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Jézabel Couppey-Soubeyran : « La transition écologique victime de l’hyperfinanciarisation

Jézabel Couppey-Soubeyran : « La transition écologique victime de l’hyperfinanciarisation

Par
Jézabel Couppey-Soubeyran

Maîtresse de conférences d’économie à l’université Paris-I et conseillère scientifique à l’Institut Veblen

Banques, assurances et fonds d’investissement s’inquiètent du « risque de transition », c’est-à-dire de la perte de valeur des actifs liés à l’économie carbonée, observe l’économiste dans sa chronique au Monde.

Alors que l’on attend du secteur bancaire et financier qu’il soit le moteur de l’investissement vert, la masse énorme d’actifs qu’il porte constitue au contraire un frein majeur à la transition écologique. Car celle-ci fait en réalité peser un risque de lourdes pertes pour les acteurs de la finance mondiale. Les 486 600 milliards de dollars (447 988 milliards d’euros), selon le Conseil de stabilité financière, inscrits aux bilans des banques, des assurances, des fonds d’investissement, etc. – un chiffre qui a plus que doublé depuis la crise financière de 2007-2008 –, sont en effet en grande partie détenus sur des entreprises dont le modèle d’activité reste dépendant du pétrole, du gaz et des autres énergies fossiles, et préjudiciable au climat et à la biodiversité.

Les perspectives de profit sont donc inversement proportionnelles aux avancées de la transition écologique : tant que la transition n’avance pas ou peu, la valeur de ces actifs se maintient ; si, au contraire, elle accélère, ces actifs vaudront de moins en moins et deviendront des « actifs échoués » inscrits au bilan des institutions financières qui les détiennent.

Les études se multiplient sur ce qu’il est convenu d’appeler ce « risque de transition » et sur les actifs échoués qui pourraient en résulter. La vulnérabilité du système financier à cet égard est certes hétérogène selon les pays, les régions, les secteurs, les entreprises et les individus concernés, car les pertes potentielles sont, par définition, largement concentrées sur les plus aisés. Mais ces pertes n’en seraient pas moins à la hauteur d’un choc financier comme celui de la crise de 2007-2008 (« Financial stability, stranded assets and the low-carbon transition – A critical review of the theoretical and applied literatures », Louis Daumas, Journal of Economic Surveys).

Banques centrales et superviseurs, qui entendent piloter le verdissement du système financier en mesurant les risques que le changement climatique fait peser sur la stabilité des marchés, se retrouvent ainsi coincés entre le marteau d’un risque physique croissant (les pertes liées aux dommages et destructions d’actifs dus au dérèglement climatique) et l’enclume du risque de transition (la dévalorisation des actifs au fil de la transition vers les objectifs climatiques), lui aussi croissant à mesure que l’inaction climatique obligera à une transition plus brutale.

A vouloir mettre en balance ces deux risques, les autorités financières se condamnent à de tout petits pas…

Transition écologique : qui doit payer ?

Transition écologique : qui doit payer

par Pierre Le Masne, Maître de conférences émérite d’économie à l’université de Poitiers


L’économiste Pierre Le Masne juge, dans une tribune au « Monde », les prescriptions du rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz insuffisantes pour financer le coût d’une véritable transition écologique.
Le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz intitulé « Les incidences économiques de l’action pour le climat », publié le 22 mai, propose une évaluation économique du coût d’une partie de la nécessaire reconversion écologique de la France, celle qui concerne le climat, sans évoquer les neuf questions écologiques fondamentales mises en évidence par le Stockholm Resilience Center.

Or, les « limites planétaires » ont déjà été dépassées sur six d’entre elles. En dehors du climat, le « coût économique de la transition » concerne aussi la biodiversité, l’artificialisation des terres, l’abus de nitrates et de pesticides, les plastiques, l’eau…

Mais le rapport oublie un autre point important : la prise en compte des importations. Il y est ainsi affirmé que « malgré une progression du produit intérieur brut (PIB) de 50 % entre 1995 et 2019, l’empreinte carbone de la France a diminué de 20 % sur la même période », sans parler du rôle des importations dans l’empreinte carbone.

Un document officiel publié fin 2022 dans « Données et études statistiques » dit pourtant : « Les émissions associées aux importations représentent un peu plus de la moitié (51 %) de l’empreinte. Par rapport à 1995, l’empreinte carbone de la France [en 2021] a diminué de 9 %. Les émissions intérieures se sont réduites de 27 % tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues de 20 % ».

Le rapport surestime donc largement la diminution de l’empreinte carbone (20 % au lieu de 9 %). En fait très peu a été fait depuis 1995, si on tient compte des importations. La délocalisation de l’industrie française a joué un rôle majeur dans la diminution des émissions de CO2 sur le territoire. Mais la reconversion écologique doit au contraire favoriser une relocalisation industrielle pour réduire le coût écologique du transport ainsi que le déficit commercial.

Le rapport a l’immense mérite de préconiser un renforcement de l’investissement : il faudrait l’augmenter de 2 % du PIB par an en 2030, 67 milliards d’euros, la moitié assumée par l’Etat et la moitié par les entreprises. La plus grande partie, 48 milliards, concerne les bâtiments et leur rénovation. Mais si le bâtiment est sérieusement pris en compte, le reste ne l’est pas suffisamment.

Transition écologique : pour des véhicules plus efficaces, plus sobres et accessibles

Transition écologique : pour des véhicules plus efficaces, plus sobres et accessibles

Continuer de subventionner des voitures électriques toujours plus lourdes, puissantes et suréquipées est une impasse, assurent, dans une tribune au « Monde », cinq spécialistes de la transition écologique, dont Jean-Marc Jancovici et François Gemenne, qui appellent à une planification de la mobilité bas carbone.

Le 30 mai, trois ministres et de nombreux élus inauguraient la première gigafactory de batteries électriques en France, à Douvrin (Pas-de-Calais). Le 11 mai, le président de la République vantait un total de 13 milliards d’euros déjà engagés dans le plan d’investissement France 2030, dont une partie des 800 millions d’euros de subventions publiques françaises pour Douvrin. Il annonçait aussi un autre projet de gigafactory (le quatrième au total) et un nouveau crédit d’impôt visant à subventionner 20 milliards d’euros d’investissements supplémentaires d’ici à 2030, dont une partie encore pour la filière automobile.

