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Temps de travail : plus de 55 heures par semaine menace la santé

Temps de travail : plus de 55 heures par semaine menace la santé

 

 «Travailler 55 heures ou plus par semaine représente un grave danger pour la santé», déclare Dr Maria Neira, directrice du Département environnement, changement climatique et santé à l’OMS et selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT) publiée lundi 17 mai.

Notons qu’en France la durée légale est de 35 heures et la durée moyenne de 36,4. Le temps de travail des professions libérales, des commerçants notamment est plus proche des 60 heures.

L’étude conclut que le fait de travailler 55 heures ou plus par semaine est associé à une hausse estimée de 35% du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de 17% du risque de mourir d’une cardiopathie ischémique par rapport à des horaires de 35 à 40 heures de travail par semaine.

L’OMS et l’OIT estiment qu’en 2016, 398.000 personnes sont mortes d’un AVC et 347.000 d’une maladie cardiaque pour avoir travaillé au moins 55 heures par semaine. Entre 2000 et 2016, le nombre de décès dus à des cardiopathies liées aux longues heures de travail a ainsi augmenté de 42%, un chiffre qui s’établit à 19 % pour les AVC. La plupart des décès enregistrés concernaient des personnes âgées de 60 à 79 ans, qui avaient travaillé pendant 55 heures ou plus par semaine lorsqu’elles avaient entre 45 et 74 ans.

Le  nombre de personnes travaillant de longues heures est en augmentation. Il représente actuellement 9% du total de la population mondiale.

Revenu universel et travail

 

 

Jean Latreille, Professeur agrégé de sciences économiques et sociales  explique, dans une tribune au « Monde », que le revenu universel devra rémunérer une gigantesque quantité de tâches indispensables au sauvetage de la planète, et espère que les gens se détournent des activités marchandes uniquement créatrices de profit.

 

Tribune.

 

 C’est officiel : le revenu universel (RU) n’est plus un gadget socialiste. La preuve : The Economist, le très distingué hebdomadaire britannique, en a fait la « une » de son édition du 2 mars (traduit dans Courrier international n° 1588, 8 au 14 avril 2021). Les « indemnités Covid », très largement versées dans les pays riches, l’ont remis pour quelque temps à l’agenda politique.

Projet utopique pour les uns, cauchemar pour les autres, les adversaires du RU tournent leurs regards depuis l’origine dans la même direction : vers le « surfeur de Malibu » ! C’est avec cette figure emblématique du parasite social américain que John Rawls, philosophe de la justice sociale, avait interpellé son jeune collègue belge Philippe Van Parijs, farouche défenseur du revenu universel. La question posée était la suivante : le RU va-t-il détourner de la saine obligation de travail rémunéré des cohortes entières d’enfants gâtés de la société de consommation en leur permettant de sauter sur l’occasion pour ne plus jamais rien faire d’utile socialement ?

Car le système marchand est fait pour que l’on travaille pour lui à plein temps. C’est à cette obligation que Margaret Thatcher (1925-2013) [première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990] faisait allusion en rappelant aux chômeurs les paroles de saint Paul : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. » Cette injonction au travail était odieuse de la part de quelqu’un qui pensait que le chômage est toujours volontaire, et qu’il ne pouvait être que la conséquence de la volonté individuelle de crever joyeusement de faim plutôt que de travailler.

En fait, le système marchand et le marché du travail rémunéré ne nous ont jamais laissé d’autre choix que de participer au grand cirque des créations de valeurs prédatrices de ressources et destructrices du climat. Ce fut notre malédiction. Et cela pourrait rester celle des générations à venir si l’on ne faisait rien pour changer les règles du jeu.

Or, l’une des règles les plus importantes du jeu économique – augmenter les ressources de l’efficacité productive – est en passe de changer inexorablement. Si nous voulons éviter la catastrophe climatique, nous devrions réduire l’usage des ressources fossiles au maximum. Avec cette conséquence automatique : la productivité du système va connaître une lente et inexorable décrue.

La science économique ne s’appuie pas sur un grand nombre de lois, mais il en est une qui est incontestable : quand la productivité diminue, le travail augmente. C’est pour cela que le revenu universel ne nous fera pas moins travailler. Il nous faudra au contraire travailler plus, en sachant être innovants pour rendre le travail enfin agréable, et en nous appuyant sur les low-tech. La réduction nécessaire et inévitable de la productivité qui nous attend, avec la mise au placard des énergies fossiles, va nécessiter une mobilisation inédite et inattendue, en réalité, de nos forces vives, désireuses de manger et de vivre bien, et prêtes pour y parvenir à « mettre la main à la pâte ».

Uber : le ministre américain du travail pour le statut de salarié

  • Uber  : le ministre américain du travail pour le statut de salarié

 

Curieusement la proposition ne vient pas de France mais des États-Unis. En France au contraire, un groupe de travail officiel présidé par l’ancien président de la SNCF sur les perspectives de développement de l’emploi préconise le développement de l’entreprenariat.

 

À noter aussi que dans quelques pays les contrats Uber ont été requalifiés par la justice. «Dans de nombreux cas, les travailleurs à la tâche devraient être classifiés comme des salariés», a affirmé Marty Walsh, ministre du travail américain dans des propos confirmés à l’AFP.

«Dans certains cas, ils sont traités respectueusement, dans d’autres ils ne le sont pas et je pense qu’il faut de la cohérence à tous les niveaux», a-t-il poursuivi. «Ces boîtes dégagent des profits et des revenus et je ne leur en fais pas grief, car c’est un principe fondamental aux États-Unis. Mais on veut aussi s’assurer que ce succès ruisselle jusqu’aux travailleurs.»

 

Il serait évidemment intéressant d’entendre la ministre du travail française s’exprimer sur le sujet !

 

Terrorisme : la justice a fait son travail (Evelyne Sire-Marin)

Terrorisme : la justice a fait son travail  (Evelyne Sire-Marin)

 

Ancienne juge d’instruction et juge des tutelles, Evelyne Sire-Marin a été présidente de chambre à la cour d’appel de Versailles et présidente du Syndicat de la magistrature elle défend la posture actuelle de la justice.

 

Au lendemain de l’attentat de Rambouillet, Xavier Bertrand propose une peine de cinquante ans de prison pour tout condamné pour terrorisme, assortie d’une période de sûreté – empêchant toute sortie anticipée – elle aussi portée à cinquante ans. Est-ce réalisable ?

