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La transformation du syndicalisme ?

La transformation  du syndicalisme ? 

Une réflexion qui mérite d’être lue même si son contenu n’est pas nouveau; par contre qui interroge sur les perspectives de la reconnaissance d’un syndicat des gilets jaunes comme si le syndicalisme en France n’était déjà pas malade du corporatisme simpliste.  Autrefois ciment des luttes sociales, le syndicalisme a progressivement perdu du terrain avec des adhésions en déclin, pour atteindre un taux de salariés syndiqués de 10,3% en 2019. Par Léa Trentalaud, consultante senior chez Chefcab (*) dans « La Tribune ».

Pourtant, le baromètre du dialogue social publié cette semaine vient apporter une perspective inattendue : l’image des syndicats s’améliore. Alors que seul un tiers des salariés jugeait efficace l’action des syndicats l’an dernier, ils sont désormais 45%, quand 57% des salariés se disent prêts à manifester pour défendre leurs intérêts. On observe aussi un attachement plus important à l’échelle locale, alors que 48% des salariés déclarent faire confiance aux responsables syndicaux au sein de l’entreprise, et que 60% estiment que le niveau de l’entreprise doit être privilégié, par rapport au niveau de la branche.

De plus, dans le cadre des élections professionnelles, les salariés semblent attacher plus d’importance aux candidats qu’ils identifient et qu’ils connaissent, plutôt qu’à leurs syndicats d’appartenance. Cette prime à la proximité pourrait probablement s’expliquer par l’impact tangible des négociations syndicales à l’échelle de l’entreprise, avec des répercussions concrètes sur les conditions de travail des salariés et sur leurs rémunérations.

Au contraire, le dialogue social à l’échelle nationale – bien que fondamental – peut paraître désincarné et éloigné des préoccupations quotidiennes des actifs. De plus, les échecs récents des actions syndicales d’ampleur, à l’instar de la bataille des retraites, finalement remportée par le gouvernement malgré les mobilisations massives, ont pu dégrader la confiance des salariés dans la capacité des syndicats à réellement peser à grande échelle.

Le tribunal judiciaire de Paris a ainsi autorisé, par une décision du 14 octobre dernier, l’union des syndicats Gilets jaunes à se présenter aux élections professionnelles des 25 novembre et 9 décembre prochains dans les TPE. Cette décision fait suite à une bataille judiciaire de plusieurs mois intentée par les cinq confédérations représentatives (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC) et l’UNSA, invoquant entre autres un non-respect des valeurs républicaines par le nouvel entrant.

Ce nouveau syndicat, dont il est difficile d’évaluer le poids – aucun nombre d’adhérents n’a été dévoilé, ni l’identité de ses représentants – souhaite renverser la table. L’objectif, selon l’un de ses porte-paroles, est de « secouer l’ordre établi » avec des actions coup de poing, dans une approche antisystème.

Le syndicat revendique ainsi de ne pas bénéficier de subventions, pour ne pas dépendre de l’État, accusant les organisations traditionnelles d’une forme de corruption. Il s’agira de voir si le syndicat réussira sa percée lors des élections, mais l’émergence d’un nouvel acteur aux méthodes moins institutionnalisées pourrait en partie rebattre les cartes du syndicalisme. On peut ainsi imaginer que – dans cette même logique antisystème – l’union des syndicats Gilets jaunes ne participera pas aux concertations gouvernementales, privilégiant les actions plus visibles médiatiquement, et auprès des salariés.

Face aux évolutions des attentes des salariés, et à l’émergence de nouvelles structures syndicales, plusieurs défis se posent aux syndicats traditionnels : celui d’abord de la proximité, pour être au plus près des préoccupations des salariés et contribuer au dialogue social au sein même de l’entreprise.

Afin de donner à voir l’action des syndicats, il conviendrait de renforcer la pédagogie sur les actions menées à l’échelle des branches et à l’échelle nationale, souvent perçues par les actifs comme lointaines et désincarnées. Enfin, un enjeu majeur pour l’ensemble des syndicats sera de gagner en visibilité et en présence auprès des TPE et de leurs 5 millions de salariés. En effet, les élections professionnelles de 2021 ont obtenu un taux de participation d’à peine 5,4%.

En l’absence de CSE au sein des TPE, et de représentants syndicaux identifiés au sein de l’entreprise, les salariés des très petites entreprises se désintéressent souvent de ces élections, et plus largement du syndicalisme. Aussi, il est opportun de renforcer le rôle et la présence des Commissions paritaires régionales interprofessionnelles, représentant les salariés et les employeurs de TPE à l’échelle régionale. Peu identifiées par ceux qu’elles sont censées représenter, elles gagneraient à travailler conjointement avec les employeurs, afin de constituer des relais directement mobilisables par les salariés.

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(*) Diplômée de Sciences Po Bordeaux en affaires publiques et représentation des intérêts, et passée par la London Metropolitan University, Léa Trentalaud est consultante senior chez Chefcab, cabinet de conseil en communication d’influence depuis 5 ans. Elle traite notamment des sujets relatifs à l’emploi, à la formation professionnelle, à la transition énergétique et aux transports.

France travail : un rapport pour la transformation des services publics de l’emploi

France travail : un rapport pour la transformation des services publics de l’emploi


Le journal les Échos évoque un rapport de l’inspection générale des affaires sociales et celle des finances (IGAS et IGF) àpropos de la transformation des services publics de l’emploi.

C’est une des expertises sur lesquelles s’est appuyé le haut-commissaire à l’Emploi Thibaut Guilluy pour son rapport de préfiguration de France travail , le projet de refonte du service de l’emploi et de l’insertion. L ‘avant-projet de loi a commencé à être soumis aux partenaires sociaux, pour une application à l’horizon 2027.

L’inspection générale des affaires sociales et celle des finances (IGAS et IGF) se sont penchées sur cinq services publics de l’emploi étrangers : l’allemand, le catalan, le danois, le flamand et le suédois. Objectif : « identifier les bonnes pratiques pouvant inspirer le service public de l’emploi français ». Elles en ont tiré quatre observations principales.

Premier constat : dans les pays étudiés, « l’organisation des services publics de l’emploi est moins morcelée que l’organisation française » avec un seul guichet d’accompagnement des chômeurs à une exception près. En Allemagne, il y en a deux mais avec des « périmètres très bien définis » entre gestion du régime d’assurance chômage et gestion du régime d’assistance.

Si l’on excepte la Catalogne, l’accompagnement des chômeurs est en outre plus directif ailleurs qu’en France, avec une « stratégie tournée vers la reprise rapide d’un emploi ». Dans l’Hexagone, il s’agit d’accompagner le projet du demandeur d’emploi, qu’il « permette de déboucher rapidement vers un emploi ou non », une approche jugée « moins pertinente aujourd’hui au vu des tensions sur certains métiers ».

Le troisième constat est que, si l’on excepte encore la Catalogne, les moyens humains et financiers d’accompagnement sont moins élevés en France. Il y a enfin une difficulté partagée par tous, celle d’ « assurer l’insertion de l’ensemble des personnes les plus éloignées de l’emploi ». Mais en dehors de la France, la politique d’emplois aidés est préservée.

Cela conduit l’IGAS et l’IGF à définir quatre priorités. Outre la « définition d’un cadre contractuel où chaque acteur s’engage sur des objectifs chiffrés et vérifiables », la mission préconise de mieux mesurer l’éloignement à l’emploi, en particulier des bénéficiaires du RSA et de l’ASS (l’allocation-chômage de solidarité) « et d’adapter leur parcours en conséquence ».

Elle recommande aussi « de fixer des objectifs réalistes d’emploi évolutifs dans le temps et d’adopter une approche plus directive en liant les formations financées à une cible d’emploi ».

Sur le sujet particulièrement sensible du contrôle des demandeurs d’emploi, elle préconise « d’adopter une grille de sanctions plus progressive » que l’actuelle , qui pourrait être alors « appliquée de façon plus systématique ». Enfin, le rapport suggère d’expérimenter « au niveau local » des «équipes mixtes spécialisées entreprises et demandeurs d’emploi notamment dans les secteurs en tension ».

Technologies- L’intelligence artificielle et transformation des métiers

Technologies- L’intelligence artificielle et transformation des métiers

Avec l’IA générative devrait être au cœur de tout plan d’entreprise concernant cette technologie d’avenir. Par Xavier Dalloz, consultant spécialisé dans les nouvelles technologies.
Xavier Dalloz dans la Tribune


Un article de plus pour éclairer l’influence de l’intelligence artificielle sur la transformation des métiers. Un papier intéressant bien documenté mais forcément encore un peu court pour illustrer les exemples de changement à venir puisque l’IA n’en est qu’à ses balbutiements

Ollie Forsyth résume très bien l’enjeu de l’IA générative en rappelant que l’intelligence artificielle (IA) est un terme général qui fait référence à toute technologie capable d’un comportement intelligent. Cela peut inclure un large éventail de technologies, allant de simples algorithmes capables de trier des données à des systèmes plus avancés capables d’imiter des processus de pensée de type humain.
Dans ce contexte, l’IA Generative (Gen-AI) est un type spécifique d’IA qui se concentre sur la génération de nouveaux contenus, tels que du texte, des images ou de la musique en apprenant à partir d’un grand ensemble de données d’exemples et en utilisant ces connaissances pour générer de nouvelles données similaires aux exemples de l’ensemble de données de formation. Cela se fait à l’aide d’un type d’algorithme d’apprentissage automatique appelé modèle génératif.

