travail: 10 % les travailleurs français sont à 50 heures (Eurostat)

Durée du travail: 10 % les travailleurs français sont à 50 heures (Eurostat)

Légalement la durée du travail est fixée à 35 heures pour les salariés. Cependant 10 % de cette population effectuent une durée du travail proche de 50 heures. Il s’agit de secteurs à l’activité particulières ( indépendant, agriculture) et où de catégories spécifiques comme certains cadres dont 25 % travaillent près de 10 heures par jour. Si la durée légale de travail en France est de 35 heures par semaine, certains salariés n’hésitent pas à cumuler les heures supplémentaires. Selon une étude Eurostat, 7% des travailleurs européens ont ainsi dépassé en 2022 le seuil des 49 heures par semaine, soit 9h48 par jour (du lundi au vendredi).

Des disparités existent toutefois entre les pays de l’Union européenne. Les salariés grecs atteignent la première place du classement avec 13% d’entre eux qui excèdent 40 heures de travail par semaine. La moyenne est ensuite à 10,2% en France – contre 10% en 2021 – et à 9,7% à Chypre.

L’Italie, le Portugal et la Belgique ont, eux, un taux de 9% de travailleurs franchissant le seuil des 49 heures. L’Espagne et la Suisse les talonnent, à 7% chacun, suivi par l’Allemagne et ses 6%. Les taux les plus bas – et donc les travailleurs réalisant le moins d’heures supplémentaires – se situent en Europe de l’Est, comme en Bulgarie, en Lituanie ou encore en Lettonie.

Situation des tirailleurs sénégalais : une honte pour la république

Situation des tirailleurs sénégalais : une honte pour la république

Les anciens tirailleurs Sénégalais privés de leur retraite militaire constitue une véritable honte pour la république. Les tirailleurs sénégalais qui recrutaient dans toute l’Afrique ont en effet servi le plus souvent de chair à canon lors de la dernière guerre ( et encore davantage lors de la première). Souvent même ils ont été incorporés de force et pendant des dizaines et des dizaines d’années la France est refusée à leur attribuer la retraite qu’ils méritaient notamment aux motifs qu’il n’habitait plus en France. Plus tard, Ces hommes ont combattu pour la France notamment en Indochine et en Algérie mais ont toujours été privés de leur retraite La France a été condamnée par les autorités européennes. Et ce n’est que maintenant alors qu’il ne reste pratiquement plus de soldats africains potentiellement bénéficiaires que l’allocation va être versée même si les intéressés retournent dans leur pays.

Ces hommes, ayant combattu pour la France notamment en Indochine et en Algérie, ont pu retourner au Sénégal en continuant à bénéficier de leur allocation minimum vieillesse de 950 euros par mois. Le gouvernement français leur a accordé une mesure dérogatoire pour leur permettre de terminer leurs retraites dans leur pays d’origine. Une aide exceptionnelle a également financé leur déménagement, leur vol retour et leur réinstallation.

Après un départ à l’aube, les neuf tirailleurs, portant d’élégants costumes ou des tenues traditionnelles en arborant fièrement leurs médailles militaires, ont rencontré le président sénégalais Macky Sall au palais présidentiel. Samedi, ils assisteront à une réception organisée à l’ambassade de France.

Travailleurs pauvres: L’aide de 900 € prolongés de trois mois

Travailleurs pauvres:  L’aide de 900 € prolongés de trois mois

 

Il est clair que la situation sanitaire a particulièrement porté atteinte à la situation sociale des salariés en contrat précaire. L’intérim par exemple s’est complètement écroulé. Du coup, les pouvoirs publics ont décidé de prolonger L’aide exceptionnelle créée en novembre pour garantir un revenu mensuel de 900 euros net a.

 

Cette aide, qui a déjà bénéficié à 400.000 personnes, permet à toutes celles qui ont travaillé au moins 138 jours en CDD ou en intérim (soit plus de 60% du temps de travail annuel) en 2019, mais qui n’ont pas pu travailler suffisamment en 2020 pour recharger leurs droits à l’assurance-chômage du fait de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, de bénéficier d’une garantie de revenu minimum de 900 euros par mois.

Cette aide initialement prévue pour couvrir les mois de novembre, décembre, janvier et février est prolongée pour les mois de mars, avril et mai.

« Plus de 400.000 personnes en ont d’ores et déjà bénéficié au titre des mois de novembre et décembre parmi lesquelles 165.000 jeunes de moins de 30 ans », indique le ministère.

Elle est versée automatiquement par Pôle emploi aux demandeurs d’emploi qui remplissent les critères fixés par un décret du 30 décembre.