Ce qu’on appelle terrorisme couvre des infractions extrêmement diverses, de l’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, sans acte matériel ni participation active, au crime terroriste lui-même qui débouche sur la réclusion à perpétuité. Un individu qui apporte un soutien sans être poseur de bombe encourt trente ans de réclusion. Le Code pénal prévoit une échelle des peines très lourde, avec une période de sûreté allant jusqu’à trente ans, voire une perpétuité incompressible. Créer une peine de cinquante ans pour tout « condamné pour terrorisme », c’est nier l’existence du juge. La fonction de juger consiste à apprécier les faits, puis à prononcer une peine adaptée à la gravité des faits et à la personnalité de l’auteur.

Après le procès de Viry-Châtillon, la droite a relancé le débat sur la systématisation des peines. Xavier Bertrand propose une peine de prison automatique d’un an pour tout agresseur d’un policier, d’un gendarme ou d’un maire…

Dans cette affaire des policiers brûlés au cocktail Molotov en 2016, la justice populaire, avec neuf jurés, a acquitté en appel huit personnes sur les 13 prévenus. Les cinq autres ont écopé de la réclusion criminelle, jusqu’à dix-huit ans. Si des prévenus ont été acquittés, c’est parce qu’il n’y avait pas de preuve pour les sanctionner. Le droit de la preuve et la présomption d’innocence sont des principes fondamentaux de la justice depuis la Révolution française. Si on les remet en cause, cela revient à dire qu’en fonction de la qualité de la victime (ici, des policiers), il faut enfermer d’office. C’est très dangereux. A cela, s’ajoute l’idée d’automaticité, qui s’oppose au principe constitutionnel de l’individualisation des peines qui permet d’adapter la sanction. La surenchère politique nourrit l’idée que la justice ne fait pas son boulot.

Justement, la justice est sous le feu des critiques dans l’affaire du meurtre antisémite de Sarah Halimi, dans laquelle l’auteur a été déclaré irresponsable pénalement…

On a le droit de critiquer une décision de justice et on comprend que ce crime antisémite suscite une immense émotion. Ce qui est inquiétant, c’est que la récupération politique tord les faits : on entend qu’un meurtrier peut fumer du cannabis pour s’exonérer de sa responsabilité. C’est faux. L’arrêt de la Cour de cassation dit que le trouble mental était là : la prise de drogue par Kobili Traoré n’a fait « qu’aggraver le processus psychotique déjà amorcé ». Trois collèges d’expert ont conclu à l’abolition du discernement. Il a été déclaré irresponsable parce que la loi ne prévoit pas d’exception si la « bouffée délirante » a pour origine la prise de substances. La chambre d’instruction a reconnu à la fois sa culpabilité et la dimension antisémite du crime. Il est enfermé dans une unité psychiatrique de nature pénitentiaire et ne va pas en sortir de sitôt, les hospitalisations de malades mentaux criminels étant souvent plus longues que la peine encourue aux assises. La prison n’est pas faite pour soigner ou garder des fous dangereux ; elle est faite pour que des personnes comprennent leur peine et s’amendent. Là encore, c’est un principe fondamental de la justice en démocratie.

Malgré tout, les pourfendeurs de cette décision estiment que l’auteur avait assez de discernement pour commettre un meurtre antisémite…

Oui, il a choisi sa victime, parce que la maladie mentale reflète la société. Le trouble psychotique se fixe sur une catégorie : une figure de l’autorité comme le chef de l’Etat, un groupe comme les juifs ou les femmes, un membre de la famille… J’ai eu à juger une affaire où une mère avait égorgé son fils de quatre ans, parce qu’elle pensait qu’il y avait un démon dans le corps de son petit garçon. Elle a été déclarée irresponsable pénalement et internée. Quand j’étais juge d’instruction à Créteil, un jeune homme souffrant de troubles bipolaires et fumant du cannabis a commis un crime monstrueux contre son père, parce qu’il s’était pris toute une nuit pour un gladiateur. On peut faire une nouvelle loi sur la responsabilité pénale, mais cela ne changera rien : il faudra toujours des experts psychiatriques qui évaluent si la personne souffre de troubles mentaux, si elle a pris des substances dans le but d’altérer son discernement et si cette drogue a bien été responsable d’une bouffée délirante au moment des faits.

La folie est-elle assez bien appréhendée par la justice ?

Sur 16 000 ordonnances renvoyant des personnes devant des tribunaux, seules 44 déclaraient l’irresponsabilité pénale en 2019. Les victimes peuvent faire appel devant la chambre de l’instruction pour qu’il y ait un procès, comme dans l’affaire Halimi. J’ai présidé des audiences dans lesquelles les prévenus avaient des troubles mentaux ; ils s’avèrent incapables de répondre aux questions, se montrent mutiques ou incohérents. La justice n’en tire rien et la victime en sort anéantie.

Etats généraux de la laïcité: un énorme travail de pédagogie estime Caroline Fourest

Etats généraux de la laïcité: un énorme travail de pédagogie estime Caroline Fourest

 

 

L’essayiste et éditorialiste Caroline Fourest, qui participera aux Etats généraux de la laïcité annoncés par la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa juge qu’il y a « encore beaucoup de malentendus empoisonnés qui font des dégâts terribles parmi les jeunes ».

« Il reste une immense pédagogie à faire », a estimé dimanche 18 avril sur franceinfo l’essayiste et éditorialiste Caroline Fourest, alors que la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a annoncé la tenue d’ »Etats généraux de la laïcité » qui donneront notamment lieu à une « grande consultation » auprès des jeunes. Caroline Fourest, qui participera à ces Etats généraux juge qu’il y a « encore beaucoup de malentendus empoisonnés qui font des dégâts terribles parmi les jeunes ».

 

Qu’attendez-vous de ces états généraux de la laïcité ?

Caroline Fourest : La laïcité, c’est un débat permanent, mais c’est un débat où il y a encore beaucoup de malentendus empoisonnés qui font des dégâts terribles parmi les jeunes. Regardez les sondages. Plus de la moitié des jeunes pensent que critiquer les religions, c’est être raciste et quelque chose qu’il faut condamner. Après tous les meurtres que nous avons subi, voir que la jeunesse déserte la défense de la liberté d’expression et la laïcité, c’est très inquiétant. Donc, cette pédagogie reste à faire. C’est ça l’objet. On a bien fait tout ce qu’il fallait faire du point de vue législatif. Mais il reste une immense pédagogie à faire.

