Sahel : combattre le terrorisme autrement
Dans une interview à Europe 1, Louis Saillans, l’ancien chef de groupe de commandos marine qui a notamment combattu au Sahel, explique les difficultés militaires dans le Sahel.
Après l’opération Serval (2013-2014), qui a notamment vu la libération du Mali par les forces armées françaises, « il y avait des panneaux François Hollande à l’entrée de Tombouctou ». Mais aujourd’hui la donne a changé et un sentiment anti-Français croît. « Je pense qu’il y a une usure dans les esprits », avance Louis Saillans pour expliquer le phénomène.
« La population a vu des libérateurs militaires arriver, mais ces libérateurs sont devenus des gens qui restent. Et ce ne sont que des militaires. » Concrètement, « rien ne se développe plus [au Mali] que les infrastructures militaires », affirme-t-il. Et si Louis Saillans assure que les soldats tricolores ont de bonnes relations localement avec les populations, il pointe un manque. « Qu’est-ce qui est fait pour qu’on soit plus qu’une simple force d’occupation ? Parce que c’est comme cela qu’on est perçu maintenant. »
S’il va quitter l’armée en juillet prochain, Louis Saillans compte combattre le terrorisme sur un autre théâtre d’opérations. Le militaire veut devenir « combattant au sein de la société civile ». « Ce qui m’intéresse, c’est de rechercher la vérité. Aujourd’hui dans le combat dans le terrorisme, je pense que les choses ne sont pas assez définies. L’Islam regroupe par exemple une myriade de courants, alors s’arrêter à ce mot c’est mal définir l’ennemi. » Alors pour que tout le monde aient une bonne définition de l’ennemi que la France combat notamment au Sahel, Louis Saillans envisage de « donner des conférences, si possible auprès des jeunes, dans les collèges et lycées ».
* Louis Saillans est un nom d’emprunt pris par le militaire pour « protéger sa famille et ses proches ».