Archive pour le Tag 'terreur'

Hamas : Une politique de terreur psychologique à usage mondial

Hamas : Une politique de terreur psychologique à usage mondial

Le spécialiste de la Shoah, l’historien Tal Bruttmann, estime, dans un entretien au « Monde », que l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre contre Israël n’est ni un pogrom ni un génocide mais un massacre de masse, et il met en garde contre les analogies avec le nazisme. Il souligne le caractère médiatique des actions du Hamas et cela à usage mondial

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Pour qualifier les attaques du Hamas, les hommes politiques, les historiens et les éditorialistes ont parlé de massacre, d’attentat, de pogrom, voire de génocide. En tant qu’historien, comment qualifieriez-vous cet événement ?

Le mot qui est revenu le plus souvent est « pogrom », mais les attaques du Hamas ne relèvent pas, à mon sens, d’une telle qualification. Ce terme russe désigne non pas les crimes de masse contre les juifs, mais la destruction des biens qui sont en leur possession, accompagnée de violences contre les personnes. Ce qui caractérise le pogrom, c’est le fait qu’une majorité, excitée, voire incitée, par le pouvoir en place, s’attaque violemment à une minorité qui vit en son sein.

Au XIXe et au début du XXe siècle, il y a eu, en Europe, beaucoup de pogroms antijuifs, notamment en Russie ou en Roumanie, mais ce terme ne convient pas aux attaques du Hamas. D’abord, parce qu’elles visaient non pas à détruire les biens des Israéliens, mais à tuer des juifs ; ensuite, parce que les juifs, en Israël, ne forment pas une minorité, mais une majorité ; enfin, parce que le Hamas n’est pas un peuple, mais une organisation terroriste. Pour moi, ces attaques sont des massacres de masse : le but était de tuer le plus de juifs possible.

Certains ont utilisé le terme de génocide. Est-il, selon vous, pertinent ?
Dans l’imaginaire occidental, le génocide est devenu l’alpha et l’oméga du crime, alors qu’il n’est pas plus grave, en droit international, que le crime de guerre ou le crime contre l’humanité.

Système Poutine : dictature, mafia et terreur

 

 

Système Poutine : dictature, mafia et terreur

Au cours d’une enquête journalistique d’une qualité remarquable, la Britannique Catherine Belton décortique le fonctionnement du clan Poutine, entre mafia et autoritarisme.( Les Echos

 

C’est le livre qu’il faut avoir lu cette année. Parce qu’il révèle la véritable nature du régime de Vladimir Poutine, le tsar qui a décidé d’entrer en guerre contre l’Ukraine et au-delà tout l’Occident. Celle d’un régime autoritaire qui rêve de grandeur pour la Russie et, en même temps, mafieux, les deux aspects se renforçant l’un et l’autre. Ensuite parce que cet ouvrage magistral se lit comme un thriller policier, avec ses espions, ses parrains, ses hommes d’affaires sibériens véreux, ses financiers genevois aux ordres, ses courtisans prêts à tout et ses traders de matières premières londoniens sans scrupule. Enfin parce qu’il s’agit aussi d’une leçon de journalisme. On imagine la difficulté à trouver des sources acceptant de s’exprimer sur le maître du Kremlin – d’où le fait que de nombreux témoignages soient anonymes – et la ténacité qu’il a fallu à l’auteur.

Dans une enquête époustouflante, de près de 600 pages, Catherine Belton ausculte le parcours de Vladimir Poutine et les hommes sur lesquels il s’est appuyé pour monter, s’installer au pouvoir et y rester. Cette journaliste britannique, ancienne correspondante à Moscou pour le « Financial Times », actuellement au « Washington Post », démonte le système Poutine, les relations de tutelle des oligarques, les réseaux d’influence, l’argent, qui passe d’ailleurs souvent par des places financières européennes, Londres et Genève en tête, grâce à des banquiers ayant pignon sur rue.

Au milieu des années 1980, le jeune Vladimir Poutine se retrouve officier du KGB à Dresde. Le lieu est important car la ville se situe dans un pays frontalier de l’Ouest et est moins surveillée que Berlin. Il est chargé de recruter des agents opérant de l’autre côté du rideau de fer et sa présence en Allemagne lui permettra de nouer des relations outre-Rhin dont Matthias Warnig, ancien de la Stasi, la police politique est-allemande et actuel patron de Nord Stream. L’effondrement de l’URSS le surprend et le choque. Mais d’autres agents du KGB envoyés à l’Ouest ont anticipé la fin de l’empire communiste et ont commencé à mettre en place des réseaux financiers pour recycler l’argent sale.

L’appartenance de Poutine au KGB est primordiale car les anciens services secrets soviétiques sont un clan. Et ce sont ses membres ainsi que ceux des services de sécurité - les siloviki, en russe – qui ont permis à Poutine de se retrouver bras droit du maire de Saint-Pétersbourg au début des années 1990, de prendre possession du très lucratif port de la ville par lequel transitent les hydrocarbures, en y évinçant le gang mafieux « propriétaire », puis d’intégrer l’entourage de Boris Eltsine et, enfin, d’apparaître comme le successeur de ce président, honni par les Russes. On les retrouve d’ailleurs aujourd’hui dans l’entourage de Poutine, tels Igor Setchine, l’ancien vice-Premier ministre, ou Nikolaï Patrouchev, patron des services secrets, deux hommes qui ont connu le président à Saint-Pétersbourg.