Est-ce que cette annonce d’Etats généraux n’est que de la communication, comme l’a laissé entendre le chercheur Patrick Weil ?

Cela ne m’intéresse pas tellement ce genre de débat. Ce dont on est en train de parler est trop grave, trop sérieux, pour savoir si, faire des Etats généraux pour expliquer la laïcité, il faut le faire avant ou après un projet législatif. Tout va dans le même sens. Ce qui m’intéresse, c’est de voir des politiques qui ne font justement pas que du répressif, mais qui s’attellent enfin à faire aussi de la pédagogie et de la formation. La suite, c’est notamment une administration de la laïcité qui va permettre de mettre des moyens pour que, par exemple, les référents laïcité qui ont été créés il y a quelques années dans les différents établissements scolaires reçoivent une formation qui leur permette de faire face à tous les discours empoisonnés qu’ils vivent et qu’ils subissent. Cela veut dire former tous les fonctionnaires qui sont aussi des premières lignes sur ces sujets qui sont souvent piégés, qui sont souvent difficiles, où il y a face à eux des gens de très grande mauvaise foi. Je suis contente qu’on passe à cette étape. J’ai envie de dire enfin.

Vous souhaiteriez qu’il y a ait des interventions dans les écoles, pour former les professeurs notamment ?

Il y a des sentinelles qui ont été imaginés il y a quelques années. Moi-même, cela m’arrive souvent de faire ce type d’interventions. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Ce que je souhaite surtout, c’est qu’on envoie enfin des hussards de la République, c’est à dire des gens bien formés qui ont les esprits bien clairs sur ces questions, parce qu’on a perdu beaucoup de temps dans ce domaine. C’est le débat qu’on a eu autour de l’Observatoire de la laïcité qui n’est pas souvent compris. On a perdu huit ans dans ce pays à cause d’un observatoire qui n’a rien observé, qui n’a fait au contraire que mener des polémiques contre les laïcs au lieu d’essayer de mener des politiques de vigilance contre les adversaires de la laïcité avec lesquels il a bien souvent collaboré. C’est ça qui m’inquiète.

Quand la République se tire des balles dans le pied, quand elle perd huit ans à nommer des gens au mauvais poste, qui n’ont pas les compétences, qui n’ont pas l’appétit d’être vigilants sur des sujets aussi importants, on perd du temps. Et on le voit dans les études auprès de la jeunesse. On a envoyé des associations, notamment Coexister par exemple, qui célèbrent la Journée du hidjab et qui soutient BarakaCity, une association salafiste qui raye les femmes de son site Internet. On a envoyé ce genre d’associations expliquer la laïcité auprès des jeunes. C’est normal qu’ils ne la comprennent pas.

Quelle est la définition de la laïcité pour les jeunes ?

Ils ont été très travaillés au corps depuis 2004 par des réseaux intégristes qui leur ont expliqué qu’en fait, la laïcité, c’était islamophobe. Donc c’est tout cela qu’il faut arriver à défaire. C’est aussi pour cela que je fais partie des laïques qui ne veulent pas aller plus loin dans le répressif, qui ne veulent pas aller jusqu’à interdire ni le voile dans la rue, ni les accompagnantes scolaires voilées. Parce que je pense qu’on a tellement de travail à faire pour lever ces propagandes qui ont incroyablement réussi leur manipulation. Beaucoup de jeunes aujourd’hui pensent que la laïcité, c’est être contre les religions, au lieu de voir que c’est un cadre qui protège l’égalité homme-femme, qui protège la citoyenneté, c’est à dire ce qui nous réunit.

 

« L’insertion Sociale et sociétale par le travail »

« L’insertion Sociale et sociétale par le travail »

 

Spécialistes du travail et des ressources humaines, Bruno Dupuis et Franck Morel donnent dans l’Opinion l’exemple de déficients cognitifs salariés en usine, et suggèrent son extension aux décrocheurs scolaires ou aux accidentés de la vie.

 

La crise sanitaire met en évidence la vulnérabilité professionnelle des personnes fragiles mais aussi l’importance d’investir dans les compétences et de soutenir le travail. Plus que jamais, nous avons besoin d’alimenter le « journal des bonnes nouvelles ». Nous souhaitons témoigner d’une expérience dans laquelle nous nous sommes investis alors que nous étions conseillers ministériels et qui mérite d’être valorisée.

Reconnue d’utilité publique pour ses travaux scientifiques sur le travail manuel dans le développement des personnes, la Fondation Amipi- Bernard Vendre forme et emploie en continu 750 personnes atteintes de déficiences cognitives dans ses six usines de production apprenantes et inclusives (UPAI) de câblage électrique. Celles-ci ont embauché 600 personnes depuis 2014, et évité ainsi 34 millions de dépenses publiques certaines – d’autres estimations indiquent 65 millions d’euros.

Il s’agit de développer, par le travail manuel et des apprentissages adaptés, les capacités de personnes souffrant de déficiences cognitives mais pouvant travailler dans cette activité précise. Des recherches ont montré que ces activités de fabrication industrielles stimulaient la plasticité du cerveau. La raison d’être de la Fondation est de développer, à l’aide de programmes fondés sur les neurosciences, les compétences des personnes considérées comme éloignées de l’emploi afin de leur permettre de s’insérer dans une entreprise dite normale et, dans la vie, d’acquérir une véritable autonomie.

Cette activité dépend du soutien public et des clients, usines françaises du secteur automobile qui ont fait le choix de s’engager dans une politique de responsabilité sociétale et environnementale et acceptent raisonnablement de payer plus cher une partie de la production confiée, au lieu de la délocaliser dans des pays à bas coûts. Cet approvisionnement local a aussi pour avantage de répondre au défi d’une économie moins carbonée.

Lien social. Le neuropsychiatre Jean-Michel Oughourlian, qui a relaté son expérience d’immersion dans ces usines (Le travail qui guérit l’individu, l’entreprise, la société, Plon, 2018), explique que la quasi-totalité des collaborateurs handicapés concernés a répondu choisir le travail plutôt que de rester chez soi avec un revenu identique de 120% du smic. Le travail ne se limite pas à l’obtention d’un salaire mais constitue ce lien social irremplaçable qui permet de sortir de l’isolement, d’avoir un rôle dans la société, de se valoriser et d’être valorisé.

Le travail « guérit » l’individu mais aussi la société. Le non-travail représente un coût significatif pour la collectivité, y compris par les répercussions médicales observées sur une large partie des personnes inactives, notamment la perte de l’estime de soi, et par les répercussions sur le plan sociétal, avec un risque de désocialisation.