Excellentes nouvelles, tant la transition écologique implique de renforcer l’autonomie stratégique sur les processus industriels, notamment la production de batteries pour la transition de l’automobile. Mais pour une politique industrielle, écologique et sociale crédible, des conditions doivent être posées sur l’usage qui en sera fait : produire des véhicules plus efficaces, plus sobres en ressources et accessibles à toutes les personnes qui dépendent de l’automobile au quotidien.

Pas un mot n’a été prononcé sur la vision de la mobilité du futur proposée aux Français, où la voiture doit occuper une place bien moins centrale. Ceux qui en resteront dépendants, notamment dans les zones rurales, pourront-ils s’offrir les véhicules électriques produits, alors que le marché du neuf est déjà hors de portée pour la plupart aujourd’hui ? Que répondre aux inquiétudes, partagées par les industriels et scientifiques, sur la disponibilité en matériaux pour fabriquer les batteries, en infrastructures de recharge, voire en électricité pour leur recharge ? Que dire aux centaines de milliers de travailleurs de l’industrie du véhicule thermique qui s’interrogent sur leur avenir ?

La stratégie actuelle demeure muette sur les vrais enjeux et risque de nous mener dans une impasse. La relocalisation souhaitable de la production automobile doit intégrer le besoin de réduction du marché global. Comme le montrent tous les travaux sur la transition du secteur intégrant les limites physiques de notre planète, le premier enjeu est d’accompagner cette réduction de manière juste – les quelques milliers d’emplois envisageables dans la production de batteries ne pourront pas seuls la compenser.

Financement transition écologique : Borne contre le rétablissement d’un ISF immobilier vert

Financement transition écologique : borne contre le rétablissement d’un ISF vert

La Première ministre est clairement contre le rétablissement d’un ISF vert destiné à favoriser le financement de la transition écologique et préconisé par le rapport de l’économiste Jean Pisani-Ferry.

Questionnée sur la création d’un « ISF vert », en lien avec le rapport de l’économiste Jean Pisani-Ferry, missionné par elle pour évaluer les impacts économiques de la transition écologique en France, la Première ministre répond que oui, « il faut accélérer » la transition écologique et que « cela passe par différentes mesures ». Elisabeth Borne le concède, « il faudra évidemment plus de financements ». Combien ? La Première ministre « est en train de chiffrer les besoins supplémentaires » mais « il y aura des augmentations de budget dans le projet de loi de finances pour 2024″ !!!! Sans autre précision.

Elle a déclaré : Il ne s’agit pas de faire des nouveaux impôts », fermant ainsi la porte à la mesure. Elle se prononce en revanche pour « réorienter nos ressources, nos financements, en faveur de la transition écologique ». Pour ce faire, Elisabeth Borne affirme avoir « demandé à chaque ministre de regarder dans son budget pour dégager 5% qui peuvent être redéployés précisément au bénéfice de la transition écologique ».Bref, un financement anecdotique d’une part parce qu’on ne dégagera pas une économie de 5 % par ministère et que de toute manière les que les économies réalisées seront alors loin des enjeux ( autour de 20 milliards par an) . Un petit calcul de coin de table vite fait car les 5 % supposés d’économie par ministère représenteraient autour de 20 milliards par an ! Autant dire un tour de passe-passe

Le rapport Pisani-Ferry, présenté lundi 22 mai, affirme notamment que la transition vers une économie décarbonée nécessite des investissements massifs et ne pourra réussir sans aider les ménages et alourdir la dette publique. Le rapport évoque le chiffre de 66 milliards d’euros supplémentaires par an pour la transition énergétique. Il préconise également de taxer le patrimoine financier des plus aisés via un « ISF vert ».

Financement transition écologique : Borne contre le rétablissement d’un ISF vert

Financement transition écologique : borne contre le rétablissement d’un ISF vert

La Première ministre est clairement contre le rétablissement d’un ISF vert destiné à favoriser le financement de la transition écologique et préconisé par le rapport de l’économiste Jean Pisani-Ferry.

Questionnée sur la création d’un « ISF vert », en lien avec le rapport de l’économiste Jean Pisani-Ferry, missionné par elle pour évaluer les impacts économiques de la transition écologique en France, la Première ministre répond que oui, « il faut accélérer » la transition écologique et que « cela passe par différentes mesures ». Elisabeth Borne le concède, « il faudra évidemment plus de financements ». Combien ? La Première ministre « est en train de chiffrer les besoins supplémentaires » mais « il y aura des augmentations de budget dans le projet de loi de finances pour 2024″ !!!! Sans autre précision.

Elle a déclaré : Il ne s’agit pas de faire des nouveaux impôts », fermant ainsi la porte à la mesure. Elle se prononce en revanche pour « réorienter nos ressources, nos financements, en faveur de la transition écologique ». Pour ce faire, Elisabeth Borne affirme avoir « demandé à chaque ministre de regarder dans son budget pour dégager 5% qui peuvent être redéployés précisément au bénéfice de la transition écologique ».Bref, un financement anecdotique d’une part parce qu’on ne dégagera pas une économie de 5 % par ministère et que de toute manière les que les économies réalisées seront loin des enjeux .

Le rapport Pisani-Ferry, présenté lundi 22 mai, affirme notamment que la transition vers une économie décarbonée nécessite des investissements massifs et ne pourra réussir sans aider les ménages et alourdir la dette publique. Le rapport évoque le chiffre de 66 milliards d’euros supplémentaires par an pour la transition énergétique. Il préconise également de taxer le patrimoine financier des plus aisés via un « ISF vert ».

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Transition énergétique de l’Europe : pour des données objectives sur l’énergie

Transition énergétique de l’Europe : pour des données objectives sur l’énergie

Sur le mode de l’Agence européenne pour l’environnement, dix économistes et spécialistes du climat européens plaident, dans une tribune au « Monde », en faveur de la création d’une Agence européenne de l’énergie, publique et indépendante, pour assurer une transition verte, au sein de l’Union européenne.

Combien l’industrie paie-t-elle pour l’électricité ? D’où venait le gaz européen en 2022 ? Combien de centrales électriques l’Europe compte-t-elle ? Quelles sont les lignes de transport les plus encombrées ? A quelle vitesse l’énergie éolienne et solaire est-elle ajoutée au système ?