Coronavirus : accélérateur de l’atomisation des travailleurs

Coronavirus : accélérateur de l’atomisation des travailleurs 

Dans un entretien au « Monde », la philosophe Fanny Lederlin remet en cause l’indépendance et l’agilité qu’offrirait le travail à distance.

Fanny Lederlin, doctorante en philosophie à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, est l’autrice de l’essai Les Dépossédés de l’open space (PUF, 276 pages, 19,90 euros).

 

Si nous nous sommes mis à télétravailler aussi facilement, c’est d’abord parce que les technologies étaient prêtes. Ensuite, parce que de profondes mutations managériales étaient déjà à l’œuvre, comme l’individualisation du rapport au travail, la déliaison ou la tâcheronisation des travailleurs. L’un des risques majeurs du télétravail réside selon moi dans l’accélération du phénomène d’atomisation des travailleurs, initié depuis les années 1980.

Depuis ce moment-là, les doctrines managériales n’ont eu de cesse que de « casser » les collectifs en individualisant les relations de travail, à commencer par les négociations salariales. Résultat ? Nous n’avons pas eu de difficulté à travailler sans les autres et à réaliser docilement nos tâches, seuls dans nos domiciles. Or cette disparition du travail comme projet commun n’est pas neutre.

Nombre d’entreprises disent préférer des solutions qui font cohabiter un télétravail limité et du présentiel. Cela ne constitue-t-il pas une avancée ?

« Le télétravail pourrait accélérer la délocalisation des services dans les pays où les salaires sont moins élevés »

Les solutions hybrides sont certainement meilleures que le 100 % télétravail. Pour autant, même s’il est limité à deux jours, le télétravail risque de poser des questions très complexes. A l’évidence, la majorité des salariés le perçoit désormais comme un acquis, et même un droit à part entière. Mais comment maintenir la cohésion d’une entreprise si chaque salarié peut choisir son jour de télétravail ?

Au-delà de ces sujets d’organisation, j’ai peur que les salariés qui espèrent y gagner en « bien-être » ne déchantent, car plus qu’une maîtrise entre la vie privée et la vie professionnelle, c’est à une confusion des deux que le télétravail aboutit, et même à une invasion du travail dans le domicile. En fait, les promesses d’indépendance et d’agilité relèvent de la rhétorique des plates-formes digitales. Loin de ces beaux discours, le télétravail pourrait en fait accélérer la délocalisation des services dans les pays où les salaires sont moins élevés, à l’image de celle que l’on a connue dans l’industrie.

 

Les travailleurs détachés sous surveillance

Les travailleurs détachés sous surveillance

 

“La persistance d’un recours massif au travail détaché dans certains secteurs est incompréhensible dans une période de fort chômage. Il n’est pas question que le plan de relance se fasse avec des travailleurs détachés !”, prévient la ministre dans un entretien publié dans l’édition de mardi des Echos.

“Nous allons (…) prendre le problème à bras-le-corps avec les partenaires sociaux, en s’attaquant à ses causes, branche par branche, pour élaborer d’ici à décembre des plans de diminution du travail détaché”, explique-t-elle.

“Il faut que chacun prenne ses responsabilités”, a-t-elle ajouté mardi matin sur RTL, en appelant les différents secteurs à s’organiser pour former des jeunes et des demandeurs d’emploi.

Dans le cadre du plan de relance, “on va former nos concitoyens aux métiers de demain (…) aux compétences dont on a besoin, dont on aura besoin et du coup (ça) permettr(a) aussi de limiter le recours au travail détaché”, a-t-elle noté.

Le nombre d’inscrits à Pôle emploi tenus de rechercher un emploi – qui recouvre les demandeurs d’emploi relevant des catégorie A (chômeur n’exerçant aucune activité) mais aussi B et C (chômeur exerçant une activité réduite) – a atteint un record fin juin, à 6,157 millions.

“On ne retrouvera pas le niveau de chômage d’avant la crise avant plusieurs trimestres”, souligne Elisabeth Borne dans Les Echos, en annonçant que l’objectif du gouvernement est désormais “de surmonter la crise et de garder dans le viseur celui du plein-emploi en 2025”.

Avant cette crise sanitaire, ce retour au plein-emploi, caractérisé par un taux de chômage à 7%, était prévu pour 2022.