Ce modèle vertueux soutient la réindustrialisation, la redynamisation de nos territoires et forme des personnes en capacité de travailler. Il pourrait utilement être étendu à d’autres publics éloignés de l’emploi – décrocheurs, accidentés de la vie…

Pour cela, il est nécessaire d’encourager la politique RSE des entreprises en leur donnant les moyens et les conditions d’accroître leur compétitivité sans délocaliser. C’est une politique d’avenir que celle du choix du travail et du sens.

Bruno Dupuis est consultant RH et en stratégie sociale, ancien conseiller du ministre du Travail. Franck Morel est avocat (Flichy Grangé), ancien conseiller social du Premier ministre et de plusieurs ministres.

Chômage : la progression masquée par le travail partiel

Chômage : la progression masquée par le travail partiel

Il est clair que les chiffres de pôle emploi sont complètement faussés pour dénombrer le nombre de chômeurs du faîte du travail partiel qui concerne plus de 2 millions de salariés indemnisés partiellement.

23 000 demandeurs d’emplois en catégorie A supplémentaires, soit une hausse de 0,6% par rapport à janvier a été constatés par le ministère. Celle-ci touche l’ensemble des tranches d’âges, jeunes, médians, comme séniors.

Le nombre de chômeurs en catégories B et C (activité réduite) est en baisse de 0,9% (- 28 000 personnes). Toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d’emploi est en légère hausse en France (hors Mayotte), de 2 700 personnes pour atteindre les 6,7 millions. Sur un an, par rapport à la même période en 2020, le chômage a augmenté de 9,5%.

Dégradation. Cette hausse mensuelle pourrait s’expliquer, selon la Dares, par l’augmentation du nombre de ruptures conventionnelles homologuées. Ces dernières ont bondi de 1,7% en février, pour un total de 35 800. Depuis le début de l’année, les chiffres du chômage sont inconstants. Ils avaient baissé de 0,9% en janvier (pour la catégorie A, soit – 34 600 personnes).

Un statut du détenu travailleur mais avec quel travail ?

Un  statut du détenu travailleur mais avec quel travail ?

Le ministre a annoncé la création d’un code du travail du détenu ce qui constitue une avancée sociale. Le seul problème c’est que d’administration pénitentiaire manque cruellement de travail pour tous les détenus et beaucoup sont condamnés au désœuvrement. De toute manière cela ne vaut que pour les longues peines.

«Je vais mettre en place un contrat de travail. Il ne peut pas y avoir de décalage entre la prison et le reste de la société, ou alors on considère que la prison est une société à part», a affirmé le ministre de la Justice dans l’émission Zone interdite sur M6. En fait compte-tenu de la grande misère des équipements pénitentiaires le gouvernement répond de manière uniquement réglementaire. La situation pénitentiaire exigerait des investissements considérables pour offrir à chaque détenu une possibilité d’emploi. À défaut d’investissement, on devra se contenter d’un texte de loi qui n’est pas inutile bien au contraire mais très insuffisant.

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Le texte prévoit également que le gouvernement puisse légiférer par ordonnance pour permettre «l’ouverture de droits sociaux aux personnes détenues, dès lors qu’ils sont utiles à leur réinsertion et notamment les droits à l’assurance-chômage, vieillesse, maladie et maternité et maladie professionnelle et accident du travail».

« Drame social » : les fonctionnaires refusent la durée légale de travail !

« Drame social » : les fonctionnaires refusent la durée légale de travail !

 

Un véritable « drame social » chez les fonctionnaires parisiens qui vont être contraints de respecter la réglementation sur le travail et qui risquent de perdre huit jours de congé. Le nouveau régime pour les employés de mairie prévoit 1607 heures de travail par an. 

À périmètre constant, les effectifs des agents de la ville de Paris sont très précisément passés de 49 872 en 2014 à 50 447 en 2019. Soit une augmentation annuelle de 0,23 %, et de 1,15 % sur cinq ans.

C’est l’usage   dans la fonction publique locale de ne pas respecter la réglementation . Cette tolérance ajoutée aux conditions de travail généralement particulièrement confortables laisse penser qu’il y a sans doute deux  mondes dans l’économie. Celui de travailleurs protégés qui bénéficient de conditions sociales particulièrement soft par rapport au monde privé qui connaît à la fois la précarité et les exigences croissantes de la productivité .

La  mairie de Paris a rappelé que les dispositions relatives au temps de travail étaient «d’application obligatoire» et que le temps de travail «ne pourra plus être inférieur à 1607 heures» sauf pour les agents qui travaillent la nuit ou le week-end. «Nous n’avons pas le choix de mettre en œuvre la loi, mais nous avons la possibilité d’en définir certaines des modalités d’application, .

 

Le dialogue social est crucial et doit être le plus ouvert et le plus fructueux possible (…) pour trouver des modalités de mise en œuvre (de la loi) qui préservent les conditions de travail des agents.» Il a également ajouté que «l’histoire des progrès sociaux (était) aussi une histoire de compromis». De son côté, la maire de Paris Anne Hidalgo a simplement précisé qu’un nouveau cadre serait défini après dialogue social, cadre qui devra «être conforme au règlement».

Durée du travail : la plus faible en France avec 630 heures par an

Durée du travail : la plus faible en France avec 630 heures par an

En France d’après François Lenglet, on travaille 630 heures par an et par habitant. C’est-à-dire que quand on prend l’ensemble des heures travaillées en France sur une année, et qu’on divise ce chiffre par la totalité de la population française, 67 millions, tous les habitants du pays, quel que soit leur âge, les bébés comme les vieillards, on arrive à 630 heures.

Selon l’OCDE, qui publie le classement, la France est le pays où cette quantité de travail par habitant est la plus faible. L’Espagne est à 697 heures par habitant, l’Allemagne est à 722 heures, le Royaume-Uni à 808, les États-Unis à 826, la Suisse à 943, la Corée à plus de 1.000. Il n’y a guère que la Turquie et la Belgique qui s’approchent de nous, à 637 heures par an et par habitant.

Cela explique bon nombre de nos difficultés. 630 heures par an, c’est à peu près quatre mois de travail à temps plein. Quatre mois, c’est un tiers de l’année, qui en compte douze. Ça veut dire que pour avoir l’équivalent d’un seul temps plein, il faut trois Français. Vous me suivez ? Ou bien, dit autrement, et c’est ça qui est sidérant, pour chaque Français qui travaille à temps plein, il y en a deux qui ne travaillent pas.

