Archive pour le Tag 'Tirole'

Le programme économique de Marine Le Pen : couteux et inefficace (Jean Tirole)

Le programme économique de Marine Le Pen : couteux et inefficace (Jean Tirole)

Le prix Nobel d’économie français Jean Tirole tire à boulets rouges contre le programme économique de Marine Le Pen, qui est selon lui « dissimulateur et non financé » et « appauvrira durablement notre pays ».

 

À noter cependant que le programme économique de Macron nest pas non plus fiancé. Et les 50 milliards de dépenses supplémentaires par des économies sont également illusoires NDLR

*Le prix Nobel d’économie français prévient les Français du risque pour l’économie française d’élire Marine Le Pen. Selon lui, le programme économique de la candidate RN est « dissimulateur et non financé » et « appauvrira durablement notre pays », a-t-il affirmé dans une tribune parue samedi dans La Dépêche du Midi.

« Liste à la Prévert »

« Le programme de Marine Le Pen est une liste à la Prévert de dépenses supplémentaires, largement sous-estimées à 68 milliards d’euros par an, financées à l’aide de recettes hélas en partie fictives », affirme le lauréat du prix décerné par la Banque de Suède en 2014.

Selon lui, les 16 milliards d’euros d’économies que Marine Le Pen dit vouloir faire grâce à des mesures sur l’immigration sont « un calcul qui repose sur du vent: toutes les études montrent que les immigrés ne coûtent quasiment rien en termes d’argent public, car les cotisations sociales de ceux qui travaillent compensent les coûts imputés à notre système de protection sociale ».

S’interrogeant aussi sur comment la candidate d’extrême droite réalisera « 8 milliards d’économies sur le fonctionnement de l’Etat », il estime, comme avant lui l’institut Montaigne, que « le coût de son programme de dépenses semble très sous-estimé ».

La retraite à 60 ans mettra en faillite le système

« Redescendre l’âge de la retraite à 60 ans mettra en faillite notre système, avec des conséquences importantes pour les plus défavorisés », affirme Jean Tirole alors que la candidate du Rassemblement National veut réinstaurer cet âge de départ pour ceux qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans.

Les propositions de Marine Le Pen ne permettront « ni de préparer l’avenir, ni de réduire les inégalités », d’après l’économiste qui prend pour exemple l’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans qui s’appliquerait aussi pour un haut diplômé « gagnant cinq fois le Smic ».

Constatant que malgré une dette publique passée de 100% à près de 116% du PIB en raison de la crise sanitaire, la France n’a pas perdu la confiance des marchés, il anticipe que « le manque de prévoyance du programme de Marine Le Pen ne rassurera pas ces derniers, qui verront dans la France une version européenne de l’Argentine ».

Frexit déguisé

Enfin, si Marine Le Pen « ne parle plus de quitter l’Europe et l’euro, son programme revient à s’asseoir sur les règles européennes et créera immédiatement une profonde crise de l’Union, avec des répercussions immédiates sur la crédibilité budgétaire de la France », prévient le prix Nobel pour lequel il s’agirait « d’un Frexit qui ne dit pas son nom ».

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Une réforme des retraites liée à l’espérance de vie (Olivier Blanchard et Jean Tirole)

 

Une réforme des retraites liée à l’espérance de vie (Olivier Blanchard et Jean Tirole) 

Les deux économistes ont proposé , dans une tribune au « Monde », d’améliorer la réforme des retraites dans le sens d’une plus grande équité, sans âge pivot, en indexant les pensions sur les salaires plutôt que sur les prix.

(Les intéressés reprennent leur proposition d’un récent rapport remis à Macron. Dommage qu’il n’est pas abordé la question du travail des seniors dont se débarrassent  nombre de patrons pour des questions de masse salariale et  fiscalse NDLR)

 

Tribune.

Faut-il reprendre la réforme des retraites, et si oui comment ? En France, les évolutions démographiques sont marquées par l’augmentation de l’espérance de vie plus que par la diminution de la fertilité. L’augmentation de l’espérance et de la qualité de vie est une très bonne nouvelle. Mais elle nécessite des ajustements, en particulier de trouver le bon équilibre entre travail et retraite.

Sur la base des travaux d’Axel Börsch-Supan et des vingt-trois autres membres de notre commission d’experts sur les grands défis économiques, réunie par le président de la République, nous plaidons pour l’adaptation du système de retraite et pour une série de mesures aidant les seniors à travailler plus longtemps et incitant les entreprises à aménager leurs conditions de travail et à les employer plus longtemps s’ils le veulent : par exemple, par un traitement des maladies chroniques en prévention et en réparation, par une formation continue adaptée et par un aménagement des rythmes de travail et de transition vie professionnelle-retraite.

Par rapport aux autres pays développés, la France a un taux d’emploi des seniors beaucoup plus faible (moins de 50 % à 60 ans) et un âge de départ à la retraite plus précoce. En conséquence, le temps passé à la retraite par les Français est, par exemple, 20 % plus long (quatre ans) que celui des Allemands. Cela pose le problème de l’équilibre du système de retraite, et des réformes à répétition pour y mettre des rustines.

 

La proposition de réforme discutée ces trois dernières années a de nombreux points positifs. Mais elle est perfectible. Il ne s’agira ici que du régime général : il est évident que, pour des raisons d’équité, les régimes spéciaux, ceux des fonctionnaires et des indépendants, devront, à terme, se fondre dans un système universel.

S’il y aura toujours des imprévus nécessitant des ajustements, il faut d’une part faire en sorte que le financement du système soit pérenne afin d’éviter des réformes continuelles, et d’autre part fournir une visibilité sur la façon dont ces ajustements auront lieu.

 

Pour cela, nous proposons d’indexer les pensions sur les salaires plutôt que sur les prix, mais avec un ajustement si nécessaire. L’équilibre du système actuel, indexé sur l’inflation, est otage de l’évolution différentielle des salaires et des prix ; cette évolution elle-même dépend du taux de croissance de la productivité, qui varie dans le temps et se trouve difficile à anticiper. Dans notre proposition, à démographie donnée, salaires, cotisations et pensions évoluent au même rythme, ce qui rend le système plus stable et plus juste.

Économie–Blanchard-Tirole: Un rapport convenu !

Économie–Blanchard-Tirole: Un rapport convenu !

 

Rien de très nouveau dans ce rapport qui empile les évidences à savoir la détérioration environnementale, le manque de compétitivité, et la dérive des comptes publics notamment. Pour donner une coloration verte le rapport commence par la question environnementale.