Il n’est pas facile de trouver une réponse claire à ces questions, d’une part parce que certaines statistiques publiques restent inaccessibles ou difficiles à utiliser, et d’autre part parce que des données plus simples et plus récentes ne sont disponibles que dans le commerce. C’est particulièrement vrai pour les prix de l’énergie et des émissions, mais aussi pour les données relatives à la demande de certains groupes de consommateurs ou à la production régionale.

Pas de problème, pourrait-on penser. Il en a toujours été ainsi et la disponibilité des données publiques s’est même améliorée, ces dernières années. Mais c’est un problème.

La transformation énergétique nécessaire pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050 sera massive. Les transports, le chauffage et l’industrie doivent être convertis très rapidement à des sources d’énergie sans émissions. L’identification de la bonne combinaison de solutions est controversée. Les consommateurs d’électricité doivent-ils se déplacer là où se trouvent les éoliennes, les éoliennes là où se trouve la consommation, ou l’électricité doit-elle être transportée ? Comment les coûts doivent-ils être répartis entre les différents consommateurs ?

Il ne s’agit pas seulement de questions technico-économiques, mais aussi et surtout de questions politiques. La disponibilité de données fiables et cohérentes représente donc une base fondamentale pour étayer les grands choix politiques en matière d’énergie. Sans données de qualité, la transition énergétique de l’Europe sera plus difficile à réaliser.

Un nouveau contrat social pour la transition écologique

Un nouveau contrat social pour la transition écologique

par Emmanuel Combet
Docteur en économie (Phd), Sénior économiste à l’Ademe, Chercheur associé à la Chaire Energie et Prospérité, Ademe (Agence de la transition écologique)

Patrick Jolivet
Directeur des études socio-économiques, Ademe (Agence de la transition écologique) dans the Conversation

Un article intéressant qui propose un nouveau contrat social pour la transition écologique. Soulignons cependant que l’approche est surtout macro économique et que les principales solutions passent par la fiscalité. S’il devait y avoir un nouveau contrat social encore faudrait-il qu’il soit négocié avec les forces économiques et sociales pour aboutir à des diagnostics et des perspectives partagés. NDLR

L’Europe subit depuis 2021 des chocs douloureux sur les prix des énergies qui résultent du cumul de plusieurs facteurs : la reprise de l’activité économique après la crise du Covid-19, la guerre en Ukraine qui a contraint les approvisionnements en gaz et en pétrole, les effets de ce conflit sur le marché européen de l’électricité.

Ce contexte d’énergie rare et chère est douloureux, mais il donne un signal politique et économique fort : il souligne l’importance de diversifier les approvisionnements pour assurer notre sécurité énergétique et l’intérêt d’une sobriété pour réduire nos besoins. Ces efforts feront baisser les factures et préserveront nos capacités d’investissement ; mais elles feront aussi refluer les prix des énergies fossiles, au risque de relâcher les efforts de transformation profonde de nos modes de production, de consommation et de vie, nécessaires pour atteindre nos objectifs climatiques.

Aujourd’hui, comment maintenir ce signal politique et économique fort, d’une manière équitable et économiquement viable ?

Avant la révolte des « gilets jaunes » (2018), qui a mené au gel de la taxe carbone, c’est la progression de la fiscalité énergétique qui devait jouer ce rôle de signal.

Cette politique était prise isolément et considérée comme un sujet plutôt technique : sa valeur était déterminée par les experts, ses modalités instaurées par l’administration, sa hausse votée par les parlementaires.

L’épisode des « gilets jaunes » a mis en lumière les limites de cette approche : la valeur du carbone, qui renchérit les énergies fossiles et nous incite à réduire nos consommations, rénover, acheter de nouveaux équipements, restructurer nos systèmes productifs et respecter les nouvelles normes et obligations, a de très larges implications économiques, sociales et politiques. Ces dernières doivent être envisagées et débattues collectivement.

Rappelons que par « valeur du carbone », on entend la valeur que l’économie et notre société donnent aux actions mises en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment via les taxes, subventions, quotas, normes et réglementations, etc.).

Diagnostiquer les difficultés et les solutions
Pour trouver des réponses plus complètes à ces difficultés, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a organisé tout au long de l’année 2021 une série de séminaires sur les conditions sociales, économiques, juridiques et politiques qui permettraient d’instituer une valeur croissante et équitable du carbone.

Ce travail collectif, qui a impliqué plus d’une trentaine d’intervenants et de 250 participants, vise à offrir un diagnostic partagé des difficultés, des pistes de solution, des arbitrages principaux et des voies de compromis possibles entre nos objectifs sociaux, économiques et écologiques.

Résultat de ces consultations, le document « Pour un contrat social de transition. Propositions pour une réforme équitable de la valeur du carbone » propose 4 principes et 10 recommandations pour construire une politique cohérente de conciliation de ces objectifs. Ces propositions se fondent sur une revue approfondie de la littérature disponible et un rapport d’analyse détaillée.

Plusieurs enjeux ressortent de ce diagnostic.

La valeur du carbone doit progresser

Le premier enjeu concerne la nécessité de faire progresser la valeur du carbone. Si, sur une longue période, les énergies fossiles bon marché ont permis une démocratisation de services énergétiques, elles ont construit nos dépendances actuelles. Et il serait contre-productif de maintenir artificiellement des prix bas.

Depuis les années 1960, le prix réel des carburants et la fiscalité des énergies fossiles sont en effet restés globalement stables, alors même que l’efficacité énergétique des véhicules s’est fortement améliorée.

Une heure de travail au smic suffit aujourd’hui à financer l’essence pour parcourir 100 km. Il en fallait six en 1960. En revanche, un logement ancien en centre-ville coûte aujourd’hui sept fois plus cher qu’alors.

La baisse du prix de la mobilité, longtemps vécue comme un progrès social, est devenue un piège pour les populations dépendant fortement de l’automobile, pour la qualité de l’air et pour le climat. Un piège pour ceux qui ont des horaires atypiques, qui vivent hors des centres-villes ; pour les agriculteurs, les routiers, les pêcheurs, dont le mode de vie repose encore sur l’usage quotidien des énergies fossiles.

Une faible valeur du carbone coûte cher aussi au plan macroéconomique et pour les finances publiques. La facture des importations d’énergie fossile est élevée et les subventions pour limiter les hausses de prix importantes.

La facture énergétique extérieure a ainsi plus que doublé, passant de 45 milliards d’euros en moyenne avant 2021 à plus de 100 milliards en 2022.