Coronavirus : “travailleurs du « front” davantage touchés »

Coronavirus  : “travailleurs du « front” davantage touchés »

 

Dominique Méda, sociologue ,se fonde sur une étude britannique pour montrer que la surmortalité liée au Covid-19 touche d’abord les travailleurs des soins à la personne, du transport et de la vente, ( Le Monde)

Chronique

 

On sait que l’âge joue un rôle aggravant dans l’exposition à l’épidémie de Covid-19. Mais dans quelle mesure les conditions de vie et d’emploi en jouent-elles un ? Les données de l’Insee sur la Seine-Saint-Denis ont montré que ce département, dont la population est plus jeune que la moyenne, présente néanmoins un record de surmortalité : on y a recensé 130 % de décès en plus entre le 1er mars et le 27 avril par rapport à la même période en 2019.

Cette population connaît également un taux de pauvreté élevé et une forte proportion de travailleurs qui, prenant tous les jours les transports en commun, exercent des métiers dits, depuis le début de la crise sanitaire, « de première ligne ». On sait aussi qu’il existe des liens étroits entre pauvreté, conditions de vie médiocres et mauvaises conditions d’emploi. Mais peut-on aller plus loin : certains métiers présentent-ils plus de risques d’être touchés par le Covid-19 que d’autres, et pourquoi ?

Aux Etats-Unis, le profil démographique des travailleurs « de première ligne » (vente, transports publics, chauffeurs, entrepôts, services postaux, entretien, métiers du soin, travailleurs sociaux) a permis de mettre en évidence la prédominance des femmes, notamment dans les métiers du soin, du social et de la vente, ou encore la surreprésentation des personnes de couleur et touchant des salaires bas (« A Basic Demographic Profile of Workers in Frontline Industries », Hye Jin Rho, Hayley Brown, Shawn Fremstad, Center for Economic and Policy Research, 7 avril 2020). Mais cette étude ne présente pas de données sur la contamination ou la mortalité par Covid-19.

En revanche, l’équivalent britannique de l’Insee, l’Office for National Statistics (ONS), a exploité les données de mortalité par le Covid-19 (« Coronavirus (Covid-19) Roundup ») sous l’angle socioprofessionnel. L’une de ses études analyse les 2 494 décès impliquant le coronavirus intervenus entre le 9 mars et le 20 avril dans la population en âge de travailler (20-64 ans) en Angleterre et au Pays de Galles. La profession étant indiquée sur le certificat de décès, on peut comparer la composition socioprofessionnelle des personnes décédées du Covid-19 à celle de l’ensemble des personnes décédées du même âge et du même sexe.

Les plus forts taux de surmortalité concernent en premier lieu les travailleurs des métiers du soin à la personne (hors travailleurs de la santé, car les médecins et infirmières n’ont pas enregistré de surmortalité), suivis des chauffeurs de taxi et d’autobus, des chefs cuisiniers et des assistants de vente et de détail ; autrement dit, ceux que l’ONS décrits comme les « key workers », les « travailleurs essentiels ». L’ONS a aussi montré la plus forte probabilité pour les non-Blancs de décéder du coronavirus, en partie explicable par des facteurs socio-économiques.

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Retour des travailleurs saisonniers

Retour des travailleurs saisonniers

 

100 000 postes de travailleurs saisonniers seront nécessaires au mois de mai. Ils pourront en partie être comblés par la venue d’étrangers en provenance de l’union européenne. La réglementation sera adaptée en conséquence notamment au plan de l’hygiène- Les travailleurs saisonniers en provenance de l’Union européenne vont être autorisés à venir travailler en France sous réserve d’un contrat de travail et du respect des mesures de protection sanitaire face à l’épidémie de coronavirus, a annoncé mardi Didier Guillaume.

“L’agriculture française a besoin de beaucoup de main d’oeuvre saisonnière, c’était 40.000 à 50.000 salariés au mois d’avril, c’est 100.000 à partir de ce mois-ci et c’est un vrai problème”, a souligné le ministre français de l’Agriculture lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

“Dans les jours qui viennent, la main d’oeuvre étrangère pourra être là avec des garanties de sécurité qui permettra à l’agriculture française de se développer et de vendre ses produits”, a-t-il annoncé. “Le Premier ministre a arbitré cela hier (lundi) et l’instruction va être publique demain (mercredi).”

Sous réserve de la question de la prévention sanitaire, “un guide de bonnes pratiques pour le travail et un guide de bonnes pratiques pour l’hébergement vont être mis en place”, a-t-il ajouté. “Sous ces réserves il y aura la possibilité pour des travailleurs de main d’oeuvre étrangère dans l’Union européenne de venir en France travailler s’ils ont un contrat de travail”.

Cette annonce était une demande de la FNSEA, le principal syndicat agricole, qui avait appelé l’exécutif à autoriser dès le 11 mai, date de début du déconfinement progressif, à laisser entrer les saisonniers européens sur son sol.