Notons que les intéressés et la plupart des économistes ont pendant longtemps délaissé ce champs de recherche pourtant essentiel comme le rappelait à La Tribune l’enseignant et économiste à Sciences-Po Paris Eloi Laurent dans un entretien en décembre dernier. Face à cette urgence, la commission internationale présidée par Blanchard et Tirole appelle à agir  rapidement et à grande échelle. « Il faut arrêter les subventions aux énergies fossiles, les exemptions, et mettre en place une taxe carbone aux frontières. Il faut allouer une partie des recettes de la taxe carbone aux perdants » a déclaré Jean Tirole lors d’un point presse.

Une sorte de redistribution d’une taxe qui aura de nombreux effets pervers notamment vis-à-vis de la compétitivité et vis-à-vis des plus pauvres.

Ils recommandent également de muscler les efforts financiers en matière de recherche et de développement écologique. Enfin, ils justifient également certaines subventions ciblées, des normes ou des interdictions si la tarification carbone est insuffisante. « Cependant, ce type d’interventions, plus arbitraires que la tarification du carbone, est plus propice aux actions des lobbies, à la captation de la réglementation et à la lourdeur administrative » rappellent-ils. ( Allusion aux conditions de financement du solaire et des éoliennes sans doute).

Pour les économistes, l’une des principales inégalités actuellement en France est l’accès à un emploi de qualité ou « good job » en anglais. «  Notons que l’utilisation expression anglaise un peu cucul n’apporte pas grand-chose au concept !  »Qu’est ce qu’un emploi de bonne qualité ? C’est souvent le niveau de revenu, de salaire qui définit un emploi de bonne qualité. La sécurité de l’emploi, l’équilibre entre la vie pro et la vie perso, le sentiment qu’il peut y avoir une promotion. Un bon emploi nécessite une bonne entreprise » a expliqué l’économiste spécialiste de la mondialisation Dani Rodrik et professeur à Harvard. pas vraiment une découverte !

Les économistes redécouvrent aussi les vertus de la formation professionnelle.

Sur le pilier de l’éducation, il faut orienter davantage de fonds vers les élèves défavorisés. La France dépense une somme importante. Il faut réorienter certains fonds. Les élèves des milieux défavorisés ont beaucoup moins de ressources. Sur le marché du travail, il existe un très fort chômage parmi les jeunes en France. Il faut renforcer l’enseignement et la formation professionnelle. Pour améliorer l’égalité des chances, il faut améliorer l’imposition sur les successions » a ajouté Stefanie Stantcheva, économiste et professeur à Harvard.

La dernière partie de ce document remis entre les mains du chef de l’Etat évoque le chantier de la démographie.  »Les évolutions démographiques en France reflètent l’allongement de l’espérance de vie et moins la baisse de la fertilité. C’est une bonne nouvelle. La hausse de l’espérance de vie en bonne santé est une bonne nouvelle. Cela implique des changements importants dans la société. Comment trouver l’équilibre entre travail et retraite ? Quel impact du vieillissement sur le travail des seniors ? » s’est interrogé Olivier Blanchard. Derrière il y a la proposition d’augmenter l’âge  de la retraite.Le problème c’est que la fiscalité et la réglementation encouragent  les entreprises à se débarrasser des sénoirs  pour alléger la masse salariale!

Parmi les grands défis à relever figure le dossier du vieillissement de la population française dans un marché du travail qui exclut souvent les seniors. Les économistes plaident pour un allongement de la présence des seniors sur le marché de l’emploi.

 

L’objectif n’est pas de présenter des « solutions clés en main », a prévenu Jean Tirole à l’inverse de la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy en 2007. « Nous nous sommes concentrés sur les grands principes et les grandes lignes des réformes ». « On propose une boîte à outils, des idées », et si Emmanuel Macron et d’autres candidats à la présidentielle les adoptent, « c’est génial », a-t-il ajouté.

Génial,?  en vérité rien n’est certain car nombre de problématiques et d’orientations sont largement connues et depuis longtemps. Ce n’est pas la connaissance qui manque mais le courage et la démocratie.

Les auteurs défendent la nécessité d’une réforme globale des retraites sur la base d’un système universel à points, comme celui proposé par le gouvernement en 2019, mais en l’améliorant pour le rendre plus acceptable.

Autre proposition novatrice: une refonte de l’impôt sur les successions, qui se focaliserait sur les héritiers et non sur les donateurs, et cela afin de résorber l’inégalité des chances, criante en France.

Notons passage que ce rapport fait peu de place aux stratégies industrielles se contentant d’une approche un peu trop globale.

Après les récents rapports de la Cour des comptes et de la commission Arthuis sur les finances publiques, les recommandations d’experts en matière de politique économique s’accumulent en tout cas sur la table de l’exécutif, à moins d’un an de la présidentielle.

Par parenthèse ces experts donnent peu de place à la nécessité d’associer les acteurs à cette transformation économique, sociale et sociétale. Bref on tourne en rond dans les cercles d’initiés !

Rapport Blanchard-Tirole : Une vision étroite

Le rapport de la commission internationale présidée par Olivier Blanchard et Jean Tirole entend relever trois grands défis économiques de notre temps : le climat, les inégalités et l’insécurité, et le changement démographique.

Le choix de limiter les questions environnementales au seul climat est problématique, car il conduit à abandonner les autres… Il est en retrait par rapport à la taxonomie européenne qui va organiser la relation entre finance et environnement autour de six objectifs environnementaux : l’atténuation du changement climatique ; l’adaptation au changement climatique ; l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines ; la transition vers une économie circulaire ; la prévention et la réduction de la pollution ; la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.

La forte dimension systémique de ces questions étroitement liées rend nécessaire le déploiement de processus d’évaluation et d’outils politiques diversifiés et complémentaires.

 

Or le rapport présente la tarification du carbone comme l’outil ultime, en focalisant toutes ses critiques sur les défauts des mesures sectorielles : inefficacité économique, effets d’aubaine, fuites… Pour ceux qui ne disposent que d’un marteau tout ressemble à un clou. La rationalité économique vue sous le seul angle de la monétarisation ne s’applique facilement qu’au climat : il est alors tentant pour ses défenseurs de limiter leur champ de considération à la seule question climatique.

La seconde limite du rapport Blanchard-Tirole est la focalisation du rapport sur les technologies et l’innovation à caractère disruptif, en laissant de côté les innovations « low tech » et celles qui concernent l’organisation et les modèles économiques et sociaux.