La part des revenus des Français qui a été consacrée à payer la rente des pays exportateurs avait déjà pratiquement doublé lors de la première décennie 2000. Le « bouclier tarifaire », qui a pour objectif de limiter l’augmentation des prix de l’énergie pour les consommateurs français, coûtera de l’ordre de 45 milliards de fonds publics en 2023, soit 1,7 point de PIB, après avoir coûté près de 35 milliards en 2022. Au total, ce sont autant de milliards d’argent public qui ne sont plus disponibles pour consommer, investir, financer la transition écologique ou notre protection sociale.

Pour rappel, le rapport Quinet (2019) estimait que la valeur du carbone (exprimée en euros par tonne de CO2) devrait progresser à environ 250 € en 2030, 500 € en 2040, 800 € en 2050, pour pouvoir atteindre l’objectif de neutralité carbone.

Quelle que soit la combinaison de taxes, normes et obligations à instaurer, il s’agit de l’ordre de grandeur des coûts que les entreprises, ménages et administrations publiques devront assumer pour réduire les émissions et financer les investissements nécessaires. Pour toutes ces raisons, la discussion doit porter sur la façon, la moins coûteuse socialement et économiquement, de relever la valeur du carbone.

Les politiques publiques à privilégier sont donc celles qui suppriment progressivement les subventions aux énergies fossiles et renforcent la valeur du carbone, tout en conciliant ces objectifs avec ceux de protection des ménages et des entreprises vulnérables, de financement des alternatives bas carbone, de maîtrise des coûts de production, de l’inflation et des déficits.

Trois sujets majeurs de négociation se trouvent au cœur de ces « politiques de conciliation ».

Un bon équilibre doit être trouvé entre des ressources nouvelles – apportées par les hausses de fiscalité environnementale, les baisses de dépenses fiscales et budgétaires défavorables à l’environnement –, et des besoins en dépenses nouvelles.

Dans ce cadre, se limiter à considérer la fiscalité environnementale et l’usage de ses recettes n’est pas suffisant. Par exemple, une augmentation de 18 €/an de fiscalité carbone dès 2023 pour atteindre 230 €/tCO2 en 2030 rapporterait environ 5 milliards de plus par an, ce qui est insuffisant pour financer l’ensemble des dépenses nouvelles.

Le Think Tank I4CE estime que le supplément d’investissements publics nécessaires pour atteindre les objectifs de la deuxième stratégie nationale bas carbone serait de l’ordre de 24 milliards de plus d’ici à 2030.

Les recettes d’une hausse (encore hypothétique) de fiscalité carbone ne seront donc pas suffisantes pour accompagner cet effort d’investissement tout en finançant également les mesures pour maîtriser les coûts de production et accompagner les plus vulnérables. Les marges de manœuvre budgétaires sont par ailleurs dépendantes d’objectifs plus globaux sur l’évolution des finances publiques.

Accompagner les plus vulnérables
Un équilibre doit aussi être trouvé entre des aides attribuées de façon large, qui ont un coût budgétaire important et génèrent des effets d’aubaine, et des aides très ciblées, qui augmentent le coût de gestion et risquent de manquer certains publics.

Il s’agit d’envisager un dispositif de gestion décentralisée des aides, avec les collectivités et les partenaires sociaux, qui privilégierait le ciblage des ménages vulnérables qui ne disposent pas encore d’alternative à l’usage des énergies fossiles.

Les familles monoparentales sont durement touchées par la précarité énergétique. Shutterstock
L’analyse conduite par l’Ademe montre que le niveau de vulnérabilité ne recoupe que partiellement le niveau de richesse. À titre d’exemple, un quart des ménages qui se trouvent parmi les 10 % les plus pauvres émettent plus d’énergies fossiles qu’un quart des ménages qui se trouvent parmi les 10 % les plus riches. Parmi les 10 % les plus pauvres, la dépense additionnelle due à la hausse de taxe carbone et le rattrapage de la fiscalité du diesel en 2018 ont été pratiquement nuls pour les 10 % les moins consommateurs d’énergies fossiles, tandis que les 10 % qui en consommaient le plus ont dû faire face en moyenne à une dépense additionnelle de 227€.

Il existe en effet des situations très hétérogènes en fonction des localisations, des types d’habitats et des systèmes de chauffage, sans que quelques variables suffisent à résumer cette vulnérabilité. Pourtant, les systèmes d’aides existants (chèque énergie, prime à la reconversion des véhicules, prêts à taux zéro, etc.) sont aujourd’hui différenciés uniquement selon le critère de niveau de revenu.

Il s’agit là d’un sujet majeur pour améliorer l’équité et la possibilité de faire progresser la valeur du carbone.

Lever les exonérations et dérogations aux régulations environnementales
De nombreux secteurs d’activité professionnelle bénéficient aujourd’hui de taux réduits et de remboursements partiels de fiscalité environnementale (aviation, pêche, routiers, agriculture…), ou de quotas gratuits pour les installations soumises au marché européen de quotas échangeables (industries grandes consommatrices d’énergie).

Ces régimes dérogatoires sont appliqués pour préserver la compétitivité de ces secteurs, par exemple du fait de leur exposition à la concurrence internationale. Les dépenses fiscales défavorables à l’environnement étaient ainsi évaluées à 19,6 milliards d’euros en 2023..

L’évolution des régimes dérogatoires ne devra pas accroître la difficulté des entreprises et branches qui sont particulièrement vulnérables économiquement et qui ne disposent pas d’alternatives à l’usage des énergies fossiles à court terme (industrie, agriculture et pêche, transport routier, etc.).

Qu’elle soit initiée au niveau national ou européen, la levée progressive de ces régimes demandera des négociations ciblées de contrats d’engagement et de protection entre l’État et les branches professionnelles. Ces négociations devront porter sur l’ensemble de la fiscalité et sur les obligations auxquelles sont soumis ces secteurs d’activité, mais aussi sur les aides publiques dont ils bénéficient.

Vers un processus intégré
Outre la volonté d’ouvrir rapidement des négociations élargies sur l’ensemble des enjeux soulevés ici, la construction d’une politique de conciliation nécessitera un processus de pilotage et d’évaluation pluriannuel et pérenne.

Il ne s’agit en effet pas de créer un énième processus parallèle ni une nouvelle institution, mais plutôt d’inclure la question de la conciliation des enjeux dans l’ensemble des processus de politiques générales : la gouvernance des finances publiques, les négociations de contrats entre États et régions, mais aussi entre État et branches d’activité professionnelle.