A l’approche du début des récoltes de melons et de fruits à noyau, l’enjeu est de taille pour les agriculteurs français qui dépendent fortement des travailleurs étrangers qui représentent selon la FNSEA entre un tiers et la moitié de la main d’oeuvre saisonnière” agricole dans l’Hexagone.

Travailleurs de la santé:  » pas des décorations mais des salaires décents »

Travailleurs de la santé:    » pas des décorations mais des salaires décents »

Dans une interview du JDD, Hugo Huon, président du collectif Inter Urgences, estime que les décorations et les cérémonies officielles sont un contre-feu pour « masquer le fait que des moyens ne sont pas débloqués », un fâcheux symbole. Il réclame un plan massif d’investissement pour les hôpitaux.

Comment réagissez-vous à l’annonce de l’organisation d’un hommage aux soignants le 14 juillet?

Quelle idée hors sol! Comme la population soutient les soignants, le gouvernement cherche à accéder à une forme de reconnaissance en les honorant. C’est un geste qui ne coûte rien… La majorité des infirmiers et des aides-soignants se fichent de ces honneurs. Ce que nous réclamons depuis plus d’un an, ce ne sont pas des décorations ni des primes mais des salaires décents et des moyens, en lits notamment, pour les hôpitaux.

La confirmation faite par le gouvernement du versement d’une prime aux soignants fin mai ou juin, n’est-ce pas tout de même un bon début?

Nous ne demandons pas une prime mais une évolution des traitements pour que les équipes à l’hôpital deviennent plus stables, que la qualité des soins s’améliore. Le système de prime ne résout rien. Le 25 mars, à Mulhouse, Emmanuel Macron a promis « un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières ». Olivier Véran a lui aussi promis, dans un communiqué daté du 15 avril, une revalorisation des métiers et des rémunérations. Or les discussions n’ont toujours pas été ouvertes sur ce sujet-là. Les deux collectifs Inter Urgences et Inter Hôpitaux n’en ont toujours pas discuté avec le ministre de la Santé ou son cabinet.

En pleine crise du coronavirus, le temps est sans doute compté…

Le gouvernement continue à faire passer les dépenses publiques avant la santé des patients. Ce silence sur les rémunérations nous semble tellement absurde, ça nous met dans une telle colère froide que nous nous apprêtons à relancer la mobilisation à partir de la semaine prochaine. Il faut un cap pour les soignants, sinon ils vont finir par perdre le sens. Pourquoi pas organiser une grande manif à Paris le 14 juillet? Ça, ça serait un beau symbole…

Après le Conseil des ministres mercredi, la porte-parole Sibeth Ndiaye a déclaré qu’une « médaille de l’engagement face aux épidémies » serait « réactivée », afin de « récompenser les personnes qui se sont dévouées pendant la crise du Covid-19″, notamment le personnel soignant. « Elle pourra être décernée à titre individuel ou collectif et fera l’objet prochainement d’un décret qui la réactualisera », a-t-elle expliqué.

Cette médaille avait été créée suite à l’épidémie de choléra de 1884. Le décret, signé le 31 mars 1885 par le président de la République de l’époque, Jules Grévy, avait été publié au Journal officiel en date du 8 avril de la même année (disponible ici sur le site de la BNF). « Des médailles d’honneur peuvent être décernées par le ministre du commerce aux personnes qui se sont particulièrement signalées par leur dévouement pendant des maladies épidémiques », peut-on y lire dans son article premier. Initialement distribuée par le ministère du Commerce, cette médaille sera ensuite attribuée par d’autres comme l’Intérieur, l’Hygiène ou la Guerre, via de nouveaux décrets dans les années qui ont suivi. Cette récompense avait disparu au début des années 1960.

 

Chine: des travailleurs prisonniers ouïghours au service des multinationales

Chine: des travailleurs prisonniers ouïghours au service des multinationales

La dictature communiste chinoise se rapproche de plus en plus du modèle maoïste  avec d’une part son système dévaluation civique de chaque citoyen,  d’autre part la répression de tous les opposants. Par exemple ,  d’après des organisations de défense des droits de l’homme, plus d’un million de musulmans sont détenus au Xinjiang dans des camps de rééducation politique.

Pékin récuse ce chiffre et évoque des « centres de formation professionnelle » destinés à lutter contre la radicalisation islamiste, en réaction à une série d’attentats sanglants attribués ces dernières années à des militants ouïghours. En fait des usines sous traitantes de multinationales.