En fait, le rapport apporte un éclairage scientifiquement établi pour gérer certaines technologies et les échanges internationaux. Il est en effet tout à fait légitime de financer le développement des technologies stratégiques du photovoltaïque, du stockage de l’électricité, du vecteur hydrogène ou de la séquestration du carbone.

Il est de même tout à fait fondé de mettre en place une taxe carbone aux frontières qui puisse contrebalancer les prix du carbone, différents selon les pays. Il est enfin tout aussi nécessaire d’appliquer une évaluation économique attentive des actions climatiques qui peuvent engendrer selon le rapport un coût allant de 5 euros à 1 000 euros par tonne de CO2 non émise.

Économie–Blanchard-Tirole: Et un rapport de plus !

Économie–Blanchard-Tirole: Et un rapport de plus !

 

Rien de très nouveau dans ce rapport qui empile les évidences à savoir la détérioration environnementale, le manque de compétitivité, et la dérive des comptes publics notamment. Pour donner une coloration verte le rapport commence par la question environnementale.

Notons que les intéressés et la plupart des économistes ont pendant longtemps délaissé ce champs de recherche pourtant essentiel comme le rappelait à La Tribune l’enseignant et économiste à Sciences-Po Paris Eloi Laurent dans un entretien en décembre dernier. Face à cette urgence, la commission internationale présidée par Blanchard et Tirole appelle à agir  rapidement et à grande échelle. « Il faut arrêter les subventions aux énergies fossiles, les exemptions, et mettre en place une taxe carbone aux frontières. Il faut allouer une partie des recettes de la taxe carbone aux perdants » a déclaré Jean Tirole lors d’un point presse.

Une sorte de redistribution d’une taxe qui aura de nombreux effets pervers notamment vis-à-vis de la compétitivité et vis-à-vis des plus pauvres.

Ils recommandent également de muscler les efforts financiers en matière de recherche et de développement écologique. Enfin, ils justifient également certaines subventions ciblées, des normes ou des interdictions si la tarification carbone est insuffisante. « Cependant, ce type d’interventions, plus arbitraires que la tarification du carbone, est plus propice aux actions des lobbies, à la captation de la réglementation et à la lourdeur administrative » rappellent-ils. ( Allusion aux conditions de financement du solaire et des éoliennes sans doute).

Pour les économistes, l’une des principales inégalités actuellement en France est l’accès à un emploi de qualité ou « good job » en anglais. «  Notons que l’utilisation expression anglaise un peu cucul n’apporte pas grand-chose au concept !  »Qu’est ce qu’un emploi de bonne qualité ? C’est souvent le niveau de revenu, de salaire qui définit un emploi de bonne qualité. La sécurité de l’emploi, l’équilibre entre la vie pro et la vie perso, le sentiment qu’il peut y avoir une promotion. Un bon emploi nécessite une bonne entreprise » a expliqué l’économiste spécialiste de la mondialisation Dani Rodrik et professeur à Harvard. pas vraiment une découverte !

Les économistes redécouvrent aussi les vertus de la formation professionnelle.

Sur le pilier de l’éducation, il faut orienter davantage de fonds vers les élèves défavorisés. La France dépense une somme importante. Il faut réorienter certains fonds. Les élèves des milieux défavorisés ont beaucoup moins de ressources. Sur le marché du travail, il existe un très fort chômage parmi les jeunes en France. Il faut renforcer l’enseignement et la formation professionnelle. Pour améliorer l’égalité des chances, il faut améliorer l’imposition sur les successions » a ajouté Stefanie Stantcheva, économiste et professeur à Harvard.

La dernière partie de ce document remis entre les mains du chef de l’Etat évoque le chantier de la démographie.  »Les évolutions démographiques en France reflètent l’allongement de l’espérance de vie et moins la baisse de la fertilité. C’est une bonne nouvelle. La hausse de l’espérance de vie en bonne santé est une bonne nouvelle. Cela implique des changements importants dans la société. Comment trouver l’équilibre entre travail et retraite ? Quel impact du vieillissement sur le travail des seniors ? » s’est interrogé Olivier Blanchard. Derrière il y a la proposition d’augmenter l’âge  de la retraite.Le problème c’est que la fiscalité et la réglementation encouragent  les entreprises à se débarrasser des sénoirs  pour alléger la masse salariale!

Parmi les grands défis à relever figure le dossier du vieillissement de la population française dans un marché du travail qui exclut souvent les seniors. Les économistes plaident pour un allongement de la présence des seniors sur le marché de l’emploi.

 

L’objectif n’est pas de présenter des « solutions clés en main », a prévenu Jean Tirole à l’inverse de la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy en 2007. « Nous nous sommes concentrés sur les grands principes et les grandes lignes des réformes ». « On propose une boîte à outils, des idées », et si Emmanuel Macron et d’autres candidats à la présidentielle les adoptent, « c’est génial », a-t-il ajouté.

Génial,?  en vérité rien n’est certain car nombre de problématiques et d’orientations sont largement connues et depuis longtemps. Ce n’est pas la connaissance qui manque mais le courage et la démocratie.

Les auteurs défendent la nécessité d’une réforme globale des retraites sur la base d’un système universel à points, comme celui proposé par le gouvernement en 2019, mais en l’améliorant pour le rendre plus acceptable.

Autre proposition novatrice: une refonte de l’impôt sur les successions, qui se focaliserait sur les héritiers et non sur les donateurs, et cela afin de résorber l’inégalité des chances, criante en France.

Notons passage que ce rapport fait peu de place aux stratégies industrielles se contentant d’une approche un peu trop globale.

Après les récents rapports de la Cour des comptes et de la commission Arthuis sur les finances publiques, les recommandations d’experts en matière de politique économique s’accumulent en tout cas sur la table de l’exécutif, à moins d’un an de la présidentielle.

Par parenthèse ces experts donnent peu de place à la nécessité d’associer les acteurs à cette transformation économique, sociale et sociétale. Bref on tourne en rond dans les cercles d’initiés !

Economie-Blanchard-Tirole: Et un rapport de plus !

Economie-Blanchard-Tirole: Et un rapport de plus !

 

Rien de très nouveau dans ce rapport qui empile les évidences à savoir la détérioration environnementale, le manque de compétitivité, et la dérive des comptes publics notamment. Pour donner une coloration verte le rapport commence par la question environnementale.

Notons que les intéressés et la plupart des économistes ont pendant longtemps délaissé ce champs de recherche pourtant essentiel comme le rappelait à La Tribune l’enseignant et économiste à Sciences-Po Paris Eloi Laurent dans un entretien en décembre dernier. Face à cette urgence, la commission internationale présidée par Blanchard et Tirole appelle à agir  rapidement et à grande échelle. « Il faut arrêter les subventions aux énergies fossiles, les exemptions, et mettre en place une taxe carbone aux frontières. Il faut allouer une partie des recettes de la taxe carbone aux perdants » a déclaré Jean Tirole lors d’un point presse.