Les arbitrages et les compromis réalisés dans ce cadre devront être partagés de façon transparente avec les parties prenantes et le grand public. Il ne s’agit rien de moins que d’assurer non seulement l’équité et l’efficacité de l’action publique, mais également sa lisibilité et sa crédibilité.

Agriculture :quelle transition environnementale ?

Agriculture :quelle transition environnementale ?

par Bertrand Valiorgue , Professeur de stratégie et gouvernance des entreprises, EM Lyon Business School dans The Conversation

À l’été 2022, les Pays-Bas ont pris une décision forte en matière d’agriculture durable. Très impopulaire auprès des agriculteurs hollandais, elle consiste à réduire drastiquement les rejets d’azote et les émissions de gaz à effet de serre issus d’exploitations agricoles à proximité de zones naturelles protégées.

Elle va se traduire concrètement par la fermeture et le démantèlement de certaines exploitations et le renoncement à des exportations sur les marchés mondiaux.
Si cette décision interpelle par sa radicalité, elle nous invite plus fondamentalement à comprendre les nouveaux enjeux qui se dessinent en matière d’agriculture durable.
Le plan néerlandais de réduction d’azote provoque la colère des producteurs. (Euronews, 2022).

Le « développement durable », notion devenue incontournable quand on aborde les problématiques environnementales, ne semble présenter aucune ambiguïté dans sa définition ; il s’agit, comme le propose le rapport Brundtland de 1987, de :
« Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Popularisée depuis plus de 30 ans par l’ONU, plébiscitée par les entreprises et les ONG, cette notion semble stabilisée et opératoire. Elle est en réalité très controversée et renvoie à deux paradigmes dont les ambitions conduisent à des résultats très différents : la durabilité faible et la durabilité forte.
Ces deux aspects prennent leur source dans les travaux de deux économistes : Robert Solow pour la durabilité faible ; Herman Daly pour la durabilité forte. Dans les années 1980 et 1990, ils ont porté des positions très différentes en matière de développement durable.


Le développement durable faible
consiste à trouver des compromis jugés satisfaisants à l’instant T et qui pénalisent à minima le bien-être des générations futures. Des dégradations de l’environnement naturel sont acceptées si elles permettent de maintenir ou de développer les performances du système économique.
Dans le paradigme de la durabilité faible, le capital économique est substituable au capital naturel et le développement technique et scientifique permettra aux générations futures de réparer ou de dépasser les dégradations de l’environnement naturel réalisées par les générations antérieures.

Cela ne veut bien évidemment pas dire que toutes les dégradations de l’environnement naturel sont permises, mais que certaines d’entre elles sont jugées acceptables, car elles soutiennent un régime de développement économique et technologique dont les générations futures pourront pleinement bénéficier.
Il est ainsi acceptable de continuer à émettre du CO2 dans l’atmosphère sur la base d’énergies fossiles, car les performances de ce système permettent d’investir dans de nouvelles technologies qui à l’avenir seront beaucoup moins problématiques et vertueuses pour l’environnement. Le développement durable faible fait un pari sur l’avenir et les capacités du génie humain à solutionner les problèmes.


Le développement durable fort
refuse la substitution entre le capital économique et le capital naturel. Il est à cet égard inenvisageable de compenser une perte de biodiversité ou la dégradation d’un service écosystémique par un surplus de valeur économique ou un nouveau dispositif technologique. Les éléments qui constituent l’environnement naturel ne doivent pas être dégradés afin d’être transmis en l’état aux générations futures.

Il n’est bien évidemment pas interdit de dégrader certaines ressources naturelles, mais cette dégradation ne doit pas dépasser certains seuils, qui permettent à ces ressources de se régénérer ou de se reproduire. Nous léguons aux générations futures un certain état du système Terre qui leur permettra de vivre dans un environnement naturel, ainsi que des biorégions qui auront des caractéristiques biophysiques identiques ou très proches de celles connues aujourd’hui.

Dans cette perspective, l’activité économique ne disparaît bien évidemment pas, mais elle doit s’insérer dans un tissu naturel et social qu’elle ne dégrade pas, voire qu’elle régénère. Dans cette logique, il convient de limiter l’utilisation des énergies fossiles afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C degré et de ne rien lâcher sur ce seuil dont le franchissement entraînerait une transformation considérable des conditions de vie pour les générations futures.

Le secteur agricole est aujourd’hui rattrapé par ces deux visions incompatibles du développement durable. S’il est sensible aux enjeux de développement durable depuis au moins 20 ans, le secteur agricole français a toujours été orienté par une conception faible de la durabilité.

L’objectif a toujours été de maintenir, voire d’accroître, les performances économiques, tout en cherchant à limiter les impacts négatifs sur l’environnement naturel. Cette trajectoire en matière de durabilité conduit à des performances questionnables, car sur les 9 limites planétaires identifiées par les travaux du Stockholm Resilience Centre, l’agriculture participe directement à la dégradation de 5 d’entre elles.

L’agriculture est ainsi directement responsable du changement climatique, de la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore, de la perturbation du cycle de l’eau, de l’érosion de la biodiversité et de l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère.

Ces limites planétaires correspondent à des processus biophysiques dont il ne faut pas perturber le fonctionnement, sous peine de voir toute la machinerie planétaire se transformer, conduisant à une très forte dégradation des conditions d’habitabilité de la planète Terre pour l’espèce humaine.

La décision radicale des Pays-Bas est emblématique de cette compréhension d’une impasse en matière de trajectoire de durabilité de l’agriculture hollandaise. Les dirigeants politiques ont entériné le fait que leur modèle agricole conduit au dépassement des limites planétaires et qu’une nouvelle trajectoire de durabilité s’impose. La décision prise en 2022 marque ainsi le passage d’une conception de la durabilité agricole de faible à forte.

Transition écologique : Une lettre « verte » du gouvernement aux maires

Transition écologique : Une lettre « verte » du gouvernement aux maires


Christophe Béchu , Ministre de l’écologie, vient d’adresser une lettre verte à tous les maires de France. Une lettre « verte » qui comme la tarification postale récente mettra du temps à parvenir aux élus et surtout à les convaincre.

Bref, une lettre sans intérêt, de nature intemporelle, sans stratégie et même sans moyens. Au moins le ministre de l’ écologie aura marqué son temps de passage au gouvernement par l’envoi d’une lettre.