Ollie Forsyth classe les types de modèles génératifs de trois façons :

les réseaux antagonistes génératifs (GAN),
les auto-encodeurs variationnels (VAE)
les modèles autorégressifs.
La Gen IA a le potentiel de résoudre de nombreux problèmes importants et va créer des opportunités de business dans de très nombreux domaines, notamment sur les industries créatives. Par exemple :

La Gen-AI peut être utilisée pour créer de nouveaux contenus, tels que de la musique ou des images, qui peuvent être utilisés à diverses fins, telles que fournir aux créatifs plus de flexibilité et d’imagination.
La Gen-AI peut être utilisée pour améliorer les algorithmes d’apprentissage automatique en générant de nouvelles données d’apprentissage.
La Gen-AI va améliorer le travail des créatifs en permettant de créer un contenu plus personnalisé et unique, ou de générer de nouvelles idées et concepts qui n’auraient peut-être pas été possibles sans l’utilisation de l’IA.
Gen-AI est un domaine de recherche et de développement. Par exemple :

Gen-AI peut créer de nouveaux contenus.
o L’un des principaux avantages de Gen-AI est sa capacité à générer de nouveaux contenus, tels que du texte, des images ou de la musique.

o Cela peut être utilisé pour créer de nouveaux arts, de la musique et d’autres formes d’expression créative, et pour générer des données pour la formation de modèles d’apprentissage automatique.

Gen-AI peut améliorer l’efficacité et la productivité.
o En automatisant la génération de contenu, Gen-AI peut aider à gagner du temps et à réduire le besoin de travail manuel.

closevolume_off
o Cela peut améliorer l’efficacité et la productivité dans une variété de domaines, du journalisme et de la création de contenu à l’annotation et à l’analyse des données.

Gen-AI peut améliorer la qualité du contenu généré.
o Avec les progrès de l’apprentissage automatique et du traitement du langage naturel, Gen-AI devient de plus en plus sophistiqué et capable de générer un contenu de haute qualité difficile à distinguer pour les humains du contenu réel.

Gen-AI peut identifier les tendances émergentes et de repérer les opportunités avant qu’elles ne deviennent courantes. Cela pourrait donner par exemple aux commerçants un avantage significatif sur leurs concurrents et entraîner une augmentation des bénéfices.
Les modèles génératifs sont utilisés dans une variété d’applications, y compris la génération d’images, le traitement du langage naturel et la génération de musique. Ils sont particulièrement utiles pour les tâches où il est difficile ou coûteux de générer manuellement de nouvelles données, comme dans le cas de la création de nouvelles conceptions de produits ou de la génération d’un discours réaliste.

ChatGPT (Generative Pretrained Transformer 3) est le meilleur exemple de Gn-AI
Contrairement à un simple assistant vocal comme Siri, ChatGPT est construit sur ce qu’on appelle un LLM (Large Language Model). Ces réseaux de neurones sont formés sur d’énormes quantités d’informations provenant d’Internet pour un apprentissage en profondeur.

Le modèle derrière ChatGPT a été formé sur toutes sortes de contenus Web, y compris les sites Web, les livres, les médias sociaux, les articles de presse, etc., tous affinés dans le modèle linguistique à la fois par l’apprentissage supervisé et le RLHF (Reinforcement Learning From Human Feedback).

GPT-3 et GPT-4 sont des modèles d’IA de traitement du langage de pointe développés par OpenAI. Ils sont capables de générer du texte de type humain et disposent d’un large éventail d’applications, notamment la traduction linguistique, la modélisation linguistique et la génération de texte pour des applications telles que les chatbots. GPT-3 est l’un des modèles d’IA de traitement du langage les plus puissants avec 175 milliards de paramètres.

En plus d’utiliser GPT-4 pour construire des phrases et de la prose en fonction du texte qu’il a étudié, Auto-GPT est capable de naviguer sur Internet et d’inclure les informations qu’il y trouve dans ses calculs et sa sortie. Auto-GPT peut aussi être utilisé pour s’améliorer. Il peut créer, évaluer, réviser et tester des mises à jour de son propre code qui peuvent potentiellement le rendre plus performant et efficace.

Plus concrètement, voici les principaux exemples d’applications de ChatGPT :

Itinéraires de voyage :
o ChatGPT peut proposer ses recommandations de voyage qui est comparables à celles produites par un conseiller avec des années d’expérience. ChatGPT fournit des réponses convaincantes à des questions telles que « Quel est le meilleur hôtel de luxe à Paris ? ». Mais il manque la nuance qui vient du lien personnel qu’un conseiller entretient avec son client.

Rédaction d’articles :
o ChatGPT compose la structure de l’article et génère des idées et en crée les grandes lignes. ChatGPT est capable d’apprendre en mobilisant une infinité de sources du web : forums de discussion, sites d’information, livres, réseaux sociaux, encyclopédies, etc.

o ChatGPT permet de créer du contenu plus rapidement et plus efficacement et de générer des brouillons d’articles ou d’histoires. Cela peut faire gagner du temps et permettre aux créatifs de se concentrer sur les aspects les plus importants de leur travail.

Écriture de code :
o ChatGPT crée des applications sans une intervention humaine. ChatGPT peut également découvrir les erreurs dans le code qui ne fonctionne pas. Trouver ces erreurs peut être à la fois difficile et fastidieux pour les développeurs.

Gestion de projet :
o ChatGPT est capable de générer des plannings adaptés à la portée de projets de construction simples. Par exemple, des universitaires de l’Université de New York à Abu Dhabi ont fourni à l’IA un plan d’étage, une liste de tâches et un énoncé de portée. Ils ont découvert que, même s’il n’était pas parfait, ChatGPT était en mesure d’aider à la gestion et à la réalisation de projet.

Exemple d’applications de ChatGPT pour faire gagner du temps :.

Organisation à domicile
o ChatGPT peut recommander des solutions de rangement pour maximiser notre espace. Cela permettra d’économiser de l’argent en évitant les achats inutiles d’articles qui pourraient ne pas répondre à nos besoins.

Amélioration de l’habitat
o Avec ChatGPT, on pourra accéder à des guides étape par étape et à des tutoriels de bricolage pour divers projets de rénovation domiciliaire. Le modèle d’IA peut également aider à identifier les bons outils et matériaux pour son projet, en nous assurant d’avoir tout ce dont on a besoin avant de commencer.

Santé et bien-être
o ChatGPT peut proposer des séances d’entraînement adaptées à son style de vie et à ses préférences.

o Il peut également suggérer des habitudes de soins personnels et des pratiques de pleine conscience pour aider à réduire le stress, améliorer la concentration et améliorer son humeur générale.

Divertissement et loisirs
o ChatGPT peut proposer diverses formes de divertissement pour nous aider à à se détendre.

o ChatGPT peut suggérer de nouveaux passe-temps ou des projets créatifs qui correspondent à vos intérêts et offrir des conseils étape par étape pour nous aider à démarrer. En explorant de nouvelles activités et intérêts, on découvrira peut-être de nouvelles passions et perspectives qui pourront enrichir notre vie personnelle et professionnelle.

Planification de voyage
o ChatGPT peut nous aider à trouver des expériences de voyage virtuelles, à créer des itinéraires instantanés et à suggérer des visites ou des activités pour nous aider à satisfaire son envie de voyager tout en restant en sécurité chez soi .

o ChatGPT peut également nous aider à planifier un séjour, où on pourra explorer la région et profiter des attractions, restaurants et activités à proximité. Il peut suggérer des ressources liées aux voyages, telles que des blogs et des sites Web de voyage, pour nous aider à rester informé des restrictions de voyage, des mesures de sécurité et d’autres informations importantes.

Un autre exemple de ChatGPT est de permettre aux constructeurs automobiles de faciliter l’achat de voitures avec la fourniture d’un service client via des conversations de chatbot générées par l’IA. Fiat Chrysler, par exemple, utilise ChatGPT pour créer des publicités pour ses véhicules qui sont à la fois personnalisées et attrayantes. L’algorithme ChatGPT produit des publicités en analysant les données des campagnes précédentes, puis en les adaptant à des acheteurs spécifiques sans intervention humaine. Cela permet à Fiat de cibler différents types de clients avec des publicités plus détaillées tout en économisant du temps et de l’argent sur leur production.

Notons aussi que la réussite de toutes ces applications passe par la formulation sans ambiguïté de la question posée à ChatGPT. Les usagers de ChatGPT devront donc devenir des « problématiciens ». En paraphrasant Boileau : Ce que l’on énonce clairement, ChatGPT peut donner une réponse avec les mots…

Pour résumer, Google est le moteur de recherche de référence. ChatGPT sera probablement le futur moteur de trouvage.