Une sorte de redistribution d’une taxe qui aura de nombreux effets pervers notamment vis-à-vis de la compétitivité et vis-à-vis des plus pauvres.

Ils recommandent également de muscler les efforts financiers en matière de recherche et de développement écologique. Enfin, ils justifient également certaines subventions ciblées, des normes ou des interdictions si la tarification carbone est insuffisante. « Cependant, ce type d’interventions, plus arbitraires que la tarification du carbone, est plus propice aux actions des lobbies, à la captation de la réglementation et à la lourdeur administrative » rappellent-ils. ( Allusion aux conditions de financement du solaire et des éoliennes sans doute).

Pour les économistes, l’une des principales inégalités actuellement en France est l’accès à un emploi de qualité ou « good job » en anglais. «  Notons que l’utilisation expression anglaise un peu cucul n’apporte pas grand-chose au concept !  »Qu’est ce qu’un emploi de bonne qualité ? C’est souvent le niveau de revenu, de salaire qui définit un emploi de bonne qualité. La sécurité de l’emploi, l’équilibre entre la vie pro et la vie perso, le sentiment qu’il peut y avoir une promotion. Un bon emploi nécessite une bonne entreprise » a expliqué l’économiste spécialiste de la mondialisation Dani Rodrik et professeur à Harvard. pas vraiment une découverte !

Les économistes redécouvrent aussi les vertus de la formation professionnelle.

Sur le pilier de l’éducation, il faut orienter davantage de fonds vers les élèves défavorisés. La France dépense une somme importante. Il faut réorienter certains fonds. Les élèves des milieux défavorisés ont beaucoup moins de ressources. Sur le marché du travail, il existe un très fort chômage parmi les jeunes en France. Il faut renforcer l’enseignement et la formation professionnelle. Pour améliorer l’égalité des chances, il faut améliorer l’imposition sur les successions » a ajouté Stefanie Stantcheva, économiste et professeur à Harvard.

La dernière partie de ce document remis entre les mains du chef de l’Etat évoque le chantier de la démographie.  »Les évolutions démographiques en France reflètent l’allongement de l’espérance de vie et moins la baisse de la fertilité. C’est une bonne nouvelle. La hausse de l’espérance de vie en bonne santé est une bonne nouvelle. Cela implique des changements importants dans la société. Comment trouver l’équilibre entre travail et retraite ? Quel impact du vieillissement sur le travail des seniors ? » s’est interrogé Olivier Blanchard. Derrière il y a la proposition d’augmenter l’âge  de la retraite.Le problème c’est que la fiscalité et la réglementation encouragent  les entreprises à se débarrasser des sénoirs  pour alléger la masse salariale!

Parmi les grands défis à relever figure le dossier du vieillissement de la population française dans un marché du travail qui exclut souvent les seniors. Les économistes plaident pour un allongement de la présence des seniors sur le marché de l’emploi.

 

L’objectif n’est pas de présenter des « solutions clés en main », a prévenu Jean Tirole à l’inverse de la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy en 2007. « Nous nous sommes concentrés sur les grands principes et les grandes lignes des réformes ». « On propose une boîte à outils, des idées », et si Emmanuel Macron et d’autres candidats à la présidentielle les adoptent, « c’est génial », a-t-il ajouté.

Génial,?  en vérité rien n’est certain car nombre de problématiques et d’orientations sont largement connues et depuis longtemps. Ce n’est pas la connaissance qui manque mais le courage et la démocratie.

Les auteurs défendent la nécessité d’une réforme globale des retraites sur la base d’un système universel à points, comme celui proposé par le gouvernement en 2019, mais en l’améliorant pour le rendre plus acceptable.

Autre proposition novatrice: une refonte de l’impôt sur les successions, qui se focaliserait sur les héritiers et non sur les donateurs, et cela afin de résorber l’inégalité des chances, criante en France.

Notons passage que ce rapport fait peu de place aux stratégies industrielles se contentant d’une approche un peu trop globale.

Après les récents rapports de la Cour des comptes et de la commission Arthuis sur les finances publiques, les recommandations d’experts en matière de politique économique s’accumulent en tout cas sur la table de l’exécutif, à moins d’un an de la présidentielle.

Par parenthèse ces experts donnent peu de place à la nécessité d’associer les acteurs à cette transformation économique, sociale et sociétale. Bref on tourne en rond dans les cercles d’initiés !

Lier la retraite à l’espérance de vie (Olivier Blanchard et Jean Tirole)

Lier la retraite à l’espérance de vie (Olivier Blanchard et Jean Tirole) 

Les deux économistes proposent, dans une tribune au « Monde », d’améliorer la réforme des retraites dans le sens d’une plus grande équité, sans âge pivot, en indexant les pensions sur les salaires plutôt que sur les prix. (

(Les intéressés reprennent leur proposition d’un récent rapport remis à Macron. Dommage qu’il n’est pas abordé la question du travail des seniors dont se débarrassent  nombre de patrons pour des questions de masse salariale et  fiscalse NDLR)

 

Tribune.

Faut-il reprendre la réforme des retraites, et si oui comment ? En France, les évolutions démographiques sont marquées par l’augmentation de l’espérance de vie plus que par la diminution de la fertilité. L’augmentation de l’espérance et de la qualité de vie est une très bonne nouvelle. Mais elle nécessite des ajustements, en particulier de trouver le bon équilibre entre travail et retraite.

Sur la base des travaux d’Axel Börsch-Supan et des vingt-trois autres membres de notre commission d’experts sur les grands défis économiques, réunie par le président de la République, nous plaidons pour l’adaptation du système de retraite et pour une série de mesures aidant les seniors à travailler plus longtemps et incitant les entreprises à aménager leurs conditions de travail et à les employer plus longtemps s’ils le veulent : par exemple, par un traitement des maladies chroniques en prévention et en réparation, par une formation continue adaptée et par un aménagement des rythmes de travail et de transition vie professionnelle-retraite.

Par rapport aux autres pays développés, la France a un taux d’emploi des seniors beaucoup plus faible (moins de 50 % à 60 ans) et un âge de départ à la retraite plus précoce. En conséquence, le temps passé à la retraite par les Français est, par exemple, 20 % plus long (quatre ans) que celui des Allemands. Cela pose le problème de l’équilibre du système de retraite, et des réformes à répétition pour y mettre des rustines.

