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Politique: Clément Beaune : Ministre des transports et de la GPA !

Politique: Clément Beaune : Ministre des transports et de la GPA !


Ça devient une habitude dans le gouvernement, certains ministres sont plus volubiles sur des questions qui ne les regardent pas que sur le champ de leur portefeuille. Ainsi par exemple Clément Beaune qui se prononce pour la légalisation de la GPA. Le ministre de l’écologie pour sa part propose des référendums sur des sujets qui ne concernent pas son portefeuille. On se demande pourquoi le ministre des transports se prononce sur la GPA. Un problème évidemment très complexe, délicat et souvent douloureux pour lequel le ministre des transports n’est pas spécialement qualifié.

Le ministre des transports serait mieux de s’inquiéter des dysfonctionnements dans son champ d’activité notamment les incidents récurrents dans certains transports collectifs, la hausse du prix du carburant, le développement des transports alternatifs et la recherche d’une plus grande complémentarité des modes.

« Aujourd’hui, la donne est claire : la GPA ne figure pas dans le contrat présidentiel et législatif que nous avons passé avec les Français au printemps 2022. Cette mesure n’est pas au programme, le président l’a dit aux Français. Est-ce que, néanmoins, à l’avenir, il faudrait aller plus loin et légaliser la GPA ? Je le pense, oui », déclare Clément Beaune .

« Ce n’est pas pour maintenant », insiste le ministre. Mais « il y a d’un côté tellement d’enfants en souffrance et de familles dysfonctionnelles, et de l’autre, tellement de couples qui portent dans leur coeur un projet d’enfants », fait-il valoir.

Dommage que le ministre ne mette pas autant d’enthousiasme pour tenter de régler la crise de mobilité et l’insuffisance des transports alternatifs.

Clément Beaune : Ministre des transports et de la GPA !

Clément Beaune : Ministre des transports et de la GPA !


Ça devient une habitude dans le gouvernement, certains ministres sont plus volubiles sur des questions qui ne les regardent pas que sur le champ de leur portefeuille. Ainsi par exemple Clément Beaune qui se prononce pour la légalisation de la GPA. Un problème évidemment très complexe, délicat et souvent douloureux pour lequel le ministre des transports n’est pas spécialement qualifié.

Le ministre des transports serait mieux de s’inquiéter des dysfonctionnements dans son champ d’activité notamment les incidents récurrents dans certains transports collectifs, la hausse du prix du carburant, le développement des transports alternatifs et la recherche d’une plus grande complémentarité des modes.

« Aujourd’hui, la donne est claire : la GPA ne figure pas dans le contrat présidentiel et législatif que nous avons passé avec les Français au printemps 2022. Cette mesure n’est pas au programme, le président l’a dit aux Français. Est-ce que, néanmoins, à l’avenir, il faudrait aller plus loin et légaliser la GPA ? Je le pense, oui », déclare Clément Beaune .

« Ce n’est pas pour maintenant », insiste le ministre. Mais « il y a d’un côté tellement d’enfants en souffrance et de familles dysfonctionnelles, et de l’autre, tellement de couples qui portent dans leur coeur un projet d’enfants », fait-il valoir.

Promesses: 8,6 milliards dans les transports régionaux d’ici 2027

Promesses: 8,6 milliards dans les transports régionaux d’ici 2027


Encore une nouvelle promesse du gouvernement, celle de consacrer 8,6 milliards dans les transports régionaux. Comme pour la plupart des autres promesses rien n’est dit sur le financement et la planification. Et le ministre de réaffirmer aussi la promesse d’un plan de 100 milliards d’euros destinés aux ferroviaires ici 2040 sans non plus l’amorce d’un financement.

Cette annonce du ministre des transports pourrait bien coûter cher aux régions car une grosse partie du coût pourrait leur être imputé dans le cadre des contrats plan État région couvrant la période 2023 2027. « Dans les contrats précédents, l’Etat mettait moins de 50% et les régions un peu plus. On attend à peu près la même répartition », a relevé le ministre. Selon lui, « la priorité est donnée au ferroviaire et aux transports publics dont l’enveloppe augmente de 90% par an », un « quasi-doublement de l’effort ».

Les grands projets, comme la modernisation du réseau ferré ou les nouvelles lignes à grande vitesse, ne sont pas compris dans les CPER, et « bénéficient de financements ad hoc », a noté le ministre Qui de la même manière que pour les transports régionaux ne précise aucun mode de financement.

Transports : « vers la gratuité ?

Transports : « vers la gratuité ?

Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, explique les enjeux et les vertus d’une politique publique de gratuité des transports dans la Tribune

Une interview intéressante sur l’évolution des transports. Le maire de Montpellier considère que le transport est un bien universel et qu’il doit donc être gratuit. Une idée qui chemine en France et ailleurs. Le problème de la gratuité pose cependant une question d’équité car globalement ce ne sont pas les plus démunis qui utilisent les transports collectifs urbains. Ce débat pose aussi une redoutable question de pérennité du financement. Le maire de Montpellier propose que les transports pourraient être gratuits. Les transports ont toujours un cout, ils ne sauraient être gratuits. C’est l’usage financé par le contribuable ou par l’économie qui en rend l’accès gratuit. Notons aussi qu’actuellement l’accès gratuit du transport urbain créé une inégalité avec les autres territoires ( qui Vont contribuer au financement mais sans gratuité)et renforce aussi la métropolisation e qui n’est pas nécessairement très écologique NDLR

Comment et quand vous est venue cette idée de la gratuité des transports ?

Michaël DELAFOSSE – J’en parlais déjà en 2013, quand le prix de l’essence avait beaucoup augmenté, jusqu’à 2 euros le litre. Aujourd’hui dans un contexte d’inflation, c’est une mesure de pouvoir d’achat et une mesure écologique… Mais pour l’anecdote, quand j’étais étudiant et que je militais à l’UNEF-ID, nous avions organisé une opération qui consistait à entourer de chatertone tous les distributeurs de billets de bus de la ville de Montpellier pour revendiquer la gratuité des transports pour les étudiants. A cette époque, Georges Frêche était maire de la ville et il avait peu apprécié !

Vous venez de rendre visite au maire de Tallinn, une ville qui a instauré la gratuité des transports depuis 2013. Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette expérience estonienne ?

La ville de Tallinn connaît aujourd’hui une croissance de sa population et donc du nombre de voitures, et pourtant, elle a enregistré une diminution de 4% du trafic automobile (entre 2012 et 2015, alors que la population augmentait d’environ 7%, NDLR). Ce report modal de la voiture vers les transports prouve bien que la mesure de gratuité intéresse les gens financièrement. A Montpellier, c’est 6.000 voitures de plus par an sur la métropole ! Il y avait donc nécessité à trouver des solutions comme le développement du vélo ou la gratuité des transports.

Quelle est la mesure accompagnant le déploiement de la gratuité des transports à Tallinn qui vous semble la plus intéressante ?

La collecte de la data via le titre de transport (l’Estonie est très en avance dans la transition numérique, notamment sur l’identité numérique, les démarches administratives ou la collecte de datas, NDLR). Elle permet le pilotage en temps réel du nombre de voyageurs et un meilleur suivi de la fréquentation, notamment sur les trajets domicile-travail. Elle permet aussi l’amélioration de la qualité de service et une meilleure optimisation du réseau. Quand on est gestionnaire d’un réseau public, on a à cœur qu’il transporte le plus de monde possible. A Montpellier, nous avons fait le choix d’utiliser une application, M Ticket, qui englobe la gratuité, le stationnement, l’accès à des box vélo et demain les informations de retards sur le réseau. L’autre mesure intéressante, qui est un sujet à venir pour nous, c’est l’intermodalité par rapport aux autres opérateurs de transports en commun (la ville de Tallinn a conventionné avec l’Etat pour rendre gratuit, sur son périmètre, l’accès aux RER qui irriguent la ville, augmentant leur fréquentation de 400.000 en 2013 à 3 millions en 2019, NDLR). La métropole de Montpellier compte 31 communes et un million d’habitants sur son aire urbaine : cette mesure pourrait se discuter avec la Région Occitanie sur les TER. C’est un des sujets possibles à explorer.