C’est cela, l’incroyable réalité française. Sur chaque actif repose le revenu d’un jeune, qui ne travaille pas encore, et d’un senior, qui ne travaille plus, les deux vivant de la redistribution directe ou indirecte des richesses produites par la personne en activité.

 

Ça veut dire qu’une charge considérable repose sur les épaules de chaque actif ! C’est exactement cela. Une charge qui est la plus forte de tous les pays de l’OCDE. Cela se matérialise bien sûr par le niveau des prélèvements et des charges sociales, qui est aussi le plus élevé de l’OCDE ou presque. 

Et ça explique nos problèmes de financement de retraite, la base sur laquelle nous prélevons les cotisations, c’est-à-dire la quantité de travail, n’est pas assez grande. Et ça explique notre dette publique : la quantité de travail fournie, de richesses créées, n’est pas suffisante pour financer le niveau de vie de tous les Français sans recourir au déficit, c’est-à-dire à l’emprunt.

Paresseux les Français ?

Non, on pourrait même dire le contraire. C’est extraordinaire d’arriver à un tel niveau de vie avec aussi peu de travail, même si on prend en compte le déficit, ca veut dire que les Français actifs sont parmi les salariés les plus productifs du monde.

Comment cette dernière place dans le classement s’explique-t-elle ? Parce que les Français ont l’une des durées hebdomadaires les plus courtes du monde, avec les 35 heures. Qu’ils ont aussi des carrières parmi les plus courtes du monde, avec des départs à la retraite plus précoces qu’ailleurs. Et parce que le nombre d’actifs au travail est, en proportion, plus faible qu’ailleurs, à cause du chômage de masse que connaît la France.

 

 

Dans ce cas, avec une moyenne de 630 heures par an, la France se classe bien dernière. Elle se situe même loin derrière la Corée ou le Luxembourg, qui occupe cette fois le haut du classement avec plus de 1.000 heures travaillées et par habitant. Mais, comme le reconnaît Antoine Goujard, cette statistique présente un biais.

 

Elle prend en compte les enfants et les personnes âgées, population qui ne travaille pas. « En outre, l’espérance de vie et la part des plus de 65 ans sont en France plus élevées que dans certains pays membres, décrypte Antoine Goujard. Donc, mécaniquement, ça diminue le temps de travail par habitant. »

Le temps de travail : la faiblesse de la France ?

Le temps de travail : la faiblesse de la France ?

D’après par Antoine Goujard, Bureau France, Département économique de l’OCDE, les Français, qu’ils soient salariés ou non salariés, travaillent en moyenne moins chaque année que dans la moyenne des pays de l’OCDE, avec 1526 heures travaillées pour 1751 dans la moyenne des pays de l’OCDE en 2016. Cet écart a été relativement stable sur les 20 dernières années . Issues de la comptabilité nationale, ces données sur les heures travaillées représentent le nombre total d’heures effectivement travaillées par an divisées par le nombre de personnes en emploi (salariés et/ou travailleurs indépendants) par an. Les heures effectives comprennent les heures de travail à plein temps, temps partiel et pour les personnes ayant un travail irrégulier, les heures supplémentaires payées ou non, les heures dues à un travail additionnel, et excluent le temps effectivement non travaillé pour jours fériés, et les congés pour raisons diverses et heures chômées pour des raisons techniques ou économiques, grèves et autres mouvements sociaux, compensation chômage ou autres raisons.

Ce sont surtout ces jours non-travaillés qui expliquent la différence en heures annuelles de la France par rapport aux autres pays de l’OCDE. Les heures travaillées dans une semaine habituelle sont en France en ligne avec la moyenne de l’OCDE. Les travailleurs français, salariés ou indépendants, effectuent 37,2 heures par semaine habituelle (i.e. excluant les congés et autres absences) pour 37,3 en moyenne dans l’OCDE (Figure 2, Panneau A). Certes, les salariés à temps plein travaillent moins en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE lors d’une semaine habituelle, à 38,9 heures hebdomadaires pour 40,1 dans l’OCDE . Cependant, le nombre de travailleurs à temps partiel ou irréguliers est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE et le temps de travail sur une semaine habituelle des salariés à temps partiel est plus important en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE .

Outre, le temps de travail des actifs occupés, il est essentiel de considérer les périodes de chômage et d’inactivité. L’emploi est nettement plus faible en France que dans les autres pays de l’OCDE : le taux d’emploi total (le ratio du nombre de personnes employées par la population de 15 à 64 ans) s’élèvait à 65,6% au quatrième trimestre 2018, inférieur de trois points à la moyenne OCDE. L’emploi est tiré à la baisse par le faible emploi des jeunes et des personnes agées de plus de 55 ans ). Alors que 80,8% des personnes entre 25 et 54 ans travaillent en France pour 78,6% dans l’ensemble de l’OCDE, seuls 30,5% des 15-24 ans sont en emploi pour 42% dans l’OCDE. Pour les 55-64 ans c’est seulement 52,6% des Français qui sont en emploi, pour 61,7% en moyenne dans le reste de l’OCDE. Les statistiques sont similaires pour le taux de participation au marché du travail, ce qui suggère un problème d’employabilité plutôt que de découragement, en lien avec les compétences relativement faibles d’une part importante de la population (OCDE, 2019).

La France a du mal à intégrer les jeunes dans l’emploi, notamment les moins qualifiés, et presqu’autant à maintenir dans l’emploi les plus de 54 ans. Pour les plus jeunes, la faiblesse des taux d’emploi s’explique principalement par des difficultés ciblées d’intégration au marché du travail. Le taux de scolarisation des 20-29 ans (20,4 %) est inférieur à la moyenne de l’OCDE (28,6 %) et les taux d’emploi en sortie d’étude sont beaucoup plus faibles que dans la moyenne des pays Européens pour les moins qualifiés (Boone et Goujard, 2019). Pour les plus de 54 ans, la durée du travail est faible alors que l’espérance de vie, notamment en bonne santé, est élevée, d’où la question du financement des retraites. On travaille moins longtemps sur le cycle de vie en France qu’ailleurs dans l’OCDE : l’âge effectif de sortie du marché du travail est le second plus bas de tous les pays de l’OCDE pour les hommes et le septième plus bas pour les femmes (Figure 3, panneau B). L’âge effectif de sortie du marché du travail prend en compte tous ceux qui sortent de la population active au-delà de 40 ans, y compris pour des raisons d’inactivité ou d’invalidité.