 

La proposition de réforme discutée ces trois dernières années a de nombreux points positifs. Mais elle est perfectible. Il ne s’agira ici que du régime général : il est évident que, pour des raisons d’équité, les régimes spéciaux, ceux des fonctionnaires et des indépendants, devront, à terme, se fondre dans un système universel.

S’il y aura toujours des imprévus nécessitant des ajustements, il faut d’une part faire en sorte que le financement du système soit pérenne afin d’éviter des réformes continuelles, et d’autre part fournir une visibilité sur la façon dont ces ajustements auront lieu.

 

Pour cela, nous proposons d’indexer les pensions sur les salaires plutôt que sur les prix, mais avec un ajustement si nécessaire. L’équilibre du système actuel, indexé sur l’inflation, est otage de l’évolution différentielle des salaires et des prix ; cette évolution elle-même dépend du taux de croissance de la productivité, qui varie dans le temps et se trouve difficile à anticiper. Dans notre proposition, à démographie donnée, salaires, cotisations et pensions évoluent au même rythme, ce qui rend le système plus stable et plus juste.

Blanchard-Tirole: Et un rapport de plus !

 Blanchard-Tirole: Et un rapport de plus !

 

Rien de très nouveau dans ce rapport qui empile les évidences à savoir la détérioration environnementale, le manque de compétitivité, et la dérive des comptes publics notamment. Pour donner une coloration verte le rapport commence par la question environnementale.

Notons que les intéressés et la plupart des économistes ont pendant longtemps délaissé ce champs de recherche pourtant essentiel comme le rappelait à La Tribune l’enseignant et économiste à Sciences-Po Paris Eloi Laurent dans un entretien en décembre dernier. Face à cette urgence, la commission internationale présidée par Blanchard et Tirole appelle à agir  rapidement et à grande échelle. « Il faut arrêter les subventions aux énergies fossiles, les exemptions, et mettre en place une taxe carbone aux frontières. Il faut allouer une partie des recettes de la taxe carbone aux perdants » a déclaré Jean Tirole lors d’un point presse.

Une sorte de redistribution d’une taxe qui aura de nombreux effets pervers notamment vis-à-vis de la compétitivité et vis-à-vis des plus pauvres.

Ils recommandent également de muscler les efforts financiers en matière de recherche et de développement écologique. Enfin, ils justifient également certaines subventions ciblées, des normes ou des interdictions si la tarification carbone est insuffisante. « Cependant, ce type d’interventions, plus arbitraires que la tarification du carbone, est plus propice aux actions des lobbies, à la captation de la réglementation et à la lourdeur administrative » rappellent-ils. ( Allusion aux conditions de financement du solaire et des éoliennes sans doute).

Pour les économistes, l’une des principales inégalités actuellement en France est l’accès à un emploi de qualité ou « good job » en anglais. «  Notons que l’utilisation expression anglaise un peu cucul n’apporte pas grand-chose au concept !  »Qu’est ce qu’un emploi de bonne qualité ? C’est souvent le niveau de revenu, de salaire qui définit un emploi de bonne qualité. La sécurité de l’emploi, l’équilibre entre la vie pro et la vie perso, le sentiment qu’il peut y avoir une promotion. Un bon emploi nécessite une bonne entreprise » a expliqué l’économiste spécialiste de la mondialisation Dani Rodrik et professeur à Harvard. pas vraiment une découverte !

Les économistes redécouvrent aussi les vertus de la formation professionnelle.

Sur le pilier de l’éducation, il faut orienter davantage de fonds vers les élèves défavorisés. La France dépense une somme importante. Il faut réorienter certains fonds. Les élèves des milieux défavorisés ont beaucoup moins de ressources. Sur le marché du travail, il existe un très fort chômage parmi les jeunes en France. Il faut renforcer l’enseignement et la formation professionnelle. Pour améliorer l’égalité des chances, il faut améliorer l’imposition sur les successions » a ajouté Stefanie Stantcheva, économiste et professeur à Harvard.

La dernière partie de ce document remis entre les mains du chef de l’Etat évoque le chantier de la démographie.  »Les évolutions démographiques en France reflètent l’allongement de l’espérance de vie et moins la baisse de la fertilité. C’est une bonne nouvelle. La hausse de l’espérance de vie en bonne santé est une bonne nouvelle. Cela implique des changements importants dans la société. Comment trouver l’équilibre entre travail et retraite ? Quel impact du vieillissement sur le travail des seniors ? » s’est interrogé Olivier Blanchard. Derrière il y a la proposition d’augmenter l’âge  de la retraite.Le problème c’est que la fiscalité et la réglementation encouragent  les entreprises à se débarrasser des sénoirs  pour alléger la masse salariale!

Parmi les grands défis à relever figure le dossier du vieillissement de la population française dans un marché du travail qui exclut souvent les seniors. Les économistes plaident pour un allongement de la présence des seniors sur le marché de l’emploi.

 

L’objectif n’est pas de présenter des « solutions clés en main », a prévenu Jean Tirole à l’inverse de la commission Attali lancée par Nicolas Sarkozy en 2007. « Nous nous sommes concentrés sur les grands principes et les grandes lignes des réformes ». « On propose une boîte à outils, des idées », et si Emmanuel Macron et d’autres candidats à la présidentielle les adoptent, « c’est génial », a-t-il ajouté.

Génial,?  en vérité rien n’est certain car nombre de problématiques et d’orientations sont largement connues et depuis longtemps. Ce n’est pas la connaissance qui manque mais le courage et la démocratie.

Les auteurs défendent la nécessité d’une réforme globale des retraites sur la base d’un système universel à points, comme celui proposé par le gouvernement en 2019, mais en l’améliorant pour le rendre plus acceptable.

Autre proposition novatrice: une refonte de l’impôt sur les successions, qui se focaliserait sur les héritiers et non sur les donateurs, et cela afin de résorber l’inégalité des chances, criante en France.

Notons passage que ce rapport fait peu de place aux stratégies industrielles se contentant d’une approche un peu trop globale.

Après les récents rapports de la Cour des comptes et de la commission Arthuis sur les finances publiques, les recommandations d’experts en matière de politique économique s’accumulent en tout cas sur la table de l’exécutif, à moins d’un an de la présidentielle.

Par parenthèse ces experts donnent peu de place à la nécessité d’associer les acteurs à cette transformation économique, sociale et sociétale. Bref on tourne en rond dans les cercles d’initiés !