La gratuité des transports nécessite d’importants investissements sur le réseau, comme on l’a vu à Tallinn…

Comme l’a expliqué le maire de Tallinn, la gratuité ne suffit pas, il faut l’adosser à une offre de qualité pour favoriser encore plus le report modal de la voiture vers les bus ou les tramways. A Montpellier, rien n’avait été anticipé et, par exemple, la ligne 5 avait été lancée mais rien n’a été enclenché, et cette inaction a engendré un surcoût de 70 millions d’euros ! Le 3e dépôt, indispensable pour accompagner ce redimensionnement du réseau, n’avait pas été anticipé, ce que nous venons d’acter. Avant, un tramway déraillait tous les mois en raison d’un sous-investissement sur le réseau et aujourd’hui, nous n’avons pas de marge de manœuvre sur le remplacement des rames de tramway si l’une d’elles a un problème. C’est la raison pour laquelle la Métropole a commandé 77 rames (pour couvrir les besoins liés au renouvellement du matériel roulant de la ligne 1, à la future ligne 5 et à la hausse de la fréquentation associée à la gratuité des transports, NDLR). On améliore l’offre de tramway, de bus et bientôt on crée un réseau de bustram. Enfin, on crée une importante police des transports pour que les gens aient le sentiment que leur réseau est sûr.

La ville de Tallinn finance la gratuité des transports par une part de l’impôt sur le revenu, reversé par l’Etat. Le mécanisme, qui est différent à Montpellier, permet-il de garantir la pérennité du financement de la mesure de gratuité sur le long terme ?

En effet, la gratuité est financée, à Montpellier, par les entreprises (de plus de dix salariés, NDLR) implantées sur le territoire via le versement mobilité. Notre priorité est donc d’avoir une dynamique de ce versement mobilité : plus on accueille des entreprises, plus il est important. En 2019, il représentait 93 millions d’euros, et aujourd’hui, 107 millions d’euros. C’est notamment grâce aux stratégies de soutien de filières mises en place par la Métropole, et c’est aussi la raison pour laquelle la future agence de développement économique sera une agence d’accélération du développement des entreprises pour les faire croître… La gratuité des transports représentera 6% du budget de la Métropole, quand elle représente entre 10 et 15% du budget de la ville de Tallinn. En 2023, la Métropole de Montpellier aura un meilleur autofinancement qu’en 2019 alors qu’on a déjà déployé deux étapes de gratuité. Montpellier n’est pas une métropole en déclin entrepreneuriale et la dynamique fiscale qui finance le transport se porte très bien ! Les chefs d’entreprises voient d’ailleurs la gratuité des transports d’un bon œil car c’est une aide au pouvoir d’achat pour les salariés… Il faut aussi préciser que la billettique continuera de rapporter. Tallinn enregistre 6 millions d’euros de recettes tickets, notamment par les gens qui arrivent de son aéroport. Montpellier est une ville touristique qui a enregistré 5 millions de nuitées en 2019, et des recettes conséquentes sur la part non-métropolitaine proviendront donc des touristes. Par ailleurs, nous ferons des économies sur la suppression de bon nombre de distributeurs de billets… On tient notre équation !

Au vu du contexte économique, social ou énergétique, comment ces expériences de gratuité des transports résonnent-elles ?

La gratuité des transports, ça touche au quotidien, ça change la vie des gens et ça change la ville. Dunkerque a fait ce même choix de rupture. La ville d’Heidelberg, inspirée par Montpellier (les deux villes sont jumelées, NDLR), instaure un forfait à 3 euros par mois. L’Allemagne vient de lancer l’abonnement mensuel à 49 euros qui permet de voyager en illimité sur les bus, métros et trains régionaux dans tout le pays. Et le 21 décembre 2023 à Montpellier, l’ensemble des transports en commun sera gratuit pour tous les habitants de la métropole, et nous deviendrons le plus grand réseau gratuit en Europe… La gratuité des transports, c’est l’idée de la décennie ! C’est le sens de l’histoire. On change de paradigme, et vous verrez qu’en 2026 (au moment des élections municipales, NDLR), ce sera un sujet national et tout le monde voudra le faire ! Pas d’écologie sans social, et plus de social sans écologie. La gratuité est une vraie mesure aussi pour les classes moyennes qui sont exclues des tarifications sociales. Elle relève de l’universalité, c’est le retour au consentement à l’impôt : on paie des impôts mais on reçoit aussi.

* Ce déplacement était également l’occasion, pour Michaël Delafosse, de rencontrer l’ambassadeur de France à Tallinn et, dans le cadre de la candidature de Montpellier Capitale européenne de la culture 2028, de se rendre dans la ville estonienne de Tartu, Capitale européenne de la culture 2024.

« La question de la gratuité des transports peut dépasser aujourd’hui les collectivités territoriales dans la mesure où il y a un éclatement de la gouvernance transports, notamment quand les gens se déplacent vers la métropole en habitant hors métropole. Ce sujet interroge la dissociation entre le périmètre administratif des métropoles et le territoire vécu par les gens, et c’est là que l’Etat devrait soutenir une dynamique d’innovation en facilitant la convention entre chaque autorité de transport. Or il est absent sur ces questions. »

« On voit dans toutes les villes qui instaurent la gratuité qu’elle ne se fait jamais sans augmentation de l’offre de transports. A Montpellier, on fait aussi un nouveau plan de circulation anti-transit, pas par dogmatisme pour limiter la place de la voiture mais parce que ça ne fonctionne plus, on est à l’embolie ! On déploie aussi un plan vélo, et contrairement à ce qu’on croit, les associations de cyclistes ne sont pas contre la gratuité car elles considèrent que tout ce qui participera à réduire l’usage de la voiture favorisera l’intermodalité. »

Transports publics : trop chers en France

Transports publics : trop chers en France

La France est en 21e position sur 30 pays européens et Paris 27e sur 30 capitales, dans un classement prenant en compte le prix des transports publics, les tarifs sociaux et la simplicité des abonnements, publié jeudi 4 mai par Greenpeace. L’organisation écologiste reproche au système français la cherté de ses trains et leur manque d’intégration tarifaire.

Concernant Paris, Greenpeace trouve l’abonnement annuel cher (925 euros), d’autant qu’il couvre toute l’Ile-de-France et qu’il n’existe aucune formule moins chère pour se déplacer dans la seule capitale. A contrario, l’ONG salue la tarification sociale francilienne. Elle relève aussi que les employeurs remboursent au moins 50% des abonnements de transports en commun de leurs employés (sur onze mois), mais cette spécificité française ne semble pas entrer dans son classement.

Pour Greenpeace, les formules doivent être simples, couvrir tous les modes de transport dans de vastes régions, sur au moins un mois voire un an, s’appliquer à tous – non résidents compris -, être « abordables à tous » et être gratuits ou moins chers pour les revenus les plus bas, chômeurs, retraités, jeunes, handicapés, demandeurs d’asile, etc. Le classement ne prend pas en compte la qualité des réseaux de transport.

Le Luxembourg, où les transports publics sont gratuits, est sans surprise numéro 1, suivi par Malte, l’Autriche, l’Allemagne, Chypre et l’Espagne. A la 21e place, la France est classée au même niveau que la Finlande, l’Italie et la Slovaquie, la Suisse étant 7e, la Belgique 12e et la Bulgarie bonne dernière. Greenpeace salue les « billets relativement abordables » qui peuvent être utilisés dans tout le pays en Allemagne, en Autriche et en Hongrie, et note que des abonnements intégrés existent en Allemagne, en Autriche, en Belgique, à Chypre, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Suisse. L’ONG attend d’en savoir plus sur le « billet unique » que veut introduire le gouvernement en France.

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Les transports en commun bénéficie surtout aux moins défavorisés ?

Les transports en commun bénéficie surtout aux moins défavorisés ?