L’IA et transformation des métiers

L’IA et transformation des métiers

Avec l’IA générative devrait être au cœur de tout plan d’entreprise concernant cette technologie d’avenir. Par Xavier Dalloz, consultant spécialisé dans les nouvelles technologies.
Xavier Dalloz dans la Tribune


Un article de plus pour éclairer l’influence de l’intelligence artificielle sur la transformation des métiers. Un papier intéressant bien documenté mais forcément encore un peu court pour illustrer les exemples de changement à venir puisque l’IA n’en est qu’à ses balbutiements

Ollie Forsyth résume très bien l’enjeu de l’IA générative en rappelant que l’intelligence artificielle (IA) est un terme général qui fait référence à toute technologie capable d’un comportement intelligent. Cela peut inclure un large éventail de technologies, allant de simples algorithmes capables de trier des données à des systèmes plus avancés capables d’imiter des processus de pensée de type humain.
Dans ce contexte, l’IA Generative (Gen-AI) est un type spécifique d’IA qui se concentre sur la génération de nouveaux contenus, tels que du texte, des images ou de la musique en apprenant à partir d’un grand ensemble de données d’exemples et en utilisant ces connaissances pour générer de nouvelles données similaires aux exemples de l’ensemble de données de formation. Cela se fait à l’aide d’un type d’algorithme d’apprentissage automatique appelé modèle génératif.

Ollie Forsyth classe les types de modèles génératifs de trois façons :

les réseaux antagonistes génératifs (GAN),
les auto-encodeurs variationnels (VAE)
les modèles autorégressifs.
La Gen IA a le potentiel de résoudre de nombreux problèmes importants et va créer des opportunités de business dans de très nombreux domaines, notamment sur les industries créatives. Par exemple :

La Gen-AI peut être utilisée pour créer de nouveaux contenus, tels que de la musique ou des images, qui peuvent être utilisés à diverses fins, telles que fournir aux créatifs plus de flexibilité et d’imagination.
La Gen-AI peut être utilisée pour améliorer les algorithmes d’apprentissage automatique en générant de nouvelles données d’apprentissage.
La Gen-AI va améliorer le travail des créatifs en permettant de créer un contenu plus personnalisé et unique, ou de générer de nouvelles idées et concepts qui n’auraient peut-être pas été possibles sans l’utilisation de l’IA.
Gen-AI est un domaine de recherche et de développement. Par exemple :

Gen-AI peut créer de nouveaux contenus.
o L’un des principaux avantages de Gen-AI est sa capacité à générer de nouveaux contenus, tels que du texte, des images ou de la musique.

o Cela peut être utilisé pour créer de nouveaux arts, de la musique et d’autres formes d’expression créative, et pour générer des données pour la formation de modèles d’apprentissage automatique.

Gen-AI peut améliorer l’efficacité et la productivité.
o En automatisant la génération de contenu, Gen-AI peut aider à gagner du temps et à réduire le besoin de travail manuel.

closevolume_off
o Cela peut améliorer l’efficacité et la productivité dans une variété de domaines, du journalisme et de la création de contenu à l’annotation et à l’analyse des données.

Gen-AI peut améliorer la qualité du contenu généré.
o Avec les progrès de l’apprentissage automatique et du traitement du langage naturel, Gen-AI devient de plus en plus sophistiqué et capable de générer un contenu de haute qualité difficile à distinguer pour les humains du contenu réel.

Gen-AI peut identifier les tendances émergentes et de repérer les opportunités avant qu’elles ne deviennent courantes. Cela pourrait donner par exemple aux commerçants un avantage significatif sur leurs concurrents et entraîner une augmentation des bénéfices.
Les modèles génératifs sont utilisés dans une variété d’applications, y compris la génération d’images, le traitement du langage naturel et la génération de musique. Ils sont particulièrement utiles pour les tâches où il est difficile ou coûteux de générer manuellement de nouvelles données, comme dans le cas de la création de nouvelles conceptions de produits ou de la génération d’un discours réaliste.

ChatGPT (Generative Pretrained Transformer 3) est le meilleur exemple de Gn-AI
Contrairement à un simple assistant vocal comme Siri, ChatGPT est construit sur ce qu’on appelle un LLM (Large Language Model). Ces réseaux de neurones sont formés sur d’énormes quantités d’informations provenant d’Internet pour un apprentissage en profondeur.

Le modèle derrière ChatGPT a été formé sur toutes sortes de contenus Web, y compris les sites Web, les livres, les médias sociaux, les articles de presse, etc., tous affinés dans le modèle linguistique à la fois par l’apprentissage supervisé et le RLHF (Reinforcement Learning From Human Feedback).

GPT-3 et GPT-4 sont des modèles d’IA de traitement du langage de pointe développés par OpenAI. Ils sont capables de générer du texte de type humain et disposent d’un large éventail d’applications, notamment la traduction linguistique, la modélisation linguistique et la génération de texte pour des applications telles que les chatbots. GPT-3 est l’un des modèles d’IA de traitement du langage les plus puissants avec 175 milliards de paramètres.

En plus d’utiliser GPT-4 pour construire des phrases et de la prose en fonction du texte qu’il a étudié, Auto-GPT est capable de naviguer sur Internet et d’inclure les informations qu’il y trouve dans ses calculs et sa sortie. Auto-GPT peut aussi être utilisé pour s’améliorer. Il peut créer, évaluer, réviser et tester des mises à jour de son propre code qui peuvent potentiellement le rendre plus performant et efficace.

Plus concrètement, voici les principaux exemples d’applications de ChatGPT :

Itinéraires de voyage :
o ChatGPT peut proposer ses recommandations de voyage qui est comparables à celles produites par un conseiller avec des années d’expérience. ChatGPT fournit des réponses convaincantes à des questions telles que « Quel est le meilleur hôtel de luxe à Paris ? ». Mais il manque la nuance qui vient du lien personnel qu’un conseiller entretient avec son client.

Rédaction d’articles :
o ChatGPT compose la structure de l’article et génère des idées et en crée les grandes lignes. ChatGPT est capable d’apprendre en mobilisant une infinité de sources du web : forums de discussion, sites d’information, livres, réseaux sociaux, encyclopédies, etc.

o ChatGPT permet de créer du contenu plus rapidement et plus efficacement et de générer des brouillons d’articles ou d’histoires. Cela peut faire gagner du temps et permettre aux créatifs de se concentrer sur les aspects les plus importants de leur travail.

Écriture de code :
o ChatGPT crée des applications sans une intervention humaine. ChatGPT peut également découvrir les erreurs dans le code qui ne fonctionne pas. Trouver ces erreurs peut être à la fois difficile et fastidieux pour les développeurs.

Gestion de projet :
o ChatGPT est capable de générer des plannings adaptés à la portée de projets de construction simples. Par exemple, des universitaires de l’Université de New York à Abu Dhabi ont fourni à l’IA un plan d’étage, une liste de tâches et un énoncé de portée. Ils ont découvert que, même s’il n’était pas parfait, ChatGPT était en mesure d’aider à la gestion et à la réalisation de projet.

Exemple d’applications de ChatGPT pour faire gagner du temps :.

Organisation à domicile
o ChatGPT peut recommander des solutions de rangement pour maximiser notre espace. Cela permettra d’économiser de l’argent en évitant les achats inutiles d’articles qui pourraient ne pas répondre à nos besoins.

Amélioration de l’habitat
o Avec ChatGPT, on pourra accéder à des guides étape par étape et à des tutoriels de bricolage pour divers projets de rénovation domiciliaire. Le modèle d’IA peut également aider à identifier les bons outils et matériaux pour son projet, en nous assurant d’avoir tout ce dont on a besoin avant de commencer.

Santé et bien-être
o ChatGPT peut proposer des séances d’entraînement adaptées à son style de vie et à ses préférences.

o Il peut également suggérer des habitudes de soins personnels et des pratiques de pleine conscience pour aider à réduire le stress, améliorer la concentration et améliorer son humeur générale.

Divertissement et loisirs
o ChatGPT peut proposer diverses formes de divertissement pour nous aider à à se détendre.

o ChatGPT peut suggérer de nouveaux passe-temps ou des projets créatifs qui correspondent à vos intérêts et offrir des conseils étape par étape pour nous aider à démarrer. En explorant de nouvelles activités et intérêts, on découvrira peut-être de nouvelles passions et perspectives qui pourront enrichir notre vie personnelle et professionnelle.

Planification de voyage
o ChatGPT peut nous aider à trouver des expériences de voyage virtuelles, à créer des itinéraires instantanés et à suggérer des visites ou des activités pour nous aider à satisfaire son envie de voyager tout en restant en sécurité chez soi .

o ChatGPT peut également nous aider à planifier un séjour, où on pourra explorer la région et profiter des attractions, restaurants et activités à proximité. Il peut suggérer des ressources liées aux voyages, telles que des blogs et des sites Web de voyage, pour nous aider à rester informé des restrictions de voyage, des mesures de sécurité et d’autres informations importantes.