Et depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin en 2000, à la tête du pays, tous ces ex du KGB, qui n’ont jamais digéré la fin de l’empire soviétique, s’emploient à amasser de l’argent et à « faire renaître la Russie impériale », comme l’explique Catherine Belton. Pour eux, la fin justifie les moyens. Accaparement des richesses du pays – secteur des matières premières en tête – avec l’aide de l’appareil d’Etat, corruption organisée de la justice, intimidations, emprisonnements, violence… tout est bon pour réussir.

Parallèlement, ces moyens et ceux de l’Etat russe sont aussi mis au service d’une autre cause : refaire de la Russie une puissance qui compte sur la planète après l’humiliation de la guerre froide. Et pour cela, il s’agit de miner les démocraties occidentales, d’acheter leurs élites – c’est le cas à « Londongrad » – et de financer ou d’aider tous ceux qui peuvent affaiblir l’Occident de l’intérieur. Les hommes du KGB excellent en la matière. Ils ont même été formés pour cela, Vladimir Poutine le premier. Financement de partis extrémistes, lancement d’opérations de piratage des réseaux de l’adversaire, recrutement de relais d’influence. C’est une véritable opération de déstabilisation dans laquelle s’est lancé le pouvoir russe il y a un peu plus de vingt ans. La proximité du Kremlin avec Marine Le Pen, l’Italien Matteo Salvini, chef de la Ligue, le président hongrois Viktor Orban et même avec Donald Trump n’a qu’un but : renverser l’ordre établi et renforcer la position russe. Le prétendu côté antisystème de Poutine ne vise qu’à accroître son pouvoir.

On le voit, on est très loin du défenseur des valeurs chrétiennes et occidentales que voit en Poutine une partie de l’extrême droite. Quant à l’anti-américanisme du maître du Kremlin, on comprend à la lecture de Catherine Belton qu’il ne devrait pas suffire à séduire qui que ce soit restant attaché à l’idée démocratique. Avec la guerre en Ukraine et les tensions avec les Européens, à l’aube d’un hiver difficile, la traduction en français de ce livre est une oeuvre de salut public.

LES HOMMES DE POUTINE. COMMENT LE KGB S’EST EMPARÉ DE LA RUSSIE AVANT DE S’ATTAQUER À L’OUEST-de Catherine Belton. Talent Editions, 592 pages, 23,90 euros.

Khomeyni : une doctrine de terreur internationale

Khomeyni : une doctrine de terreur internationale

 

Le pouvoir iranien mise sur une division du travail entre l’Etat visible et l’Etat profond afin de duper les Occidentaux, sans jamais renoncer à ses objectifs fondamentaux de leadership sur le monde musulman, analyse le chercheur Clément Therme, dans une tribune au « Monde ».

 

Plus de trente-trois ans après la fatwa de l’ayatollah Khomeyni, la tentative d’assassinat de l’écrivain Salman Rushdie met en lumière la réalité du visage de la République islamique. Tout en niant toute responsabilité directe, le régime iranien tente de préserver le bénéfice idéologique de l’acte criminel. Autrement dit, il cherche à amplifier son aura révolutionnaire en ne condamnant pas cette agression, sans en assumer la responsabilité directe en tant qu’Etat. De plus, en mettant l’accent sur la responsabilité personnelle de l’écrivain considéré comme un « apostat » par la théocratie islamiste, le gouvernement de la République islamique rejette la faute morale sur l’agressé afin de mieux valoriser l’action de l’agresseur.

Cette tentative d’assassinat contre Salman Rushdie s’inscrit d’ailleurs dans une série d’actes criminels perpétrés par des soutiens du régime iranien aux Etats-Unis depuis la fin du mois de juillet 2022 : tentative d’élimination de la journaliste Masih Alinejad dans le quartier de Brooklyn, à New York, et celle de l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump John Bolton, pour venger la mort de Ghassem Soleimani. Ces actions violentes pourraient compliquer les échanges diplomatiques entre Téhéran et Washington, alors que les négociations sur le nucléaire iranien se trouvent dans une phase finale. Ce contexte n’est pas sans rappeler celui de l’émission de la fatwa de 1989, rendue publique au moment où le fondateur de la République islamique, l’ayatollah Khomeyni, venait de « boire la coupe de poison » du cessez-le-feu qui mettait fin à huit années de guerre avec l’Irak.

Il y a une confusion permanente et entretenue par la République islamique entre la fonction religieuse d’ayatollah et la fonction politique de chef de l’Etat iranien et de Guide suprême. Les pouvoirs du président iranien sont très limités. Déjà en 1998, c’est le président Khatami, un « réformateur », que l’Occident espérait être un « ayatollah Gorbatchev », qui affirme que la fatwa n’est plus d’actualité pour le gouvernement iranien, alors que la stature religieuse de Khomeyni et sa disparition [le 3 juin 1989] empêchent sa révocation effective sur le plan théologique.