Le développement de transports en commun permet-il d’améliorer l’accès aux emplois des plus pauvres ? Des chercheurs de l’Ecole des Ponts-ParisTech ont analysé le cas de l’Ile-de-France. Par Charlotte Liotta, École des Ponts ParisTech (ENPC); Basile Pfeiffer, Université Paris-Saclay; Nicolas Coulombel, École des Ponts ParisTech (ENPC) et Vincent Viguié, École des Ponts ParisTech (ENPC)

Il se confirme que les transports en commun profitent surtout au moins défavorisés du fait de la tertiarisation des emplois, de la localisation des dessertes et d’horaires mal adaptés pour les salariés les plus pauvres NDLR

Décarboner le secteur des transports en France est crucial : c’est le secteur le plus émetteur de CO₂ et le seul dont les émissions n’ont pas baissé depuis 1990. Cela soulève cependant un enjeu majeur d’équité sociale et territoriale : il existe de profondes disparités, corrélées aux inégalités de revenu, dans les possibilités d’accès aux lieux d’emplois via des modes de transports décarbonés. Comme l’ont illustré les débats soulevés par l’épisode de pénurie de carburant en octobre 2022, ou le déclenchement du mouvement des « gilets jaunes » en 2018 contre une hausse des taxes sur les carburants, tous les Français n’ont pas la possibilité de se reporter sur les transports en commun. Cela génère d’importantes tensions.

Investir dans les transports en commun, et ainsi permettre à plus de gens de se déplacer sans voiture privée, semble être une solution prometteuse pour réduire les inégalités liées aux transports tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Mais, en pratique, les investissements dans les transports en commun bénéficient-ils vraiment majoritairement aux habitants défavorisés ?
Dans un article de recherche publié en janvier 2023, nous analysons l’évolution de l’accessibilité aux emplois en Île-de-France, de 1968 à 2010. L’accessibilité aux emplois est définie ici comme le nombre d’emplois correspondant à ses qualifications (mesurée par la catégorie socioprofessionnelle ou CSP) auxquels chaque habitant de la région Île-de-France a accès en un temps de trajet raisonnable (ici 40 minutes). Cette accessibilité a un impact social majeur : il a par exemple été montré qu’une faible accessibilité aux emplois réduisait les chances de trouver un emploi et augmentait la probabilité de chômage de long-terme.

Les nouvelles lignes de transports en commun sont-elles conçues pour bénéficier équitablement à toutes les CSP ? En nous appuyant sur des données historiques, nous avons reconstitué l’évolution du réseau de transports en commun en Île-de-France entre 1968 et 2010. Nous avons ensuite étudié l’impact de cette extension du réseau sur l’accessibilité aux emplois des différentes CSP.

Gains d’accessibilité (en %) permis par les améliorations successives du réseau de transports en commun d’Ile-de-France (périodes en abscisse) – par catégorie socioprofessionnelle. Liotta & al
Décarboner le secteur des transports en France est crucial : c’est le secteur le plus émetteur de CO₂ et le seul dont les émissions n’ont pas baissé depuis 1990. Cela soulève cependant un enjeu majeur d’équité sociale et territoriale : il existe de profondes disparités, corrélées aux inégalités de revenu, dans les possibilités d’accès aux lieux d’emplois via des modes de transports décarbonés. Comme l’ont illustré les débats soulevés par l’épisode de pénurie de carburant en octobre 2022, ou le déclenchement du mouvement des « gilets jaunes » en 2018 contre une hausse des taxes sur les carburants, tous les Français n’ont pas la possibilité de se reporter sur les transports en commun. Cela génère d’importantes tensions.

Investir dans les transports en commun, et ainsi permettre à plus de gens de se déplacer sans voiture privée, semble être une solution prometteuse pour réduire les inégalités liées aux transports tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Mais, en pratique, les investissements dans les transports en commun bénéficient-ils vraiment majoritairement aux habitants défavorisés ?
Dans un article de recherche publié en janvier 2023, nous analysons l’évolution de l’accessibilité aux emplois en Île-de-France, de 1968 à 2010. L’accessibilité aux emplois est définie ici comme le nombre d’emplois correspondant à ses qualifications (mesurée par la catégorie socioprofessionnelle ou CSP) auxquels chaque habitant de la région Île-de-France a accès en un temps de trajet raisonnable (ici 40 minutes). Cette accessibilité a un impact social majeur : il a par exemple été montré qu’une faible accessibilité aux emplois réduisait les chances de trouver un emploi et augmentait la probabilité de chômage de long-terme.

Les nouvelles lignes de transports en commun sont-elles conçues pour bénéficier équitablement à toutes les CSP ? En nous appuyant sur des données historiques, nous avons reconstitué l’évolution du réseau de transports en commun en Île-de-France entre 1968 et 2010. Nous avons ensuite étudié l’impact de cette extension du réseau sur l’accessibilité aux emplois des différentes CSP.

Évolution du nombre d’emplois accessibles en 40 min de trajet, moyenne par catégorie socioprofessionnelle en Ile-de-France. Base 1968. Liotta & al
Ainsi, si on regarde l’évolution effective de l’accessibilité entre 1968 et 2010, en prenant en compte l’ensemble de ces dynamiques, on voit que ce sont surtout les CSP supérieures (cadres, professions intellectuelles supérieures, artisans, commerçants, chefs d’entreprises) qui ont gagné en accessibilité aux emplois. Le nombre moyen d’emplois accessibles en 40 minutes de trajet pour une personne de cette catégorie, par exemple, a plus que doublé sur la période, alors que le nombre d’emplois accessibles aux ouvriers a diminué de moitié. Comment l’expliquer ?
La dynamique prépondérante ici est le changement de la composition des emplois. Alors que le nombre d’emplois qualifiés en région parisienne a augmenté sur la période, le nombre d’emplois peu qualifiés a stagné ou diminué.

Ainsi, s’il y a de moins en moins d’ouvriers en Île-de-France, alors, statistiquement, un ouvrier donné aura aussi de moins en moins d’emplois à proximité de son domicile.
La deuxième dynamique importante est le déplacement des emplois et des habitants. Au cours de la période 1968-2010, l’aire urbaine de Paris s’est fortement étalée, et une partie des emplois et des populations s’est déplacée vers les banlieues. Ce phénomène ne s’est pas produit de la même manière pour toutes les CSP : si une large partie des emplois et des populations cadres s’est maintenue dans ou près de Paris intra-muros, ce n’est pas le cas des ouvriers par exemple.

En comparaison de ces deux dynamiques, l’extension du réseau de transports en commun a eu un impact faible. Pour les ouvriers par exemple, le changement de la composition des emplois en Île-de-France a réduit leur accessibilité aux emplois de 33 %, alors que l’extension du réseau de transports en commun n’a augmenté leur accessibilité que de 5 %.

L’extension du réseau de transports en commun a également pu contribuer aux dynamiques urbaines que nous venons de mettre en évidence. Par exemple, le fait d’avoir un réseau de transports en commun efficace a pu contribuer à l’attractivité de la région parisienne, et influer sur la composition des emplois. Ou encore, l’extension du réseau de transports a pu contribuer aux déplacements des habitants.

Par exemple, les bénéfices en termes d’accessibilité de l’extension du réseau de transports en commun ont pu être capturés par les plus qualifiés par un mécanisme de gentrification : dans certaines zones, l’ouverture d’une nouvelle ligne de transports en commun a pu conduire à une hausse des prix des logements. À long terme, seuls les plus riches peuvent se permettre d’habiter dans ces quartiers bien desservis par les transports en commun, alors que les plus pauvres vont habiter plus loin en banlieue, où les prix des logements sont plus modérés mais les emplois moins accessibles.

Les gains d’accessibilité liés au développement des transports en commun en Île-de-France se sont donc avérés insuffisants pour contrer l’effet des dynamiques socio-économiques (changement de la composition des emplois, étalement urbain, déplacements des emplois et des populations peu qualifiés) à l’œuvre sur la période 1968-2010.