Un autre exemple de ChatGPT est de permettre aux constructeurs automobiles de faciliter l’achat de voitures avec la fourniture d’un service client via des conversations de chatbot générées par l’IA. Fiat Chrysler, par exemple, utilise ChatGPT pour créer des publicités pour ses véhicules qui sont à la fois personnalisées et attrayantes. L’algorithme ChatGPT produit des publicités en analysant les données des campagnes précédentes, puis en les adaptant à des acheteurs spécifiques sans intervention humaine. Cela permet à Fiat de cibler différents types de clients avec des publicités plus détaillées tout en économisant du temps et de l’argent sur leur production.

Notons aussi que la réussite de toutes ces applications passe par la formulation sans ambiguïté de la question posée à ChatGPT. Les usagers de ChatGPT devront donc devenir des « problématiciens ». En paraphrasant Boileau : Ce que l’on énonce clairement, ChatGPT peut donner une réponse avec les mots…

Pour résumer, Google est le moteur de recherche de référence. ChatGPT sera probablement le futur moteur de trouvage.

Société-Le monde « merveilleux » de la transformation numérique

Société-Le monde merveilleux de la transformation numérique !

La transformation digitale, un art total estime dans la Tribune Alain Conrard, Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI) .
S’il n’y a pas de doute sur les mutations qu’apporte la révolution numérique de là en faire un art total il y a un pas que franchit l’auteur de la Tribune.

À écouter les nombreuses contributions sur le sujet, le numérique pourrait presque se substituer à la pensée humaine en tout cas devenir presque la nouvelle religion, l’idéologie en tout cas une référence de pensée! Des contributions fortement inspirées et dithyrambiques qui glorifient en quelque sorte une révolution technologique de manière totalement excessive .NDLR

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », pensait Lavoisier à la fin du 18e siècle. On pourrait ajouter à cela aujourd’hui que si tout ne se transforme pas, plus rien ne se crée. Et si la transformation a toujours été la manifestation la plus évidente de l’évolution, ce concept est encore plus central dans le cadre de l’univers digital.
Si la transformation digitale était il y a encore très peu de temps le summum de l’évolution liée à la technologie, ce par quoi les entreprises se distinguaient les unes des autres et prenaient des parts de marché au détriment de leurs concurrents, elle est maintenant devenue un prérequis de toute activité productive. Tout le monde est, d’une certaine manière, aujourd’hui à égalité devant cette question. Pourtant, cette transformation numérique ne se résume pas simplement à des changements où une technologie en remplacerait une autre. Pour donner toute sa mesure, pour exprimer toute sa puissance, elle demande avant tout une transformation des cadres de pensée.

Avant d’être une expérience technologique – et pour que ce puisse être pleinement une expérience technologique -, la transformation digitale doit être une expérience de pensée : le digital permet de penser (ou de se représenter) le monde autrement. Et c’est là, dans la perception de ce que la transformation digitale est réellement, et surtout de la puissance dont elle est capable, que se dessine aujourd’hui ce qui fait la différence, donc la réussite, entre une entreprise et une autre.
L’ensemble des activités humaines
Cette prise de conscience consiste avant tout à comprendre la multiplicité des niveaux d’intervention de la transformation digitale, l’interaction entre tous ces niveaux, et le côté global, sans échappatoire possible, de l’opération. Il s’agit de prendre la mesure du gigantesque mouvement qui redéfinit la moindre des activités humaines autour des technologies numériques, et ainsi présente des conséquences en nombres presque incalculables.

Ce déploiement prend deux formes principales. Il y a non seulement le côté global pris par le numérique (l’impact des technologies du numérique et de l’innovation partout sur la planète) ; mais aussi le fait que l’on pense aujourd’hui globalement à travers le numérique
Les visions du monde se dessinent aujourd’hui dans la transformation numérique, et grâce à elle. Elle concerne, presque sans exception, les multiples dimensions de l’expérience humaine en société. En effet, derrière le technologique, elle influe à la fois et en même temps sur l’économique, le social, le sociétal, l’humain, sans oublier l’écologique. Cette transformation, et l’innovation qu’elle manifeste, ont aujourd’hui un impact décisif global dans chacun de ces cinq champs.
Son aire de compétence est intégrale, et sa zone d’intervention globale. On peut ainsi la qualifier d’art total.

L’art a longtemps été relié aux techniques et aux savoir-faire. En effet, « art » vient du latin « ars » dont le sens est celui de métier, de talent, de connaissance technique, de maîtrise de savoir-faire dans des matières multiples. Puis, après de multiples variations, il a pris, depuis les 18ème et 19ème siècles, la signification qu’on lui connait aujourd’hui de création d’œuvres : le beau, l’esthétique ou le disruptif. Le sens du mot a donc évolué du moyen pour obtenir l’œuvre, qu’il avait initialement, jusqu’au résultat final obtenu, qu’il a pris aujourd’hui.
On utilise encore souvent le terme « art » pour dire la maîtrise d’une personne ou d’une pratique. On évoque alors une habileté, comme lorsqu’on parle d’art de la conversation, par exemple.
Pourtant, parler d’art au sujet du numérique n’est pas juste une figure de style. Le numérique est d’autant plus un art qu’il contient en lui-même une dimension esthétique : celle qui nécessite la création d’interfaces (donc visuelles) pour pouvoir être utilisé.

Le numérique a besoin de l’art pour être perçu : une ligne de code n’est pas convaincante, ni même appropriable (elle n’a pas de forme), là où une interface graphique (qui n’est pourtant rien d’autre que la mise en forme de la ligne de code) est parfaitement efficace. Le génie d’Apple en cette matière est de l’avoir compris avant tout le monde dans les années 80 avec Macintosh. Contrairement à la réputation qui lui était faite à l’époque, Macintosh n’était pas un ordinateur réservé aux créatifs, mais un ordinateur capable de favoriser la créativité, quel que soit le secteur. La diffusion de la technologie numérique dans tous les champs d’activité supposait que tout le monde, y compris les non-spécialistes des technologies de l’information, puisse s’y relier. Les interfaces graphiques, donc l’esthétique, ont été le moyen de cette conquête et de cette démocratisation. D’ailleurs, près d’un quart des métiers du numérique est lié à l’artistique, au design.

Le numérique est donc travaillé par l’esthétique de façon centrale. Au point que l’on voit apparaître, avec les NFT par exemple, des formes d’art spécifiques à l’univers digital. Le numérique a permis de créer une nouvelle forme d’art.

Cette révolution technologique a suscité un désir de créativité général, comme si les possibilités qu’elle offre était un défi, non seulement pour les artistes et les créatifs, mais aussi pour toutes les professions, obligées d’innover chacune à leur manière. De ce point de vue, le concept de « design » est l’un des meilleurs marqueurs de la dimension « artistique » du numérique. Il est sorti de sa niche de créatif (la forme des objets industriels) pour nommer, notamment avec le terme de design thinking, un élément relatif aux process et aux modes d’organisation qui doivent eux aussi désormais faire preuve de créativité.
Ainsi, la transformation digitale est d’autant plus un art total qu’elle réunit les deux sens historiques recouverts par le terme « art ». L’une de ses beautés est d’avoir opéré une synthèse originale entre ces deux définitions historiques de l’art que tout semblait pourtant devoir opposer : le beau et la technique/savoir-faire.
Fabriquer son propre monde Avec la numérisation du monde, le numérique est devenu un monde ; ou plus précisément, il est devenu l’équivalent du monde. À travers les univers virtuels, le métavers, les avatars, etc., chacun peut fabriquer son monde, ainsi que son rapport au monde – au point d’ailleurs de pouvoir dans certains cas générer des pathologies d’enfermement dans les univers numériques qui forment autant de mondes parallèles.

Pourtant, si chacun peut créer son propre univers, personne ne devrait oublier que cette création repose sur l’utilisation d’une technologie universelle : celle à disposition de tout le monde. Chacun devrait prendre conscience que son monde, aussi singulier soit-il, passe par la même technologie pour tout le monde. Ceci crée un mélange nouveau entre singularité et universalité tel que l’on n’en n’a encore jamais connu dans l’histoire humaine. En favorisant la création d’objets numériques de toutes sortes par des non spécialistes du codage, le low code-no code va encore accentuer cette singularité/universalité.
Cette non-dualité (être à la fois, et en même temps, parfaitement singulier et intégralement universel) est l’une des caractéristiques les plus fascinantes de l’univers numérique, qui explique sans doute la rapidité de sa conquête du monde.

L’univers digital est une nouvelle frontière au sens où il introduit une porosité entre des mondes autrefois dissociés, des univers professionnels incapables de se parler, faute de pouvoir se comprendre car rendus étanches par la spécificité de leurs langages, et la défense jalouse de leurs savoir-faire. Le numérique est aujourd’hui le langage commun de toute activité humaine. Ainsi, il est un univers qui permet l’association des mondes.