Depuis l’élection d’Ebrahim Raissi à la présidence de la République islamique, le jeu interne au pouvoir iranien se construit autour d’une division du travail entre l’Etat visible et l’Etat profond. La jubilation mortifère des journaux reflétant les préférences de l’Etat profond iranien confirme ce jeu politique interne. En effet, le journal Kayhan, dont le rédacteur en chef est directement nommé par le Guide suprême, se félicite de la tentative de meurtre, alors que les organes de presse plus modérés évoquent des théories du complot ou gardent un profil bas sur cette question Rushdie.

Guerre en Ukraine : La liberté contre la terreur

Guerre en Ukraine : La liberté contre la terreur

 

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, commencée il y a un mois, change de nature : l’opération éclair de Vladimir Poutine se transforme en une guerre de position accompagnée d’une politique de la terreur à l’égard des populations, explique Jérôme Fenoglio, directeur du « Monde », dans son éditorial.

 

De ce mois de désolation et d’angoisse, du chaos et des vies brisées par l’agression russe de l’Ukraine, une leçon émerge : plus que jamais, il importe d’être attentifs aux mots tout autant qu’aux actes de Vladimir Poutine. Nous avons bien trop tardé à nommer sa volonté d’annihilation de la jeune démocratie voisine pour nous permettre, aujourd’hui, de négliger encore ce qu’il dit, et ce qu’il tait.

A Moscou, un mot est interdit, par une loi qui bâillonne désormais tous les médias : « guerre ». Cette censure trahit évidemment l’échec d’une double épreuve de force que Poutine espérait emporter rapidement face à ce qu’il voyait comme deux faiblesses, locale et internationale, imbriquées. Sur le terrain, l’armée ukrainienne a tenu, arrêtant la plupart des offensives de cette invasion. Et à l’étranger, en Europe comme à l’OTAN, la réaction a été prompte et vigoureuse, conjuguant sanctions de grande ampleur et livraisons d’armes aux forces de Kiev. Sur le sol ukrainien, l’opération éclair a donc changé de nature. C’est une guerre de position qui se met en place, accompagnée d’une politique de la terreur délibérée à l’encontre des populations, comme le démontre l’abomination en cours à Marioupol.

Pour prendre pleinement conscience de l’horreur potentielle de cette nouvelle phase de l’agression, un mot prononcé par Vladimir Poutine, le 16 mars, lors d’une conférence télévisée, peut être utile : la « purification ». Certes, il était adressé, au sein de la population russe, à tous les réfractaires à son régime kleptocratique, à tous les critiques de cette guerre, à toutes celles et tous ceux que le despote qualifie de « nationaux traîtres ». C’est cette « purification » qui contraint à l’exil un nombre toujours croissant de membres de la classe moyenne et de l’élite intellectuelle, c’est elle qui vient de faire condamner à neuf années de prison supplémentaires l’opposant Alexeï Navalny, empoisonné avant d’être incarcéré, c’est elle encore qui a conduit à l’interdiction définitive de l’association Memorial, qui faisait la lumière sur les crimes du stalinisme.

Mais, à l’extérieur des frontières, c’est aussi cette « purification » qui commence à s’imposer aux territoires fraîchement occupés par l’armée russe, sur le modèle de ce qui a été mis en place depuis 2014 dans les deux républiques fantoches du Donbass. Répression de manifestations, torture d’opposants, départs contraints : les nouvelles qui parviennent de Melitopol ressemblent à celles qui filtraient des régions de Louhansk et de Donetsk depuis des années.

Et, dans les vastes territoires ukrainiens qui échappent à son emprise, la « purification » prend la forme d’une vengeance contre ces populations dont Poutine nie toute identité propre et auxquelles il dénie toute velléité d’indépendance. Les civils, à Kharkiv, à Kiev et dans nombre d’autres villes, n’ont d’autre choix que de subir l’arbitraire des bombardements, ou de grossir les flots de réfugiés, contraints de quitter leur région ou leur pays. Comment maintenir le cours d’une existence normale dans des immeubles exposés à toute heure à la menace d’un missile ?

Rendre la Russie irrespirable aux opposants au régime, rendre l’Ukraine invivable aux résistants au coup de force russe : telles sont les deux faces de la « purification » à l’œuvre dans les deux pays. Cette stratégie, testée à Grozny (Tchétchénie) ou à Alep (Syrie), s’inspire, de fait, des exactions commises par les pires régimes du XXe siècle. Et sa mise en œuvre relativise la thèse souvent avancée, pour comprendre, si ce n’est légitimer, les violences commanditées de Moscou : celle d’une humiliation historique liée aux avancées arrogantes de l’Union européenne et de l’OTAN aux marches de l’ancien empire soviétique.

La nostalgie qui pousse Poutine à agir ainsi, c’est peut-être celle d’un double glacis de pays qui protégeait les frontières russes au temps de l’URSS et du pacte de Varsovie. Mais c’est plus sûrement, on peut en être certain en l’écoutant parler ces jours-ci, celle d’un régime totalitaire qui veillait en permanence à la purification de la société, par la propagande, la censure, les purges et le goulag. Ce régime s’est effondré de l’intérieur, et les démocraties qui lui faisaient alors face n’ont pas à s’en excuser. Poutine moque leur faiblesse, alors que tout démontre dans la guerre qu’il a déclenchée que c’est leur modèle qui l’effraie, et leur influence, dont il tente de nettoyer son pays comme l’Ukraine.