A l’avenir, comment réussir à maintenir l’accessibilité aux emplois des plus modestes ? Maintenir un niveau d’accessibilité aux emplois pour l’ensemble des groupes sociaux nécessite une vision systémique des politiques de transport, d’aménagement, d’emploi et de logement. En particulier, pour éviter que des extensions du réseau de transport en commun ne se traduisent par une gentrification des quartiers rendus accessibles, il est nécessaire de les accompagner de politiques publiques complémentaires, qui peuvent prendre la forme d’une action préventive de maintien de l’emploi peu qualifié ou le développement de logements à loyers modérés dans des zones bien accessibles. Du point de vue des décideurs publics, pouvoir anticiper les dynamiques locales de population et d’emploi à moyen terme est essentiel pour s’assurer que les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport soient efficaces et équitables.
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Par Charlotte Liotta, PhD Student (Economics/Environment), École des Ponts ParisTech (ENPC) ; Basile Pfeiffer, Doctorant, Université Paris-Saclay ; Nicolas Coulombel, Chercheur en économie des transports, École des Ponts ParisTech (ENPC) et Vincent Viguié, Chercheur en économie du changement climatique au Cired, École des Ponts ParisTech (ENPC).
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Grève 7 février 2023 : fortes perturbations dans les transports

Grève 7 février 2023 : fortes perturbations dans les transports


Il est possible que la participation à la manifestation du 7 février se révèle moins importante que celle du 31 janvier ; par contre, les perturbations dans les transports risquent d’être, elles, plus perturbantes en particulier à la RATP, à la SNCF et dans le transport aérien.

-SNCF :1 train sur 3 circulera pour le RER C et les lignes de Transilien H, J, K, L et N, contre 1 train sur 6 pour le RER D et 2 trains sur 5 pour le RER E. En province, ce n’est guère mieux : 3 TER sur 10 en moyenne, 1 Inoui et Ouigo sur 2 en moyenne, 3 Eurostar sur 4, 1 Lyria sur 2 et entre un ou deux aller-retours sur les Intercités de jour.

-RATP le trafic sera normal sur les lignes automatiques 1, 3 bis et 4, quand il y aura 1 train sur 2 sur la ligne 4. Les lignes 2 5, 7, 7 bis, 9 et 12 rouleront entre 5h30 et 22 heures, mais seulement 1 train sur 2 ou 1 train sur 3. En revanche, sur les lignes 3, 10 et 11, les trains circuleront uniquement aux heures de pointe, c’est-à-dire de 6h30 à 9h30 voire 11h, puis de 16h30 à 19h30, avec une fréquence d’1 sur 2 ou 1 sur 3. Pour les lignes 8 et 13, les lignes sont ouvertes partiellement et aux heures de pointe, l’une entre Créteil Pointe du Lac et Reuilly Diderot, la seconde entre Saint-Denis Université-Les Courtilles et Montparnasse.

– Dans l’aérien, le nombre de vols devrait être réduit de l’ordre de 20 % mais il faut aussi s’attendre à de nombreux retards.

Si la participation des grévistes tentent à diminuer cela donnerait plutôt raison à la CFDT qui entend maintenir l’unité autour d’un mouvement de masse moins pénalisant pour les manifestants et moins gênant pour les usagers. La journée suivante de protestation du 11 février tranchera entre les deux conceptions : celle de la CGT surtout pour le renforcement des grèves et celle de la CFDT surtout pour le renforcement des manifestations dans les rues.

Un jeudi noir le 19 février dans les transports

Un jeudi noir le 19 février dans les transports

 

Un jeudi 19 février très noir en France. Le trafic du réseau RATP en Île-de-France s’annonce «très perturbé». Dans le détail, du côté du métro, les lignes 8, 10 et 11 seront totalement fermées, les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7, 7bis, 9 et 12 seront ouvertes seulement aux heures de pointe et exploitées partiellement. Sur la ligne 4, 1 train sur 2 circulera aux heures de pointe et 1 sur 4 en heures creuses. Le trafic sera normal sur les lignes automatiques 1 et 14, mais avec un risque de saturation.

Dans les RER gérés par la RATP, 1 train sur 2 circulera dans Paris aux heures de pointe et 1 sur 4 en heures creuses

 

Pour le réseau géré par la SNCF, le trafic sera «très fortement perturbé». La SNCF prévoit de ne faire circuler qu’1 train sur 3 pour le RER A et B. Sur le RER B, l’interconnexion sera suspendue en gare de Paris Nord.

Seulement 1 train sur 10 pour le RER C, D et E fonctionnera. Sur le RER C, les trains circuleront uniquement sur la branche Sud depuis Paris Austerlitz et aucun RER D ne circulera entre Chatelet et Gare de Lyon. Du côté des transiliens, seulement 1 train sur 3 fonctionnera sur les lignes H et U, 1 sur 10 pour les lignes J, K, L et N. Aucun train ne sera prévu sur la ligne R et sur la ligne P, 1 train sur 10 circulera.

Sur le réseau TGV, seulement 1 train sur 3 circuleront sur l’axe Nord et Sud-Est, 1 TGV sur 4 se déplacera sur l’axe Est, 1 TGV sur 5 fonctionnera sur l’axe Atlantique. Sur le réseau Ouigo, 1 train sur 3 se déplacera. Il n’y aura également qu’1 TER sur 10. «Le détail des plans de transports régionaux sera communiqué par SNCF Voyageurs dans chacune des régions», précise le communiqué de la SNCF. Aucun Intercités ne circulera, à l’exception d’un aller-retour Paris-Clermont. A l’international, le trafic du Lyria, reliant la France à la Suisse, sera «fortement perturbé». Cependant, les trafics de l’Eurostar et du Thalys seront «quasi-normal».

100 millions pour les transports urbains dee province : une aumône

100 millions pour les transports urbains de province : une aumône !

Le ministre des Transports, Clément Beaune a annoncé le déblocage de 300 millions d’euros pour les autorités organisatrices de mobilité, soit 200 millions prévus pour Île-de-France Mobilités, mais 100 millions d’euros pour les autorités de province.

Il est clair que 100 millions pour les autorités organisatrices de transport de province constituent en faite une aumône. Cela représente à peu près 1 million par département et quelques centaines de milliers d’euros par grande ville. Dans le même temps et a juste titre ce sont des milliards et des milliards qui sont consacrés au transport parisien. Encore une fois cette politique porte ses fruits puisqu’une majorité de parisiens ne possède pas d’automobile et utilise les transports en commun.

Il en va différemment dans les villes de province ou le niveau et la qualité des transports ne sont pas,et de loin ,à la hauteur de la demande en particulier pour les déplacements domicile travail

Pour autant, ce ne sont pas les élus locaux qui vont donner au ministre des Transports les listes des autorités organisatrices de mobilité concernées, mais les services de Clément Beaune qui vont y travailler. « On saura tout début janvier ce que ça donne », estime le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole.

« Le modèle économique a été très secoué par la crise sanitaire, avant d’être réattaqué par l’inflation et la crise énergétique. Le modèle est à bout de souffle », insiste Jean-Luc Moudenc,Maire de Toulouse.

À titre personnel, le maire de Toulouse propose, lui, que les avances remboursables de la crise Covid soient transformées en subventions et plaide pour le déplafonnement du versement mobilité, aujourd’hui limité à 2%, exception faite d’Île-de-France Mobilités qui peut monter jusqu’à 2,9%. « Il faut autoriser un déplafonnement raisonnable, limité dans le temps et ciblé selon des critères. Cela nous donnerait des moyens d’agir », ajoute-t-il.

« Alors que l’Etat ne cesse de nous supprimer des impôts économiques, comme la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et les impôts de production, il nous impose des contraintes, type zone à faibles émissions-mobilité (ZFE-m). Personne ne les conçoit sérieusement sans investir davantage dans les transports en commun », poursuit Jean-Luc Moudenc.

L’édile de la Ville Rose en sait quelque chose. Conformément à ses engagements de campagne municipale, un premier marché public de 1,100 milliard d’euros a été attribué il y a dix jours dans le cadre de la réalisation d’une troisième ligne de métro. Une nouvelle infrastructure qui coûtera à terme près de 4,2 milliards d’euros. « C’est le plus gros investissement en France hors Grand Paris Express et LGV Bordeaux-Toulouse ».Évidemment ce ne sont pas les 100 millions pour les transports de province qui participeront beaucoup à ce financement.

La priorité des transports collectifs

La priorité des transports collectifs

 

Pour répondre à la crise énergétique et climatique, le président (EELV) de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, appelle les futurs députés, dans une tribune au « Monde », à soutenir des propositions ambitieuses en faveur des transports publics.