En effet, Christophe Béchu ;a pratiquement presque jamais manifesté d’intérêt comme élu local pour la problématique environnementale. Et c’est sans doute un peu par hasard qu’il a atterri dans un ministère dont l’;objet lui est inconnu. Et beaucoup d’;observateurs ce sont d’ailleurs étonnés de sa nomination dans cette

Il est curieux donc que le gouvernement veuille informer et même former les élus locaux qui sont depuis longtemps autrement sensibles à la question écologique.

D’entrée le ministre de l’écologie utilise la démagogie et le cirage de pompes « les élus locaux, en particulier les maires, sont les hussards verts de notre République »

« Au quotidien, par les compétences que vous exercez en matière d'aménagement du territoire, de mobilité, de plan alimentaire, par vos politiques d’espaces verts, par la construction ou la rénovation de vos bâtiments publics, notamment les écoles, vous disposez des leviers les plus efficaces pour mettre en œuvre et accélérer une transition écologique attendue et souhaitée par nos concitoyens. Vous nous savez à vos côtés pour relever ensemble ce défi », poursuit le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Première mesure précisée : la formation de 30.000 élus en deux ans. Comme annoncé lors du congrès des maires de novembre 2022, Christophe Béchu souligne que « pour bien agir, il faut connaître les conséquences du changement climatique et de la crise environnementale ». Une problématique largement inconnue du ministre de l;écologie lui-même.

« Nous le ferons dans chaque département en partant de ce qui se passe dans vos territoires, parce que nous croyons à l’écologie du terrain et de la proximité », ajoute-t-il.

Deuxième outil : la plateforme numérique solutionsdelus.gouv.fr, là aussi dévoilée au congrès des maires, pour faire remonter de tout le pays les solutions qui existent et qui marchent pour faire avancer la transition écologique.

« Nous avons besoin de montrer que cette transition est possible et qu’elle passe par des initiatives locales ; cette plateforme permettra à tous les maires de France de trouver des solutions pour agir, parce que, comme vous, nous croyons à l’écologie des actes », explicite le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Se former, s’entraider, financer

Troisième et dernière, et non des moindres : les 2 milliards d’euros du « Fonds vert » voté dans le cadre de la loi de finances 2023, « une opportunité exceptionnelle de lancer vos projets et de poser les premières pierres de la planification écologique ».

« Ces trois mesures fortes répondent à un triptyque, se former, s’entraider, financer, que nous plaçons au cœur de la relation qui unit le Gouvernement et les élus locaux », conclut Christophe Béchu.

La seconde page du courrier est une infographie en trois points intitulée « un budget 2023 porteur d’;un soutien inédit pour nos territoires ». Là encore, le visuel est découpé en trois points.

Le premier est intitulé « soutenir massivement la capacité d’agir des collectivités et l’investissement local » et détaille les 320 millions d’euros supplémentaires pour la dotation globale de fonctionnement. Un montant que les édiles jugent insuffisant et qu’ils auraient souhaité voir aligné sur l’inflation.

Le deuxième item portant sur les « 2,5 milliards d’euros pour protéger toutes les collectivités face à la hausse des prix de l’;énergie ». Autrement dit, le bouclier tarifaire, l’amortisseur électricité et le filet de sécurité, des dispositifs très techniques que la Première ministre Elisabeth Borne s’;était engagée à simplifier en clôture du congrès des maires.

Le troisième, enfin, titré « accompagner les territoires dans la transition écologique », est une redite sur le « Fonds vert » et sur l’enveloppe de 41,7 millions d'euros sur la biodiversité. Reste donc maintenant aux édiles de s’emparer de ces espèces sonnantes et trébuchantes, à condition d’;aller solliciter le préfet de département.

Transition écologique : Un budget riquiqui

Transition écologique : Un budget riquiqui !

Le e budget 2023 (+3,5 milliards d’euros) très éloigné des promesses d’Emmanuel Macron. Pendant la campagne présidentielle, le chef de l’Etat avait annoncé une enveloppe de 10 milliards d’euros en plus chaque année, soit un total de 50 milliards sur l’ensemble du quinquennat.

Selon une évaluation des économistes de l’institut I4CE dévoilée ce jeudi 8 décembre, il manque près de 7 milliards d’euros au budget 2023 pour financer le plan d’investissements présenté pendant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron.

D’après les calculs des experts, les montants avancés dans le projet de loi de finances de 2023 sont encore très loin du compte. La hausse serait de 3,5 milliards d’euros entre le budget 2022 et le budget 2023, soit un chiffre très éloigné des 10 milliards annoncés.
Un retard abyssal dans les transports et la rénovation thermique des bâtiments

Parmi les secteurs passés aux crible par les chercheurs, les transports sont clairement délaissés. D’après le chiffrage de l’équipe d’Emmanuel Macron, les transports devraient bénéficier d’une hausse d’investissement de 5,4 milliards d’euros entre 2022 et 2023. En réalité, l’augmentation ne serait que de 1,06 milliard selon I4CE. Sur ce milliard, 800 millions correspondent à l’acquisition de véhicules électriques. « Concernant le ferroviaire et le transport collectif urbain, on est bien loin de ce qui était anticipé lors de la campagne présidentielle », souligne Damien Demailly.

. Le ciblage est fait de manière grossière. Il ne répond pas aux enjeux de l’avenir », estime l’économiste xavier Timbeau . La décarbonation de l’économie tricolore pourrait accuser un sérieux retard.

Transition écologique: Pour Pisani-Ferry Il faut investir 70 milliards d’euros d’ici 2030

Transition écologique: Pour Pisani-Ferry Il faut investir 70 milliards d’euros d’ici 2030

L’économiste qui avait conseillé macro pour sa campagne électorale de 2017 estime qu’il faut combiner sobriété et investissements massifs pour la transition écologique.
Le directeur de l’institut Bruegel souligne que la France accuse un sérieux retard dans la transition.

L’économiste abandonne l’idée de maintenir le niveau de croissance et d’emploi. Il annonce clairement des sacrifices.Bref une vision peu optimiste de la transition écologique qui fait sans doute l’impasse sur les mutations structurelles de la consommation composée de plus en plus de services produisant valeur ajoutée et emplois. D’une certaine manière, l’économiste reprend l’idée de la  » fin de l’abondance » là où il faudrait sans doute davantage parler de mutation de la société et de l’économie.

