Automobile : prendre le temps d’une vraie transition écologique
Pour Claude Cham, Président de la FIEV (Fédération des Industries des Équipements pour Véhicules), il faut prendre garde à la tentation d’une réglementation qui ne prend pas en compte le temps long des investissements de la transition écologique dans le secteur .( La Tribune)
L’amour de la planète et la sauvegarde de l’humanité désignent des enjeux essentiels, et forts des nouveaux savoirs, nous permettent d’en attendre la garantie de nos libertés acquises à grande peine. Une transition énergétique effective, bras armé d’une écologie positive, doit rendre compatibles les impératifs du défi durable et la protection de nos libertés actuelles, tout en garantissant les futures à un coût justifié et supportable.
Une de celles-ci : la liberté individuelle de déplacement incarnée par l’incroyable et non anticipé succès de l’automobile. La bannir purement et simplement du paysage ne nous parait plus conforme à l’état d’avancement des savoirs. Les « nouvelles mobilités », cette nouvelle doxa ignore tout des progrès technologiques de notre industrie tricolore, largement engagée dans une écologie scientifique, responsable et consciente des enjeux de la transition énergétique.
Pourquoi alors interdire, contraindre, taxer, stigmatiser et sanctionner sans discernement, et promettre aujourd’hui ce qui ne sera pas tenu demain ? Et comment ne pas craindre que cette confusion ne déchire encore les Français entre « la fin du monde et la fin du mois » ? Ce qui est en jeu, c’est le rayonnement industriel de la France et in fine, sa souveraineté. L’interdiction des moteurs thermiques, les débats sur le nucléaire, les ZFE ou sur les avions-privés pourraient conduire à une France sans usine… Là où le savoir peut construire une France industrielle en phase avec une écologie scientifique favorable à la croissance.
C’est l’exemple de cette industrie automobile qui ces dernières années a tant souffert – mais néanmoins résiliente – mais a toujours su toujours rester à la pointe de l’innovation en tant que première industrie française en termes de dépôts de brevet. Alors que les véhicules en circulation augmentaient de +26% en 20 ans, l’industrie, sur la même période réduisait de -55% les émissions de NOX et de -40% celles de CO2, sans parler de toutes les autres innovations en termes de confort et de sécurité. Progrès qui sont le résultat du savoir de 4000 entreprises employant 400 000 personnes au service d’une mobilité toujours plus durable, de moins en moins polluante et de plus en plus sûre.
Cette industrie, engagée avec détermination pour une neutralité carbone en 2050, est parfois en avance sur les réglementations. Son savoir et sa raison plaident de plus en plus pour une pluralité des solutions, mesurant sur la totalité du cycle de vie (du gravier à la tombe) l’ensemble des émissions de GES et non plus les seules émissions du véhicule, seule méthode garantissant une concurrence saine et sans candeur.
Alors, pensant à ma famille, à mon pays que j’aime passionnément, je rêve d’une France où le savoir au pouvoir sauverait une industrie automobile française performante, rayonnante et respectée, porte-drapeau d’une transition énergétique maîtrisée, efficace et durable.
Mobilité : « comment concilier transition écologique et justice sociale
Mobilité : « comment concilier transition écologique et justice sociale
Alors que les décisions prises pour préserver le climat obligent bien souvent à des renoncements pour les personnes les plus vulnérables, les deux experts en mobilité Marc Fontanès et Maylis Poirel présentent, dans une tribune au « Monde », des mesures pour mieux conjuguer fin du monde et fin du mois.
Un article qui exprime des préoccupations pertinentes mais qui aurait pu prendre en compte les aspects d’aménagement du territoire permettant un meilleur équilibre en rapprochant certaines zone d’emploi et habitats NDLR
L’actualité récente – contestations contre les limitations de vitesse, mouvement des « gilets jaunes », avènement des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), et plus récemment hausse des prix du carburant – a été l’occasion de prendre conscience de la tension, parfois explosive, entre impératifs écologiques, sociaux et économiques.
Plus de 13 millions de nos concitoyens les plus vulnérables sont touchés de plein fouet par la transformation à l’œuvre de notre système des mobilités, outrageusement dominé par le modèle de la voiture individuelle propriétaire.
Dépendance à la voiture, distances importantes vers l’emploi et les services essentiels de la vie quotidienne, véhicules anciens et énergivores rythment ainsi les inquiétudes budgétaires de nombreux ménages, souvent contraints de renoncer à une partie de leur mobilité.
Les personnes vulnérables en matière de mobilité sont pourtant souvent bien plus sobres que la moyenne : par contrainte objective ou perçue, elles recourent plus aux transports en commun, au vélo ou à la marche, autant de modes de déplacement aussi économiques qu’écologiques ; par conviction, elles présentent une sensibilité supérieure à la moyenne aux enjeux environnementaux.
La « prime inflation » et la réduction à la pompe reconfirmée cet été constituent de coûteuses tentatives de maintenir à flot le navire automobile – nous estimons ces mesures à plus de 7 milliards d’euros à ce jour – en enfermant les citoyens dans les énergies fossiles. Elles participent plus globalement de la prépondérance des mécanismes financiers censés, avec plus ou moins de bonheur, accompagner la transition écologique des mobilités, à commencer par les aides à la reconversion. De l’avis même des acteurs du champ social, ces dispositifs sont loin d’être la seule manière de répondre aux besoins.
D’autres investissements matériels et immatériels nous semblent nettement prioritaires. Le renforcement de l’offre de transports collectifs doit venir, en ville comme dans les territoires périurbains, satisfaire aux besoins réels des habitants, en élargissant les amplitudes horaires et en connectant efficacement les bassins de vie et les zones d’emploi et de services.
Sur les territoires peu denses, la massification de la voiture servicielle et partagée est une réponse largement sous-estimée aux enjeux de démotorisation, même partielle, des ménages. Son avènement passera nécessairement par l’intégration de la voiture dans le système public de mobilité, et donc par des partenariats public-privé assumés.