 

Une réflexion pertinente-pas très nouvelle- mais qui n’évoque pas le problème fondamental du financement ! NDLR

 

l’heure de la crise climatique conjuguée aux tensions inflationnistes, l’enjeu des mobilités quotidiennes n’a jamais été aussi important pour la France et l’Union européenne. Les déplacements automobiles sont au centre des attentions de court terme. La guerre en Ukraine est venue rappeler notre dépendance aux énergies fossiles à prix volatil. L’addiction au pétrole et au gaz se paie au prix fort, avions-nous vraiment besoin de cette énième démonstration ?

A moyen terme, et de façon plus brûlante encore, le système de déplacements induit par nos modes de vie est devenu un problème à résoudre, au cœur de tous les défis majeurs de l’époque. Qu’il s’agisse de nos émissions de CO2, de la biodiversité, des terres agricoles ou de la création de richesses sur nos territoires, rien de significatif ne peut être entrepris sans une action résolue sur l’offre et la demande de mobilité.

Dans ce contexte, le développement des transports en commun apparaît comme une priorité évidente et absolue tant il concentre de vertus. Plus de trains et de cars à l’échelle des régions, plus de bus, de tramways, de métros et de RER à l’échelle des agglomérations entraînent des effets positifs en cascade.

Changer le visage des territoires par les transports collectifs

La vie de millions de nos concitoyens peut s’en trouver facilitée du point de vue de l’accès à l’emploi, du pouvoir d’achat et de la sobriété à l’égard des ressources naturelles. Faut-il rappeler ici que l’empreinte carbone d’un trajet en tramway est 50 fois inférieure à celle du même trajet en voiture, sans même inclure le différentiel lié à la fabrication des deux véhicules ?

Le visage de nos territoires peut s’en trouver transformé de par l’impact des réseaux de transports collectifs sur les manières d’habiter, de travailler et, plus largement, de s’occuper : renforcement des centralités existantes et de leurs activités commerciales et productives, moindre artificialisation des sols.

Notre économie, enfin, peut s’en trouver consolidée grâce aux effets multiplicateurs de la commande publique d’infrastructures et de matériels roulants. Contrairement à bien d’autres filières motrices de la transition écologique, la France et l’Europe ont réussi à préserver peu ou prou le tissu industriel susceptible de répondre aux besoins. Du grand champion à la PME, c’est tout un écosystème qui se tient prêt à investir et à embaucher en fonction du niveau d’ambition qui sera fixé par les pouvoirs publics.

Gratuité des transports : Utopie ou folie ?

Gratuité des transports : Utopie ou folie ?

OPINION. La gratuité est devenue l’un des sujets majeurs des débats portant sur les politiques publiques de mobilité à l’échelle locale. Elle se trouve aujourd’hui au cœur de controverses très vives. Par Arnaud Passalacqua, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

Un papier intéressant mais un peu limité dans la problématique présentée. D’abord, il convient de préciser le champ géographique visé à moins de convenir que le transport peut être gratuit dans l’espace mondial. Seconde observation, la mobilité ne saurait prendre en compte uniquement la question du transport de personnes ; elle doit concerner aussi le transport de fret, également  important pour la société. Dernière question et non des moindres. Jamais le transport ne sera gratuit. Le transport aura toujours un cout,  un cout il faudra faire supporter à des agents économiques (contribuables, usagers, entreprises etc.). 

 

La gratuité des transports fait beaucoup parler d’elle. Récemment, elle est apparue à plusieurs reprises dans les débats de la campagne présidentielle : par exemple appliquée aux transports urbains comme une réponse à la tension sur les carburants provoquée par la guerre en Ukraine, pour Yannick Jadot, ou appliquée au TGV comme une mesure de pouvoir d’achat pour les jeunes, pour Marine Le Pen. Quand bien même la tarification des transports urbains ne relève pas de l’échelle gouvernementale tandis que celle du TGV n’en relève que de façon indirecte par l’intermédiaire de la SNCF.

La présence médiatique de la gratuité des transports est toutefois demeurée plus faible que lors des dernières élections municipales, qui ont vu de très nombreuses listes proposer une telle mesure, comme l’a analysé l’ingénieure du Cerema Sophie Hasiak.

Depuis le milieu des années 2010, la gratuité est devenue l’un des thèmes majeurs des débats portant sur les politiques publiques de mobilité à l’échelle locale, c’est-à-dire celle assurées par des autorités organisatrices. Toutefois, comme pour le tramway au cours des années 1990, la gratuité se trouve aujourd’hui au cœur de controverses très vives.

Une mesure polarisante

On peut s’interroger sur les ressorts du caractère clivant d’une mesure qui pourtant ne paraît pas être en elle-même susceptible de changer la vie urbaine du tout au tout. Le caractère radical de l’opposition paraît lié au fait que les transports publics sont un secteur où les investissements sont massifs, qu’ils soient symboliques, supposés porter l’image de la ville ou l’urbanité des lieux, comme dans le cas du tramway ou du Grand Paris Express, ou financiers, comme à Lyon, où 492 millions d’euros doivent être investis en 2022, ce que la gratuité viendrait dégrader.

L’opposition peut aussi se fonder sur l’idée que cette mesure, qui a nécessairement un coût, ne serait pas la plus appropriée pour décarboner les mobilités, ce qui est affiché comme l’objectif central des politiques publiques. Du côté des pro-gratuité, ce sont souvent les revendications venues des groupes les plus radicaux de la gauche qui sont les plus visibles du fait que la gratuité renvoie à un droit à la mobilité, voire un droit à la ville, quand bien même cette mesure est instaurée par des majorités de gauche comme de droite.

Cette polarisation nuit à une compréhension satisfaisante de ce qu’est la gratuité des transports, en particulier du fait qu’elle conduit à poser la question en des termes généraux, souvent abstraits des éléments de contexte qui peuvent donner à cette mesure des sens bien différents, en fonction de la fréquentation du réseau, de son taux de couverture des dépenses de fonctionnement, de la conception de l’offre de transport…

Pour discuter d’un phénomène, il convient d’abord de le documenter. C’est l’objectif que s’est fixé l’Observatoire des villes du transport gratuit, né en 2019 avec l’appui de la Communauté urbaine de Dunkerque et de l’Agence d’urbanisme et de développement de la région Flandre-Dunkerque (Agur), puisque cette ville est l’une des principales agglomérations françaises à avoir décrété la gratuité sur son réseau. Il s’agit ainsi d’ouvrir le regard sur la gratuité, au-delà de ce qui est souvent l’entrée principale des débats : le report modal.

Le report modal comme seule clé de lecture ?

Alors que le champ médiatique présente généralement le sujet sous l’angle de la question financière, le report modal est le thème principal des débats dans les publics experts, pour qui la question du financement relève plus de choix politiques que d’une véritable difficulté.

Le report modal, qui pourrait désigner tout changement d’un mode de transport pour un autre, est ici compris comme celui devant voir les personnes se reporter depuis l’automobile vers les transports collectifs.

La question est de savoir qui sont celles et ceux qui constituent la hausse de fréquentation généralement constatée après une mesure de gratuité. S’agit-il d’automobilistes ? De cyclistes ? De piétons ? Ou de nouveaux déplacements qui n’étaient jusque-là pas réalisés ? Par exemple, le report modal est l’entrée principale des articles publiés par The Conversation, signés des économistes Frédéric Héran et Quentin David.

Cette question n’est évidemment pas illégitime. Mais elle pose bien des difficultés. D’une part, elle est difficile à objectiver, puisque la gratuité n’arrive jamais seule dans un contexte urbain qui serait immuable, du fait d’effets démographiques, d’ouvertures de zones commerciales ou de nouvelles aires d’urbanisation.

Les enquêtes ne sont d’ailleurs pas toujours disponibles pour mener des comparaisons. D’autre part, l’objectif du report modal, pour intéressant est rarement atteint par les politiques publiques de transport, y compris les plus coûteuses, comme celles qui ont porté l’essor du tramway. La vision qu’il suppose est assez réductrice, dans la mesure où il reste cantonné à l’offre de mobilité, alors que l’on sait que les leviers sont aussi du côté de la demande, alimentée par la forme urbaine dépendante d’une automobile encore assez peu contrainte.