Après des premiers travaux préalables menés sous l’égide de France Stratégie, un organisme de prospective rattaché à la cheffe du gouvernement, l’économiste a dévoilé une note d’étape avant un premier rapport plus complet qui doit être remis au début de l’année 2023. «Il y a un retard de la prise en compte de l’action climatique sur la croissance, l’inflation, les finances publiques et l’emploi. Le cadre présenté aujourd’hui est incomplet et non chiffré mais il est urgent de poser ces questions. Le rythme de la baisse des émissions par tête doit s’accélérer », a déclaré l’enseignant et pilier de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017.

Le réchauffement climatique va entraîner des conséquences considérables sur le système économique actuel. « La transition est en train de bouleverser le capitalisme. Le capitalisme brun est complètement dépassé par le capitalisme vert. La valorisation boursière de Tesla dépasse largement celle de General Motors », a-t-il poursuivi lors d’une présentation à la presse ce mercredi 9 novembre.

L’un des principaux leviers de cette nécessaire transition est la substitution des énergies fossiles par des énergies décarbonées. Du côté de la demande, la transition énergétique va nécessiter un investissement de l’ordre de 2,5 points de produit intérieur brut (PIB) en 2030, soit environ 70 milliards d’euros selon les premiers résultats de travail intermédiaire avec, d’ici là, une montée en puissance du montant des sommes mises sur la table. Ces investissements publics et privés seront nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction de 55% des émissions de CO2 d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050.

Aujourd’hui, les politiques climatiques en général et en particulier en France ne sont pas crédibles. La France est le seul pays de l’Union à 27 à ne pas tenir ses objectifs en matière de renouvelables. Il faut remédier à ces déficits », a déclaré le professeur d’économie.

Cette transition ne se fera pas sans une réorientation du progrès technique a averti l’économiste. « Il faut faire un effort important pour réorienter l’innovation vers une économie plus neutre climatiquement. Il faut faire un effort de réorientation de la recherche. Le rendement de l’effort de recherche va être limité au début », a poursuivi l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron.
La note adressée à la Première ministre évoque un effort accru et précoce de l’intervention publique en matière de recherche et développement « car le coût à changer de sentier sera d’autant plus élevé que l’économie aura continué à s’engager sur celui de l’innovation brune. »

Enfin, cette transition doit également mettre l’accent sur la sobriété. « Il faut donner un sens économique à la sobriété. Le débat sur la sobriété est encombré car il est associé à la décroissance. La sobriété fait partie de l’effort qu’il faut effectuer », souligne Jean-Pisani Ferry. Sur ce point la guerre en Ukraine a ravivé les débats sur la sobriété énergétique alors que la crise du gaz met en péril l’industrie du Vieux continent.

« A 10 ans, il ne faut pas se cacher que la transition va nécessiter des investissements et un choc négatif sur l’offre. Cela va affecter le PIB potentiel », poursuit Jean Pisani Ferry.
Pour parvenir à réduire ces émissions de CO2, « il faudra mettre au rebut des équipements. Cette transition va dévaloriser des compétences et des brevets. Il y aura une érosion des gains de productivité. Le résultat est une configuration inflationniste avec moins d’offre et plus de demande », résume l’économiste. « Il faut abandonner l’idée que la croissance verte est nécessairement créatrice d’activité et d’emplois. Certaines qualifications vont être rendues obsolètes. Il va donc falloir mettre en place des formations adaptées », ajoute-t-il. Face au chaos climatique, les prochaines années risquent d’être décisives.

Ukraine : un accélérateur de transition écologique ?

Ukraine : un accélérateur de transition écologique ?

D’après l’Agence internationale de l’Energie (AIE) l’Ukraine pourrait constituer un accélérateur de transition et de écologique. Jeudi 27 octobre. L’AIE estime que le ralentissement des exportations d’hydrocarbures russes après l’invasion de l’Uraine en février dernier, va durablement transformer le paysage énergétique mondial et pourrait permettre d’accélérer la transition vers des sources d’énergies vertes.

L’agence considère dans son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales les retombées économiques de l’interruption des livraisons de pétrole, de gaz naturel et de charbon russe, tout en retenant un scénario environnemental optimal dans lequel aucun investissement dans de nouveaux projets s’appuyant sur des combustibles fossiles n’est nécessaire.

Le rapport de l’AIE indique que la crise mondiale de l’énergie provoque des changements profonds et durables qui pourraient accélérer la transition vers des systèmes énergétiques plus sûrs et durables.
Tournant historique. « Les marchés de l’énergie et les politiques énergétiques ont changé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pas seulement dans l’immédiat mais pour les décennies à venir », estime le directeur exécutif de l’Agence, Fatih Birol.

« Le monde de l’énergie se transforme drastiquement devant nos yeux. Les réponses apportées par les gouvernements à travers le monde promettent de faire de ce moment un tournant définitif et historique vers un système énergétique plus propre, plus abordable et plus sûr », a-t-il ajouté.

Transition écologique : la planification molle d’Élisabeth Borne

Transition écologique : la planification molle d’Élisabeth Borne

Élisabeth Borne a une conception assez ésotérique de la planification notamment en la circonstance du domaine écologique. La Première ministre a en effet présenté un micro plan qui se résume uniquement en la reprise d’action déjà en cours et qui ne saurait constituer une programmation significative de la mutation environnementale.

Pour résumer la reprise de beaucoup d’évidences, de généralités voire de banalités mais rien de grande ampleur ni de très significatif.

« Nous avons identifié 22 chantiers qui couvrent les domaines de la vie quotidienne : la mobilité, le logement, notre façon de produire et de consommer », auxquels s’ajoutent « la restauration de la biodiversité et de nos écosystèmes (eau, sols, forêts, océans) », et chaque chantier se déclinera en « plans d’action », affirmait la Première ministre dans un entretien à Libération mis en ligne jeudi 20 octobre.

Les actions qui découleront de ces chantiers seront portées « sous la bannière : ‘France nation verte’ », précisait-elle, ajoutant qu’ »une première synthèse » de cette planification sera établie « d »ici la fin de l »année » et enrichie « au fur et à mesure ».

Sans présenter de nouvelles actions, concrètes ou symboliques, la cheffe du gouvernement, polytechnicienne de formation, a dit « assumer » une écologie « de la responsabilité, où l’on refuse le simplisme et l’on dit aux Français (…) que les solutions sont complexes », en identifiant « des leviers » à partir de « séries d’indicateurs », ce qui « peut paraître complexe ou abstrait ».