«Les experts de la commission Blanchard-Tirole: l’ entre-soi »

«Les experts de   la commission Blanchard-Tirole: l’ entre-soi »

 

Dans  un article précédent nous avions déjà souligné le caractère relativement homogène de la sociologie des experts retenus par  pour définir la nouvelle politique économique ( celle de 2022 et après sans doute. Tous avaient à peu près le même profil d’économistes relativement orthodoxes assez éloignés des problématiques aussi bien environnementales, sanitaires que sociales. L’économiste Florence Jany-Catrice regrette, dans une tribune au « Monde », que la composition de la commission Blanchard-Tirole « sur les grands défis économiques » ne reflète que la vision libérale et productiviste de la science économique « mainstream »

 

 

Tribune. L’essoufflement évident et l’effondrement en cours de notre modèle économique libéral financiarisé suscitent de plus en plus angoisse et sidération. La crise sanitaire récente jette une lumière crue sur son incroyable fragilité : il aura suffi d’un virus pour précipiter les économies européennes dans les affres d’un arrêt productif sans aucun précédent historique.

Cette chute extrêmement brutale dit énormément de notre monde et de la manière dont nous l’habitons intellectuellement. En premier lieu, le sacrifice des services publics, en particulier de santé, aux impératifs productifs marchands et industriels d’un autre âge se paie cash : on en connaissait le coût social, on en connaît maintenant le coût économique. Combien de vies et combien de milliards nous aura finalement coûté la volonté drastique de réduire la prévention en matière de santé, l’obsession de la tarification à l’acte et l’idéologie du zéro stock ?

Mais on doit aussi en second lieu mesurer l’effet « révélateur » du confinement : la redécouverte de la joie d’être ensemble, d’un autre rapport au monde, au temps, à la qualité de nos vies. Comme si brutalement le décor de théâtre du « toujours plus et plus vite », qui nous épuise et tue notre environnement naturel, avait glissé au pied de l’estrade. Chute effrayante, puisqu’elle s’accompagne, évidemment, en troisième lieu, d’un effondrement productif qui menace de manière violente les plus exposés d’entre nous, qui risquent désormais de rejoindre la cohorte grandissante des exclus.

Ce triple choc interroge notre dépendance intellectuelle aux logiques libérales et productivistes. Il suppose réflexion. « Rien ne sera plus comme avant », nous a dit, de manière extrêmement solennelle, notre président. Las, son premier acte a été de réunir un comité d’experts pour penser le monde d’après, une commission « d’experts sur les grands défis économiques » – dite commission « Blanchard-Tirole » –, qui doit proposer des politiques économiques efficaces face à trois défis mondiaux dans le contexte post-Covid-19, à savoir les inégalités, le climat et la démographie.

La manière dont ce premier acte a été posé dit tout de la cécité des classes dirigeantes. Est-il bien sérieux, dans ce « monde d’après »de n’avoir réuni dans ce cercle de réflexion que des économistes ? Le monde dans lequel s’est déployée la crise n’est-il pas précisément un monde qui souffre de la domination sans partage de l’économisme ? Ne souffrons-nous pas tous de voir l’économie mise toujours et encore au-devant du vivre-ensemble ?

Mais pour Macron quoi de mieux que de choisir des personnalités qui pour l’essentiel pensent comme lui ? Ne serait-ce que pour donner un vernis scientifique à son projet (NDLR)

Jean Tirole perd son sang froid et sa rigueur scientifique

Jean Tirole perd son sang froid et sa rigueur scientifique

Le prix Nobel d’économie perd son sang-froid dans une longue tribune -ci-dessous -en forme de pamphlet contre les gilets jaunes. Il mélange habilement des constats évidents, de vraies interrogations, des analyses pertinentes avec des poncifs et des contrevérités. En clair, il prend nettement position en faveur des thèses du pouvoir. Mais de plus,  il conteste l’utilité d’un grand débat et condamne par avance ses dérives possibles. Jean Tirole  s’avance sur les terrains mouvants de la politique vis-à-vis desquels il n’a pas de compétence particulière. Certes il est reconnu pour ses travaux économiques au niveau international mais pas davantage que Piketty qui dit à peu près le contraire.  qui a raison ? Sans doute ni l’un ni l’autre ou partiellement les deux.  il faudrait rappeler aux intéressés que l’économie est loin d’être une science exacte. En outre, il est dangereux s’aventurer dans des poncifs  comme par exemple la taxation du carbone (récemment remises en cause par d’autres prix Nobel leur d’une conférence à dauphine).  Autre exemple celui de la demande de service public qui serait contradictoire avec les exigences budgétaires. Or les Français n’ont jamais demandé nécessairement de services coûteux et la rationalisation des moyens du service public n’est pas contradictoire avec son existence voir même son développement. Jean Tirole  balaye d’un revers de main l’affaire de l’ISF. La vision de Jean Tirole  est uniquement macro-économiques. Or seul une évaluation sectorielle et micro-économique de chaque élément constituant du service public peut permettre de le rendre plus performant et moins coûteux. La tribune de Jean Tirole  est davantage une lettre d’opinion qu’une lettre de scientifiques. Jean Tirole  gagnerait en crédibilité à se limiter à la problématique qu’il connaît plutôt que de s’immiscer sur le terrain  politique. Comme Piketty d’ailleurs, comme la part des économistes, Jean Tirole  devrait montrer davantage de modestie et beaucoup moins de certitudes car jusqu’alors aucune étude économique, aucun modèle n’a jamais prévu les grandes ruptures qu’a connues le monde. D’une certaine manière, la lettre de Jean Tirole  comme les positions de Piketty participent de l’hystérisation du débat en France. Dommage pour des scientifiques ! Chez Piketty 10 comme chez Jean Tirole, il manque un élément essentiel dans la démarche : le doute qui les empêcherait de s’enivrer du parfum de certitudes discutables.

Tribune de Jean Tirole 

« En réaction à l’actuelle révolte des « gilets jaunes » en France, le président Macron a décidé d’organiser  un grand débat national. Au cours des prochains mois, groupes de réflexion au niveau local, consultations sur Internet et conférences citoyennes régionales s’alterneront afin d’évaluer les points de vue de l’opinion publique française sur quatre problématiques : politique environnementale, démocratie et identité, impôts, et organisation de l’Etat.

La démarche initiée par Emmanuel Macron se heurte néanmoins à trois obstacles. Pour commencer, l’opinion publique française est pleine de contradictions. Les « gilets jaunes » souhaitent par exemple moins d’impôts et plus de services publics. Aucune de ces demandes n’est irraisonnable, mais une telle approche budgétaire n’est pas non plus viable dans un pays où  la dépense publique atteint 57 % du PIB, et où le ratio dette/PIB, d’ores et déjà estimé à 100 %,  omet d’inclure d’importants passifs publics hors bilan, tels que les retraites non financées.