L’enjeu du report modal croise aussi l’enjeu financier. Si les transports publics sont une activité qui n’est jamais rémunératrice, les rendre gratuits correspond-il à un usage pertinent des deniers publics ? Ces crédits devraient-ils être utilisés autrement ? C’est justement ce dont une évaluation élargie doit permettre de juger en complétant l’entrée par le seul report modal.

Une nécessaire pluralité des questionnements

Premièrement, au vu de l’hétérogénéité des situations, il est primordial d’évaluer les résultats attendus en fonction des objectifs fixés en amont. Or, différents buts peuvent être poursuivis par la mise en place de la gratuité : intégration sociale, report modal, décongestion du centre-ville, attractivité pour certains publics, distinction du territoire métropolitain vis-à-vis de ses périphéries, amélioration du taux de remplissage de son réseau, attractivité vis-à-vis des entreprises…

La gratuité étant un choix politique, c’est ainsi qu’il faut la comprendre, peut-être y compris dans ce qu’elle peut porter de stratégie personnelle des élues et élus, comme dans le cas de Patrice Vergriete à Dunkerque, qui a construit son premier mandat sur cet enjeu, ou, historiquement, de Michel Crépeau à La Rochelle, à l’heure des premiers vélos en libre-service en 1976, dont le succès lui a permis de s’afficher comme figure de l’écologie politique émergente.

Deuxièmement, il convient d’observer l’ensemble des effets de la gratuité : temps court et temps long, effets financiers et effets sociaux, effets sur les pratiques comme sur les images sociales, effets sur le réseau comme sur l’urbanisme et l’équilibre territorial en général… Ce que l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a entrepris, en finançant des études s’intéressant au groupe social des jeunes ou aux effets de la gratuité sur les pratiques professionnelles au sein de l’exploitant d’un réseau.

Dans une approche économique, il est possible de porter un regard différent, comme celui des économistes Sonia Guelton et Philippe Poinsot, qui se penchent par exemple sur les finances locales des villes à gratuité, finalement peu mises à l’épreuve par une telle mesure. Dans un contexte où les recettes ne couvrent bien souvent que de 10 à 15 % des coûts d’exploitation, les situations financières des villes à gratuité et des villes à réseau payant peuvent d’ailleurs être assez similaires. Il en va différemment pour les villes bien plus performantes sur ce critère, comme les agglomérations parisienne et lyonnaise, qui font toutefois plus figure d’exceptions que de normes en la matière.

Troisièmement, il faut aussi accepter que la gratuité, comme beaucoup d’autres mesures, ne puisse s’évaluer de façon complètement isolée et indépendamment d’autres éléments de contexte. En d’autres termes, une forme de modestie s’impose, du fait que la gratuité n’arrive pas seule dans un contexte qui resterait figé avant et après sa mise en œuvre et où les données collectées en amont existeraient et permettraient de mener des comparaisons simples avec celles collectées en aval. Une telle situation ne peut exister car la gratuité ne prend son sens que parmi d’autres mesures touchant aux mobilités. Ce qui ne signifie pas que rien ne peut en être dit mais que la première entrée doit être celle du contexte local, loin des jugements généraux portant sur la pertinence a priori ou non de la mesure.

Refonder le débat

Ce constat invite donc à construire collectivement un cadre de débat où la gratuité des transports puisse être discutée sereinement, en se départant des réactions épidermiques ou des spontanéités militantes qu’elle suscite habituellement. Une approche laïque de la gratuité, pour reprendre Jean-Pierre Orfeuil.

Certains supports ont d’ores et déjà engagé un tel mouvement, comme la revue Transports urbains ou le Forum Vies Mobiles. Tout récemment, une nouvelle marche a été franchie par la première publication de l’Observatoire des villes du transport gratuit, qui aborde les grandes idées reçues touchant à la gratuité pour les déconstruire à partir des éléments scientifiques disponibles. Qu’elles plaident en faveur de la gratuité ou contre elle, ces idées reçues sont essentielles à éclairer, tant elles perturbent un débat qui a tant de difficultés à se poser.

Une autre façon de le faire est aussi d’élargir le regard à l’international, comme le propose le projet LiFT. Si des conditions nationales peuvent expliquer des situations de gratuité, comme l’existence particulière du versement mobilité en France, regarder ailleurs permet de se défaire de nombre de préjugés sur la gratuité.

Le sens qu’elle prend au Luxembourg, à Tallinn ou à Kansas City n’est pas identique, du fait des objectifs, des contextes sociaux et urbains ou du statut de ce que sont les transports publics, pensés comme solutions écologiques visant le report modal ou comme solution sociale pour les plus pauvres. Plus généralement, le sens de la gratuité des transports n’est peut-être pas le même que celle d’autres services urbains ou services publics locaux, souvent gratuits mais rarement qualifiés comme tels.

C’est donc aussi aux mots qu’il convient de réfléchir. Gratuité agit comme une catégorisation qui masque bien des différences entre les villes ayant aboli tout ou partie de la tarification de leur réseau, de même qu’elle masque des continuités avec les villes où la tarification existe, en particulier sur le plan financier. Plus globalement, ce débat invite à revoir le sens d’expressions centrales dans les études de transport, comme l’idée de report modal ou les catégorisations habituelles entre automobilistes, piétons ou cyclistes, ce que nous sommes bien souvent toutes et tous au fil de nos activités.

Finalement, c’est même peut-être la notion de transport qui mérite d’être revisitée. Ce débat sur la gratuité ne nous invite-t-il pas à penser que le transport n’est pas juste là pour nous transporter mais se trouve être un vecteur portant bien d’autres choses : nos idéaux, nos envies, notre désir de vitesse ? La base étroite sur laquelle la gratuité se trouve souvent jugée n’est-elle pas celle qui vit dans l’illusion que le transport sert à transporter, alors qu’il porte une forte diversité de charges, du désenclavement territorial à l’idée d’innovation technologique en passant par les ambitions politiques, qu’on le veuille ou non ? Dès lors, si le transport porte autre chose, la gratuité ne peut-elle pas apporter autre chose ?

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Par Arnaud Passalacqua, Professeur en aménagement de l’espace et urbanisme, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Transports : l’aménagement du territoire et la voiture

Transports : l’aménagement du territoire et   la voiture 

 

 

 

Face à l’éloignement des transports, la voiture est arrivée comme une solution, alors qu’elle est aussi l’une des plus importantes sources d’émissions de gaz à effet de serre.

. Un article intéressant de France info sur la problématique de la mobilité. Avec notamment rappel historique qui explique largement que l’utilisation de la voiture est liée à une certaine conception de l’aménagement du territoire écartant notamment de plus en plus le lieu de travail et l’habitat. NDLR

 

Selon le ministère de la Transition écologique, 80,8% des kilomètres parcourus par des voyageurs en France le sont avec ce mode de transport. Pourtant, son empreinte sur le climat est considérable. « Le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre de la France. En 2019, il représentait 31% des émissions françaises », note le gouvernement dans son rapport sur l’état de l’environnement. Et parmi ces émissions, plus de la moitié (51%) est due aux déplacements en voiture.

Alors pour lutter contre le changement climatique, conséquence de ces émissions de CO2, « une nouvelle mobilité est à inventer, plus écologique et accessible à tous », assure l’Agence de la transition écologique (Ademe). Mais en pleine campagne présidentielle, le sujet semble boudé par les prétendants à l’Elysée.  »C’est compliqué, indéniablement. ‘Bonnets rouges‘, ‘gilets jaunes‘, ‘convois de la liberté‘… La mobilité est intrinsèquement liée à la liberté des individus depuis le XIXe siècle », justifie Arnaud Passalacqua, professeur à l’Ecole d’urbanisme de Paris.

La voiture serait donc devenue indispensable aux yeux des Français. Pour le comprendre, Mathieu Flonneau, historien spécialiste d’histoire urbaine, des mobilités et de l’automobilisme, propose de revenir un siècle en arrière, quand ce n’était pas la voiture qui transportait les Français, mais le train. L’Hexagone était alors maillé de lignes ferroviaires.