Le numérique couvre à la fois des sujets de surface, assez peu intellectualisés (le côté « entertainment »), et des sujets de grande profondeur intellectuelle (recherche fondamentale).
Pour cette raison, l’adoption est une dimension clé : une transformation est inutile si elle n’est pas adoptée. Peut-on aujourd’hui se passer du numérique dans notre vie personnelle et professionnelle ? Il semble que non. Pourtant, le fait de ne pouvoir faire autrement ne signifie pas nécessairement que l’adhésion est complète. On peut adopter le numérique en le subissant. C’est tout le problème du passage obligé : l’impossibilité de faire l’impasse ne signifie pas pour autant que l’on est d’accord, que l’on en est heureux, que ça améliore le rapport aux autres ou le rapport au monde.

Il y a un bénéfice du progrès, encore faut-il qu’il soit perçu, d’une part, et que l’on y adhère, d’autre part. Ici réside un enjeu de société réel, car l’innovation et la transformation digitale n’ont de sens que si elles participent au bien commun.

Pour la plupart, le numérique est une technologie à laquelle ils n’ont pas accès : ils s’en servent, mais n’ont aucune idée de son fonctionnement, encore moins de ce que sont les grands principes de l’univers numérique (codage binaire, etc.). Puisque la redéfinition est avant tout une chose mentale, la pédagogie est donc essentielle. Elle seule permet la responsabilisation. Un accompagnement pédagogique doit alors être mis en place pour permettre de comprendre les enjeux complexes de l’innovation et de la transformation digitale, et favoriser ainsi leur adoption. En procédant de cette manière, on offrirait aux personnes un autre rapport à cet univers et à ses outils, partout présents en permanence aujourd’hui. On ferait alors un acte civilisationnel important, au sens où la transformation digitale ne serait plus subie passivement, mais accompagnée. Il y a, là encore, une fonction essentiellement politique de la transformation digitale. Et donc, une place essentielle du politique dans cette question.

D’où le rôle majeur de l’éducation – donc de l’Éducation Nationale – pour favoriser l’adoption, mais aussi aiguiser les fonctions critiques, et ceci dès les classes secondaires. En effet, si on attache une logique de la responsabilité au phénomène de la transformation digitale, on la place en position d’être soutenue, mais également questionnée, notamment du point de vue des limites éventuelles à lui imposer. Cette réflexion visant la responsabilité devant l’innovation doit être partagée par le politique et les usagers, mais aussi par les innovateurs eux-mêmes. Ceux-ci doivent assumer leur responsabilité devant l’estimation des conséquences (sociales, économiques, humaines ou écologiques) des avancées qu’ils génèrent.

En tout état de cause, dans une vision humaniste, il est impératif de réduire les excès ainsi que les impasses inévitables d’une vision stérilisante de l’innovation et de la transformation digitale qui, imposées de force (ou en force), ne favoriseraient pas, voire nuiraient, à la qualité des relations humaines.

Au-delà du législateur, il faut imaginer des moyens permettant de fluidifier l’inscription de la transformation digitale dans le social et dans le monde. Car, en raison de son impact global, il ne faut pas que cet art total aux potentialités magnifiques s’engage dans une mauvaise pente en se transformant en pratique totalitaire.
L’innovation est (et doit rester) une science humaine.

Le monde merveilleux de la transformation numérique !

Le monde merveilleux de la transformation numérique !

La transformation digitale, un art total estime dans la Tribune Alain Conrard, Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI) .
S’il n’y a pas de doute sur les mutations qu’apporte la révolution numérique de là en faire un art total il y a un pas que franchit l’auteur de la Tribune.

À écouter les nombreuses contributions sur le sujet, le numérique pourrait presque se substituer à la pensée humaine en tout cas devenir presque la nouvelle religion, l’idéologie en tout cas une référence de pensée! Des contributions fortement inspirées et dithyrambiques qui glorifient en quelque sorte une révolution technologique de manière totalement excessive .NDLR

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », pensait Lavoisier à la fin du 18e siècle. On pourrait ajouter à cela aujourd’hui que si tout ne se transforme pas, plus rien ne se crée. Et si la transformation a toujours été la manifestation la plus évidente de l’évolution, ce concept est encore plus central dans le cadre de l’univers digital.
Si la transformation digitale était il y a encore très peu de temps le summum de l’évolution liée à la technologie, ce par quoi les entreprises se distinguaient les unes des autres et prenaient des parts de marché au détriment de leurs concurrents, elle est maintenant devenue un prérequis de toute activité productive. Tout le monde est, d’une certaine manière, aujourd’hui à égalité devant cette question. Pourtant, cette transformation numérique ne se résume pas simplement à des changements où une technologie en remplacerait une autre. Pour donner toute sa mesure, pour exprimer toute sa puissance, elle demande avant tout une transformation des cadres de pensée.

Avant d’être une expérience technologique – et pour que ce puisse être pleinement une expérience technologique -, la transformation digitale doit être une expérience de pensée : le digital permet de penser (ou de se représenter) le monde autrement. Et c’est là, dans la perception de ce que la transformation digitale est réellement, et surtout de la puissance dont elle est capable, que se dessine aujourd’hui ce qui fait la différence, donc la réussite, entre une entreprise et une autre.
L’ensemble des activités humaines
Cette prise de conscience consiste avant tout à comprendre la multiplicité des niveaux d’intervention de la transformation digitale, l’interaction entre tous ces niveaux, et le côté global, sans échappatoire possible, de l’opération. Il s’agit de prendre la mesure du gigantesque mouvement qui redéfinit la moindre des activités humaines autour des technologies numériques, et ainsi présente des conséquences en nombres presque incalculables.
Ce déploiement prend deux formes principales. Il y a non seulement le côté global pris par le numérique (l’impact des technologies du numérique et de l’innovation partout sur la planète) ; mais aussi le fait que l’on pense aujourd’hui globalement à travers le numérique.
Les visions du monde se dessinent aujourd’hui dans la transformation numérique, et grâce à elle. Elle concerne, presque sans exception, les multiples dimensions de l’expérience humaine en société. En effet, derrière le technologique, elle influe à la fois et en même temps sur l’économique, le social, le sociétal, l’humain, sans oublier l’écologique. Cette transformation, et l’innovation qu’elle manifeste, ont aujourd’hui un impact décisif global dans chacun de ces cinq champs.
Son aire de compétence est intégrale, et sa zone d’intervention globale. On peut ainsi la qualifier d’art total.
Art et ars
L’art a longtemps été relié aux techniques et aux savoir-faire. En effet, « art » vient du latin « ars » dont le sens est celui de métier, de talent, de connaissance technique, de maîtrise de savoir-faire dans des matières multiples. Puis, après de multiples variations, il a pris, depuis les 18ème et 19ème siècles, la signification qu’on lui connait aujourd’hui de création d’œuvres : le beau, l’esthétique ou le disruptif. Le sens du mot a donc évolué du moyen pour obtenir l’œuvre, qu’il avait initialement, jusqu’au résultat final obtenu, qu’il a pris aujourd’hui.
On utilise encore souvent le terme « art » pour dire la maîtrise d’une personne ou d’une pratique. On évoque alors une habileté, comme lorsqu’on parle d’art de la conversation, par exemple.
Pourtant, parler d’art au sujet du numérique n’est pas juste une figure de style. Le numérique est d’autant plus un art qu’il contient en lui-même une dimension esthétique : celle qui nécessite la création d’interfaces (donc visuelles) pour pouvoir être utilisé. Le numérique a besoin de l’art pour être perçu : une ligne de code n’est pas convaincante, ni même appropriable (elle n’a pas de forme), là où une interface graphique (qui n’est pourtant rien d’autre que la mise en forme de la ligne de code) est parfaitement efficace. Le génie d’Apple en cette matière est de l’avoir compris avant tout le monde dans les années 80 avec Macintosh. Contrairement à la réputation qui lui était faite à l’époque, Macintosh n’était pas un ordinateur réservé aux créatifs, mais un ordinateur capable de favoriser la créativité, quel que soit le secteur. La diffusion de la technologie numérique dans tous les champs d’activité supposait que tout le monde, y compris les non-spécialistes des technologies de l’information, puisse s’y relier. Les interfaces graphiques, donc l’esthétique, ont été le moyen de cette conquête et de cette démocratisation. D’ailleurs, près d’un quart des métiers du numérique est lié à l’artistique, au design.
Le numérique est donc travaillé par l’esthétique de façon centrale. Au point que l’on voit apparaître, avec les NFT par exemple, des formes d’art spécifiques à l’univers digital. Le numérique a permis de créer une nouvelle forme d’art.

Cette révolution technologique a suscité un désir de créativité général, comme si les possibilités qu’elle offre était un défi, non seulement pour les artistes et les créatifs, mais aussi pour toutes les professions, obligées d’innover chacune à leur manière. De ce point de vue, le concept de « design » est l’un des meilleurs marqueurs de la dimension « artistique » du numérique. Il est sorti de sa niche de créatif (la forme des objets industriels) pour nommer, notamment avec le terme de design thinking, un élément relatif aux process et aux modes d’organisation qui doivent eux aussi désormais faire preuve de créativité.
Ainsi, la transformation digitale est d’autant plus un art total qu’elle réunit les deux sens historiques recouverts par le terme « art ». L’une de ses beautés est d’avoir opéré une synthèse originale entre ces deux définitions historiques de l’art que tout semblait pourtant devoir opposer : le beau et la technique/savoir-faire.
Fabriquer son propre monde Avec la numérisation du monde, le numérique est devenu un monde ; ou plus précisément, il est devenu l’équivalent du monde. À travers les univers virtuels, le métavers, les avatars, etc., chacun peut fabriquer son monde, ainsi que son rapport au monde – au point d’ailleurs de pouvoir dans certains cas générer des pathologies d’enfermement dans les univers numériques qui forment autant de mondes parallèles.