La France avait la Chine à cesser ses « détentions arbitraires de masse » au Xinjiang (nord-ouest), où plus d’un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure, seraient détenus dans ce que Pékin présente comme des « centres de formation professionnelle ».

« Nous invitons la Chine, outre la fermeture des camps d’internement, à inviter la Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme (de l’ONU, Michelle Bachelet) et les experts des procédures spéciales dans les meilleurs délais afin de rendre compte de manière impartiale de la situation », a ajouté le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Une nouvelle fuite de documents officiels chinois a jeté une lumière crue sur les « centres de formation professionnelle » où seraient détenus plus d’un million de musulmans. Ces documents, obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et publiés dimanche par 17 organes de presse à travers le monde, détaillent les règlements draconiens régissant les sites de détention installés au Xinjiang, vaste région du nord-ouest de la Chine à majorité musulmane.

 

Selon  l’Institut australien de stratégie politique (Aspi), organisme de réflexion créé par le gouvernement australien, depuis 2017, plus de 80.000 Ouïgours ont été transférés dans des usines «appartenant aux chaînes d’approvisionnement de 83 marques connues mondialement».

«Des usines recourent au travail forcé des Ouïgours dans le cadre d’un mécanisme de transfert encadré par l’État chinois», explique l’institut. Des sociétés américaines, japonaises, coréennes, européennes ou chinoises sont concernées, dans les secteurs de «la technologie, du textile et de l’automobile».

Le rapport Aspi identifie une trentaine d’usines où les ouvriers ouïgours transférés vivent dans «des dortoirs séparés, suivent des cours de mandarin et d’idéologie en dehors des heures de travail. Sujets à une surveillance constante,

 

 

 

Inégalités Royaume-Uni : moins de chômage mais les travailleurs de plus en plus pauvres

Inégalités Royaume-Uni : moins de chômage mais les travailleurs de plus en plus pauvres

 

 

On se félicite souvent du faible  taux de chômage en Grande-Bretagne. Un taux exceptionnellement  bas de l’ordre de  4 % et cela en dépit de l’affaiblissement de l’activité. Une sorte de miracle en quelque sorte mais un miracle qui s’explique par le caractère de plus en plus précaire de certains salariés. En effet, la pauvreté touche 14 millions de personnes au Royaume-Uni et augmente chez les travailleurs, les enfants et les retraités, relève une étude publiée vendredi. Ce constat de la fondation Joseph Rowntree tranche avec les chiffres officiels qui font état d’un taux de chômage sous les 4%, au plus bas en 45 ans malgré le ralentissement de l’activité économique sur fond de Brexit.

Le rapport montre que nombre de travailleurs s’appauvrissent parce que leur rémunération et le nombre d’heures travaillées ne sont pas suffisants pour subsister. Les emplois précaires sont le revers de la médaille d’un taux de chômage au plus bas, comme l’illustre le recours croissant aux contrats précaires tels que les contrats «zéro heure», qui ne garantissent aucun minimum horaire. Au total, la moitié des individus touchés par la pauvreté vivent dans une famille de travailleurs, contre 39% il y a 20 ans.

Quelque 4 millions d’enfants et 2 millions de retraités vivent dans le dénuement, soit une hausse respective de 400.000 et 300.000 personnes au cours des cinq dernières années. Les taux de pauvreté les plus élevés se trouvent à Londres, dans le nord et le centre de l’Angleterre, ainsi qu’au Pays de Galles. Ils sont les plus faibles dans le sud de l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande du Nord. Selon les critères retenus par l’étude, une famille est considérée comme pauvre quand son revenu est inférieur de plus de 60% au revenu médian d’une famille similaire, une fois pris en compte le prix de l’immobilier.

La fondation Joseph Rowntree appelle le gouvernement à agir pour améliorer la sécurité et la qualité de l’emploi. Elle explique que les aides sociales sont absolument essentielles pour lutter contre la pauvreté, tout comme le fait de rendre le logement plus abordable. De son côté, la confédération syndicale TUC a appelé les pouvoirs publics à en finir avec les emplois les plus précaires. «Les contrats zéro heure doivent être interdits et le salaire minimum doit atteindre immédiatement au moins 10 livres de l’heure», selon sa secrétaire générale Frances O’Grady.

Le gouvernement, qui va porter le salaire minimum à 8,72 livres l’heure à partir d’avril, martèle quant à lui que la lutte contre la pauvreté reste une priorité. «Nous savons qu’avoir un emploi est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté (…). Les salaires augmentent plus que l’inflation et l’extrême pauvreté est plus faible qu’en 2010», assure un porte-parole du ministère du Travail.

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