 

A cette entreprise de purification totalitaire, il convient de continuer à s’opposer, en aidant les Ukrainiens et en durcissant encore les sanctions, en réduisant encore les achats d’énergie russe, qui financent la guerre. Tout en gardant à l’esprit ce qui doit continuer de différencier une démocratie d’une dictature : la résistance à la surenchère de la violence, le primat du droit et de la diplomatie sur la force.

L’amplification de la terreur en Russie

L’amplification de la terreur en Russie

 

En dépit de la chape de plomb de la censure en Russie, les informations relatives à l’Ukraine circulent à l’intérieur du pays. Ainsi pour tenter de contrer le mécontentement, le gouvernement a pris des mesures d’une extrême sévérité pour accentuer la répression. Même l’évocation du mot guerre justifie l’emprisonnement. Poutine veut faire taire tous les lieux de contestation et d’une certaine manière à engager une guerre aussi contre son propre pays où il fait aussi régner la terreur.

Le  dictateur en guerre non seulement contre l’Ukraine, et ceux, dans son propre peuple, qui ne sont pas d’accord avec lui.

Il faut écouter le discours agressif, mensonger et profondément paranoïaque prononcé ce mardi par Vladimir Poutine. Il n’exige pas une savante exégèse tant il est direct et brutal. Ce discours marque le «tournant» vertigineux que constitue le 24 février pour la Russie, écrit ce mercredi le journaliste du Moskovski Komsomolets Mikhaïl Rostovski, dans un contexte de verrouillage massif de la presse russe. «C’est le manifeste politique qui va définir l’orientation de la Russie pour les décennies à venir… Poutine ressemble à un ressort qui s’est longtemps comprimé… et tout d’un coup se détend…

En fait Poutine revêt de plus en plus les habits de Staline, son discours à l’emporte-pièce, sa violence et même sa démence.

Il est vraisemblable que Poutine connaîtra le même sort que Staline et en attendant le risque et qu’il provoque un carnage de centaines de milliers de personnes voir de millions dans l’hypothèse d’une troisième guerre mondiale

Afghanistan : Les talibans installent un climat de terreur

Afghanistan : Les talibans installent un climat de terreur

D’après des O.N.G. les talibans installent un climat de terreur. Leur  rapport documente une « litanie » de violations des droits humains : intimidation et répression des femmes, des défenseurs des droits de l’homme, représailles contre les fonctionnaires de l’ancien gouvernement, atteintes à la liberté d’expression. Basé notamment sur une dizaine de témoignages directs, le rapport couvre une période allant du 15 août, date de la chute de Kaboul aux mains des talibans, au 12 septembre.

« Conséquence du climat de peur engendré par la prise de pouvoir des talibans, de nombreuses Afghanes portent aujourd’hui la burka, s’abstiennent de sortir de chez elles sans un tuteur masculin et cessent certaines activités pour éviter violences et représailles », selon le rapport.

Covid: une crise qui répand la terreur

 

Covid:  une crise qui répand la terreur

 

Le grand intellectuel Marcel Gauchet  tire un premier bilan des choix faits par les autorités pour faire face à l’épidémie et de la façon dont les Français les ont vécus. Défaut de discussion politique, dysfonctionnements de l’administration sanitaire, affaiblissement des scientifiques auront notamment marqué, à ses yeux, cette année de pandémie.

« Le XXIe siècle ne sera pas une promenade de santé ​», disiez-vous en 2017. Comment va la France, un an après le début de la crise sanitaire ?

Elle est assommée. Elle a connu un choc énorme, elle ne comprend toujours pas très bien ce qui lui arrive, elle ne sait pas trop à quel saint se vouer. Elle ne sent pas une direction claire se dessiner devant elle. Ce n’est pas simplement une question de dirigeants, c’est qu’on a rarement été dans une telle situation d’incertitude. C’est le paradoxe de cette épidémie : ce n’est pas la peste noire, elle n’a pas créé la terreur, mais elle nous laisse dans une profonde inquiétude vis-à-vis de ce qui peut advenir à partir d’une situation à laquelle, globalement, la masse de la population est résignée.

L’inquiétude porte sur « que sera demain ? »

Oui. Ce n’est pas une maladie dramatique, mais on est dans une situation d’incompréhension exacte de ce qui se passe. C’est l’inconnu. Face à une épidémie de choléra, on sait comment faire, on a les instruments. Là, on ne sait pas bien. Et pour l’immense majorité de la population, c’est une maladie abstraite. Certes, elle peut vous tomber dessus, mais la grande masse de la population vit sans même connaître de gens qui ont eu la Covid. C’est lointain et en même temps anxiogène au possible, pas seulement en fonction du risque de tomber malade, mais de ce qu’il peut résulter de la mise à l’arrêt de la vie sociale

Durant la crise, le Parlement est devenu une chambre d’enregistrement, la présidentialisation du régime s’est accrue. La démocratie libérale a-t-elle montré ses limites ?