« L’érosion du réseau ferroviaire commence dès les années 1920 avec l’abandon progressif de nombreuses petites lignes. »

D’un réseau de train très dense, on efface peu à peu les nervures, comme le montre la carte ci-dessous. Résultat : « Des zones se retrouvent enclavées. Ça a souvent été la même problématique pour tous les services publics (maternité, postes, hôpitaux…) », remarque l’historien. Il cite les exemples du Centre, des départements du Limousin ou encore des Ardennes.

Face à cette « érosion », la voiture est apparue comme une solution. Bénéficiant déjà d’un fort réseau routier, l’automobilisme s’est démocratisé pendant les Trente Glorieuses. « La voiture a joué un grand rôle dans le quotidien, c’était un véritable progrès social, un droit à la mobilité. Si l’auto est parvenue à cette position, c’est parce qu’elle a résolu des problèmes et qu’elle était très désirée », affirme Mathieu Flonneau. En attestent ces témoignages, recueillis à Paris par l’émission « Cinq colonnes à la une » en octobre 1959. A la question « Etes-vous plus heureux depuis que vous avez une voiture ? », un conducteur répond : « Oui, parce que ça me permet de me déplacer et d’emmener mes enfants et ma femme à la campagne le dimanche. »

Près de soixante ans plus tard, on retrouve presque les mêmes témoignages dans un article de franceinfo : un père de famille vivant à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) y expliquait par exemple son « casse-tête entre désir d’écologie et réalité du quotidien » alors qu’il est contraint d’utiliser sa voiture pour se rendre sur son lieu de travail et, au passage, déposer ses deux enfants à l’école.

Ces vingt dernières années, cette préférence pour la voiture s’est en effet confirmée. Comme le montre l’infographie ci-dessous, le réseau routier a augmenté de 14,7% entre 1995 (avec 962 407 km de routes) et 2019 (1 104 093 km), selon les chiffres du ministère de la Transition écologique. Le réseau ferroviaire, lui, a diminué de 13,9% sur la même période (passant de 31 940 à 27 483 km de voies ferrées). David Zambon, directeur chargé des infrastructures au sein du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), l’explique principalement par l’étalement des villes : « L’urbanisation, la construction de lotissements, de zones d’activités, s’est accompagné par la création de routes. Car c’est bien par la route qu’on accède au pas de la porte. »

Bruno Marzloff, sociologue spécialiste des mobilités, abonde :  »Le domicile s’est éloigné du travail. Et aujourd’hui, la desserte du travail se fait largement par la voiture. Les commerces ont aussi déserté tout ce tissu rural et périurbain au bénéfice des grandes surfaces. » Il n’hésite pas à qualifier la population de « captive », malgré elle, de la voiture. Une étude sur l’année 2020 relayée par L’Express va dans le même sens : « Le taux de motorisation en France, à 86%, est en hausse sur l’année précédente. Et il s’établit même à 95% dans les zones rurales. A l’inverse, à Paris [intra-muros], 34% seulement des ménages ont une voiture. » Ce dernier chiffre s’explique notamment par l’offre foisonnante de transports en commun dont la capitale et les grandes métropoles bénéficient. Et qui s’amenuisent plus on s’en écarte.

« Le propre des dynamiques d’aménagement, c’est le temps long. Aujourd’hui, on voit encore les conséquences dans beaucoup d’endroits des choix des années 1960″, souligne toutefois David Zambon. Si nous héritons donc aujourd’hui des constructions d’il y a plusieurs décennies, les logiques ont changé depuis peu, d’après ce spécialiste. Il cite d’abord la loi  »Climat et résilience »votée en 2020, fixant notamment l’objectif d’atteindre en 2050  »l’absence de toute artificialisation nette des sols », c’est-à-dire la construction sur un sol anciennement à l’état naturel. 

 

La voiture électrique fait aussi partie des solutions envisagées. Avec des émissions de gaz à effet de serre « deux à six fois moins » élevées que sa cousine thermique, selon l’Ademe, elle a vu ses ventes grimper ces dernières années. « Le marché des véhicules électriques a été très dynamique en 2020 avec une augmentation des ventes de 259% par rapport à 2019″, rapporte l’Agence de la transition écologique.

Le directeur adjoint du Cerema évoque également les autres usages de plus en plus développés sur les routes : « On parle de voiture, mais les bus, les vélos et les tramways y passent aussi ! » Ces transports plus propres ont vu leur nombre de voyageurs-kilomètre, l’unité de mesure qui étudie le transport d’un voyageur sur un kilomètre, croître de 24% entre 2002 (48,8 milliards de kilomètres) et 2019 (60,7 milliards), toujours selon le ministère de la Transition écologique. Les véloroutes et voies vertes sont quant à elle passées de 6 900 km en 2011 à 17 515 km en 2019.

Pour le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, la réponse passe aussi par le train.  »Sans un report modal fort de la route vers le train, l’objectif de l’accord de Paris sera inatteignable », a-t-il plaidé le 10 février auprès de la Fondation Jean-Jaurès, militant pour « doubler la place du train pour une vraie transition climatique ».

Autant de transformations qui vont dans le bon sens, d’après David Zambon. « La loi d’orientation des mobilités [en vigueur depuis décembre 2019] a inscrit ces orientations dans les politiques publiques. En France, cela faisait plus de trente ans qu’on n’avait pas eu de loi sur les enjeux transports et mobilité », depuis la Loi d’orientation des transports intérieurs en 1982, se réjouit-il.

Mais tous ces spécialistes invitent à ce que la réflexion aille plus loin. Il faut « changer de modèle d’aménagement du territoire » et mettre en marche un « retour des services de proximité » pour Bruno Marzloff. Camionnettes de boulangers, unités de soins ambulants, retour des commerces de ville… « L’enjeu est d’irriguer le territoire pour rendre les services prioritaires accessibles », défend-il. Le spécialiste des mobilités et des politiques urbaines Arnaud Passalacqua milite aussi pour un changement de mode de pensée.

« On se focalise peu sur les imaginaires liés à la voiture : vitesse, immédiateté, liberté… Face aux limites du monde que nous atteignons, mais que nous n’acceptons pas, cela reste tabou. »

Tous ces travaux et ces réflexions en cours suffiront-ils à infléchir la tendance et réduire de 2% le trafic de voitures particulières entre 2015 et 2050, comme le réclame la Stratégie nationale bas carbone ? « Le mouvement de fond est là. Je ne sais pas si on est à la hauteur des enjeux, mais on y travaille », conclut le directeur du Cerema chargé des infrastructures.

Transports: Réduire la mobilité ?

Transports: Réduire la  mobilité ? 

 

Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles, s’interroge dans la Tribunesur une société du toujours plus de mobilités, là où il y a trop de déplacements inutiles ou subis. De son côté, Mathieu Flonneau, enseignant-chercheur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris 1, met lui en garde contre un risque de déclassement social qu’entraînerait la mise en oeuvre de la « ville du quart d’heure » ou du « territoire de la demi-heure ».

En réalité une question qui est aussi liée à l’urbanisation et à l’aménagement du territoire; Sans cette prise en compte la question est assez théorique NDLR

 

Alors, faut-il réduire la demande de mobilité ?

 

Oui, la démobilité est nécessaire. Jusqu’ici, notre société a utilisé deux leviers pour résoudre le problème de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre liées à la mobilité. Celui de l’innovation technologique, en améliorant l’impact environnemental des carburants ou en jouant sur l’efficacité des moteurs. Et le levier du transfert modal en encourageant les personnes à quitter leur voiture pour aller vers les transports en commun ou le vélo. Mais, il y a un levier qui est totalement ignoré par les autorités alors qu’il est celui le plus recommandé par l’ONU et d’autres organisations internationales : celui d’éviter les déplacements. Cette démobilité consiste à réduire les distances parcourues au quotidien et le temps passé à se déplacer. Au 19ème siècle, nous parcourions 4 km par jour en moyenne. Aujourd’hui, c’est 60 km et 1h30 par jour. Ces pratiques de mobilité sont ancrées dans notre quotidien, et peuvent paraître aussi naturelles que respirer de l’air. Mais toutes nos enquêtes démontrent que chez certains, cette mobilité est une contrainte et qu’ils en souffrent. Pour eux, l’aspiration à réduire le temps passé dans les transports et les distances parcourues est très forte.