Élisabeth Borne a défendu une France « plus verte » qui soit aussi « plus juste », « condition pour que la transition écologique soit acceptée, efficace et fédératrice ». Elle a insisté sur la mobilisation de « tous les acteurs », citoyens, entreprises, État et surtout collectivités, « qui ont entre leurs mains la plupart des compétences décisives pour la transition écologique ».

Une « première version consolidée » de cette planification sera établie « en fin d’année », « intégrant de nouvelles actions » et « des clauses de rendez-vous », a précisé Élisabeth Borne.

Interrogée par Libération sur la question de savoir si elle assumait de dire aux Français qu’il fallait manger moins de viande ou moins prendre l’avion, Élisabeth Borne a répondu ne pas vouloir « stigmatiser les gens sur leur façon de vivre », préférant « donner envie d’autre chose ».

Transition écologique : la planification molle d’Élisabeth Borne

Transition écologique : la planification molle d’Élisabeth Borne

Élisabeth Borne a une conception assez ésotérique de la planification notamment en la circonstance du domaine écologique. La Première ministre a en effet présenté un micro plan qui se résume uniquement en la reprise d’action déjà en cours et qui ne saurait constituer une programmation significative de la mutation environnementale.

Pour résumer la reprise de beaucoup d’évidences, de généralités voire de banalités mais rien de grande ampleur ni de très significatif.

« Nous avons identifié 22 chantiers qui couvrent les domaines de la vie quotidienne : la mobilité, le logement, notre façon de produire et de consommer », auxquels s’ajoutent « la restauration de la biodiversité et de nos écosystèmes (eau, sols, forêts, océans) », et chaque chantier se déclinera en « plans d’action », affirmait la Première ministre dans un entretien à Libération mis en ligne jeudi 20 octobre.

Les actions qui découleront de ces chantiers seront portées « sous la bannière : ‘France nation verte’ », précisait-elle, ajoutant qu’ »une première synthèse » de cette planification sera établie « d »ici la fin de l »année » et enrichie « au fur et à mesure ».

Sans présenter de nouvelles actions, concrètes ou symboliques, la cheffe du gouvernement, polytechnicienne de formation, a dit « assumer » une écologie « de la responsabilité, où l’on refuse le simplisme et l’on dit aux Français (…) que les solutions sont complexes », en identifiant « des leviers » à partir de « séries d’indicateurs », ce qui « peut paraître complexe ou abstrait ».

Élisabeth Borne a défendu une France « plus verte » qui soit aussi « plus juste », « condition pour que la transition écologique soit acceptée, efficace et fédératrice ». Elle a insisté sur la mobilisation de « tous les acteurs », citoyens, entreprises, État et surtout collectivités, « qui ont entre leurs mains la plupart des compétences décisives pour la transition écologique ».

Une « première version consolidée » de cette planification sera établie « en fin d’année », « intégrant de nouvelles actions » et « des clauses de rendez-vous », a précisé Élisabeth Borne.

Interrogée par Libération sur la question de savoir si elle assumait de dire aux Français qu’il fallait manger moins de viande ou moins prendre l’avion, Élisabeth Borne a répondu ne pas vouloir « stigmatiser les gens sur leur façon de vivre », préférant « donner envie d’autre chose ».

Automobile et environnement : prendre le temps d’une vraie transition écologique

Automobile et environnement : prendre le temps d’une vraie transition écologique

Pour Claude Cham, Président de la FIEV (Fédération des Industries des Équipements pour Véhicules), il faut prendre garde à la tentation d’une réglementation qui ne prend pas en compte le temps long des investissements de la transition écologique dans le secteur .( La Tribune)

L’amour de la planète et la sauvegarde de l’humanité désignent des enjeux essentiels, et forts des nouveaux savoirs, nous permettent d’en attendre la garantie de nos libertés acquises à grande peine. Une transition énergétique effective, bras armé d’une écologie positive, doit rendre compatibles les impératifs du défi durable et la protection de nos libertés actuelles, tout en garantissant les futures à un coût justifié et supportable.

Une de celles-ci : la liberté individuelle de déplacement incarnée par l’incroyable et non anticipé succès de l’automobile. La bannir purement et simplement du paysage ne nous parait plus conforme à l’état d’avancement des savoirs. Les « nouvelles mobilités », cette nouvelle doxa ignore tout des progrès technologiques de notre industrie tricolore, largement engagée dans une écologie scientifique, responsable et consciente des enjeux de la transition énergétique.

Pourquoi alors interdire, contraindre, taxer, stigmatiser et sanctionner sans discernement, et promettre aujourd’hui ce qui ne sera pas tenu demain ? Et comment ne pas craindre que cette confusion ne déchire encore les Français entre « la fin du monde et la fin du mois » ? Ce qui est en jeu, c’est le rayonnement industriel de la France et in fine, sa souveraineté. L’interdiction des moteurs thermiques, les débats sur le nucléaire, les ZFE ou sur les avions-privés pourraient conduire à une France sans usine… Là où le savoir peut construire une France industrielle en phase avec une écologie scientifique favorable à la croissance.

C’est l’exemple de cette industrie automobile qui ces dernières années a tant souffert – mais néanmoins résiliente – mais a toujours su toujours rester à la pointe de l’innovation en tant que première industrie française en termes de dépôts de brevet. Alors que les véhicules en circulation augmentaient de +26% en 20 ans, l’industrie, sur la même période réduisait de -55% les émissions de NOX et de -40% celles de CO2, sans parler de toutes les autres innovations en termes de confort et de sécurité. Progrès qui sont le résultat du savoir de 4000 entreprises employant 400 000 personnes au service d’une mobilité toujours plus durable, de moins en moins polluante et de plus en plus sûre.

Cette industrie, engagée avec détermination pour une neutralité carbone en 2050, est parfois en avance sur les réglementations. Son savoir et sa raison plaident de plus en plus pour une pluralité des solutions, mesurant sur la totalité du cycle de vie (du gravier à la tombe) l’ensemble des émissions de GES et non plus les seules émissions du véhicule, seule méthode garantissant une concurrence saine et sans candeur.

Alors, pensant à ma famille, à mon pays que j’aime passionnément, je rêve d’une France où le savoir au pouvoir sauverait une industrie automobile française performante, rayonnante et respectée, porte-drapeau d’une transition énergétique maîtrisée, efficace et durable.

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