En raison des faiblesses du marché du travail, un taux d’emploi moins élevé chez les jeunes et les plus de 54 ans, des difficultés d’intégration au marché du travail des moins qualifiés, et de cet âge de retrait du marché du travail faible, la durée de cotisation au système de retraite est actuellement plus faible qu’ailleurs en Europe (la durée de cotisation nécessaire pour recevoir une retraite à taux plein est cependant appelée à augmenter progressivement de 41 ans et 2 trimestres en 2019 pour atteindre 43 ans en 2035 pour les générations nées en ou après 1973). En 2017, les Français partant en retraites ont en moyenne travaillé 34,5 années avant la retraite contre 35,6 dans l’Union Européenne (à 27) (Commission Européenne, 2018), alors même que l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé sont élevées. La durée de de vie passée à la retraite est ainsi parmi les plus élevées de l’OCDE, à 25 ans soit 5 ans de plus que la moyenne de l’OCDE.

En conclusion, la faiblesse relative du temps de travail  en France provient à la fois de choix de société et d’un mauvais fonctionnement du marché du travail. Les congés élevés, l’âge d’ouverture des droits et les autres paramètres du système de retraite rentrent dans la première catégorie. La question est de savoir si ces choix sont finançables et s’ils ne se font pas au détriment d’autres objectifs. Il s’agit donc avant tout de choix politiques. L’autre source de la faiblesse relative du temps de travail tient aux insuffisances du marché du travail, comme les difficultés d’insertion des jeunes et moins jeunes et les discriminations à l’emploi, le temps partiel subi, sans compter la persistance d’un chômage élevé.

Augmenter le temps de travail en France nécessite donc une stratégie globale. En premier lieu, il est urgent d’agir pour l’emploi des jeunes, seniors et moins qualifiés , c’est-à-dire faciliter l’accès à la formation professionnelle et améliorer la qualité de celle-ci, ainsi que développer davantage l’apprentissage et l’accompagnement, en lien avec les réformes en cours. Réduire les recours excessifs aux contrats courts permettrait aussi de favoriser le développement des CDI et de limiter la récurrence de certains épisodes de chômage. En second lieu, même si l’âge de départ à la retraite est un choix de société, les coûts d’un départ précoce tant pour les individus (retraites plus basses) que pour la société (renoncement à d’autres projets collectifs) peuvent être très élevés. Revoir les pénalités et primes de retraite en fonction de l’âge de départ permettrait que ces coûts soient mieux intégrés dans les choix individuels. Aligner les paramètres des différents systèmes de retraites améliorerait aussi significativement la lisibilité du système et la mobilité de la main-d’œuvre, en ligne avec la réforme engagée.

Bibliographie

Boone, L. and A. Goujard (2019), La France, les inégalités et l’ascenseur social. https://oecdecoscope.blog/2019/02/25/la-france-les-inegalites-et-lascenseur-social/.

Commission Européenne (2018), “The 2018 Ageing Report – Economic & Budgetary Projections for the 28 EU Member States (2016-2070)”, Institutional Paper, No 79, https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/economy-finance/ip079_en.pdf

OCDE (2014), Vieillissement et politiques de l’emploi : France 2014 – Mieux travailler avec l’âge, Éditions OCDE, Paris. https://doi.org/10.1787/9789264206847-fr.

OCDE (2019), Études économiques de l’OCDE : France 2019, Éditions OCDE, Paris. https://doi.org/10.1787/10f0135f-fr

Droit du Travail: Apple punit son sous-traitant en Inde

Droit du Travail: Apple punit son sous-traitant en Inde

Apple a décidé de prendre des sanctions vis-à-vis d’une entreprise en Inde où les ouvriers se sont révoltés contre le non-paiement de leurs salaires. Il est clair que cette affaire ne renforce pas l’image de marque d’Apple. En effet en Inde , la moyenne le salaire et de l’ordre de 354 €, il peut parfois atteindre jusqu’à 500 € mensuels. Dans l’

usine d’iPhone de Wistron située dans l’Etat de Karnataka, près de Bangalore, les salaires n’étaient pas versés et les heures supplémentaires non comptées.

Selon les premiers résultats d’une enquête interne menée par Apple, le sous-traitant n’a pas respecté le Code de conduite des fournisseurs de l’entreprise californienne.

Il n’a pas su, notamment, mettre en place de procédures appropriées de gestion du temps de travail et de suivi des présences, ce qui a mené à des retards dans les paiements des salaires des travailleurs en octobre et en novembre.

Dans un communiqué publié samedi, Wistron a admis que certains travailleurs n’avaient pas été payés correctement.

“La police a arrêté 149 personnes suite à l’incident, selon un officier de police. La mise a sac avait fait perdre des millions de dollars au sous-traitant taïwanais.

Wistron est l’un des premiers fournisseurs internationaux de la firme à la pomme. En Inde, il produit des iPhone 7 ainsi que des iPhone SE de deuxième génération. Notons que certains iPhones peuvent être vendus 1000 € et même davantage.

Elisabeth Borne (ministre du Travail): une interview typique d’une technocrate ministre !

Elisabeth Borne (ministre du Travail): une interview typique d’une technocrate ministre !

 

 

Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail): à donné une interview dans le journal l’Opinion qui caractérise bien le flou artistique d’une technocrate investie récemment dans la politique. Dans cette interview , on trouve tout,  , le contraire aussi. Une sorte de positionnement de type radical-socialiste de la IVe République. ou  de « en même temps ».

Interview

La crise a-t-elle favorisé le dialogue social ?

Elle l’a revivifié. Dès le début de la crise, les partenaires sociaux ont fait preuve d’esprit de responsabilité. Lors du premier confinement, 9 000 accords de reprise d’activité ont été signés. Aujourd’hui, on compte 6 500 accords sur l’activité partielle de longue durée (APLD) dans les branches et les entreprises. Syndicats et patronat négocient également sur des sujets de plus long terme : ils sont parvenus à un accord sur le télétravail, signé par trois organisations patronales et quatre syndicales. Ils se sont entendus également sur la santé au travail. L’Etat est aussi dans la coconstruction avec eux. Par exemple, avec le dispositif Transitions collectives qui gardera sa pertinence au-delà de la crise actuelle.

Quel en est le principe ?

