Archive pour le Tag 'théologique'

« L’écologie, champ de bataille théologique » ?

« L’écologie, champ de bataille théologique » ?

Dans un essai qui oscille entre analyse et plaidoyer, le pasteur Stéphane Lavignotte revient sur les racines théologiques de la crise écologique et explore les voies spirituelles qui permettraient d’en sortir.( analyse du » Monde »)

 

L’héritage est lourd, mais le pasteur et essayiste Stéphane Lavignotte l’assume. Car la destruction effrénée des conditions de la vie sur Terre ne répond pas seulement à des enjeux matériels, mais à des conceptions du monde qui ont permis ces méfaits. Et, parmi ces conceptions, le christianisme apparaît comme une cible de premier plan depuis un article célèbre de l’historien Lynn White (1907-1987), « Les racines historiques de notre crise écologique ». Avec ce texte de 1967, le médiéviste américain a provoqué un séisme au sein des intellectuels chrétiens et suscité une controverse toujours vive un demi-siècle après.

 

Dans un essai court mais dense, Stéphane Lavignotte tente de faire le point et d’esquisser des perspectives. L’enjeu est à la fois théorique, stratégique et existentiel, affirme le théologien, déjà auteur de livres sur des figures protestantes comme Jacques Ellul (1912-1994) et André Dumas (1918-1996). Cet inventaire – mené avec une impeccable probité – lui semble nécessaire pour refonder nos imaginaires.

Son propos s’articule autour d’une réflexion sur les « théologèmes », une notion désignant des conceptions religieuses en « arrière-plan » de nos représentations du monde, et se déplie en trois parties inégales. Partant de la thèse de Lynn White, il s’intéresse d’abord aux « théologèmes de l’écocide » qui ont participé à un anthropocentrisme tyrannique et à un désenchantement de la nature ; mais, compilant des analyses parfois datées d’une poignée de penseurs, le sujet est abordé de façon partielle et quelque peu superficielle.

Soucieux de problématiser, Stéphane Lavignotte oppose à la conception dominante de White un autre ensemble, plus stimulant, que sont les « théologèmes souterrains de l’écologie ». Cette archéologie alternative s’appuie sur un ensemble éclectique de figures, telles que saint François d’Assise (1182-1226), les écrivains américains de la « wilderness » (la nature dans sa conception sauvage) Ralph Waldo Emerson (1803-1882) et Henry David Thoreau (1817-1862), ou encore Bernard Charbonneau (1910-1996), frère intellectuel de Jacques Ellul.

Stéphane Lavignotte en tire quatre « pelotes » de valeurs – le terme est insolite, mais sert à « filer » une métaphore sur les imaginaires à retricoter – autour de la convivialité, de l’émerveillement face au vivant, de l’esprit de combativité et de notre position au sein de la création.

Quant au « champ de bataille théologique » qui fait le titre du livre, il est frontalement abordé dans la troisième partie. L’auteur y trace une ligne de partage axiologique, réprouvant les usages de Dieu servant une vision matérialiste ou réactionnaire – comme la théologie de la prospérité. Il leur oppose des valeurs aux vertus émancipatrices, à l’image de l’« écothéologie de la libération ».

Débat théologique : Ne pas confondre relocalisations « ricardiennes » et « schumpetériennes » !

Débat théologique :Ne pas confondre relocalisations « ricardiennes » et « schumpetériennes »