La situation est d’autant plus complexe que les Français soutiennent majoritairement non seulement les « gilets jaunes », dont la révolte a débuté par  une rébellion contre la taxe carbone, mais aussi une initiative consistant à attaquer l’Etat français en justice pour son inactivité dans la lutte contre le changement climatique.

L’ISF, totem éternel

Par ailleurs, dans le cadre de leur révolte contre les inégalités, les « gilets jaunes » tendent à se focaliser sur  la baisse de l’impôt sur la fortune décidée par Macron, qui rapportait auparavant 5 milliards d’euros par an – une bagatelle en comparaison avec les 188 milliards générés annuellement par la TVA. Les manifestants se plaignent également des salaires perçus par les hauts responsables gouvernementaux. Or, les « gilets jaunes » ne formulent aucune proposition concrète en réponse à deux facteurs importants d’inégalités en France : l’éducation et l’accès au marché du travail.

D’après le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), l’écart de performance en matière d’éducation entre les élèves issus de milieux défavorisés et le reste de la population est plus élevé en France que dans n’importe quel autre pays de l’OCDE. En outre, non seulement le taux de chômage en France stagne aux alentours des 10 %, mais son marché du travail à deux vitesses oriente 90 % des nouvelles embauches – notamment les jeunes et les travailleurs peu qualifiés – vers des contrats à courte durée.

Perception erronée

Confronté à des demandes contradictoires, Emmanuel Macron devra par ailleurs affronter des obstacles profondément ancrés dans la perception de l’opinion publique. La manière dont les citoyens français entrevoient les conditions économiques s’inscrit rarement en phase avec la réalité.

Ils voient la France comme un pays particulièrement inégalitaire, dans lequel les plus fortunés ne paieraient pas d’impôts, où les retraités seraient systématiquement pris à la gorge, et où la lutte contre l’évasion fiscale (aussi nécessaire soit-elle) et la réduction des salaires des responsables politiques apporteraient d’importantes ressources. Or, aucune de ces affirmations ne résiste à un examen des statistiques et des comparaisons internationales.

Certes, le gouvernement n’a pas élaboré suffisamment rapidement les mesures de compensation face à l’impact combiné de l’augmentation du prix du pétrole, de celle (programmée) de la taxe carbone et de la suppression des subventions aux véhicules diesel. Pour autant, les Français reprochent au gouvernement les effets de politiques déraisonnables qui remontent à plusieurs décennies, notamment les subventions au diesel (maintenues pendant plus de 20 ans pour soutenir l’industrie automobile française) et les mesures gonflant la rente foncière dans les centre-villes.

Crispation sur le RIC

Le troisième obstacle réside dans la montée des violences. Ces dernières semaines, les menaces se sont amplifiées de la part des « gilets jaunes » à l’encontre des parlementaires, des journalistes, voire d’autres manifestants qui avaient exprimé une volonté de négocier avec le gouvernement.

Le gouvernement Macron se retrouve ainsi pris entre le marteau et l’enclume. Une consultation auprès des citoyens pourrait engendrer encore plus de désordre. Plusieurs siècles d’histoire politique enseignent la prudence face à l’actuel enthousiasme autour d’un  « référendum d’initiative citoyenne ».

En effet, c’est pour de bonnes raisons que la plupart des démocraties ont opté pour un gouvernement représentatif plutôt que pour le gouvernement par référendum. À tout le moins en théorie, les représentants du peuple sont en mesure de consacrer davantage de temps à une réflexion sur les compromis intrinsèques à la prise de décision politique, et ont davantage accès à l’expertise que les citoyens moyens. De même, à la différence des citoyens qui débattent au comptoir des cafés, sur Facebook et sur Twitter, les représentants élus voient leurs arguments soumis à un examen public ainsi qu’à une vérification des faits.

C’est également pour de bonnes raisons que certaines formes de décisions publiques se trouvent confiées à des juges, à des banques centrales ou des autorités réglementaires, tous indépendants du pouvoir politique. Protégés des échéances électorales et des lobbies, ces acteurs sont en mesure de fixer une vision à plus long terme, et de préserver les droits des minorités.

En s’affranchissant de ces garde-fous, les référendums en France risqueraient d’ouvrir la porte à l’abrogation des lois qui autorisent l’avortement, qui ont mis fin à la peine de mort, et qui reconnaissent le mariage homosexuel. Ces consultations pourraient également conduire à toutes sortes de politiques économiques démagogiques – de l’abaissement de l’âge du départ à la retraite aux mesures anti-immigration, voire à un « Frexit » pour la sortie de la zone euro ou de l’Union européenne.

D’un autre côté, si le gouvernement refuse de donner une suite réelle aux consultations civiques, le malaise ira en s’aggravant, les gilets jaunes ayant alors la « confirmation » que les élites n’écoutent pas les citoyens lorsque ceux-ci expriment leurs volontés.

Quels aspects positifs pourraient se dégager de cette démarche de consultation ? Un débat réussi permettrait d’impliquer de nouveau les Français dans la vie politique de leur pays. En France, le processus décisionnel est extrêmement centralisé, les politiques uniformes (malgré les timides tentatives du gouvernement visant à promouvoir l’expérimentation), et la participation civique faible. La réticence des élites à faire confiance aux citoyens, combinée au manque d’engagement et à l’immaturité occasionnelle des citoyens, génère en fin de compte une prophétie autoréalisatrice.

A la croisée des chemins

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que  la volonté de se sentir « exister » - de participer à l’aventure et de se faire entendre dans les médias – soit devenue une composante palpable de l’expérience des gilets jaunes. Seulement voilà, leur désengagement passé et leur faible compréhension des réalités économiques pourraient prédisposer les citoyens français à formuler des exigences catégorielles, plutôt qu’à soutenir des réformes réalistes.

Une consultation correctement structurée, dans le cadre de laquelle les citoyens français soupèseraient le pour et le contre, recueilleraient des faits objectifs, et redécouvriraient le sentiment de communauté, pourrait se révéler une formidable réussite. Une fois que chacun aurait par exemple admis l’existence d’une irréconciliabilité (en l’absence d’une réforme profonde de l’Etat) entre la réduction des impôts et l’amélioration des services publics, un débat pourrait être mené autour de la manière d’atteindre un équilibre optimal des mesures politiques.