C’est le choix du Président et je pense que c’est une erreur politique. Il me semble que si les différentes options face à cette maladie (confinement, couvre-feu, démarches diverses) avaient pu être discutées publiquement, dans un contexte où l’opinion était mobilisée, on aurait gagné beaucoup d’apaisement et aussi de sentiment de mieux maîtriser la situation. Il y aurait eu moins de passivité inquiète dans la population. Le traitement politique n’a pas été le bon.

«Il y a eu un déshabillage des autorités en tout genre dans cette crise sanitaire. Les autorités politiques flottaient dans le plus grand flou tout en jouant une autorité surfaite, à la mesure même de leur incertitude»

On a infantilisé les Français?

Oui, de la part de gens qui, en plus, n’ont pas d’autorité pour parler. Il y a eu un déshabillage des autorités en tout genre dans cette crise sanitaire. Les autorités politiques flottaient dans le plus grand flou tout en jouant une autorité surfaite, à la mesure même de leur incertitude. Une vraie discussion publique aurait été salutaire, au risque de perdre un peu de temps, mais on en a perdu beaucoup de toute façon. Ce n’était pas sur les plateaux de télé qu’il fallait discuter, mais au Parlement.

Les scientifiques ont-ils pris le pouvoir pendant cette crise?

Pas vraiment. Les plus naïfs d’entre eux ont tenté le coup d’Etat, dans l’idée qu’on allait enfin confier la décision aux gens qui s’y connaissent, mais cela n’a pas été probant. Je crois que l’autorité de la science, et de la science médicale plus précisément, en a pris un sérieux coup dans l’esprit des populations au cours de cette crise.

Parce qu’ils se contredisaient?

Pas seulement, aussi parce qu’ils étaient démentis par les faits. Il y a deux sortes de science : il y a la science faite, sur laquelle tout le monde est d’accord. Et puis il y a la science à faire face à l’inconnu. Cela nous a valu une leçon d’épistémologie en direct: les gens ont découvert que les scientifiques, face à l’inconnu, pataugeaient autant qu’eux, sauf qu’ils ont eux des moyens d’affronter l’inconnu, que vous ou moi n’avons pas. Du coup, l’effet fâcheux, c’est d’avoir accrédité l’idée que finalement, même sur le connu, ils n’en connaissent pas tant que ça. Je pense qu’il y aura un dégât considérable de l’autorité des scientifiques dans la société.

L’administration a été défaillante à plusieurs reprises, sur les masques, les tests ou la campagne de vaccination. Quelle leçon en tirer ?

Il est acquis que l’administration sanitaire ne coupera pas à un sérieux examen de son organisation, de ses procédures, de sa manière de fonctionner. En revanche, le ministère des Finances a su mettre sur pied en un temps record un dispositif d’indemnisation des entreprises efficace. Le tableau est contrasté : il y a des pans entiers d’administration qui dysfonctionnent, d’autres qui sont performants… C’est d’ailleurs cela qui complique tous les bilans sur la bureaucratie française : cela demande une analyse très fine.

«Ce qui a été vécu par beaucoup comme persécutif, ce sont ces formulaires absurdes. Mais cela ne mettait pas en cause des libertés fondamentales, ça mettait la gestion de ces libertés sous un contrôle pénible»

«​ Les libertés ont été réduites, mais jamais à des niveaux non conformes à nos standards ​», a dit Emmanuel Macron mercredi en Conseil des ministres. Partagez-vous ce constat ?

Globalement, oui. Il ne faut pas confondre liberté et encadrement bureaucratique de cette liberté. Ce qui a été vécu par beaucoup comme persécutif, ce sont ces formulaires absurdes. Mais cela ne mettait pas en cause des libertés fondamentales, ça mettait la gestion de ces libertés sous un contrôle pénible. Une liberté fondamentale nous est restée, et nous en avons fait grand usage : la liberté de parole. Cette crise a été l’occasion d’une grande conversation civique. En général, dans les pays autoritaires, on commence par supprimer la liberté de critiquer le gouvernement, c’est plus sûr. Nous avons eu la possibilité de protester contre les atteintes aux libertés, y compris en exagérant un peu.

La société a tout de même dû accepter, durant le premier confinement, au nom de l’urgence sanitaire, de ne plus rendre visite aux aînés, de ne plus honorer ses morts…

C’était une aberration. Cela fait partie des erreurs d’appréciation qui ont été commises. L’action publique a péché dans ce premier confinement par absence de sens concret de l’humanité. Heureusement, la protestation collective a ramené le gouvernement à de meilleurs sentiments.

«L’illusion serait de penser que le keynésianisme radical a gagné à tout jamais. Je n’en crois rien»

Le « ​quoi qu’il en coûte ​» macronien signe-t-il la fin du néolibéralisme ou s’agit-il d’une parenthèse ?

L’idée que l’époque du « free lunch », comme diraient les économistes, est arrivée, me paraît une fiction totale. C’est une parenthèse, qui ne permet pas de tirer des conclusions pour la suite. Et la suite risque d’être sévère. L’illusion serait de penser que le keynésianisme radical a gagné à tout jamais. Je n’en crois rien.