Pourtant, si chacun peut créer son propre univers, personne ne devrait oublier que cette création repose sur l’utilisation d’une technologie universelle : celle à disposition de tout le monde. Chacun devrait prendre conscience que son monde, aussi singulier soit-il, passe par la même technologie pour tout le monde. Ceci crée un mélange nouveau entre singularité et universalité tel que l’on n’en n’a encore jamais connu dans l’histoire humaine. En favorisant la création d’objets numériques de toutes sortes par des non spécialistes du codage, le low code-no code va encore accentuer cette singularité/universalité.
Cette non-dualité (être à la fois, et en même temps, parfaitement singulier et intégralement universel) est l’une des caractéristiques les plus fascinantes de l’univers numérique, qui explique sans doute la rapidité de sa conquête du monde.

L’univers digital est une nouvelle frontière au sens où il introduit une porosité entre des mondes autrefois dissociés, des univers professionnels incapables de se parler, faute de pouvoir se comprendre car rendus étanches par la spécificité de leurs langages, et la défense jalouse de leurs savoir-faire. Le numérique est aujourd’hui le langage commun de toute activité humaine. Ainsi, il est un univers qui permet l’association des mondes.

Le numérique couvre à la fois des sujets de surface, assez peu intellectualisés (le côté « entertainment »), et des sujets de grande profondeur intellectuelle (recherche fondamentale).
Pour cette raison, l’adoption est une dimension clé : une transformation est inutile si elle n’est pas adoptée. Peut-on aujourd’hui se passer du numérique dans notre vie personnelle et professionnelle ? Il semble que non. Pourtant, le fait de ne pouvoir faire autrement ne signifie pas nécessairement que l’adhésion est complète. On peut adopter le numérique en le subissant. C’est tout le problème du passage obligé : l’impossibilité de faire l’impasse ne signifie pas pour autant que l’on est d’accord, que l’on en est heureux, que ça améliore le rapport aux autres ou le rapport au monde.

Il y a un bénéfice du progrès, encore faut-il qu’il soit perçu, d’une part, et que l’on y adhère, d’autre part. Ici réside un enjeu de société réel, car l’innovation et la transformation digitale n’ont de sens que si elles participent au bien commun.

Pour la plupart, le numérique est une technologie à laquelle ils n’ont pas accès : ils s’en servent, mais n’ont aucune idée de son fonctionnement, encore moins de ce que sont les grands principes de l’univers numérique (codage binaire, etc.). Puisque la redéfinition est avant tout une chose mentale, la pédagogie est donc essentielle. Elle seule permet la responsabilisation. Un accompagnement pédagogique doit alors être mis en place pour permettre de comprendre les enjeux complexes de l’innovation et de la transformation digitale, et favoriser ainsi leur adoption. En procédant de cette manière, on offrirait aux personnes un autre rapport à cet univers et à ses outils, partout présents en permanence aujourd’hui. On ferait alors un acte civilisationnel important, au sens où la transformation digitale ne serait plus subie passivement, mais accompagnée. Il y a, là encore, une fonction essentiellement politique de la transformation digitale. Et donc, une place essentielle du politique dans cette question.

D’où le rôle majeur de l’éducation – donc de l’Éducation Nationale – pour favoriser l’adoption, mais aussi aiguiser les fonctions critiques, et ceci dès les classes secondaires. En effet, si on attache une logique de la responsabilité au phénomène de la transformation digitale, on la place en position d’être soutenue, mais également questionnée, notamment du point de vue des limites éventuelles à lui imposer. Cette réflexion visant la responsabilité devant l’innovation doit être partagée par le politique et les usagers, mais aussi par les innovateurs eux-mêmes. Ceux-ci doivent assumer leur responsabilité devant l’estimation des conséquences (sociales, économiques, humaines ou écologiques) des avancées qu’ils génèrent.

En tout état de cause, dans une vision humaniste, il est impératif de réduire les excès ainsi que les impasses inévitables d’une vision stérilisante de l’innovation et de la transformation digitale qui, imposées de force (ou en force), ne favoriseraient pas, voire nuiraient, à la qualité des relations humaines.

Au-delà du législateur, il faut imaginer des moyens permettant de fluidifier l’inscription de la transformation digitale dans le social et dans le monde. Car, en raison de son impact global, il ne faut pas que cet art total aux potentialités magnifiques s’engage dans une mauvaise pente en se transformant en pratique totalitaire.
L’innovation est (et doit rester) une science humaine.

Politique-France 2022 : quelle transformation des politiques publiques

 

Politique-France 2022  : quelle  transformation des politiques publiques

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

Avenir France 2022 : quelle transformation des politiques publiques

Avenir France 2022  : quelle  transformation des politiques publiques

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

France 2022 : quelle transformation des politiques publiques

France 2022  : quelle  transformation des politiques publiques

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

France 2022 : quelle transformation publique

France 2022  : quelle  transformation publique

 

OPINION. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique, il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation. Par Olivier Bouet, Directeur EY Consulting secteur public et Guéric Jacquet, Associé EY-Parthenon secteur public (dans la Tribune)

 

Depuis 2017, les initiatives en matière de transformation publique ont été fortes : lancement de la démarche CAP 2022 de refonte des politiques publiques, financement de réformes structurelles via un fonds interministériel de 1 milliard d’euros, lancement d’une stratégie globale de transformation publique, portage au plus haut niveau de l’État… Cela s’est traduit à la fois par la mise en place de réformes d’ampleur (prélèvement à la source, maisons France Service, ENA, mis en place du droit à l’erreur) mais aussi par une appréciation positive historique des services publics, à plus de 51% par les Français en 2020 (Institut Paul Delouvrier).

Pourtant, la crise sanitaire et économique a limité les résultats des réformes : les réductions de postes ont été reportées, le déficit public s’est accru et les difficultés d’exécution des politiques de proximité ont été mises en lumière. Après une crise sans précédent qui a remis en cause la manière de gérer l’action publique (gestion de crise, télétravail, plans de relance, articulation entre État et collectivités locales…), il est nécessaire de réimaginer la nature d’un quinquennat de transformation publique ambitieux, articulé autour de 5 grands piliers.

Une grande politique de simplification et de dérégulation des normes

En sortie de crise, l’État est appelé à changer de paradigme pour simplifier la vie des Français. La création d’une mission gouvernementale de simplification du stock de lois, règlements et dispositifs, issue de la fusion des nombreux comités et conseils de simplification, pouvant se traduire par exemple en réécrivant les codes existants, ou en pilotant la suppression, par les ministères, de 10% des normes afférentes à leurs domaines d’intervention.

Une transformation digitale massive et qui touche le cœur de métier

Selon nos analyses, pour 3 milliards d’euros investis sur 5 ans, un ROI significatif de 12 milliards d’euros de gains de productivité annuels peut être espéré. Au-delà de l’impact majeur que le numérique a sur les grands métiers de la Fonction publique, les gains de productivité issus du recours aux nouvelles technologies touchent à la fois les fonctions de back-office (RH, IT, finance) et le cœur de métier (enseignement, police, justice…) à l’instar des entreprises privées qui ont engagé ces transformations massives.

L’extension de la dynamique de transformation publique à toutes les fonctions publiques

Après une décennie de réforme de l’administration d’État, il est prioritaire d’inclure les opérateurs de l’État dans l’effort collectif de rationalisation, ou le lancement de de nouveaux programmes de mutualisation entre l’État et les collectivités, sur le modèle des centres de service partagés de fonctions support. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur les dépenses qui pourraient baisser, ils citent pour 50% d’entre eux la masse salariale et les effectifs des collectivités (IFOP- EY-Acteurs Publics, novembre 2022), qui ont atteint 1,9 million d’employés en 2020.

Un nouveau mode de délivrance des services publics par les entreprises et les associations pour réallouer des moyens vers les priorités de politique publique

Réinterroger le périmètre d’intervention de la puissance publique nécessite l’acceptation d’un nouveau mode de délivrance des services publics, par les entreprises et les associations, si ces acteurs peuvent produire des services de meilleure qualité et à moindre coût (via par exemple l’externalisation de fonctions administratives et de contrôle). À l’instar des lois de dérégulation de 2015, il est possible de créer de nouveaux marchés rentables au service de la croissance économique à qualité de service égale, et permettant la réallocation de crédits publics vers les priorités gouvernementales.