Certains secteurs, comme la restauration collective, sont frappés par la crise ; d’autres sont en tension comme les métiers du soin, le BTP, le digital. L’Etat va prendre en charge la rémunération et la formation des salariés pour leur permettre de passer d’un secteur à l’autre et d’éviter des périodes de chômage. A hauteur de 100 % pour les entreprises de moins de 300 salariés, de 70 % pour celles dont les effectifs sont compris entre 300 et 1 000 ; et de 40 % au-delà. L’idée est de faire jouer la mobilité professionnelle plutôt que géographique : on ne va pas demander aux salariés de partir à l’autre bout du pays.

Sur des réformes importantes comme l’assurance-chômage, il est important d’aller au bout de la concertation, mais s’il n’y a pas un accord, l’Etat prendra ses responsabilités

Ne tombe-t-on pas dans le biais français d’un dialogue social à trois, avec l’Etat, et non pas à deux, entre patronat et syndicats ?

Ce n’est pas du tout ma conception des choses. Quand nous avons établi l’agenda social, en juillet, nous avons retenu des thèmes de concertation entre les seuls partenaires sociaux, dès lors qu’ils sont les mieux placés pour les mener. C’est le cas pour le télétravail ou la santé au travail pour lesquels ils viennent de signer des accords. Il existe également des champs de coconstruction comme celui sur la mobilité professionnelle. Enfin, sur des réformes importantes comme l’assurance-chômage, il est important d’aller au bout de la concertation, mais s’il n’y a pas un accord, l’Etat prendra ses responsabilités.

Faut-il accoutumer l’opinion à la sortie du « quoi qu’il en coûte » et comment le faire en douceur ?

En France, l’Etat a joué un rôle majeur pour amortir le choc économique et social de la crise. Mais il ne pourra pas indéfiniment poursuivre son soutien aux entreprises. Ainsi nous allons faire évoluer les principes de la prise en charge de l’activité partielle [ou chômage partiel]. Les secteurs faisant l’objet de fermeture administrative continueront à être pris en charge à 100 %. Pour les secteurs protégés (tourisme, aéronautique, événementiel, etc.), le taux de 100 % sera maintenu au moins jusqu’à fin janvier. Ensuite, nous distinguerons parmi ces activités, celles qui peuvent repartir rapidement, comme les restaurants qui devraient retrouver immédiatement leur clientèle, et celles qui ont besoin de temps pour la remise en route, comme les organisateurs de salons. Le taux de prise en charge sera adapté à chacun. Pour tous les autres secteurs, le taux restant à la charge des entreprises (15 %) sera maintenu en janvier, ensuite on passera à 40 %, ce qui était initialement prévu pour novembre. Mais toutes les entreprises ont la possibilité de négocier des accords d’APLD, avec un reste à charge limité à 15 %. C’est le bon outil d’autant qu’il comprend un volet formation permettant de renforcer les compétences des salariés.

La crise n’a-t-elle pas fait apparaître la réalité du travail au noir, privant certains travailleurs de filets de sécurité ?

La perte de petits jobs, de l’économie informelle ou pas, à cause de la crise a aggravé la précarité. Durant le premier confinement, on a assisté à un effondrement des missions d’intérim, des contrats courts. En octobre, les embauches en CDD de moins d’un mois sont inférieures de 25 % à ce qu’elles étaient l’an dernier. L’aide exceptionnelle de 900 euros que nous avons mis en place pour les contrats courts, permet de répondre aux travailleurs qui alternent en temps normal ces contrats et les périodes de chômage. Il est vrai que ces protections n’existent pas pour les personnes qui vivent de l’économie informelle, qui apparaît de fait encore plus fragilisante.

Les principes demeurent : il faut inciter les entreprises à sortir des contrats courts à répétition ; la crise montre à quel point c’est pénalisant pour les salariés. Et il faut qu’il soit toujours plus rémunérateur de travailler plutôt que d’être demandeur d’emploi

Quelles sont les réformes sociales à faire aboutir d’ici à la fin du quinquennat ?

Il faut rappeler celles que nous avons faites comme la formation professionnelle et l’apprentissage, et leur succès : nous allons battre le record de 2019 pour le nombre d’apprentis. Je souhaite que nous allions au bout de la réforme de l’assurance-chômage, en tenant compte du nouveau contexte. Nous allons revenir vers les partenaires sociaux avec des propositions plus précises. Mais les principes demeurent : il faut inciter les entreprises à sortir des contrats courts à répétition ; la crise montre à quel point c’est pénalisant pour les salariés. Et il faut également qu’il soit toujours plus rémunérateur de travailler plutôt que d’être demandeur d’emploi.

Les retraites ?

La crise n’a pas réduit la pertinence de la réforme qui permet de mieux prendre en compte les carrières hachées : le système actuel pénalise notamment les travailleurs de la deuxième ligne. Cette réforme doit se faire dans le dialogue social. En juillet, nous avions dit que la discussion devait reprendre à la fin de cette année ou au début de la suivante. Il faut ajuster ce calendrier en fonction des urgences du moment, faire preuve de pragmatisme. La réforme de l’assurance-chômage est prioritaire. Ensuite, sur les retraites, il faut parvenir à trouver un chemin avec les partenaires sociaux. On ne peut pas traiter tous les sujets en même temps.

Faut-il à la fois réformer le système de retraites et en rétablir l’équilibre financier ?

Quand on veut faire les deux en même temps, on est mal compris. Les événements nous l’ont montré. Nous n’allons pas mettre la question de la dette sous le tapis, mais il s’agit d’une problématique globale. Il faut distinguer ce qui relève des effets directs de la Covid-19, avec une baisse générale des recettes, des questions structurelles comme nous l’avons dit, en juillet, avec les partenaires sociaux.

Traiterez-vous le sujet financier avant la fin du quinquennat ?

Il faut d’abord en prendre la mesure et tenir compte du climat social, du climat psychologique du pays comme l’a dit le président de la République. Le sujet des retraites n’est pas celui dont les partenaires sociaux me parlent le plus spontanément ! Nous avons une urgence commune, sortir de la crise sanitaire, économique et sociale, et protéger les emplois.

Pour les jeunes, par exemple, nous avons fait le choix de privilégier l’activité et l’insertion professionnelles. C’est plus efficace qu’un RSA jeunes

Et l’ambition réformatrice du Président ?