Les contraintes dans lesquelles nous allons retomber ne vont-elles pas être plus difficiles à accepter, maintenant que l’on a connu « ​l’argent magique ​» ?

Oui et non, car la population ne manque pas de bon sens. L’idée que la création monétaire illimitée est la réponse à tous les maux de l’humanité, que nous aurions trouvé la martingale d’un univers sans contrainte où il suffit d’imprimer de la monnaie, c’est magnifique, mais je doute que ce jour de la fin de l’histoire soit arrivé. Je suis même convaincu du contraire.

On a quand même vu le revenu universel revenir dans le débat…

Evidemment, on a vu toutes les démagogies refleurir ! De l’écologie la plus collapsologique jusqu’aux libertaires radicaux rejetant toutes les contraintes. Pourquoi pas le revenu universel ? Ce que l’on a vécu est d’ailleurs un épisode de revenu universel, d’une certaine manière. Mais que cet état temporaire accrédite l’idée de façon définitive, je ne le crois pas.

«Le refus des aventures constituent un barrage, dont je ne vois pas que l’extrême droite soit capable de le franchir, sauf catastrophe liée à l’issue de la crise»

Le choix d’approvisionnement européen en vaccins est-il un succès ?

Je ne crois pas. Cela n’a fait que montrer ce qu’on sait très bien : l’Union européenne est une machine extrêmement lourde, à laquelle il ne faut pas demander de répondre à des situations d’urgence. Les gens qui plaident pour la subsidiarité ont à mon sens trouvé là un très bon argument empirique.

A qui profiteront tous ces morts ? L’extrême droite est-elle aux portes du pouvoir ?

J’ai peine à le croire. Elle est très haute. Mais ce qu’a montré cette crise sanitaire, c’est que la prudence est profondément ancrée dans les têtes, et c’est ce qui a fait que la population s’est accommodée d’une situation très pénible pour beaucoup. Je crois que cette prudence, ce refus des aventures constituent un barrage, dont je ne vois pas que l’extrême droite soit capable de le franchir, sauf catastrophe liée à l’issue de la crise. Nous sommes dans des pays dont le défaut est l’inertie, mais la vertu est la prudence. Je crois que la peur du saut dans l’inconnu constitue le vrai plafond de verre pour l’extrême droite

SCIENCES PO GRENOBLE: encore de profs supposés Islamophobes victimes de terreur

SCIENCES PO GRENOBLE: encore de profs supposés Islamophobes  victimes de terreur

 

insidieusement l’islamo gauchisme pourtant non reconnu officiellement par la science pénètre l’université. En fait, une terreur qui s’installe à l’égard de ceux  qui ne se plient pas au discours radical et verbeux de certains sociologues. Discours d’ailleurs pseudo scientifique qui s’enivre de concepts fumeux SUR FOND DE SEMANTIQUE SOPHISTE. Ainsi deux enseignants de l’institut d’études politiques IEP de Grenoble sont accusés d’ Islamophobie et de dénonciation publique..

Les deux enseignants sont encore visés par des accusations d’islamophobie à l’Institut d’études politiques IEP de Grenoble font l’objet de mesures de protection susceptibles d’être renforcées, a déclaré ce lundi le ministre de l’Intérieur en déplacement à Gannat dans l’Allier.

Si cette évaluation « démontre qu’il y a un danger particulier », les deux enseignants « seront – évidemment il faudrait qu’ils l’acceptent – protégés par la police personnellement », a-t-il affirmé. « En attendant cette évaluation, des mesures sont prises pour les protéger » car « chacun dans ce pays doit pouvoir être protégé par la République lorsqu’il est mis en accusation », selon lui.

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Une enquête pour « injure publique » et « dégradation » a été ouverte par le parquet de Grenoble après un collage d’affiches jeudi à l’entrée de l’IEP sur lesquelles on pouvait lire: « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue », avec les noms de ces deux professeurs.

L’islamo gauchisme se répand et se radicalise d’autant plus qu’il ne concerne qu’une partie de plus en plus réduite d’une petite élite activiste. Exactement le même phénomène que lors des luttes sociales avec la radicalisation qui croit d’autant plus que la mobilisation diminue. Même chose pour la société française qui a tendance à se droitiser car  trop déçue de la gauche tandis que des minorités agissantes s’enferment dans les discours de plus en plus extrémistes d’extrême-gauche.

« On ne peut pas opposer la liberté à la terreur »

« On ne peut pas opposer la liberté à la terreur »

Après le choc provoqué par les attentats, on a assisté à des « glissements » problématiques, comme l’idée d’empêcher l’expression d’un point de vue critique sur la publication de caricatures de la religion, s’inquiètent les juristes Manon Altwegg-Boussac et Patricia Rrapi, dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

 Le choc provoqué par l’attentat est celui d’une société confrontée à un acte de terreur : la décapitation d’un enseignant. Le temps de la douleur n’est pas celui des subtilités quand face à l’horreur, amplifiée par l’attentat de Nice, chacun retrouve quelque sens dans les lieux, l’école, les principes, la liberté, l’action. Après le silence de l’émotion, quelques glissements dans la précipitation politico-médiatique nous ont paru suffisamment problématiques pour en dire quelques mots.