Un investissement massif dans les RH pour redonner des perspectives de formation et de carrière aux agents publics

Aujourd’hui, un agent public reçoit en moyenne 30 heures de formation continue par an là où un actif du secteur privé en reçoit 2,5 fois plus. C’est pourquoi il est désormais urgent d’accélérer le programme de formation, notamment dédié aux usages numériques, pour que chaque agent et chaque manager réussisse le tournant de la révolution digitale, et construire un plan de reconversion pour préparer les agents aux métiers et compétences de demain.

En combinant ces piliers à une forte volonté politique, une gouvernance au plus haut niveau et une focalisation des efforts sur quelques sujets clés plutôt que de multiples petites réformes, la transformation publique pourra permettre de rendre des services publics plus efficaces.

Revenir au concept initial d’entreprise pour une transformation durable

Revenir au concept initial d’entreprise pour une transformation durable

La contribution de l’entreprise à la résolution des crises sociale et environnementale nécessite de redéfinir l’« affectio societatis », la volonté d’agir ensemble, des actionnaires, salariés, dirigeants et partenaires extérieurs des entreprises, suggèrent les expertes financières Sandra Bernard-Colinet et Mathilde Lemoine dans une tribune au « Monde ».

Tribune. 

 

La crise sanitaire a renforcé la pression citoyenne pour accélérer la transformation de l’entreprise en acteur responsable des enjeux sociaux et environnementaux. Certains, pour mieux repousser cette pression, mettent en avant la célèbre affirmation de l’économiste américain Milton Friedman selon laquelle la seule responsabilité sociale de l’entreprise consisterait à faire du profit. Mais cette retranscription est tronquée car la phrase se poursuit par « aussi longtemps qu’elle [l’entreprise] respecte les règles du jeu ». Or ce sont précisément les règles du jeu qui ont changé depuis cinquante ans !

Au départ, il n’était pas question pour les sociétés de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux dans leur gestion. Les règles du jeu s’inscrivaient dans une logique collective de course à la production. Puis cette logique s’est individualisée par la recherche de l’optimisation de la marge bénéficiaire et d’un retour sur capital rapide.

Désormais, les entreprises ont une responsabilité vis-à-vis du monde extérieur. Elle consiste à intégrer volontairement leurs préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes. La transcription qui en a été faite par les acteurs privés fut de traiter ces nouvelles préoccupations comme des risques (industriels, de réputation) ou des opportunités (relais de croissance) pour leur objet social. Même pour ceux qui s’inscrivent dans la lignée friedmanienne, la logique économique et financière doit tenir compte des critères sociaux et environnementaux.

Les crises récentes, celle de 2008 et celle de 2020, ont de nouveau changé les règles du jeu. Il n’est plus question de se focaliser uniquement sur la préservation de la valeur économique de l’entreprise mais de protéger les biens communs, de participer à la restauration, à la préservation et à l’amélioration des socio-écosystèmes. L’entreprise doit définir comment elle contribue de façon active à la résolution des enjeux sociaux et environnementaux dans toute leur complexité. Tel est l’enjeu du débat sur la contribution des entreprises aux objectifs de développement durable définis par les Nations unies, aux objectifs de décarbonation fixés par l’accord de Paris, ou sur la définition de la « raison d’être » des entreprises et du statut d’« entreprise à mission » actés par la loi Pacte d’avril 2019.

Il ne s’agit plus seulement de mesurer les externalités négatives de l’activité de l’entreprise, par exemple en limitant ou en compensant l’impact de la production industrielle sur les émissions de CO2, mais désormais de trouver les méthodes qui permettront de réduire ces émissions quelle que soit l’évolution de l’activité de l’entreprise. Il ne s’agit plus de parler de croissance inclusive tout en délocalisant dans des pays étrangers des activités encore largement bénéficiaires, mais de préserver et développer des filières génératrices d’emplois locaux tout en assurant leur autonomie financière.

Le modèle de l’entreprise ne répond plus uniquement à la logique économique mais s’inscrit dans une dimension plus collective, dont le cœur du réacteur serait les enjeux sociaux et environnementaux. Ce modèle, qui est bien souvent celui d’entreprises familiales indépendantes des marchés financiers, repose sur la volonté implicite ou explicite des partenaires de collaborer sur un pied d’égalité et que les juristes appellent l’affectio societatis, c’est-à-dire l’élément intentionnel indispensable à la formation du lien qui unit les associés. Sa force opérationnelle réside dans sa capacité à fédérer autour d’un projet entrepreneurial les associés mais aussi les salariés, les fournisseurs, les acteurs locaux tout en parvenant à développer une fierté et un sentiment d’appartenance.

L’affectio societatis a perdu de son influence dans les grandes entreprises soumises à la maximisation de leur rentabilité opérationnelle. Il est temps de revenir à l’essence même de la notion d’entreprise : mettre en commun des biens en vue de réaliser et de partager des bénéfices, qui ne doivent plus être seulement économiques, mais aussi sociaux et environnementaux.

Pour y parvenir, le monde de l’entreprise pourrait s’inspirer de certaines pratiques des acteurs du développement et de l’économie sociale et solidaire qui savent donner un sens à leur action, et mener des actions qui ont du sens. Dans son plan-cadre pour l’aide au développement (PNUAD), l’ONU propose ainsi un outil de modélisation de la transformation que l’on souhaite générer sur une population de bénéficiaires et de mesurer la valeur ajoutée de son action. L’objectif est de vérifier le lien de causalité entre l’action engagée et le changement opéré à long terme sur les bénéficiaires.

Par exemple, si l’objectif poursuivi par une entreprise est d’améliorer la santé, il faut d’abord définir les bénéficiaires, c’est-à-dire le pourcentage de femmes ou d’hommes, les classes d’âge, la zone géographique. Il est également nécessaire de choisir l’action à mener : donner des médicaments ? éduquer ? améliorer l’habitat ? la mobilité ? Ensuite, il conviendra de vérifier que les ressources mobilisées sont bien affectées à l’atteinte de l’objectif et à quelle échéance. Une telle méthode a aussi pour vertu de faire reposer l’engagement social de l’entreprise sur une sorte de convention. Entreprendre au-delà de la seule valorisation du capital économique permet de fédérer les différentes parties prenantes pour contribuer à une transformation durable.

Sandra Bernard-Colinet est membre de la Société française des analystes financiers (SFAF) et ancienne conseillère en investissement à impact auprès du haut-commissariat à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale.

Mathilde Lemoine est chef économiste du groupe Edmond de Rothschild

Les enjeux de la transformation de l’agriculture française

Les enjeux de la transformation de l’agriculture française

 

Le président de l’organisation syndicale se penche dans l’Opinion  sur les enjeux de la prochaine PAC, qui couvrira la période se terminant en 2027

 

 

 

 

Les jeunes doivent être la pierre angulaire de la prochaine PAC 2023-2027. C’est très simple : à l’issue, 45% des agriculteurs seront en âge de partir à la retraite. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Plus que jamais, le renouvellement des générations, en France comme dans le reste de l’Europe, est LE défi de ces prochaines années pour sauvegarder notre capacité à produire mais aussi la vitalité des territoires ruraux ! Je veux y voir une opportunité, un bassin d’emplois et de vocations considérable, et j’aimerais que Bruxelles, mais aussi Paris, y voient la même chose.

Deux options s’offrent à nous : la première est de miser sur un domaine qui recrute, qui nourrit et qui crée du dynamisme local en favorisant le maintien de l’agriculture dans les territoires. Faut-il vraiment citer la deuxième : ne pas être à la hauteur des enjeux, remettre en question notre souveraineté alimentaire et l’opportunité d’une alimentation locale et de qualité.

Parce que nous n’avons plus le choix, pour sauvegarder notre souveraineté alimentaire, les jeunes ont formulé des propositions concrètes pour une politique agricole commune en faveur d’un pacte ambitieux avec les citoyens européens, qui maintienne des hommes nombreux sur les territoires, qui préserve les ressources naturelles et qui protège et rémunère les agriculteurs.

«Pour trois départs à la retraite, seuls deux jeunes s’installent: mettons un coup d’arrêt à cette perdition par un investissement conséquent! Doublons le budget à l’installation»

A l’heure des négociations européennes sur les outils de demain, et à la veille des arbitrages que devra rendre le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, Julien Denormandie, concernant la déclinaison française de la PAC, il est encore temps de prendre les bonnes décisions en faisant le pari de la jeunesse. A commencer par un budget à la hauteur. Aujourd’hui, pour trois départs à la retraite, seuls deux jeunes s’installent : mettons un coup d’arrêt à cette perdition par un investissement conséquent ! Allons-y réellement. Pour les jeunes, doublons le budget à l’installation en passant de 2% à 4% des aides de la PAC. Mais également en ciblant mieux les aides.

Dans un contexte de libéralisation des activités économiques, dont l’agriculture n’est pas épargnée, et pour lutter contre le subventionnement de fonds d’investissement, la concentration des terres, ou encore la rétention des aides – et du foncier –, nous appelons à un meilleur ciblage des soutiens vers les agriculteurs actifs, réellement présents sur les territoires, au service d’une agriculture durable que les citoyens appellent de leurs vœux. Cela ne peut se traduire que par l’élaboration d’une définition stricte de l’actif agricole basée notamment sur un niveau de formation, sur l’acte de production, de gouvernance de l’exploitation, sur des critères de revenu et de temps de travail, et dont les exploitants en âge de bénéficier d’une retraite à taux plein seraient exclus. Pour atteindre ce dernier point et faciliter la transmission des exploitations agricoles, nous attendons du gouvernement qu’il concrétise notamment la revalorisation des retraites à minimum à 85% du smic dans les plus brefs délais.