Tous les sujets doivent être mis sur la table. Les Français doivent réfléchir à la vocation de chacun des services publics, à la question de savoir si ces services remplissent leurs objectifs pour un coût raisonnable, et à celle de savoir si de meilleures alternatives sont possibles. C’est ce qu’ont fait les Canadiens et les Scandinaves dans les années 1990, lorsqu’ils se sont eux aussi retrouvés confrontés au dysfonctionnement de leurs services publics, à l’augmentation de leur dette publique, ainsi qu’à un taux de chômage élevé.

La France entre enfin dans un processus consistant à moderniser son économie tout en continuant de protéger ses citoyens. Le pays se trouve néanmoins à une croisée des chemins, et le risque demeure que ses citoyens ne l’entraînent sur la voie de l’intolérance et de la démagogie. »

Jean Tirole est le président honoraire de Toulouse School of Economics. Il a obtenu le prix Nobel d’Economie en 2014. 

« Pour un nouveau contrat social » (Jean Tirole)

« Pour  un nouveau contrat social » (Jean Tirole)

Pour le prix Nobel d’économie Jean Tirole, la colère actuelle trouve sa source dans la « frustration légitime » de nombreux Français, faute d’un contrat social suffisamment solide comme en Suède ou en Suisse. Mais c’est aussi, explique-t-il dans une longue tribune au JDD, une « crise profonde de notre démocratie », alimentée notamment par une politique environnementale désastreuse des différents gouvernements. Taxe carbone, chèque-énergie… Il est surtout nécessaire, estime Jean Tirole, de « recréer le consentement à l’impôt », au travers d’une politique fiscale repensée pour éviter « l’immobilisme ». Ce qui passe, selon lui, par un Grenelle sur un nouveau pacte social en France. « Né d’une frustration légitime et d’un manque d’information économique, le mouvement des Gilets jaunes illustre aussi l’absence criante de contrat social. Quel contraste avec la Suède et la Suisse, qui ont imposé dans un consensus relatif des taxes carbone bien plus élevées qu’en France ! Il traduit aussi une crise profonde de notre démocratie : citoyens niant la légitimité d’un président élu sur un programme qu’il réalise, hommes politiques sans vision de long terme, et un État habitué à cacher certaines vérités aux Français.  (…) Un nouveau Grenelle pour sortir par le haut ? Pourquoi pas, mais à condition qu’une telle concertation aille au-delà des ‘concessions » et que notre pays accepte que la politique économique n’est pas un « jeu à somme nulle » – où les acteurs se partageraient un gâteau de taille fixe – et que la taille du gâteau peut être augmentée. Un nouveau Grenelle devrait porter sur un pacte social similaire à celui, certes fragile, existant en Europe du Nord. Il est temps de définir dans quelle société nous voulons vivre. »

Le prix Nobel de l’économie, Jean Tirole, s’attaque aux tabous français

Le prix Nobel de l’économie, Jean Tirole,  s’attaque aux tabous français  

Il est clair que le livre,  bien commun (PUF), Jean Tirole, Prix Nobel, décoiffe car il s’attaque à nombre de tabous français comme le contrat de travail, la durée du travail, le nombre de fonctionnaires, la régulation etc. Un livre dont il est rendu compte dans Challenges. Premier tabou, celui du partage du temps de travail : un sophisme. Même appréciation des contrats de travail actuels : dépassés. Même jugement sévère quand au nombre de fonctionnaires qui témoigne de ‘l’incapacité de l’Etat à se recentrer sur les tâches réellement régalienne et qui finalement dans ce domaine fait mal son travail ». La prix Nobel propose aussi la remise en cause du statut de fonctionnaires avec l’embauche sous contrats privés. Bref de quoi faire réagir la pensée étatiste des organisations corpos et gauchisantes. Jean Tirole veut  un  Etat stratège, moderne et efficace, notamment dans la régulation de la finance et la prévention des crises. “In fine, la crise financière de 2008 a reflété aussi une crise de l’Etat, peu enclin à accomplir son travail de régulateur. Comme la crise de l’euro, elle a pour origine des institutions de régulation défaillantes : de supervision prudentielle dans le cas de la crise financière, de supervision des Etats pour la crise de l’euro. Dans les deux cas, le laxisme a prévalu tant que “tout allait bien”. Dans le domaine social Jean Tirole conteste la dualité CDI-CDD. Il propose un contrat unique.  De fait, au sein de l’Europe, la France est le pays où la transition d’un contrat temporaire vers un contrat stable est la plus faible. Ce qui veut dire qu’une personne embauchée sur la base d’un contrat temporaire a beaucoup moins de chances que partout ailleurs en Europe de voir son contrat temporaire se transformer en contrat permanent. Le fait que les entreprises recourent abondamment aux CDD, que ni elles ni leurs salariés n’apprécient, est grandement révélateur du coût implicite que la législation actuelle sur les CDI impose à la société française. ». Critique sévère aussi du nombre de fonctionnaires. « Plutôt que de diminuer, le nombre d’agents publics a crû de 15 % de 2000 à 2013. A service public donné, l’Etat français coûte trop cher : selon certaines estimations, il utilise 44 % de plus de fonctionnaires par actif qu’en Allemagne (il y a 1,2 million d’emplois publics en moins en Allemagne qu’en France, pourtant beaucoup moins peuplée). Il faudrait que ces embauches se fassent plutôt sous forme contractuelle.  Jean Tirole critique aussi la rémunération des grands patrons. Elles ne récompensent pas toujours une bonne gestion, comme quand un chef d’entreprise exerce profitablement des stock-options avant que l’on ne s’aperçoive quelques mois plus tard que l’entreprise est au bord du dépôt de bilan. Les critiques qui portent sur la mauvaise conception de nombre de rémunérations variables sont justifiées. Le prix Nobel est aussi très sceptique sur les engagements pris dans le cadre de Cop 21 car le monde ne devrait plus produire d’émission de gaz à effet de serre en net après 2050.en fait l’accord repousse en outre à une date ultérieure l’engagement concret des pays à réduire leurs émissions. » Jean Tirole démolit les poncifs relatifs au partage du temps de travail  Les économistes ne prennent jamais parti sur la question de savoir si l’on devrait travailler 35, 18 ou 45 heures par semaine. En revanche, la thèse selon laquelle réduire la durée du travail, avancer l’âge de la retraite, bloquer l’immigration ou adopter des mesures protectionnistes créera des emplois pour les autres n’a aucun fondement, ni théorique ni empirique. »Bref un livre qui décoiffe, pertinent sur de nombreux aspects et qui méritent d’être mis en débat.




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