Nous n’avons pas arrêté les réformes, nous avons beaucoup innové dans cette crise, y compris avec des dispositifs durables. Pour les jeunes, par exemple, nous avons fait le choix de privilégier l’activité et l’insertion professionnelles. C’est plus efficace qu’un RSA jeunes. Tous ont désormais droit à un accompagnement, avec l’APEC, Pôle emploi ou une mission locale. Ces parcours vers l’emploi permettent aux jeunes de bénéficier d’un soutien financier quand ils en ont besoin.

Vous intervenez, le 12 décembre, devant Territoires de progrès. Pour porter quel message ?

Territoires de progrès [une initiative de macronistes venus de la gauche] regroupe des gens dont je partage la sensibilité sur nombre de sujets, comme la nécessité d’avoir un dialogue apaisé, avec les territoires, avec les partenaires sociaux. Je le fais depuis le début du quinquennat. Je souhaite aussi porter deux convictions fortes : agir pour l’égalité des chances et l’émancipation par le travail, c’est ce qu’on fait pour les jeunes. Aucun ne doit être empêché d’accéder à l’emploi ou à une formation parce qu’il a des problèmes financiers. Ou avec les emplois francs qui favorisent l’embauche des personnes venues des quartiers prioritaires.

Assumez-vous une sensibilité de gauche ?

Oui. Même si de gauche, on ne sait plus très bien ce que cela veut dire. Si c’est Jean-Luc Mélenchon, non. Je crois à l’égalité des chances, à l’émancipation par le travail, à l’attention portée aux plus fragiles. Je crois aussi que l’économie, c’est important, et qu’il faut soutenir les entreprises pour créer des emplois. C’est une dimension forte de l’action du Président, il est nécessaire que cela se sache et se voie.

On reproche aux ministres qui viennent de la gauche, comme vous et Florence Parly, de ne pas faire entendre suffisamment leur voix…

Dans mes fonctions, je fais entendre et je montre ce à quoi je crois. Territoires de progrès est aussi une façon d’affirmer cette sensibilité.

Cinq ans après l’accord de Paris sur le climat, l’ancien président français ne cache pas sa déception sur France 2 et dans «Le Monde» jeudi 10 décembre. Il appelle les Européens, qui se réunissent à Bruxelles, à réagir et «à montrer l’exemple»

Élisabeth Borne au ministère du Travail !

Élisabeth  Borne au ministère du Travail !

 

 

On attendait peu déjà la nomination d’Élisabeth Borne  au ministère de l’environnement où  elle n’a pas fait œuvre de grande originalité. On l’attendait sans doute moins encore au ministère du travail où elle succède à Muriel Pénicaud ancienne DRH qui connaissait bien l’entreprise. C’est différent pour Élisabeth Borne. Certes l’intéressé montre sa fidélité au chef de l’État ,ne fait jamais le moindre écart verbal mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’a guère d’épaisseur politique. Elle n’a pas non plus grande expérience économique pour avoir fait à peu près toute sa carrière dans l’administration ou les entreprises nationalisées.

Pourtant  c’est sans doute ce ministère qui sera en pointe dans la tentative de redressement du pays. Un pays qui aura rapidement à gérer entre 1 million et 1 million et demi de chômeurs et qui tentera de relancer une économie assommée par la crise et les mesures administratives par ailleurs pas toujours cohérentes. Son premier travail sera donc de gérer l’immense vague de plans sociaux comportant des milliers et des milliers de licenciements auxquels vont d’ailleurs s’ajouter les 700 000 nouveaux jeunes candidats à l’emploi dès la rentrée.

La première priorité sera de gérer cette catastrophe sociale caractérisée par l’explosion du chômage et consécutivement une baisse moyenne du pouvoir d’achat. L’État a déjà pris des mesures pour amortir les effets de la paralysie de la production pendant plusieurs mois avec le dispositif de chômage partiel. Il faudra sûrement en revoir les modalités ( les discussions ont commencé (notamment sur  la durée car certains secteurs ne pourront pas se redresser avant plusieurs années). Le gouvernement a déjà prévu de modifier les droits dans ce domaine (six mois de travail sur les 24 derniers depuis le 1er novembre contre quatre sur 28 avant), il reste flou sur deux mesures prévues au 1er septembre : le nouveau calcul de l’allocation pour ceux, souvent précaires, qui alternent contrats courts et chômage d’une part et la dégressivité après six mois pour les hauts salaires d’autre part.

La question du financement global système de chômage sera forcément posée. D’autres équilibres sociaux seront aussi en cause comme celui de l’ASSEDIC ou de la sécurité sociale. Il faut ajouter à cela que le chef de l’État donne l’impression de vouloir remettre sur le tapis l’affaire de la réforme des retraites. Un dossier particulièrement brûlant tellement les positions sont opposées. La grande question étant notamment de savoir si ce projet va intégrer ou non la prolongation de l’âge de départ en retraite.

 

La Convention citoyenne rejette les 28 heures de travail !!!

 

 

Il s’agit de la première des 150 mesures soumises à l’adoption des membres à être rejetée  et qui nous a sans doute évité le ridicule. 

. Beaucoup d’intervenants se sont notamment inquiétés des conséquences économiques de la mesure et de l’image qu’une adoption donnerait de leurs travaux.

«C’est totalement déconnecté de la réalité et c’est indéfendable dans le contexte actuel. Et cette mesure discrédite totalement la convention, c’est donner le bâton pour se faire battre. Si c’est proposé, ça sera rejeté et ça aura juste discrédité notre travail,» jugeait ainsi Mélanie (en séance, les membres de la convention ne sont mentionnés que par leurs prénoms).

«Le partage c’est beau mais avec la crise actuelle c’est pas possible. J’ai travaillé toute ma vie 50 heures par semaine en élevant seule deux enfants. C’est toujours les mêmes qui travaillent moins, toujours les mêmes qui travaillent plus et pour des salaires minables,» lançait de son côté Marie-Hélène en refusant la mesure. «C’est hors mandat par rapport à la diminution des gaz à effet de serre», jugeait de son côté Lionel, tandis que d’autres abondait : «Il faudrait une convention citoyenne séparée sur le travail».

«Le télétravail avant c’était un ovni, personne n’imaginait ça. Mais l’application de cette mesure ça n’est pas dans six mois, c’est dans dix ans, il faut se projeter et réfléchir», répondait Sylvie pour défendre la mesure. «On peut être d’accord ou ne pas être d’accord, mais ça n’est pas à vous de dire qu’on va avoir l’air de guignols», lançait Annie. «On a voulu dire que le modèle et le système ne nous conviennent pas, alors osons».

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