«Pour que l’agriculture concilie rémunération des agriculteurs et respect des attentes des consommateurs, la PAC doit accompagner la structuration de filières créatrices de valeur»

Nous soutenons une agriculture à visage humain, forte d’exploitations nombreuses, indépendantes et durables, qui maintient des voisins plutôt que des hectares : remettre l’agriculture en « mode projet », redonner une vision de long terme à ce secteur stratégique et essentiel. Pour que l’agriculture concilie rémunération des agriculteurs et respect des attentes des consommateurs, la PAC doit accompagner la structuration de filières créatrices de valeur. Pour cela, nous appelons à un renforcement des soutiens ciblés (aides couplées, aides à l’investissement) qui agissent comme levier pour mieux organiser l’amont agricole, regrouper l’offre, poursuivre la montée en gamme et permettre à chacun d’accéder à une alimentation locale, durable et rémunératrice pour ses artisans.

Enfin la vision de long terme demande de se confronter à l’urgence climatique. En tant que jeunes, nous sommes certainement la première génération d’agriculteurs à pleinement réaliser les évolutions nécessaires face au changement climatique, tout en subissant au quotidien le phénomène. Il est indispensable d’armer les jeunes pour lutter contre le dérèglement climatique et préserver les ressources naturelles, véritable outil de travail des agriculteurs. Cela passe d’abord par l’élaboration de stratégies stables et solides pour accompagner la transition écologique sur le long terme. D’autre part, adossés à une politique d’investissement qui accompagne les changements, les fameux « programmes écologiques » proposés pour la future PAC doivent être appréhendés comme une opportunité. Ils devront permettre la rémunération des pratiques agroécologiques et créer un nouveau débouché économique vertueux, en faveur notamment des énergies renouvelables, du stockage de carbone, de la protection des sols, de l’optimisation des intrants, du bien-être animal, etc.

Les évolutions climatiques imposent aussi de protéger les agriculteurs, premiers touchés par des aléas plus fréquents, plus intenses. Il faudra renforcer les moyens mais réformer les outils existants, en apportant une attention particulière à la prévention et à la formation, pour apporter une réponse efficace et durable aux agriculteurs.

Nous sommes à la fin d’un cycle, ne cherchons pas d’excuses pour la génération actuelle et celle à venir… Les jeunes sont prêts à s’engager, faire face et relever les défis maintenant, mais cela ne pourra se faire que si des actes forts et engagés concrétisent les déclarations politiques.

Samuel Vandaele est président des Jeunes agriculteurs.

Transformation de l’écosystème monétaire ?

Transformation de l’écosystème monétaire ?

 

L’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran, observe dans sa chronique, que l’essor du bitcoin et des monnaies complémentaires est le signe tâtonnant d’une sortie de la « monoculture monétaire ».

Chronique. 

 

Certes, c’est pour le moment le bitcoin qui défraie la chronique et, pourtant, les « monnaies » alternatives se sont développées par milliers à travers le monde depuis la crise financière de 2007-2008. Au-delà du bitcoin, qui est un peu dans ce domaine ce que le Minitel a été à l’Internet dans les technologies de l’information, la percée de ces innovations monétaires très diverses exprime les failles du système auquel nous sommes habitués, avec une monnaie, une seule, encastrée dans le crédit bancaire, garantie par la Banque centrale, et à cours légal imposé par l’Etat. Notre écosystème monétaire est en train de se transformer.

On dénombre aujourd’hui, au niveau mondial, près de 1 600 « cryptomonnaies » – et plus de 4 000 monnaies complémentaires. Les cryptomonnaies sont des instruments monétaires numériques, sans autorité centrale, sans intermédiaire financier, reposant sur un protocole informatique d’enregistrement et de validation décentralisée des transactions ; les monnaies complémentaires sont des instruments de paiement utilisables localement sans cours légal.

Les communautés qui les portent sont très diverses : il n’y a pour le moment guère de trait d’union entre les geeks anarcho-libertaires, dont se réclame parfois la communauté bitcoin, et les associations d’économie sociale et solidaire, plus souvent « low tech », qui portent des monnaies locales dans l’espoir de revitaliser un territoire. Mais chacune à sa manière exprime une défiance à l’égard des institutions représentatives de la monnaie (banques, banques centrales, Etats) et une volonté de « réimprimer » ses valeurs en émettant une monnaie dans laquelle elle se reconnaît mieux.

 

 « La monnaie est un symbole, celui de ce je-ne-sais-quoi consubstantiel à l’homme qui fait appartenance à un collectif », écrivent Michel Aglietta et Natacha Valla dans Le Futur de la monnaie (Odile Jacob, 320 pages, 24,90 euros). Peut-être faut-il donc voir dans ces initiatives monétaires le symbole d’un collectif, ou plutôt de collectifs, qui cherche(nt) à se réinventer. 

Ce n’est pas comme substituts à la monnaie officielle – celle qui fait autorité et qu’on appelle la monnaie « fiat » – qu’il faut chercher à en comprendre l’essor, mais plutôt comme des compléments pouvant apporter de la diversité à notre « monoculture monétaire ». C’est ainsi que l’économiste Ariane Tichit présente les monnaies locales complémentaires (« Nos fausses idées sur la monnaie », TEDxClermont, 2014), ou que Bernard Lietaer relève dans Au cœur de la monnaie (Yves Michel, 2013) que la monoculture monétaire – le fait de n’utiliser qu’un seul type de monnaie, aujourd’hui la norme – l’a en fait rarement été au regard de l’histoire longue de la monnaie.

Transformation énergétique des logements : accessible à tous sans condition de revenus

Transformation  énergétique des logements : accessible à tous sans condition de revenus

Après avoir transformé fin 2019 le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) en prime (« Ma Prime Rénov »), tout en excluant les plus riches du dispositif, l’aide sera désormais accessible à l’ensemble des propriétaires occupants ET bailleurs. Ce qui est inédit.

Dans le cadre de la relance de 100 milliards, 2 milliards d’euros seront en effet mobilisés pour soutenir la rénovation globale, la rénovation énergétique des logements pour les propriétaires bailleurs, la rénovation énergétique des logements pour les copropriétés et renforcer le volet « logement » déjà financé par l’Agence nationale de l’Habitat (Anah), le plan « Initiatives Copropriétés » et le programme « Action cœur de ville ». Ce dernier sera prochainement complété d’un plan « petite ville de demain ».

 

Comment évaluer la transformation de la biodiversité

Comment évaluer la transformation  de  la  biodiversité

Le  Club des entreprises pour une biodiversité positive (Club B4B+), appellent dans la Tribune à la mise en place de métriques quantitatives de la biodiversité, d’outils d’évaluation de l’empreinte biodiversité et d’objectifs scientifiques mesurables à tous niveaux pour faire face au déclin alarmant de la biodiversité.

 

La décennie qui s’achève se sera malheureusement soldée par l’échec tragique de la plupart des Objectifs d’Aichi pour la période 2011-2020 [adoptés par les parties à la Convention sur la diversité biologique en octobre 2010, Ndlr] et le constat sans appel de l’Evaluation mondiale de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco systémiques (IPBES), qui révélait en mai 2019 que le déclin de la nature se poursuit à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Le Congrès mondial de la Nature, organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille, puis la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en Chine -tous deux reportés au premier trimestre 2021-doivent nous permettre d’entrer dans le temps de la biodiversité.

Nous sommes persuadés que le secteur privé peut et doit jouer un rôle clé dans la concrétisation à la fois de la vision 2050 de la CBD pour « vivre en harmonie avec la nature », et des Objectifs de développement durable (ODD) – en particulier des ODD 14 et 15 concernant la biodiversité. Pour ce faire, et afin qu’advienne le « New Deal » pour la nature et les hommes, il est essentiel que nous mesurions notre impact sur la biodiversité et que nos objectifs en matière de biodiversité soient en capacité de rejoindre les scénarios proposés par la communauté scientifique et retenus par la communauté internationale.

La tonne équivalent CO2 a joué un rôle déterminant dans la prise de conscience des enjeux liés au changement climatique. Cette métrique a constitué un levier incontestable dans la mise en œuvre d’actions d’atténuation du changement climatique. Des métriques comparables, autrement dit des métriques quantitatives décrivant l’état de la biodiversité, largement utilisées et accessibles à tous, consensuelles sur le plan scientifique et pouvant être agrégées ou désagrégées à de multiples niveaux de granularité, sont nécessaires pour répondre efficacement à l’enjeu de la perte de biodiversité. Associées à des analyses qualitatives, de telles métriques sont indispensables aux États, aux entreprises et aux institutions financières désirant évaluer leurs impacts, démontrer des gains de biodiversité et piloter leur action opérationnelle.

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