On oppose la liberté à la terreur

Le premier concerne la manière dont la liberté est présentée en réaction à la terreur. La liberté que l’on oppose à la terreur ne peut être placée qu’à un niveau très fondamental, celui du principe même de la liberté. La terreur n’a que faire du débat politico-juridique autour des limites de la liberté d’expression. Qu’un acte de violence extrême soit revendiqué par son auteur comme la conséquence de la présentation des caricatures du prophète Mahomet ne change rien à sa nature : l’atrocité physique neutralise toute rationalité.

Un glissement, parfois invisible, doit être évacué : celui qui pourrait laisser entendre qu’un tel acte, la décapitation, découle d’un point de vue sur les limites à la liberté d’expression, alors même que, comme toute terreur, il anéantit, par l’instigation de la peur, toute discussion. Le registre n’est pas le même.

Les notions juridiques, vecteurs de valeurs

Le deuxième concerne le débat politico-juridique autour de la liberté d’expression. La société démocratique discute en permanence des contenus et des limites de l’expression devant les instances politiques, devant les juges, les médias, dans la presse, dans les classes et amphithéâtres, et ce jusque dans le cercle familial et amical. La publication dans la presse des caricatures de la religion, tout comme la possibilité de leur critique, fait partie de cette discussion. Le choix de principe d’une société démocratique, qui est celui de la liberté d’expression, a pour idéal d’éviter d’ériger en valeur absolue des contenus. Que nous soyons convaincus que telle ou telle limite est absolue ou que tel ou tel contenu est l’essence même d’une expression libre n’y change rien. Les notions juridiques ne sont pas immuables, elles sont les vecteurs de choix politiques et de valeurs.

Chine: le retour de la terreur et de la dictature maoïste

Chine: le retour de la terreur et de la dictature maoïste

 

 

On a beaucoup parlé du conflit qui oppose Hong Kong à Pékin mais on parle moins des opérations de nettoyage ethnique sur lesquels le parti communiste chinois met une chape de plomb. Comme sous Mao, le processus de sinisation vise à tuer tout particularisme culturel, démocratique ou religieux. Non seulement la dictature s’amplifie en Chine mais ce pays durcit sa diplomatie pour nier toute entrave à la démocratie n’hésitant pas à comparer le problème des gilets jaunes  en France avec les 2 millions de Ouighours emprisonnés dans des camps ! Les occidentaux s’offusquent mais mollement car des intérêts commerciaux sont en jeu. Pour vendre des Airbus ou des centrales nucléaires, on peut passer sur les libertés individuelles et collectives et même sur la répression et  les tortures . Rien ne fera changer le régime chinois sinon des menaces économiques car la chine veut aussi exporter son régime politique !

Par contre, la Chine sera nécessairement sensible  à des représailles économiques puisqu’elle inonde la monde de son industrie manufacturière polluante.  La dictature communiste chinoise se rapproche de plus en plus du modèle maoïste  avec d’une part son système d’évaluation civique de chaque citoyen,  d’autre part la répression de tous les opposants. sans parler de son président élu maintenant à vie . Par exemple ,  d’après des organisations de défense des droits de l’homme, plus de deux  millions de musulmans sont détenus au Xinjiang dans des camps de rééducation politique.

La même démarche que le maoïsme qui a fait près de 70 millions de morts en temps de paix . Tel est le stupéfiant record détenu par Mao (1893-1976), « le suprême despote totalitaire », selon Simon Leys. Cependant, le portrait du « grandiose pilote, grandiose chef, grandiose général en chef, grandiose maître à penser, suprêmement bienaimé président Mao » orne toujours les murs de la Cité interdite et les foules continuent de défiler dans l’affreux mausolée coffre-fort qui abrite sa momie. Un cas unique parmi les dictateurs du XXe siècle. L’Histoire a jugé Hitler et Staline ; « pour Mao, le verdict est encore en suspens », selon Federico Rampini, auteur de « l’ombre de Mao » (éd. Robert Laffont).

Pékin récuse ce chiffre des Ouigours emprisonnés aujourd’hui  dans les camps et évoque des « centres de formation professionnelle » destinés à lutter contre la radicalisation islamiste, en réaction à une série d’attentats sanglants attribués ces dernières années à des militants ouïghours.

La France a appelé ce mercredi la Chine à cesser ses « détentions arbitraires de masse » au Xinjiang (nord-ouest), où plus d’un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure, seraient détenus dans ce que Pékin présente comme des « centres de formation professionnelle ». « Nous appelons les autorités chinoises à mettre un terme aux détentions arbitraires de masse dans des camps », a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères au point de presse électronique quotidien du Quai d’Orsay.

« Nous invitons la Chine, outre la fermeture des camps d’internement, à inviter la Haut-commissaire aux Droits de l’Homme (de l’ONU, Michelle Bachelet) et les experts des procédures spéciales dans les meilleurs délais afin de rendre compte de manière impartiale de la situation », a ajouté le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Une nouvelle fuite de documents officiels chinois a jeté une lumière crue sur les « centres de formation professionnelle » où seraient détenus près de  2  million de musulmans. Ces documents, obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et publiés dimanche par 17 organes de presse à travers le monde, détaillent les règlements draconiens régissant les sites de détention installés au Xinjiang, vaste région du nord-ouest de la Chine à majorité musulmane.