Par ailleurs, le mouvement des gilets jaunes a mis en lumière la forte dépendance des gens à la voiture individuelle, une mobilité non seulement carbonée mais aussi coûteuse. Pour ceux qui n’ont que la voiture pour se déplacer, la moindre hausse de taxe ou des prix du carburant devient invivable. Aussi, si l’on veut répondre à l’urgence climatique sans exacerber les inégalités face à la mobilité, il faut offrir des solutions alternatives qui permettent de moins utiliser la voiture. Ce n’est plus seulement un enjeu environnemental, c’est aussi une question de pouvoir d’achat, de qualité de vie et également de santé publique en rendant possible la pratique de la marche et du vélo.

Pour que ces alternatives à la voiture soient crédibles, il faut donc repenser l’organisation des territoires afin de favoriser les activités en proximité et réduire les distances à parcourir au quotidien. C’est ce que l’on appelle la ville du quart d’heure ou le territoire de la demi-heure. Dans les deux cas, il s’agit de réunir dans un même espace les divers centres d’intérêt qui poussent aux déplacements : le logement, l’emploi, les commerces et les lieux de loisirs. Certes ; redéployer les services publics, les commerces, repenser la localisation des entreprises et des logements… tout cela prend du temps. Aussi ; il faut sans attendre poser les bases d’un système moins dépendant de la voiture individuelle. Comment ? En proposant des infrastructures de transport alternatives (pistes pour les vélos et la marche, transports collectifs…) et en réorganisant nos activités pour éviter certains déplacements subis ou inutiles grâce, par exemple, au télétravail. La mobilité ne peut plus être la variable d’ajustement des modes de vie des individus car elle est aliénante dans sa configuration actuelle !

 

Non. Il ne faut pas pousser à la démobiltié. A travers ce concept, on observe une tentation d’expliquer la dégradation des conditions de vie par la dégradation de l’accès aux mobilités. Pourtant, la réalité de la démobilité n’est pas fondée sur la seule sobriété écologique, mais plutôt sur une contrainte qui a trait à l’accroissement du coût de la mobilité, à la saturation problématique des modes capacitaires et au coût du foncier qui atteint des records dans certaines zones, poussant ainsi les gens à s’éloigner. Il existe également une contrainte liée à la congestion qui, paradoxalement, est parfois mise en œuvre par les autorités elles-mêmes lorsqu’elles restreignent volontairement la circulation.

La ville autoréalisatrice du quart d’heure illustre les faiblesses du concept de démobilité. D’un côté, elle revendique cette sobriété dans la consommation de mobilité, alors qu’en réalité, cette ville miraculeuse du quart d’heure est extrêmement équipée, connectée et incarne le triomphe des flux logistiques qui ne sont pas moins carbonés. En outre, ce modèle urbain s’avère être le promoteur pervers de la précarisation du travail, avec l’ubérisation des transports avec ses VTC ou son cortège de livraisons de repas minutées. C’est la Silicon Valley qui prospère sur cette imposture !

On peut donc regretter que cet hypercapitalisme moralisant, qui est à l’origine de ce concept de démobilité, impacte durablement les emplois liés aux déplacements (les métiers des transports publics régulés et de l’industrie automobile) mais aussi tout le tissu économique et le maillage des territoires. Le schéma d’une démobilité qui favoriserait les hyper-centre-villes au détriment de leurs périphéries reproduit donc, dans les faits, une nouvelle forme de ségrégation sociale, qui paupérise et perpétue, sous une nouvelle forme, une France du déclassement.

Transports : une révolution systémique ?

Transports : une révolution systémique ?

 

Les deux experts en prospective urbaine Vincent Le Rouzic et Alphonse Coulot estiment, dans une tribune au « Monde », qu’il faut réinvestir l’existant pour réussir la transition bas carbone des mobilités. Ils préconisent de reconditionner les véhicules thermiques en véhicules électriques et de transformer les autoroutes en infrastructure de transport collectif à grande vitesse.

 

Un article intéressant mais qui prend sans doute seulement en compte la mobilité des personnes et qui ignore la mobilité des biens  NDLR

Tribune.En écho au New Deal lancé par Roosevelt en 1934, l’Union européenne élabore depuis fin 2019 un Green Deal pour s’inscrire dans la trajectoire des accords de Paris. Le parallèle fait entre ces deux programmes mérite toutefois d’être discuté, tant les enjeux ont évolué en près d’un siècle : il ne s’agit plus seulement de relancer la croissance et les créations d’emplois par une ambitieuse politique de nouvelles infrastructures, mais bien de transformer l’infrastructure même de notre économie, pour rendre possible une sobriété systémique.

Dans cette perspective, chaque secteur a ses propres enjeux. Le secteur des transports est bien sûr stratégique : les fortes émissions qu’il produit appellent à une transformation fondamentale du secteur. Pour réussir la transition, il convient d’imaginer de nouvelles stratégies d’action publique tenant compte des capacités d’action des différentes parties prenantes. C’est pourquoi nous avons réalisé, en partenariat avec Ipsos, un sondage permettant de mieux comprendre les aspirations des Français au sujet des mobilités bas carbone.

En résumé, le sondage révèle une tension manifeste entre le souhait exprimé par une large majorité de Français de réaliser la conversion carbone de leurs mobilités et la difficulté de passer à l’action concrètement : si 91 % des Français déclarent qu’ils aimeraient pouvoir réduire l’impact écologique de leurs déplacements quotidiens, 73 % des personnes interrogées jugent difficile, voire impossible, de le faire.

Plus particulièrement, 51 % des automobilistes déclarent qu’ils aimeraient pouvoir se passer de leur voiture dans leurs déplacements quotidiens, mais que c’est impossible. Enfin, les transports collectifs sont le premier secteur où investir selon les sondés (46 %).

Au vu de ces résultats, les besoins en investissements publics et privés apparaissent colossaux pour atteindre la sobriété systémique dans les mobilités en misant à la fois sur l’investissement dans les infrastructures et dans l’électrification des véhicules. Ces constats appellent à un renouvellement de notre conception du New Deal sous la double contrainte des ressources budgétaires et planétaires.

C’est pourquoi nous proposons un « Renew Deal », en refusant la tabula rasa aux conséquences écologiques, sociales et économiques mal maîtrisées et en affirmant l’impérieuse nécessité de réinvestir l’existant pour être à la hauteur du défi climatique. Les deux premiers axes de cette stratégie sont la massification du rétrofit (Le rétrofit consiste à reconditionner un véhicule thermique en véhicule électrique) et la transformation des autoroutes en infrastructures de transport collectif.

On peut finalement manger et boire «rapidement» dans les transports, selon Jean-Baptiste Djebbari

On peut finalement manger et boire «rapidement» dans les transports, selon Jean-Baptiste Djebbari

 

À l’interdiction générale de vente et de consommation  de produits alimentaires dans les transports se substitue désormais un principe moins restrictif qui permet aux passagers de se restaurer mais à condition de manger et boire rapidement indique le ministre des transports.( la vente reste interdite)

 Reste évidemment à définir ce qu’on entend par rapidement:  30 secondes, deux minutes ou cinq minutes ? Bref à vouloir tout réglementer, les mesures concrètes peuvent prendre parfois des aspects assez ridicules. Surtout quand pour légitimer son discours le ministre des transports désigne du doigt les passagers « qui mangent des chips pendant plusieurs heures ».

Le problème évidemment n’est pas tellement le temps passé pour un rapide repas ou la prise d’une boisson mais les conditions dans lesquelles s’effectue cette opération et les risques qu’elle peut faire courir aux autres voyageurs.

 «Si vous avez un besoin impératif de boire ou de manger dans le train parce que vous êtes fragile ou simplement parce que vous avez ce besoin physiologique, vous pourrez retirer votre masque et boire (ou) manger rapidement et le remettre tout de suite après», a déclaré Jean-Baptiste Djebbari sur BFMTV. «Ce qu’on veut éviter (…), c’est les phénomènes, qui sont marginaux mais qui existent, de la personne qui retire son masque en mangeant des chips pendant plusieurs minutes voire plusieurs heures», a-t-il ajouté. «C’est ce genre d’abus-là que nous voulons éviter.»

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