El Mouhoub Mouhoud, président de l’Université Paris Dauphine – PSL Propose un débat théologique sur la typologie des relocalisations. Une typologie assez théorique dans la mesure où l’innovation n’est pas forcément contradictoire avec la recherche par ailleurs d’avantages sociaux et fiscaux low-cost. (La tribune)
La relocalisation dont on parle beaucoup depuis la crise sanitaire n’est pas un phénomène nouveau. Elle exprime simplement l’idée qu’une entreprise qui a délocalisé ses processus de production pour bénéficier des écarts de coûts (par unité produite) peut aussi faire machine arrière. Et donc revenir produire dans son pays d’origine ou dans des territoires se trouvant à proximité des marchés qu’elle dessert. Mais la relocalisation peut aussi refléter un phénomène plus large de reconquête des avantages comparatifs des pays dans certains secteurs grâce à l’innovation technologique de procédés (robotisation, par exemple) ou de produits (nouveaux matériaux textiles, par exemple).
Il faut en fait distinguer deux types d’avantages comparatifs : les avantages longs et les avantages courts. Un pays disposant de ressources spécifiques permettant la fabrication d’un groupe de produits dispose d’un avantage long sur ses compétences mais d’avantages comparatifs courts sur les variétés de produits issus de ces compétences. Théoriquement, les pays innovateurs peuvent récupérer des avantages antérieurement perdus par rapport aux pays retardataires imitateurs. Dans la lignée des théories néo-technologiques du commerce international, certains modèles de croissance endogène des années 1990 ont pu montrer l’existence de ces phénomènes de récupération des avantages comparatifs.
Imaginons deux pays à capacités technologiques différentes représentant le Nord développé et le Sud en rattrapage. Les producteurs du Sud peuvent imiter les produits découverts par le pays du Nord et les producteurs du Nord peuvent innover dans la fabrication de ces mêmes produits. Le pays innovateur accomplit ainsi des efforts d’innovation pour récupérer la production et donc la rapatrier, car il possède les compétences initiales et les activités de R&D. L’activité d’imitation du pays du Sud, parce qu’elle requière des ressources, est donc coûteuse. Ce qui exclut alors l’hypothèse traditionnelle d’une diffusion automatique des connaissances dans le monde. Parallèlement, les politiques de subvention à la recherche dans le pays du Nord augmentent le montant des ressources consacrées à cette activité et donc la probabilité d’innover.
Ces va-et-vient potentiels vont à l’encontre de la théorie du cycle du produit de Raymond Vernon, qui suppose une perte définitive du pays innovateur sur le produit imité et délocalisé. Ces récupérations d’avantages comparatifs s’expliquent par l’existence d’avantages longs et cumulatifs des pays innovateurs sur les blocs de compétences ayant permis l’invention et la production du produit qui connaîtra ensuite un processus de banalisation par imitation. L’avantage de localisation du produit se modifie en fonction du cycle d’innovation-imitation mais l’avantage long sur les compétences permet des retours des avantages comparatifs sur les produits. Le cycle du produit ne constitue en fait qu’un moment dans la dynamique d’évolution des connaissances technologiques issues d’un secteur donné.
D’où l’existence de deux types de relocalisations. La première, les relocalisations de retour dites « ricardiennes » liées à l’inversion des différences de coûts de production par unité produite entre les pays grâce, par exemple, à la robotisation par exemple. Ces relocalisations ne sont pas forcément pérennes. La seconde, les relocalisations «schumpetériennes » ou de développement compétitif liées à l’innovation de produits dans les territoires et autorisant une nouvelle dynamique de croissance. Ces dernières, plus pérennes, sont à privilégier.
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« L’erreur théologique du fanatisme « 

« L’erreur théologique du fanatisme « 

Spécialiste de théologie musulmane, le frère dominicain Adrien Candiard montre, dans un entretien au « Monde » que le fanatisme n’est pas le fruit d’un excès de religion, mais au contraire d’une carence tragique.(Extraits)

 

Frère dominicain spécialiste de théologie musulmane, Adrien Candiard n’a pas peur de quitter ses habits de chercheur pour entrer dans le débat public. Il avait déjà publié, quelques semaines après les attentats de 2015, Comprendre l’islam. Ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien (Flammarion, 2016) pour tenter de sortir des lectures simplistes à propos de cette religion.

Il revient avec Du fanatisme, quand la religion est malade (Editions du Cerf, 96 p., 10 euros), court essai dans lequel il appelle à remettre de la théologie là où le sujet n’est abordé qu’à travers la psychologie ou la sociologie. Car, estime ce membre de l’Institut dominicain d’études orientales du Caire, où il vit, c’est en confrontant le fanatisme à ses erreurs théologiques qu’on pourra lui répondre.

Vous regrettez que le fanatisme religieux ne soit approché que sous l’angle de la psychologie ou de la sociologie, mais jamais de la théologie. En quoi ce manque est-il problématique ?

Depuis l’époque des Lumières, qui a mis le concept de fanatisme sur la place publique, l’approche dominante veut qu’il soit la conséquence d’un excès de religion. Logiquement, il semble que, pour soigner cet excès, la solution soit d’en parler le moins possible. Or, nous ne pouvons que constater aujourd’hui que cette approche ne fonctionne pas : amoindrir la place du religieux n’a pas réduit le fanatisme, car le problème engendré par cette attitude est de ne pas écouter ce que les fanatiques ont à nous dire. Autrement dit, de ne pas traiter religieusement la question religieuse.

« On ne luttera pas contre ce fanatisme en se passant de religion, mais en permettant aux croyants de vivre leur vie spirituelle dans un cadre religieux sain »

Il y a donc un mauvais diagnostic dans le fait de ne pas aborder le fanatisme comme une erreur religieuse, mais simplement comme une déviance sociale ou psychologique. Je crois qu’on ne luttera pas contre ce fanatisme en se passant de religion, mais au contraire en permettant aux croyants de vivre leur vie spirituelle dans un cadre religieux sain.

Même si cela peut sembler paradoxal à première vue, je pense que la principale erreur théologique du fanatisme est de ne pas laisser de place à la foi. Derrière la référence constante à Dieu, il y a un remplacement de Dieu par d’autres objets, tels que le culte ou les commandements, qui font bien entendu partie de la pratique religieuse, mais ne sont pas Dieu.




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