 

 

La terreur des algorithmes ?

La terreur des algorithmes ?

 

Les algorithmes font peur au point que certains pensent que l’intelligence artificielle pourrait prendre le pas sur l’espèce humaine. Pourtant les algorithmes ne sont pas nouveaux mais ils sont aujourd’hui servis par la croissance de la puissance quasi exponentielle des ordinateurs. Il s’agit d’une évolution technologique considérable mais comme tout progrès technique tout dépendra de la manière dont il sera utilisé pour servir l’homme ou au contraire l’asservir.  Serge Abiteboul, auteur du livre « Le temps des algorithmes », veut propose d’abord une vulgarisation des connaissances dans une interview à la tribune. Laurent Alexandre de son coté évalue les conséquences possibles.

Qu’est-ce qu’un algorithme ?

Serge Abiteboul : Un algorithme est une « recette » qui permet de résoudre un problème à l’aide d’opérations logiques. C’est un concept très ancien qui prend tout son sens avec l’informatisation de la société. Les algorithmes sous-tendent les programmes informatiques qui permettent aux ordinateurs d’effectuer toutes sortes de tâches complexes.

Pourquoi les algorithmes sont-ils parfois présentés comme menaçants ?

Serge Abiteboul : Ils sont perçus comme une menace parce qu’on ne les comprend pas ! Cela tient au fait que l’on n’apprend pas assez l’informatique à l’école.

Faut-il apprendre le code informatique à l’école primaire ?

Serge Abiteboul : Oui ! Il faut apprendre le code et, plus encore, il faut apprendre à comprendre les ordinateurs. Le débat actuel sur l’apprentissage de la programmation à l’école est idiot. L’apprentissage de l’informatique à l’école est indispensable même – et surtout – si l’on n’a pas l’intention de devenir programmeur.

Faut-il craindre que le robot prenne le travail de l’homme ?

Serge Abiteboul : Les ordinateurs et les robots assistent de plus en plus l’homme dans son travail, y compris dans des métiers hautement qualifiés comme la médecine ou la justice, mais il n’est pas question qu’ils remplacent complètement ces professionnels. La question est de savoir comment on partage les bénéfices du travail des robots, afin que cela ne profite pas seulement aux propriétaires de robots.

 

 

 

Laurent Alexandre, autre grand spécialiste  affirme ainsi : « Les algorithmes ne vont pas nécessairement nous tuer mais ils créent une situation révolutionnaire. L’IA (Intelligence artificielle) va nous faire basculer vers une autre civilisation où le travail et l’argent pourraient disparaître. L’IA est longtemps restée un sujet de science-fiction. Elle est désormais une simple question de calendrier : l’explosion des capacités informatiques (la puissance des serveurs informatiques a été multipliée par un milliard en trente et un ans) rend probable l’émergence d’une IA supérieure à l’intelligence humaine dans les prochaines décennies… Certains craignent qu’une super IA devienne hostile. Le fondateur de DeepMind exclut ce scénario pour encore plusieurs décennies, mais faut-il pour autant être rassuré ? Est-il raisonnable d’apprendre aux machines à tromper, dominer, dépasser les hommes ? Est-il sage de leur apprendre à cacher leurs intentions, à déployer des stratégies agressives et manipulatrices comme le jeu de go ? Nick Bostroom, spécialiste de NBIC, défend l’idée qu’il ne peut y avoir qu’une seule espèce intelligente dans une région de l’univers. Toute espèce intelligente (biologique ou artificielle) ayant comme premier objectif sa survie, on peut craindre que l’IA se prémunisse contre notre volonté de la museler en cachant ses intentions agressives dans les profondeurs du web. Nous ne pourrions même pas comprendre ses plans : certains coups d’AlphaGo, la machine qui a battu en mars 2016 le meilleur joueur de go du monde, ont été d’abord perçus comme de graves erreurs, alors qu’il s’agissait de coups géniaux, témoins d’une stratégie subtile dépassant l’entendement humain… Nous sommes déjà dans un monde algorithmique. AlphaGo marque le tout début des victoires sur l’homme de l’IA : quasiment aucune activité humaine n’en sortira indemne… D’ici 2030, plus aucun diagnostic médical ne pourra être fait sans système expert… L’analyse complète de la biologie d’une tumeur représente, par exemple, 20.000 milliards d’informations… Google X, le laboratoire secret, met au point un système de détection ultraprécis des maladies par des nanoparticules qui vont aussi générer une quantité monstrueuse d’informations… Watson, le système expert d’IBM, est capable d’analyser en quelques instants des centaines de milliers de travaux scientifiques pour comprendre une mutation cancéreuse là où il faudrait trente-huit ans au cancérologue en travaillant jour et nuit pour un seul patient… Les leaders de l’économie numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon) ainsi qu’IBM et Microsoft seront sans doute les maîtres de cette nouvelle médecine. »

 




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